Entre jeudi et vendredi, une centaine ont tenté de rejoindre le Royaume-Uni depuis la France. Depuis le début de l'année, au moins 15 personnes sont mortes
Une centaine de migrants tentant de gagner l'Angleterre sur des embarcations clandestines ont été secourus dans la Manche en 24 heures, jeudi et vendredi, ont annoncé samedi les autorités françaises. En tout, 99 candidats à l'exil ont été secourus dans plusieurs opérations distinctes entre jeudi soir et vendredi soir, explique la préfecture maritime de la Manche et de la Mer du Nord (Premar) dans un communiqué. Certains d'entre eux se trouvaient sur des embarcations surchargées, qui prenaient l'eau ou à la dérive, d'autres se sont trouvés en difficulté lors de l'embarquement dans un canot.
La nuit de jeudi à vendredi a été marquée par de nombreux départs d'embarcations de migrants, souligne la Premar. Selon le décompte des autorités britanniques, 919 migrants ont traversé la Manche vendredi, sur 14 embarcations. L'une des opérations de sauvetage menées vendredi portait sur une embarcation qui prenait l'eau au large de Dunkerque, détaille la Premar. Un patrouilleur de service public a récupéré à son bord 63 personnes. Les 16 autres occupants du canot ont refusé dans un premier temps d'être secourus alors que l'embarcation continuait de se dégonfler. Ils ont finalement été récupérés par deux autres navires et ramenés sur les côtes françaises.
En début de soirée vendredi, alors que le département du Pas-de-Calais était classé en vigilance orange aux orages et que les conditions météorologiques se sont dégradées, neuf occupants d'une embarcation ont été secourus. Dans la soirée de jeudi, une embarcation flottante mais sans moteur avait également été repérée à la dérive et les trois personnes qui se trouvaient à bord récupérées. Depuis le début de l'année, au moins 15 personnes sont mortes dans la Manche, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024 elles étaient 78, un record depuis l'apparition en 2018 des traversées de la Manche en «small boats», ces embarcations clandestines précaires souvent surchargées.
En marge d’une nouvelle grève des femmes, ce 14 juin en Suisse, le philosophe publie un essai salutaire invitant les personnes (notamment les hommes) que «l’égalité ennuie» à entrer dans la ronde – parce qu’il est temps, et pour le bien de toutes et tous
Il le dit d’emblée: comme d’autres hommes, lui non plus ne se sentait pas vraiment concerné par l’égalité il y a encore quelques années. Johan Rochel était «pour», bien sûr, mais comme on peut être «contre la peine de mort»: en théorie et dans une distance confortable. Puis le philosophe est devenu papa et tout a changé. Le couple, les réflexions, les priorités, la vie.
Aussi juriste et éthicien, enseignant à l’Université de Fribourg et à l’EPFL, le Valaisan installé à Zurich vient de publier Pas ton combat? Un manifeste pour ceux que l’égalité ennuie, aux Editions Georg. Cinquante-quatre pages stimulantes qui ont le mérite de faire entendre une voix d’homme dans un débat public où ces derniers naviguent souvent entre l’absence et la virulence. Un essai qui tombe aussi à point nommé: la grève féministe foulera les pavés une nouvelle fois ce samedi 14 juin.
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REVUE DE PRESSE. Quelques semaines avant son attendu retour au Montreux Jazz Festival, Neil Young a publié vendredi un nouvel album studio. Le rockeur canadien, qui aura 80 ans en novembre, y tacle Elon Musk tout en célébrant sa famille et les petits bonheurs du quotidien
Sorti vendredi, Talkin to the Trees est pour certains le 46e album studio de Neil Young, pour d’autres le 48e. Mais dans le fond, cela importe peu. On sait le folk-rockeur canadien extrêmement prolifique, entre nouveaux enregistrements, archives inédites et albums live, et quand on aime, on ne compte pas. Il se produira le 6 juillet prochain pour la 3e fois au Montreux Jazz Festival (après 2001 et 2016) avec son nouveau groupe The Chrome Hearts, composé de trois musiciens ayant déjà collaboré avec lui au sein de Promise of the Real (le guitariste Micah Nelson, le bassiste Corey McCormick et le batteur Anthony LoGerfo) et du redoutable pianiste Spooner Oldham, qui a enregistré à ses côtés plusieurs disques, dont le classique Harvest Moon (1992).
Mais que vaut ce nouvel album, dont il jouera forcément de larges extraits sur la Scène du lac? Selon Le Monde, «en dépit de quelques redites, dont la progression d’accords de First Fire of Winter lorgnant un peu trop sur Helpless, l’album s’avère un bon cru.» Et le quotidien français de citer les paroles d’un des dix morceaux de Talkin to the Trees qui a déjà beaucoup fait parler de lui: «Si vous êtes fasciste, achetez une Tesla/Elle est électrique, ça ne compte pas/Si vous êtes démocrate, goûtez votre liberté.» Le quotidien parisien estime que «le natif de Toronto ne mâche pas ses mots sur la charge électrique Let’s Roll Again, visant l’administration Trump», tout en concluant que «l’atmosphère générale tend finalement vers une folk apaisée et introspective: Family Life se veut ainsi une ode touchante à sa famille, tandis que Thankful tire un bilan émouvant de sa vie; sur Movin Ahead, le «Loner» ne souhaite retenir que les bons moments du passé.»
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Bien plus qu’un simple meuble ou un gadget 2.0, ces casiers technologiques deviennent un maillon clé de la logistique urbaine, améliorant la qualité de vie dans nos immeubles
Le ballet incessant des camionnettes chargées de paquets à livrer à toute heure de la journée vous exaspère? Il va pourtant falloir s’y habituer car ce n’est que le début. En 2024, La Poste suisse a traité un total de 180 millions de colis contre 149 millions en 2019. Une évolution qui contraste avec le recul notable du nombre de lettres distribuées qui, quant à lui, a dévissé de 5,5% sur un an pour s’établir à 1,58 milliard (alors qu’une partie contient de la marchandise). Et le constat est le même pour les distributeurs concurrents: DPD Suisse (environ 24 millions de colis par an) ou Planzer (100 000 par jour) observent également une croissance de ces volumes chaque année dans le pays.
Résultat d’une montée en puissance du e-commerce, cette consommation en masse ne s’est pourtant pas accompagnée d’adaptations logistiques. Nos boîtes à lettres et à lait occupent ainsi toujours la même place dans nos halls d’immeuble (puisqu’elles sont obligatoires et prescrites par la loi), ne correspondant plus aux usages actuels. Alors un marché de niche, déjà bien installé en France, émerge doucement dans nos villes romandes. Et ce, sous l’impulsion d’entreprises telles que Paket-Box (présente, entre autres, dans le bâtiment de bureaux transformé en 120 logements à Champel, le au20), eHall SA (au sein de l’écoquartier Osiris d’Echallens) ou encore Wechip (à Vernier, dans le quartier de l’Etang fraîchement érigé).
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Pour les familles dans lesquelles les deux parents travaillent, la garde des enfants peut représenter un véritable casse-tête. Un problème, exacerbé en Suisse par le manque de structures d’accueil, qui bouleverse souvent l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle
En Suisse, fonder une famille nécessite souvent de considérer attentivement des facteurs économiques. En effet, le manque de structures d’accueil pèse lourdement sur l’organisation des jeunes parents. Lorsqu’ils sont tous les deux en emploi, des choix s’imposent. Les données de l’Office fédéral de la statistique (OFS) soulignent clairement cette dynamique. Selon les chiffres de 2023, 56,4% des partenaires qui travaillent tous les deux à plein temps n’ont pas d’enfants. Cette proportion chute très vite à 15,5% pour les couples dont l’enfant le plus jeune a entre 0 et 3 ans, soit avant qu’il n’ait intégré le système scolaire. Est-il donc impossible de concilier projets de carrières à 100% pour les deux conjoints et vie familiale en Suisse? De prime abord, oui.
«Dans notre pays, la vision qui prévaut dans la structure de notre système social consiste à dire que l’éducation des enfants relève prioritairement de la responsabilité des parents», détaille Dominique Golay, professeure associée à la Haute Ecole de travail social et de la santé à Lausanne. «Et le fait d’avoir des enfants est considéré comme un choix individuel, dont la responsabilité incombe essentiellement aux parents.» Si elle peut sembler logique, cette conception très helvétique contraste avec la vision qui prévaut au sein des pays scandinaves, connus pour leur politique de soutien familial très développée. Le regard porté sur le projet familial y est différent, partant du principe que chaque enfant a droit à une éducation de qualité apportée en grande partie par les structures sociales, et cela, dès la naissance.
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Les frappes israéliennes conte des sites nucléaires iraniens ont mis à mal le programme d’enrichissement d’uranium du régime des mollahs. Mais sans que l’impact ne soit à ce stade fatal, analysent plusieurs experts
L’attaque d’une ampleur sans précédent lancée vendredi par Israël contre l’Iran a porté un coup à son programme nucléaire, sans que l’impact ne soit à ce stade fatal, expliquent plusieurs experts. L’opération durera «autant de jours que nécessaire», a prévenu le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, disant disposer de renseignements prouvant que l’Iran s’approchait du «point de non-retour» vers la bombe atomique. «Israël peut endommager le programme nucléaire iranien, mais il est peu probable qu’il puisse le détruire», commente le chercheur Ali Vaez, de l’International Crisis Group, un cercle de réflexion américain.
Le pays, dit-il, ne dispose pas des puissantes bombes nécessaires «pour détruire les installations fortifiées de Natanz et Fordo», enterrées à de grandes profondeurs en Iran. Il lui faudrait pour cela «l’assistance militaire américaine», confirme Kelsey Davenport, experte de l’Arms Control Association. Le savoir acquis par Téhéran ne peut en outre pas être annihilé, même si neuf scientifiques nucléaires ont été tués dans les frappes, ajoute-t-elle. A l’heure actuelle, le centre pilote d’enrichissement d’uranium de Natanz, dans le centre du pays, a été détruit dans sa partie en surface, selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), citant des informations des autorités iraniennes.
Cette destruction, confirmée par des images satellite, est «significative», estime dans un rapport l’Institut pour la Science et la Sécurité internationale (ISIS), un organisme basé aux Etats-Unis spécialisé dans la prolifération nucléaire. Les attaques visant l’alimentation électrique «peuvent fortement endommager» les milliers de centrifugeuses présentes, machines utilisées pour enrichir l’uranium, «si les batteries de secours s’épuisent. Au minimum, Natanz ne va pas pouvoir opérer pendant un certain temps.»
L’autre site d’enrichissement, celui de Fordo, situé au sud de la capitale iranienne, a également été visé. Selon Téhéran, les dégâts infligés sont mineurs. L’usine de conversion d’Ispahan (centre) fait également partie des cibles. C’est a priori dans ce complexe que se trouvent les importantes réserves d’uranium hautement enrichi. Qu’est-il advenu de ces stocks? Impossible de le savoir à ce stade. «Si l’Iran parvient à en transférer une partie vers des installations secrètes, Israël aura perdu la partie», souligne Ali Vaez.
L’instance nucléaire onusienne n’a pas constaté de hausse des niveaux de radiation sur les différents sites affectés. «Il y a très peu de risques que des attaques contre les installations d’enrichissement d’uranium entraînent des rejets radioactifs dangereux», souligne Kelsey Davenport. En revanche, une attaque contre la centrale nucléaire de Bouchehr (sud) pourrait avoir «de graves conséquences sur la santé et l’environnement». Les sites nucléaires «ne doivent jamais être attaqués, quels que soient le contexte ou les circonstances, car cela pourrait nuire à la population et à l’environnement», a insisté vendredi le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi.
Après le retrait unilatéral en 2018 des Etats-Unis de l’accord international sur le nucléaire conclu trois ans plus tôt, l’Iran s’est progressivement affranchi de certaines obligations, accélérant notamment l’enrichissement d’uranium bien au-delà de la limite fixée à 3,67%. Le pays disposait mi-mai de 408,6 kg d’uranium enrichi à 60%. Un tel stock, s’il était enrichi à 90%, le seuil nécessaire à la conception d’une bombe atomique, permettrait d’en fabriquer plus de neuf. L’Iran est le seul pays au monde non-détenteur d’armes nucléaires à produire une telle matière, selon l’AIEA, qui déplore par ailleurs le manque de coopération de Téhéran.
Pour autant, dans son dernier rapport, l’Agence indique qu’elle «ne dispose d’aucune indication crédible d’un programme nucléaire structuré» visant à doter l’Iran de l’arme atomique, comme cela a pu être le cas par le passé. Téhéran se défend de nourrir de telles ambitions. «Jusqu’à présent, les coûts liés à la militarisation l’ont emporté sur les avantages. Mais ce calcul pourrait changer dans les semaines à venir, prévient Kelsey Davenport. Les frappes israéliennes ont fait reculer l’Iran sur le plan technique, mais sur le plan politique, elles le rapprochent de l’arme nucléaire.» D’autant qu’il existe désormais, dit-elle, «un risque réel de détournement de l’uranium enrichi», une opération qui «pourrait passer inaperçue pendant des semaines», les frappes actuelles empêchant les inspecteurs de l’AIEA d’accéder aux sites.
Artiste, curateur, écrivain et marchand d'art, Kenny Schachter voit dans la crise actuelle une opportunité pour le domaine de se réinventer et pour les artistes de prendre leur destin commercial en main
Lors de notre rencontre par écrans interposés, Kenny Schachter est assis chez lui à New York, ville où il s’est réinstallé, il y a 6 ans, après quinze années à Londres où il a notamment dirigé la galerie Rove Project. Comme il se doit, ce collectionneur invétéré est encadré d’œuvres d’art parmi lesquelles une peinture blanche sur laquelle est taguée: gatekeeper = world’s worst curator (gardien = pire curateur du monde). Quatre mots qui résument parfaitement l’esprit de ce marchand d’art/chroniqueur/auteur/curateur/professeur en art et économie de 63 ans.
Qu’il intervienne dans les colonnes d’Artnet, dans un livre publié au MIT ou dans les salles de cours du master en études du marché de l’art à l’Université de Zurich, Kenny Schachter partage sans relâche sa vision non filtrée du milieu opaque et snob dans lequel il se meut. Il incarne cette figure du maverick tendance libertarienne que les Etats-Unis se font une spécialité de produire. On n’est donc pas surpris d’apprendre qu’il a ouvert depuis quelques années un nouveau chapitre de sa carrière multifacettes comme artiste numérique signant des NFT. Alors qu’Art Basel et ses foires satellites devraient s’ouvrir le 16 juin dans un cocktail de champagne et de boules au ventre en raison des mauvaises nouvelles qui s’accumulent sur le commerce mondial, ce défenseur de la transparence livre son diagnostic du marché de l’art.
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ÉDITO. Ventes en repli, chaos tarifaire et grande bascule générationnelle. Le marché de l’art est traversé d’incertitudes. Et comme chaque année, c’est à Bâle que l’on ira pour prendre son pouls
Avant de se rendre à Bâle pour le pèlerinage de printemps des marchands d’art, on lira avec intérêt le baromètre annuel du marché, publié par Art Basel et UBS. Sans surprise, le secteur n’échappe pas à la conjoncture. L’incertitude désormais liée au chaos tarifaire ne fera qu’aggraver une tendance au repli toujours plus marquée: en 2023, les ventes mondiales avaient déjà chuté de 4%, elles ont encore décliné de 12% en 2024 pour atteindre 57,5 milliards de dollars, leur plus bas niveau depuis 2020. Le segment le plus touché? Le très haut du marché: les œuvres dont le prix excède 10 millions de dollars ont essuyé un recul de 39% du nombre de transactions, et une chute de 45% en valeur. En période d’incertitude économique, les premiers collectionneurs à se désengager sont souvent les plus riches.
Comme pour illustrer de façon spectaculaire ce rapport paru un mois auparavant, la vente de mai chez Sotheby’s New York a connu un échec on ne peut plus significatif: une sculpture d’Alberto Giacometti, estimée à 70 millions de dollars, n’a tout simplement pas trouvé preneur. Loin d’être anecdotique, un tel signal a de quoi alarmer: si la confiance s’effrite au sommet, les répercussions finiront par se faire sentir à tous les échelons de l’écosystème des arts, des galeries aux collectionneurs, des institutions aux artistes.
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Le duo barcelonais imagine des capsules ludiques et des constructions rudimentaires pour répondre au défi climatique. Derrière ces propositions se cache une réflexion avant-gardiste, empreinte de féminisme, à découvrir en conférence à Lausanne
A Barcelone où ils sont installés depuis une quinzaine d’années, Mireia Luzarraga et Alejandro Muiño, à l’origine du studio d’architecture Takk, évoluent dans une maison-laboratoire: 400 m2 d’anciens locaux industriels, situés dans la banlieue sud-ouest de la métropole catalane. Pas de pièces définies, mais des espaces vastes et blancs, peuplés d’îlots insolites.
Ici, une cabane géante faite de matériaux recyclés et montée sur roulettes, de façon à pouvoir être déplacée au gré des envies et des besoins. Là, une chambre à coucher en forme d’igloo, avec des parois en mousse isolante, l’intérieur tapissé de fausse fourrure couleur crème. Plus loin, une baignoire cerclée de plantes tropicales, circonscrite dans une structure légère en bois recyclé et habillée de rideaux vaporeux.
Cette «maison saisonnière», comme l’appelle le duo, est avant tout un atelier, devenu aussi logement. «Comme il n’y avait ni chauffage ni climatisation, on a progressivement aménagé des chambres et des compartiments qui nous permettent de «domestiquer» l’espace en fonction de la saison», explique Mireia Luzarraga par écrans interposés depuis New York, où elle enseigne l’architecture à l’Université de Columbia.
«Domestiquer», le mot n’est pas choisi au hasard: dans la conception de Takk, les humains se doivent de cohabiter avec les espèces animales ou végétales, en s’adaptant au climat plutôt que d’imposer leurs conditions à celles-ci. Les bipèdes qui peuplent cette «maison saisonnière» sont donc amenés à être un peu nomades, occupant les espaces en fonction des saisons.
La chambre à coucher en forme d’igloo, par exemple: «Grâce aux matériaux d’isolation utilisés pour la construction et à la chaleur générée par nos corps, l’environnement est parfait pour l’hiver», illustre Mireia Luzarraga. Les pièces estivales, telles que leur salle de bains «tropicale», permettent au contraire d’empêcher la chaleur d’entrer et de faire circuler l’air. Ce vaste espace d’expérimentation nourrit leur travail polymorphe.
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Formés à l’architecture à Madrid et à Barcelone, Mireia Luzarraga et Alejandro Muiño auraient pu suivre un parcours classique. Leurs chemins se croisent alors qu’ils travaillent tous les deux pour un bureau madrilène après leurs études. Le coup de cœur est à la fois professionnel et amoureux. En 2008, le couple lance son bureau Takk, «merci» nordique inspiré du nom d’un album du groupe de rock islandais Sigur Rós. L’année suivante, ils s’installent à Barcelone.
La crise des subprimes ruisselle alors des Etats-Unis vers l’Europe, où elle touche en particulier les pays méditerranéens, jugés mauvais élèves par leurs collègues plus riches de l’UE. Concours, projets, commandes… tout s’arrête net. Mireia Luzarraga et Alejandro Muiño se remettent à travailler pour d’autres bureaux que le leur et poursuivent leur activité dans l’enseignement pour joindre les deux bouts.
L’iniquité de ces mesures d’austérité imposées par le Nord les percute, ils prennent part au mouvement d’opposition, qui réclame la justice économique et sociale lors de manifestations populaires géantes. Prise de conscience: l’architecture peut être un levier politique. A côté de leurs activités alimentaires, ils autofinancent des projets modestes, à la croisée des chemins entre design, art et architecture. «Comme on n’avait pas le budget pour engager des ouvriers, on faisait tout nous-mêmes, ce qui nous permettait de réaliser des choses à très bas coût», confie Mireia Luzarraga.
Takk travaille avec des matériaux de récupération: bois, chaînes, briques… Le studio développe une réflexion autour de l’écologie et du féminisme, tout en questionnant l’approche anthropocentrique de l’architecture. Les constructions du duo prennent ainsi une forme circulaire, sortes de sculptures-nichoirs suspendues ou sur roulettes, quelquefois roses, souvent fleuries et fréquemment destinées à abriter l’une ou l’autre forme de biodiversité. Un projet mène à un autre projet. Ils remportent des prix et leur carnet de commandes se remplit.
Parallèlement à leur pratique, l’enseignement se pérennise, devenant une pierre angulaire de leur démarche. Au fil des ans, Mireia Luzarraga et Alejandro Muiño interviennent dans différentes universités, notamment en Espagne et au Japon. Puis, arrive une nouvelle étape pour le duo créatif: New York. Mireia y enseigne désormais à plein temps, alors qu’Alejandro fait tourner la baraque de l’autre côté de l’océan.
Parmi les dernières réalisations du tandem, on trouve Arca (2022), un jardin sur roulettes, conçu pour apporter verdure, fraîcheur et biodiversité dans les endroits qui en manquent. Ou Fellaria’s Time Capsule (2024), une installation sphérique à hublots, destinée à conserver une trace de la biodiversité des glaciers lombards sous des LED roses. Une œuvre aux airs de vaisseau spatial, exposée actuellement dans le cadre de la biennale Soleil·s, au Musée cantonal de design et d’arts appliqués contemporains (mudac) de Lausanne. Une exposition dont le tandem signe, par ailleurs, la scénographie.
Dix-sept ans après ses débuts, Takk est ainsi sur tous les fronts: pavillon espagnol à la Biennale d’architecture de Venise, commandes, expositions, concours ici et là… Un succès qui pourrait presque les déstabiliser: «On a tellement été habitués à travailler avec de tout petits budgets et en faisant tout nous-mêmes qu’on ne sait pas toujours comment dépenser l’argent, maintenant qu’on reçoit de grosses commandes», sourit Mireia Luzarraga.
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Cette reconnaissance leur sert toutefois de prodigieux porte-voix afin d’amplifier les questions d’écologie et d’économie circulaire qui leur sont chères et pour convoquer leur vision d’une société décarbonée. Vision séduisante, mais utopique? C’est la critique faite par leurs détracteurs, qui jugent leurs idées irréalistes. Après plusieurs projets de rénovation d’appartements, le tandem a su prouver le contraire. D’abord avec leur «Maison du jour d’après» (The Day After House, 2021): lovée au cœur d’un appartement madrilène, une chambre à coucher sur pilotis maintient sa température grâce à un assemblage de panneaux de bois de pin, de liège carbonisé et de duvets. Le reste de l’appartement s’articule autour de cette pièce centrale, jusqu’à une salle de bains extérieure qui ne sert qu’en cas de temps chaud. L’utilisation de matériaux générant peu d’émissions de CO2 est privilégiée.
C’est en somme «une boîte dans une boîte dans une boîte, un peu comme avec les couches d’un oignon, expose Mireia Luzarraga. La boîte intérieure est celle dont la température est la plus stable et c’est l’inverse pour la boîte extérieure, utilisée surtout en été. On sait qu’à l’avenir on ne pourra probablement plus maintenir une température de 22 degrés dans toutes les pièces d’une maison comme on le fait actuellement, on va donc devoir trouver d’autres façons de faire.» Autre projet de rénovation, leur 10K House, littéralement «maison à 10 000 balles» (2023), qui reprend les mêmes principes pour un appartement plus petit, mais en version brute de décoffrage, puisque les traces de la transformation sont laissées apparentes et qu’aucune finition n’est réalisée, budget oblige.
A Morges, Takk réalisera bientôt une installation dans la cour du gymnase de Marcelin, après avoir remporté la mise au concours organisée par l’Etat de Vaud avec sa proposition «Droit à l’ombre». Architecte cantonal, Emmanuel Ventura a présidé le jury: «Ce qui nous a séduits, c’est que le projet proposait non seulement un toit pour protéger du soleil durant la saison chaude, mais aussi un éclairage pour la saison froide, où l’on manque de lumière. Ce «droit à la lumière» est trop souvent oublié quand on aborde le changement climatique.»
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A l’écran, dans la pénombre de leur cuisine new-yorkaise, apparaît soudain leur fille de 6 ans qu’on croyait à Barcelone dans sa chambre-cabane. Comment le fait de devenir parents a-t-il affecté leur travail? Pour Mireia Luzarraga, il y a l’idée d’une responsabilité pressante: «Nous sommes face à une planète en constante transformation. Nous devons doter les générations futures des outils nécessaires à leur survie et à la construction de sociétés plus démocratiques, inclusives et non anthropocentriques.» Loin d’être pessimiste, Takk propose au contraire d’imaginer de beaux lendemains.
Le déclenchement des hostilités en Ukraine en 2022 a marqué le début d’une période fortement inflationniste en Russie. Le Kremlin assure que les salaires ont suivi mais tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Reportage dans un marché moscovite
Au marché de Préobrajenski à Moscou, fraises, cerises et autres fruits de saison font de l’œil sur les étals, sous un beau soleil estival. Mais pour Roman Paltievitch, difficile d’en acheter ici en raison de l’inflation élevée: «Les prix sont délirants!»
Après plus de trois ans d’offensive russe en Ukraine et de sanctions occidentales en représailles, la hausse des prix, stabilisée depuis plusieurs mois autour de 10%, reste un caillou dans la chaussure du Kremlin, qui n’arrive pas à la faire baisser fortement. Selon l’agence nationale des statistiques Rosstat, le taux d’inflation s’est établi à 9,88% en mai sur un an, en légère baisse par rapport à avril.
«Je n’achète ici ni pommes de terre, ni cerises, lance Roman Paltievitch. Cette année, les prix ont fortement augmenté!». Ce retraité de 84 ans dit venir faire ses courses sur ce marché depuis son enfance, passée sous l’URSS, mais préfère désormais aller «dans une petite épicerie», ailleurs en ville, pour faire une grande partie de ses achats. «C’est moins cher là-bas», justifie-t-il.
Au moment d’évoquer les causes de l’inflation, l’octogénaire pèse soigneusement ses mots pour s’éviter des ennuis avec la justice, toute critique étant sévèrement réprimée par les autorités. C’est pourtant bien l’attaque de l’armée russe contre son voisin ukrainien depuis février 2022 qui a engendré l’explosion des prix alimentaires: les sanctions occidentales ont tiré les prix à la hausse, Moscou dépensant en parallèle massivement dans le complexe militaro-industriel pour soutenir l’armée, ce qui a poussé les salaires vers le haut et, en cascade, les produits du quotidien.
A côté de Roman, sa femme, Tatiana, tient religieusement dans ses mains une petite barquette de fraises, comme un petit objet précieux de 400 roubles (4,20 euros) auquel il faut faire très attention. Au vu de leur prix devenu à leurs yeux prohibitifs, les fraises seront uniquement pour leurs petits-enfants, dit-elle.
Ailleurs dans les allées du marché de Préobrajenski, nombreux sont ceux rencontrés par l’AFP qui évoquent les mêmes problèmes pour remplir le panier, alors même que la Banque centrale de Russie s’est félicitée publiquement le 6 juin du «ralentissement» de la hausse des prix.
«Je n’achète plus rien dans les grands supermarchés», explique Nikolaï Koutcherov, un artiste indépendant de 62 ans, venu ici se procurer du poulet pour sa jeune petite-fille. «Il faut oublier les voyages. Depuis trois, quatre ans, on ne pense plus qu’à remplir son frigo», reconnaît-il, un brin amer.
Comme lui, de nombreux Russes restent profondément marqués par la grave crise économique des années 1990, quand l’économie nationale, au sortir de 70 ans de communisme et de planification étatique, s’était retrouvée largement ébranlée. Une partie de la population avait même perdu ses économies.
Un quart de siècle plus tard, le choc de l’ouverture du marché à la concurrence a été remplacé par celui de l’assaut des troupes russes en Ukraine, une décision prise par le président Vladimir Poutine, qui assure pourtant que son pays est devenu «plus souverain» depuis 2022.
Dans ce contexte de restructuration à marche forcée de l’économie, le maître du Kremlin vante également la hausse des salaires réels, qui a bénéficié à plusieurs centaines de milliers de Russes, principalement ceux travaillant dans l’industrie de défense. «Les salaires augmentent, donc cela revient à peu près au même», assure Konstantin Zelenkov, un ingénieur de 38 ans.
Mais tous ne partagent pas son point de vue, comme Irina Iakovleva, une ancienne comptable de 68 ans, selon qui «tout augmente sans cesse». Avant de résumer le sentiment général: «Nous devons tout simplement nous restreindre.»
Deux élus locaux démocrates et leur conjoint ont été la cible de tirs dans le Minnesota. Le bilan provisoire fait état de deux morts et deux blessés. Le gouverneur de cet Etat des Grands Lacs Tim Walz a dénoncé «un acte de violence politique»
Une élue locale du Minnesota et son mari ont été tués, et un autre élu a été blessé samedi matin dans un «acte de violence politique», a annoncé Tim Walz, le gouverneur de cet Etat du nord des Etats-Unis. «Le discours pacifique est le fondement de notre démocratie. Nous ne réglons pas nos différends par la violence sous la menace d’une arme», a-t-il ajouté
Melissa Hortman et son mari «ont été tués par des tirs tôt ce matin dans ce qui semble être un assassinat politiquement motivé», a dénoncé le gouverneur dans une conférence de presse, ajoutant qu’un second élu, John A. Hoffman, et sa femme Yvette, également visés, ont été blessés. Les deux élus, tout deux démocrates, ont été la cible de tirs à leur domicile dans la banlieue nord de Minneapolis, au beau milieu de la nuit, a précisé la police.
Le tireur a d’abord visé vers deux heures du matin le sénateur local John Hoffman et sa femme. Tout deux «ont été touchés par de nombreux tirs», ont été opérés à l’hôpital, et «nous sommes raisonnablement optimistes sur le fait qu’ils vont survivre à cette tentative d’assassinat», a encore déclaré le gouverneur.
Ensuite, vers 3h30 du matin, en allant vérifier, par précaution, le domicile de Melissa Hortman a proximité, la police est tombé sur le tireur, qui a «immédiatement tiré sur eux», a déclaré à la presse Drew Evans, patron du bureau d’enquête du Minnesota. «L’individu a réussi à s’échapper durant cet échange de tir», a-t-il ajouté.
Le suspect, qui s’est présenté à leur domicile habillé comme un membre des forces de l’ordre, portant veste, badge et taser, est activement recherché. Une «chasse à l’homme impliquant des centaines de policiers» est en cours, a annoncé lors de cette conférence de presse Mark Bruley, le chef de la police de Brooklyn Park, dans la banlieue nord de Minneapolis. La ministre américaine de la Justice Pam Bondi a vivement dénoncé samedi l’assassinat d’une élue locale dans le Minnesota, ajoutant que le FBI était sur place. «Cette horrible violence politique ne sera pas tolérée», a-t-elle déclaré sur X. Le chef de la police de Brooklyn Park a déclaré qu’un manifeste et une liste de noms avaient été retrouvés dans le véhicule du fugitif.
Melissa Hortman était avocate et en politique depuis une vingtaine d’année. Elle a notamment participé à faire passer différentes lois portées par les démocrates concernant le droit à l’avortement ou la décriminalisation du cannabis. Elle siégeait à la Chambre des représentants du Minnesota et en était son ancienne présidente.
Cette attaque contre deux élus intervient dans un climat politique particulièrement tendu aux Etats-Unis. Le président Donald Trump a, fait rarissime, mobilisé des milliers de militaires face à des manifestations contre sa politique migratoire à Los Angeles. Et ce samedi, de grandes manifestations sont organisées pour s’opposer sa politique, quand lui doit assister plus tard dans la journée à un rare défilé militaire à Washington, le premier depuis plus de 30 ans dans la capitale américaine.
Les Etats-Unis ont aussi récemment subi plusieurs attaques ciblées contre leurs responsables politiques. Donald Trump a échappé en juillet dernier à une tentative d’assassinat lors d’un meeting de campagne en Pennsylvanie. En 2022, le mari de Nancy Pelosi, alors cheffe démocrate de la Chambre des représentants, avait été attaqué au marteau chez lui en Californie.
I am closely monitoring developments in Minnesota after what appears to be a targeted attack against state lawmakers. The FBI is on the ground investigating this case alongside state and local partners.
— Attorney General Pamela Bondi (@AGPamBondi) June 14, 2025
This horrific violence will not be tolerated and will be prosecuted to the…
Dans un beau roman mêlant les genres, l’auteur dresse une histoire personnelle de l’occultisme pour montrer comme cette pensée délirante a essaimé jusqu’à aujourd’hui, inspirant notamment le management des entreprises et les pontes de la Silicon Valley
C’est un roman étrange et fascinant. Un ovni mêlant avec souplesse essai, fiction et autobiographie. Remontant la piste d’alchimistes, de mages, de savants et d’hurluberlus du XIXe et du XXe siècle, qui ont déliré une humanité immortelle, des sociétés secrètes, des extraterrestres cachés sous la surface de la Terre, Hugues Jallon tisse des parallèles avec 2025, Elon Musk et le management des entreprises contemporaines. Le grand écart est cavalier mais fécond. Les occultistes attachants du passé, plutôt inoffensifs et follement romanesques, convaincus d’œuvrer pour un monde meilleur, ont inspiré de nos jours d’autres rêveurs bien plus problématiques.
Tout commence par la bibliothèque d’une maison de vacances. «Je suis tombé sur un exemplaire jauni du Matin des magiciens de Louis Pauwels et Jacques Bergier, rangé au milieu des San Antonio et des SAS», explique l’auteur au téléphone. Cette bible de l’occultisme, longue et indigeste, a connu un succès fracassant dès sa parution en 1960, dans la France des Trente Glorieuses. Pauwels et Bergier font feu de tout bois pour nourrir leurs démonstrations: les Mayas, l’ésotérisme nazi, l’île de Pâques, les extraterrestres, la théorie de la relativité… «Je me rappelle avoir tourné ces pages, découvert toutes ces théories étranges et surnaturelles, tous ces «hommes remarquables» et autres «chercheurs de vérité», poursuit le romancier. «Dans une librairie, quand vous regardez le rayon «ésotérisme», vous découvrez une sorte d’histoire parallèle du monde, en marge de notre histoire politique, sociale, économique, culturelle… C’est à la fois fascinant et effrayant.»
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L’ex-cheffe d’Etat, première femme à ce poste en Amérique latine, est décédée à l’âge de 95 ans au Costa Rica. Elle dirigea le pays de 1990 à 1997, pays qu’elle réussit à pacifier après des années de guerre civile
Violeta Barrios de Chamorro, décédée samedi à 95 ans, fut la première femme présidente du Nicaragua (1990-1997) qu’elle réussit à mener sur la voie de la pacification et de la réconciliation après dix ans de guerre civile. Atteinte de la maladie d’Alzheimer et affaiblie depuis 2018 par une embolie cérébrale, elle était retirée de la vie publique depuis plusieurs années. En 2023, elle s’était installée au Costa Rica auprès de trois de ses quatre enfants bannis du Nicaragua pour s’être opposés au président Daniel Ortega.
«Doña Violeta», comme avaient l’habitude de l’appeler les Nicaraguayens, restera la première femme élue présidente dans son pays et même en Amérique latine. Née Violeta Barrios Torres le 18 octobre 1929 à Rivas (sud) dans une famille de propriétaires terriens, elle suit une partie de sa scolarité aux Etats-Unis.
Elle se marie en 1950 avec le journaliste Pedro Joaquin Chamorro, dirigeant du quotidien La Prensa, et opposant au dictateur Anastasio Somoza (1925-1980). Après l’assassinat de son mari en 1978, un an avant la chute de la dictature, elle se lance à son tour dans la politique.
En 1979, elle fait partie de la Junte de reconstruction nationale, composée de cinq membres, qui prend le pouvoir après la victoire de la Révolution sandiniste. Mais elle démissionne rapidement en raison de désaccords avec le Front sandiniste de libération nationale (FSLN). Elle se consacre alors au journal La Prensa et devient une opposante au gouvernement socialiste du FSLN.
Le 25 avril 1990, elle est élue sous la bannière de la coalition d’opposition aux Sandinistes, l’Union Nacional Opositora. Elle l’emporte avec 54,7% des voix face à Daniel Ortega (1985-1990) qui reviendra finalement au pouvoir en 2007 pour le confisquer depuis, notamment grâce à des réformes constitutionnelles sur mesure. «Dans la culture machiste de mon pays, rares étaient ceux qui croyaient qu’en tant que femme (…) j’aurais la force, l’énergie, la volonté de battre» Daniel Ortega, mais «je savais que nous pouvions gagner. Si le mur de Berlin était tombé, pourquoi pas les Sandinistes?», avait-elle déclaré.
Lorsque Violeta Chamorro accède au pouvoir à l’âge de 60 ans, le pays était ravagé par dix ans de conflit armé entre le FSLN et la guérilla des Contras, des paysans entrés en rébellion contre le gouvernement avec l’aide des Etats-Unis. Le conflit a fait au moins 50 000 morts, l’économie était en ruines, aggravée par un strict embargo américain depuis 1985. «Lorsque je suis devenue présidente, j’ai senti une énorme angoisse dans mon cœur d’hériter d’un pays en guerre et détruit», écrivait dans ses mémoires «Rêves du coeur» cette femme élancée, aux cheveux gris coupéscourts.
Sa première décision est d’abolir le service militaire obligatoire. Elle lance ensuite le désarmement de 23 000 Contras et fait passer les forces armées de 85 000 à 15 000 soldats. Elle s’attache à renforcer les institutions et à promouvoir la liberté d’expression.
Mais la présidente doit également affronter des grèves paralysant le pays face à son programme de réformes économiques libérales qui prévoyait de sévères coupes dans les dépenses sociales, alors que l’extrême pauvreté restait prégnante.
Elle réussit toutefois à réduire la dette extérieure du pays et à juguler l’hyperinflation qui atteignait 33 000%. Les Sandinistes l’accusent d’avoir stoppé une réforme agraire et réduit à néant les réformes en matière d’égalité sociale. «Qui a supprimé l’éducation gratuite que la Révolution garantissait, qui a fait disparaître le chemin de fer? Nous ne l’oublierons jamais!», critiquait la co-présidente et épouse de Daniel Ortega, Rosario Murillo.
Violeta Chamorro quitte le pouvoir en 1996 après un seul mandat, conformément à la constitution alors en vigueur. Après son départ, cette mère de cinq enfants, dont un mort-né en 1958 alors qu’elle était en exil au Costa Rica, a créé une Fondation à son nom qui œuvrait en faveur de la liberté d’expression, l’accès à l’information publique et la défense des droits humains. Celle-ci, qui était présidée par sa fille Cristiana a été fermée après l’adoption en 2020 d’une loi édictée par le gouvernement Ortega. Quant au quotidien La Prensa, fondé en 1926, il a été investi en août 2022 par la police. Tout son personnel a pris le chemin de l’exil au Costa Rica d’où il publie ses informations sur internet.
A l’heure où l’enseignement de l’histoire pourrait reculer à Genève, et où l’ambassadeur américain en Israël rejette formellement la capacité d’autodétermination de tout un peuple, remontons aux sources d’un tel déni grâce à… un historien
«Nous ne pouvons pas nous priver de l’enseignement de l’histoire!» alerte ces jours-ci dans une tribune un professeur de l’Université de Genève. Face aux exigences de la réforme fédérale de la maturité, le risque d’une réduction drastique des heures dévolues à cette matière menace dans le canton de Genève. Or l’étude de l’histoire, rappelle Mathieu Caesar, est un «rempart face aux jugements hâtifs et simplistes», un outil de compréhension du présent qui met à nu les discours de propagande et de haine. Un vecteur de paix en somme.
Oui, en ce joli mois de juin 2025, on se dit que se passer des clés de lecture de l’histoire n’est pas exactement une bonne idée. Juste cette semaine, tiens, au hasard, on a vu l’ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, lancer le plus tranquillement du monde, à Jérusalem, «qu’il n’y a pas de place» pour un Etat palestinien, et de préciser, toujours très calme, que selon lui un tel Etat ne verrait pas le jour «de notre vivant» à moins de déporter, tranquille là aussi, les 3 millions de Palestiniens de Cisjordanie (ou Judée-Samarie dans son lexique emprunté aux colons) vers un pays musulman.
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Jessica Biel revient au crime policier avec cette série d’Amazon Prime, dans laquelle elle incarne une rédactrice en chef fortunée dont le mari a été violemment tué. Et qui voit débarquer sa sœur, qui est aussi l’ex-compagne dudit mari. Un thriller trop dilué
Quelque chose de visqueux sous les pieds. C’est en marchant dans une flaque de sang que Chloe (Jessica Biel), qui rentre d’une soirée de gala, découvre la mort de son mari Adam (Corey Stoll). Tué à coups de couteau au milieu du salon. Une vie de papier glacé qui explose. Celle où Chloe, rédactrice en chef d’un grand magazine (on le voit à son carré parfait en toutes circonstances) et Adam (Corey Stoll), un avocat haut placé, vivent entre leur luxueux appartement new-yorkais et leur maison secondaire dans les Hamptons avec leur fils adolescent, Ethan.
Mais depuis Big Little Lies, les séries n’ont eu de cesse de nous le rappeler: la haute bourgeoisie a le chic pour dissimuler des secrets, et on comprend immédiatement que cette famille en est pétrie en voyant Chloe fourrer dans la boîte à gants de sa voiture un petit couteau de poche ensanglanté. Ou quand la police convoque la mère biologique d’Ethan, qui n’est autre que… la sœur de Chloe, Nicky (Elizabeth Banks). Chloe avait participé à envoyer, des années plus tôt, son aînée en cure de désintoxication, avant de tomber amoureuse de son beau-frère et d’élever leur fils comme si c’était le sien. Une relation pour le moins chargée.
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Plus de 3500 personnes à Genève, 3000 à Fribourg, un grand rassemblement à Lausanne... Des milliers de femmes ont défilé dans les rues ce samedi pour la grève féministe
Des milliers de personnes sont descendues dans les rues à Genève, Fribourg et Sion à l’occasion de la grève des femmes, samedi. A Lausanne, il n’y a pas eu de défilé mais un rassemblement place St-François, rebaptisée Sainte-Françoise.
En milieu d’après-midi, un impressionnant cortège s’est formé aux alentours de la gare de Cornavin, à Genève. Les manifestantes, très majoritaires dans le défilé, sont descendues en direction du lac, puis ont traversé le pont du Mont-Blanc. Leur parcours s’achevait au parc des Bastions. Le violet était la couleur dominante de la foule.
La police genevoise a décompté 3500 participantes au cortège, Keystone-ATS en a compté quelques milliers de plus. Les slogans, loin de tourner uniquement autour des questions d’égalité des sexes, faisaient très souvent référence à la guerre à Gaza. A côté des pancartes, on pouvait apercevoir de nombreux drapeaux palestiniens.
A Fribourg, le collectif de la Grève féministe a indiqué, dans un communiqué, que la manifestation avait réuni 3000 femmes, personnes trans et non-binaires et des hommes solidaires. Les organisateurs du défilé ont cependant déploré le parcours que les autorités leur ont imposé, interdisant au cortège de passer par la gare.
A Lausanne, il n’y a pas eu de manifestation et de cortège à travers les rues de la capitale vaudoise, mais un grand rassemblement à la place St-François.
Organisé par le Collectif de la Grève féministe Vaud, l’événement se voulait «un moment de lutte, de solidarité et de partage». L’entier du secteur était fermé à la circulation pour la durée du rassemblement, avec des déviations prévues pour les bus et les automobilistes, selon la police.
«Nous nous organisons aujourd’hui, comme en 2019 et depuis, parce que l’oppression cis-hétéro-patriarcale, les violences qu’elle engendre et l’exploitation capitaliste continuent de contraindre nos corps et nos existences», explique le collectif vaudois.
A Sion, les militantes sont également descendues dans les rues pour une manifestation féministe sur la Place de la Planta. Il s’agissait de dénoncer «la montée du masculinisme, les féminicides, les violences à l’encontre des femmes et des minorités de genre et le retrait de certains droits acquis».
Sur la plaine de Plainpalais, des panneaux présentent jusqu’au 30 juin les images lauréates d’un concours international lancé par l’UNICEF et l’Union internationale des télécommunications
L’image est sombre. On y devine les silhouettes, de dos, de personnes défilant dans la rue. Au centre, une lumière vive, comme une lueur au milieu des ténèbres. Une main anonyme brandit un téléphone portable, sur l’écran duquel une femme nous regarde, seul visage reconnaissable au milieu de cette foule anonyme. Elle participe virtuellement à une marche organisée dans le Bengale occidental pour demander justice suite au viol et au meurtre d’une jeune médecin dans un hôpital gouvernemental. Ce vaste mouvement de protestation contre la multiplication des féminicides et la misogynie endémique qui gangrène la société indienne aura duré plusieurs mois, grâce à la connectivité et aux réseaux sociaux, qui ont permis une forte mobilisation.
Cette image, intitulée comme ce mouvement social Reprendre la nuit, est exposée jusqu’à la fin du mois sur l’un des nombreux panneaux qui ornent la plaine de Plainpalais, à l’occasion du Giga Photo Festival. Elle a valu à Sudip Maiti le 1er prix de ce concours international dans la catégorie «image unique». Lors d’une cérémonie organisée jeudi soir au Kiosque du Parc des Bastions, le photographe indien a souligné que les télécommunications, dans un vaste pays comme le sien, sont synonymes d’union.
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A deux pas de Genève, une maison début du XXe siècle retrouve son éclat sous l’impulsion créative de Lorine Driot, fondatrice de la marque de sandales Nupié. Un refuge familial où se mêlent souvenirs de voyage, pièces vintage et un art de vivre tout en douceur
Sur les rives verdoyantes du lac Léman, dans une commune prisée pour son atmosphère bucolique et son esprit bohème, Lorine Driot a trouvé son havre de paix. Elle s’y est installée avec son mari et leurs deux enfants il y a une douzaine d’années. Nichée au cœur d’un jardin luxuriant, leur maison des années 1920 se dresse fièrement, métamorphosée après une rénovation patiente et minutieuse. Dès l’entrée, le ton est donné: un plafonnier spectaculaire, chiné aux Puces de Saint-Ouen, capte le regard et annonce un univers singulier. Les portes de la véranda, grandes ouvertes en ce matin d’été, laissent entrer une brise légère chargée de parfums végétaux. Ici, la lumière s’impose naturellement, révélant des teintes douces et des matières choisies avec soin.
Construite dans les années 1920, la maison portait les stigmates du temps, mais aussi le charme d’une époque que Lorine et son mari ont souhaité préserver. Les travaux se sont échelonnés par étapes, toujours avec l’idée de respecter l’âme du lieu. «Nous avons privilégié les matériaux naturels, en harmonie avec l’esprit de la maison et la richesse des extérieurs», explique Lorine. Le parquet d’origine, trop abîmé, a été remplacé par un chêne huilé qui apporte chaleur et sobriété. Au rez-de-chaussée, quelques murs ont été supprimés pour ouvrir l’espace et fluidifier la circulation. Salon et salle à manger ne font plus qu’un, dans un grand espace clair et chaleureux.
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A Nidwald, un chœur 100% féminin au nom évocateur, «L’Echo des ovaires», revisite depuis 2022 le répertoire folklorique suisse et ses paroles souvent rétrogrades. De quoi provoquer l’ire des uns et le ravissement des autres
Quand on dit yodel, particulièrement de ce côté-ci du Röstigraben, on pense instantanément gilets brodés, accordéons, vieux messieurs aux regards impénétrables – parfois, pour les touristes ou les pubs pour le fromage, on réunit les trois. C’est que le yodel compte parmi ce que la Suisse a de plus «typisch». D’ailleurs, elle proposait l’an dernier d’inscrire ce chant traditionnel, dont la particularité est l’alternance entre voix de poitrine et voix de tête, au patrimoine culturel immatériel de l’humanité – liste où figurent déjà la Fête des Vignerons ou la saison d’alpage. L’UNESCO devrait examiner la candidature d’ici la fin de l’année.
A Stans, chef-lieu du canton de Nidwald, on yodle aussi, bien sûr. Au cœur de la Suisse dite primitive, un nouveau chœur dédié à cet art vocal est même né il y a 3 ans. Dans les rangs, pas de moustaches ni de bretelles Edelweiss: des femmes uniquement, une cinquantaine d’entre elles qui se réunissent pour chanter ensemble et offrir au yodel une résonance… féministe. C’est une première en Suisse, et leur nom donne le ton: Echo vom Eierstock, littéralement «L’Echo des ovaires». Un groupe dont l’existence même a fait grincer passablement de dents, mais qui n’en a pas moins donné de la voix – jusqu’au Palais fédéral, où l’ensemble se produisait le 8 mars 2024 à l’occasion la Journée internationale des droits des femmes.
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REVUE DE PRESSE. Donald Trump a décidé de fêter les 250 ans de l’armée américaine – et ses 79 ans – à grand renfort de tanks et de fantassins dans les rues de Washington. Au même moment, une partie du pays se soulève contre l’autoritarisme du président pour un «No Kings Day». Deux Amériques qui semblent de moins en moins réconciliables
6600 soldats, 150 véhicules, 50 avions pour un coût estimé entre 25 et 45 millions de dollars. Ce genre de chiffres font davantage penser aux parades militaires d’autocratie en mal de respectabilité. Que nenni, il s’agit là du raout organisé par Donald Trump pour célébrer les 250 ans de l’armée américaine, et au passage s’offrir un coûteux et pas anodin cadeau d’anniversaire pour ses 79 ans. Et c’est un euphémisme de dire que cet événement passe mal pour une bonne partie de la population. Le pays est secoué comme rarement par des manifestations qui s’étendent de l’Atlantique au Pacifique, avec plusieurs centaines de rassemblements défilant sous la bannière «No kings» – «pas de rois» en français. Ce slogan fait référence à la fièvre d’autoritarisme de Donald Trump, qui a décidé d’intensifier les raids de la police des frontières un peu partout dans le pays, menant à des protestations monstres à Los Angeles.
Actuellement, les Etats-Unis sont une véritable poudrière, avec comme dernier tragique événement en date une élue et son mari tué et un autre blessé par balle dans le Minnesota. Pour le New York Times, «la nation est un chaudron d’anxiété et de colère alors qu’elle entame le week-end à un moment qui rappelle certaines des périodes les plus sombres de son histoire». Depuis que Donald Trump est à nouveau au pouvoir, les parallèles avec la montée de certaines idéologies nauséabondes sont légion – au hasard, le fascisme et le nazisme. Un documentaire consacré à Hannah Arendt et qui doit être diffusé fin juin par la chaîne PBS offre matière à réflexion au Washington Post, déclarant que ce «film arrive, et ce n’est pas une coïncidence, à un moment où les Américains ont besoin de se rappeler à quel point un pays peut facilement perdre ses amarres et sa liberté, non pas du jour au lendemain, mais morceau par morceau, ennemi par ennemi, déportation par déportation».
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Il était près 1h30 du matin dimanche quand le TF35 barré par Jérôme Clerc a franchi la ligne d'arrivée en vainqueur, avec quatre minutes d'avance sur Sails of Change 8 (Yann Guichard) et douze minutes sur Zen Too (Guy de Picciotto)
A défaut d'être rapide, la 86e édition du Bol d'Or restera comme une édition marquée par les rebondissements et une arrivée dans un mouchoir de poche. Quelques centaines de mètres tout de même, mais à l'échelle du Léman, c'est très peu. Après de multiples changements de leader, l’équipe Realteam Spirit d’Esteban Garcia, skippée par Jérôme Clerc, a pris la tête à la hauteur de Coppex et ne l'a plus lâchée, franchissant la ligne d’arrivée après 15h26'05 de course, avec 4'02 d’avance sur Sails of Change 8 (Yann Guichard) et 12'07 d’avance sur Zen Too (Guy de Picciotto). Christian Wahl, qui naviguait avec la marraine de l’épreuve Justine Mettraux, se classe quatrième.
«C’est une formidable consécration pour toute notre équipe, les navigants mais aussi l’équipe technique, qui a travaillé d’arrache pied pour préparer le bateau. Je suis extrêmement fier de toute l’équipe et très heureux», a déclaré Esteban Garcia, le propriétaire de l’équipe. Realteam Spirit n'avait plus remporté le Bol d'Or depuis 2012 et avait fait l'impasse cette saison sur le championnat des TF35 et tout misé sur cette course. Pari gagné!
Les trois premiers avaient opté pour des dérives en C, plus performantes par petit temps que les foils. L’équipe d’Esteban Garcia remporte donc également le Bol de Basalte destiné aux multicoques archimédiens (classe M1). «C’était une course tendue du début à la fin. Nous savions qu’il y avait plusieures équipes dans notre sillage et que nous n’avions pas droit à l’erreur. Mais nous n’avons pas navigué en contrôlant nos adversaires; nous regardions devant», a expliqué Jérôme Clerc à l'organisation de course.
Les plus petits multicoques M2 ont effectué une course exceptionnelle, et constamment menacé les leaders de la course. Swiss Medical Network, skippé par Didier Pfister, se classe cinquième du classement scratch devant G. Hominal et ses fils (Antoine Artiles) et Patrimonium (Loic Preitner). Le premier foiler, le TF35 X-Wing, se classe 12e du classement scratch et remporte le Bol de Carbone.
Le 14 juin se renouvelle dans le canton de Vaud: pas de marche mais une manifestation avec tables rondes, fanfare militante, concerts et ateliers. Alors qu’un sondage révèle les perceptions fragmentées du féminisme en Suisse, cette édition se veut rassembleuse
En 2024, 20 000 personnes défilaient avec des foulards violets lors de la Grève féministe à Lausanne. Ce samedi 14 juin, un autre type de mobilisation est prévu par le collectif d’organisation: une occupation fixe de l’espace public. Les raisons citées? La Fête fédérale de gymnastique qui a lieu aux mêmes dates, mais aussi l’envie de se transformer. «On ne nous a pas refusé l’autorisation de marcher mais on réfléchissait depuis janvier déjà à d’autres formats pour faire entendre la pluralité des voix du féminisme. Depuis 2019, on a bloqué la ville pour visibiliser nos luttes mais ce n’est pas le seul mode d’action utilisé par les mouvements sociaux», commence Noémie Rentsch, membre du Collectif vaudois de la grève féministe.
Un trio d’experts estime qu’une liaison directe entre la Suisse et Londres n’a «aucune chance» de se réaliser. Cependant, si elle voit le jour, elle ne partira pas de Genève Cornavin mais plutôt du secteur de la Praille
Un train direct entre Genève et Londres au début de la prochaine décennie? Il y a ceux qui y croient et ceux qui n’y croient pas. Dans la première catégorie, la compagnie Eurostar, qui vient d’annoncer qu’elle comptait ouvrir une liaison rapide Londres-Genève «au début des années 2030». Les CFF se sont eux aussi mis à y croire. «Nous souhaitons relier la Suisse à Londres», confirme son porte-parole Frédéric Revaz. L’entreprise s’appuie sur la déclaration d’intention signée par le conseiller fédéral Albert Rösti et la ministre britannique des Transports, Heidi Alexander, le 9 mai dernier. Ce texte ambitionne de «mettre en place à moyen terme une liaison ferroviaire directe entre la Suisse et Londres».
Dans l’autre camp, on retrouve trois experts ferroviaires reconnus. Kurt Metz, Peider Trippi et Kaspar Woker ont publié au début du mois un rapport qui affirme que ce «projet de prestige» «n’a aucune chance». Ils qualifient l’annonce d’Eurostar de «publicité». Une telle infrastructure serait trop complexe à réaliser et nécessiterait des investissements démesurés, jugent-ils.
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Un important écart de genre perdure dans le secteur de la finance. Parmi les investisseurs privés, la gent masculine reste dominante malgré les initiatives des banques. Retour sur les éléments qui expliquent ce phénomène
Il est presque midi. Au 25hours, un hôtel branché de Zurich non loin de la gare centrale, une certaine effervescence règne dans l’escalier menant au premier étage. Des femmes font la queue pour participer non pas à un repas, mais à un événement dont le thème «Comment réfléchir comme un millionnaire» semble avoir attiré l’attention.
«J’aimerais commencer à investir mais j’ai l’impression de ne pas encore en savoir assez», raconte une des participantes pour expliquer sa présence. Afin d’y remédier, la quadragénaire s’informe sur le sujet et fait désormais partie de la communauté Shewealth, co-lancée par la banque genevoise Alpian et dont les membres (uniquement des femmes) échangent régulièrement sur des questions liées à la finance.
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La Commission européenne n’a pas attendu que le Conseil fédéral publie le paquet d’accords pour le faire. Les 27 Etats membres doivent désormais se prononcer
Bruxelles a été plus rapide. La Commission européenne a publié vendredi dans la matinée les textes des accords scellés en décembre dernier avec la Suisse et paraphés en mai, n’attendant pas que le Conseil fédéral le fasse à l’issue d’une conférence de presse. Entre Berne et Bruxelles, à la suite de la procédure suivra un «effet miroir», avec un parallélisme censé être presque mimétique. Même si Bruxelles a voulu faire un premier petit pied de nez à Berne. Un vendredi 13, de surcroît.
Concrètement, alors que le Conseil fédéral ouvre une procédure de consultation, du côté de Bruxelles, les textes vont être soumis au Conseil de l’UE. La Commission procède au préalable à une révision juridique des accords et les traduit dans toutes les langues officielles de l’Union européenne. Les 27 Etats membres doivent ensuite se prononcer. Ce n’est qu’alors que la Commission pourra formellement les signer au nom de l’UE. Dernière étape: l’approbation du Parlement européen. Le Conseil statuera une dernière fois sur la conclusion de l’ensemble des mesures. Reste une inconnue: certains Etats pourraient vouloir soumettre les textes à leur parlement, un point qui est encore à éclaircir.
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Afreximbank, une banque panafricaine, a fait part vendredi de son intention d’ouvrir un bureau dans le canton. Elle a d’ailleurs signé jeudi avec le Seco un protocole d’accord visant à renforcer ses relations d’affaires avec la Suisse
«Nous allons ouvrir un bureau ici.» Voici ce qu’a déclaré, vendredi lors d’un colloque à Genève réunissant des milieux économiques suisses et africains, le président d’Afreximbank, Benedict Okechukwu Oramah. Afreximbank est une institution panafricaine. Cette «Banque africaine d’import-export», basée au Caire, finance et promeut le commerce à travers le continent, mais aussi à l’extérieur de l’Afrique. Créée en 1993, elle est détenue par des Etats africains, des banques centrales, des institutions régionales et sous-régionales ainsi que des investisseurs privés.
Par «ici», Benedict Okechukwu Oramah veut dire Genève. Le groupe a choisi le bout du Léman parce qu’un grand nombre d’organisations internationales s’y trouvent, de l’Organisation mondiale du commerce à la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement, mais également parce que Genève accueille un grand nombre de négociants de matières premières actifs en Afrique.
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Le gouvernement a adopté ce vendredi le paquet d’accords avec l’UE et rendu publics l’ensemble des textes. L’analyse en détail peut commencer et la consultation est prévue jusqu’au 31 octobre. C’est une nouvelle étape importante qui s’ouvre dans le dossier européen
L’avenir dira si le choix du vendredi 13 comme date de lancement de la consultation sur le paquet d’accords avec l’Union européenne (UE) portera chance ou non au Conseil fédéral. Au-delà de la boutade, l’instant est marquant pour la politique suisse. C’est face à un imposant parterre de journalistes, entouré de nombreux directeurs d’office et de secrétaires d’Etat, qu’Ignazio Cassis a annoncé que le gouvernement avait approuvé les textes et lancé la procédure de consultation. «Cette décision marque une étape importante pour la Suisse en vue de stabiliser ses rapports avec l’Union européenne et les développer», s’est réjouit le ministre des Affaires étrangères.
L’approbation par le Conseil fédéral marque la fin d’un processus de plusieurs années. Le négociateur en chef de la Suisse, Patric Franzen, a évoqué «l’intensité» du travail qui a concerné six des sept départements fédéraux. On parle de 70 personnes ayant œuvré pour ces négociations qui ont abouti à un paquet d’accords de quelque 1800 pages. Ces derniers se répartissent en quatre arrêtés différents: un sur la stabilisation des relations bilatérales et trois sur le développement de ces dernières (sécurité alimentaire, électricité et santé).
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La Compagnie générale de navigation (CGN) dément souffrir de problèmes financiers, elle a accru ses recettes de près de 4% depuis le début de l’année. L’été sera néanmoins difficile: ses plaisanciers devront parfois se contenter de bateaux contemporains pour leurs promenades sur le lac
Les organes dirigeants de la CGN ont invité la presse ce vendredi pour revenir sur leur situation financière. Sur le plateau de la RTS le 8 juin, le tout nouveau directeur avait évoqué les besoins de la compagnie, se montant à plus d’un demi-million de francs au total.
«Nous regrettons la mauvaise compréhension du chiffre de 500 millions qui a circulé et généré des réactions politiques. La CGN n’a pas besoin d’être sauvée, mais soutenue dans sa volonté de développement», garantit Benoît Gaillard, président du Conseil d’administration de la CGN. «Nous connaissons une hausse de 3,8% de nos recettes de transports en 2025 par rapport à 2024. Nous n’avons pas de problèmes financiers.»
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Le mouvement international, qui espérait se rendre à Rafah pour réclamer la levée du blocage humanitaire, a tenté de rejoindre le Nord-Sinaï par le canal de Suez. En vain: tous les activistes ont été bloqués par les forces de l’ordre égyptiennes, qui les ont obligés à faire demi-tour
Ce vendredi, rien du plan de la Marche mondiale vers Gaza ne s’est déroulé comme prévu. Le mouvement pacifique, dont 200 activistes avaient déjà été interceptés et expulsés par les autorités égyptiennes jeudi, espérait encore rejoindre en bus spéciaux la ville d’Al-Ariche, dans le Nord-Sinaï, puis marcher 50 km jusqu’à Rafah pour réclamer la levée du blocus humanitaire.
Mais en l’absence des autorisations nécessaires, les organisateurs ont décidé de changer de plan. L’ordre a été donné à 10h30 sur un canal Telegram de se rendre non pas comme prévu à Al-Ariche, mais à Ismaïlia, petite ville bâtie au XIXe siècle lors de la construction du canal de Suez. La consigne était d’y aller par ses propres moyens, cela afin d’éviter d’éveiller la suspicion de la police.
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Le Stade de Genève accueillera cinq matchs, dont un quart et une demi-finale. Le canton et les communes prévoient une fan-zone, des animations et du sport en plein air pour transformer la compétition en fête populaire
Il reste des billets, on ne doit en principe pas craindre des hordes de supporters se tapant dessus, on pourra s’y rendre gratuitement en transports publics et y aller en famille. Vous l’aurez reconnu, il s’agit de l’Euro féminin de football. C’est dans trois semaines et ça se passe en Suisse. Il est donc grand temps de s’y préparer. Genève et Sion seront les deux villes romandes accueillant des matchs. Au bout du lac, le public en verra même cinq, dont Finlande-Suisse au premier tour le 10 juillet, ainsi qu’un quart de finale le 16 et une demi-finale le 22. Le canton, la ville et les communes vont profiter de l’événement pour promouvoir le sport féminin, offrir des espaces sportifs en plein air et monter une fan-zone dans un cadre de rêve au bord du lac. Vu le programme dans et hors du stade, tel qu’il a été présenté ce vendredi à la presse, les absents auront probablement tort.
D’ailleurs, il reste des places, en particulier à Genève. Globalement, la billetterie marche très bien, et dépasse déjà de 130 000 tickets vendus l’édition précédente de 2022 en Angleterre. Mais l’affiche a priori rêvée pour la population genevoise et ses communautés, Portugal-Italie, est encore largement accessible, avec 13 500 places à pourvoir. Les vacances de juillet, tout comme la lente progression de la popularité du football féminin, expliquent probablement ces ventes plus modestes.
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Le Musée de la Croix-Rouge craignait de se faire amputer d’un quart de son budget. Un risque à moitié écarté vendredi, après que le conseiller fédéral Ignazio Cassis a confirmé l’engagement du Département fédéral des affaires étrangères, sans en préciser le montant
Pascal Hufschmid, directeur du Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (MICR) est «soulagé». Vendredi, le conseiller fédéral PLR Ignazio Cassis s’est engagé à ne pas retirer son financement à l’institution genevoise. «Je me réjouis que la Confédération réaffirme l’importance de l’institution. J’attends d’obtenir des éléments concrets», ajoute Pascal Hufschmid. Car pour l’heure, la somme de la contribution du Département des affaires étrangères (DFAE) n’est pas connue.
Le MICR s’est retrouvé sur la liste des coupes de subventions dans le cadre de la stratégie de réduction des dépenses fédérales. Le musée, une institution privée, bénéficie depuis 1991 d’une subvention du DFAE, qui représente un quart de son budget, soit environ 1,1 million de francs. Le Conseil fédéral lui intimait désormais de passer par un concours auprès de l’Office fédéral de la culture dont le montant maximal délivré équivaut à 300 000 francs. Cette réduction possible de l’enveloppe dès 2027 faisait peser sur le musée un risque de déficit structurel.
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L’UDC valaisan a été élu vendredi président central du syndicat Garanto. En compétition avec le socialiste Emmanuel Amoos, conseiller national valaisan comme lui, il est le premier UDC à diriger un syndicat
Jean-Luc Addor, 61 ans, a obtenu 19 voix contre 11 de la part des délégués de Garanto, une personne s’étant abstenue, précise le syndicat. «C’est un grand défi pour moi. Je me réjouis de le relever avec tous les membres, car l’union fait la force. Mon objectif est d’unir tous les membres autour d’un même objectif et de promouvoir leur statut», a déclaré le Valaisan après son élection.
Le politicien de la droite dure succède aux coprésidents Daniel Gisler et Roberto Messina, qui avaient assumé la présidence par intérim dès mai 2024 après la démission de la conseillère nationale socialiste bâloise Sarah Wyss.
L’élection d’un UDC à la présidence a notamment été possible parce que les membres de Garanto sont «politiquement hétérogènes, et que leurs réalités et idées pour le maintien d’un emploi de qualité sont davantage professionnelles que politiques», écrit Garanto.
Le comité central avait décidé de ne pas émettre de recommandation de vote. Cette position ne résultait pas d’une indécision, dit-il, mais respectait l’esprit des statuts, qui stipulent que le président doit être élu librement par les délégués et sans influence extérieure.
De plus, le syndicat s’est toujours engagé à être «politiquement neutre et indépendant», malgré son affiliation à l’organisation faîtière USS (Union syndicale suisse) et son partenariat étroit avec les autres associations du personnel fédéral (SSP, APC, Transfair, etc.) au sein de la Communauté d’intérêt du personnel de la Confédération (CI Confédération).
L’élection d’un membre de l’UDC à la tête de Garanto est d’autant plus légitime que le conseiller national a dû «mener une bataille électorale» pour remporter le scrutin, insiste le syndicat.
Les défis stratégiques urgents pour Garanto sont surtout le programme d’allègement budgétaire 2027 et le nouveau système salarial prévu pour 2026, poursuit-il. Au premier semestre, la CI Confédération a mené des négociations avec l’Office fédéral du personnel (OFPER) sur ces deux projets du Conseil fédéral, mais le résultat est «bien en deçà des attentes des associations du personnel».
Le Conseil fédéral a ouvert vendredi la consultation sur les nouveaux accords bilatéraux. Une petite fissure demeure dans le paquet négocié entre partenaires sociaux, à savoir la protection contre le licenciement des représentants des travailleurs
Pour convaincre de l’importance capitale des nouveaux accords avec l’Union européenne, le Conseil fédéral a sorti les grands moyens. A côté des 1800 pages mises en consultation ce vendredi, il a également rendu public le prix d’une «extinction» de la voie bilatérale, évalué par une étude externe à 520 milliards de francs entre 2028 et 2045. Un montant qui équivaut à un recul de 4,9% du PIB ou à une perte de revenus de 2500 francs par habitant.
Les auteurs de l’étude imputent les trois quarts de la facture à la fin de la libre circulation des personnes, remplacée dans leur scénario par un système de contingent annuel de 20 000 travailleurs. Insuffisant, selon leurs calculs, pour satisfaire les besoins des entreprises du pays.
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Des collaborateurs du Département fédéral des affaires étrangères dirigé par Ignazio Cassis s'alarment: ils ont reçu un appel de la Direction des ressources pour confirmer qu'ils avaient bien signé la lettre demandant à leur chef d'en faire davantage sur Gaza
Une sorte de chasse aux sorcières, ou une question d'orthographe? Le Temps a recueilli plusieurs témoignages de personnes travaillant au Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), qui expriment leur «malaise». En cause? La lettre adressée par quelque 250 personnes au chef du Département, Ignazio Cassis, à propos de la situation à Gaza. Ces personnes sont aujourd'hui contactées personnellement pour s'assurer qu'elles sont bien parmi les signataires de la lettre. Une mesure jugée «extrêmement inhabituelle» (la lettre l'était aussi, en réalité), voire «choquante».
La lettre avait fait grand bruit. S'adressant à Ignazio Cassis, les collaboratrices et collaborateurs du DFAE «encouragent» le conseiller fédéral à prendre position de manière plus ferme face aux violations du droit international commises par l'armée israélienne à Gaza. Cette lettre s'ajoutait à une missive comparable adressée par plus d'une cinquantaine d'anciens ambassadeurs ainsi qu'à d'autres lettres ouvertes, de divers secteurs, rendues publiques pour beaucoup d'entre elles.
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Le petit espace d’exposition exploité à la gare par la biennale Images Vevey présente jusqu’au 20 juillet le travail de deux photographes africains, James Barnor, 96 ans, et Nico Krijno, 44 ans
Sorti il y a 2 mois dans les salles romandes, le documentaire Ernest Cole, photographe, de Raoul Peck, permet de redécouvrir le travail d’un artiste sud-africain ayant travaillé sur l’apartheid de l’intérieur, avant de s’installer à New York et de découvrir que, derrière les idéaux véhiculés par le rêve américain et les promesses d’une société égalitaire, un racisme systémique rongeait les Etats-Unis. A la gare de Vevey, L’Appartement, l’espace d’exposition exploité par le festival Images, met en lumière le travail d’un autre photographe africain longtemps oublié, ou ignoré: James Barnor, né le 6 juin 1929 à Accra, capitale du Ghana alors colonie britannique appelée Côte de l’Or, avant son indépendance acquise en 1957.
A Vevey, trois ans après une grande rétrospective montrée à Lugano par le Musée d’art de la Suisse italienne après sa création à la Serpentine Gallery de Londres, on peut découvrir 80 images prises entre le Ghana et le Royaume-Uni, où Barnor s’exilera en 1959 avant de revenir dans son pays d’origine dans les années 1970. Fruit d’un long et patient travail de préservation et de numérisations par la galerie parisienne Clémentine de la Féronnière de son œuvre, qui comportait de nombreux négatifs n’ayant jamais fait l’objet de tirages, cet accrochage vaudois permet d’abord de plonger dans l’effervescence qui régnait avant et après l’accession du Ghana à l’indépendance.
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Viatrans facilite le trafic de conteneurs dans les ports de Dar es Salam et de Mombasa en contournant un système de caution qui freine le commerce. Avec un succès qui fait écho à celui de nombreuses autres sociétés logistiques suisses sur le continent
Depuis ses bureaux au centre de Genève, la vue est imprenable sur un arrêt de tram. Mais c’est plutôt vers l’Afrique que regardent Morgan Lépinoy, Boris Blanche et Alexis Perinet-Marquet, les directeurs de Viatrans. Et plus particulièrement les ports tanzaniens de Dar es Salam et kényan de Mombasa. Le groupe y a développé, pendant la pandémie de Covid-19, un service qui met de l’huile dans les rouages logistiques en Afrique de l’Est et facilite donc le commerce dans la région. Cinq ans plus tard, il est en plein essor.
Viatrans est à l’image de nombreuses sociétés suisses actives dans la logistique au sud du Sahara: une exception. L’Afrique est certes en croissance, mais les PME helvétiques la délaissent et les banques s’y montrent frileuses. Par rapport aux autres régions du monde, la Suisse n’y exporte quasiment rien. C’est pour mieux connaître le continent, une condition pour pallier ces carences, qu’a été formée l’association Swiss-African Business Circle (SABC), en 2010. Ses membres se sont réunis vendredi à Genève.
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«Historienne majeure de notre siècle, pionnière de l’histoire des femmes et du genre en Suisse.» Voilà comment le canton du Valais, qui lui a remis son Prix culturel en 2024, présente la co-initiatrice de la première grève des femmes en 1991. En marge d’un nouveau 14 juin, elle partage son regard sur les trois décennies écoulées
Son vrai nom est Elisabeth – bien que ses surnoms fussent légion, dans son Haut-Valais natal où sa réputation l’a par moments précédée. L’adolescente rebelle et décoiffée qui allumait ses Gitanes sans filtre en se riant des regards réprobateurs est devenue une figure intellectuelle nationale. Et pour cause! Après avoir participé au lancement de la toute première grève des femmes de 1991, signé de nombreux articles et essais, publié le best-seller Frauen-geschischte(n) cinq fois réédité, obtenu un doctorat honorifique de l’Université de Zurich, le Valais lui a remis en 2024 un Prix culturel pour célébrer l’ensemble de sa carrière.
Trente-quatre ans après sa première édition, qu’est devenue la grève des femmes? Quel regard porte l’historienne sur l’époque? La septuagénaire présente des excuses pour le bruit, c’est son petit-fils qui lance de joyeux cris derrière elle: son mari gère. Elle s’installe dans sa chambre, une chambre à soi.
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Des bords du Léman aux pelouses de Chavannes, la Fête fédérale de gymnastique réunit à Lausanne des disciplines méconnues et des athlètes passionnés. Entre traditions alémaniques et rares représentants romands, l’esprit de compétition côtoie camaraderie, sueur… et quelques gouttes de sang
Le quart d’heure vaudois a été largement dépassé vendredi matin sur les berges du Léman, se transformant presque en heure de retard. A Dorigny, une petite foule d’athlètes patiente, puis écoute les instructions dictées par le speaker en suisse-allemand. Ces sportifs, de tout niveau, s’apprêtent à prendre part aux Jeux nationaux. C’est une première pour eux de concourir en terres vaudoises. Mais si le cadre est dépaysant, l’ambiance et la concurrence ne le sont pas pour autant.
Et pour cause, cette discipline est une tradition respectée en Suisse alémanique, pratiquement inconnue des Welches. Pas le moindre concurrent romand ne participe à cette compétition qui inclut une petite dizaine de sports différents. A l’écart de l’excitation générale, Rolf Bracher tente de s’épargner des coups de soleil en profitant d’un petit coin d’ombre. Il est l’entraîneur respecté du Turnverein Dotzigen et n’attend qu’une chose: que les Jeux commencent.
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Peut-on encore être contre l’égalité en 2025? La question peut surprendre, mais à Berne, ce principe n’arrive toujours pas à s’imposer pleinement. Analyse entre lenteurs administratives, blocages parlementaires et retour du masculinisme
L’égalité: un vaste champ de bataille qui n’en finit pas d’agiter la Berne fédérale. A intervalles réguliers, le législateur s’empare de textes et de projets de lois permettant d’adapter l’arsenal légal au principe d’égalité, inscrit dans la Constitution. Alors qu’en 2026, on célébrera les 30 ans de l’entrée en vigueur de la loi sur l’égalité (LEg), que reste-t-il à faire pour que ce principe soit vécu par tous et toutes?
Avant de répondre à cette question, le Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes (BFEG) rappelle que «ces cinq dernières années, des jalons importants ont été atteints dans ce domaine». Floriane Siegenthaler, coresponsable de la communication du BFEG, fait référence à la modification de la loi sur l’égalité en 2020, à l’introduction du congé paternité en 2021 ou encore au mariage pour toutes et tous en 2022. «C’est plutôt du côté de l’égalité de fait, celle vécue au quotidien, que le bât blesse», ajoute-t-elle. Des aménagements législatifs demeurent nécessaires: «C’est dans cet état d’esprit que le Conseil fédéral a adopté en 2021 sa première stratégie pour l’égalité au niveau national (Stratégie Egalité 2030). Un premier bilan à mi-parcours sera tiré d’ici à la fin de cette année», souligne encore Floriane Siegenthaler.
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HEIDI.NEWS. Ratage sur toute la ligne. Alors que les alertes se multipliaient depuis 20 ans, personne n'a arrêté l'homme responsable du plus grand scandale médical des vingt dernières années en Suisse
A la suite de l’élection du Zougois au Conseil fédéral, le petit canton de suisse centrale élit ce dimanche un nouveau conseiller d’Etat. Ejectée du gouvernement en 2018, la gauche croit en ses chances. D’autant qu’une partie de la droite commence à penser que la politique fiscale en place dissout l’identité cantonale
Mi-mars, le canton de Zoug célébrait à l’unisson l’élection de Martin Pfister au Conseil fédéral. Conseiller d’Etat chargé de la Santé, le centriste triomphait à la surprise générale face à Markus Ritter (Le Centre/SG), vieux briscard du Conseil national qui se voyait déjà au sommet de l’affiche. Une belle victoire pour le natif de Baar (ZG), dont le départ laisse un vide au sein de l’exécutif cantonal. Mais aussi au sein de son parti.
Plus de 3500 personnes à Genève, 3000 à Fribourg, un grand rassemblement à Lausanne... Des milliers de femmes ont défilé dans les rues ce samedi pour la grève féministe
Des milliers de personnes sont descendues dans les rues à Genève, Fribourg et Sion à l’occasion de la grève des femmes, samedi. A Lausanne, il n’y a pas eu de défilé mais un rassemblement place St-François, rebaptisée Sainte-Françoise.
En milieu d’après-midi, un impressionnant cortège s’est formé aux alentours de la gare de Cornavin, à Genève. Les manifestantes, très majoritaires dans le défilé, sont descendues en direction du lac, puis ont traversé le pont du Mont-Blanc. Leur parcours s’achevait au parc des Bastions. Le violet était la couleur dominante de la foule.
La police genevoise a décompté 3500 participantes au cortège, Keystone-ATS en a compté quelques milliers de plus. Les slogans, loin de tourner uniquement autour des questions d’égalité des sexes, faisaient très souvent référence à la guerre à Gaza. A côté des pancartes, on pouvait apercevoir de nombreux drapeaux palestiniens.
A Fribourg, le collectif de la Grève féministe a indiqué, dans un communiqué, que la manifestation avait réuni 3000 femmes, personnes trans et non-binaires et des hommes solidaires. Les organisateurs du défilé ont cependant déploré le parcours que les autorités leur ont imposé, interdisant au cortège de passer par la gare.
A Lausanne, il n’y a pas eu de manifestation et de cortège à travers les rues de la capitale vaudoise, mais un grand rassemblement à la place St-François.
Organisé par le Collectif de la Grève féministe Vaud, l’événement se voulait «un moment de lutte, de solidarité et de partage». L’entier du secteur était fermé à la circulation pour la durée du rassemblement, avec des déviations prévues pour les bus et les automobilistes, selon la police.
«Nous nous organisons aujourd’hui, comme en 2019 et depuis, parce que l’oppression cis-hétéro-patriarcale, les violences qu’elle engendre et l’exploitation capitaliste continuent de contraindre nos corps et nos existences», explique le collectif vaudois.
A Sion, les militantes sont également descendues dans les rues pour une manifestation féministe sur la Place de la Planta. Il s’agissait de dénoncer «la montée du masculinisme, les féminicides, les violences à l’encontre des femmes et des minorités de genre et le retrait de certains droits acquis».
CHRONIQUE. L’effondrement du glacier du Birch sur le village valaisan la semaine dernière a provoqué une onde de choc au-delà des frontières nationales. En 1963, à une époque où l’empreinte de l’homme sur son environnement interrogeait déjà, Dino Buzzati désignait un seul coupable suite à un glissement de terrain meurtrier dans les Dolomites
Pourquoi la catastrophe de Blatten nous touche-t-elle à ce point? Est-il même juste de parler de catastrophe, puisqu’on ne compte pour l’instant qu’une seule personne portée disparue, le pire ayant pu être évité grâce à un exemplaire travail de surveillance? Et pourtant. Voir s’effondrer un paysage et disparaître un lieu de vie, ce n’est pas rien. S’il y a bien quelque chose que cette perte soudaine rend sensible, c’est la solidité du lien entre l’homme et son environnement naturel, qui s’est forgé durant des siècles, pour le meilleur et pour le pire.
Deux univers s’opposent sur les gravats du village de Blatten. Il y a les racines forcément locales d’un événement qui s’ancre dans l’intimité d’une petite communauté ayant vu s’abîmer le monde qui était le sien depuis des siècles. Et puis il y a ses résonances globales, inévitables, nécessaires peut-être, qui s’adressent potentiellement à tous les habitants d’une sphère toujours plus menacée par les catastrophes, réchauffement climatique oblige. Deux types de collectivité, l’une minuscule, l’autre démesurée, qui entrent donc en collision, sans pour autant s’opposer sur le fond de la solidarité humaine.
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CHRONIQUE. Incidences. Notre chroniqueur François Nordmann s’est intéressé à plusieurs analyses étrangères et suisses sur les équilibres mondiaux. Le pessimisme est de rigueur
Les uns après les autres, les gouvernements européens lancent des alertes sur le risque de guerre. Le conseiller fédéral Martin Pfister, chef du Département de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS), a bousculé les habitudes pour faire passer ce message cinquante jours déjà après son entrée en fonction. Ce faisant, il dramatisait les avertissements contenus dans les divers rapports parus ces dernières années, qui font état d’une dégradation de la situation géostratégique de la Suisse en Europe. Il ajoutait un sentiment d’urgence à la ligne suivie par sa prédécesseure.
Le Royaume-Uni est le dernier en date à avoir tiré la sonnette d’alarme en publiant son analyse de la défense stratégique du pays et des besoins de ses armées dans la période actuelle. Les trois auteurs principaux de ce document – l’ancien secrétaire général de l’OTAN et ministre de la Défense, Lord Robertson, l’ancien chef adjoint de l’état-major, le général Sir Richard Barrons, et Fiona Hill, diplomate et experte de la Russie – constatent que «des hypothèses admises depuis longtemps au sujet de l’équilibre et de la structure des puissances dans le monde ne sont plus aussi certaines».
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OPINION. Comme ancien conseiller fédéral, vous n’avez pas le point de vue des gens ordinaires et vous vous moquez de leur défense de leur ancrage culturel et de la démocratie directe, écrit Raphaël Pomey, rédacteur en chef du journal «Le Peuple» et membre de Pro Suisse. Eux ne font pas partie de l’élite et savent que cela fait trente ans qu’on leur dit qu’il n’y aura pas de plan B…
Monsieur l’ancien conseiller fédéral,
Merci pour votre tribune publiée dans Le Temps, le 3 juin dernier, à propos des relations entre notre pays et l’UE. Permettez-moi d’y répondre respectueusement, en tenant compte des hautes fonctions que vous avez exercées. Ce parcours admirable fait de vous – et c’est bien normal – un représentant d’une certaine élite. Vous ne me connaissez pas – je vous rassure, c’est normal aussi – et c’est en tant que membre d’une autre Suisse, celle de la classe moyenne en difficulté, que je prends la plume.
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ÉDITORIAL. Très critiqués, les marins-activistes du navire Madleen auront au moins réussi à maintenir la pression sur certaines opinions au sujet du blocus
Les déboires très bien mis en scène du navire Madleen, dans lequel une poignée de militants prétendaient vouloir transporter de l’aide humanitaire à Gaza, ont provoqué un de ces petits psychodrames dont la France a le secret. Six des 12 marins-activistes étant Français, dont la très clivante eurodéputée mélenchoniste Rima Hassan, la séquence a été très commentée et surtout critiquée par des éditorialistes et commentateurs médiatiques de l’Hexagone qualifiant la «flottille» de «manipulation géante» aux «discours mortels».
La séquence restera pourtant comme une des moins mauvaises idées de communication de La France insoumise sur la question palestinienne. Les mélenchonistes n’ont pour une fois pas grand-chose à se reprocher par rapport aux mots ou symboles employés. Et quoi qu’on en dise, les marins d’un jour auront probablement rempli la vraie mission qui était la leur.
Certes, les quelques kilos d’aide que pouvait transporter ce petit bateau n’auraient pratiquement rien changé à la famine dont souffre Gaza. Certes, la mise en scène a été accompagnée d’une surdramatisation de la part de Jean-Luc Mélenchon et d’autres experts en pyromanie insurrectionnelle. Certes, les motivations de certains en France sont peut-être avant tout électoralistes. Certes, tout cela peut sembler dérisoire en comparaison du drame absolu que vivent les Palestiniens. Certes, cette flottille était un pur coup de communication. Mais cela ne veut pas dire qu’elle n’a servi à rien. Car la communication compte aussi.
Ce coup était efficace. Il a trusté les antennes, en tout cas en France. Et il a jeté une lumière différente sur un blocus humanitaire inacceptable, dont on a beaucoup parlé mais sur lequel les analyses commençaient à tourner en rond.
La séquence a imposé une manière nouvelle, spectaculaire, de parler du sujet, avec des noms de personnalités connues et sulfureuses, avec des images chocs de bateau arraisonné et de militants en gilet de sauvetage. La stratégie du refus d’être rapatriés immédiatement, jouée par une bonne partie des militants français, qui s’imposaient ainsi un passage par la case prison, est la dernière étape de ce storytelling. Il aura eu le mérite de faire vivre le sujet dans un incessant cycle de l’information dont le spectateur se lasse rapidement.
Quand, en parallèle, d’autres continuent de s’activer pour peser dans les cercles diplomatiques, et alors que l’on a parfois l’impression que tout a été essayé pour faire plier Benyamin Netanyahou, les matelots d’un jour auront réussi à provoquer d’importantes manifestations en France et ailleurs, à forcer les autorités françaises à se positionner encore un peu plus contre ce blocus, bref à maintenir la pression sur le sujet dans certaines opinions publiques européennes.
OPINION. Comment se fait-il que nous restions muets et aveugles devant les fondamentaux économiques de l’IA générative qui ne sont pas bons?, écrit Florian Jaton, sociologue. Il faut cependant affronter cette réalité, même si elle peut contrarier un romantisme issu de la science-fiction...
Précisons-le d’emblée: j’aime les algorithmes, et tout particulièrement ceux dits «d’intelligence artificielle» (IA), dont la formidable puissance calculatoire nous oblige à considérer collectivement de fascinantes questions techniques, politiques et sociales (j’en ai même fait un livre, publié aux presses du MIT). Mais j’aime par-dessus tout considérer la réalité des choses, même quand elle est sombre. Et c’est hélas le cas de l’IA dite «générative» (par exemple l’agent conversationnel ChatGPT ou le générateur d’images Midjourney), dont l’industrie continue d’émettre des signaux spéculatifs inquiétants, et à mon sens trop ignorés.
Des chiffres troublants
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CHRONIQUE. Manifestations, slogans musclés et amendes salées, la lune de miel entre la péninsule Ibérique et les vacanciers appartient au passé. Notre chroniqueuse se souvient
Face à l’hyperinflation touristique, les populations des Baléares et des Canaries sont à cran, enchaînent les manifestations et montrent les crocs jusqu’à incendier des voitures de location ou écrire «Kill a tourist» sur un mur, à Tenerife. La coupe est pleine. Rapport aux foules qui envahissent les îles toute l’année et à certains comportements dégradants qui insultent les habitants.
Quand j’étais enfant, nous passions nos vacances aux îles Baléares. Je me souviens des promenades sur des chevaux assommés, des calamars élastiques et de ce matin où mon père m’a jetée dans la piscine sans brassards. J’ai bu la tasse, mais j’ai survécu et tout le monde a ri, personnel de l’hôtel compris. Bref, c’était le temps heureux où les insulaires nous accueillaient les bras ouverts. Cette époque est révolue.
OPINION. La résiliation de l’accord sur la libre circulation qu’entraînerait l’initiative de l’UDC aurait des conséquences sur la protection des salaires, ferait renaître le travail au noir et entraînerait le vieillissement de la population, écrit le politologue Jean-Claude Rennwald
Avec son initiative «Pas de Suisse à 10 millions!», à propos de laquelle nous voterons en 2026 ou en 2027, l’Union démocratique du centre (UDC) menace gravement les entreprises ainsi que toutes celles et tous ceux qui travaillent en Suisse. L’acceptation de cette initiative entraînerait en effet la disparition des premiers accords bilatéraux conclus au tout début du XXIe siècle entre la Suisse et l’Union européenne (UE), en particulier ceux sur la libre circulation des personnes et sur les obstacles au commerce. Or, ces deux textes jouent un rôle vital pour l’économie helvétique.
La suppression de l’accord sur la libre circulation rendrait non pas impossible, mais beaucoup plus difficile le recrutement de personnel étranger, en particulier pour l’industrie, l’hôtellerie-restauration et les hôpitaux. On mesure mieux l’ampleur du problème lorsque l’on sait que dans le Jura 25% des emplois sont occupés par des travailleurs frontaliers, alors que cette proportion est de 29% à Genève, de 32% au Tessin et même de 35% dans ce fief horloger qu’est la vallée de Joux. La résiliation de l’accord sur la libre circulation aurait aussi de graves effets sociaux puisqu’elle entraînerait:
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ÉDITORIAL. Dissuadé de franchir cette étape dangereuse durant son premier mandat, Donald Trump recourt à l’armée pour protéger ses opérations d’expulsions massives qui suscitent de plus en plus de résistance
Durant sa campagne, Donald Trump avait promis de mettre fin aux conflits en Ukraine et à Gaza, qui risquaient d’impliquer davantage les Etats-Unis. Il répondait à une aspiration profonde de l’électorat après le fiasco des guerres en Afghanistan et en Irak. Le commandant en chef n’a pas ce genre de retenue sur le front intérieur. Depuis samedi, le président a déployé à Los Angeles près de 5000 soldats, davantage que ce qu’il restait de troupes en Afghanistan quand le républicain avait quitté la Maison-Blanche en 2021, après avoir tenté de s’accrocher au pouvoir.
Depuis vendredi dernier, Los Angeles est secouée par des manifestations contre les raids des agents fédéraux visant à expulser des clandestins. Les rassemblements sont majoritairement pacifiques. Ils donnent toutefois lieu, comme souvent dans ces cas-là, à des violences inacceptables, mais localisées. Des drapeaux du Mexique ou d’autres pays sont brandis lors des rassemblements. Toutes ces images tournent en boucle sur les réseaux sociaux et les chaînes d’information en continu. Elles sont du pain bénit pour le président, qui y voit l’occasion d’une démonstration de force sur son thème de prédilection et sur lequel il est le moins impopulaire: la lutte contre l’immigration.
L’envoi de la troupe contre de supposés «ennemis extérieurs», selon les mots mardi de Donald Trump en visite dans la plus grande base militaire des Etats-Unis, est bien davantage qu’une diversion face aux difficultés du président à faire voter sa grande loi budgétaire, qui taillera dans les prestations sociales, ou pour faire oublier son divorce fracassant avec son ex-conseiller Elon Musk.
Le recours unilatéral à l’armée dans les rues de Los Angeles, sans précédent depuis soixante ans et combattu devant la justice qui court depuis janvier après les initiatives liberticides du président, sert de modèle qui pourra être étendu à d’autres villes. L’expérimentation est à hauts risques, car les soldats ne sont pas formés pour faire face à des manifestations, contrairement aux forces de police locales.
Ces opérations militaires hasardeuses sur sol américain sont au service du projet extrémiste d’expulser un million de clandestins chaque année. Donald Trump avait annoncé la couleur durant sa campagne, tout en suggérant qu’il commencerait par l’expulsion des criminels étrangers, un objectif plus consensuel. L’arrestation d’écoliers ou de simples employés clandestins, qui effectuent des travaux dans la restauration, les champs ou sur les chantiers que peu d’Américains seraient prêts à faire, montre que le gouvernement fédéral est déterminé à faire coûte que coûte du chiffre. Tout en étendant progressivement l’état d’exception dans l’une des plus anciennes démocraties du monde.
CHRONIQUE. Donald Trump est passé par là: les entreprises américaines vont perdre des marchés colossaux dans des secteurs où elles étaient pionnières, écrit l’ancien conseiller d’Etat vert genevois David Hiler
L’acronyme TACO, pour «Trump always chickens out» («Trump se dégonfle toujours») est le nouveau mantra de Wall Street. Face aux déclarations tapageuses et menaçantes du nouveau président américain, les investisseurs partent maintenant du principe qu’il fera marche arrière. Espérons qu’ils ont raison!
OPINION. L’enseignement de l’histoire est un rempart face aux jugements hâtifs et simplistes, écrit le professeur genevois Mathieu Caesar, qui s’inquiète de la baisse de la dotation horaire qui pourrait intervenir dans le canton, à la suite de la réforme de la maturité
L’application de la nouvelle réforme de la maturité gymnasiale, entérinée par le Conseil fédéral en juin 2023, amènera vraisemblablement plusieurs bouleversements dans les collèges du canton de Genève, dont la suppression de la moitié de la dotation horaire destinée à l’enseignement de l’histoire. Cette discipline serait dès lors l’une des grandes «sacrifiées» de cette réforme.
Depuis plusieurs semaines, le débat autour de la place de l’histoire au collège refait constamment surface dans les médias et s’invite même au parlement. La question qui revient immanquablement est la suivante: quelle est l’utilité de l’histoire? Une question légitime, certes, mais qui est souvent posée – osons le dire – de manière quelque peu rhétorique, laissant entendre, à demi-mot, que l’on pourrait s’en passer. De nombreuses années d’enseignement m’ont appris que non, nous ne le pouvons pas, à moins de vouloir nous priver d’un outil indispensable.
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Nos têtes blondes inventent des mots qui n’existent pas. Ce sont des moteurs à poèmes
L’autre jour, mon gamin, 11 ans, m’a posé cette question: «Papa, c’est quoi, un serial chiller?» «Sûrement quelqu’un qui sait tuer le temps», je lui ai répondu. Ce glissement phono-sémantique (dans lequel je ne verrais pas forcément une nouvelle occurrence de ce phénomène d’affrication qu’on décèle chez nos jeunes) m’a ramené à l’époque où j’avais son âge. Ce qui nous transporte tout de même au millénaire passé, durant lequel, petit, j’étais persuadé que la ville de Bienne étouffait sous les expositions – avec toutes les biennales qu’on y organisait, vous comprenez…
Cet échange m’a invité à reprendre en main un livre que je n’avais plus ouvert depuis longtemps: Biffures (1948), le premier tome de la tétralogie autobiographique de Michel Leiris. Lequel débute par un fragment fameux, intitulé «… Reusement!»
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ÉDITORIAL. L’initiative «200 francs ça suffit!» a été refusée par le Conseil national. La grande maison de service public aurait tort de penser que les jeux sont faits. Elle a quelques mois pour apporter la démonstration de sa capacité à se réformer, avant la votation populaire
La SSR, c’est un peu notre génie à nous. Une construction bien fédérale, le soutien des minorités basé sur une clé de répartition financière solidaire, la couverture des matières et zones géographiques qui n’auraient pas droit de mention sans les deniers publics. La SSR, c’est le symbole de tout ce que l’on aime en Suisse et dont on est fier. Le compromis, la raison, l’Etat fort mais pas excessif. Le combat des reines en direct, des heures de surprenante musique folklorique, le sport, la culture et bien sûr, dans ce pays qui vote tant, l’information de qualité, dans toutes les régions helvétiques, et ouverte sur le monde.
Aujourd’hui, il y a péril en la demeure. A l’extérieur de la maison, les critiques fusent, alimentées par l’initiative de l’UDC «200 francs ça suffit!». Trop chère, trop woke, trop arrogante, la petite musique excessive trouve une écoute au-delà des cercles puristes alémaniques. Le contexte est porteur: le pouvoir d’achat des classes moyennes stagne, les entreprises vivent dans l’instabilité permanente, mille autres sources d’information et de divertissement ont émergé. A quoi il faut ajouter un secteur des médias privés en crise. Au parlement, les députés, si nombreux à vouloir prendre la parole sur ce sujet hautement identitaire, ont compris l’importance des enjeux.
Mais le vrai risque est interne à la grande maison de service public. Les unités d’entreprise collaborent très mal autour de projets nationaux, drapées dans une dangereuse autosatisfaction. La manière de travailler au niveau interrégional pourrait générer des économies qui devraient servir le programme. Le combat entre l’actualité et les magazines n’a jamais cessé. La capacité de résistance passive de collaborateurs rend la tâche de celles et ceux qui promeuvent les synergies bien compliquées. Les vieux démons, nourris par une construction décentralisée, des années de manne financière assurée et le cadre public, sont tenaces. Alors que les ressources devraient servir la production de contenus d’intérêt général que d’autres ne peuvent financer.
Une redevance diminuée de 335 à 200 francs, comme le propose l’initiative menée par l’UDC, serait une grave erreur, démarche à contretemps lancée par un groupe qui refuse de voir l’importance de la SSR, seul média national au service des quatre langues et cultures. Alors que le peuple suisse avait plébiscité le service public lors de la votation «No Billag», cette fois, il pourrait bien se laisser tenter par quelques économies sonnantes et trébuchantes. La SSR a quelques mois pour faire la démonstration de sa capacité à comprendre ce nouvel environnement et à se réformer, réellement.
CHRONIQUE. «Un salaire décent n’est pas la responsabilité des employeurs», a affirmé Roland Müller, directeur de l’Union patronale suisse, comme le révélait «Blick» la semaine passée. Un propos qui a suscité de vives réactions, dont celle de notre chroniqueuse
Il y avait plein de sujets que j’avais envie de partager avec vous pour cette chronique. J’avais même déjà griffonné quelques lignes. Puis j’ai lu les propos du directeur de l’Union patronale suisse et tout le reste m’a semblé secondaire.
D’abord, il a fallu que je retrouve mes bras tombés à terre: sans, c’est compliqué d’écrire. Puis que je relise parce que j’avais peut-être mal compris. Mais non, le message d’erreur 404 a continué de s’afficher dans mon cerveau.
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PODCAST. Défense du français, réformes de l’AVS et du système de santé: trois dossiers au sommet de la pile de la cheffe du Département fédéral de l’intérieur (DFI), Elisabeth Baume-Schneider. Nous avons aussi parlé de remontada et des risques inhérents aux ruptures de collégialité. C’est une ministre socialiste jurassienne combative qui a reçu «Sous la Coupole» du côté de l’Inselgasse à Berne. Extraits
«Les enfants apprendront durant leurs cours d’histoire que le premier Jurassien à entrer au Conseil fédéral en 2022 était… une femme socialiste!» Parole de Jean-Claude Rennwald, ancien conseiller national et syndicaliste socialiste, dans son dernier ouvrage PS jurassien, 50 ans au service de la solidarité (Ed. de la Rue du Nord).
Entre flatterie et pression, où le cœur de cette native des Franches-Montagnes balance-t-il? «La flatterie, ça ne dure pas longtemps. Par contre, je suis extrêmement reconnaissante et motivée. On l’a vu au moment de cette campagne, qui était quand même un peu improbable au niveau du résultat… C’est surtout ça qui m’émeut dans l’identité jurassienne: tout à coup, il y a une espèce de sainte alliance. Vous avez vu Charles Juillard (Le Centre) à mes côtés, on n’est pas tout à fait du même parti, mais on travaillait tous pour possiblement glaner ces voix, les unes après les autres, et cela a fonctionné.» Une surprise qualifiée de «remontada» par Jean-Claude Rennwald.
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CHRONIQUE. La richesse d’un pays découle de sa capacité à produire des choses complexes, et donc à accéder à des composants ou à des connaissances supplémentaires. Or les tarifs douaniers empêchent quasiment ce mécanisme
Rien de mieux qu’une métaphore arboricole pour décrypter les effets de la guerre commerciale lancée par Donald Trump. Certains produits sont comme les arbres d’une forêt, qui elle-même représente un pays. Dans cet environnement, les entreprises sont comme des singes, qui arrivent au sommet d’un arbre puis sautent vers un autre.
Lorsqu’une entreprise est performante dans un produit, elle se lance dans une activité proche et élargit ainsi son offre. C’est ainsi que Nokia est passée de l’arbre à caoutchouc (l’entreprise fabriquait initialement des pneus et des galoches) à celui des téléphones mobiles, avant de s’écraser sur le séquoia des smartphones.
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A l’ère de l’hyper-mobilité, le cœur du monde bat dans les soutes des avions. Durant quatre ans, le pilote de ligne François Suchel a mené l’enquête au cœur du fret aérien. Il nous emmène à la rencontre de ses acteurs, dévoilant les coulisses d’un monde rythmé par le ballet silencieux mais incessant des marchandises dans le ciel
HUM, pour human remains, est le code utilisé sur la Lettre de transport aérien, document officiel détaillant le chargement d’un avion commercial, pour désigner les dépouilles mortelles, une «marchandise» infiniment précieuse aux yeux des familles qui souvent l’accompagnent. Le nombre de passagers des lignes aériennes ayant doublé tous les quinze ans au cours des dernières décennies, il n’est pas surprenant que celui des défunts ait suivi la tendance et même davantage puisque, entre-temps, les communautés d’immigrés se sont organisées, les maisons funéraires spécialisées, les démarches administratives rationalisées, la gamme de prestations des assureurs étoffée.
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ÉDITORIAL. La mobilisation féministe du 14 juin gagne une nouvelle fois les rues suisses. Alors que les fronts se durcissent, il est urgent de revenir aux bases d’un projet de société émancipateur et de renouer le dialogue
Les dates anniversaires sont pratiques. Comme des balises dans une mer où les informations s’évaporent avant même d’être digérées, elles nous lancent: stop, retournons-nous. Depuis la dernière grève féministe du 14 juin 2024, plus d’une vingtaine de femmes ont été tuées en Suisse. Pourquoi? Parce qu’elles étaient des femmes. Un homme fièrement misogyne, reconnu responsable d’agression sexuelle et sous le coup de (très) nombreuses autres accusations, s’est réinstallé à la Maison-Blanche – et en a profité pour bannir le mot «femme» de son administration. Le monde entier est aussi entré dans la chambre de Gisèle Pelicot où, droguée par son mari, la septuagénaire française a été violée pendant des années par des dizaines d’hommes. Les discours masculinistes crachant leur haine de la moitié de la population ont aussi continué d’attirer dans leurs toiles connectées les plus jeunes adolescents, tandis qu’un pays sur quatre a vu reculer les droits des femmes sur son sol en 2024 (ONU).
Pendant ce temps-là, que faisaient les Suissesses? Elles travaillaient – pour des salaires toujours plus bas que ceux des hommes. Et travaillaient encore – à la maison, avec les enfants et sans salaire cette fois (mais avec supplément charge mentale, s’il vous plaît). En 2024, elles ont consacré 32,4 heures par semaine aux tâches domestiques et familiales, soit 10,4 de plus que les hommes (OFS). Eux, pourtant, estiment que l’égalité «est atteinte en Suisse, dans presque tous les domaines», révèle le Baromètre national de l’égalité. Ouvrant au passage un tiroir sur les garçons de la génération Z, encore plus convaincus que leurs aînés que la question est réglée.
Le problème avec les dates anniversaires, c’est qu’elles restent pratiques seulement si on en fait quelque chose. Trois décennies après la première grève nationale des femmes de 1991, la cloche du dialogue sonne aujourd’hui peut-être plus fort que jamais. A l’heure où certains vents récupèrent le débat sur l’égalité pour construire des murs et des paniques morales, restons concentrés sur l’objectif et parlons-nous. Entre femmes, hommes, et minorités de genre. Entre générations et entre adversaires politiques aussi. Avant que des drames ne nous laissent plus l’occasion de le faire. Informons-nous (en particulier si on ne se sent pas concerné). Investissons-nous – un peu ou beaucoup, dans la rue ou au bistrot, dans nos chambres personnelles ou fédérales, mais faisons-le.
Ne laissons pas le bruit de la polarisation étouffer la perspective de lendemains qui chantent. Car l’égalité n’est ni une guerre des sexes ni un danger, elle est un projet de bonheur et de liberté pour toutes et tous. Qui refuse de devenir libre?
REVUE DE PRESSE. Quelques semaines avant son attendu retour au Montreux Jazz Festival, Neil Young a publié vendredi un nouvel album studio. Le rockeur canadien, qui aura 80 ans en novembre, y tacle Elon Musk tout en célébrant sa famille et les petits bonheurs du quotidien
Sorti vendredi, Talkin to the Trees est pour certains le 46e album studio de Neil Young, pour d’autres le 48e. Mais dans le fond, cela importe peu. On sait le folk-rockeur canadien extrêmement prolifique, entre nouveaux enregistrements, archives inédites et albums live, et quand on aime, on ne compte pas. Il se produira le 6 juillet prochain pour la 3e fois au Montreux Jazz Festival (après 2001 et 2016) avec son nouveau groupe The Chrome Hearts, composé de trois musiciens ayant déjà collaboré avec lui au sein de Promise of the Real (le guitariste Micah Nelson, le bassiste Corey McCormick et le batteur Anthony LoGerfo) et du redoutable pianiste Spooner Oldham, qui a enregistré à ses côtés plusieurs disques, dont le classique Harvest Moon (1992).
Mais que vaut ce nouvel album, dont il jouera forcément de larges extraits sur la Scène du lac? Selon Le Monde, «en dépit de quelques redites, dont la progression d’accords de First Fire of Winter lorgnant un peu trop sur Helpless, l’album s’avère un bon cru.» Et le quotidien français de citer les paroles d’un des dix morceaux de Talkin to the Trees qui a déjà beaucoup fait parler de lui: «Si vous êtes fasciste, achetez une Tesla/Elle est électrique, ça ne compte pas/Si vous êtes démocrate, goûtez votre liberté.» Le quotidien parisien estime que «le natif de Toronto ne mâche pas ses mots sur la charge électrique Let’s Roll Again, visant l’administration Trump», tout en concluant que «l’atmosphère générale tend finalement vers une folk apaisée et introspective: Family Life se veut ainsi une ode touchante à sa famille, tandis que Thankful tire un bilan émouvant de sa vie; sur Movin Ahead, le «Loner» ne souhaite retenir que les bons moments du passé.»
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ÉDITO. Ventes en repli, chaos tarifaire et grande bascule générationnelle. Le marché de l’art est traversé d’incertitudes. Et comme chaque année, c’est à Bâle que l’on ira pour prendre son pouls
Avant de se rendre à Bâle pour le pèlerinage de printemps des marchands d’art, on lira avec intérêt le baromètre annuel du marché, publié par Art Basel et UBS. Sans surprise, le secteur n’échappe pas à la conjoncture. L’incertitude désormais liée au chaos tarifaire ne fera qu’aggraver une tendance au repli toujours plus marquée: en 2023, les ventes mondiales avaient déjà chuté de 4%, elles ont encore décliné de 12% en 2024 pour atteindre 57,5 milliards de dollars, leur plus bas niveau depuis 2020. Le segment le plus touché? Le très haut du marché: les œuvres dont le prix excède 10 millions de dollars ont essuyé un recul de 39% du nombre de transactions, et une chute de 45% en valeur. En période d’incertitude économique, les premiers collectionneurs à se désengager sont souvent les plus riches.
Comme pour illustrer de façon spectaculaire ce rapport paru un mois auparavant, la vente de mai chez Sotheby’s New York a connu un échec on ne peut plus significatif: une sculpture d’Alberto Giacometti, estimée à 70 millions de dollars, n’a tout simplement pas trouvé preneur. Loin d’être anecdotique, un tel signal a de quoi alarmer: si la confiance s’effrite au sommet, les répercussions finiront par se faire sentir à tous les échelons de l’écosystème des arts, des galeries aux collectionneurs, des institutions aux artistes.
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A l’heure où l’enseignement de l’histoire pourrait reculer à Genève, et où l’ambassadeur américain en Israël rejette formellement la capacité d’autodétermination de tout un peuple, remontons aux sources d’un tel déni grâce à… un historien
«Nous ne pouvons pas nous priver de l’enseignement de l’histoire!» alerte ces jours-ci dans une tribune un professeur de l’Université de Genève. Face aux exigences de la réforme fédérale de la maturité, le risque d’une réduction drastique des heures dévolues à cette matière menace dans le canton de Genève. Or l’étude de l’histoire, rappelle Mathieu Caesar, est un «rempart face aux jugements hâtifs et simplistes», un outil de compréhension du présent qui met à nu les discours de propagande et de haine. Un vecteur de paix en somme.
Oui, en ce joli mois de juin 2025, on se dit que se passer des clés de lecture de l’histoire n’est pas exactement une bonne idée. Juste cette semaine, tiens, au hasard, on a vu l’ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, lancer le plus tranquillement du monde, à Jérusalem, «qu’il n’y a pas de place» pour un Etat palestinien, et de préciser, toujours très calme, que selon lui un tel Etat ne verrait pas le jour «de notre vivant» à moins de déporter, tranquille là aussi, les 3 millions de Palestiniens de Cisjordanie (ou Judée-Samarie dans son lexique emprunté aux colons) vers un pays musulman.
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REVUE DE PRESSE. Donald Trump a décidé de fêter les 250 ans de l’armée américaine – et ses 79 ans – à grand renfort de tanks et de fantassins dans les rues de Washington. Au même moment, une partie du pays se soulève contre l’autoritarisme du président pour un «No Kings Day». Deux Amériques qui semblent de moins en moins réconciliables
6600 soldats, 150 véhicules, 50 avions pour un coût estimé entre 25 et 45 millions de dollars. Ce genre de chiffres font davantage penser aux parades militaires d’autocratie en mal de respectabilité. Que nenni, il s’agit là du raout organisé par Donald Trump pour célébrer les 250 ans de l’armée américaine, et au passage s’offrir un coûteux et pas anodin cadeau d’anniversaire pour ses 79 ans. Et c’est un euphémisme de dire que cet événement passe mal pour une bonne partie de la population. Le pays est secoué comme rarement par des manifestations qui s’étendent de l’Atlantique au Pacifique, avec plusieurs centaines de rassemblements défilant sous la bannière «No kings» – «pas de rois» en français. Ce slogan fait référence à la fièvre d’autoritarisme de Donald Trump, qui a décidé d’intensifier les raids de la police des frontières un peu partout dans le pays, menant à des protestations monstres à Los Angeles.
Actuellement, les Etats-Unis sont une véritable poudrière, avec comme dernier tragique événement en date une élue et son mari tué et un autre blessé par balle dans le Minnesota. Pour le New York Times, «la nation est un chaudron d’anxiété et de colère alors qu’elle entame le week-end à un moment qui rappelle certaines des périodes les plus sombres de son histoire». Depuis que Donald Trump est à nouveau au pouvoir, les parallèles avec la montée de certaines idéologies nauséabondes sont légion – au hasard, le fascisme et le nazisme. Un documentaire consacré à Hannah Arendt et qui doit être diffusé fin juin par la chaîne PBS offre matière à réflexion au Washington Post, déclarant que ce «film arrive, et ce n’est pas une coïncidence, à un moment où les Américains ont besoin de se rappeler à quel point un pays peut facilement perdre ses amarres et sa liberté, non pas du jour au lendemain, mais morceau par morceau, ennemi par ennemi, déportation par déportation».
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En réponse au président américain, l’homme d’affaires a menacé de mettre hors service le vaisseau spatial Dragon, conçu par sa société SpaceX et essentiel pour la NASA et l’ISS. De nombreux autres contrats sont en jeu
Tesla n’est pas la seule des entreprises à se retrouver dans la tourmente de la discorde entre Elon Musk et Donald Trump. Les activités de SpaceX sont rapidement apparues dans la bataille rangée qui oppose désormais l’homme le plus riche du monde et le président américain. «Le moyen le plus simple d’économiser de l’argent dans notre budget, des milliards et des milliards de dollars, est de mettre fin aux subventions gouvernementales et aux contrats d’Elon», a écrit ce dernier sur son réseau Truth Social, en réponse aux virulentes critiques d’Elon Musk sur sa réforme fiscale. La riposte de celui-ci n’a pas tardé. Sur sa propre plateforme sociale X, le chef d’entreprise a annoncé que SpaceX allait «immédiatement» lancer le retrait de son vaisseau spatial Dragon.
CHRONIQUE. La guerre menée contre la science et les campus par l’administration Trump débouche sur un phénomène inédit aux Etats-Unis. Les cerveaux qui quittent le pays pourraient être plus nombreux que ceux qui y entrent
Contrairement à ce que peut laisser penser le titre de cette chronique, celle-ci n’est pas consacrée à Elon Trump, cette chimère qui aura tout de même survécu sept mois avant d’exploser en vol dans un tonnerre d’insultes. Non, le propos est ici d’acter l’un des principaux effets de cet attelage de deux milliardaires, l’un libertarien et l’autre maffieux, aux commandes depuis l’élection du 4 novembre dernier: le décervelage des Etats-Unis. Car, divorce ou pas entre ces deux ego, le mal est en partie fait.
Pour la première fois de leur courte histoire, les Etats-Unis sont en effet engagés dans un processus de fuite massive des cerveaux. Le fameux «brain drain» qui a assuré la vitalité du pays serait en train de s’inverser. Non seulement des professeurs, des chercheurs et des étudiants étrangers font leurs valises, devenus indésirables, mais des milliers de leurs collègues américains cherchent refuge à l’étranger ou envisagent leur avenir ailleurs faute de perspective.
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Auguste le grand-père est monté dans la stratosphère, Jacques le fils descendu au fond des mers, Bertrand le petit-fils a fait le tour du monde en ballon et en avion solaire. «Un, deux, trois Piccard», magnifique album de Jean-Yves Duhoo, célèbre les trois «savanturiers»
Le 31 mai 1931, le ballon stratosphérique du physicien Auguste Piccard atteint une hauteur de 15 500 mètres. Le 23 janvier 1960, le bathyscaphe de l’océanographe Jacques Piccard se pose sur le fond de la fosse des Mariannes à 10 916 mètres sous le niveau de la mer. En 1999, le psychiatre et environnementaliste Bertrand Piccard fait le tour du monde en ballon et réitère l’exploit en 2015-2016 à bord de l’avion solaire Solar Impulse. L’épatante dynastie se retrouve dans Un, deux, trois Piccard – Pionniers du ciel et des abysses, un album écrit et dessiné par Jean-Yves Duhoo, spécialiste de la vulgarisation scientifique, comme en témoignent Mister Cerveau ou Dans le secret des labos.
Sollicité il y a 4 ans par Dargaud pour retracer la geste piccardienne, Duhoo a pris le temps de réfléchir à ce «très gros projet» qui, prévu sur une centaine de pages, en compte finalement 200. «L’espace, c’est une bonne chose pour une entreprise comme celle-ci», souligne l’auteur. «Très bien dit», apprécie Bertrand Piccard.
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Maladie taboue du système digestif, le syndrome de l’intestin irritable concernerait 5 à 10% de la population européenne. Les personnes touchées vivent avec des douleurs au ventre, des diarrhées et des constipations chroniques. Diagnostic et traitement demeurent complexes
«J’ai longtemps caché que j’avais des problèmes intestinaux. Adolescente, j’avais déjà des symptômes, le ventre gonflé par les gaz, des selles molles, une gêne dans le bas-ventre. Je me retenais pour ne pas aller aux toilettes à l’école, j’attendais d’être à la maison, ce qui aggravait la situation. Je n’en parlais à personne, se souvient Evelyne*. Ensuite au travail, je surveillais les allées et venues des collègues aux toilettes pour y aller quand j’étais sûre d’y être seule à cause des odeurs, du bruit et du temps que je devais y passer. Un jour, on m’a fait une remarque, j’ai été traumatisée.»
La jeune femme d’une quarantaine d’années vit à Genève et possède un emploi dans le domaine de la formation. Elle a accepté pour Le Temps de parler de son syndrome de l’intestin irritable (SII), mais de manière anonyme, tant il est encore tabou de donner des détails sur le fonctionnement de son intestin et de son transit. Pourtant, Evelyne n’est pas la seule à supporter quotidiennement cet inconfort digestif. On estime qu’entre 5 et 10% de la population générale souffre ou souffrira d’un SII.
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Dans un essai très documenté qui sort le 12 juin prochain, la médecin Faïza Bossy montre comment les femmes peuvent tirer parti de ce chamboulement hormonal
«Plus de règles, plus de contraception, plus de risques de grossesse et, surtout, plus d’injonctions sociales pesantes sur la jeunesse et la fertilité. La ménopause n’est pas une maladie honteuse, c’est une étape de vie qui rime avec liberté!»
Avec Ménopower, ouvrage très complet sur ce basculement qu’on appelle aussi «le grand climatère», la médecin Faïza Bossy appelle les femmes à sortir de la vision doloriste de la ménopause. George Sand, célèbre écrivaine du XIXe siècle, n’a-t-elle pas vécu plusieurs histoires d’amour marquantes après 50 ans, dont une relation avec le graveur Alexandre Manceau de quatorze ans son cadet?, rappelle la spécialiste, confiante dans la capacité des femmes mûres de se réinventer.
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CHRONIQUE. Ce qu’ont conservé les habitants de Blatten ce sont leurs possessions dématérialisées sur un cloud; mais peut-on se consoler dans les bras d’un nuage?, se demande Alexis Favre
Je viens d’apprendre dans l’excellent journal qui m’héberge une fois par semaine que le philosophe et théologien Jean-Marc Tétaz a tout perdu à Blatten. Ou plus précisément à Ried, où il avait installé sa vie, ses travaux et ses idées. Les 170 mètres linéaires de sa bibliothèque, les notes d’une vie, les trésors de ses aïeux, les Mémoires de son grand-père, exilé du nazisme. «Tout». Englouti par le cône de déjection. Qu’il soit assuré de ma profonde compassion.
Nous vivons paraît-il à l’ère de la donnée infinie. Non plus seulement du Big Data, mais du très très très Big Data, de l’Omni-Data. Nos moindres faits et gestes deviennent inéluctablement des 0 et des 1 dans quelque serveur dûment réfrigéré quelque part. Tout est stocké, traité, traitable, mouliné ou moulinable et in fine monétisable.
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Plus de 60 chefs d’Etat et de gouvernement sont rassemblés dans le sud de la France pour la plus grande conférence internationale jamais organisée sur le milieu marin. Les défenseurs de l’océan espèrent des progrès en faveur de sa protection
Régulateur du climat, havre de biodiversité, source de nourriture pour des milliards de personnes, mais aussi espace d’évasion et d’émerveillement: l’océan joue un rôle central dans l’équilibre de notre planète. Or ces fonctions vitales sont mises en péril par la surpêche, les pollutions et autres destructions liées aux activités humaines. Autant d’enjeux qui ne peuvent être traités isolément, mais doivent faire l’objet d’une action concertée entre Etats.
C’est l’objet de la troisième conférence de l’ONU sur les océans (UNOC 3), qui s’est ouverte lundi 9 juin à Nice, en France, en présence d’une soixantaine de chefs d’Etat et de gouvernement, après la tenue la semaine précédente d’un important congrès scientifique sur le même thème. L’ouverture de l’UNOC a notamment été marquée lundi par l’annonce par le président français Emmanuel Macron, co-organisateur de l’évènement avec le Costa Rica, de l’entrée en vigueur prochaine du traité sur la haute mer.
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Dans les montagnes helvétiques, l’air n’est pas tout à fait clair en dépit du soleil. La cause est à aller chercher du côté des fumées des feux de forêt du Canada, qui ont entre-temps atteint l’Europe
Les fumées provoquées par les incendies précoces qui touchent depuis le milieu du mois de mai le Canada ont atteint le nord-ouest de l’Europe, selon l’observatoire Copernicus. Situées à très haute altitude, elles sont sans danger pour la santé.
Plus de 200 feux sont actuellement actifs sur le territoire canadien, et 2 millions d’hectares ont brûlé. Les régions du nord de l’Ontario, du Manitoba, de la Saskatchewan et de la Colombie-Britannique sont les plus touchées.
Sur le Jungfraujoch, dans les Alpes bernoises, la concentration de particules fines est légèrement supérieure à la valeur limite, avec 57 microgrammes par mètre cube, indique lundi sur X le service météorologique Meteonews Suisse. Au Tessin, le foehn a fait descendre les particules de suie jusque dans les couches d’air plus basses. À Locarno, la visibilité n'était par moments que de cinq kilomètres, selon l’Office fédéral de météorologie et de climatologie.
Les fumées issues des #incendies au #Canada vues d’en haut.
— Sébastien DECAUX (@SebDecaux) June 9, 2025
Vol #Florence/#Nantes avec passage au-dessus des #Alpes dimanche soir. Le voile blanchâtre était permanent et épais pic.twitter.com/mFnrTr7pPf
La teneur élevée en aérosols est également visible sur les images satellites, renchérit l’office fédéral de la météorologie MétéoSuisse sur X. L’atmosphère est également trouble sur le Gemsstock, dans le canton d’Uri.
Qui donc trouble notre ciel ? 😤 Réponse : les #fumées des feux de forêt au #Canada, bien visibles sur les images satellites.
— MétéoSuisse (@meteosuisse) June 9, 2025
Détails à découvrir dans le #blogMétéoSuisse du jour : https://t.co/pciSJmV2g7 pic.twitter.com/mHmchX2ETl
Selon le rapport national sur les incendies de forêt du Canada, une sécheresse et des vents exceptionnels ont favorisé l’apparition et la propagation des incendies.
Ciel brumeux au Gemsstock (https://t.co/nB1WyPpyF3). Selon la rétro-trajectoire, l'air vient du Canada, où les #feuxdeforêt font augmenter les aérosols, également visibles par satellite (NOAA). La mesure de #PM10 de la Jungfrau montre des valeurs élevées de particules fines. https://t.co/PFrzqeVPdm
— MétéoSuisse (@meteosuisse) June 8, 2025
Chaque été, le Canada est confronté à des incendies de forêt. Mais ce début de saison inquiète par sa précocité et sa virulence: l’équivalent de la superficie de la Slovénie a déjà brûlé, et 26 000 personnes ont été évacuées. Les dizaines de mégafeux dans le centre du Canada continuent de se propager. Selon les prévisions des autorités canadiennes, la saison des feux pourrait être «au-dessus de la normale» dans le centre et l’ouest du Canada en juin et juillet, et «bien au-dessus de la moyenne» en août, notamment en raison de la sécheresse grave ou extrême qui sévit dans plusieurs endroits.
Les pays vont-ils enfin ratifier ce traité historique adopté en 2023? A Nice, la plus grande conférence jamais consacrée aux océans réunit les Etats pour tenter de le faire entrer en vigueur et ainsi offrir une protection inédite à la haute mer. Explications
Moins de 1% de la haute mer, cette vaste zone océanique située au-delà des juridictions nationales, bénéficie aujourd’hui d’une protection effective. En mars 2023, les Nations unies ont adopté un traité historique visant à préserver la biodiversité marine et à encadrer l’exploitation des ressources en haute mer. Ce texte, appelé «accord BBNJ» (Biodiversity Beyond National Jurisdiction), pourrait transformer la gestion de ces espaces marins, qui couvrent près de la moitié de la planète et jouent un rôle essentiel dans la régulation du climat et la sécurité alimentaire de milliards de personnes.
Pour entrer en vigueur, ce traité doit être ratifié par au moins 60 pays. La 3e Conférence des Nations unies sur les océans (UNOC 3), qui se tient à Nice du 9 au 13 juin 2025, vise à franchir ce cap décisif. Une fois ratifié, le traité permettra d’instaurer une gouvernance mondiale plus stricte: toute activité en haute mer devra faire l’objet d’une évaluation environnementale rigoureuse, et un mécanisme de partage des bénéfices liés à l’exploitation des ressources génétiques marines sera mis en place.
Malgré ses limites, ce traité représente une avancée majeure dans la protection des océans, offrant une opportunité unique de préserver des écosystèmes marins fragiles face aux pressions humaines croissantes. La communauté internationale suit de près cette conférence historique, qui pourrait marquer un tournant dans la gestion durable des océans et la lutte contre leur dégradation.
CHRONIQUE. L’obsession du président français pour ces sommets, forums et autres initiatives qu’il organise, à tour de bras dans son pays, illustre aussi son manque de marge de manœuvre. La preuve par la Conférence des Nations unies sur les océans à Nice
Dernièrement, face à la crise budgétaire, le parti présidentiel français et son gouvernement minoritaire ont poussé la baisse des aides pour l’achat d’un véhicule électrique ou pour la rénovation d’un logement. Et aussi la réintroduction d’un pesticide par dérogation, afin de calmer la colère des agriculteurs. Tout se passe comme si l’écologie était devenue la variable d’ajustement préférée des macronistes quand ils font face à un problème économique ou social. Même Emmanuel Macron s'en est ému ce week-end en pointant «l'erreur historique de céder aux facilités du moment et de détricoter». Il faut dire que depuis le mouvement des Gilets jaunes, provoqué par une hausse de la taxe carbone aux effets majeurs sur le prix de l’essence, les efforts environnementaux ne séduisent plus beaucoup de politiciens français (et l’argument de «l’écologie punitive» fait partie de ceux qui portent le Rassemblement national au sommet).
Ces derniers jours, l’exécutif français n’a pourtant pas lésiné sur les moyens pour mettre en avant la Conférence des Nations unies sur les océans, coorganisée par la France et qui a lieu à Nice jusqu’au 13 juin. Pas une semaine ne s’est passée ces derniers mois sans que la présidence ou les ministères ne rappellent aux correspondants étrangers l’importance de ce rendez-vous et le rôle majeur que la France prétend y jouer.
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CHRONIQUE. L’effondrement du glacier du Birch sur le village valaisan la semaine dernière a provoqué une onde de choc au-delà des frontières nationales. En 1963, à une époque où l’empreinte de l’homme sur son environnement interrogeait déjà, Dino Buzzati désignait un seul coupable suite à un glissement de terrain meurtrier dans les Dolomites
Pourquoi la catastrophe de Blatten nous touche-t-elle à ce point? Est-il même juste de parler de catastrophe, puisqu’on ne compte pour l’instant qu’une seule personne portée disparue, le pire ayant pu être évité grâce à un exemplaire travail de surveillance? Et pourtant. Voir s’effondrer un paysage et disparaître un lieu de vie, ce n’est pas rien. S’il y a bien quelque chose que cette perte soudaine rend sensible, c’est la solidité du lien entre l’homme et son environnement naturel, qui s’est forgé durant des siècles, pour le meilleur et pour le pire.
Deux univers s’opposent sur les gravats du village de Blatten. Il y a les racines forcément locales d’un événement qui s’ancre dans l’intimité d’une petite communauté ayant vu s’abîmer le monde qui était le sien depuis des siècles. Et puis il y a ses résonances globales, inévitables, nécessaires peut-être, qui s’adressent potentiellement à tous les habitants d’une sphère toujours plus menacée par les catastrophes, réchauffement climatique oblige. Deux types de collectivité, l’une minuscule, l’autre démesurée, qui entrent donc en collision, sans pour autant s’opposer sur le fond de la solidarité humaine.
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Plus de 220 incendies sont toujours actifs au Canada – dont celui de Sandy Lake qui progresse rapidement. Depuis dimanche, l'armée canadienne a installé un pont aérien destiné à évacuer des communautés autochtones du nord de l'Ontario
La situation ne s'améliore pas au Canada. Deux provinces, l'Ontario (centre) et la Colombie britannique (ouest), sont frappées à leur tour par d'intenses incendies de forêt qui ont obligé les habitants de certaines zones à fuir tandis que le nombre de feux ne cesse de grandir sur l'ensemble du pays.
Au total, plus de 220 incendies sont actifs au Canada, dont la moitié jugés hors de contrôle, et quatorze nouveaux départs de feux ont été constatés lundi. Dans ce contexte, plus de 3,2 millions d'hectares ont déjà brûlé, notamment dans le centre du pays touché par une sécheresse.
Depuis dimanche, un pont aérien a été mis en place par l'armée canadienne pour évacuer des communautés autochtones de Sandy Lake, dans le nord de l'Ontario (centre). A la mi-journée lundi, des avions Hercules de l'armée avaient évacué un tiers des 3000 habitants de la ville, a expliqué à l'AFP Delores Kakegamic, cheffe de cette communauté.
Cela a été lent, a-t-elle indiqué, car les conditions de décollage et d'atterrissage sont très complexes dans cette zone forestière.
Selon l'armée, «les conditions dans le nord de l'Ontario se sont rapidement détériorées». Ainsi au cours des dernières 24 heures, l'incendie de Sandy Lake «a progressé de 40 kilomètres», finissant par menacer la ville.
Chaque été, le Canada est confronté à des incendies de forêt mais ce début de saison inquiète par sa précocité et sa virulence. Des mégafeux sont toujours actifs dans le centre du pays (en Saskatchewan et au Manitoba) et d'autres prennent de l'ampleur à l'ouest du pays en Colombie-Britannique.
Sur des images aériennes récupérées par l'AFPTV et tournées par les services de secours de la province, on peut voir d'immenses panaches de fumée qui recouvrent la forêt. Malgré les lacs et les rivières, les flammes s'étendent souvent à perte de vue.
Sur place, hélicoptères et pompiers sont contraints de travailler dans un épais nuage de fumée, qui se répand à des milliers de kilomètres et dégrade fortement la qualité de l'air pour des millions d'habitants en Amérique du Nord. Plusieurs villages ont été évacués.
Avec le réchauffement climatique, le Canada est de plus en plus souvent touché par des événements météorologiques extrêmes. Et le pays reste traumatisé par l'été 2023 qui fut apocalyptique avec 15 millions d'hectares brûlés. La plupart des incendies jusqu'à présent ont été déclenchés par des activités humaines, souvent de façon accidentelle, notamment par des feux de camp mal éteints ou le passage d'un train ou de véhicules tout terrain dans un paysage très asséché.
En Suisse, les animaux sont aussi exposés aux microplastiques, révèle une étude de Greenpeace publiée mardi. L’enquête se base sur un petit nombre d’échantillons mais offre «une première indication de la situation en Suisse»
La contamination aux microplastiques n’épargne pas la faune sauvage en Suisse. Une étude de Greenpeace publiée mardi, qui repose sur l’analyse de crottes d’animaux, débouche sur des conclusions sans appel. Cette pollution touche toutes les espèces et toutes les régions du pays.
Des variations importantes ont toutefois été constatées. Ainsi, plus de 600 particules de microplastique par gramme ont été découvertes dans les déjections de deux sangliers, l’un en Valais, l’autre dans le canton de Berne. Ramassée dans les Grisons, la crotte d’un loup ne contenait en revanche que 7 morceaux de plastique par gramme.
Ces résultats, dans leur teneur générale, correspondent à d’autres études effectuées sur des excréments d’animaux sauvages dans d’autres pays et pour d’autres espèces, relève Greenpeace dans son étude. Des microplastiques ont, par exemple, été trouvés dans des crottes de lapins au Mexique ou des crottes de loutres en Autriche.
C’est l’équipe du docteur Florian Breider, du laboratoire central de l’environnement de l’EPFL, qui a procédé aux analyses. Quinze échantillons d’excréments ont été passés au crible. Les particules de microplastique entre 0,05 mm et 2 mm ont été recensées. Aucun morceau plus grand que 2 mm n’a été détecté.
Greenpeace précise que son étude revêt «un caractère instantané». L’analyse porte, certes, sur un petit nombre d’échantillons, mais elle donne néanmoins «une première indication de la situation en Suisse». Il est «frappant» de constater une présence généralisée de microplastiques dans des prélèvements faits de manière aléatoire.
Outre le nombre de particules, l’analyse en laboratoire livre des informations sur la composition des microplastiques détectés, note le rapport de l’association de défense de l’environnement. Tous les échantillons, hormis deux exceptions, contiennent «au moins 5 types de plastiques» et jusqu’à 10 pour une fouine valaisanne.
Les animaux sauvages ingèrent non seulement des quantités considérables de plastique, mais sont également exposés «à un cocktail de substances différentes». Greenpeace rappelle que les microplastiques peuvent altérer la fonction de certains organes et peuvent contenir des additifs chimiques toxiques.
Greenpeace estime que son étude mériterait d’être approfondie, avec une analyse plus fine prenant, par exemple, en compte la manière de se nourrir des animaux et leur habitat, proche ou éloigné des zones urbaines. L’organisation écologiste appelle en tout cas à des mesures fortes pour lutter contre la pollution aux microplastiques.
Alors qu’une conférence internationale sur les océans se tient à Nice en France, zoom sur une technique de pêche controversée: les dispositifs de concentration de poissons ou DCP. Cette méthode de pêche intensive aurait des conséquences plus graves que prévu
La pêche au thon est une des plus largement pratiquées à travers le monde et une des plus lucratives. Quelque 5 millions de tonnes de ces grands prédateurs sont pêchées chaque année pour la consommation humaine. D’abord le fait de petits Etats insulaires, cette pêche s’est industrialisée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, ce qui a mené à une multiplication par 12 des prises entre 1950 et 2016.
Les prises concernaient initialement des thons nageant librement dans les océans, mais depuis les années 1990, une nouvelle méthode s’est imposée pour les capter: les DCP, ou «dispositifs de concentration de poissons». «Si vous mettez une bille de bois dans l’eau, cela attire les poissons curieux qui se massent autour: c’est un DCP, résume Laurent Dagorn, directeur de recherche spécialisé en pêcherie à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) en France. Bien sûr, aujourd’hui, les dispositifs utilisés par le passé se sont perfectionnés.»
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Alors que les vents peinent à balayer les particules fines issues du Canada, un changement de masse d’air provenant du sud apportera jeudi des poussières du Sahara en haute altitude. Le ciel restera laiteux en Suisse jusqu’à dimanche
Le plateau et les fonds de vallées baignent dans la brume et ce voile masque depuis lundi la vue sur les massifs et sur le ciel bleu. Des particules fines, émises par les feux de forêt en cours au Canada, ont volé depuis l’ouest, au-dessus de l’Atlantique jusqu’en Europe occidentale. Et elles tendent à stagner, notamment au-dessus de la Suisse. «Ces aérosols ont de la peine à se dissiper car le vent n’est pas très fort, rapporte Christophe Salamin, prévisionniste chez MétéoSuisse. Les particules fines sont encore bien présentes en dessous de 2000 mètres, selon le sondage réalisé ce mercredi à Payerne.»
Spécialiste des risques naturels en altitude, le professeur de l’Université de Genève Markus Stoffel explique pourquoi des coulées de boue se produisent actuellement en Valais et indique quel est leur lien avec le changement climatique
Des coulées de boue charriant des débris de bois, de terre et de gros cailloux s’abattent depuis plusieurs jours sur le Haut Val de Bagnes, ce qui a contraint les autorités à évacuer une trentaine d’habitants. Le professeur de l’Université de Genève Markus Stoffel, natif de Viège et spécialiste des risques naturels en altitude, revient sur les phénomènes en cause.
Alors que se tient la Conférence des Nations unies sur les océans, nombre de riches libertariens fantasment sur l’idée de mettre à flot des villes nouvelles. En face, des voix critiquent cette volonté de coloniser les eaux. De quoi augurer une nécessaire régulation
Cent vingt jours d’affilée sous l’eau, dans une capsule. C’est le record du monde de longévité sous-marine qu’a battu Rüdiger Koch le 24 janvier dernier. L’ingénieur allemand sera peut-être le premier d’une longue lignée à passer autant de temps dans les profondeurs. Son «expédition» au large des côtes du Panama a été largement relayée par le Seasteading Institute – une organisation qui promeut «la création de villes océaniques flottantes en tant que solution révolutionnaire à certains problèmes parmi les plus pressants du monde».
Cette organisation fondée en 2008 est notamment soutenue par des magnats de la tech de la Silicon Valley, comme Peter Thiel, proche d’Elon Musk, avec lequel il a notamment fondé PayPal. Si l’homme d’affaires s’est depuis retiré du Seasteading Institute, sa vision libertarienne y est toujours bien ancrée.
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Le chalutage, une pratique destructrice responsable d’un quart des captures mondiales, reste autorisé dans la majorité des aires marines dites «protégées». A l’occasion de la Conférence de l’ONU sur les océans, on vous explique pourquoi.
En Europe, près de 60% des aires marines protégées restent ouvertes au chalutage industriel. Cette méthode de pêche, qui consiste à traîner d’immenses filets sur les fonds marins, est l’une des plus destructrices qui soient: elle rase les habitats, capture sans distinction poissons, crustacés et espèces vulnérables, et contribue fortement aux émissions de CO2. Pourtant, elle représente encore un quart des captures mondiales.
Comment expliquer qu’une telle pratique soit encore autorisée dans des zones censées protéger la biodiversité? En réalité, derrière le label «aire marine protégée», se cachent des réalités très disparates. Il existe des dizaines de statuts différents, avec des niveaux de protection variables – souvent symboliques. En France, par exemple, on recense plus de 18 catégories différentes, sans interdiction systématique des activités industrielles.
A l’occasion de la Conférence des Nations unies sur les océans, qui se tient à Nice du 9 au 13 juin, plusieurs ONG réclament une protection réelle des océans: interdiction totale du chalutage industriel dans toutes les aires protégées, adoption des critères stricts de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et meilleure localisation des zones à préserver.
La ratification du traité sur la haute mer par une cinquantaine de pays, actée lundi à Nice, permet d’espérer une entrée en vigueur rapide de cet accord
Le sommet de l’ONU sur l’océan s’achève vendredi à Nice sur une avancée, saluée par les ONG, vers une meilleure protection de la haute mer, mais sans promesses de financements de grande ampleur.
Un durcissement du ton sur l’exploitation minière des fonds marins a marqué le sommet, qui a réuni sur la Côte d'Azur une soixantaine de dirigeants du monde entier. Mais des reculs sur les énergies fossiles et des déceptions sur la protection des aires marines ont laissé un goût d’inachevé aux défenseurs de l’environnement ou aux dirigeants d’Etats insulaires.
Saluée par tous, la ratification du traité sur la haute mer par une cinquantaine de pays, actée lundi à Nice, permet d’espérer une entrée en vigueur rapide de cet accord international destiné à mieux protéger les eaux internationales (au-delà de 200 milles marins des côtes, soit 370 km).
Rebecca Hubbard, de la High Seas Alliance, un regroupement d’une cinquantaine d’ONG, a salué un «progrès incroyable». Mais «nous devons garder le pied sur l’accélérateur», a-t-elle prévenu, alors que le traité n’entrera en application que 120 jours après le dépôt de la 60e ratification.
La France n’a pas réussi à atteindre ce chiffre clé à Nice, comme souhaité par le président français Emmanuel Macron. Mais «il y a eu une mobilisation démente», se réjouit Romain Troublé, directeur de la Fondation Tara Océan.
«Une vraie accélération», abonde François Chartier, de Greenpeace. «A priori, le traité va être finalisé avant la fin de l’année et on va pouvoir travailler sur les premières aires marines protégées en haute mer.»
Dès l’ouverture du sommet, les dirigeants de la planète ont durci le ton face à la décision de Donald Trump de lancer unilatéralement l’exploitation des «nodules» polymétalliques dans les eaux internationales du Pacifique.
«Les abysses ne sont pas à vendre», a lancé Emmanuel Macron, parlant de «folie» et d'«action économique prédatrice», tandis que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, mettait en garde contre un nouveau «Far West».
Cette rhétorique ferme n’a toutefois pas permis d’élargir sensiblement la coalition pour un moratoire sur l’exploitation minière des fonds marins, passée de 32 à 37 pays seulement, sur les 169 États membres de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), chargée de rédiger un code minier.
De la Colombie aux Samoa, en passant par le Portugal, la Grèce ou la Polynésie, des pays partout dans le monde ont annoncé la création d’aires marines protégées (AMP), ou le renforcement des aires existantes, notamment en y interdisant le chalutage de fond.
Le monde pourrait dépasser les 10% d’AMP à l’issue de la conférence, contre 8,34% auparavant. La faiblesse des annonces de la France, avec une limitation du chalutage de fond sur 4% seulement des eaux hexagonales, a déçu les ONG.
Principales causes du réchauffement climatique, les énergies fossiles (gaz, pétrole et charbon) ne sont pas mentionnées dans le projet de déclaration finale qui doit être adopté vendredi.
Le texte pointe «les effets néfastes du changement climatique» pour l’océan et ses écosystèmes, sans pour autant plaider en faveur d’une «transition» vers l’abandon des énergies fossiles, comme lors de la COP28 de Dubaï en 2023.
«C’est la principale cause de la détérioration des océans, et nous n’en parlons pas assez, c’est regrettable», a estimé Ralph Regenvanu, ministre de l’Environnement de l’archipel volcanique du Vanuatu, dans le Pacifique.
Les 100 milliards de dollars de financement, évoqués par le Costa Rica avant la conférence de Nice, ne se sont pas matérialisés.
Quelque 175 milliards de dollars (141 milliards de francs) par an sont nécessaires pour atteindre l’objectif de développement durable de l’océan d’ici 2030, selon un rapport du Forum économique mondial de 2022.
«Tapinoma magnum», une espèce exotique invasive capable de constituer des colonies de millions d’individus, se répand en Suisse. Des mesures destinées à contrôler sa propagation ont été prises dans la commune la plus méridionale du pays
Elles sont petites et noires, et les ouvrières sont de tailles différentes. Lorsqu’on les écrase, elles ont une odeur caractéristique de beurre rance. Et surtout, elles créent des super-colonies, comptant des millions d’individus. Tapinoma magnum est une espèce exotique de fourmi invasive, dont l’origine exacte n’est pas encore déterminée. Elle viendrait du bassin méditerranéen occidental, d’Afrique du Nord ou du sud de l’Europe.
«Si vous voyez une autoroute de fourmis à dix voies dans votre jardin, c’est probablement elle!», indique la myrmécologue (du grec myrmex, qui signifie «fourmi») Cleo Bertelsmeier, professeure à l’Université de Lausanne. Normalement, une colonie de fourmis est pourvue d’un nid et d’une ou quelques reines, et les colonies sont agressives entre elles. «En revanche, ici, on a une structure polygyne (comptant plusieurs reines) et de nombreux nids, tous connectés les uns aux autres. Et les fourmis coopèrent: elles s’échangent la nourriture, couvent les bébés des autres», précise-t-elle.
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Les chenilles du papillon bombyx disparate ont déjà dévoré 20 000 hectares de forêts en Corse. S'il est bien connu dans l'île française, le phénomène, exacerbé par la chaleur récente, représente un enfer dans les villages touchés, où tout semble avoir brûlé
«Pour les pouvoirs publics, ce n'est pas grave, mais pour nous c'est une catastrophe.» Jean-Marie Casamarta, 49 ans, propriétaire de la maison d'hôtes Zella, à Guitera-les-Bains, village corse réputé pour son eau chaude sulfureuse a «l'impression d'être dans Le Seigneur des Anneaux, quand ils tuent dix orques et qu'il en arrive 100!» Car rien n'y fait: «J'en ai tué des milliers, j'ai balayé, brûlé, noyé, mis de l'insecticide bio et fait venir à deux reprises une société spécialisée, pour un total de 1700 euros, ce qui a permis de sauver la saison, mais elles reviennent en permanence.» Elles, ce sont les chenilles du papillon bombyx disparate, qui ont déjà dévoré 20 000 hectares de forêts en Corse.
Isolée dans la forêt, la maison de Jean-Marie Casamarta est au cœur de l'exploitation agricole familiale, avec 150 cochons, une fromagerie, des chênes multicentenaires et… ces chenilles de quelques centimètres très poilues, «i brughi» en corse, qui ont métamorphosé les collines boisées, les faisant virer au gris-brun, comme calcinées. «Je pensais que la vallée avait brûlé, comme il y a 40 ans», a cru Ernest Albucker, apiculteur de 70 ans à la retraite et en vacances en Corse, l'île méditerranéenne la plus boisée avec 550 000 hectares de forêts, soit 58% du territoire, selon l'Office national des forêts. «Les routes sont brunes», tachées par des milliers de chenilles écrasées, témoigne Serkan Aksin, motard gallois de 47 ans venu de Cardiff, surpris par ce paysage monochrome insolite et «l'odeur âcre».
Si cette invasion est visuellement impressionnante, cela reste un phénomène naturel bien connu dans l'extrême sud de l'île, qui dure de fin avril à juillet, quand les chenilles deviennent papillons, tente de rassurer la préfecture de Corse, précisant que «les cycles de pullulation durent de deux à quatre ans, avec une période de latence de six à 12 ans entre chaque cycle».
«Les populations de chenilles vont se réguler naturellement dès la mi-juin, avec la diminution de ressource alimentaire et l'accroissement des prédateurs, notamment des oiseaux», explique la préfectur, imputant l'ampleur du phénomène aux fortes températures récentes et soulignant que s'il affaiblit nécessairement les arbres touchés, il ne les tue pas. C'est la deuxième année de pullulation, et après 5000 hectares touchés en 2024, 20 000 hectares déjà ont donc déjà été affectés cette saison, confirme Orso Cerati, l'un des six observateurs insulaires pour le département de la santé des forêts (DSF). «On les entend manger dans les feuillages», souligne-t-il expert.
«Psychologiquement c'est dur, c'est un combat quotidien et on a perdu de l'activité. Des randonneurs ont annulé», déplore Jean-Marie Casamarta, «en colère contre les pouvoirs publics». Contrairement à sa cousine processionnaire, la chenille du bombyx disparate «ne possède pas de poils urticants», tempère la préfecture, même si plusieurs villageois, dont le propriétaire de la maison d'hôtes Zella, assurent photos à l'appui, avoir développé des plaques rouges. «C'est invivable, l'enfer; dès six heures du matin on balaye les terrasses, les façades, il y en a partout, même dans l'insert de la cheminée. On vit enfermé, on n'a pas le choix», confie Juliette Giannotti, factrice de 54 ans. «En 50 ans, je n'ai jamais vu ça.» Dès mi-juillet, les arbres dévorés, principalement les chênes, vont recommencer à faire des feuilles, précise Orso Cerati. Mais cela est coûteux en énergie et réduira la production de glands.
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President Trump's approach to deportations is giving Democrats a unifying message in opposition to him. But the Democratic Party still lacks a common vision for what it would do differently.
The official focus of the parade was the commemoration of the U.S. Army's 250th anniversary. But critics say the president is using the military show of force to push a political agenda and celebrate his birthday, which happens to fall on the same date.
Health Secretary Robert F. Kennedy Jr. apparently embraces the outdated "miasma theory" of disease instead of the widely accept "germ theory" of disease, which may help explain some of the actions he's been taking.
Organizers are accusing the president of putting on the parade as a show of dominance. The protests were peaceful, but came against the backdrop of assassinations in Minnesota.
Reporter Kevin Sack's new book is a history of Charleston's Emanuel AME Church, the oldest Black congregation in the South, where a white supremacist killed nine worshippers a decade ago.
Tom Hiddleston stars in the new adaptation of Stephen King's novella — which is somehow a very sweet film about the inevitable approach of death.
A former Minnesota House speaker and her husband were killed and a state senator and his wife were wounded in targeted shootings Saturday at their homes near Minneapolis, officials said.
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Israel's military says the nine nuclear scientists killed played spent decades working on Iran's nuclear program.
People gathered for pro-democracy protests across the country today.
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