CHRONIQUE. Les universités chinoises et américaines n’ont pas les mêmes points forts, écrit Metin Arditi…
Dans la concurrence que se livrent la Chine et les Etats-Unis pour imposer au monde leurs produits de grande consommation, la domination ne sera jamais un acquis. Les voitures électriques chinoises sont désormais de qualité comparable aux meilleures voitures occidentales. En matière d’outillage, les Chinois mènent la danse: pour transformer une technologie de pointe en un objet de la dimension d’un paquet de cigarettes, par exemple l’iPhone, et le fabriquer par millions d’exemplaires, il faut des trésors de savoir-faire… en outillage. Cela étant, sans la créativité américaine, tout l’outillage du monde n’aurait pas produit un seul iPhone. La carte maîtresse des Etats-Unis, c’est la créativité. Une comparaison des programmes d’études des grandes universités américaines et chinoises est éclairante. Ce qui a fait la force des premières, c’est la part laissée à la créativité de leurs étudiants. Le saccage féroce entrepris par Trump contre les meilleurs établissements de son pays risque de priver les Etats-Unis d’un avantage déterminant. Une vraie folie. Du côté de Pékin, le champagne doit couler à flots.
P.S. Je pensais intituler cette chronique Merci Donald! en mandarin. Mais après avoir appris que «merci» se traduit par chié chié, j’ai changé d’avis. On a sa dignité…
D’anciens membres ont créé un parti baptisé Intégrité numérique suisse. Ce nouveau mouvement entend défendre une numérisation respectueuse de la dignité humaine
La crise qui agite le Parti pirate suisse débouche sur une scission. Deux anciens membres de la formation politique ont créé un mouvement, baptisé «Intégrité numérique suisse», comme l’a révélé la NZZ am Sonntag. Le média alémanique s’est entretenu avec sa coprésidente, Nicole Rüegger. Cette dernière avait tenté de renverser la direction du Parti pirate lors de l’assemblée générale début avril. Elle l’accusait en effet de n’avoir pas défendu des membres qui auraient été menacés par un ancien vice-président et principal donateur de la formation politique.
Le mouvement cofondé par Nicole Rüegger reste proche des idées pirates. Le choix de son nom en témoigne. L’ancien président du Parti pirate suisse, Alexis Roussel, est en effet à l’origine du droit à l’intégrité numérique, qu’il défend depuis plusieurs années avec le soutien de son ancienne formation. Deux cantons romands ont déjà introduit cette nouvelle liberté fondamentale dans leur Constitution: Genève en juin 2023 et Neuchâtel en novembre 2024. Les Zurichois seront aussi appelés aux urnes sur ce thème, après le dépôt d’une initiative cantonale par la section locale du Parti pirate.
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La Tessinoise a dirigé ces deux dernières années la station arctique de l’Institut de sciences polaires du Conseil national des recherches (CNR) italien. Là où le changement climatique s’observe deux fois plus rapidement qu’ailleurs
Tessa Viglezio rentre de trois mois passés à Ny-Alesund, le village le plus au nord du monde, sur l’île de Spitsbergen, en Norvège. Ces deux dernières années, la Tessinoise de 28 ans a été station leader de la station arctique de l’Institut de sciences polaires du Conseil national des recherches (CNR) italien, alternant les périodes de trois mois entre Ny-Alesund et le Tessin. «Sur place, on travaille sept jours sur sept, c’est très intense, c’est pourquoi on a trois mois de repos après un cycle de travail.»
Jusqu’en 1963, Ny-Alesund était un village minier où on extrayait le charbon. Aujourd’hui, il consiste en une trentaine de maisons colorées: 13 instituts de recherche (de dix pays), des laboratoires, des entrepôts, une installation électrique, une cantine, un gymnase, des chambres pour accueillir les chercheurs.
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La floraison des graminées démarre tôt cette année, en raison de «la douceur de l’hiver et du printemps», indique MétéoSuisse
La haute saison des allergies au pollen a débuté en Suisse, avec la floraison des graminées. Elle durera jusqu’à la fin de l’été, avec un pic en mai et juin, avertit lundi le Centre d’allergie suisse (aha!).
La saison du pollen de graminées «démarre tôt en raison de la douceur de l’hiver et du printemps. La végétation a une à deux semaines d’avance sur la moyenne à long terme», explique Regula Gehrig, biométéorologue à MétéoSuisse, citée dans un communiqué. Une vague de froid en avril a «ralenti brièvement la croissance, mais avec la hausse des températures, on peut désormais s’attendre à une augmentation rapide du pollen de graminées», ajoute-t-elle. Parallèlement, le pollen de bouleau, très allergisant, continue de circuler.
Il est difficile de prédire l’évolution des concentrations de pollen dans les semaines à venir. Elle dépend de la météo, en particulier de la fréquence des pluies et de la durée des phases ensoleillées.
En juin 2024: Rhume des foins, distinguer le vrai du faux
En Suisse, environ une personne sur cinq réagit au pollen, explique Roxane Guillod, responsable des services spécialisés de aha!. Les adolescents et les jeunes adultes sont particulièrement touchés.
Le rhume des foins n’est toutefois pas anodin. S’il n’est pas traité, il peut évoluer vers de l’asthme. C’est pourquoi le Centre d’allergie suisse recommande de faire examiner les symptômes par un médecin - de préférence un allergologue.
«Souvent, des médicaments tels que des antihistaminiques – complétés selon les besoins par un spray nasal ou des gouttes pour les yeux avec de la cortisone – sont utiles», note Roxane Guillod. Une désensibilisation permet aussi de s’attaquer à la cause de l’allergie.
A la suite de son décès le 21 avril et de son enterrement le 26 avril, les cérémonies suivent leur cours avec, en ligne de mire, l’élection du prochain pape. Celle-ci suit un protocole précis mais mystérieux qui la rend, dit-on, imprévisible. Mais est-ce vraiment le cas?
Les élections de Pie XII en 1939, de Paul VI en 1963 et de Benoît XVI en 2005 avaient désigné le favori, mais celle de Jean-Paul II en 1978 avait créé la surprise et marqué les esprits. «Pour la première fois depuis 1522, le nouveau souverain pontife n’est pas Italien», mais Polonais, jeune (58 ans) et sportif.
Sur les 135 cardinaux électeurs, 133 ont été «créés», selon l’expression consacrée, par François lui-même. Son successeur devrait logiquement poursuivre dans la droite ligne de son héritage théologique.
François a eu à cœur pendant son pontificat de réduire le poids de l’Europe dans le cardinalat et de donner des voix aux pays en guerre, aux pays où les chrétiens sont minoritaires, ainsi qu’aux pays en grande pauvreté. Ce collège est donc le plus international de tous les temps. Pour la première fois, moins de la moitié des votants seront Européens. Le nombre de cardinaux africains n’a jamais été aussi élevé.
Ils se réunissent auparavant pour les congrégations générales, une sorte d’état des lieux de l’Eglise, qui durent une à deux semaines. C’est là qu’ils apprennent à se connaître et que de fortes personnalités peuvent émerger.
Contrairement à ce que pensent les quidams – et ce que nous, les journalistes, aimerions penser –, ce n’est pas un meeting de parti politique mais plutôt une retraite spirituelle, ponctuée de rites vieux de plusieurs siècles, et dont certains remontent au Moyen Age. C’est sans doute pour cela qu’on dit que l’élection est réputée imprévisible: les cardinaux sont censés ne rien divulguer du conclave.
Ce processus électoral, qui suit les congrégations générales, est parmi les plus énigmatiques au monde. On sait néanmoins qu’il tient compte du courant de pensée, de la proportionnalité régionale, d’une certaine logique de pouvoir… Mais avec beaucoup de surprises.
Certains commentateurs attendent cette fois-ci un grand mouvement de transformation qui pourrait voir émerger un premier pape africain. Cette hypothèse revient régulièrement depuis le constat de la sécularisation de l’Europe, et un «marché» grandissant en Afrique et en Amérique latine.
Chacun des cardinaux inscrit un nom sur un bulletin, dont il jure qu’il n’est pas le sien. Quatre fois par jour, tous les jours nécessaires, le vote se répète jusqu’à ce que 90 voix (deux tiers des voix) s’accordent sur une seule et même personne (le fameux «Habemus papam»). Alors la fumée blanche se propage. Au XIIIe siècle, l’élection avait duré quatre ans.
Portés par des communautés qui y voient un intérêt, des pronostics insolites circulent sur la Toile, comme celui de Robert Sarah, ultra-conservateur guinéen, soutenu de longue date par l’homme d’affaires français Vincent Bolloré.
D’autres noms plus conventionnels circulent, pour leur forte proximité avec l’ultime pape ainsi que pour leur influence dans l’Eglise. Cette liste de cinq cardinaux revient régulièrement dans les médias:
l’Italien Pietro Parolin, secrétaire d’Etat et numéro deux du Vatican;
Matteo Zuppi, président de la Conférence épiscopale italienne;
L’archevêque de Marseille Jean-Marc Aveline;
Le Philippin Luis Antonio Tagle;
Le Ghanéen Peter Turkson.
Les deux derniers cités faisaient déjà partie des favoris en 2013.
Jorge Mario Bergoglio, de son vrai nom, apparaissait en bas de quelques classements des papables. Son élection a été une surprise parce qu’il s’agit du premier pape non européen, premier pape latino-américain et premier jésuite.
On lisait de lui en 2013 que les cardinaux y avaient trouvé «à la fois un pasteur et un homme de spiritualité». Ou encore que «ce jésuite argentin né en 1936, d’une grande classe mais d’une santé fragile, avait déjà été le challenger de Ratzinger (Benoît XVI) en 2005».
Une coupure d’envergure frappe l’Espagne et une partie du Portugal depuis midi. Les communications et les transports sont encore perturbés, même si le courant revient petit à petit. Côté portugais, on espère un retour à la normale dans la nuit
Une coupure de courant massive survenue lundi en fin de matinée a touché l’ensemble de la péninsule Ibérique, perturbant le trafic aérien et paralysant le trafic ferroviaire. Lundi tard dans la soirée, l’électricité a été rétablie à plus de 61% en Espagne continentale, a annoncé le gestionnaire du réseau REE peu après minuit.
De son côté, le gestionnaire du réseau électrique portugais REN a annoncé lundi soir avoir pu rétablir le courant chez quelque 750 000 consommateurs, sur un total de 6,5 millions. Le courant pourrait être rétabli dans l’ensemble du Portugal dans la nuit de lundi à mardi, a annoncé un responsable du gestionnaire du réseau, en réaffirmant que les causes de la coupure massive qui a touché la péninsule Ibérique étaient toujours inconnues.
L’origine de la coupure est à trouver «probablement en Espagne», a affirmé le premier ministre portugais Luis Montenegro dans la soirée, en évoquant une situation «grave et inédite». «La coupure généralisée de notre réseau électrique a été provoquée à l’extérieur du pays, probablement en Espagne», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse où il a confirmé que le courant devait être rétabli dans l’ensemble du pays «au cours des prochaines heures».
Le premier ministre espagnol Pedro Sanchez avait affirmé dans l’après-midi ne pas disposer à ce stade d’«informations concluantes» sur les causes de la panne géante, assurant qu'«aucune hypothèse» n’était à ce stade écartée. «Nous n’avons toujours pas d’informations concluantes sur les causes» de la coupure, a assuré le dirigeant socialiste lors d’une courte déclaration. «C’est pourquoi je demande aux citoyens, comme nous l’avons fait lors de crises antérieures, de s’informer par les voies officielles» et de «ne pas spéculer», a-t-il ajouté. Il a également appelé à la «responsabilité» et au «civisme» à l’approche de la soirée, en invitant aussi les habitants à limiter leurs déplacements et l’usage de leur téléphone.
La Commission européenne a, elle, indiqué être «en contact» avec les autorités espagnoles et portugaises afin de déterminer «les causes» de la panne. L’exécutif européen continuera à «surveiller la situation» et veillera «à ce que l’échange d’informations entre toutes les parties concernées se fasse sans encombre», a assuré une porte-parole. Rien n’indique «à ce stade» que la panne ait été provoquée par une cyberattaque, a assuré dans l’après-midi le président du Conseil européen Antonio Costa.
La circulation des trains sur le réseau espagnol, interrompue en raison de la panne, ne pourra pas être totalement rétablie lundi, a annoncé en fin d’après-midi le ministre espagnol des Transports. «Nous travaillons pour pouvoir reprendre ces services une fois l’alimentation électrique rétablie» mais «il n’est pas prévu que la circulation des trains de moyenne et longue distance soit rétablie aujourd’hui», a assuré Oscar Puente sur le réseau social X.
De son côté, le ministère de la Santé a indiqué dans l’après-midi sur X n’avoir été informé «d’aucun incident lié à la coupure de courant dans les hôpitaux» grâce à la mise en service de groupes électrogènes, et assuré avoir «suffisamment de réserves de carburant».
A Madrid comme à Barcelone, de nombreux habitants sont descendus dans la rue, leur téléphone à la main, en quête d’un hypothétique signal, circulant à pied au milieu d’embouteillages monstres.
Red Electrica a assuré avoir déployé «toutes les ressources pour remédier» à la panne, tout en estimant vers 13h GMT que ses équipes avaient besoin de «entre 6 à 10 heures» pour rétablir la situation «si tout va bien». Les centrales nucléaires espagnoles ont été mises à l’arrêt, une procédure de sécurité normale en cas de coupure d’électricité.
En France, la panne d’électricité a touché le Pays basque (sud-ouest), frontalier de l’Espagne, et a été de courte durée, le gestionnaire français du réseau RTE annonçant avoir rétabli l’approvisionnement d’énergie. Le gestionnaire français a précisé qu’il était «en capacité d’augmenter son aide à l’Espagne à 950 MW dès que le réseau ibérique sera en capacité technique de l’accueillir».
Le trafic aérien restait perturbé en Espagne et au Portugal, notamment les aéroports de Madrid, Barcelone et Lisbonne, selon l’organisme de surveillance du ciel européen Eurocontrol.
Au Portugal, le gestionnaire du réseau électrique national (REN), a affirmé qu’il lui était «impossible de prévoir quand la situation reviendra à la normale». «Tous les plans de rétablissement par étapes de l’approvisionnement d’énergie ont été activés, en coordination avec les producteurs et opérateurs européens d’énergie», a précisé REN dans un communiqué envoyé à l’AFP. «Il s’agirait apparemment d’un problème dans le réseau de transport (d’énergie électrique, ndrl) dont la cause est encore à identifier, apparemment en Espagne», a déclaré le ministre porte-parole du gouvernement, Antonio Leitao Amaro, à l’agence de presse Lusa.
D’après plusieurs témoignages recueillis par l’AFP, la coupure de courant a touché plusieurs quartiers de la capitale Lisbonne, où le système de signalisation routière est en panne. Selon les médias locaux, au moins quatre rames du métro de la capitale portugaise ont dû être évacuées.
Les télécommunications sont également très affectées dans les deux pays, selon El Pais. Si la plupart des opérateurs se sont contentés d’indiquer travailler à la restauration du service, Vodafone Espagne précise pour sa part que 70% de son réseau mobile fonctionne, grâce à des générateurs, mais que sa capacité à maintenir ses services dépendra de la durée de l’incident. De nombreuses usines sont également à l’arrêt, toujours selon le quotidien madrilène, qui mentionne un site de Ford à Almussafes, près de Valence, ainsi que des usines du constructeur de véhicules techniques Iveco à Madrid et Valadolid. La Bourse de Madrid dit en revanche opérer normalement.
A l’Open de Madrid, le match entre Grigor Dimitrov (16e ATP) et le qualifié britannique Jacob Fearnley (68e) sur le court central a été suspendu alors que le Bulgare menait 6-4, 5-4 et que son adversaire était au service. «La coupure de courant empêche l’utilisation du système d’arbitrage électronique et a laissé une caméra suspendue au-dessus du court» central, empêchant la reprise du jeu, a écrit l’ATP sur son site. Les organisateurs du tournoi ont eux affirmé sur le réseau social X «travailler à restaurer» le courant «aussi rapidement que possible», sans donner d’horaire de reprise des matches.
Sur le court numéro 4, l’incident a interrompu au deuxième set le match entre le tombeur de Novak Djokovic (5e) au 2e tour, l’Italien Matteo Arnaldi (44e), et le Bosnien Damir Dzumhur (63e). Arnaldi s’est finalement imposé 6-3, 6-4, selon un résultat publié sur X par la Fédération italienne de tennis (FITP), le score restant bloqué à 6-3, 3-2 en faveur d’Arnaldi sur le site de l’ATP.
Des grossesses plus tardives et moins nombreuses ainsi que la consommation d’alcool expliquent en partie le phénomène, selon les résultats d’une large étude menée auprès de 300 000 femmes
De tous les organes, ce sont les seins qui, en matière de cancer, sont les plus exposés: en France, un tiers des tumeurs malignes diagnostiquées chez les femmes, soit plus de 60 000 par an, y sont localisées [en Suisse, quelque 6600 femmes développent un cancer du sein chaque année, d’après la Ligue contre le cancer, ndlr]. Le risque de développer cette affection, qui constitue la première cause de décès par cancer chez la femme, dépend d’une combinaison de facteurs, dont l’âge, les antécédents personnels et familiaux, ou encore le mode de vie.
Le rôle du niveau d’études – et donc, par extension, du statut socio-économique – dans le risque de cancer du sein a fait l’objet d’un travail de grande ampleur dont les résultats ont été publiés début avril dans la revue International Journal of Cancer. Margherita Pizzato, de l’Université de Milan (Italie) et du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) à Lyon, et ses collègues ont pour cela suivi près de 312 000 femmes vivant dans neuf pays européens et incluses dans la cohorte prospective EPIC entre 1991 et 2000. Les participantes, recrutées dans la population générale, étaient âgées de 35 à 70 ans au début de l’étude et n’avaient jamais eu de cancer. Parmi elles, un peu plus de 14 400 ont reçu un diagnostic de cancer du sein au cours de la période de suivi de quatorze ans en moyenne qui s’est terminée, selon les centres, entre 2004 et 2010.
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Les Zurichois Beatrice Minger et Christoph Schaub consacrent un film d’une rare intelligence, entre documentaire et fiction, à une villa construite à la fin des années 1920 par l’Irlandaise Eileen Gray sur la Côte d'Azur
Entre la principauté de Monaco et l’Italie, la commune de Roquebrune-Cap-Martin abrite une petite maison conçue à la fin des années 1920 au bord de la Méditerranée par Eileen Gray (1878-1976), une designer et architecte irlandaise qui fut l’une des premières femmes à étudier à la Slade School of Fine Art de Londres, avant de s’installer à Paris. C’est là qu’elle rencontrera le Roumain Jean Badovici (1893-1956), fondateur du magazine L’Architecture Vivante, qui lui présentera alors Le Corbusier (1887-1965), héraut du modernisme.
Tout en reprenant certains des principes clés de l’architecture moderne tels que conceptualisés par le Chaux-de-Fonnier et son cousin Pierre Jeanneret, comme les pilotis, le toit-terrasse ou le plan libre, cette villa pensée par Eileen Gray avec l’aide de Jean Badovici sera comme un manifeste. Préférant le confort et l’intimité aux lignes parfois froides et dures du modernisme, l’Irlandaise en fera un cocon à l’abri des regards. Elle baptisera la maison E.1027, entrelaçant ses initiales et celles de son complice: E pour Eileen, 10 pour J, 2 pour B et 7 pour G.
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Pour faire face au programme d’allègement budgétaire de la Confédération, une coalition d’organisations syndicales et estudiantines a présenté ce lundi une résolution qui sera envoyée au Conseil fédéral. Elle déplore le risque d’augmentation des taxes d’étude et la perte de l’égalité des chances
Ce ne sont pas moins d’une trentaine d’organisations syndicales ou estudiantines qui ont voté une résolution commune et qui s’apprêtent à adresser leurs revendications au Conseil fédéral. Ce dernier a annoncé en début d’année qu’il comptait économiser 460 millions de francs dans la formation, la recherche et l’innovation, provoquant la colère des milieux étudiants. Et pour cause: la Commission Gaillard, mandatée par le Conseil fédéral en 2024 pour suggérer des coupes budgétaires, propose d’augmenter le «financement par les utilisateurs» des hautes écoles suisses.
Concrètement, cela signifie que les étudiants pourraient voir leurs frais d’inscription exploser. Les jeunes Suisses devraient s’attendre à un doublement de leur contribution, alors que pour les étudiants étrangers, cette taxe pourrait quadrupler. Si cette annonce a été très mal accueillie au sein de swissuniversities, du Conseil des EPF, du Fonds national suisse, d’Innosuisse ou encore des Académies des sciences, il en va de même pour les principaux concernés, réunis ce lundi matin à Lausanne pour dénoncer «cette atteinte massive».
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Pour la dixième année consécutive, les sommes investies dans la défense ont augmenté, tirées vers le haut par l’Europe et le Moyen-Orient. Engagée dans un effort pour s’affranchir de sa dépendance envers les Etats-Unis, l’UE devrait poursuivre sur cette voie
C’est la plus forte hausse des dépenses militaires mondiales depuis la fin de la Guerre froide. Selon un rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), elles ont atteint 2718 milliards de dollars (2257 milliards de francs) en 2024, soit une hausse de 9,4% par rapport à 2023. Sur la dernière décennie, les sommes investies par les Etats dans la défense ont connu une hausse constante.
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Le Haut-Valaisan sera, sauf énorme surprise, le successeur de Gerhard Pfister à la tête du Centre. L’actuel chef du groupe parlementaire est le seul à avoir présenté sa candidature
Le Valaisan Philipp Matthias Bregy devrait devenir le prochain président du Centre. Le conseiller national et chef de groupe parlementaire est le seul candidat à la succession du Zougois Gerhard Pfister, a annoncé le parti centriste lundi.
«Philipp Matthias Bregy représente les valeurs du parti et s’engage pour une politique constructive, tournée vers les solutions et la cohésion du pays», écrit le parti dans un communiqué qui décrit une personnalité «expérimentée». Elu Conseiller national en 2019, le Haut-Valaisan est chef du groupe centriste sous la Coupole fédérale depuis 2021.
La commission de recherche du Centre, sous la présidence du sénateur jurassien Charles Juillard, se réunira vendredi afin d’examiner sa candidature, précise le communiqué. Une audition de Philipp Matthias Bregy est également prévue dans le cadre de cette séance. Le candidat se présentera ensuite face aux médias.
Le conseiller national zougois Gerhard Pfister a annoncé au début janvier sa démission de la présidence pour la fin juin. Son successeur sera formellement connu le 28 juin prochain lors de l’assemblée des délégués du parti. Les sections cantonales avaient jusqu’à lundi midi pour proposer des candidats.
Charles Juillard a précisé que plusieurs personnes se sont montrées intéressées par le poste. «L’annonce rapide de l’intérêt de Philipp Matthias Bregy a plutôt rassuré les candidats potentiels dans le sens où son expérience à la tête du groupe parlementaire est reconnue et appréciée».
Et de reconnaître que «la fonction est exigeante et pas toujours compatible avec une vie professionnelle et parlementaire. Cela requiert beaucoup d’engagement et de disponibilité.»
Philipp Matthias Bregy, cité parmi les candidats potentiels au Conseil fédéral pour succéder à Viola Amherd, avait renoncé à se présenter, pour des raisons d’ordre familial.
La question d’une candidature féminine, comme lors de la succession de Viola Amherd, est revenue sur la table. La conseillère nationale zurichoise Nicole Barandun a notamment été citée pour se lancer dans la course à la présidence.
De même que les noms de la sénatrice Isabelle Chassot (FR) et des conseillers nationaux Reto Nause (BE) ou Vincent Maître (GE), entre autres, évoqués dans la presse. La conseillère nationale zurichoise et actuelle vice-présidente du Centre Suisse, Yvonne Bürgin, et le conseiller national uranais Simon Stadler, qui avaient envisagé la coprésidence du parti comme la connaît le PS, avaient renoncé à une candidature.
A ce sujet, Charles Juillard a dit que des candidatures féminines «auraient aussi été bienvenues.» Mais la commission de recherche n’a pas voulu «influencer» les candidatures.
La question de la représentativité féminine et latine reviendra probablement sur la table au moment de désigner le successeur de Philipp Matthias Bregy à la tête du groupe parlementaire.
Moscou et Pyongyang scellent leur alliance dans le sang en affirmant en commun la reprise des territoires russes occupés depuis l’automne dernier par les forces ukrainiennes
Officiellement, il n’y avait aucun soldat nord-coréen en Russie jusqu’au week-end dernier. Du jour au lendemain, non seulement leur présence a été confirmée par Moscou et Pyongyang, mais ils ont aussitôt été érigés en «héros» dont les «exploits» promettent de sceller une nouvelle alliance dans le sang. «Les sous-unités de nos forces armées qui ont participé à la libération de la région de Koursk […] ont fortement contribué à annihiler les forces néonazies ukrainiennes en faisant preuve d’un héroïsme massif et d’une bravoure à nulle autre pareille et d’esprit de sacrifice», expliquait lundi la Commission militaire centrale du Parti des travailleurs de Corée citée par l’agence nord-coréenne KCNA.
Il y a quelques jours encore, la Russie comme la Corée du Nord niaient toute participation de combattants nord-coréens, sous uniforme russe, dans la région de Koursk occupée en partie depuis la fin de l’été dernier par les forces armées ukrainiennes. En début d’année, les services de renseignement ukrainiens et sud-coréens évaluaient à 10 000 le nombre de soldats déployés par Pyongyang dont 3000 auraient été tués durant les combats. Les témoignages de deux prisonniers aux mains de Kiev corroboraient ces soupçons, ceux-ci expliquant ne pas avoir été informés sur leur mission ni même sur la nature de l’ennemi. Un grand nombre de ces soldats se sont montrés particulièrement vulnérables aux attaques de drones dont ils n’avaient aucune expérience.
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CHRONIQUE. Longtemps, le sport s’est voulu exemplaire pour plaire à ses partenaires économiques. L’exigence inverse se fait aujourd’hui pressante pour qu'il ne soit plus instrumentalisé. Mais peut-on couper la main qui nous nourrit?, interroge Michel Desbordes, professeur de marketing du sport à l’Université de Lausanne
L’organisation des événements sportifs ne peut se faire sans l’aide financière des marques, appelées sponsors. Cette pratique n’est pas nouvelle: dès l’Antiquité, les athlètes grecs représentaient leur cité et, durant la Renaissance, François 1er soutenait financièrement Léonard de Vinci. En 1861, Spiers & Pond finance la tournée de l’équipe de cricket britannique et devient le premier sponsor moderne. En 1928, Coca-Cola s’associe aux Jeux olympiques d’Amsterdam (contrat toujours en cours). Enfin, la Banque cantonale vaudoise est engagée avec le Lausanne Hockey Club depuis 1987.
Le processus commercial est désormais bien connu. Une marque finance le sport pour augmenter sa notoriété, améliorer son image, et in fine, bien sûr, cherche à augmenter ses ventes. Ce n’est plus le spectateur qui finance le sport aujourd’hui, mais les médias et les sponsors. La billetterie est devenue une recette minoritaire, 10 à 15% du budget d’un grand club de football en Europe.
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Alors qu’une immense panne de courant frappe ce lundi toute la péninsule Ibérique, le correspondant du «Temps» François Musseau, joint par téléphone entre deux coupures de réseau, témoigne de l’étrange chaos qui s’est emparé de la capitale espagnole
Dans le centre de Madrid, entre la Gran Via et la place d’Espagne, des milliers de personnes, pour la plupart des touristes, se promènent sous le soleil. Une situation en apparence normale, mais où apparaissent petit à petit les effets de l’immense panne d’électricité qui affecte ce lundi toute la péninsule Ibérique. La plupart des établissements sont fermés. Certains restent ouverts pour vendre à manger – froid – et à boire – sans glaçons –, à condition de payer en liquide. Pas de chance pour ceux qui n’ont pas de billets sur eux: les distributeurs automatiques de billets sont, bien sûr, tous en panne.
Les bouches de métro sont toutes fermées: de nombreuses rames ont été immobilisées entre deux arrêts, bloquant des dizaines de passagers, qui ont parfois dû attendre plusieurs heures avant de pouvoir rejoindre la surface. Les vélos électriques en libre-service ont été pris d’assaut, et pour qui veut se déplacer un peu plus loin dans Madrid sans voiture, il ne reste que les bus. Place d’Espagne, une file d’attente longue de plus de 300 mètres patiente pour monter dans l’un des quelques véhicules restants – et toujours à condition de pouvoir payer en liquide.
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L’horlogerie va mal et avec elle, c’est tout l’écosystème de sous-traitance qui souffre. La réduction de l’horaire de travail (RHT) est activée depuis des mois. Certaines voix tentent d’en assouplir le cadre d’application. En attendant une reprise qui ne vient pas
Les temps sont durs pour l’industrie microtechnique suisse. Sa clientèle principale, l’horlogerie, est en délicatesse depuis plus de deux ans, sans signe clair de reprise. De quoi mettre sous pression tout l’écosystème de la sous-traitance dans l’Arc jurassien. Sur cette toile de fond, Trump est encore venu assombrir la perspective avec ses coups de marteau douaniers. Les prises de position se multiplient maintenant pour protéger le secteur. Reposant la question de la limite d’action, entre intervention étatique et flexibilisation du filet de la réduction de l’horaire de travail (RHT), dernier rempart avant les licenciements.
Dans une interview accordée samedi dernier à la radio alémanique SRF, le président de l’organisation faîtière de l’industrie Swissmem, Martin Hirzel, s’est dit satisfait de la réaction du Conseil fédéral face à la «guerre douanière» déclenchée par Trump début avril. Rappelant que même s’il ne croit pas à une entrée en force des droits de douane de 31% pour la Suisse, ce serait une catastrophe si le pays devait se battre avec un tel handicap.
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Les cardinaux ont fixé à mercredi prochain le début du conclave qui choisira le successeur de François. Ils ont souligné que la question des abus sexuels dans l’Eglise serait l’un des grands défis à gérer pour le prochain pape
Une semaine après la mort du pape François, les cardinaux ont fixé au 7 mai la date du début du conclave, chargé de lui élire un successeur, tout en soulignant que la question des abus sexuels était l’un des «défis» qui attendent le futur chef des 1,4 milliard de catholiques.
L’annonce de la date du conclave a été faite lundi par le Vatican au terme d’une cinquième «congrégation générale», soit une réunion préparatoire privée, à laquelle ont pris part environ 180 cardinaux, dont plus de 100 cardinaux électeurs.
Ils y ont notamment évoqué «les qualités» du futur pape pour répondre aux «défis» auxquels l’Eglise est confrontée, parmi lesquels «l’évangélisation, le rapport avec les autres confessions, la question des abus (sexuels)».
«Nous nous félicitons que les cardinaux aient reconnu que mettre fin à la crise des abus soit une priorité du prochain pape», a déclaré la militante Anne Barrett Doyle, de l’ONG américaine BishopAccountability, rappelant que «l’Eglise mondiale, avec ses paroisses, écoles, hôpitaux et orphelinats, s’occupe de dizaines de millions d’enfants». «Leur sécurité est en jeu, tout comme l’autorité morale de l’Eglise», a-t-elle insisté.
Le conclave sera présidé par le cardinal italien Pietro Parolin, ex-numéro deux du Vatican, donné parmi les favoris pour succéder au pape François. Les cardinaux pouvant élire un successeur au jésuite argentin sont au nombre record de 135 - soit ceux âgés de moins de 80 ans -, mais le Vatican n’a jusqu’ici pas confirmé s’ils seront tous présents au conclave.
Le cardinal italien Angelo Becciu, condamné fin 2023 par un tribunal du Vatican dans un vaste procès pour fraude financière, et qui s’était vu retirer par le pape François les prérogatives accompagnant son titre de cardinal, aurait renoncé à participer au conclave, selon le quotidien Il Tempo. Il n’était pas comptabilisé comme électeur dans les statistiques officielles du Saint-Siège.
Le 7 mai au matin, les cardinaux prendront part à une messe solennelle dans la basilique Saint-Pierre. Après quoi, au cours de l’après-midi, les électeurs rejoindront la chapelle Sixtine.
Le scrutin, organisé dans le plus grand secret, prévoit ensuite quatre votes quotidiens, deux le matin et deux l’après-midi. Les deux derniers conclaves, en 2005 lors duquel Benoît XVI avait été élu, et en 2013 pour le pape François, avaient duré deux jours.
D’ici le début du conclave, tous les cardinaux continueront de se réunir à huis clos en «congrégations générales» pour échanger sur le profil du futur pape et les priorités pour l’avenir de l’Eglise catholique.
Les deux tiers des voix des votants sont nécessaires pour désigner un pape, dont le nom sera annoncé «urbi et orbi», autrement dit à la ville de Rome et au monde entier, à l’issue du conclave.
Si plusieurs cardinaux sont présentés comme favoris («papabili») par la presse italienne et internationale, ce conclave s’annonce particulièrement ouvert.
Pour John L. Allen Jr, rédacteur en chef du journal catholique en ligne Crux et auteur de nombreux ouvrages sur le Vatican, les cardinaux, même s’ils se connaissent mal, auront toutefois à cœur de ne pas faire durer les débats, afin d’offrir l’image d’une Eglise unie.
Pour les experts, la capacité du futur pape à unir l’Eglise dans un contexte géopolitique de plus en plus fracturé pourrait être un élément décisif, plus que sa nationalité.
Si François - qui a choisi 80% de ceux qui éliront son successeur, en donnant davantage de poids à l’Afrique et à l’Asie - a laissé l’image d’un pape réformiste au franc-parler, rien ne dit que le prochain souverain pontife s’inscrira dans la même ligne, préviennent des experts. John L. Allen Jr prédit «un mélange de continuité et de changement».
Sur la place Saint-Pierre, l’espoir d’une continuité avec le pontificat du pape François est très fort parmi les fidèles. «Avec tout ce qu’il a fait, je pense que la continuité serait la meilleure chose pour l’Église en général», souligne Riccardo Bernardinello, maire de la commune italienne de Castelbaldo. Emanuele Colarossi, un étudiant italien, espère aussi «que l’on nommera un pape qui suivra la voie de François» mais il aimerait» un pape noir».
Emilia Greco, retraitée italienne, aspire pour sa part à ce que toutes les portes ouvertes par François «à l’espoir, aux plus petits, aux pauvres» ne se referment pas, mais soient au contraire «élargies».
OPINION. Peut-on être à la fois conservateur et libéral? Comment chérir sa liberté individuelle sans tomber dans l’identitarisme? L’histoire suisse apporte des réponses en matière de synthèse, écrit l’historien Olivier Meuwly
Dans Le Temps du 24 mars dernier, le philosophe Olivier Massin proposait un chemin digne d’intérêt pour sortir des clivages qui déchirent la société, où pullulent les «identitarismes» de droite ou de gauche. Car chanter les vertus de l’universalisme ne suffit pas. En apparence au-dessus de la mêlée, il n’est en effet pas dénué de risque: en «déterritorialisant» l’individu, ne nourrit-il pas le mal qu’il prétend combattre? Aussi Olivier Massin suggère-t-il, dans le sillage du philosophe anglo-irlandais du XVIIIe siècle Edmund Burke, une combinaison conservateur-libéral qui protégerait la liberté individuelle sans recourir à la haine des autres, sans extraire l’individu de sa communauté d’origine ou de choix.
La proposition est tentante. Il est vrai que l’association entre les deux notions est ancienne et a fini par désigner un courant politique dès les années 1850: le libéralisme-conservateur. Il est apparu lorsque le libéralisme historique théorisé par Benjamin Constant et Germaine de Staël notamment, devenu méfiant à l’égard d’un discours trop démocratique et de la montée en puissance de la finance et de l’industrie, a été débordé par les idées républicaines, ou radicales en Suisse. Ce libéralisme historique s’est alors rabattu sur des positions plus conservatrices, ancrées dans une vision du pouvoir articulée fortement imprégnée de valeurs religieuses. Il a navigué ensuite entre ses deux pôles constitutifs, au gré des aléas de l’histoire.
Mais associer conservatisme et libéralisme comme un horizon possible pour nos démocraties occidentales, saisies par une crise que Marcel Gauchet vient d’analyser dans son dernier ouvrage*, ne relève-t-il par de l’oxymore? Le philosophe français déplore lui aussi la quête d’autonomie dont s’est enivré l’individu démocratique à partir des années 1970. Cette fièvre libertaire l’a déconnecté de toutes ses appartenances antérieures, le plongeant dans une illusion d’indépendance et dans la conviction erronée que le droit était là pour sauver son «unicité». Coupant les ponts avec son passé mais aussi avec l’idée qu’il puisse s’améliorer au fil du temps, l’individu s’est institué comme une fin en soi. Si Gauchet ne brandit pas la solution conservatrice comme réponse au dilemme moderne, il n’en est pas loin.
Ce refuge conservateur, que nous susurrent explicitement Massin et en creux Gauchet, peut-il véritablement endiguer une liberté menacée par ses propres excès? Sans doute, dans ce mariage, que l’histoire a décrété de raison, le conservatisme peut-il offrir un cadre au libéralisme. Il le réinscrit ainsi dans son historicité, grâce à une stabilité dont il se veut en quelque sorte le garant. D’un autre côté, le libéralisme peut assurément aiguillonner ce même conservatisme et le préserver d’un immobilisme dévastateur. Il peut lui apporter sa conception «optimiste» de l’avenir, comme le pense Gauchet.
Mais si, dans l’abstrait, le conservatisme libéral, que nous pensons synonyme du libéralisme conservateur du XIXe siècle, peut paraître séduisant, il demeure un domaine possiblement conflictuel: le rapport à l’Etat. Car que veut dire «conserver» ? Cette incertitude risque de contraindre le conservatisme à une sorte de myopie sur ses propres finalités et de faire dériver des conservateurs bon teint vers un étatisme périlleux, à l’instar du philosophe conservateur britannique Roger Scruton, cité par Massin. Mais, face à l’Etat, le libéralisme est lui aussi indécis! Refusant l’anarchisme, il admet donc l’Etat, mais dans une forme la plus réduite possible. Le problème, c’est qu’il peine à en dessiner le pourtour.
Cette incapacité explique pourquoi, au-delà des années 1830, le libéralisme, seul, n’a plus été en mesure d’exercer un pouvoir qui passe forcément par une maîtrise de la «chose» étatique. Pour pouvoir influer sur le destin des peuples, il a dû s’allier avec une autre force politique et, de fait, il a souvent collaboré avec le conservatisme, dans un libéral-conservatisme qui a traversé les décennies. En Angleterre, le libéralisme des whigs s’est fait absorber, dans sa version de «droite», par les tories, qui ont ainsi pu réanimer leur conservatisme péclotant. En Allemagne, après la guerre, alors que le FDP n’a cessé d’osciller entre ses ailes gauche et droite (très libérale sur le plan économique), le libéralisme a été plutôt assimilé par une démocratie chrétienne ainsi requinquée.
La Suisse a connu une autre synthèse, parachevée à travers sa démocratie semi-directe et son fédéralisme: le radicalisme, adossé à un libéralisme présent dès les origines de la Confédération, mais progressivement imbibé de conservatisme, et à un respect parfois excessif de l’Etat. D’où un équilibre, que l’on peut qualifier, sur la longue distance, d’assez fructueux et à même, malgré quelques crises majeures, de proposer peu à peu des points de rencontre avec les «purs» conservateurs helvétiques, catholiques ou protestants. La France aurait pu développer un modèle de ce type, mais ses républicains dits de droite n’ont pas su se dégager de leurs penchants étatistes.
Nous pensons donc que les synthèses aptes à préserver la démocratie des pièges qui l’environnent peuvent emprunter la voie libérale et conservatrice mais à la condition de réinventer un Etat réellement libéral, contre un amour de la tradition qui tendrait à figer le processus historique et une démocratie égalitaire moderne, absolutisée par le droit et à même de stimuler la désagrégation sociale redoutée par Gauchet.
*«Le Nœud démocratique. Aux origines de la crise néolibérale». Gallimard, 2024.
ÉDITORIAL. Les enseignants et étudiants des hautes écoles montent au front contre les réductions budgétaires prévues par le Conseil fédéral. Même si l’on approuve, en principe, une hausse des taxes, ces coups de rabot ne sont absolument pas judicieux
Au moment où les nations, notamment européennes, ouvrent grand le robinet de la dépense publique, la prudence financière du Conseil fédéral l’honore. Les années covid ont montré l’utilité de comptes sains. Cela étant, les coupes prévues dans les hautes écoles et la recherche pour 2027-2028, d’un total de 460 millions de francs, sont difficilement justifiables.
Le gouvernement argue du fait que les budgets des deux écoles polytechniques fédérales et du soutien aux universités (hautes écoles spécialisées comprises) ont davantage augmenté que la moyenne ces dernières années. C’est évident: les effectifs bondissaient aussi, de même que les apports économiques d’un secteur identifié comme le cœur battant du pays. Comment légitimer un brutal coup de frein alors que les défis s’accumulent, des enjeux climatiques et énergétiques à nos mutations numériques?
On peut soutenir des hausses de taxes dans les EPF, voire les universités. Mais c’est la pire manière de les justifier que de les lancer pour remédier à des coupes. Si des hautes écoles augmentent leurs tarifs, les – maigres – moyens dégagés doivent leur revenir, et non servir de piteux sparadraps à une blessure infligée par le haut.
La même maladresse frappe les soutiens à la mobilité. Les écoles ne cessent de bricoler depuis des années après l’éviction d’Erasmus +. A présent, la Suisse négocie de nouveaux accords avec l’UE. Et voilà que le Conseil fédéral se met en position de faiblesse en annonçant qu’il va trancher dans ces ressources. En parallèle, des pays pourraient attaquer la hausse plus forte encore des taxes souhaitées pour les étudiants étrangers. Comme art de négocier, il y a plus subtil.
Enfin, l’incohérence frappe aussi s’agissant des tailles infligées au Fonds national de la recherche. C’est bien ce FNS qui a permis au pays de tenir le coup dans les crises liées à la sortie des programmes européens Horizon 2020 puis Horizon Europe – et qui tient encore la position de la science helvétique sur la carte. Le priver de 10%, puis 11%, de son enveloppe est tout simplement absurde. En sus, au moment où les éructations à la Maison-Blanche vont provoquer un exode de talents qu’il s’agit de capter – comme il faut garder les cerveaux venus des Etats-Unis.
Plus que jamais la Suisse a besoin de hautes écoles combatives, innovantes et égalitaires. La rigueur budgétaire constitue une vertu. Tronçonner dans la formation et la recherche revient à se tirer une balle dans le cœur.
Donald Trump a justifié les tarifs douaniers par l’important déficit de la balance commerciale américaine concernant les biens. Mais les Etats-Unis exportent beaucoup plus de produits numériques et dégagent plus de 600 milliards d’excédent par année
C’était l’une des justifications apportées par Donald Trump au moment d’instaurer des tarifs douaniers sur les produits importés aux Etats-Unis. Ces derniers affichaient en 2024 un déficit de leur balance commerciale de plus de 1000 milliards de dollars sur les biens. L’énormité du chiffre donnait l’impression d’un pays complètement dépassé par ses rivaux économiques sur le plan commercial. Mais la réalité est tout autre lorsqu’on prend en compte le commerce numérique, qui dégage plus de 600 milliards de dollars d’excédent commercial, selon les estimations d’une équipe de chercheurs de l’Université de Toulouse. Ce commerce n’a pas été pris en compte dans les calculs de l’administration américaine au moment d’établir les droits de douane sur les produits étrangers. Et ces produits numériques ne sont pas soumis à ces taxes.
En plus des produits physiques, les Etats-Unis exportent aussi via leurs serveurs numériques, et la Silicon Valley est le premier pôle d’exportation américain. A chaque fois qu’un utilisateur étranger visionne un film sur Netflix ou utilise les services du cloud d’Amazon, les Etats-Unis exportent. Mais ces flux sont difficiles à estimer car ils passent en partie par les filiales des grands groupes américains de la «tech» implantées dans les pays de consommation de ces services.
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L’Urban Move Academy, basée à Vernier, a conquis l’audience du Théâtre du Châtelet avec «Ollie», un spectacle électrique unissant skate, parkour et danse hip-hop
Un lapin skateur qui saute d’une rampe à l’autre et se réceptionne en douceur. Une jeune fille à la blonde chevelure qui, à quatre de mètres de hauteur, se laisse tomber en arrière et atterrit dans les bras attentifs de cinq porteurs. Une gymnaste araignée dont le corps, à la fois souple et fort, marque l’espace de sa danse musclée. Ou encore des traceurs fous qui se balancent en haut de la plus haute des rampes avant de glisser le long des courbes accortes. Le week-end dernier, Ollie, spectacle poétique et électrique de la compagnie genevoise Urban Move Academy (UMA) a ravi le public du Théâtre du Châtelet, à Paris, dirigé par Olivier Py.
Comment cette jeune troupe emmenée par Nicolas Musin est-elle parvenue à se produire dans cette salle prestigieuse pouvant accueillir 2000 personnes? «Olivier Py a été séduit par un teaser posté sur internet et a pris le pari de nous programmer», répond le metteur en scène d’UMA qui, avec la boîte de production française Pavillon Noir, va tirer parti de cette exceptionnelle visibilité pour organiser des tournées. «Nous avons été approchés par de nombreux programmateurs et c’est super, car notre style, social et poétique, pourrait plaire à un public américain ou asiatique, habitué à de l’art urbain plus spectaculaire.»
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Offre pléthorique, coûts en hausse, contrôles lacunaires et régulation en berne…, le rapport sur l’imagerie médicale publié ce lundi par le Contrôle fédéral des finances est sévère et appelle à plus de transparence
Peut et doit mieux faire. C’est en substance le constat dressé par le Contrôle fédéral des finances (CDF) dans une évaluation sur l’usage de l’imagerie médicale en Suisse et publiée ce lundi. Assez technique, le rapport de 45 pages montre à quel point ces outils diagnostiques sont peu régulés et très répandus: leur densité dans le pays est la plus élevée d’Europe.
Instrument essentiel de la médecine moderne, l’imagerie par irradiation (rayons X ou mammographe), par résonance magnétique (IRM) et par ultrasons (échographie) représente des coûts de 2,1 milliards de francs en 2023. Soit «un sixième du volume des prestations ambulatoires relevant de l’assurance maladie obligatoire», estiment les auteurs de l’analyse. Des coûts élevés qui étaient aussi en hausse de 5,3% entre 2019 et 2023. Beaucoup plus que ceux enregistrés dans le secteur ambulatoire, qui a augmenté de 3,3% sur la même période. Alors que les coûts totaux du système de santé en Suisse se sont montés à 94 milliards de francs en 2023, soit en hausse de 2,4% sur un an, l’impact de l’imagerie médicale sur la facture globale de santé mérite attention.
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L’athlète suisse le plus fascinant de sa génération se mesurera pour la troisième fois à la mythique épreuve dimanche à Hambourg. Un «essai athlétique» du philosophe Michel Herren connecte la carrière du Genevois de 29 ans aux grands penseurs
Pour Friedrich Nietzsche, il n’y a qu’une forme d’art qui vaille vraiment, «l’œuvre qu’on fait de soi-même». C’est Michel Herren qui l’écrit dans Julien Wanders - Sensibilité, illusions, travail, un «essai athlétique» qui éclaire la trajectoire du coureur à pied genevois de 29 ans à la lumière de la pensée des grands philosophes. Et le consacre, donc, en artiste au sens nietzschéen du terme, pour sa faculté à «s’expérimenter en ses innombrables dimensions et forces claires-obscures, corporelles et spirituelles; comme lutte mystérieuse, danse amoureuse entre éclosion et retrait, production et destruction, vie et mort».
Cela sonne passionné, épique, dramatique, limite grandiloquent? C’est au diapason de la carrière du plus fascinant athlète suisse de sa génération, dont les choix radicaux ont conditionné les accomplissements comme les échecs retentissants. A 18 ans, Julien Wanders a quitté le confort de la Suisse pour vivre et s’entraîner au Kenya, comme les athlètes qui l’ont toujours inspiré. Cela lui a permis de signer des performances inimaginables, comme ce record d’Europe du semi-marathon qui tient depuis 2019, mais il a fini par s’égarer sur le chemin de ses aspirations. De son propre aveu, voilà maintenant plusieurs années qu’il galère.
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La «réunification» du Vietnam, le 30 avril 1975, a laissé un goût amer à ceux qui ont choisi de quitter le pays, refusant de renoncer à leur religion ou de s’incliner devant le nouveau pouvoir communiste. Cette communauté s’est remarquablement intégrée en Suisse
Le 11 janvier 2007, l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle annonce un nouveau brevet au bénéfice de Firmenich. Cette anti-mousse de silicone encapsulant les détergents n’a pas bouleversé votre quotidien. Mais il a fait «gagner pas mal d’argent» à la multinationale des arômes et fragrances, dit aujourd’hui son principal inventeur, le chimiste Van Cung Nguyen. Ce retraité de 77 ans réside aux Avanchets, à Genève. Le chemin qui l’a mené là s’est avéré pour le moins sinueux, tributaire d’une série d’évènements plus ou moins dépendants de sa volonté.
Son destin bascule il y a 50 ans, le mercredi 30 avril 1975, dans sa patrie d’origine, le Vietnam. Vers midi, les forces du Nord investissent Saigon, la capitale du Sud, sans tirer le moindre coup de feu, moins d’une heure après y avoir pénétré en une «marche triomphale», selon la formule d’un reporter français de l’époque. Après «la folie et le désespoir», la ville plonge à 12h14 dans un «inexplicable silence».
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Depuis une avalanche ayant endommagée il y a dix jours la galerie des Toules, l’A21 était fermée. Le versant restera sous surveillance géologique
La route du Grand-Saint-Bernard est rouverte depuis samedi à 17h00, soit plus tôt que prévu. Il y a dix jours, le Jeudi saint, une avalanche avait endommagé sur 300 mètres la galerie des Toules. Depuis, l’A21 était fermée pour le trafic de transit en provenance et à destination de l’Italie.
Sur le tronçon endommagé, la circulation se fait sur une seule voie et en alternance au moyen de feux de signalisation, a annoncé samedi l'Office fédéral des routes (OFROU). Vendredi, il estimait que la route resterait encore fermée pour plusieurs jours.
La semaine dernière, l'OFROU avait pris des mesures d'urgence pour réparer les dégâts. Ces travaux ont été achevés comme prévu vendredi soir. Parallèlement, l'office a lancé vendredi les travaux de déblaiement et de sécurisation des parois rocheuses sur la pente de l’avalanche.
Samedi après-midi, les filets de protection contre les chutes de pierres endommagés ont été dégagés et réparés et d’autres travaux de déblaiement effectués.
Des mesures de sécurité complémentaires seront effectuées après la reprise du trafic. En même temps, le versant restera sous surveillance géologique. En cas de mouvements de roches compromettant la sécurité ou de risque accru d’avalanches, le tronçon devra être à nouveau fermé.
Les travaux de planification pour la remise en état de la galerie des Toules ont également commencé. Ils visent à réparer les dégâts causés et à rétablir le niveau de protection nécessaire pour permettre à long terme une circulation sûre sur deux voies.
Les Biennois, pensionnaires de Promotion League, ont battu 1 à 0 les champions de Suisse en titre Young Boys et deviennent la première équipe de troisième division à se qualifier pour la finale de la Coupe de Suisse. La VAR a joué un rôle déterminant dans ce match historique
Les Biennois ont réalisé le plus grand exploit de l’histoire de la Coupe de Suisse. Evoluant en Promotion League, le troisième niveau national, ils disputeront le 1er juin la 100e finale de cette compétition au Wankdorf face à Bâle ou Lausanne. Cette victoire s’est jouée au terme d’une dramaturgie incroyable. A la 124e minute, l’arbitre annulait l’égalisation, au bout de la nuit, des Bernois suite à une intervention de la VAR pour faute de main de Felix Tsimba. L’assistance vidéo a joué un rôle déterminant dans cette rencontre complètement folle, tout comme le gardien biennois Raphael Radtke, qui a multiplié les arrêts décisifs durant les prolongations.
Le tournant du match a eu lieu à la 99e minute lorsque Malko Sartoretti, jeune attaquant de 20 ans, remporte son duel face au très expérimenté gardien des Young Boys David von Ballmoos. Prêté par Lausanne-Sport, il ne tremble pas au moment de tirer son pénalty suite à une faute du portier bernois sur Loïc Socka, l’un des trois joueurs provenant de Clermont Foot. Ce n’était pas chose aisée pour ce grand talent, Malko Sartoretti a tiré face aux très bruyants supporters bernois. Cette réussite est sa 7e dans cette compétition, l’international M20 réalise l’exploit d’avoir marqué lors de chaque tour.
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Depuis son virage vers l’économie de marché, le pays qui fête les 50 ans de sa réunification se développe à une vitesse fulgurante, se substituant à la Chine comme «usine du monde». La Suisse négocie avec lui un accord de libre-échange
Vous aimez la noix de cajou? Pour l’apéritif ou ajouter du croquant dans un poulet au curry, c’est succulent. Que ce soit la marque Sun Queen de Migros ou Seeberger de Coop, il y a une chance sur deux que le fruit à coque, sec ou frais, provienne du Vietnam, d’après les données des douanes suisses. S’étant spécialisée dans sa transformation, la nation du Sud-Est asiatique est à la fois le principal importateur et exportateur mondial. Elle n’est pourtant qu’un producteur relativement modeste. La plupart des noix de cajou sont cultivées en Afrique, notamment en Côte d’Ivoire ou au Nigeria, y sont embarquées sur des cargos puis parcourent 16 142 kilomètres en contournant le cap de Bonne-Espérance jusqu’à Hô Chi Minh-Ville, l’ancienne Saigon. Un périple de trente-six jours à une vitesse de 10 nœuds. Elles sont alors chargées sur des camions pour rejoindre la province de Binh Phuoc, à la frontière du Cambodge.
CHRONIQUE. La glissade du PLR lors de plusieurs élections cantonales ou d’importantes votations pose une fois de plus la question de son positionnement face à l’UDC, qui guigne ses électeurs populaires, écrit Yves Petignat
Le libéralisme est-il soluble dans le national-conservatisme? Cette question se posait il y a 10 ans, lorsque le PLR s’interrogeait sur l’opportunité d’accepter l’offre de l’UDCde constituer une grande alliance électorale de la droite. Impossible alors de se résoudre à ce que le parti fondateur de la Suisse moderne abandonne sa conception de l’Etat régulateur pour s’incliner devant les adeptes de «la primauté de la nation». La question ne se pose plus en 2025. Mais le problème demeure: l’UDC va-t-elle finir par absorber ce qui reste de l’électorat populaire du grand vieux parti? Car depuis les élections fédérales de 2023, le PLR va de déception en déception. Il a perdu des sièges au profit de la droite nationale-conservatrice dans les parlements et les gouvernements lors de huit des dix dernières élections cantonales. En mars notamment, à Soleure et Neuchâtel.
Si le PLR avait limité la casse aux élections nationales (-1%) avec la perte de deux fauteuils aux Chambres fédérales, il n’a pas pu éviter, depuis lors, de glisser dangereusement. Le parti de la droite libérale qui, au niveau national, totalisait encore 20% des voix au début de ce siècle est tombé aujourd’hui à 14,3%. Dans les cantons, le PLR a encore perdu trois conseillers d’Etat ces deux dernières années et onze députés dans les parlements. Cela au profit de l’UDC qui, si elle n’a gagné qu’un seul ministre cantonal, a progressé de 32 sièges dans les parlements. A l’autre bout de l’échiquier politique, la gauche a progressé de 15 sièges de députés, au détriment surtout des Vert·e·s.
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Dans la foulée du derby opposant le FC Sion et le Servette FC du 13 avril dernier, la police a procédé à 15 interpellations. Les ultras dénoncent une bavure des forces de l’ordre et des violences injustifiées
«Nous sommes des citoyens avant d’être des supporters. Ce qui s’est passé est intolérable.» Pour la première fois en Valais, des supporters du FC Sion ont déposé une plainte pénale contre les forces de l’ordre, révèle Le Matin Dimanche. Le 13 avril dernier, après le «derby du Rhône» opposant le FC Sion et le Servette FC, la police a procédé à 15 interpellations à la suite d’une intervention musclée dans un bar du centre-ville de Sion.
Selon la version officielle, «un officier de police a été projeté au sol et frappé au visage». Les ultras assurent pourtant qu’un «assaut» policier a été lancé sans motif justifié, alors que le calme régnait et que les Sédunois se tenaient entre eux sans la présence d’aucun «Servettien». Le Matin Dimanche, qui a pu visionner les images des caméras de surveillance du bar, explique que la vidéo ne corrobore pas strictement la version des forces de l’ordre.
La plainte, déposée jeudi dernier, fait état de lésions corporelles simples, d’agression, de contrainte, de séquestration et d’abus d’autorité. Des «coups de matraque» et l’usage de spray au poivre sont dénoncés par les supporters. Sollicitée par le journal dominical, la police déclare que les supporters sédunois «ont cherché à plusieurs reprises à venir en découdre avec les ultras servettiens» – ce que conteste le groupe – et qu’afin «d’éviter tout incident grave, les opérations de maintien d’ordre ont dû être poursuivies jusqu’au centre de la ville de Sion». Bavure ou nécessité? La suite se jouera devant la justice.
La plupart des cas signalés ont eu lieu à l’école obligatoire. Parmi les facteurs de hausse, une meilleure visibilité des centres de conseil, mais aussi la polarisation croissante des discours publics
En 2024, 1211 cas de discrimination raciale ont été recensés en Suisse, soit 335 de plus qu’un an auparavant, selon le rapport annuel des centres de conseils en racisme publié dimanche. Il s’agit d’une hausse de près de 40%. La plupart des incidents se sont déroulés à l’école.
Depuis plusieurs années, le nombre de cas enregistrés est en constante augmentation. En 2024, cette progression a atteint près de 40%, «un chiffre particulièrement significatif», indiquent dans un communiqué la Commission fédérale contre le racisme (CFR) et humanrights, une ONG qui défend les droits humains en Suisse.
Plusieurs facteurs expliquent cette évolution: d’une part, il y a certains événements géopolitiques et la polarisation croissante du discours public. D’autre part, la meilleure visibilité des centres de conseil conduit les personnes concernées à solliciter plus fréquemment un accompagnement en cas de discrimination raciale.
Comme en 2023, les cas recensés sont survenus le plus souvent dans le domaine de l’éducation (19%), en particulier à l’école obligatoire.
Le fait que ce phénomène touche les enfants et les jeunes à l’école montre clairement qu’il faut renforcer le travail d’information auprès des élèves, mais aussi former régulièrement le corps enseignant et mettre à sa disposition des moyens de prévention et d’intervention. L’école doit être un lieu sûr pour tous, selon la CFR et humanrights.
En 2024, 35% des signalements concernaient des cas de xénophobie et 30% des cas de racisme anti-Noirs. Ces deux motifs de discrimination, à l’origine de 426 et de 368 incidents, restent ainsi prédominants.
La xénophobie a surtout sévi sur le lieu de travail, et le racisme anti-Noirs à l’école. Bien qu’inférieur en nombre de cas, le motif de discrimination qui a le plus progressé est le racisme antimusulman, observé dans 17% des cas (209 incidents). Quant à l’antisémitisme, il n’a pas faibli (66 incidents).
Le racisme cause une grande souffrance chez les personnes qui en sont victimes et peut, dans certains cas, avoir de graves répercussions sur leur santé, rappelle le communiqué de presse. «Il engendre également une perte de confiance envers les institutions et envers autrui. Le racisme doit être combattu. Les incidents racistes doivent être pris avec le plus grand sérieux. Leur analyse doit permettre aux institutions de mettre en place des mesures appropriées, et ce, dans tous les domaines de la société.»
Membre depuis plusieurs années du parlement cantonal, l’avocate s’est imposée face à trois concurrents, et succède à Roland Inauen
La Landsgemeinde des Rhodes-Intérieures a élu dimanche à Appenzell pour la première fois de son histoire une femme au poste de Landammann. Angela Koller (Centre), 41 ans, succède au Landammann sortant et directeur de l’éducation Roland Inauen (sans parti).
Angela Koller s’est imposée face à trois concurrents, dont le candidat de l’importante union cantonale des arts et métiers, Pius Federer.
Cette avocate est membre depuis plusieurs années du parlement cantonal. Comme son prédécesseur Roland Inauen, qui ne se représentait pas après 12 ans passés au gouvernement cantonal, elle fait partie de l’influente association des travailleurs d’Appenzell (AVA).
Le chef du Département de l’économie Roland Dähler (sans parti) a également été élu au poste de Landammann. Le gouvernement cantonal de sept membres est dirigé à tour de rôle par les deux Landammann. Roland Dähler occupera le poste cette année, alors qu’Angela Koller le fera l’année prochaine.
Le conseiller fédéral Beat Jans était l’invité d’honneur de la Landsgemeinde de cette année. «Dans le Ring, la démocratie est directe et concrète – les discussions peuvent être dures sur le fond, mais jamais irréconciliables», a écrit le chef du Département fédéral de justice et police sur la plateforme X.
Les deux objets en votation cette année n’étaient pas contestés et ont été approuvés sans problème. L’un était la révision partielle de la loi sur les constructions, visant à simplifier les procédures de construction et d’autorisation.
La presse alémanique a révélé de nouveaux éléments dans la saga enclenchée par la démission inattendue du président du conseil de fondation du World Economic Forum. Point d’étape sur un incendie qui n’est pas près de s’éteindre
La semaine a dû être très longue, tant pour Klaus Schwab que pour le World Economic Forum. Depuis la démission surprise du fondateur et désormais ex-président lundi, révélations, controverses et versions opposées se sont enchaînées sans qu’il soit toujours évident de s’y retrouver.
En trame de fond: l’ouverture d’une enquête indépendante lancée par le WEF – une information du Wall Street Journal – après la réception d’une lettre dénonçant notamment des manquements financiers et éthiques de la part de Klaus Schwab et de son épouse. Il est question de retraits en cash par des employés subalternes sur demande de l’ex-président, d’utilisation de fonds du WEF pour des massages dans des chambres d’hôtel et de réunions «symboliques» organisées par Hilde Schwab pour financer des voyages de luxe aux frais de l’organisation. Une culture d’entreprise «toxique» du WEF est aussi pointée, tout comme le comportement hostile de son fondateur envers les femmes.
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A la suite du départ annoncé de trois municipaux zurichois, la compétition est lancée. Au sein du PS, la course au remplacement de Corine Mauch attise la convoitise
Pendant seize ans, la présidence de la plus grande ville de Suisse a été incarnée par Corine Mauch. Urbaine, binationale (elle a abandonné son passeport américain en 2013), ouvertement homosexuelle, multidiplômée, bassiste dans un groupe de rock, la flamboyante politicienne a contribué à l’image cosmopolite de la cité, qui l’a réélue quatre fois de suite. «Maire éternelle de la ville», ainsi qu’elle a été surnommée par la presse locale, elle a longtemps écrasé toute concurrence.
Toutefois, place aux jeunes, a-t-elle estimé. Puisqu’elle a annoncé début mars qu’elle ne se représenterait pas. Elle n’est pas la seule: trois sièges sur neuf (actuellement quatre PS, un Vert’libéral, deux Verts, deux PLR) sont à repourvoir au sein de l’exécutif.
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Deux Suisses se trouvent parmi les 135 cardinaux chargés d’élire le prochain pape. Même si le Lucernois Koch et le Valaisan Tscherrig sont estimés à Rome, ils ne font pas partie des favoris, selon le théologien fribourgeois André Kolly
Le conclave des cardinaux devrait débuter le 6 mai, dans la chapelle Sixtine, au Vatican. Selon une tradition séculaire, le processus d’élection du prochain pape se déroulera dans le plus grand secret, les bulletins étant brûlés après chaque tour de scrutin. Deux prélats suisses feront partie de l’assemblée, même si ce sont d’autres cardinaux qui attirent pour l’instant l’attention. André Kolly, journaliste et théologien, livre son éclairage.
Le Temps: Le Lucernois Kurt Koch et le Valaisan Emil Paul Tscherrig sont cardinaux, ils ont moins de 80 ans, ils participeront donc au conclave. La chance d’avoir un pape suisse existe-t-elle?
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CHRONIQUE. A chercher éperdument à décrire notre époque avec des clés héritées du passé, forcément le risque de grand foutoir idéologique augmente, remarque Alexis Favre
Depuis une centaine de jours, ou plus précisément depuis le come-back du président orange à la Maison-Blanche, un petit mot chargé d’histoire et lourd de sens fait lui aussi son retour dans le débat public et agite les esprits: le fascisme. Avec une question qui taraude les amateurs de définitions: Donald Trump est-il fasciste?
J’ai lu çà et là des gens très érudits démontrer que oui par a + b, ou expliquer que non, toujours à grand renfort de références. Le président américain coche-t-il toutes les cases? La joute typologique est en cours et ne sera pas tranchée de sitôt, j’en ai peur. Je vais donc me garder de m’y engouffrer, et vous ne m’en voudrez pas.
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Pour sa troisième édition, le Défi Source invite tout un chacun à amener ses idées et ses compétences pour inventer les soins de demain. Tout est en place pour que les meilleurs projets fleurissent et aboutissent à des solutions fertiles
Maintenir ou améliorer l’état de santé des individus, qu’ils soient malades ou bien portants est tout le défi de la santé. Elle sous-entend une multitude de tâches et d’actions – les soins – menées quotidiennement par les professionnel-les de santé, notamment les infirmiers et les infirmières. Et le champ des soins n’est pas un carré de potager, mais un vaste territoire où les domaines et les disciplines sont aussi variés que peut l’être la biodiversité du parc naturel Jura vaudois. Promotion de la santé, prévention, prise en charge, environnement, recherche, politiques de santé ou éducation sanitaire: les soins sont préventifs, diagnostiques, thérapeutiques et éducatifs! Ils répondent aux besoins biologiques, psychologiques et sociaux des personnes. Tout est matière à innovation, de l’ergonomie des couveuses de la néonatalogie à la communication avec les personnes de minorités linguistiques. Alors, quels que soient vos compétences ou votre profil, que vous soyez un citoyen ou une citoyenne ou un-e professionnel-le des soins, ce printemps, faites-vous les jardiniers et les jardinières des soins et de la santé. Apportez vos mains pour planter vos graines d’idées au Défi Source, du 28 avril au 23 mai, et faites germer des solutions.
Mais d’où provient le Défi Source? Ce mot évocateur de vie, «source», puise son essence à Lausanne, où l’Institut et Haute Ecole de la santé La Source joue un rôle important dans l’innovation en santé et dans les soins. Membre de la HES-SO, cette haute école forme chaque année les infirmiers et les infirmières de demain et conduit des programmes de recherche contribuant à l’efficience des soins et à leur évolution. En son cœur bat le SILAB, pour Source Innovation Lab, un laboratoire d’innovation tourné vers l’avenir qui porte, entre autres, le Défi Source. Organisé tous les deux ans, ce défi a pour ambition de stimuler l’innovation dans les soins en mobilisant, toutes spécialités confondues, la communauté estudiantine, les professionnel-les de santé et le grand public autour d’un processus de création collective. «A l’origine, on cherchait un moyen de rendre nos étudiants curieux de l’innovation», raconte Dominique Truchot-Cardot, responsable du SILAB et professeure ordinaire. «Ils vont être confrontés à la technologie, devenir des professionnels sur le terrain, parfois des responsables. On se doit de les préparer à se poser la question: qu’est-ce qu’il faut améliorer? Alors on a lancé ce défi, une sorte d’hackathon additionné d’un bootcamp. Et ça fonctionne: ils y participent et sont rejoints par beaucoup d’autres, même sans obtenir le moindre crédit pour leur cursus réciproque.»
Avant de lancer leur propre Défi, les équipes du SILAB ont, comme beaucoup, tenté l’aventure des nombreux hackathons «traditionnels» proposés dans l’Arc lémanique avec leur-es étudiant-es. Et le succès a été au rendez-vous: les équipes de La Source y ont glané des prix. «Mais une fois la compétition terminée, rien n’aboutissait», confie Dominique Truchot-Cardot. C’est ce constat qui a poussé le SILAB à développer son propre concept, un format à part entière, mieux adapté aux réalités des soins et plus propice à faire émerger des innovations concrètes.
Pour cela, le Défi Source repose sur un principe simple: partir des idées et des besoins du terrain. Tout un chacun est invité à amener des problématiques vécues et des idées pour les contrer. C’est autour de ces situations réelles que se forment ensuite des équipes, mêlant étudiant-es de tous les milieux, soignant-es, patient-es, ingénieur-es, designeur-euses, profils en économie, communication ou en entrepreneuriat. «C’est un processus riche et complexe, car il faut le temps de se comprendre, de tisser des liens entre des univers très différents, entre les jargons et les cultures professionnelles», souligne la responsable du SILAB. Mais c’est précisément de cette pluridisciplinarité que naît la fertilité.
C’est un processus riche et complexe, car il faut le temps de se comprendre, de tisser des liens entre des univers très différents
Le Défi Source, c’est donc un parcours pensé pour faire germer les idées et leur donner toutes les chances de pousser. Tout commence le 28 avril: chacun-e peut proposer une problématique ou rejoindre un projet existant. «Puis les idées circulent, les compétences se cherchent et les équipes se forment», explique Aurélie Durier, Community & Event Manager à La Source. Une trentaine de mentors accompagnent ensuite les équipes jusqu’au Pitch Day, le 10 mai. Là, chaque projet a 90 secondes pour convaincre un jury interdisciplinaire. Quatorze équipes sont ensuite sélectionnées pour rejoindre un bootcamp du 16 au 18 mai: trois jours guidés par des coachs et des expert-es de divers métiers, entièrement bénévoles, allant de juristes à des directeur-rices d’hôpitaux. Le 23 mai, lors de la restitution finale, chaque équipe présente l’état d’avancement de son projet. Huit prix et cinq distinctions sont attribués dans un esprit ouvert et collaboratif, car l’objectif n’est pas la compétition, mais la croissance collective pour l’innovation en santé.
Lancé une première fois en 2021 avec un focus sur les soins infirmiers, le Défi a évolué vers une approche plus large en 2023, englobant santé, prévention et outils numériques. Des projets inspirés par l’intelligence artificielle ont vu le jour, certains ont même donné naissance à des prototypes, des modèles d’affaires ou des débuts de start-up. «On n’impose pas de thématique: ce sont les participant-es qui apportent leurs idées, et d’autres viennent s’y greffer. L’innovation, ce n’est pas que de la technologie, c’est une dynamique collective», ajoute Dominique Truchot-Cardot qui rêve d’un projet de prévention bien ficelé pour toucher les jeunes sur les réseaux.
Pour sa troisième édition, le Défi Source prend une nouvelle ampleur. Toujours ouvert à toutes les dimensions des soins et de la santé, il s’enrichit cette année d’un réseau de partenaires exceptionnel. Ils étaient une poignée en 2021, une dizaine en 2023. En 2025, ils sont plus de 35 à soutenir l’événement. «Ils viennent d’horizons très variés, comme les soins à domicile, les EMS, l’ingénierie, la restauration, les services énergétiques ou encore les assurances», précise Aurélie Durier.
Ce maillage, inédit par sa diversité, est bien plus qu’un simple signe d’engagement: il devient la véritable rampe de lancement des projets. Car ici, pas de chèques symboliques. Les prix prennent la forme de coaching, d’accompagnement ou de soutien stratégique. Pour les lauréat-es, c’est une chance précieuse d’être entouré-es dès la sortie du Défi, par des structures capables de faire éclore un prototype, un service, une solution utiles sur le terrain. A vos grainiers!
Défi Source 2025. Innover aujourd’hui, pour la santé de demain
Inscriptions en ligne dès le 28 avril 2025: www.defi-souce.ch
L’Office fédéral de la statistique calcule que les coûts du système de santé en Suisse se sont montés à 94 milliards de francs en 2023. Les ménages en assument 60%
Les coûts du système de santé en Suisse se sont montés à 94 milliards de francs en 2023, en hausse de 2,4% sur un an. Pour 2024, une nouvelle augmentation de 3% est attendue, indique lundi l’Office fédéral de la statistique (OFS).
Le financement du système de santé en 2023 a été assuré à plus de 60% par les ménages, via les primes maladie ou des versements directs. Les pouvoirs publics, les cantons surtout, ont supporté l’essentiel du financement restant. A noter que les dépenses des ménages ont bondi de 4,7% en un an, contre 1,9% pour celles des pouvoirs publics.
La hausse des coûts est surtout le fait des cabinets médicaux (+7,1%), toutes spécialisations confondues. Elle a été de 4,5% dans les hôpitaux, de 4,6% dans les EMS et de 7,9% pour les services de soins et d’aide à domicile.
La croissance des coûts des biens de santé, qui comprennent les médicaments et les appareils thérapeutiques, a été un peu plus faible (+3,4%). Postes relativement marginaux, les coûts administratifs des assureurs ont bondi de 9,6%, et celles des prestations de radiologie, de 7%.
A l’inverse, les dépenses pour la prévention ont chuté de 53,5% par rapport à 2022, année encore marquée par le Covid. Celles des analyses de laboratoires ont décru de 8,9%.
Un récent éditorial: Aux assureurs de prouver qu’ils sont capables de faire baisser les coûts de la santé
C’est Bâle-Ville (13 600 francs) qui affichait les coûts les plus élevés par habitant. À l’autre extrême, dans le canton de Zoug, ils n’ont pas excédé 8600 francs. Par ailleurs, toujours en prenant les extrêmes, la part des coûts liés aux prestations ambulatoires a atteint 53,4% à Genève, contre à 34,8% à Uri.
Selon les projections, pour 2024, les coûts du système de santé suisse devraient dépasser les 97 milliards de francs. Ils étaient de 71 milliards en 2014, de 51 milliards en 2004 et de 47 milliards en 2002, révèle le tableau Excel de l’OFS depuis 1960.
Un accord sectoriel: Payer les prestations médicales en fonction de leur qualité, pour tordre le cou aux mauvais incitatifs
Entre 2002 et 2023, les coûts ont donc exactement été multipliés par deux, alors que la population n’a augmenté dans le même temps que d’un peu plus de 20%.
Autre enseignement: en 1960, les coûts de prestations de santé par habitant se montaient à 372 francs. En 2023, ils étaient de 10 572 francs.
Ces chiffres sur le financement sont une statistique de synthèse à partir de différentes sources, qui s’appuie sur la méthodologie internationale du système des comptes de la santé, précise l’OFS.
D’anciens membres ont créé un parti baptisé Intégrité numérique suisse. Ce nouveau mouvement entend défendre une numérisation respectueuse de la dignité humaine
La crise qui agite le Parti pirate suisse débouche sur une scission. Deux anciens membres de la formation politique ont créé un mouvement, baptisé «Intégrité numérique suisse», comme l’a révélé la NZZ am Sonntag. Le média alémanique s’est entretenu avec sa coprésidente, Nicole Rüegger. Cette dernière avait tenté de renverser la direction du Parti pirate lors de l’assemblée générale début avril. Elle l’accusait en effet de n’avoir pas défendu des membres qui auraient été menacés par un ancien vice-président et principal donateur de la formation politique.
Le mouvement cofondé par Nicole Rüegger reste proche des idées pirates. Le choix de son nom en témoigne. L’ancien président du Parti pirate suisse, Alexis Roussel, est en effet à l’origine du droit à l’intégrité numérique, qu’il défend depuis plusieurs années avec le soutien de son ancienne formation. Deux cantons romands ont déjà introduit cette nouvelle liberté fondamentale dans leur Constitution: Genève en juin 2023 et Neuchâtel en novembre 2024. Les Zurichois seront aussi appelés aux urnes sur ce thème, après le dépôt d’une initiative cantonale par la section locale du Parti pirate.
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Pour faire face au programme d’allègement budgétaire de la Confédération, une coalition d’organisations syndicales et estudiantines a présenté ce lundi une résolution qui sera envoyée au Conseil fédéral. Elle déplore le risque d’augmentation des taxes d’étude et la perte de l’égalité des chances
Ce ne sont pas moins d’une trentaine d’organisations syndicales ou estudiantines qui ont voté une résolution commune et qui s’apprêtent à adresser leurs revendications au Conseil fédéral. Ce dernier a annoncé en début d’année qu’il comptait économiser 460 millions de francs dans la formation, la recherche et l’innovation, provoquant la colère des milieux étudiants. Et pour cause: la Commission Gaillard, mandatée par le Conseil fédéral en 2024 pour suggérer des coupes budgétaires, propose d’augmenter le «financement par les utilisateurs» des hautes écoles suisses.
Concrètement, cela signifie que les étudiants pourraient voir leurs frais d’inscription exploser. Les jeunes Suisses devraient s’attendre à un doublement de leur contribution, alors que pour les étudiants étrangers, cette taxe pourrait quadrupler. Si cette annonce a été très mal accueillie au sein de swissuniversities, du Conseil des EPF, du Fonds national suisse, d’Innosuisse ou encore des Académies des sciences, il en va de même pour les principaux concernés, réunis ce lundi matin à Lausanne pour dénoncer «cette atteinte massive».
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Le Haut-Valaisan sera, sauf énorme surprise, le successeur de Gerhard Pfister à la tête du Centre. L’actuel chef du groupe parlementaire est le seul à avoir présenté sa candidature
Le Valaisan Philipp Matthias Bregy devrait devenir le prochain président du Centre. Le conseiller national et chef de groupe parlementaire est le seul candidat à la succession du Zougois Gerhard Pfister, a annoncé le parti centriste lundi.
«Philipp Matthias Bregy représente les valeurs du parti et s’engage pour une politique constructive, tournée vers les solutions et la cohésion du pays», écrit le parti dans un communiqué qui décrit une personnalité «expérimentée». Elu Conseiller national en 2019, le Haut-Valaisan est chef du groupe centriste sous la Coupole fédérale depuis 2021.
La commission de recherche du Centre, sous la présidence du sénateur jurassien Charles Juillard, se réunira vendredi afin d’examiner sa candidature, précise le communiqué. Une audition de Philipp Matthias Bregy est également prévue dans le cadre de cette séance. Le candidat se présentera ensuite face aux médias.
Le conseiller national zougois Gerhard Pfister a annoncé au début janvier sa démission de la présidence pour la fin juin. Son successeur sera formellement connu le 28 juin prochain lors de l’assemblée des délégués du parti. Les sections cantonales avaient jusqu’à lundi midi pour proposer des candidats.
Charles Juillard a précisé que plusieurs personnes se sont montrées intéressées par le poste. «L’annonce rapide de l’intérêt de Philipp Matthias Bregy a plutôt rassuré les candidats potentiels dans le sens où son expérience à la tête du groupe parlementaire est reconnue et appréciée».
Et de reconnaître que «la fonction est exigeante et pas toujours compatible avec une vie professionnelle et parlementaire. Cela requiert beaucoup d’engagement et de disponibilité.»
Philipp Matthias Bregy, cité parmi les candidats potentiels au Conseil fédéral pour succéder à Viola Amherd, avait renoncé à se présenter, pour des raisons d’ordre familial.
La question d’une candidature féminine, comme lors de la succession de Viola Amherd, est revenue sur la table. La conseillère nationale zurichoise Nicole Barandun a notamment été citée pour se lancer dans la course à la présidence.
De même que les noms de la sénatrice Isabelle Chassot (FR) et des conseillers nationaux Reto Nause (BE) ou Vincent Maître (GE), entre autres, évoqués dans la presse. La conseillère nationale zurichoise et actuelle vice-présidente du Centre Suisse, Yvonne Bürgin, et le conseiller national uranais Simon Stadler, qui avaient envisagé la coprésidence du parti comme la connaît le PS, avaient renoncé à une candidature.
A ce sujet, Charles Juillard a dit que des candidatures féminines «auraient aussi été bienvenues.» Mais la commission de recherche n’a pas voulu «influencer» les candidatures.
La question de la représentativité féminine et latine reviendra probablement sur la table au moment de désigner le successeur de Philipp Matthias Bregy à la tête du groupe parlementaire.
L’horlogerie va mal et avec elle, c’est tout l’écosystème de sous-traitance qui souffre. La réduction de l’horaire de travail (RHT) est activée depuis des mois. Certaines voix tentent d’en assouplir le cadre d’application. En attendant une reprise qui ne vient pas
Les temps sont durs pour l’industrie microtechnique suisse. Sa clientèle principale, l’horlogerie, est en délicatesse depuis plus de deux ans, sans signe clair de reprise. De quoi mettre sous pression tout l’écosystème de la sous-traitance dans l’Arc jurassien. Sur cette toile de fond, Trump est encore venu assombrir la perspective avec ses coups de marteau douaniers. Les prises de position se multiplient maintenant pour protéger le secteur. Reposant la question de la limite d’action, entre intervention étatique et flexibilisation du filet de la réduction de l’horaire de travail (RHT), dernier rempart avant les licenciements.
Dans une interview accordée samedi dernier à la radio alémanique SRF, le président de l’organisation faîtière de l’industrie Swissmem, Martin Hirzel, s’est dit satisfait de la réaction du Conseil fédéral face à la «guerre douanière» déclenchée par Trump début avril. Rappelant que même s’il ne croit pas à une entrée en force des droits de douane de 31% pour la Suisse, ce serait une catastrophe si le pays devait se battre avec un tel handicap.
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ÉDITORIAL. Les enseignants et étudiants des hautes écoles montent au front contre les réductions budgétaires prévues par le Conseil fédéral. Même si l’on approuve, en principe, une hausse des taxes, ces coups de rabot ne sont absolument pas judicieux
Au moment où les nations, notamment européennes, ouvrent grand le robinet de la dépense publique, la prudence financière du Conseil fédéral l’honore. Les années covid ont montré l’utilité de comptes sains. Cela étant, les coupes prévues dans les hautes écoles et la recherche pour 2027-2028, d’un total de 460 millions de francs, sont difficilement justifiables.
Le gouvernement argue du fait que les budgets des deux écoles polytechniques fédérales et du soutien aux universités (hautes écoles spécialisées comprises) ont davantage augmenté que la moyenne ces dernières années. C’est évident: les effectifs bondissaient aussi, de même que les apports économiques d’un secteur identifié comme le cœur battant du pays. Comment légitimer un brutal coup de frein alors que les défis s’accumulent, des enjeux climatiques et énergétiques à nos mutations numériques?
On peut soutenir des hausses de taxes dans les EPF, voire les universités. Mais c’est la pire manière de les justifier que de les lancer pour remédier à des coupes. Si des hautes écoles augmentent leurs tarifs, les – maigres – moyens dégagés doivent leur revenir, et non servir de piteux sparadraps à une blessure infligée par le haut.
La même maladresse frappe les soutiens à la mobilité. Les écoles ne cessent de bricoler depuis des années après l’éviction d’Erasmus +. A présent, la Suisse négocie de nouveaux accords avec l’UE. Et voilà que le Conseil fédéral se met en position de faiblesse en annonçant qu’il va trancher dans ces ressources. En parallèle, des pays pourraient attaquer la hausse plus forte encore des taxes souhaitées pour les étudiants étrangers. Comme art de négocier, il y a plus subtil.
Enfin, l’incohérence frappe aussi s’agissant des tailles infligées au Fonds national de la recherche. C’est bien ce FNS qui a permis au pays de tenir le coup dans les crises liées à la sortie des programmes européens Horizon 2020 puis Horizon Europe – et qui tient encore la position de la science helvétique sur la carte. Le priver de 10%, puis 11%, de son enveloppe est tout simplement absurde. En sus, au moment où les éructations à la Maison-Blanche vont provoquer un exode de talents qu’il s’agit de capter – comme il faut garder les cerveaux venus des Etats-Unis.
Plus que jamais la Suisse a besoin de hautes écoles combatives, innovantes et égalitaires. La rigueur budgétaire constitue une vertu. Tronçonner dans la formation et la recherche revient à se tirer une balle dans le cœur.
Offre pléthorique, coûts en hausse, contrôles lacunaires et régulation en berne…, le rapport sur l’imagerie médicale publié ce lundi par le Contrôle fédéral des finances est sévère et appelle à plus de transparence
Peut et doit mieux faire. C’est en substance le constat dressé par le Contrôle fédéral des finances (CDF) dans une évaluation sur l’usage de l’imagerie médicale en Suisse et publiée ce lundi. Assez technique, le rapport de 45 pages montre à quel point ces outils diagnostiques sont peu régulés et très répandus: leur densité dans le pays est la plus élevée d’Europe.
Instrument essentiel de la médecine moderne, l’imagerie par irradiation (rayons X ou mammographe), par résonance magnétique (IRM) et par ultrasons (échographie) représente des coûts de 2,1 milliards de francs en 2023. Soit «un sixième du volume des prestations ambulatoires relevant de l’assurance maladie obligatoire», estiment les auteurs de l’analyse. Des coûts élevés qui étaient aussi en hausse de 5,3% entre 2019 et 2023. Beaucoup plus que ceux enregistrés dans le secteur ambulatoire, qui a augmenté de 3,3% sur la même période. Alors que les coûts totaux du système de santé en Suisse se sont montés à 94 milliards de francs en 2023, soit en hausse de 2,4% sur un an, l’impact de l’imagerie médicale sur la facture globale de santé mérite attention.
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ÉDITORIAL. En repoussant sans explication la mise en consultation de son projet de loi pour encadrer les réseaux sociaux et les moteurs de recherche, le Conseil fédéral bloque la discussion. Celle-ci s’étend d’ailleurs aux autres types de plateformes numériques
Sur la réglementation des plateformes numériques, le Conseil fédéral semble s’être lancé dans une partie de mikado: s’il bouge, il perd. On l’a vu s’agissant des réseaux sociaux et des moteurs de recherche. Il existe un projet pour encadrer leurs activités. Le Conseil fédéral devait enfin en parler lors de sa séance du 16 avril, après plus d’un an de retard sur le calendrier initial. Mais il a finalement décidé de repousser la question à plus tard, sans s’en expliquer.
Sur ce point, tout l’enjeu porte sur le pouvoir d’opinion exercé par les opérateurs de ces plateformes. Ceux-ci décident, à travers des algorithmes opaques, quand, comment et quelles informations sont diffusées aux utilisateurs de leurs services. La manière dont ils favorisent des contenus viraux, souvent violents ou relevant de la désinformation, a largement été documentée ces dernières années.
Cela soulève des questions concrètes dans un pays qui pratique la démocratie semi-directe, par exemple en termes d’opérations d’influence orchestrées à l’étranger. C’était d’ailleurs ces différents aspects que le Conseil fédéral avait mis en avant en 2021 lorsqu’il avait fait part de son souhait de lancer un large débat sur les plateformes de communication et leurs effets.
Mais les autres types de plateformes numériques amènent aussi leur lot de questionnements. Les places de marché comme Amazon et Temu, les magasins d’applications tels que l’App Store d’Apple ou le Play Store de Google, les systèmes d’exploitation de type Windows, iOS ou Android exercent une position dominante qui leur permet d’évincer la concurrence, d’imposer des prix ou encore de façonner les règles de la compétition dans certains secteurs comme le commerce en ligne. Autant de mécanismes qui peuvent potentiellement nuire à la concurrence et donc aux consommateurs.
La «plateformisation» de l’économie et des interactions sociales est un enjeu majeur. Elle amène des effets nouveaux, qui nécessitent d’adapter les paradigmes qui s’appliquaient jusqu’alors. En refusant de mettre son projet de loi en consultation, le Conseil fédéral empêche ce débat d’avoir lieu. Il laisse de fait à des acteurs privés, qui opèrent à l’étranger, le soin de fixer les modalités de leurs activités en Suisse. Les citoyens et les entreprises suisses ont tout à perdre avec une telle stratégie.
OPINION. La Suisse manque d’institutions académiques abordant spécifiquement la géopolitique et les relations internationales de l’Asie, ce qui expose le gouvernement à des perceptions erronées et donc à des erreurs de jugement, écrivent Lionel Fatton (Campus Webster de Genève) et Simona Grano (Université de Zurich)
La Suisse est confrontée à un sérieux défi: le manque de compétences de son secteur académique sur l’Asie. Ce déficit d’expertise devient de plus en plus problématique à mesure que l’importance économique et politique de la région ne cesse de croître. Les dirigeants suisses doivent reconnaître la nécessité de s’attaquer à ce problème, et d’agir, car ce déficit impacte directement la capacité du pays à s’adapter dans un contexte international en rapide mutation.
L’Asie est devenue le pôle de la croissance économique mondiale, mais pas seulement. C’est aussi une région où les normes régissant les relations internationales – normes sur lesquelles de petits pays tels que la Suisse se reposent pour leur prospérité et leur sécurité – sont contestées dans un contexte de tensions géopolitiques. De plus, de multiples conflits couvent, notamment en mers de Chine méridionale et orientale, dans le détroit de Taïwan et dans la péninsule coréenne.
Malgré l’éloignement géographique de l’Asie, les dynamiques régionales revêtent une importance capitale pour la Suisse. L’impact d’un conflit en est l’exemple le plus révélateur. Une guerre dans le détroit de Taïwan dévasterait non seulement les économies régionales, mais entraînerait également un ralentissement de l’économie mondiale et un affaiblissement de l’ordre juridique international. Les coûts directs et indirects d’un tel conflit ont été estimés par Bloomberg à plus de 10 000 milliards de dollars.
La Suisse étant dépendante du commerce international, des services financiers, de la coopération et des normes internationales, ses dirigeants doivent reconnaître les opportunités mais aussi les risques majeurs que l’essor de l’Asie représente pour sa prospérité et sa sécurité. Pour ce faire, ils doivent pouvoir se reposer sur une expertise académique solide, mais dont la Suisse ne dispose pas.
Les pays européens et nord-américains ont considérablement renforcé leurs compétences sur l’Asie. La France, par exemple, abrite un nombre important d’institutions académiques consacrées aux études asiatiques et qui proposent divers programmes et opportunités de recherche sur la géopolitique et les relations internationales. A contrario, le monde académique suisse souffre d’un déficit d’expertise évident.
Bien que plusieurs universités offrent des cours en langues et civilisations asiatiques et que certaines, comme Bâle et Saint-Gall, disposent de chaires dédiées à l’histoire et à la littérature chinoise, la Suisse manque d’institutions académiques abordant spécifiquement la géopolitique et les relations internationales de la région. Deux universités sortent du lot: l’Université de Zurich, qui abrite l’Institut d’études asiatiques et orientales, et l’Université de Genève, qui propose un master pluridisciplinaire en études asiatiques. Cependant, même dans ces deux établissements, l’expertise disponible en géopolitique et relations internationales est limitée et dépend de quelques académiciens seulement.
Ce manque de compétences académiques expose le gouvernement suisse à des perceptions erronées et à des erreurs de jugement en matière de politique étrangère, de négociations commerciales et de relations diplomatiques avec l’Asie. Par ailleurs, la Suisse se doit d’adopter une position proactive vis-à-vis des tensions internationales dans la région, ce qui nécessite l’expertise d’appréhender les tendances et les scénarios futurs. Une telle attitude serait non seulement en phase avec la culture diplomatique suisse, mais éviterait également au pays de se cantonner à une position réactive, préjudiciable en cas de crise.
Pour combler le déficit d’expertise, les universités suisses doivent donner la priorité à la création de programmes d’études exhaustifs sur l’Asie. Cela implique de développer de nouveaux cursus spécialisés et des centres de recherche axés sur la géopolitique, les relations internationales, les sciences politiques, l’économie, l’histoire et les langues asiatiques. Le gouvernement suisse, pour sa part, se doit d’encourager la recherche sur l’Asie. Il doit également allouer des financements ponctuels à la création de nouveaux instituts et programmes traitant de sujets géopolitiques cruciaux, tels que le détroit de Taïwan, la péninsule coréenne et les conflits territoriaux en mers de Chine méridionale et orientale.
Le renforcement de l’expertise académique en études asiatiques n’est pas qu’une question d’éducation; c’est une question d’intérêt national.
REVUE DE PRESSE. Depuis des mois, le président américain entretient l’idée qu’il pourrait se représenter en 2028, bien que la Constitution le lui interdise. La presse américaine explore les différents scénarios possibles et décrypte la stratégie politique derrière la provocation
«L’intérêt de Donald Trump pour un troisième mandat anticonstitutionnel, comme nombre de ses idées les plus dangereuses ou illégales, a commencé par une plaisanterie», écrivait The Atlantic fin mars. La plaisanterie tirait déjà en longueur. Elle continue. Après avoir affirmé fin janvier que ce serait «le plus grand honneur de ma vie de servir, non pas une fois, mais deux, trois ou quatre fois» lors d’un rassemblement au Nevada; après avoir demandé en février à ses invités s’ils souhaitent le voir se représenter lors d’une réception à la Maison-Blanche; après avoir soutenu sur NBC en mars qu’il ne plaisantait pas; après avoir affirmé à des journalistes à bord d’Air Force One que «de plus en plus de gens me demandent de faire un troisième mandat»; Donald Trump a récidivé jeudi.
La Trump Organization vient de mettre en vente des casquettes avec l’inscription «2028», pour la modique somme de 50 dollars. «L’avenir s’annonce radieux! Réécrivez les règles avec la casquette Trump 2028», assure la boutique en ligne. «Dernière indication – même si elle est frivole – que le président souhaite briguer un troisième mandat», écrit Politico. «La perspective de briser les limites imaginaires de son pouvoir lui procure un frisson évident», ironisait The Atlantic à propos du président en mars. Le frisson est contagieux. Sur les réseaux sociaux, Eric, l’un des fils de Donald Trump, pose, satisfait, avec le nouveau couvre-chef. Et tant pis pour la Constitution.
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Pour jardiner, qu’enfilez-vous? Des bottes? Des vieux souliers? Ou des sabots en plastique? Aujourd’hui, c’est à ces derniers que s’intéresse cette chronique. Au mépris qu’ils suscitent. A leur côté punk. Oui, «Crocs are punk!»
«Elle avait coutume de dire que l’on peut juger du caractère d’un homme par sa poignée de main et par le brillant de ses chaussures»
John Hopkins, «Carnets de Tanger», 2 juin 1972
Deux chewing-gums géants et déjà bien mâchés. Et toi qui sautes dedans à pieds joints. Voilà ce que je suis. Voilà comment tu me vois. Je suis le sabot en plastique prisé des jardiniers, porté par le personnel hospitalier ou les brigades en cuisine, enfilé par les campeurs, et surtout promené en ville et montré du doigt comme comble du mauvais goût. Je suis l’ectoplasme de la chaussure. Deux patates plantées de deux cure-dents? C’est moi avec tes guiboles, au printemps. Moi, le sabot en plastique, je suis le fruit des amours illicites d’une chaussure de cosmonaute et d’une charentaise. D’un sabot hippie et de la Moon Boot. De l’escarpin de Minnie Mouse qui aurait forniqué avec le clown McDonald’s.
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CHRONIQUE. Amener entreprises et candidats à se rencontrer plutôt que de recruter de façon «classique»: c’est notamment ce que propose la Fondation Qualife. Un procédé gagnant-gagnant, selon sa directrice
Il est 9h15 dans la Salle des fêtes de Carouge à Genève. Il y règne une ambiance de fourmilière. On distingue facilement les recruteurs des candidats de ce speed recruiting organisé par la Fondation Qualife, qui accompagne les moins de 25 ans et les plus de 50 ans vers un retour à la formation ou à l’emploi. Les recruteurs discutent avec légèreté, un croissant à la main. Les candidats gèrent leur stress et révisent leur pitch, l’œil fébrile sur l’heure qui tourne. L’enjeu n’est pas le même. Un recruteur aura encore la possibilité d’affiner son choix lors de la suite du processus. Pas les candidats: s’ils n’arrivent pas à convaincre en 15 minutes, il n’y aura pas de seconde chance.
A 9h35, fin de l’entretien. Quarante poignées de main simultanées, certaines particulièrement chaleureuses. Sur les 400 rencontres qui prendront place entre les 40 entreprises et les 200 candidats présents, une vingtaine de contrats seront signés, selon les chiffres des quatre premières éditions.
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ÉDITORIAL. Philipp Matthias Bregy n’a pas encore été élu à la tête du Centre, mais il porte déjà le costume du chef. Qu’est-ce qui fait du Haut-Valaisan le président naturel de cette formation? Et quels sont les défis qui l’attendent?
Il aime être au centre de l’attention, entre la gauche et la droite, sans forcément la chercher. Philipp Matthias Bregy a un rapport assez serein avec les contradictions. Une force dans un parti qui aime les pirouettes politiques. Il défend aussi avec aisance et simplicité les raisons qui poussent la formation à virer de bord, tantôt vers les socialistes, tantôt vers les libéraux-radicaux et parfois même jusqu’à l’UDC. La solution aux différends qui animent le Palais fédéral se trouve souvent au Centre. Pas de compromis sans faiseur de rois sous la Coupole.
La position singulière de son parti en fait un homme très courtisé dans la salle des pas perdus, mais la pression ne lui pèse pas: il aime l’action. Et le centriste n’a pas attendu d’être à Berne pour maîtriser l’art subtil qui consiste à donner des gages à tous sans perdre ses propres convictions. Le Haut-Valaisan de 46 ans est conservateur, catholique. Ce qui ne l’a pas empêché, lors de la campagne électorale de 1999, de demander que les moyens de contraception soient remboursés par l’assurance maladie.
Il a aussi été l’un des plus fervents défenseurs du PDC d’antan. Celui que Gerhard Pfister a réussi à «déconfessionnaliser» et à moderniser. Devenu chef de groupe, il a fait sienne la nouvelle orientation du parti et en est même devenu l’un des meilleurs ambassadeurs. Coup de force à mettre encore à son crédit: il a réussi à maîtriser les dissonances internes au sein d’une formation qui compte pourtant plusieurs prima donna… Les députés apprécient beaucoup le temps qu’il leur consacre, qu’ils soient de l’aile conservatrice comme lui ou de celle plus progressiste. Il écoute, il sourit, il agit.
Comprendre comment fonctionne Philipp Matthias Bregy permet d’expliquer pourquoi un consensus naturel se dessine à son égard pour la présidence du parti. L’homme, fan de foot, est doué pour les relations sociales. Avenant et chaleureux, il a les rondeurs du bon vivant qui aime la compagnie de ses contemporains, même lorsqu’ils ne partagent pas ses opinions politiques. Thierry Burkart, président du PLR, «imagine bien travailler avec lui». Et lorsque Cédric Wermuth, coprésident du PS, le taquine sur les réseaux sociaux en lui reprochant de glisser sur une glace très mince, il répond qu’elle est «assez épaisse pour me supporter». Il sait jouer de son poids avec une sacrée dose d’autodérision.
Toutes ces petites choses dont n’était pas capable Gerhard Pfister. Lui succéder ne sera pas une mince affaire pour Philipp Matthias Bregy. Le Zougois a certes un bilan positif en tant que président, mais après sa démission et celle de Viola Amherd en début d’année, le parti sort assez déstabilisé de cette séquence. Il faudra toute la chaleur humaine, l’humour et la convivialité de l’amateur de vins valaisans pour donner un nouveau souffle au parti.
OPINION. La dernière encyclique de François faisait la part belle au cœur transpercé de Jésus, son «sacré-cœur» ouvert à l’humanité et qui promet la réconciliation universelle. Ce que François a mis en pratique, encourant les pires anathèmes, écrit l’abbé Amherdt
Le texte était passé quelque peu inaperçu car l’attention des catholiques et des médias se concentrait davantage sur la «démarche synodale» lancée par le pape sud-américain: celle-ci, toujours en cours, veut susciter l’intérêt de tous et toutes (sun-odos, «marcher ensemble» en grec) à l’annonce de l’Evangile et à l’attention pour les plus pauvres, les plus fragiles et démunis.
La dernière encyclique publiée par François (octobre 2024) se présente pourtant comme un véritable «testament spirituel». Intitulée Il nous a aimés (Dilexit nos en latin, expression reprise de l’épître si œcuménique de Paul aux Romains, 8,37), elle valorise l’un des traits de la religiosité du peuple de Dieu auquel le pontife argentin était si attaché: le cœur de Jésus percé par la lance du soldat sur la croix (Jean 19,34), transpercé par les guerres et la malveillance, d’où jaillissent du sang et de l’eau, le sang de l’eucharistie et de la vie offerte, l’eau du baptême et de l’Esprit Saint.
Par le don de lui-même, par son amour sans frontière, par son regard posé avec tendresse sur tous ceux et celles qu’il rencontrait, par ses gestes de guérison et d’affection, Jésus-Christ a ouvert son «sacré-cœur» à l’humanité. Et il a promis la réconciliation universelle.
C’est ce que n’a cessé de mettre en pratique le pontife venu de l’hémisphère Sud. Il a été crucifié par tous ses opposants, y compris à l’intérieur de l’Eglise catholique, c’est-à-dire par les plus traditionnalistes d’entre eux. Il a été traité de «communiste» par certains fidèles «identitaires» étasuniens ou français.
Pourtant, il a toujours gardé avec fermeté le cap de la bonté et de la bienveillance à l’adresse de tout être humain, quelles que soient sa couleur de peau, son orientation sexuelle et genrée, son origine ou sa religion. Il a multiplié les gestes prophétiques envers les migrants et les réfugiés, les malades et les personnes atteintes d’un handicap. Il leur a dédié cette année sainte 2025 de l’espérance, au milieu de laquelle il est retourné vers le Père. Il s’est engagé à corps perdu en faveur de la paix, il appelait tous les soirs par téléphone la Caritas de Gaza. Il a commencé de favoriser la prise de responsabilité par des femmes à la tête de communautés chrétiennes, dans les conseils épiscopaux des diocèses, pour des charges importantes dans les dicastères et les congrégations du Vatican.
Il a étendu son attention à l’ensemble des créatures, aux animaux comme au cosmos, à l’exemple du petit pauvre d’Assise auquel il a emprunté son nom pontifical et le titre de sa belle encyclique sur l’écologie intégrale, Laudato si’. A l’exemple de Francesco d’Assisi, il a posé des démarches symboliques de dialogue avec les dignitaires des autres religions et confessions chrétiennes, dans un œcuménisme (du grec oikos, «la maison de la terre») en faveur de la justice et de la résolution des conflits.
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Son cœur ouvert veille désormais sur le monde et sur les croyants de la planète entière. Il continuera de nous surprendre, comme il nous a surpris dans son existence, son ministère papal et même par la survenue de sa mort!
Chronique. Sur nos monts… Depuis le décès du pape François le lundi de Pâques, on ne voit qu’eux, «nos» gardes suisses. Notre journaliste salue ces hallebardiers du XVIe siècle solidement ancrés dans le temps présent
Autant être transparent d’entrée de jeu: cette chronique pourrait ne pas plaire à ceux qui veulent «raser les Alpes qu’on voie la mer». Ceux pour qui la Suisse, à l’étroit dans ses montagnes, est synonyme de fermeture voire de petitesse d’esprit. Un pays profitant aussi de ses voisins européens, sans en payer le prix juste. Les images qui nous parviennent de Rome, où les uniformes bleu, rouge et jaune semblent être ceux du centre du monde, disent autre chose.
Dans cette phase si particulière de deuil, d’hommages, de conclave puis de fumée blanche, «notre» Garde pontificale incarne une forme de continuité depuis sa fondation en 1506, malgré ses faces obscures, des destins parfois tragiques et les vicissitudes de l’histoire. Un symbole d’excellence issu d’une époque où le mercenariat faisait la richesse et la fierté de nos ancêtres. Aujourd’hui, cette excellence rime avec stabilité politique, chocolat, montres, produits pharmaceutiques. Un peu cliché, mais bien réel.
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CHRONIQUE. Le Musée Picasso, à Paris, met en lumière des chefs-d’œuvre honnis par les nazis, qui ont banni tout art associé aux juifs, aux bolcheviks, ou aux modernes. Deux autres expositions font écho à cet accrochage, à l’heure où les populistes rêvent de mettre la culture au pas
Deux millions? Trois? Nul ne sait exactement combien de visiteurs vinrent contempler l’exposition de «l’art dégénéré» («Entartete Kunst») inaugurée par les nazis à Munich en 1937. Une exposition itinérante, présentée dans une douzaine de villes du Reich, dont Vienne une fois l’Anschluss consommé. Le but? Montrer l’horreur de l’art que le régime abhorrait: celui des juifs, des bolcheviks, des modernes. Bref, tout ce qui n’entrait pas dans le moule idéologique du national-socialisme, obsédé par la glorification de la race aryenne.
La liste des bannis ressemble aujourd’hui à un panthéon: Picasso, Kandinsky, Klee, Dix, Chagall, Kirchner, Beckmann, Nolde, Marc, Kokoshka, et tant d’autres. 16 558 œuvres furent évacuées des musées allemands. Certaines détruites, d’autres vendues aux enchères – parfois en Suisse, comme à Lucerne, où la Galerie Fischer joua les courtiers. Histoire bien connue.
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CHRONIQUE. D’où provient ce sentiment de réalité altérée que l’on ressent en suivant l’actualité ou les séries? Vous avez dit «hypnocratie»?
Longtemps, face aux amis qui me parlaient des séries qu’ils dévoraient par tranche de huit épisodes dans une transe hypnotique et jouissive, j’opposais, avec la plus totale sincérité, comme on parle d’une faiblesse du genou, que mon cerveau ne pouvait pas ingérer d’autres histoires que celles que je devais lire pour les pages littéraires du Temps.
En général, ces amies et amis me regardaient avec étonnement. J’insistais alors sur le côté très physique, neuronal en fait, de l’affaire. Rien n’y faisait. Bien que jamais verbalisée, une suspicion s’invitait chez eux, je le sentais bien: est-ce que mon abstinence en matière de séries ne cachait pas un début de jugement de leurs pratiques à eux, pire, un sentiment de supériorité? Comme si le livre conservait, par-delà les millénaires, un L majuscule, une sorte d’aura sacrée, forcément horripilante. Face à ces reproches muets, je prenais le ton de celle qui connaît la vie et qui a donc vécu des passions, bien sûr, pour des séries. Mais voilà, je suis obligée de tenir la bride à mes transports.
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A l’heure de l’urgence climatique et du surtourisme, il convient de s’interroger sur les raisons qui nous poussent à voyager, comme l’évoque ce dialogue fictif entre deux amies imaginaires
Amie 1: «Où pars-tu en vacances cet été?»
Amie 2: «J’ai décidé d’arrêter de voyager pendant quelque temps.»
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CHRONIQUE. La glissade du PLR lors de plusieurs élections cantonales ou d’importantes votations pose une fois de plus la question de son positionnement face à l’UDC, qui guigne ses électeurs populaires, écrit Yves Petignat
Le libéralisme est-il soluble dans le national-conservatisme? Cette question se posait il y a 10 ans, lorsque le PLR s’interrogeait sur l’opportunité d’accepter l’offre de l’UDCde constituer une grande alliance électorale de la droite. Impossible alors de se résoudre à ce que le parti fondateur de la Suisse moderne abandonne sa conception de l’Etat régulateur pour s’incliner devant les adeptes de «la primauté de la nation». La question ne se pose plus en 2025. Mais le problème demeure: l’UDC va-t-elle finir par absorber ce qui reste de l’électorat populaire du grand vieux parti? Car depuis les élections fédérales de 2023, le PLR va de déception en déception. Il a perdu des sièges au profit de la droite nationale-conservatrice dans les parlements et les gouvernements lors de huit des dix dernières élections cantonales. En mars notamment, à Soleure et Neuchâtel.
Si le PLR avait limité la casse aux élections nationales (-1%) avec la perte de deux fauteuils aux Chambres fédérales, il n’a pas pu éviter, depuis lors, de glisser dangereusement. Le parti de la droite libérale qui, au niveau national, totalisait encore 20% des voix au début de ce siècle est tombé aujourd’hui à 14,3%. Dans les cantons, le PLR a encore perdu trois conseillers d’Etat ces deux dernières années et onze députés dans les parlements. Cela au profit de l’UDC qui, si elle n’a gagné qu’un seul ministre cantonal, a progressé de 32 sièges dans les parlements. A l’autre bout de l’échiquier politique, la gauche a progressé de 15 sièges de députés, au détriment surtout des Vert·e·s.
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CHRONIQUE. Plutôt que de tirer prématurément le bilan post mortem du pape François, notre chroniqueuse Marie-Hélène Miauton préfère s’interroger sur tout ce que le prochain souverain pontife aura à résoudre
L’usage est de respecter le temps du deuil avant de tirer le bilan d’un grand mort, signe élémentaire d’estime et d’humanité. Le pape François s’en est allé, il est évidemment trop tôt pour juger de la trace qu’il laissera dans les mémoires et, surtout, dans l’Eglise. Néanmoins, un successeur doit être désigné, que nous connaîtrons d’ici un mois environ. Les congrégations sont chargées, dès aujourd’hui, de réfléchir au profil du prochain souverain pontife, celui qui se coltinera avec courage une institution chahutée aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Petit inventaire des problèmes.
ÉDITORIAL. Les symboles, dont un iconique échange Trump-Zelensky, ont été nombreux et forts durant les obsèques du pape François. Assez pour constituer un héritage dont les cardinaux qui vont élire un successeur doivent tenir compte
Cinquante chefs d’Etat, dix monarques, 130 délégations au total sur les près de 200 pays que compte la planète étaient réunis samedi dans le plus petit Etat du monde en l’honneur d’un seul homme, le défunt pape François. Ces dernières années, seule Elisabeth II avait fait mieux.
En 2013, lorsque Jorge Mario Bergoglio a accédé au trône pontifical, Barack Obama présidait les Etats-Unis, la Crimée était ukrainienne et on croyait encore, un petit peu, à une solution à deux Etats au Proche-Orient. En 2025, le monde connaît une mutation profonde, chaotique et anxiogène, engendrée par des guerres et de nouveaux dirigeants brisant certains codes en place depuis 80 ans.
Dans ce fracas, les obsèques papales de samedi ont cumulé les symboles. D’abord cette informelle assemblée des nations, unies par une forme de spiritualité et par de l’espoir, dont le défunt s’était fait le messager. Un peu moins de pompe ensuite, comme l’avait souhaité le principal intéressé. Une immense foule enfin, présente sur place et sur les écrans de toutes tailles à travers le monde. La mort du pape est devenue sur les réseaux «une trend», portée par l’image de cette dépouille dans un modeste cercueil devant lequel ont défilé des dizaines de milliers de personnes bravant avec leur smartphone l’interdiction de photographier.
«Construire des ponts et non des murs.» On peut sourire ou critiquer François pour ses supposés vains voyages, discours et encycliques sur les pauvres, les migrants et la paix. Reste que c’est le message qui revient, depuis son décès, dans la bouche des grands et petits de ce monde. Et ce, au-delà du seul univers catholique. C’est l’autre force de Jorge Bergoglio qui, à défaut de remplir de nouveau les églises, a fait de la bonne communication universelle.
Une fois mort, il réalise même ce que nombre de dirigeants en vie peinent à faire: Donald Trump et Volodymyr Zelensky assis seuls dans le fastueux décor de la basilique Saint-Pierre et faisant (peut-être) avancer le sort de la paix. Instant de grâce momentané ou réel début d’influence sur le cours des choses? L’avenir le dira.
Quoi qu’on pense du grand spectacle costumé visible ces jours, tous ces faits et symboles expriment la responsabilité qui incombe maintenant aux cardinaux grands électeurs à l’heure de trouver un successeur en conclave. Ils sont les répondants de l’héritage de François pour tous ceux, catholiques ou pas, qui l’ont salué. A défaut d’être des faiseurs de paix, ils peuvent au moins continuer à être des propagateurs d’espoir.
CHRONIQUE. Une étude parue cette semaine montre combien les jeunes sont conscients des dégâts que peuvent causer les plateformes numériques sur leur santé
«Adolescents, réseaux sociaux et santé mentale». Le titre de la dernière étude du Pew Research Center, menée auprès de 1391 jeunes Américains de 13 à 17 ans est sobre, et son contenu fait réfléchir. Ainsi, dans ce sondage, 48% des adolescents ont déclaré que les médias sociaux ont un effet «principalement négatif» sur les personnes de leur âge. Cette proportion n’était que de 32% lorsque le centre de recherche américain avait mené une étude similaire en 2022.
Autre chiffre intéressant: actuellement, seulement 14% des adolescents déclarent que les réseaux sociaux ont un impact principalement négatif sur eux-mêmes. Il y a donc a priori un décalage troublant entre la façon dont les jeunes perçoivent leur propre rapport à ces plateformes, et comment ils observent leurs pairs. En parallèle, 45% des sondés disent passer trop de temps sur les réseaux, contre 36% en 2022. Aujourd’hui, 44% des adolescents affirment avoir réduit le temps passé sur leur téléphone.
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CHRONIQUE. Donald Trump affiche clairement la volonté d’affaiblir durablement la valeur du billet vert. Sur le long terme, il pourrait buter sur l’absence de véritable alternative crédible, observe notre chroniqueuse
Maintes fois annoncée, jamais réalisée: la fin du dollar. L’euro, à peine né, devait le concurrencer. Puis le yuan allait le supplanter grâce à la montée en puissance de la Chine. Mais le billet vert a à peine bronché, restant largement en tête dans les échanges commerciaux (la moitié d'entre eux se font toujours dans cette monnaie) et dans les réserves des banques centrales (58%).
Pour la première fois, le coup de butoir vient toutefois de l’intérieur. C’est une obsession de Stephen Miran, l’un des experts qui a façonné l’étrange programme économique de Donald Trump: dévaluer le dollar. Le but est de rendre le pays plus compétitif pour ses exportations, ce qui doit l’aider à se réindustrialiser.
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CHRONIQUE. A chercher éperdument à décrire notre époque avec des clés héritées du passé, forcément le risque de grand foutoir idéologique augmente, remarque Alexis Favre
Depuis une centaine de jours, ou plus précisément depuis le come-back du président orange à la Maison-Blanche, un petit mot chargé d’histoire et lourd de sens fait lui aussi son retour dans le débat public et agite les esprits: le fascisme. Avec une question qui taraude les amateurs de définitions: Donald Trump est-il fasciste?
J’ai lu çà et là des gens très érudits démontrer que oui par a + b, ou expliquer que non, toujours à grand renfort de références. Le président américain coche-t-il toutes les cases? La joute typologique est en cours et ne sera pas tranchée de sitôt, j’en ai peur. Je vais donc me garder de m’y engouffrer, et vous ne m’en voudrez pas.
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REVUE DE PRESSE. Les électeurs canadiens sont appelés aux urnes ce lundi 28 avril au moment où le pays fait face «aux visées du président impérieux qui trône à Washington» et qui n’ont rien d’hypothétique, relève la presse Outre-Atlantique
Existentielle. C’est ainsi que de nombreux observateurs ont qualifié l’élection qui se profile ce lundi au Canada. Près de 29 millions d’électeurs sont appelés à choisir le premier ministre qui sera chargé de faire face à une crise sans précédent et de négocier avec Donald Trump, entre droits de douane hérétiques et menaces d’annexion. «La guerre commerciale déclenchée par le président américain, ainsi que les velléités de celui-ci de faire du Canada le 51e Etat des États-Unis ont fait réagir les électeurs fortement, et chamboulé les plans de campagne de tous», a ainsi estimé un éditorialiste dans les colonnes du quotidien québécois L’Actualité.
Le nom du locataire de la Maison-Blanche ne figure pourtant sur «aucun bulletin de vote canadien», comme le souligne l’AFP, c’est néanmoins celui «qui est dans toutes les têtes». «Quel dirigeant sera le plus à même de faire face aux répliques du séisme Trump et de défendre les intérêts canadiens dans ce moment charnière pour le pays? La réponse des urnes interviendra à 19h côté Pacifique (4h suisses).
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CHRONIQUE. Les universités chinoises et américaines n’ont pas les mêmes points forts, écrit Metin Arditi…
Dans la concurrence que se livrent la Chine et les Etats-Unis pour imposer au monde leurs produits de grande consommation, la domination ne sera jamais un acquis. Les voitures électriques chinoises sont désormais de qualité comparable aux meilleures voitures occidentales. En matière d’outillage, les Chinois mènent la danse: pour transformer une technologie de pointe en un objet de la dimension d’un paquet de cigarettes, par exemple l’iPhone, et le fabriquer par millions d’exemplaires, il faut des trésors de savoir-faire… en outillage. Cela étant, sans la créativité américaine, tout l’outillage du monde n’aurait pas produit un seul iPhone. La carte maîtresse des Etats-Unis, c’est la créativité. Une comparaison des programmes d’études des grandes universités américaines et chinoises est éclairante. Ce qui a fait la force des premières, c’est la part laissée à la créativité de leurs étudiants. Le saccage féroce entrepris par Trump contre les meilleurs établissements de son pays risque de priver les Etats-Unis d’un avantage déterminant. Une vraie folie. Du côté de Pékin, le champagne doit couler à flots.
P.S. Je pensais intituler cette chronique Merci Donald! en mandarin. Mais après avoir appris que «merci» se traduit par chié chié, j’ai changé d’avis. On a sa dignité…
CHRONIQUE. Longtemps, le sport s’est voulu exemplaire pour plaire à ses partenaires économiques. L’exigence inverse se fait aujourd’hui pressante pour qu'il ne soit plus instrumentalisé. Mais peut-on couper la main qui nous nourrit?, interroge Michel Desbordes, professeur de marketing du sport à l’Université de Lausanne
L’organisation des événements sportifs ne peut se faire sans l’aide financière des marques, appelées sponsors. Cette pratique n’est pas nouvelle: dès l’Antiquité, les athlètes grecs représentaient leur cité et, durant la Renaissance, François 1er soutenait financièrement Léonard de Vinci. En 1861, Spiers & Pond finance la tournée de l’équipe de cricket britannique et devient le premier sponsor moderne. En 1928, Coca-Cola s’associe aux Jeux olympiques d’Amsterdam (contrat toujours en cours). Enfin, la Banque cantonale vaudoise est engagée avec le Lausanne Hockey Club depuis 1987.
Le processus commercial est désormais bien connu. Une marque finance le sport pour augmenter sa notoriété, améliorer son image, et in fine, bien sûr, cherche à augmenter ses ventes. Ce n’est plus le spectateur qui finance le sport aujourd’hui, mais les médias et les sponsors. La billetterie est devenue une recette minoritaire, 10 à 15% du budget d’un grand club de football en Europe.
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OPINION. Peut-on être à la fois conservateur et libéral? Comment chérir sa liberté individuelle sans tomber dans l’identitarisme? L’histoire suisse apporte des réponses en matière de synthèse, écrit l’historien Olivier Meuwly
Dans Le Temps du 24 mars dernier, le philosophe Olivier Massin proposait un chemin digne d’intérêt pour sortir des clivages qui déchirent la société, où pullulent les «identitarismes» de droite ou de gauche. Car chanter les vertus de l’universalisme ne suffit pas. En apparence au-dessus de la mêlée, il n’est en effet pas dénué de risque: en «déterritorialisant» l’individu, ne nourrit-il pas le mal qu’il prétend combattre? Aussi Olivier Massin suggère-t-il, dans le sillage du philosophe anglo-irlandais du XVIIIe siècle Edmund Burke, une combinaison conservateur-libéral qui protégerait la liberté individuelle sans recourir à la haine des autres, sans extraire l’individu de sa communauté d’origine ou de choix.
La proposition est tentante. Il est vrai que l’association entre les deux notions est ancienne et a fini par désigner un courant politique dès les années 1850: le libéralisme-conservateur. Il est apparu lorsque le libéralisme historique théorisé par Benjamin Constant et Germaine de Staël notamment, devenu méfiant à l’égard d’un discours trop démocratique et de la montée en puissance de la finance et de l’industrie, a été débordé par les idées républicaines, ou radicales en Suisse. Ce libéralisme historique s’est alors rabattu sur des positions plus conservatrices, ancrées dans une vision du pouvoir articulée fortement imprégnée de valeurs religieuses. Il a navigué ensuite entre ses deux pôles constitutifs, au gré des aléas de l’histoire.
Mais associer conservatisme et libéralisme comme un horizon possible pour nos démocraties occidentales, saisies par une crise que Marcel Gauchet vient d’analyser dans son dernier ouvrage*, ne relève-t-il par de l’oxymore? Le philosophe français déplore lui aussi la quête d’autonomie dont s’est enivré l’individu démocratique à partir des années 1970. Cette fièvre libertaire l’a déconnecté de toutes ses appartenances antérieures, le plongeant dans une illusion d’indépendance et dans la conviction erronée que le droit était là pour sauver son «unicité». Coupant les ponts avec son passé mais aussi avec l’idée qu’il puisse s’améliorer au fil du temps, l’individu s’est institué comme une fin en soi. Si Gauchet ne brandit pas la solution conservatrice comme réponse au dilemme moderne, il n’en est pas loin.
Ce refuge conservateur, que nous susurrent explicitement Massin et en creux Gauchet, peut-il véritablement endiguer une liberté menacée par ses propres excès? Sans doute, dans ce mariage, que l’histoire a décrété de raison, le conservatisme peut-il offrir un cadre au libéralisme. Il le réinscrit ainsi dans son historicité, grâce à une stabilité dont il se veut en quelque sorte le garant. D’un autre côté, le libéralisme peut assurément aiguillonner ce même conservatisme et le préserver d’un immobilisme dévastateur. Il peut lui apporter sa conception «optimiste» de l’avenir, comme le pense Gauchet.
Mais si, dans l’abstrait, le conservatisme libéral, que nous pensons synonyme du libéralisme conservateur du XIXe siècle, peut paraître séduisant, il demeure un domaine possiblement conflictuel: le rapport à l’Etat. Car que veut dire «conserver» ? Cette incertitude risque de contraindre le conservatisme à une sorte de myopie sur ses propres finalités et de faire dériver des conservateurs bon teint vers un étatisme périlleux, à l’instar du philosophe conservateur britannique Roger Scruton, cité par Massin. Mais, face à l’Etat, le libéralisme est lui aussi indécis! Refusant l’anarchisme, il admet donc l’Etat, mais dans une forme la plus réduite possible. Le problème, c’est qu’il peine à en dessiner le pourtour.
Cette incapacité explique pourquoi, au-delà des années 1830, le libéralisme, seul, n’a plus été en mesure d’exercer un pouvoir qui passe forcément par une maîtrise de la «chose» étatique. Pour pouvoir influer sur le destin des peuples, il a dû s’allier avec une autre force politique et, de fait, il a souvent collaboré avec le conservatisme, dans un libéral-conservatisme qui a traversé les décennies. En Angleterre, le libéralisme des whigs s’est fait absorber, dans sa version de «droite», par les tories, qui ont ainsi pu réanimer leur conservatisme péclotant. En Allemagne, après la guerre, alors que le FDP n’a cessé d’osciller entre ses ailes gauche et droite (très libérale sur le plan économique), le libéralisme a été plutôt assimilé par une démocratie chrétienne ainsi requinquée.
La Suisse a connu une autre synthèse, parachevée à travers sa démocratie semi-directe et son fédéralisme: le radicalisme, adossé à un libéralisme présent dès les origines de la Confédération, mais progressivement imbibé de conservatisme, et à un respect parfois excessif de l’Etat. D’où un équilibre, que l’on peut qualifier, sur la longue distance, d’assez fructueux et à même, malgré quelques crises majeures, de proposer peu à peu des points de rencontre avec les «purs» conservateurs helvétiques, catholiques ou protestants. La France aurait pu développer un modèle de ce type, mais ses républicains dits de droite n’ont pas su se dégager de leurs penchants étatistes.
Nous pensons donc que les synthèses aptes à préserver la démocratie des pièges qui l’environnent peuvent emprunter la voie libérale et conservatrice mais à la condition de réinventer un Etat réellement libéral, contre un amour de la tradition qui tendrait à figer le processus historique et une démocratie égalitaire moderne, absolutisée par le droit et à même de stimuler la désagrégation sociale redoutée par Gauchet.
*«Le Nœud démocratique. Aux origines de la crise néolibérale». Gallimard, 2024.
Abritant de précieux sites de nidification de tortues et des espèces de coraux rares, la plage de Hankorab, près de la frontière soudanaise, est menacée par des projets immobiliers malgré son statut de réserve naturelle. Les organisations environnementales tirent la sonnette d’alarme
En arrivant sur la plage de Hankorab après douze heures de bus depuis Le Caire, on comprend immédiatement pourquoi le lieu est surnommé «les Maldives d’Egypte»: une vaste grève de sable blanc voit ses coquillages léchés par une mer bleu atoll, ponctuée çà et là de mangroves. Il s’agit de l’un des derniers écosystèmes marins intacts du pays, l’une des seules plages encore naturelles le long d’une côte presque exclusivement rocheuse.
Une fois la tête sous l’eau, l’importance écologique de Hankorab saute aux yeux. On y observe en une petite demi-heure de masque et tuba ce qu’il faudrait, ailleurs en mer Rouge, des semaines pour entrapercevoir: une tortue qui se promène tranquillement sur les fonds sableux; un banc de maquereaux indiens qui, gueules béantes, filtrent du plancton; un napoléon massif posé sur une patate corallienne; un groupe de bonites qui filent à toute vitesse; une raie léopard qui ondule gracieusement, ou encore une sériole qui patrouille à la recherche de proies.
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Au mois de mars, La Poste résiliait unilatéralement son contrat avec Cara, prestataire qui gère le dossier électronique du patient dans cinq cantons romands. Une clarification s’impose avec Nicole Burth, directrice des services numériques du géant jaune
C’est le leader technologique du dossier électronique du patient (DEP) dans le pays: La Poste fournit 90% de l’infrastructure de cet outil. Mais elle vient de résilier son contrat avec le fournisseur du DEP dans les cantons de Genève, Vaud, Fribourg, du Valais et du Jura. Une amélioration technologique serait à l’origine de cette rupture.
Active depuis 2013 dans ce secteur, La Poste fait figure de pionnière, mais attire également de nombreuses critiques. Pour la première fois, Nicole Burth, directrice depuis 2021 du département Digital Services de l’entreprise, a accepté d’évoquer les défis actuels du dossier électronique du patient – technologie, investissement, financement, évolutions législatives à venir – et aussi la situation en Suisse romande.
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Les spas de luxe développent de plus en plus ce type de soins. Bilan de santé et revitalisation sont de mise grâce à un mixte d’appareils high-tech et d’approches thérapeutiques
Au spa Six Senses de l’hôtel The Alpina, à Gstaad, bols tibétains, tapis de yoga et tables de massage ayurvédique côtoient des équipements hautement technologiques depuis l’été 2023. Inspiré du mode de vie de l’Américain Dave Asprey, auteur de The Bulletproof Diet et parmi les pionniers du biohacking – un concept visant à optimiser ses facultés physiques, émotionnelles et mentales pour prolonger sa longévité –, l’ancien directeur Tim Weiland pressentait que préserver son capital santé passerait aussi par les machines. Faisant partie des premiers journalistes invités à découvrir ce pendant futuriste du spa, nous avions à l’époque passé trois minutes dans une cabine de cryothérapie, puis chaussé des bottes de compression pour dynamiser notre état général, avant un massage énergétique traditionnel.
«Avec l’essor du mouvement mondial du bien-être, et encore plus après le covid, les hôtels de luxe ont commencé à intégrer des thérapies avancées sur le modèle des cliniques privées, comme la Clinique La Prairie, en Suisse, pour répondre à la demande croissante des voyageurs soucieux de leur santé, en quête d’expériences plus complètes que les spas traditionnels», confirme Valentina Clergue, professeure assistante à l’EHL Hospitality Business School, à Lausanne.
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Une étude laisse penser que nos émissions de CO2 pourraient prolonger la présence de débris en orbite basse. Des experts tempèrent, estimant que c’est avant tout le manque de coordination entre opérateurs qui devient crucial
La physique est parfois contre-intuitive. Alors que notre climat se réchauffe à la surface de la Terre, c’est exactement l’inverse qui se produit à haute altitude. Un effet de la présence grandissante de CO2 qui, dans la haute atmosphère, renvoie de plus en plus d’énergie vers l’espace. Ce refroidissement provoque en quelque sorte un tassement des hautes couches de l’atmosphère, ce qui réduit la quantité de molécules de gaz résiduelles dans les orbites basses utilisées par les satellites.
Cet appauvrissement prolonge la durée de vie orbitale de ces engins, mais aussi celle des débris nombreux dans ces régions, au risque de multiplier les collisions. Une étude publiée dans Nature estime que, d’ici à 2100, la capacité d’accueil des orbites situées entre 200 et 1000 km d’altitude pourrait être réduite de 50% à 66%.
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Bien qu’il ait encouragé les Etats-Unis à abandonner les Nations unies le mois dernier, Elon Musk semble très attaché au multilatéralisme, du moins dans l’espace. C’est que son entreprise SpaceX est étroitement liée à l’une des agences les plus anciennes et sans doute les plus importantes de l’ONU, l’Union internationale des télécommunications
Il ne fait aucun doute que SpaceX joue un rôle central dans l’élaboration des réglementations mondiales, avec un quasi-monopole sur les lancements spatiaux et la possession de deux tiers des 10 000 satellites actifs en orbite autour de la Terre, principalement grâce à son réseau Starlink. Elle fait partie des plus de 1000 entreprises, universités et autres membres sectorielsde l’Union internationale des télécommunications (UIT, une agence technique des Nations unies qui coordonne les orbites des satellites et gère l’accès aux fréquences radio) qui ont presque doublé au cours des dix dernières années.
Pour Elon Musk, nommé à la tête du Département américain de l’efficacité gouvernementale (DOGE), que certains médias voient cependant bientôt poussé vers la sortie par Donald Trump, participer aux réunions et conférences techniques de l’UIT signifie s’assurer de la domination future de ses entreprises dans l’espace, d’autant plus que la concurrence de la Chine s’intensifie.
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Un projet pionnier conduit ces deux derniers étés a montré l’efficacité de la Sterile Insect Technique. Transmetteur du virus Zika et de maladies graves, le moustique tigre peut être efficacement combattu grâce à cette mesure respectueuse de l’environnement
Si vous étiez à Morcote l’été dernier ou le précédent, vous ne vous êtes sûrement pas fait piquer par un moustique tigre! L’Institut de microbiologie de la Haute Ecole spécialisée de la Suisse italienne (Supsi) menait dans la petite commune du sud du Tessin un projet pilote, en lien avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS), visant à réduire la population de l’Aedes albopictus. La technique employée, la SIT (Sterile Insect Technique), consistant en la stérilisation des mâles, s’est révélée un véritable succès.
Des réductions de 62% et de 63% des moustiques tigres ont été observées respectivement en 2023 et 2024, indique Eleonora Flacio, responsable du projet et présidente de l’European Mosquito Control Association (EMCA). «De sorte que, grâce aux diverses méthodes de contrôle, leur nombre a diminué de plus de 90%.» Lorsque les mâles stériles copulent avec les femelles, les œufs produits ne sont pas viables, et les femelles ne donnent donc pas naissance à de nouveaux moustiques, explique la biologiste.
Entre mai et fin septembre des deux années, lors de chaque saison, un total de 3,45 millions de mâles stériles – 150 000 par semaine – ont été relâchés à Morcote à 75 points prédéfinis espacés de 50 à 80 m, soit environ 3000 insectes par hectare. Le lâcher durait environ trois heures et était assuré par deux opérateurs techniques qui se déplaçaient en voiture pour couvrir la zone test de 45 hectares. Selon les données, 80% des mâles lâchés ont couvert une surface de 100 m et 18% se sont déplacés jusqu’à 200 m.
Pionnier, le Tessin est la seule région tempérée où des lâchers de moustiques tigres ont été effectués tout au long de la saison. Les populations de moustiques à Morcote et dans une commune voisine de contrôle (Caslano), possédant des caractéristiques climatiques et d’urbanisme similaires, ont été surveillées hebdomadairement, pendant vingt-six semaines, à l’aide de pièges à œufs. La densité moyenne des œufs était systématiquement plus faible dans la zone testée que dans celle de contrôle, tant en 2023 qu’en 2024. Elle a été réduite de 54,8% pendant toute la période d’activité des moustiques.
Au cours de l’expérimentation, le transport des mâles stérilisés – produits en Italie – a représenté un défi de taille, confie Eleonora Flacio. La température dans les colis de transport était maintenue entre 8 et 12 °C avec une humidité relative de 80% (vérifiée par des enregistreurs de données insérés dans les paquets) pour maintenir les petites bêtes, transportées par courrier, dans un état de dormance pendant le voyage. Les temps de livraison étaient longs, parfois de près de 24 heures.
Du coup, à l’arrivée, les moustiques étaient inutilisables parce qu’ils étaient morts ou presque morts, rapporte la chercheuse. L’équipe a tenté diverses stratégies pour que les insectes arrivent à destination en forme: divers types de conteneurs ont été testés; un repas en plus leur a été donné avant le départ; des membres de l’équipe sont même allés les chercher eux-mêmes à Bologne, en train.
«Nous avons aussi observé que la radiation – utilisée pour détruire le système reproductif des moustiques – réduisait leur viabilité. La dose de radiation a donc été calibrée pour s’assurer qu’ils survivent et conservent leur capacité à s’accoupler.» Il est impératif que le matériel soit en bon état et le transport est un aspect crucial, soutient Eleonora Flacio.
Quant à la production des mâles stérilisés, il ne s’agit pas d’un processus simple, signale-t-elle. «Des millions de larves sont produites et elles doivent l’être de façon synchronisée, afin que les moustiques aient le même âge, la même condition physique, la même dose de radiation.» La grande quantité requise ne peut être produite en laboratoire, une structure ad hoc est indispensable. La chercheuse et son équipe sont en voie de construire une bio-usine en Suisse italienne: «Le lieu précis ne peut pas encore être dévoilé.»
«Nous avons un terrain à disposition ainsi que le financement nécessaire, nous élaborons actuellement le plan technique.» Dans un premier temps, la structure desservira la Suisse italienne. «Parallèlement, nous avons besoin de données scientifiques à l’échelle du territoire, sur une superficie plus large. La prochaine étape – pour laquelle nous cherchons du financement – consistera à relâcher des mâles stérilisés dans une douzaine de communes tessinoises.»
La stérilisation des mâles demeure une technique complémentaire aux autres mesures de contrôle et qui a l’intérêt d’être propre, souligne-t-elle. «Après deux-trois jours, les mâles stérilisés meurent, il ne reste plus rien dans l’environnement.» En revanche, les insecticides contre les moustiques adultes sont préjudiciables à tout l’écosystème et ne doivent être utilisés qu’en cas d’épidémie. «La SIT est une technique du futur. Pour nous en Suisse, mais aussi ailleurs dans le monde.»
L’administration Trump a annoncé mardi qu’elle souhaitait interdire les colorants alimentaires dérivés du pétrole aux Etats-Unis. Fait rare: la mesure, soutenue par les experts sanitaires, fait l’objet d’un consensus politique dans le pays
Le gouvernement de Donald Trump a annoncé mardi son intention d’éliminer des denrées alimentaires tous les colorants artificiels actuellement autorisés aux Etats-Unis, une mesure soutenue par les experts sanitaires et objet d’un rare consensus politique.
L’agence américaine de contrôle alimentaire et pharmaceutique (FDA) «supprime de facto tous les colorants alimentaires dérivés du pétrole aux Etats-Unis», a annoncé son nouveau chef, Marty Makary, lors d’une conférence de presse. En tout, ce sont huit colorants synthétiques, tous dérivés du pétrole et accusés d’effets néfastes sur la santé, qui vont être progressivement interdits, d’ici à la fin 2026. «Au cours des 50 dernières années, les enfants américains ont vécu de manière toujours plus importante dans une soupe toxique de produits chimiques artificiels», avait-il déclaré un peu plus tôt, citant des études ayant lié ces additifs à l’hyperactivité, le diabète ou encore des cas de cancer.
Cette annonce d’envergure suit celle, mi-janvier, de la précédente administration démocrate d’interdire un autre colorant artificiel nommé «Red 3» en Amérique du Nord et E127 en Europe dans les denrées alimentaires. Cet additif était connu depuis plus de 30 ans pour provoquer des cancers chez les animaux.
Parmi les colorants concernés, le rouge «Red 40» (connu sous le nom de E129 en Europe) et les jaunes «Yellow 5» (E102) et «Yellow 6» (E110) sont ceux les plus communément utilisés par l’industrie agroalimentaire, détaille à l’AFP Peter Lurie, président de l’association de défense des consommateurs Center for Science in the Public Interest (CSPI). On les retrouvait jusqu’ici dans des milliers de produits alimentaires variés comme des bonbons, des céréales, des sauces et des boissons.
Or, «aucun d’entre eux n’a de valeur nutritionnelle», explique Peter Lurie. «Ils ne servent en réalité qu’à induire en erreur, à faire paraître les aliments plus rouges, plus bleus, plus fruités ou plus attrayants qu’ils ne le sont en réalité». Et ce dans un objectif commercial.
REVUE DE PRESSE. Les récents propos du ministre de la Santé américain ont déclenché les foudres de nombreuses personnes autistes et de leurs proches, qui ne voient pas leur trouble comme un déficit. Le concept de neurodiversité est au cœur des revendications
Le 10 avril, le ministre de la Santé américain Robert Kennedy Jr a promis que les autorités sanitaires mèneraient une enquête, d’ici septembre, pour établir les causes de ce qu’il qualifie d'«épidémie d’autisme». Un triple camouflet pour la communauté scientifique, qui explique que le terme «épidémie» ne peut s’appliquer, associe l’augmentation de la prévalence des troubles du spectre autistiques (TSA) aux progrès réalisés dans le diagnostic et rappelle que ces troubles sont principalement génétiques et influencés par des facteurs environnementaux – encore à l’étude.
Mardi, Jay Bhattacharya, le patron du NIH, l’organisme américain chargé de la recherche médicale, a dû rectifier le tir et annoncé que l’échéance du mois de septembre faisait «référence au lancement d’une nouvelle initiative de recherche, pas à la publication des résultats», indique l’AFP. Reste que dans le pays, la grogne monte, et pas seulement chez les scientifiques.
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Le président américain Donald Trump a soumis au Congrès un premier plan de réduction des moyens alloués à la NASA. L’agence spatiale pourrait se retrouver amputée d’une grosse partie de son activité scientifique
«Nous n’avons pas à prendre une décision binaire entre la Lune ou Mars. Nous pouvons faire les deux en parallèle.» La déclaration de Jared Isaacman, le milliardaire auditionné le 9 avril dernier pour prendre la tête de la NASA, a fait lever quelques sourcils. Comment assurer les ambitieuses missions lunaires Artemis à venir tout en organisant le premier voyage habité vers la planète rouge sans de drastiques coupes budgétaires ailleurs?
Le couperet est tombé deux jours plus tard. La Maison-Blanche a partagé une première version de son budget prévisionnel 2026 pour l’agence spatiale, et c’est la science qui trinque. Sur les 25 milliards de dollars annuels de la NASA, Donald Trump réclame une baisse de 5 milliards, dont 3,6 milliards coupés au sein du département scientifique de l’agence, le Science Mission Directorate, qui se verrait amputé de presque la moitié de son budget.
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OPINION. Les assauts de l’administration Trump contre les universités mettent en péril la recherche dans des domaines critiques et risquent d’engendrer une autocensure qui se fera ressentir même en dehors des Etats-Unis, écrit Béatrice Schaad, professeure à l’Institut des humanités en médecine, Faculté de médecine de l’Unil
Dans La Servante écarlate de Margaret Atwood, peu après la prise de pouvoir du nouveau gouvernement, June Osborne, l’héroïne du roman, éditrice, perd son emploi et son droit à l’éducation, comme toutes les femmes. Emily Malek, autre personnage, professeure d’université et chercheuse en biologie, est interdite d’enseigner. Il y a 6 mois encore, l’œuvre de Margaret Atwood était une dystopie. Impossible alors d’imaginer que ce récit serait dépassé par la réalité.
Or, depuis son intronisation, Donald Trump et, peut-être de façon encore plus redoutable, l’administration téléguidée par J. D. Vance attaquent directement la science. L’expression la plus claire de cet acharnement s’est traduite en une lettre parvenue le 11 avril dernier sur le bureau du président de Harvard Alan M. Garber. En comparaison de la pression mise sur Columbia, où il était «juste» question de laisser l’administration s’immiscer dans le fonctionnement de trois instituts, celle exercée sur Harvard tient du pilonnage.
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L’Organisation mondiale de la Santé et l’Alliance du vaccin, par ailleurs visées par des coupes budgétaires, alertent: des maladies qui peuvent être évitées grâce à la vaccination repartent à la hausse. La désinformation est pointée du doigt
Rougeole, méningite, fièvre jaune… Des maladies qui peuvent être évitées grâce à la vaccination repartent à la hausse, dans un contexte de désinformation et de coupes dans l’aide internationale, ont alerté mercredi soir l’ONU et l’Alliance du vaccin (Gavi).
«Les vaccins ont sauvé plus de 150 millions de vies ces cinq dernières décennies», a commenté le patron de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus, à l’occasion de la semaine mondiale de la vaccination.
«Les coupes financières touchant la santé mondiale mettent ces avancées durement gagnées en danger. Les épidémies de maladies évitables grâce aux vaccins augmentent à travers le monde, mettant des vies en danger et exposent les pays à des coûts de plus en plus grands pour traiter ces maladies et répondre aux épidémies», a-t-il ajouté.
Ainsi, la rougeole fait un «retour particulièrement dangereux», se sont inquiétées l’OMS, l’Unicef et Gavi dans ce communiqué conjoint. Le nombre de cas augmente chaque année depuis 2021, atteignant 10,3 millions de cas estimés en 2023 (+20% par rapport à 2022).
Et cette tendance s’est «probablement» poursuivie depuis. Ces 12 derniers mois, 138 pays ont rapporté des cas de rougeole, dont 61 subissant des épidémies significatives, «le nombre le plus élevé depuis 2019», selon le communiqué.
Les cas de méningites et de fièvre jaune ont également augmenté largement en Afrique en 2024.
En juillet 2024: La vaccination des enfants dans le monde stagne
Ces nouvelles tendances à la hausse interviennent dans un contexte de désinformation sur les vaccins, de multiplication des crises humanitaires, de croissance démographique et aussi des coupes budgétaires, insiste le communiqué, sans évoquer spécifiquement la suppression décidée par les Etats-Unis d’une grande partie de son aide à l’étranger.
«La crise mondiale de financement limite gravement notre capacité à vacciner contre la rougeole plus de 15 millions d’enfants vulnérables dans des pays fragiles et touchés par des conflits», a alerté la patronne de l’Unicef Catherine Russell. «Les services de vaccination, de surveillance des maladies et de réponse face aux épidémies sont déjà perturbés dans près de 50 pays, avec des revers similaires à la période du Covid», a-t-elle ajouté.
A ce propos: Gavi, l’Alliance du vaccin basée à Genève, dans le collimateur de Donald Trump
Même si les pays tentent de rattraper les retards accumulés pendant la pandémie, le nombre d’enfants ayant manqué leurs vaccinations systématiques a continué d’augmenter. En 2023, 14,5 millions d’enfants n’ont pas reçu ces doses, selon les estimations, contre 13,9 millions en 2022 et 12,9 millions en 2019.
Dans ce contexte, à l’approche de sa conférence des donateurs le 25 juin, Gavi demande au moins 9 milliards de dollars «pour protéger 500 millions d’enfants et sauver au moins 8 millions de vies entre 2026 et 2030».
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait des propositions pour réduire ses effectifs dans un contexte de fortes coupes budgétaires. Un fonctionnement plus «condensé et rationnel», selon un expert, mais les 10 000 employés sont dans le flou
Six cents millions de déficit pour 2025. Voilà dans quelle situation se trouve l’OMS après le retrait des Etats-Unis en janvier, qui lui apportait environ un quart de son financement – soit 1,2 milliard de dollars pour la période 2022-2023 – et le non-paiement de ses arriérés. Une crise encore aggravée par d’autres réductions de l’aide internationale en raison de la hausse des dépenses militaires. Pour 2026-2027, le budget initial de 5,3 milliards est aujourd’hui révisé à 4,2 milliards de dollars avec un déficit prévu de 45%.
Face à l’urgence, son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a présenté mardi à huis clos un nouveau plan de restructuration, d’abord au personnel, puis aux Etats membres. Il prévoit une réduction des divisions et des départements à Genève (de 10 à 4 et de 60 à 34 respectivement) ainsi que la fusion de certains programmes, comme ceux permettant de combattre le VIH et la tuberculose. Le programme «One Health» faisant le lien entre santé humaine, animale et environnementale et qui avait trouvé un nouvel écho pendant le coronavirus sera, lui, morcelé entre plusieurs départements.
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Le télescope de la NASA et de l’ESA fête ses 35 ans ce 24 avril. A cette occasion, nous vous proposons une visite dans la majesté de certaines de ses images les plus spectaculaires
Lancé le 24 avril 1990, le télescope spatial de la NASA et de l’ESA fête ses 35 ans. L’occasion de revenir sur son parcours mouvementé et sur la moisson prolifique qu’il n’a jamais cessé de nous offrir
Vieillissant, Hubble est au crépuscule de sa carrière. Depuis l’été dernier, il ne s’oriente plus dans l’espace qu’avec un seul gyroscope, les deux autres ayant rendu l’âme. A tel point que l’agence spatiale américaine, responsable de son fonctionnement, a réduit le programme d’observation. Avec l’espoir de le maintenir en activité pendant encore une dizaine d’années. Difficile de se priver d’un instrument qui a révolutionné notre connaissance de l’Univers!
Les premiers pas de Hubble ont été jalonnés d’imprévus techniques et financiers. A la fin des années 1960, alors que Neil Armstrong s’apprêtait à fouler le sol lunaire, l’Académie américaine des sciences avait recommandé la construction d’un grand télescope spatial. La NASA espérait alors un lancement dès 1979. Las, les financements déclinants de l’ère post-lunaire ont contraint l’agence à reporter le projet, tout en révisant ses ambitions à la baisse.
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Le décret présidentiel remet en cause l'Autorité internationale des fonds marins, théoriquement compétente en haute mer. Un passage en force du président américain qui hérisse les associations de protection de l'environnement
Les associations de protection de l'environnement alertent déjà sur les conséquences de la dernière sortie de Donald Trump. Le président américain a signé jeudi un décret destiné à ouvrir l'extraction à grande échelle de minerais dans les grands fonds océaniques, y compris en eaux internationales.
Le texte demande au secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, «d'accélérer l'examen» de candidatures «et la délivrance de permis d'exploration et d'extraction» de minéraux «au-delà des juridictions» américaines. Il saisit également le ministre de l'Intérieur, Doug Burgum, pour en faire de même pour les eaux territoriales.
L'initiative doit permettre de collecter un milliard de tonnes de matériaux en dix ans, a indiqué un haut responsable américain.
L'Autorité internationale des fonds marins (AIFM) a juridiction sur les fonds marins des eaux internationales, en vertu d'accords que les Etats-Unis n'ont, néanmoins, jamais ratifiés. Contactée par l'AFP, l'AIFM n'a pas donné suite dans l'immédiat.
Le décret enjoint également le secrétaire au Commerce de préparer un rapport sur «la faisabilité d'un mécanisme de partage» du produit des fonds marins.
«En se lançant dans l'extraction minière en eaux internationales, à contrepied du reste du monde, le gouvernement ouvre la voie à d'autres pays pour en faire de même», a réagi Jeff Watters, vice-président de l'ONG Ocean Conservancy, dans un communiqué. «Et cela aura des conséquences négatives pour nous tous et pour les océans dont nous dépendons.»
Aucune extraction minière commerciale n'a encore eu lieu dans les fonds marins, aux Etats-Unis ou ailleurs. Certains Etats ont, en revanche, déjà octroyé des permis d'exploration dans leurs zones économiques exclusives, notamment le Japon et les îles Cook.
Le gouvernement Trump estime que l'extraction minière en eaux profondes pourrait créer 100 000 emplois et augmenter de 300 milliards de dollars le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis, sur 10 ans toujours, a indiqué un responsable. «Nous voulons que les Etats-Unis devancent la Chine dans ce domaine», a expliqué cette source.
L'extraction concerne principalement les nodules polymétalliques, des sortes de galets posés sur les fonds marins, riches en minéraux comme le manganèse, le nickel, le cobalt, le cuivre ou les terres rares. Ces dernières sont des métaux aux propriétés magnétiques très prisées pour les véhicules électriques, panneaux solaires, mais aussi smartphones et ordinateurs portables.
«Les Etats-Unis font face à un défi économique et de sécurité nationale sans précédent, à savoir la sécurisation de leurs approvisionnements en minéraux critiques sans en passer par des adversaires étrangers», fait valoir le décret.
En 2023, 31 élus au Congrès, tous républicains, avaient adressé une lettre au ministre de la Défense, Lloyd Austin, réclamant que le gouvernement Biden permettent l'extraction minière sous-marine. «Nous ne pouvons pas laisser la Chine s'arroger et exploiter les ressources des fonds marins», avaient-ils écrit. Le gouvernement n'y avait pas répondu publiquement.
Après la publication, en mars, d'un article du Financial Times, le ministère chinois des Affaires étrangères avait estimé qu'aucun pays ne devait passer outre l'AIFM et autoriser unilatéralement l'exploitation minière sous-marine.
L'entreprise canadienne The Metals Company (TMC) a annoncé en 2025 son intention de contourner l'AIFM en demandant prochainement le feu vert des Etats-Unis pour commencer à exploiter des minerais en haute mer.
Pour son patron, Gerard Barron, le décret «marque le retour du leadership américain» dans le domaine des minéraux sous-marins, a-t-il déclaré dans une réaction transmise à l'AFP. «TMC se tient prêt à mettre en oeuvre le premier projet d'extraction commerciale de nodules polymétalliques au monde», a-t-il ajouté.
«C'est un exemple clair de la priorisation des compagnies minières au détriment du bon sens», a regretté Katie Matthews, de l'association Oceana.
En juillet 2024, le gouverneur démocrate d'Hawaï, Josh Green, a ratifié un texte interdisant l'extraction minière dans les eaux territoriales de cet Etat situé au beau milieu du Pacifique.
De nombreuses organisations de défense de l'environnement s'opposent à la collecte de minéraux, qu'elles accusent de menacer gravement l'écosystème marin.
«Trump est en train d'exposer l'un des écosystèmes les plus fragiles et méconnus à l'exploitation industrielle incontrôlée», a commenté Emily Jeffers, avocate du Centre pour la diversité biologique (CBD), rappelant que plus de 30 pays sont favorables à un moratoire. «La haute mer nous appartient à tous», a-t-elle ajouté, «et la protéger est un devoir pour l'humanité.»
Arbres brisés ou déracinés, routes coupées et torrents encombrés: les chutes de neige exceptionnelles de la semaine dernière ont engendré de sérieux dégâts dans les forêts du val d’Anniviers, déjà fragilisées par plusieurs catastrophes naturelles. Les bûcherons travaillent dans l’urgence
Une odeur de résine flotte dans l’air. Pour rejoindre le site, les bûcherons escaladent des arbres couchés et s’enfoncent parfois dans la neige jusqu’aux genoux, une tronçonneuse et un bidon d’essence à la main. Sur l’autre rive du torrent des Moulins, striée de petits glissements de terrain, des mélèzes déracinés gisent dans la pente et menacent un captage d’eau potable. Les forêts du val d’Anniviers ont beaucoup souffert des chutes de neige exceptionnelles de la semaine dernière. Selon les premières estimations, entre 2000 et 4000 mètres cubes de bois ont été brisés. Tous les endroits touchés ne sont pas encore accessibles. Garde forestier, Guillaume Revey soupire: «Il y a tellement de travail que nous devons prioriser et nous concentrer sur le plus urgent.»
Particulièrement exposé aux catastrophes naturelles, le val d’Anniviers porte encore les stigmates des crues de l’été passé qui avaient engendré des inondations dans la plaine, à Sierre et Chippis. La route principale, elle, est fermée pour des travaux liés aux éboulements du mois de novembre. La semaine dernière, les forêts d’un vallon voisin ont souffert d’un incendie. Quelques jours plus tard, un peu plus d’un mètre d’une neige lourde et humide a recouvert les branchages. De nombreux arbres ont cédé, coupant plusieurs routes et les deux lignes électriques de la vallée. «Nous avons d’abord ouvert les accès principaux pour les secours et les habitants, puis sécurisé les lignes pour rétablir le courant. Maintenant, le plus important c’est de dégager encore une fois les lits des cours d’eau», précise Guillaume Revey.
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Moulages, planches anatomiques et lames de microscopes sont exposés au Musée d’histoire des sciences. Pour son exposition «Anatomie», l’institution a sorti de ses collections des pièces troublantes datant du XIXe siècle. Certaines pour la première fois
En haut des escaliers du Musée d’histoire des sciences (MHS) de Genève, s’affiche une image de soi-même filmée par une caméra thermique, une manière de «s’approprier son corps autrement», prévient Laurence-Isaline Stahl Gretsch, commissaire de l’exposition Anatomie*. Durant une année, trois salles du musée sont dédiées à ce corps tel qu’il est fait à l’intérieur, derrière son enveloppe de peau (elle aussi exposée), du macroscopique au microscopique, du XIXe siècle à nos jours. Un concentré de l’étendue des connaissances sur l’anatomie du corps humain, de ses organes, nerfs, muscles, et autres vaisseaux sanguins.
«L’étude du corps humain se pratiquait déjà à Genève dès la Renaissance, avec des autopsies par exemple, mais cette ville n’a jamais été un haut lieu de l’anatomie, comme d’autres centres européens, Paris, Padoue ou Bâle, explique la commissaire et responsable du MHS. C’est en 1876, avec la création de la faculté de médecine, qu’apparaissent de nouveaux outils d’enseignement tels que des moulages et des modèles anatomiques. Plus besoin d’ouvrir les corps pour comprendre comment ils fonctionnent!»
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La Tessinoise a dirigé ces deux dernières années la station arctique de l’Institut de sciences polaires du Conseil national des recherches (CNR) italien. Là où le changement climatique s’observe deux fois plus rapidement qu’ailleurs
Tessa Viglezio rentre de trois mois passés à Ny-Alesund, le village le plus au nord du monde, sur l’île de Spitsbergen, en Norvège. Ces deux dernières années, la Tessinoise de 28 ans a été station leader de la station arctique de l’Institut de sciences polaires du Conseil national des recherches (CNR) italien, alternant les périodes de trois mois entre Ny-Alesund et le Tessin. «Sur place, on travaille sept jours sur sept, c’est très intense, c’est pourquoi on a trois mois de repos après un cycle de travail.»
Jusqu’en 1963, Ny-Alesund était un village minier où on extrayait le charbon. Aujourd’hui, il consiste en une trentaine de maisons colorées: 13 instituts de recherche (de dix pays), des laboratoires, des entrepôts, une installation électrique, une cantine, un gymnase, des chambres pour accueillir les chercheurs.
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La floraison des graminées démarre tôt cette année, en raison de «la douceur de l’hiver et du printemps», indique MétéoSuisse
La haute saison des allergies au pollen a débuté en Suisse, avec la floraison des graminées. Elle durera jusqu’à la fin de l’été, avec un pic en mai et juin, avertit lundi le Centre d’allergie suisse (aha!).
La saison du pollen de graminées «démarre tôt en raison de la douceur de l’hiver et du printemps. La végétation a une à deux semaines d’avance sur la moyenne à long terme», explique Regula Gehrig, biométéorologue à MétéoSuisse, citée dans un communiqué. Une vague de froid en avril a «ralenti brièvement la croissance, mais avec la hausse des températures, on peut désormais s’attendre à une augmentation rapide du pollen de graminées», ajoute-t-elle. Parallèlement, le pollen de bouleau, très allergisant, continue de circuler.
Il est difficile de prédire l’évolution des concentrations de pollen dans les semaines à venir. Elle dépend de la météo, en particulier de la fréquence des pluies et de la durée des phases ensoleillées.
En juin 2024: Rhume des foins, distinguer le vrai du faux
En Suisse, environ une personne sur cinq réagit au pollen, explique Roxane Guillod, responsable des services spécialisés de aha!. Les adolescents et les jeunes adultes sont particulièrement touchés.
Le rhume des foins n’est toutefois pas anodin. S’il n’est pas traité, il peut évoluer vers de l’asthme. C’est pourquoi le Centre d’allergie suisse recommande de faire examiner les symptômes par un médecin - de préférence un allergologue.
«Souvent, des médicaments tels que des antihistaminiques – complétés selon les besoins par un spray nasal ou des gouttes pour les yeux avec de la cortisone – sont utiles», note Roxane Guillod. Une désensibilisation permet aussi de s’attaquer à la cause de l’allergie.
Des grossesses plus tardives et moins nombreuses ainsi que la consommation d’alcool expliquent en partie le phénomène, selon les résultats d’une large étude menée auprès de 300 000 femmes
De tous les organes, ce sont les seins qui, en matière de cancer, sont les plus exposés: en France, un tiers des tumeurs malignes diagnostiquées chez les femmes, soit plus de 60 000 par an, y sont localisées [en Suisse, quelque 6600 femmes développent un cancer du sein chaque année, d’après la Ligue contre le cancer, ndlr]. Le risque de développer cette affection, qui constitue la première cause de décès par cancer chez la femme, dépend d’une combinaison de facteurs, dont l’âge, les antécédents personnels et familiaux, ou encore le mode de vie.
Le rôle du niveau d’études – et donc, par extension, du statut socio-économique – dans le risque de cancer du sein a fait l’objet d’un travail de grande ampleur dont les résultats ont été publiés début avril dans la revue International Journal of Cancer. Margherita Pizzato, de l’Université de Milan (Italie) et du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) à Lyon, et ses collègues ont pour cela suivi près de 312 000 femmes vivant dans neuf pays européens et incluses dans la cohorte prospective EPIC entre 1991 et 2000. Les participantes, recrutées dans la population générale, étaient âgées de 35 à 70 ans au début de l’étude et n’avaient jamais eu de cancer. Parmi elles, un peu plus de 14 400 ont reçu un diagnostic de cancer du sein au cours de la période de suivi de quatorze ans en moyenne qui s’est terminée, selon les centres, entre 2004 et 2010.
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Offre pléthorique, coûts en hausse, contrôles lacunaires et régulation en berne…, le rapport sur l’imagerie médicale publié ce lundi par le Contrôle fédéral des finances est sévère et appelle à plus de transparence
Peut et doit mieux faire. C’est en substance le constat dressé par le Contrôle fédéral des finances (CDF) dans une évaluation sur l’usage de l’imagerie médicale en Suisse et publiée ce lundi. Assez technique, le rapport de 45 pages montre à quel point ces outils diagnostiques sont peu régulés et très répandus: leur densité dans le pays est la plus élevée d’Europe.
Instrument essentiel de la médecine moderne, l’imagerie par irradiation (rayons X ou mammographe), par résonance magnétique (IRM) et par ultrasons (échographie) représente des coûts de 2,1 milliards de francs en 2023. Soit «un sixième du volume des prestations ambulatoires relevant de l’assurance maladie obligatoire», estiment les auteurs de l’analyse. Des coûts élevés qui étaient aussi en hausse de 5,3% entre 2019 et 2023. Beaucoup plus que ceux enregistrés dans le secteur ambulatoire, qui a augmenté de 3,3% sur la même période. Alors que les coûts totaux du système de santé en Suisse se sont montés à 94 milliards de francs en 2023, soit en hausse de 2,4% sur un an, l’impact de l’imagerie médicale sur la facture globale de santé mérite attention.
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The decision was made at the Fifth General Congregation, held on Monday morning in the Vatican's Synod Hall. The conclave will take place in the Vatican's Sistine Chapel, which will remain closed to visitors during those days.
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The policy reversal comes one week after the global shipping company said it would halt such shipments due to new U.S. customs rules.
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