Un avion de tourisme a frôlé samedi des randonneurs à ski sur le versant suisse du massif du Mont-Rose. Le pilote encourt une sanction pénale et un retrait d’une durée déterminée de sa licence et de ses qualifications
Un avion de tourisme immatriculé à Genève a frôlé des randonneurs à ski samedi sur un glacier du versant suisse du massif du Mont-Rose. Les autorités fédérales ont ouvert une procédure, alors que le pilote a présenté ses excuses pour cette «grave erreur d’appréciation».
L’Office fédéral de l’aviation civile (OFAC) «a connaissance de l’incident impliquant un avion immatriculé en Suisse qui a eu lieu le 26 avril sur un glacier dans la région du Mont Rose», a-t-il indiqué mardi, revenant sur une information diffusée par plusieurs médias. Il a ouvert une procédure «afin de clarifier l’état de fait et de donner à cet incident toutes les suites qui conviennent».
Selon l’office fédéral, le pilote concerné encourt une sanction pénale et un retrait d’une durée déterminée de sa licence et de ses qualifications.
Une vidéo tournée par un des randonneurs présents et publiée sur les réseaux sociaux montre le petit avion à moteur atterrir au col Sesia, à 4230 mètres d’altitude, avant de faire demi-tour et de s’élancer dans la pente. L’appareil prend de la vitesse mais ne parvient pas à décoller et passe à travers une colonne de randonneurs.
Dans une lettre en anglais adressée à ses «chers collègues pilotes et de montagne» et publiée mardi par les médias italiens, le pilote présente ses excuses. Il assure avoir commis «une grave erreur d’appréciation» et avoir signalé immédiatement l’incident au service concerné. Il dit attendre la procédure.
«Je suis profondément désolé pour la communauté que j’aime plus que tout. J’espère que cela n’arrivera jamais à aucun d’entre vous», ajoute cet homme, qui affirme voler depuis 45 ans et avoir depuis cette année la formation pour atterrir et décoller sur des glaciers.
Dans un communiqué, l’Aéroclub de Genève, propriétaire de l’appareil, confirme que le pilote s’est spontanément signalé auprès des autorités et a transmis son rapport des faits le jour même de l’événement. Il précise que l’avion était utilisé à titre personnel par un pilote privé «dans le cadre d’une activité privée, sans lien avec l’activité de formation de notre école».
ANALYSE. Il était partant, puis s’est rétracté. Si le ministre chrétien-social indépendant explique ne pas briguer de troisième mandat, pour relever d’autres défis, son retrait met surtout en évidence les tensions internes qui agitent son parti à l’approche des élections cantonales
Cela aurait dû être le duel des primaires des partis jurassiens en vue des élections au Gouvernement cantonal du 19 octobre prochain, mais il n’aura finalement pas lieu. Alors qu’il s’était mis à disposition de son parti il y a quelques semaines, le ministre chrétien-social indépendant (PCSI) sortant David Eray a provoqué une certaine stupeur mercredi dernier en annonçant qu’il ne briguerait pas de troisième mandat. Le chef du Département de l’environnement laisse ainsi le champ libre à Damien Chappuis, maire de Delémont depuis 2015, qui s’était lancé face à lui. Les deux hommes auraient dû être départagés ce mercredi lors d’un congrès qui promettait des étincelles, leur parti ayant décidé en fin d’année dernière de ne mettre qu’un seul candidat en liste.
Dans un communiqué, le Franc-Montagnard de 52 ans a annoncé que le moment était venu de «passer le témoin afin de pouvoir encore saisir l’opportunité de relever de nouveaux défis», tout en soulignant avoir toujours été loyal envers son parti. Quelques heures plus tard, le PCSI réagissait brièvement en accueillant sa décision «avec une sincère reconnaissance et une vive émotion», en mettant en avant «le travail exemplaire qu’il avait accompli» ces dix dernières années. Au micro de la radio régionale RFJ, David Eray assurait soutenir la candidature de Damien Chappuis, tandis que ce dernier remerciait le ministre d’avoir ainsi montré «son attachement au parti et à l’intérêt général».
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Biopic d’une des Femen ukrainiennes originales, «Oxana», de Charlène Favier, retrace un parcours d’engagement pur et dur. Un film digne, mais qui invisibilise par trop l’ennemi
Il y a 10 ans, le Neuchâtelois Alain Margot signait avec Je suis Femen un documentaire centré sur Oxana (ou Oksana) Chatchko, l’une des fondatrices du mouvement: une jeune Ukrainienne gracile, également artiste peintre, et néanmoins dotée d’un tempérament de guerrière, prête à se battre jusqu’au bout pour ses idéaux d’égalité, de liberté et de justice. Quatre ans d’exil plus tard, le 24 juillet 2018, on apprenait sa mort à Paris – un suicide à tout juste 31 ans. Cette héroïne si vibrante et ce sentiment d’un terrible gâchis pouvaient difficilement échapper à un biopic. Le voici, signé par la Française Charlène Favier.
Pour son deuxième long métrage après Slalom (avec Jérémie Renier et Noée Abita, sur une relation abusive entre une jeune skieuse et son coach), la cinéaste n’a pas révolutionné le genre. Elle part du soir fatidique, qu’elle fait coïncider avec le vernissage d’une exposition personnelle d’icônes plus ou moins blasphématoires, pour revisiter ensuite les moments clés de l’existence d’Oxana. Avec en prime, en ouverture et en clôture, une nuit de Kupala, fête d’origine païenne qui marque le solstice d’été, ici censée représenter un côté «sorcière».
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CHRONIQUE. Meurtres en France dans un lycée puis, sans lien, dans une mosquée: une inflexion pourrait émerger dans les réactions des franges politiciennes les plus dures, y compris au Rassemblement national
Ces derniers jours d’actualité en France auront été particulièrement marqués par deux meurtres à l’arme blanche, sans aucun lien entre eux mais qui ont largement fait réagir la classe politique du pays. Un élève d’un lycée catholique de Nantes, aux troubles psychiques évidents, a tué jeudi une camarade de 57 coups de couteau. Et vendredi, un jeune Français d’origine bosnienne a poignardé à l’aveugle un fidèle musulman malien dans une mosquée du Gard. Là encore, des dizaines de coups ont été portés.
Dans les deux cas, les politiciens de tous bords ont largement tenu à réagir et à afficher leur émotion. Dans ces réactions, on notera ce qui pourrait être perçu comme une inflexion des habitudes.
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Un juge de l’Audience nationale, juridiction madrilène chargée des affaires les plus graves, a annoncé l’ouverture d’une audience sur les causes de l’incident qui a privé la péninsule Ibérique d’électricité ce lundi
Le gouvernement espagnol et la justice madrilène, qui va ouvrir une enquête sur un éventuel sabotage informatique, vont se pencher sur les causes de la méga-panne électrique qui a privé lundi toute la péninsule ibérique électrique de courant pendant de nombreuses heures. Toutes «les mesures nécessaires seront prises pour que cela ne se reproduise pas», a assuré mardi le premier ministre socialiste Pedro Sánchez lors d’une conférence de presse, annonçant la création d’une commission d’enquête chapeautée par le ministère de la Transition écologique.
«Les techniciens du réseau électrique continuent à réaliser une analyse de leur système. Nous attendons de recevoir leurs résultats préliminaires dans les prochaines heures ou prochains jours», a-t-il expliqué. «Aucune hypothèse ne sera écartée tant que nous ne disposerons pas de ces résultats d’analyse», a-t-il aussi déclaré.
Quasiment au même moment, un juge de l’Audience nationale, la juridiction madrilène en charge des affaires les plus graves, dont celles de terrorisme, a de son côté annoncé l’ouverture d’une enquête sur un éventuel «sabotage informatique». L’objectif de ces investigations? «Déterminer si la panne de courant survenue hier dans le réseau électrique espagnol qui a affecté tout le pays, pourrait être un acte de cyber-sabotage contre des infrastructures critiques espagnoles et, si tel est le cas, pourrait être qualifiée de délit terroriste», résume un communiqué.
A la mi-journée, la piste de la cyberattaque avait pourtant été écartée par le gestionnaire du réseau électrique espagnol (REE). «Au vu des analyses que nous avons pu réaliser jusqu’à présent, nous pouvons écarter un incident de cybersécurité dans les installations du réseau électrique», avait assuré Eduardo Prieto, directeur des opérations du gestionnaire de REE.
Une piste également exclue par le gouvernement portugais, même si les causes de cet évènement inédit restent encore à préciser, REE ayant évoqué dès lundi soir une «forte oscillation des flux de puissance» sur le réseau électrique «accompagnée d’une perte de production très importante», un phénomène ayant entraîné la déconnexion du système espagnol du réseau européen.
Lors de sa conférence de presse mardi en début d’après-midi, Pedro Sánchez a également pris soin d’assurer que la méga-panne électrique n’était pas liée à un manque d’énergie nucléaire en Espagne, rejetant les critiques émises notamment par le parti d’extrême droite Vox, et relayées aussi par de nombreux utilisateurs sur les réseaux sociaux. «Ceux qui lient cet incident au manque de nucléaire mentent franchement ou démontrent leur ignorance», a insisté le chef du gouvernement espagnol. La question du nucléaire est au cœur du débat politique depuis plusieurs mois en Espagne, dont le gouvernement a annoncé la prochaine fermeture de deux de ses sept derniers réacteurs, qui pèsent pour 20% de son mix électrique, contre 40% pour le solaire et l’éolien.
Selon REE, le système électrique espagnol, qui avait été remis en marche à plus de 99% mardi matin, était à la mi-journée pleinement opérationnel, comme le réseau portugais selon l’opérateur REN. Dans les rues des villes espagnoles, le retour du courant lundi soir a souvent été accompagné d’applaudissements et de cris de joie des habitants. Il a permis de rétablir le trafic ferroviaire sur plusieurs grands axes, dont Madrid-Séville et Madrid-Barcelone, selon la compagnie nationale Renfe.
A la gare d’Atocha, la situation restait encore compliquée mardi matin, avec une foule de passagers attendant désespérément leur train. A chaque annonce d’un départ, les voyageurs applaudissent, ont constaté des journalistes de l’AFP. A Madrid, bars et magasins ont rouvert progressivement leurs portes mardi matin, reprenant une activité normale après avoir dû pour la plupart fermer leurs portes dans la précipitation lundi. La plupart des écoles ont également accueilli normalement les élèves, même si le système espagnol très décentralisé laisse une grande latitude aux différentes régions pour trancher ces questions.
Déjà, les Espagnols tirent des leçons de cette extinction subite de tout le système électrique. Avoir chez soi un transistor, des piles, des bougies et du liquide: c’est ce que beaucoup retiennent, comme Valentin Santiago, technicien environnemental de 48 ans, qui ne souhaite «jamais, ô grand jamais» se séparer de sa bonbonne de gaz. «Ca a été une après-midi de répit, une pause technologie, une déconnexion improvisée. (…) On est prêts pour n’importe quoi depuis la pandémie, tout nous paraît plus simple», estime de son côté Marcos Garcia, un avocat madrilène âgé de 32 ans. Le retour complet à la normale était attendu avec impatience en Espagne comme au Portugal après une longue journée passée à jongler avec les difficultés, entre métros fermés, bus saturés, trains bloqués et communications extrêmement difficiles.
Le parquet de Halle annonce ce mardi qu’un jeune homme de 19 ans a été arrêté mi-février en Suisse et extradé en Allemagne le 22 avril. Il est soupçonné d’avoir planifié un «attentat à motivation d’extrême droite» contre la synagogue de la ville, déjà ciblée par un néo-nazi en 2019
La justice allemande a annoncé mardi l’arrestation en Suisse d’un jeune de 19 ans soupçonné d’avoir planifié une attaque contre la synagogue de Halle (est). L’édifice avait déjà été ciblé en 2019 par un néonazi. Le suspect, sur l’identité duquel le parquet de Halle ne donne pas de détails, a été appréhendé mi-février en Suisse où il vivait au moment des faits qui lui sont reprochés. Il a été extradé en Allemagne et remis aux autorités le 22 avril. Il est accusé d’avoir «préparé un acte de violence grave mettant en danger l’Etat et de détention illégale d’une arme à feu», a précisé le parquet dans un communiqué.
Concrètement, il aurait planifié «un attentat à motivation d’extrême droite» contre la synagogue de Halle, annonçant son intention entre juillet 2024 et février 2025 via des messages sur la plateforme Telegram. Il s’est procuré un fusil pour accomplir son projet. Selon le parquet, la date précise de l’attentat n’était pas encore fixée. Le suspect, qui a vécu précédemment à Halle, nie quant à lui «avoir sérieusement envisagé de passer à l’acte», selon le communiqué.
Cette même synagogue a fait l’objet en octobre 2019 d’un attentat par un néo-nazi lors de la fête juive de Yom Kippour. L’attaquant, condamné depuis à la prison à vie, n’avait pas réussi à forcer la porte du bâtiment, mais avait abattu une passante et un jeune réfugié avant d’être interpellé.
L’Allemagne a connu une recrudescence des attaques et complots de mouvances d’extrême droite ces dernières années. Les autorités sont également sur le qui-vive face à une montée des délits à caractère antisémite depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza.
Adaptant un best-seller américain, le réalisateur vétéran des séries de HBO revisite dans «Les Indomptés» une époque de carcan social étriqué à travers des personnages libres. Un mélo hollywoodien queer et woke
Toujours à contretemps, Hollywood nous abreuve ces jours de fables féministes, inclusives ou écologistes d’une sincérité parfois discutable. Voici un nouveau film plus singulier que ces Wicked, Captain America – Brave New World ou encore The Legend of Ochi, qui ne va pas plus plaire à Trump et à ses équipes: un mélodrame d’apparence lisse et classique, situé dans les années 1950, quand les Etats-Unis communiaient encore aux mêmes valeurs blanches et… à l’exception de quelques courageux dont on redécouvre enfin l’histoire.
L’originalité des Indomptés provient en fait du roman de Shannon Pufahl dont il est tiré, On Swift Horses en anglais mais dont personne n’a songé à reprendre le titre traduit: Et nous nous enfuirons sur des chevaux ardents. Un premier roman de sensibilité clairement queer, qui ne se contente pas d’écorner la surface lisse de la société d’après-guerre. On y trouve aussi une vraie appréciation des mélodrames et romans noirs de l’époque, juste mise au service de ces vies qui ne cadraient pas avec la norme.
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L’idée révélée par un site spécialisé a été envisagée par l’équipe produits du géant de l’e-commerce mais ne sera pas appliquée. Amazon est frappé de plein fouet par les nouveaux droits de douane et cherche à en éviter les conséquences
Que s’est-il passé entre la Maison-Blanche et Amazon ce mardi 29 avril 2025? Le site spécialisé Punchbowl News a affirmé dans un premier temps détenir des informations selon lesquelles le géant de l’e-commerce s’apprêtait à spécifier sur certains de ses produits la part du prix directement imputable aux droits de douane imposés par le gouvernement américain. L’attachée de presse de la Maison-Blanche a très vite réagi lors d’une réunion avec des journalistes, affirmant qu’une telle attitude de la part d’Amazon serait «hostile et politique».
«Pourquoi n’ont-ils pas fait ça lorsque l’administration Biden a fait grimper l’inflation à son plus haut niveau en quarante ans?» a-t-elle ajouté, refusant toutefois de s’exprimer sur les relations entre le propriétaire d’Amazon, Jeff Bezos, et le président des Etats-Unis, Donald Trump. La perspective d’une confrontation publique semblait réelle. Mais la tension n’aura pas duré bien longtemps. Amazon a annoncé qu’il n’afficherait pas le coût des droits de douane sur ses produits.
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Airbus et Boeing vont se partager les activités de leur fournisseur en difficulté, pointé du doigt pour des défauts de qualité après une porte arrachée en plein vol. Le constructeur européen a annoncé un accord définitif pour la reprise de plusieurs sites
Il y a un peu plus d’un an, la porte d’un Boeing 737 Max s’est arrachée en plein vol. Une énième crise pour l’avionneur américain, déjà ébranlé par deux crashs en 2018 et 2019 et une série d’autres incidents techniques. Ce nouvel accident a mis une nouvelle fois en lumière les problèmes de production et contrôle qualité qui sévissent chez Boeing. Mais il a aussi braqué les projecteurs sur son fournisseur Spirit AeroSystems. Basée dans le Kansas, l’entreprise est spécialisée dans la production d’éléments de fuselage, d’ailes ou encore de supports de réacteurs pour le géant américain mais aussi pour son concurrent européen Airbus.
Après plusieurs mois de négociations, celui-ci a annoncé ce lundi avoir trouvé un accord avec Spirit AeroSystems pour reprendre trois sites de production (aux Etats-Unis, en France et au Maroc) et une partie des activités sur trois autres sites (aux Etats-Unis, en Irlande et en Ecosse). Une manière pour le constructeur européen de réintégrer ces activités au groupe à moindres frais. Airbus se voit en effet indemnisé à hauteur de 439 millions de dollars par Spirit AeroSystems pour cette opération. En contrepartie, il s’est engagé à fournir des lignes de crédit sans intérêt à hauteur de 200 millions de dollars.
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OPINION. S’appuyant depuis 1945 sur les Etats-Unis pour sa sécurité, le Japon voit avec inquiétude son puissant allié renâcler à tenir les engagements issus de ses alliances et s’attaquer à l’ordre international, observe Antoine Roth, de l’Université de Sendai
«Nous ne pouvons en aucun cas être optimistes quant à l’avenir de la communauté internationale.» C’est avec cet avertissement dramatique que se concluait la stratégie de défense nationale du Japon, publiée fin 2022. Après l’invasion russe de l’Ukraine, et ayant depuis longtemps fait face aux ambitions d’expansion maritime de la Chine, le gouvernement japonais exprimait sa crainte que «l’ordre international libre, ouvert et stable» qui avait assuré la sécurité et la prospérité du pays depuis des décennies, était au bord de l’effondrement. Dans la tourmente, le principal refuge du Japon restait l’alliance avec les Etats-Unis, pilier central de sa stratégie de défense depuis la Seconde Guerre mondiale. Le choc pour Tokyo de voir désormais ce même allié s’attaquer avec hargne à l’ordre international est donc profond.
Le premier ministre Ishiba Shigeru a déclaré faire face à une «crise nationale». La cause la plus immédiate en est les tarifs imposés par Donald Trump, qui mettent en danger les exportations de biens industriels dont dépend le Japon.
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Quelque 170 emplois à mi-temps, dans un secteur aux salaires bas, seront transformés en temps complets, pour un coût d’environ 5 millions par an. Les nouvelles pratiques d’hospitalisation ont facilité un accord «historique»
En annonçant l’accord trouvé pour le personnel de propreté et d’hygiène des HUG, Joaquim Soares, membre d’Avenir syndical et employé de nettoyage à l’hôpital, était ému, ce mardi à Genève. «Quand on voit tous ces gens qui n’arrivent pas à payer leurs factures, c’est dur. Ce dossier me tenait particulièrement à cœur, pour mes collègues.» Alors que le personnel de nettoyage des HUG est à 80% féminin, ces mi-temps non souhaités conduisent à des salaires de «2200 à 3000 francs par mois, selon l’ancienneté», explique Yves Mugny, lui aussi secrétaire syndical d’Avenir syndical. «Une grande partie sont des femmes qui doivent chercher des heures de nettoyage à côté, précise sa collègue Sabine Furrer. Cela rend leur vie très compliquée, en particulier pour les mères célibataires.» Dès le 1er février 2026, celles et ceux qui le souhaitent pourront passer à 100%, un accord «historique», selon Avenir syndical et Syna.
La population devrait s’exprimer l’année prochaine sur l’interdiction de l’importation du foie gras. Le Conseil fédéral s’oppose à cette restriction. Et au parlement, on se dirige plutôt vers un durcissement d’importation. Explications
L’initiative visant à interdire l’importation de foie gras dans le pays a abouti le 28 décembre dernier. La population devra donc trancher. Entre une Suisse romande qui apprécie foie gras, magret et confit (mets concernés par l’interdiction) et une Suisse alémanique qui veut imposer sa sensibilité alimentaire sur l’ensemble du territoire, le Röstigraben risque bien de se creuser un peu plus. Selon un sondage mené par Demoscope en février 2024, 89% des Alémaniques sont favorables à ce projet, tandis que 65% des Romands le rejetaient. De quoi faire passer le texte dans les urnes.
Ce bannissement généralisé s’inscrit dans une réflexion liée à la protection des animaux. Elle a déjà mené à l’interdiction de la production de foie gras dans le pays, il y a plus de 40 ans. Ces aliments sont donc tous importés de pays où la sensibilité accordée au bien-être animal est très différente. Ce qui pose problème aux initiants réunis sous la bannière de l’Alliance animale, c’est la maltraitance subie par les volailles lors du gavage.
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Comme partout dans le monde, la consommation de vin est en baisse en Suisse. Si les crus étrangers sont peu concernés, les produits locaux sont particulièrement touchés. Au point d’imaginer des quotas à l’importation?
La Suisse n’échappe pas à la tendance globale. L’an passé, la consommation mondiale de vin a diminué de 3,3% pour atteindre 214,2 millions d’hectolitres, son niveau le plus bas depuis 1961. Et cette «tendance préoccupante pour la viticulture», selon les mots de la Confédération, s’observe également dans notre pays. Et de manière encore plus marquée. Qualifiée de «majeure» par Berne, la baisse annuelle de consommation frôle les 8%, atteignant 218,4 millions de litres. Elle concerne particulièrement les vins suisses.
Les raisons de ce recul sont multiples, selon l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG), qui publie ce mardi les statistiques vitivinicoles de 2024. Il cite notamment les changements dans les habitudes de consommation, en matière de fréquence, de quantité consommée par occasion mais aussi la proportion d’abstinents en hausse. Autres motifs évoqués: «Les campagnes de sensibilisation dans le cadre de la promotion de la santé encouragent les gens à réduire leur consommation d’alcool. En particulier, les jeunes générations modifient leurs comportements de consommation.»
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ÉDITORIAL. Après un début de mandat frénétique et destructeur, la popularité du président plonge. Mais les règles de l’alternance politique s’appliqueront-elles encore aux Etats-Unis?
Le 20 janvier 2025, à peine assis dans le Bureau ovale, Donald Trump sortait son gros feutre noir et administrait une thérapie radicale aux Etats-Unis, dont l’onde de choc s’est fait sentir dans le monde entier. Durant ces 100 premiers jours, il a verrouillé les frontières de son pays, lâché Elon Musk sur l’administration publique, sabré dans l’aide internationale et dans les contributions aux organisations multilatérales ou est parti en croisade contre la diversité et l’inclusion, confortant l’Amérique blanche et hétérosexuelle.
Sur la scène internationale, Donald Trump a lancé des processus de paix en Ukraine et avec l’Iran, tout en encourageant Israël à écraser Gaza. Il a menacé d’annexer le Groenland, le Panama ou le Canada. En parallèle, il a lancé une guerre commerciale indiscriminée contre le reste du monde, avant de la rediriger contre la Chine, mais s’aliénant ainsi ses alliés maltraités et désorientés.
Le milliardaire républicain, par son énergie qui tranche avec celle de son prédécesseur Joe Biden et sa maîtrise de la communication moderne, monopolise toujours autant les écrans et les esprits. Mais la téléréalité présidentielle menace de dérailler, tant le commandant en chef est incohérent et la discipline qui régnait chez ses collaborateurs les premières semaines de son mandat s’est évaporée.
Si leur président est pressé, les Américains s’impatientent. Ils l’avaient, en particulier, élu sur la promesse de faire baisser le coût de la vie. Or, le locataire de la Maison-Blanche fait l’inverse. Ses droits de douane idéologiques vont favoriser l’inflation et risquent de provoquer une récession. Le milliardaire appelle ses compatriotes à se montrer patients. A l’entendre, son plan pour réindustrialiser l’Amérique portera ses fruits à long terme. Un comble dans cette ère d’immédiateté, dans laquelle le politicien a prospéré.
En attendant le retour à un âge d’or fantasmé et hypothétique, la grogne monte et l’impopularité du président atteint des records historiques. Les élections de mi-mandat en novembre 2026 se profilent déjà et des élus républicains redoutent un «bain de sang». Traditionnellement, ce scrutin est favorable à l’opposition, surtout si le président est un boulet électoral. Mais les démocrates sont toujours complètement déboussolés. Et au rythme endiablé imposé par Donald Trump, les Etats-Unis seront-ils encore une démocratie fonctionnelle avec des cycles classiques?
Car l’érosion des libertés, garantes d’une compétition équitable dans un système déjà très mal en point, est de plus en plus effrayante. Un jour, des enfants pourtant nés aux Etats-Unis, citoyens à part entière, sont expulsés manu militari. Le lendemain, une juge accusée d’obstruction à la politique d’expulsions massives est menottée par le FBI et inculpée. La Maison-Blanche n’ose pas encore s’attaquer frontalement aux tribunaux mais la guérilla fait rage. Elle risque d’ouvrir une crise constitutionnelle, plongeant le pays dans l’inconnu.
Les autres contre-pouvoirs sont systématiquement attaqués: les médias, les universités ou les cabinets d’avocats. Beaucoup d’Américains hésitent désormais à s’exprimer publiquement, de peur des représailles, affaiblissant ainsi le débat politique. Seuls les marchés, horrifiés par les conséquences incertaines de la guerre commerciale, sont parvenus à faire reculer le président.
D’ores et déjà, Donald Trump et ses adeptes ressassent l’idée inconstitutionnelle d’un troisième mandat, comme dans les démocraties sur le point de faillir. Le fondateur du mouvement «Make America Great Again», qui aura 82 ans quand il devra quitter la Maison-Blanche, ce qu’il n’a jamais fait de son plein gré, teste de nouveau les résistances et brise les tabous. La lame de fond nationale-populiste qu’il a alimentée ne disparaîtra pas de sitôt, quel que soit son avenir politique.
Depuis son retour, Donald Trump a pris une profusion de décisions symboliques, provocatrices ou ayant d’énormes conséquences pour les Etats-Unis et le monde. La justice, qui incarne le seul contre-pouvoir effectif, est bien mal armée pour croiser le fer
Le vertige pour les Etats-Unis, le vertige pour le monde. Lors des 100 premiers jours de son deuxième mandat, soit du 20 janvier 2025 au 30 avril, Donald Trump, confortablement assis derrière le Resolute desk, armé de son feutre noir et souriant aux caméras, a signé 140 décrets présidentiels (executive orders), 42 mémorendums et 44 proclamations. Etablissant de ce fait un record dans l’histoire américaine, prenant un pouvoir démesuré et risquant la crise constitutionnelle. Jamais, avant lui, un président n’avait pris autant de décisions en un si court laps de temps. «C’est le même emballement qu’il y a huit ans lors de son premier mandat, sauf que les mesures cette fois-ci sont beaucoup plus nombreuses, brutales, radicales et qu’elles affectent bien sûr les Etats-Unis en premier lieu mais aussi le reste du monde, explique Romain Huret, historien des Etats-Unis et président de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), à Paris. Les droits de douane, l’immigration, les coupes de fonds: Donald Trump est en train d’emporter le monde dans un gouffre qu’il a lui-même créé.»
Cent jours. Ce point de repère officieux est devenu une norme sous Franklin Delano Roosevelt (FDR), 32e président des Etats-Unis et dont le premier mandat débute en 1933. Le démocrate, confronté alors à l’urgence de la Grande Dépression, agit vite, aidé par un Congrès favorable. Il lance notamment la première phase du New Deal lors des 100 premiers jours de sa présidence et adopte rapidement, par exemple, des réformes bancaires. Résultat? 73 décrets sont signés par le président démocrate. L’homme en remet une couche lors de son troisième mandat, marqué, lui, par l’entrée des Etats-Unis dans la Seconde Guerre mondiale (94 décrets présidentiels aux 100 premiers jours).
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Depuis le retour du républicain à la Maison-Blanche, les actions américaines, le dollar et les bons du Trésor ont été les victimes collatérales de l’incertitude extrême déclenchée par la mise en place de tarifs douaniers
Donald Trump avait promis un «boom sans précédent» pour les marchés financiers s’il était réélu. C’est plutôt un éclatement qui a eu lieu, l’indice S & P 500 qui réunit les 500 plus grandes capitalisations boursières américaines perdant environ 9% au cours des 100 premiers jours de «Trump 2.0». L’incertitude ambiante explique aussi la forte volatilité des marchés, ce même indice ayant perdu plus de 10% lors de deux séances début avril. Le dollar a reculé d’environ 10% contre un panier de monnaies de pays développés durant ces 100 jours, tandis que les rendements des bons du Trésor ont pris l’ascenseur.
Le président américain a pris tout le monde à revers, explique Alexandre Drabowicz, responsable des investissements chez Indosuez: «Pour son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a hérité d’une économie en pleine forme, avec le plein-emploi, de la désinflation et un début de baisse des taux d’intérêt: les observateurs s’attendaient donc à du pragmatisme de sa part, mais des annonces brutales et changeantes sont venues à la place.»
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Au lendemain de la plus grande coupure de courant survenue en Espagne, des experts pointent l’instabilité du système due à une production excessive d’énergie éolienne et photovoltaïque. Au grand dam du gouvernement
Que s’est-il passé en Espagne au cours de ces 5 fatidiques secondes, au moment où le cadran horaire marquait précisément 12h33 ce lundi 28 avril? Alors que le pays se remet tant bien que mal du cauchemar électrique qui a eu un fort impact sur les entreprises, les transports, les écoles et l’hôtellerie, on en sait davantage sur les causes de cette soudaine et massive coupure de courant, sans précédent dans la péninsule Ibérique.
Lundi, à défaut d’informations et stupéfaits par la bizarrerie de cet apagon, les Espagnols allaient bon train sur les conjonctures, tant dans les conversations qu’à la radio, le média le plus accessible grâce aux transistors à piles. Beaucoup évoquaient la possibilité d’une cyberattaque, notamment en provenance des hackers de Sandworm, une unité de guerre cybernétique russe à qui avait été attribué un attentat contre le système électrique ukrainien en décembre 2015. La justice a d’ailleurs annoncé une enquête sur un «éventuel sabotage informatique» commis par «des acteurs inconnus».
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Au Musée du vélo de Fribourg, l’histoire du Tour de Romandie s’expose autant qu’elle se transmet. A la veille de l’arrivée de la première étape, Auguste Girard, ancien coureur, son fils Ben, président du Vélo-Club fribourgeois, et Elia Marthe, jeune championne nationale, racontent leur passion commune
Musée du vélo de Fribourg: la machine en acier de Désiré Keteleer, premier vainqueur du Tour de Romandie (1947), a été exposée en ce lieu, astiqué au grain de poussière près, pour que le passé respire toujours le neuf. Mercredi, le peloton du Tour de Romandie, avec le Britannique Sam Watson (Ineos) en maillot jaune de leader au classement général, achèvera la première étape en ligne tout près de cet antre à souvenirs. Sous l’œil toujours passionné d’Auguste Girard, 81 ans, le gardien du musée, qui compte huit participations à la «Romandie» en tant que coureur, à l’époque d’Eddy Merckx.
Son fils Ben Girard, président du Vélo-Club fribourgeois depuis 2003, travaille dans le comité d’organisation de l’étape, heureux que «le Tour de Romandie [fasse] rayonner le cyclisme» et «briller les yeux». L’une des licenciées du club, Elia Marthe, 17 ans, championne nationale sur piste, viendra d’ailleurs s’imprégner de ce jour de fête à Fribourg. Le Temps a réuni ces trois témoins, représentant trois générations, pour tenter de comprendre ce qui fait le succès, sinon l’âme, du Tour de Romandie.
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Appelé en urgence depuis Andorre, le coureur du Team Ineos n’a eu que quelques heures pour rejoindre la Suisse. A 23 ans, le Britannique a remporté mardi le prologue du Tour de Romandie à Saint-Imier, décrochant son premier succès en World Tour
Coup de téléphone en urgence lundi, alors qu’il s’entraîne à vélo sur les routes d’Andorre. Samuel Watson, le coureur du Team Ineos, décroche pour s’entendre dire: «Fais ta valise de suite, tu pars sur le Tour de Romandie!» En moins de vingt-quatre heures, le Britannique passe des Pyrénées aux Alpes. Et, tout à son innocence, il s’impose mardi dans les 3,3 kilomètres du prologue dessiné autour de Saint-Imier (Jura bernois). Il devance de 28 centièmes le Portugais Ivo Oliveira (UAE-Team Emirates) et s’empare ainsi du maillot jaune de leader au classement général.
Dans un sport cycliste aujourd’hui réglé comme du papier à musique, où les objectifs sont préparés de très longue main, cette victoire «en impro» atteste que le coureur a du talent. Watson, 23 ans, devance les favoris qui, eux, avaient eu plus de temps pour s’entraîner – physiquement et mentalement –, repérer le circuit, choisir le juste matériel… L’invité de dernière minute repousse de trois secondes les Suisses Stefan Bissegger (qui se classe quatrième) et Stefan Küng (6e), et le Belge double champion olympique Remco Evenepoel
(huitième). «C’est une surprise complète de gagner ici! témoigne le vainqueur, qui s’adjuge son premier succès au plus haut niveau du calendrier (World Tour). Le parcours était technique, c’était difficile de maintenir un rythme élevé. J’ai passé les virages à bloc et j’ai abordé chaque
ligne droite comme si la ligne d’arrivée se trouvait au bout.»
La Commission de politique extérieure du Conseil national a auditionné ce mardi Guy Parmelin sur la question des taxes douanières. Dans sa majorité, elle salue les premiers pas du Conseil fédéral et a refusé une proposition de contre-mesures
Maintenir le dialogue avec les Etats-Unis, mais en gardant toutes les options ouvertes. Tel est en résumé le message de la Commission de politique extérieure (CPE) du Conseil national, qui auditionnait ce mardi matin le conseiller fédéral Guy Parmelin de retour de Washington. Le ministre de l’Economie était jeudi dernier dans la capitale américaine avec la présidente de la Confédération, Karin Keller-Sutter, en tête de pont d’une vaste offensive diplomatique suisse en vue de convaincre l’administration Trump de revenir sur les 31% de taxes douanières amenées à la Suisse le 2 avril, lors du «Liberation Day». Une mesure aujourd’hui suspendue pour 90 jours.
«Le Conseil fédéral s’est montré très actif, avec de premiers résultats prometteurs», commente le président de la commission, le PLR Laurent Wehrli. La Suisse fait ainsi dorénavant partie des 15 pays avec lesquels les Etats-Unis souhaitent trouver un accord, même si elle n’est pas l’une des quatre nations jugées prioritaires par les Américains que sont la Corée du Sud, le Japon, l’Inde et la Grande-Bretagne. «Nous faisons partie du paquet, mais pas du sous-paquet», résume le conseiller national vaudois. L’élu se montre des plus prudents, conscient de la versatilité de l’administration Trump. «Pour l’heure, nous ne sommes pas encore en phase de négociations, mais seulement de discussions. Personne n’est capable de dire quelle sera la situation dans deux mois, l’incertitude reste forte», reconnaît le Vaudois.
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OPINION. Une notoriété planétaire et un réseau de distribution inégalé: le soft power suisse profite à plein de la chaîne internationale francophone, écrit son ancien président Yves Bigot, pour qui un arrêt de la contribution suisse n’aurait aucun sens
Que fait la Suisse dans TV5 Monde? Elle rayonne dans le monde entier à bas coût en profitant de la puissance française (et des autres bailleurs francophones).
8 400 000 euros, soit grosso modo 7 800 000 francs suisses: pour ce montant partagé à égalité entre la Confédération et la SSR, TV5 Monde diffuse dans le monde entier (Chine comprise) les programmes de la RTS sous-titrés en une douzaine de langues, auprès de plus de 430 millions de foyers au travers de huit chaînes linéaires régionalisées, de deux chaînes thématiques (jeunesse et art de vivre), ainsi que, depuis 2020, d’une plateforme gratuite de surface mondiale, TV5 Monde Plus, pour une audience hebdomadaire d’environ 60 millions de téléspectateurs.
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CHRONIQUE. A chercher éperdument à décrire notre époque avec des clés héritées du passé, forcément le risque de grand foutoir idéologique augmente, remarque Alexis Favre
Depuis une centaine de jours, ou plus précisément depuis le come-back du président orange à la Maison-Blanche, un petit mot chargé d’histoire et lourd de sens fait lui aussi son retour dans le débat public et agite les esprits: le fascisme. Avec une question qui taraude les amateurs de définitions: Donald Trump est-il fasciste?
J’ai lu çà et là des gens très érudits démontrer que oui par a + b, ou expliquer que non, toujours à grand renfort de références. Le président américain coche-t-il toutes les cases? La joute typologique est en cours et ne sera pas tranchée de sitôt, j’en ai peur. Je vais donc me garder de m’y engouffrer, et vous ne m’en voudrez pas.
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Pour sa troisième édition, le Défi Source invite tout un chacun à amener ses idées et ses compétences pour inventer les soins de demain. Tout est en place pour que les meilleurs projets fleurissent et aboutissent à des solutions fertiles
Maintenir ou améliorer l’état de santé des individus, qu’ils soient malades ou bien portants est tout le défi de la santé. Elle sous-entend une multitude de tâches et d’actions – les soins – menées quotidiennement par les professionnel-les de santé, notamment les infirmiers et les infirmières. Et le champ des soins n’est pas un carré de potager, mais un vaste territoire où les domaines et les disciplines sont aussi variés que peut l’être la biodiversité du parc naturel Jura vaudois. Promotion de la santé, prévention, prise en charge, environnement, recherche, politiques de santé ou éducation sanitaire: les soins sont préventifs, diagnostiques, thérapeutiques et éducatifs! Ils répondent aux besoins biologiques, psychologiques et sociaux des personnes. Tout est matière à innovation, de l’ergonomie des couveuses de la néonatalogie à la communication avec les personnes de minorités linguistiques. Alors, quels que soient vos compétences ou votre profil, que vous soyez un citoyen ou une citoyenne ou un-e professionnel-le des soins, ce printemps, faites-vous les jardiniers et les jardinières des soins et de la santé. Apportez vos mains pour planter vos graines d’idées au Défi Source, du 28 avril au 23 mai, et faites germer des solutions.
Mais d’où provient le Défi Source? Ce mot évocateur de vie, «source», puise son essence à Lausanne, où l’Institut et Haute Ecole de la santé La Source joue un rôle important dans l’innovation en santé et dans les soins. Membre de la HES-SO, cette haute école forme chaque année les infirmiers et les infirmières de demain et conduit des programmes de recherche contribuant à l’efficience des soins et à leur évolution. En son cœur bat le SILAB, pour Source Innovation Lab, un laboratoire d’innovation tourné vers l’avenir qui porte, entre autres, le Défi Source. Organisé tous les deux ans, ce défi a pour ambition de stimuler l’innovation dans les soins en mobilisant, toutes spécialités confondues, la communauté estudiantine, les professionnel-les de santé et le grand public autour d’un processus de création collective. «A l’origine, on cherchait un moyen de rendre nos étudiants curieux de l’innovation», raconte Dominique Truchot-Cardot, responsable du SILAB et professeure ordinaire. «Ils vont être confrontés à la technologie, devenir des professionnels sur le terrain, parfois des responsables. On se doit de les préparer à se poser la question: qu’est-ce qu’il faut améliorer? Alors on a lancé ce défi, une sorte d’hackathon additionné d’un bootcamp. Et ça fonctionne: ils y participent et sont rejoints par beaucoup d’autres, même sans obtenir le moindre crédit pour leur cursus réciproque.»
Avant de lancer leur propre Défi, les équipes du SILAB ont, comme beaucoup, tenté l’aventure des nombreux hackathons «traditionnels» proposés dans l’Arc lémanique avec leur-es étudiant-es. Et le succès a été au rendez-vous: les équipes de La Source y ont glané des prix. «Mais une fois la compétition terminée, rien n’aboutissait», confie Dominique Truchot-Cardot. C’est ce constat qui a poussé le SILAB à développer son propre concept, un format à part entière, mieux adapté aux réalités des soins et plus propice à faire émerger des innovations concrètes.
Pour cela, le Défi Source repose sur un principe simple: partir des idées et des besoins du terrain. Tout un chacun est invité à amener des problématiques vécues et des idées pour les contrer. C’est autour de ces situations réelles que se forment ensuite des équipes, mêlant étudiant-es de tous les milieux, soignant-es, patient-es, ingénieur-es, designeur-euses, profils en économie, communication ou en entrepreneuriat. «C’est un processus riche et complexe, car il faut le temps de se comprendre, de tisser des liens entre des univers très différents, entre les jargons et les cultures professionnelles», souligne la responsable du SILAB. Mais c’est précisément de cette pluridisciplinarité que naît la fertilité.
C’est un processus riche et complexe, car il faut le temps de se comprendre, de tisser des liens entre des univers très différents
Le Défi Source, c’est donc un parcours pensé pour faire germer les idées et leur donner toutes les chances de pousser. Tout commence le 28 avril: chacun-e peut proposer une problématique ou rejoindre un projet existant. «Puis les idées circulent, les compétences se cherchent et les équipes se forment», explique Aurélie Durier, Community & Event Manager à La Source. Une trentaine de mentors accompagnent ensuite les équipes jusqu’au Pitch Day, le 10 mai. Là, chaque projet a 90 secondes pour convaincre un jury interdisciplinaire. Quatorze équipes sont ensuite sélectionnées pour rejoindre un bootcamp du 16 au 18 mai: trois jours guidés par des coachs et des expert-es de divers métiers, entièrement bénévoles, allant de juristes à des directeur-rices d’hôpitaux. Le 23 mai, lors de la restitution finale, chaque équipe présente l’état d’avancement de son projet. Huit prix et cinq distinctions sont attribués dans un esprit ouvert et collaboratif, car l’objectif n’est pas la compétition, mais la croissance collective pour l’innovation en santé.
Lancé une première fois en 2021 avec un focus sur les soins infirmiers, le Défi a évolué vers une approche plus large en 2023, englobant santé, prévention et outils numériques. Des projets inspirés par l’intelligence artificielle ont vu le jour, certains ont même donné naissance à des prototypes, des modèles d’affaires ou des débuts de start-up. «On n’impose pas de thématique: ce sont les participant-es qui apportent leurs idées, et d’autres viennent s’y greffer. L’innovation, ce n’est pas que de la technologie, c’est une dynamique collective», ajoute Dominique Truchot-Cardot qui rêve d’un projet de prévention bien ficelé pour toucher les jeunes sur les réseaux.
Pour sa troisième édition, le Défi Source prend une nouvelle ampleur. Toujours ouvert à toutes les dimensions des soins et de la santé, il s’enrichit cette année d’un réseau de partenaires exceptionnel. Ils étaient une poignée en 2021, une dizaine en 2023. En 2025, ils sont plus de 35 à soutenir l’événement. «Ils viennent d’horizons très variés, comme les soins à domicile, les EMS, l’ingénierie, la restauration, les services énergétiques ou encore les assurances», précise Aurélie Durier.
Ce maillage, inédit par sa diversité, est bien plus qu’un simple signe d’engagement: il devient la véritable rampe de lancement des projets. Car ici, pas de chèques symboliques. Les prix prennent la forme de coaching, d’accompagnement ou de soutien stratégique. Pour les lauréat-es, c’est une chance précieuse d’être entouré-es dès la sortie du Défi, par des structures capables de faire éclore un prototype, un service, une solution utiles sur le terrain. A vos grainiers!
Défi Source 2025. Innover aujourd’hui, pour la santé de demain
Inscriptions en ligne dès le 28 avril 2025: www.defi-souce.ch
L’Office fédéral de la statistique calcule que les coûts du système de santé en Suisse se sont montés à 94 milliards de francs en 2023. Les ménages en assument 60%
Les coûts du système de santé en Suisse se sont montés à 94 milliards de francs en 2023, en hausse de 2,4% sur un an. Pour 2024, une nouvelle augmentation de 3% est attendue, indique lundi l’Office fédéral de la statistique (OFS).
Le financement du système de santé en 2023 a été assuré à plus de 60% par les ménages, via les primes maladie ou des versements directs. Les pouvoirs publics, les cantons surtout, ont supporté l’essentiel du financement restant. A noter que les dépenses des ménages ont bondi de 4,7% en un an, contre 1,9% pour celles des pouvoirs publics.
La hausse des coûts est surtout le fait des cabinets médicaux (+7,1%), toutes spécialisations confondues. Elle a été de 4,5% dans les hôpitaux, de 4,6% dans les EMS et de 7,9% pour les services de soins et d’aide à domicile.
La croissance des coûts des biens de santé, qui comprennent les médicaments et les appareils thérapeutiques, a été un peu plus faible (+3,4%). Postes relativement marginaux, les coûts administratifs des assureurs ont bondi de 9,6%, et celles des prestations de radiologie, de 7%.
A l’inverse, les dépenses pour la prévention ont chuté de 53,5% par rapport à 2022, année encore marquée par le Covid. Celles des analyses de laboratoires ont décru de 8,9%.
Un récent éditorial: Aux assureurs de prouver qu’ils sont capables de faire baisser les coûts de la santé
C’est Bâle-Ville (13 600 francs) qui affichait les coûts les plus élevés par habitant. À l’autre extrême, dans le canton de Zoug, ils n’ont pas excédé 8600 francs. Par ailleurs, toujours en prenant les extrêmes, la part des coûts liés aux prestations ambulatoires a atteint 53,4% à Genève, contre à 34,8% à Uri.
Selon les projections, pour 2024, les coûts du système de santé suisse devraient dépasser les 97 milliards de francs. Ils étaient de 71 milliards en 2014, de 51 milliards en 2004 et de 47 milliards en 2002, révèle le tableau Excel de l’OFS depuis 1960.
Un accord sectoriel: Payer les prestations médicales en fonction de leur qualité, pour tordre le cou aux mauvais incitatifs
Entre 2002 et 2023, les coûts ont donc exactement été multipliés par deux, alors que la population n’a augmenté dans le même temps que d’un peu plus de 20%.
Autre enseignement: en 1960, les coûts de prestations de santé par habitant se montaient à 372 francs. En 2023, ils étaient de 10 572 francs.
Ces chiffres sur le financement sont une statistique de synthèse à partir de différentes sources, qui s’appuie sur la méthodologie internationale du système des comptes de la santé, précise l’OFS.
D’anciens membres ont créé un parti baptisé Intégrité numérique suisse. Ce nouveau mouvement entend défendre une numérisation respectueuse de la dignité humaine
La crise qui agite le Parti pirate suisse débouche sur une scission. Deux anciens membres de la formation politique ont créé un mouvement, baptisé «Intégrité numérique suisse», comme l’a révélé la NZZ am Sonntag. Le média alémanique s’est entretenu avec sa coprésidente, Nicole Rüegger. Cette dernière avait tenté de renverser la direction du Parti pirate lors de l’assemblée générale début avril. Elle l’accusait en effet de n’avoir pas défendu des membres qui auraient été menacés par un ancien vice-président et principal donateur de la formation politique.
Le mouvement cofondé par Nicole Rüegger reste proche des idées pirates. Le choix de son nom en témoigne. L’ancien président du Parti pirate suisse, Alexis Roussel, est en effet à l’origine du droit à l’intégrité numérique, qu’il défend depuis plusieurs années avec le soutien de son ancienne formation. Deux cantons romands ont déjà introduit cette nouvelle liberté fondamentale dans leur Constitution: Genève en juin 2023 et Neuchâtel en novembre 2024. Les Zurichois seront aussi appelés aux urnes sur ce thème, après le dépôt d’une initiative cantonale par la section locale du Parti pirate.
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Pour faire face au programme d’allègement budgétaire de la Confédération, une coalition d’organisations syndicales et estudiantines a présenté ce lundi une résolution qui sera envoyée au Conseil fédéral. Elle déplore le risque d’augmentation des taxes d’étude et la perte de l’égalité des chances
Ce ne sont pas moins d’une trentaine d’organisations syndicales ou estudiantines qui ont voté une résolution commune et qui s’apprêtent à adresser leurs revendications au Conseil fédéral. Ce dernier a annoncé en début d’année qu’il comptait économiser 460 millions de francs dans la formation, la recherche et l’innovation, provoquant la colère des milieux étudiants. Et pour cause: la Commission Gaillard, mandatée par le Conseil fédéral en 2024 pour suggérer des coupes budgétaires, propose d’augmenter le «financement par les utilisateurs» des hautes écoles suisses.
Concrètement, cela signifie que les étudiants pourraient voir leurs frais d’inscription exploser. Les jeunes Suisses devraient s’attendre à un doublement de leur contribution, alors que pour les étudiants étrangers, cette taxe pourrait quadrupler. Si cette annonce a été très mal accueillie au sein de swissuniversities, du Conseil des EPF, du Fonds national suisse, d’Innosuisse ou encore des Académies des sciences, il en va de même pour les principaux concernés, réunis ce lundi matin à Lausanne pour dénoncer «cette atteinte massive».
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Le Haut-Valaisan sera, sauf énorme surprise, le successeur de Gerhard Pfister à la tête du Centre. L’actuel chef du groupe parlementaire est le seul à avoir présenté sa candidature
Le Valaisan Philipp Matthias Bregy devrait devenir le prochain président du Centre. Le conseiller national et chef de groupe parlementaire est le seul candidat à la succession du Zougois Gerhard Pfister, a annoncé le parti centriste lundi.
«Philipp Matthias Bregy représente les valeurs du parti et s’engage pour une politique constructive, tournée vers les solutions et la cohésion du pays», écrit le parti dans un communiqué qui décrit une personnalité «expérimentée». Elu Conseiller national en 2019, le Haut-Valaisan est chef du groupe centriste sous la Coupole fédérale depuis 2021.
La commission de recherche du Centre, sous la présidence du sénateur jurassien Charles Juillard, se réunira vendredi afin d’examiner sa candidature, précise le communiqué. Une audition de Philipp Matthias Bregy est également prévue dans le cadre de cette séance. Le candidat se présentera ensuite face aux médias.
Le conseiller national zougois Gerhard Pfister a annoncé au début janvier sa démission de la présidence pour la fin juin. Son successeur sera formellement connu le 28 juin prochain lors de l’assemblée des délégués du parti. Les sections cantonales avaient jusqu’à lundi midi pour proposer des candidats.
Charles Juillard a précisé que plusieurs personnes se sont montrées intéressées par le poste. «L’annonce rapide de l’intérêt de Philipp Matthias Bregy a plutôt rassuré les candidats potentiels dans le sens où son expérience à la tête du groupe parlementaire est reconnue et appréciée».
Et de reconnaître que «la fonction est exigeante et pas toujours compatible avec une vie professionnelle et parlementaire. Cela requiert beaucoup d’engagement et de disponibilité.»
Philipp Matthias Bregy, cité parmi les candidats potentiels au Conseil fédéral pour succéder à Viola Amherd, avait renoncé à se présenter, pour des raisons d’ordre familial.
La question d’une candidature féminine, comme lors de la succession de Viola Amherd, est revenue sur la table. La conseillère nationale zurichoise Nicole Barandun a notamment été citée pour se lancer dans la course à la présidence.
De même que les noms de la sénatrice Isabelle Chassot (FR) et des conseillers nationaux Reto Nause (BE) ou Vincent Maître (GE), entre autres, évoqués dans la presse. La conseillère nationale zurichoise et actuelle vice-présidente du Centre Suisse, Yvonne Bürgin, et le conseiller national uranais Simon Stadler, qui avaient envisagé la coprésidence du parti comme la connaît le PS, avaient renoncé à une candidature.
A ce sujet, Charles Juillard a dit que des candidatures féminines «auraient aussi été bienvenues.» Mais la commission de recherche n’a pas voulu «influencer» les candidatures.
La question de la représentativité féminine et latine reviendra probablement sur la table au moment de désigner le successeur de Philipp Matthias Bregy à la tête du groupe parlementaire.
L’horlogerie va mal et avec elle, c’est tout l’écosystème de sous-traitance qui souffre. La réduction de l’horaire de travail (RHT) est activée depuis des mois. Certaines voix tentent d’en assouplir le cadre d’application. En attendant une reprise qui ne vient pas
Les temps sont durs pour l’industrie microtechnique suisse. Sa clientèle principale, l’horlogerie, est en délicatesse depuis plus de deux ans, sans signe clair de reprise. De quoi mettre sous pression tout l’écosystème de la sous-traitance dans l’Arc jurassien. Sur cette toile de fond, Trump est encore venu assombrir la perspective avec ses coups de marteau douaniers. Les prises de position se multiplient maintenant pour protéger le secteur. Reposant la question de la limite d’action, entre intervention étatique et flexibilisation du filet de la réduction de l’horaire de travail (RHT), dernier rempart avant les licenciements.
Dans une interview accordée samedi dernier à la radio alémanique SRF, le président de l’organisation faîtière de l’industrie Swissmem, Martin Hirzel, s’est dit satisfait de la réaction du Conseil fédéral face à la «guerre douanière» déclenchée par Trump début avril. Rappelant que même s’il ne croit pas à une entrée en force des droits de douane de 31% pour la Suisse, ce serait une catastrophe si le pays devait se battre avec un tel handicap.
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ÉDITORIAL. Les enseignants et étudiants des hautes écoles montent au front contre les réductions budgétaires prévues par le Conseil fédéral. Même si l’on approuve, en principe, une hausse des taxes, ces coups de rabot ne sont absolument pas judicieux
Au moment où les nations, notamment européennes, ouvrent grand le robinet de la dépense publique, la prudence financière du Conseil fédéral l’honore. Les années covid ont montré l’utilité de comptes sains. Cela étant, les coupes prévues dans les hautes écoles et la recherche pour 2027-2028, d’un total de 460 millions de francs, sont difficilement justifiables.
Le gouvernement argue du fait que les budgets des deux écoles polytechniques fédérales et du soutien aux universités (hautes écoles spécialisées comprises) ont davantage augmenté que la moyenne ces dernières années. C’est évident: les effectifs bondissaient aussi, de même que les apports économiques d’un secteur identifié comme le cœur battant du pays. Comment légitimer un brutal coup de frein alors que les défis s’accumulent, des enjeux climatiques et énergétiques à nos mutations numériques?
On peut soutenir des hausses de taxes dans les EPF, voire les universités. Mais c’est la pire manière de les justifier que de les lancer pour remédier à des coupes. Si des hautes écoles augmentent leurs tarifs, les – maigres – moyens dégagés doivent leur revenir, et non servir de piteux sparadraps à une blessure infligée par le haut.
La même maladresse frappe les soutiens à la mobilité. Les écoles ne cessent de bricoler depuis des années après l’éviction d’Erasmus +. A présent, la Suisse négocie de nouveaux accords avec l’UE. Et voilà que le Conseil fédéral se met en position de faiblesse en annonçant qu’il va trancher dans ces ressources. En parallèle, des pays pourraient attaquer la hausse plus forte encore des taxes souhaitées pour les étudiants étrangers. Comme art de négocier, il y a plus subtil.
Enfin, l’incohérence frappe aussi s’agissant des tailles infligées au Fonds national de la recherche. C’est bien ce FNS qui a permis au pays de tenir le coup dans les crises liées à la sortie des programmes européens Horizon 2020 puis Horizon Europe – et qui tient encore la position de la science helvétique sur la carte. Le priver de 10%, puis 11%, de son enveloppe est tout simplement absurde. En sus, au moment où les éructations à la Maison-Blanche vont provoquer un exode de talents qu’il s’agit de capter – comme il faut garder les cerveaux venus des Etats-Unis.
Plus que jamais la Suisse a besoin de hautes écoles combatives, innovantes et égalitaires. La rigueur budgétaire constitue une vertu. Tronçonner dans la formation et la recherche revient à se tirer une balle dans le cœur.
Offre pléthorique, coûts en hausse, contrôles lacunaires et régulation en berne…, le rapport sur l’imagerie médicale publié ce lundi par le Contrôle fédéral des finances est sévère et appelle à plus de transparence
Peut et doit mieux faire. C’est en substance le constat dressé par le Contrôle fédéral des finances (CDF) dans une évaluation sur l’usage de l’imagerie médicale en Suisse et publiée ce lundi. Assez technique, le rapport de 45 pages montre à quel point ces outils diagnostiques sont peu régulés et très répandus: leur densité dans le pays est la plus élevée d’Europe.
Instrument essentiel de la médecine moderne, l’imagerie par irradiation (rayons X ou mammographe), par résonance magnétique (IRM) et par ultrasons (échographie) représente des coûts de 2,1 milliards de francs en 2023. Soit «un sixième du volume des prestations ambulatoires relevant de l’assurance maladie obligatoire», estiment les auteurs de l’analyse. Des coûts élevés qui étaient aussi en hausse de 5,3% entre 2019 et 2023. Beaucoup plus que ceux enregistrés dans le secteur ambulatoire, qui a augmenté de 3,3% sur la même période. Alors que les coûts totaux du système de santé en Suisse se sont montés à 94 milliards de francs en 2023, soit en hausse de 2,4% sur un an, l’impact de l’imagerie médicale sur la facture globale de santé mérite attention.
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Un audit du CDF, publié lundi, dénonce l'«ambition timide» et les lacunes de la stratégie anti-corruption de la Confédération. Il regrette notamment qu'elle ne traite pas «efficacement» des risques de corruption liés à la lutte contre le blanchiment d’argent
Le constat est sans appel: la stratégie anti-corruption de la Confédération n'est pas assez ambitieuse. Il faut la rendre plus efficace, estime le Contrôle fédéral des finances (CDF) dans un audit.
Principalement sous la pression extérieure, le Conseil fédéral a adopté en 2020 une première stratégie contre la corruption. Une nouvelle mouture est en préparation pour la période 2025-2028. Un groupe de travail interdépartemental pour la lutte contre la corruption (GTID), sous la présidence du Département fédéral des affaires étrangères, a élaboré la stratégie.
Comme la stratégie n'est en vigueur que depuis trois ans, le CDF s'est abstenu à ce stade d'en évaluer les effets, note ce dernier dans un audit publié lundi. Mais il arrive déjà à la conclusion que de sérieuses modifications sont à prévoir pour la suite.
La Suisse possède un bon cadre juridique et une base légale solide pour lutter contre la corruption. Ce dispositif comporte toutefois d'importantes lacunes, comme l'ont déjà pointé à plusieurs reprises le Groupe d'Etats contre la corruption du Conseil de l'Europe (Greco) et l'OCDE, notamment sur la protection des lanceurs d'alerte dans le secteur privé, le lobbying ou le blanchiment d'argent.
Ces lacunes s'expliquent en partie par les tensions qui existent entre les pouvoirs exécutif et législatif, notamment lorsqu'un projet de loi du Conseil fédéral n'obtient pas de majorité au Parlement, constate le CDF.
Malgré des visions et des objectifs clairement définis, le but de la stratégie «reste nébuleux et son ambition est timide», écrit le CDF.
Pour qu'une stratégie soit efficace, il est indispensable de dresser un état des lieux lucide et transparent des risques encourus. Le CDF constate notamment qu'elle «ne traite pas efficacement, voire pas du tout, des risques de corruption importants liés, par exemple, à la lutte contre le blanchiment d’argent ou au lobbyisme».
La structure organisationnelle laisse aussi à désirer, estime le Contrôle fédéral. Outre le GTID, d'autres organes interdépartementaux sont actifs. Une collaboration plus étroite entre eux permettrait de gagner en efficacité.
Le CDF estime notamment que la lutte contre la corruption a besoin d'un pilotage et d’une coordination unifiés à l'échelle de la Confédération. Une recommandation rejetée par le Conseil fédéral, qui tient à son dispositif.
Le GTID manque encore d'un réel pouvoir d'action. «Il est dépourvu de tout droit de donner des instructions pour contraindre les unités administratives concernées à appliquer certaines mesures. Il est difficile, dans ces conditions, d'atteindre les objectifs fixés.» De plus, on ne voit guère les effets de sa mission de sensibilisation sur le sujet en dehors de l'administration fédérale.
Le député Hadrien Buclin (Ensemble à gauche) va déposer une requête pour cette arme suprême afin de faire toute la lumière sur les graves erreurs du fisc vaudois dans l’application du bouclier fiscal. La rentrée politique de ce mardi s’annonce brûlante
Il faut faire toute la lumière sur les graves erreurs du fisc vaudois et éviter que cela ne se reproduise. Tous les députés, quelle que soit leur étiquette politique, sont d’accord sur ce point. Mais pas forcément sur les modalités de cette transparence. La rentrée politique de ce mardi au Grand Conseil s’annonce donc brûlante: «Je vais déposer une demande de commission d’enquête parlementaire (CEP). Non seulement parce que le problème est grave, mais parce qu’il s’est déroulé sur une longue durée et dépasse l’affaire Dittli.» Cette requête – qualifiée de «bombe atomique» par certains – est portée par le député Hadrien Buclin (Ensemble à gauche) en réaction aux révélations du Temps. Pour rappel, en appliquant de travers sa propre loi, le canton de Vaud a sous-taxé les riches contribuables au bénéfice du bouclier fiscal pendant treize longues années.
Interpellation musclée de supporters du FC Sion et refoulement spectaculaire de gens du voyage sur l’autoroute: face aux critiques, le commandant Christian Varone défend sa ligne. Il considère ces deux opérations comme des succès
Tout indique que la police valaisanne cherche à faire passer un message de fermeté. Le dimanche 13 avril, 15 supporters, presque tous ultras, étaient interpellés dans les heures qui ont suivi la rencontre entre Sion et Servette. Deux jours plus tard, 200 agents se mobilisaient pour refouler un peu plus de 40 caravanes de Roms français. A la hauteur de Saint-Maurice, l’autoroute A9 est restée fermée pendant plus de sept heures.
Ce dimanche, les journaux du groupe Tamedia révélaient que 13 supporters interpellés avaient déposé une plainte. Commandant de la police cantonale valaisanne depuis dix-huit ans, Christian Varone répond aux questions du Temps dans son bureau, calme et déterminé. Ces deux interventions spectaculaires interrogent le principe de proportionnalité. Pour lui, ce sont des succès. Il défend sa ligne.
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L’écologiste de 40 ans fera son entrée en juin au Conseil national, comme «vient-ensuite». Une accession en forme de confirmation pour celle qui a présidé Les Vert·e·s neuchâtelois, ainsi que le Grand Conseil
La salle des pas perdus du Palais fédéral, Clarence Chollet la connaît bien. La Verte neuchâteloise l’a arpentée tout au long des deux années où elle a travaillé comme assistante parlementaire de Fabien Fivaz, mais aussi de Céline Vara. Mais en ce mois de juin, c’est elle qui pénétrera dans la salle du Conseil national, où elle prêtera serment face à l’imposante fresque représentant le Grütli. Au jeu des chaises musicales politiques et de la mécanique de la proportionnelle, l’écologiste de 40 ans succédera, en tant que vient-ensuite, à Fabien Fivaz, appelé à remplacer Céline Vara au Conseil des Etats, elle-même élue au gouvernement de son canton.
Cette accession au parlement fédéral résonne comme une confirmation pour Clarence Chollet. Moins connue du grand public romand que ses deux collègues de parti, elle est l’une des voix politiques qui comptent dans son canton. Présidente de la section neuchâteloise des Vert·e·s de 2012 à 2016, elle siège au Grand Conseil depuis 2017, qu’elle présida en 2022-2023, pour ce qui reste le moment fort de sa carrière politique. L’année précédente, le parlement cantonal est devenu le premier de Suisse à connaître une majorité féminine. Au sein de l’hémicycle cantonal, l’élue y est de tous les combats, de l’accueil extra-familial au congé parental. Elle s’engage contre les rentes à vie des conseillers d’Etat ou pour l’interdiction de la chasse au lièvre. En 2016, elle est encore la cheville ouvrière de la première initiative cantonale de son parti, qui vise à rendre accessible «pour toutes et tous» la rive cantonale du lac de Neuchâtel dans son entier.
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Après les inondations dévastatrices qui ont tué sept personnes, des interventions urgentes ont été effectuées et les habitants se sont unis pour nettoyer le territoire enseveli. Ils comptent maintenant sur l’arrivée des touristes. Reportage
Une route de plus en plus tortueuse. Les sommets enneigés qui semblent tout près. Des cascades, ici et là. Des arbres feuillus hauts de 50 mètres. Des ponts de pierre pittoresques surplombent une eau verte, ourlée de petites plages, qui coule entre de gros rochers gris pâle, polis par le courant. C’est ici, dans la vallée de Lavizzara – et dans la vallée voisine de Bavona – que la nature s’est déchaînée dans la nuit du 29 au 30 juin de l’année dernière, provoquant de gros glissements de terrain et des inondations qui ont fait sept morts et un disparu.
A la mairie, Gabriele Dazio, le maire, nous reçoit. Ces derniers dix mois? Des interventions urgentes et des mises en sécurité temporaires ont été effectuées, indique-t-il. «Des cours d’eau, près des maisons, ont été déviés. L’aqueduc qui captait l’eau de cinq sources et qui n’était plus relié qu’à une seule a été remis en fonction. Cela nous a coûté 1,5 million de francs.» Des études sont encore en cours pour identifier ce qu’il faut sécuriser et comment, afin de planifier des digues et d’autres infrastructures.
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Un avion de tourisme a frôlé samedi des randonneurs à ski sur le versant suisse du massif du Mont-Rose. Le pilote encourt une sanction pénale et un retrait d’une durée déterminée de sa licence et de ses qualifications
Un avion de tourisme immatriculé à Genève a frôlé des randonneurs à ski samedi sur un glacier du versant suisse du massif du Mont-Rose. Les autorités fédérales ont ouvert une procédure, alors que le pilote a présenté ses excuses pour cette «grave erreur d’appréciation».
L’Office fédéral de l’aviation civile (OFAC) «a connaissance de l’incident impliquant un avion immatriculé en Suisse qui a eu lieu le 26 avril sur un glacier dans la région du Mont Rose», a-t-il indiqué mardi, revenant sur une information diffusée par plusieurs médias. Il a ouvert une procédure «afin de clarifier l’état de fait et de donner à cet incident toutes les suites qui conviennent».
Selon l’office fédéral, le pilote concerné encourt une sanction pénale et un retrait d’une durée déterminée de sa licence et de ses qualifications.
Une vidéo tournée par un des randonneurs présents et publiée sur les réseaux sociaux montre le petit avion à moteur atterrir au col Sesia, à 4230 mètres d’altitude, avant de faire demi-tour et de s’élancer dans la pente. L’appareil prend de la vitesse mais ne parvient pas à décoller et passe à travers une colonne de randonneurs.
Dans une lettre en anglais adressée à ses «chers collègues pilotes et de montagne» et publiée mardi par les médias italiens, le pilote présente ses excuses. Il assure avoir commis «une grave erreur d’appréciation» et avoir signalé immédiatement l’incident au service concerné. Il dit attendre la procédure.
«Je suis profondément désolé pour la communauté que j’aime plus que tout. J’espère que cela n’arrivera jamais à aucun d’entre vous», ajoute cet homme, qui affirme voler depuis 45 ans et avoir depuis cette année la formation pour atterrir et décoller sur des glaciers.
Dans un communiqué, l’Aéroclub de Genève, propriétaire de l’appareil, confirme que le pilote s’est spontanément signalé auprès des autorités et a transmis son rapport des faits le jour même de l’événement. Il précise que l’avion était utilisé à titre personnel par un pilote privé «dans le cadre d’une activité privée, sans lien avec l’activité de formation de notre école».
ANALYSE. Il était partant, puis s’est rétracté. Si le ministre chrétien-social indépendant explique ne pas briguer de troisième mandat, pour relever d’autres défis, son retrait met surtout en évidence les tensions internes qui agitent son parti à l’approche des élections cantonales
Cela aurait dû être le duel des primaires des partis jurassiens en vue des élections au Gouvernement cantonal du 19 octobre prochain, mais il n’aura finalement pas lieu. Alors qu’il s’était mis à disposition de son parti il y a quelques semaines, le ministre chrétien-social indépendant (PCSI) sortant David Eray a provoqué une certaine stupeur mercredi dernier en annonçant qu’il ne briguerait pas de troisième mandat. Le chef du Département de l’environnement laisse ainsi le champ libre à Damien Chappuis, maire de Delémont depuis 2015, qui s’était lancé face à lui. Les deux hommes auraient dû être départagés ce mercredi lors d’un congrès qui promettait des étincelles, leur parti ayant décidé en fin d’année dernière de ne mettre qu’un seul candidat en liste.
Dans un communiqué, le Franc-Montagnard de 52 ans a annoncé que le moment était venu de «passer le témoin afin de pouvoir encore saisir l’opportunité de relever de nouveaux défis», tout en soulignant avoir toujours été loyal envers son parti. Quelques heures plus tard, le PCSI réagissait brièvement en accueillant sa décision «avec une sincère reconnaissance et une vive émotion», en mettant en avant «le travail exemplaire qu’il avait accompli» ces dix dernières années. Au micro de la radio régionale RFJ, David Eray assurait soutenir la candidature de Damien Chappuis, tandis que ce dernier remerciait le ministre d’avoir ainsi montré «son attachement au parti et à l’intérêt général».
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Le parquet de Halle annonce ce mardi qu’un jeune homme de 19 ans a été arrêté mi-février en Suisse et extradé en Allemagne le 22 avril. Il est soupçonné d’avoir planifié un «attentat à motivation d’extrême droite» contre la synagogue de la ville, déjà ciblée par un néo-nazi en 2019
La justice allemande a annoncé mardi l’arrestation en Suisse d’un jeune de 19 ans soupçonné d’avoir planifié une attaque contre la synagogue de Halle (est). L’édifice avait déjà été ciblé en 2019 par un néonazi. Le suspect, sur l’identité duquel le parquet de Halle ne donne pas de détails, a été appréhendé mi-février en Suisse où il vivait au moment des faits qui lui sont reprochés. Il a été extradé en Allemagne et remis aux autorités le 22 avril. Il est accusé d’avoir «préparé un acte de violence grave mettant en danger l’Etat et de détention illégale d’une arme à feu», a précisé le parquet dans un communiqué.
Concrètement, il aurait planifié «un attentat à motivation d’extrême droite» contre la synagogue de Halle, annonçant son intention entre juillet 2024 et février 2025 via des messages sur la plateforme Telegram. Il s’est procuré un fusil pour accomplir son projet. Selon le parquet, la date précise de l’attentat n’était pas encore fixée. Le suspect, qui a vécu précédemment à Halle, nie quant à lui «avoir sérieusement envisagé de passer à l’acte», selon le communiqué.
Cette même synagogue a fait l’objet en octobre 2019 d’un attentat par un néo-nazi lors de la fête juive de Yom Kippour. L’attaquant, condamné depuis à la prison à vie, n’avait pas réussi à forcer la porte du bâtiment, mais avait abattu une passante et un jeune réfugié avant d’être interpellé.
L’Allemagne a connu une recrudescence des attaques et complots de mouvances d’extrême droite ces dernières années. Les autorités sont également sur le qui-vive face à une montée des délits à caractère antisémite depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza.
Quelque 170 emplois à mi-temps, dans un secteur aux salaires bas, seront transformés en temps complets, pour un coût d’environ 5 millions par an. Les nouvelles pratiques d’hospitalisation ont facilité un accord «historique»
En annonçant l’accord trouvé pour le personnel de propreté et d’hygiène des HUG, Joaquim Soares, membre d’Avenir syndical et employé de nettoyage à l’hôpital, était ému, ce mardi à Genève. «Quand on voit tous ces gens qui n’arrivent pas à payer leurs factures, c’est dur. Ce dossier me tenait particulièrement à cœur, pour mes collègues.» Alors que le personnel de nettoyage des HUG est à 80% féminin, ces mi-temps non souhaités conduisent à des salaires de «2200 à 3000 francs par mois, selon l’ancienneté», explique Yves Mugny, lui aussi secrétaire syndical d’Avenir syndical. «Une grande partie sont des femmes qui doivent chercher des heures de nettoyage à côté, précise sa collègue Sabine Furrer. Cela rend leur vie très compliquée, en particulier pour les mères célibataires.» Dès le 1er février 2026, celles et ceux qui le souhaitent pourront passer à 100%, un accord «historique», selon Avenir syndical et Syna.
La population devrait s’exprimer l’année prochaine sur l’interdiction de l’importation du foie gras. Le Conseil fédéral s’oppose à cette restriction. Et au parlement, on se dirige plutôt vers un durcissement d’importation. Explications
L’initiative visant à interdire l’importation de foie gras dans le pays a abouti le 28 décembre dernier. La population devra donc trancher. Entre une Suisse romande qui apprécie foie gras, magret et confit (mets concernés par l’interdiction) et une Suisse alémanique qui veut imposer sa sensibilité alimentaire sur l’ensemble du territoire, le Röstigraben risque bien de se creuser un peu plus. Selon un sondage mené par Demoscope en février 2024, 89% des Alémaniques sont favorables à ce projet, tandis que 65% des Romands le rejetaient. De quoi faire passer le texte dans les urnes.
Ce bannissement généralisé s’inscrit dans une réflexion liée à la protection des animaux. Elle a déjà mené à l’interdiction de la production de foie gras dans le pays, il y a plus de 40 ans. Ces aliments sont donc tous importés de pays où la sensibilité accordée au bien-être animal est très différente. Ce qui pose problème aux initiants réunis sous la bannière de l’Alliance animale, c’est la maltraitance subie par les volailles lors du gavage.
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La Commission de politique extérieure du Conseil national a auditionné ce mardi Guy Parmelin sur la question des taxes douanières. Dans sa majorité, elle salue les premiers pas du Conseil fédéral et a refusé une proposition de contre-mesures
Maintenir le dialogue avec les Etats-Unis, mais en gardant toutes les options ouvertes. Tel est en résumé le message de la Commission de politique extérieure (CPE) du Conseil national, qui auditionnait ce mardi matin le conseiller fédéral Guy Parmelin de retour de Washington. Le ministre de l’Economie était jeudi dernier dans la capitale américaine avec la présidente de la Confédération, Karin Keller-Sutter, en tête de pont d’une vaste offensive diplomatique suisse en vue de convaincre l’administration Trump de revenir sur les 31% de taxes douanières amenées à la Suisse le 2 avril, lors du «Liberation Day». Une mesure aujourd’hui suspendue pour 90 jours.
«Le Conseil fédéral s’est montré très actif, avec de premiers résultats prometteurs», commente le président de la commission, le PLR Laurent Wehrli. La Suisse fait ainsi dorénavant partie des 15 pays avec lesquels les Etats-Unis souhaitent trouver un accord, même si elle n’est pas l’une des quatre nations jugées prioritaires par les Américains que sont la Corée du Sud, le Japon, l’Inde et la Grande-Bretagne. «Nous faisons partie du paquet, mais pas du sous-paquet», résume le conseiller national vaudois. L’élu se montre des plus prudents, conscient de la versatilité de l’administration Trump. «Pour l’heure, nous ne sommes pas encore en phase de négociations, mais seulement de discussions. Personne n’est capable de dire quelle sera la situation dans deux mois, l’incertitude reste forte», reconnaît le Vaudois.
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OPINION. Une notoriété planétaire et un réseau de distribution inégalé: le soft power suisse profite à plein de la chaîne internationale francophone, écrit son ancien président Yves Bigot, pour qui un arrêt de la contribution suisse n’aurait aucun sens
Que fait la Suisse dans TV5 Monde? Elle rayonne dans le monde entier à bas coût en profitant de la puissance française (et des autres bailleurs francophones).
8 400 000 euros, soit grosso modo 7 800 000 francs suisses: pour ce montant partagé à égalité entre la Confédération et la SSR, TV5 Monde diffuse dans le monde entier (Chine comprise) les programmes de la RTS sous-titrés en une douzaine de langues, auprès de plus de 430 millions de foyers au travers de huit chaînes linéaires régionalisées, de deux chaînes thématiques (jeunesse et art de vivre), ainsi que, depuis 2020, d’une plateforme gratuite de surface mondiale, TV5 Monde Plus, pour une audience hebdomadaire d’environ 60 millions de téléspectateurs.
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OPINION. La dernière encyclique de François faisait la part belle au cœur transpercé de Jésus, son «sacré-cœur» ouvert à l’humanité et qui promet la réconciliation universelle. Ce que François a mis en pratique, encourant les pires anathèmes, écrit l’abbé Amherdt
Le texte était passé quelque peu inaperçu car l’attention des catholiques et des médias se concentrait davantage sur la «démarche synodale» lancée par le pape sud-américain: celle-ci, toujours en cours, veut susciter l’intérêt de tous et toutes (sun-odos, «marcher ensemble» en grec) à l’annonce de l’Evangile et à l’attention pour les plus pauvres, les plus fragiles et démunis.
La dernière encyclique publiée par François (octobre 2024) se présente pourtant comme un véritable «testament spirituel». Intitulée Il nous a aimés (Dilexit nos en latin, expression reprise de l’épître si œcuménique de Paul aux Romains, 8,37), elle valorise l’un des traits de la religiosité du peuple de Dieu auquel le pontife argentin était si attaché: le cœur de Jésus percé par la lance du soldat sur la croix (Jean 19,34), transpercé par les guerres et la malveillance, d’où jaillissent du sang et de l’eau, le sang de l’eucharistie et de la vie offerte, l’eau du baptême et de l’Esprit Saint.
Par le don de lui-même, par son amour sans frontière, par son regard posé avec tendresse sur tous ceux et celles qu’il rencontrait, par ses gestes de guérison et d’affection, Jésus-Christ a ouvert son «sacré-cœur» à l’humanité. Et il a promis la réconciliation universelle.
C’est ce que n’a cessé de mettre en pratique le pontife venu de l’hémisphère Sud. Il a été crucifié par tous ses opposants, y compris à l’intérieur de l’Eglise catholique, c’est-à-dire par les plus traditionnalistes d’entre eux. Il a été traité de «communiste» par certains fidèles «identitaires» étasuniens ou français.
Pourtant, il a toujours gardé avec fermeté le cap de la bonté et de la bienveillance à l’adresse de tout être humain, quelles que soient sa couleur de peau, son orientation sexuelle et genrée, son origine ou sa religion. Il a multiplié les gestes prophétiques envers les migrants et les réfugiés, les malades et les personnes atteintes d’un handicap. Il leur a dédié cette année sainte 2025 de l’espérance, au milieu de laquelle il est retourné vers le Père. Il s’est engagé à corps perdu en faveur de la paix, il appelait tous les soirs par téléphone la Caritas de Gaza. Il a commencé de favoriser la prise de responsabilité par des femmes à la tête de communautés chrétiennes, dans les conseils épiscopaux des diocèses, pour des charges importantes dans les dicastères et les congrégations du Vatican.
Il a étendu son attention à l’ensemble des créatures, aux animaux comme au cosmos, à l’exemple du petit pauvre d’Assise auquel il a emprunté son nom pontifical et le titre de sa belle encyclique sur l’écologie intégrale, Laudato si’. A l’exemple de Francesco d’Assisi, il a posé des démarches symboliques de dialogue avec les dignitaires des autres religions et confessions chrétiennes, dans un œcuménisme (du grec oikos, «la maison de la terre») en faveur de la justice et de la résolution des conflits.
Lire ici tous nos articles sur le pape François
Son cœur ouvert veille désormais sur le monde et sur les croyants de la planète entière. Il continuera de nous surprendre, comme il nous a surpris dans son existence, son ministère papal et même par la survenue de sa mort!
Chronique. Sur nos monts… Depuis le décès du pape François le lundi de Pâques, on ne voit qu’eux, «nos» gardes suisses. Notre journaliste salue ces hallebardiers du XVIe siècle solidement ancrés dans le temps présent
Autant être transparent d’entrée de jeu: cette chronique pourrait ne pas plaire à ceux qui veulent «raser les Alpes qu’on voie la mer». Ceux pour qui la Suisse, à l’étroit dans ses montagnes, est synonyme de fermeture voire de petitesse d’esprit. Un pays profitant aussi de ses voisins européens, sans en payer le prix juste. Les images qui nous parviennent de Rome, où les uniformes bleu, rouge et jaune semblent être ceux du centre du monde, disent autre chose.
Dans cette phase si particulière de deuil, d’hommages, de conclave puis de fumée blanche, «notre» Garde pontificale incarne une forme de continuité depuis sa fondation en 1506, malgré ses faces obscures, des destins parfois tragiques et les vicissitudes de l’histoire. Un symbole d’excellence issu d’une époque où le mercenariat faisait la richesse et la fierté de nos ancêtres. Aujourd’hui, cette excellence rime avec stabilité politique, chocolat, montres, produits pharmaceutiques. Un peu cliché, mais bien réel.
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CHRONIQUE. Le Musée Picasso, à Paris, met en lumière des chefs-d’œuvre honnis par les nazis, qui ont banni tout art associé aux juifs, aux bolcheviks, ou aux modernes. Deux autres expositions font écho à cet accrochage, à l’heure où les populistes rêvent de mettre la culture au pas
Deux millions? Trois? Nul ne sait exactement combien de visiteurs vinrent contempler l’exposition de «l’art dégénéré» («Entartete Kunst») inaugurée par les nazis à Munich en 1937. Une exposition itinérante, présentée dans une douzaine de villes du Reich, dont Vienne une fois l’Anschluss consommé. Le but? Montrer l’horreur de l’art que le régime abhorrait: celui des juifs, des bolcheviks, des modernes. Bref, tout ce qui n’entrait pas dans le moule idéologique du national-socialisme, obsédé par la glorification de la race aryenne.
La liste des bannis ressemble aujourd’hui à un panthéon: Picasso, Kandinsky, Klee, Dix, Chagall, Kirchner, Beckmann, Nolde, Marc, Kokoshka, et tant d’autres. 16 558 œuvres furent évacuées des musées allemands. Certaines détruites, d’autres vendues aux enchères – parfois en Suisse, comme à Lucerne, où la Galerie Fischer joua les courtiers. Histoire bien connue.
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CHRONIQUE. D’où provient ce sentiment de réalité altérée que l’on ressent en suivant l’actualité ou les séries? Vous avez dit «hypnocratie»?
Longtemps, face aux amis qui me parlaient des séries qu’ils dévoraient par tranche de huit épisodes dans une transe hypnotique et jouissive, j’opposais, avec la plus totale sincérité, comme on parle d’une faiblesse du genou, que mon cerveau ne pouvait pas ingérer d’autres histoires que celles que je devais lire pour les pages littéraires du Temps.
En général, ces amies et amis me regardaient avec étonnement. J’insistais alors sur le côté très physique, neuronal en fait, de l’affaire. Rien n’y faisait. Bien que jamais verbalisée, une suspicion s’invitait chez eux, je le sentais bien: est-ce que mon abstinence en matière de séries ne cachait pas un début de jugement de leurs pratiques à eux, pire, un sentiment de supériorité? Comme si le livre conservait, par-delà les millénaires, un L majuscule, une sorte d’aura sacrée, forcément horripilante. Face à ces reproches muets, je prenais le ton de celle qui connaît la vie et qui a donc vécu des passions, bien sûr, pour des séries. Mais voilà, je suis obligée de tenir la bride à mes transports.
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A l’heure de l’urgence climatique et du surtourisme, il convient de s’interroger sur les raisons qui nous poussent à voyager, comme l’évoque ce dialogue fictif entre deux amies imaginaires
Amie 1: «Où pars-tu en vacances cet été?»
Amie 2: «J’ai décidé d’arrêter de voyager pendant quelque temps.»
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CHRONIQUE. La glissade du PLR lors de plusieurs élections cantonales ou d’importantes votations pose une fois de plus la question de son positionnement face à l’UDC, qui guigne ses électeurs populaires, écrit Yves Petignat
Le libéralisme est-il soluble dans le national-conservatisme? Cette question se posait il y a 10 ans, lorsque le PLR s’interrogeait sur l’opportunité d’accepter l’offre de l’UDCde constituer une grande alliance électorale de la droite. Impossible alors de se résoudre à ce que le parti fondateur de la Suisse moderne abandonne sa conception de l’Etat régulateur pour s’incliner devant les adeptes de «la primauté de la nation». La question ne se pose plus en 2025. Mais le problème demeure: l’UDC va-t-elle finir par absorber ce qui reste de l’électorat populaire du grand vieux parti? Car depuis les élections fédérales de 2023, le PLR va de déception en déception. Il a perdu des sièges au profit de la droite nationale-conservatrice dans les parlements et les gouvernements lors de huit des dix dernières élections cantonales. En mars notamment, à Soleure et Neuchâtel.
Si le PLR avait limité la casse aux élections nationales (-1%) avec la perte de deux fauteuils aux Chambres fédérales, il n’a pas pu éviter, depuis lors, de glisser dangereusement. Le parti de la droite libérale qui, au niveau national, totalisait encore 20% des voix au début de ce siècle est tombé aujourd’hui à 14,3%. Dans les cantons, le PLR a encore perdu trois conseillers d’Etat ces deux dernières années et onze députés dans les parlements. Cela au profit de l’UDC qui, si elle n’a gagné qu’un seul ministre cantonal, a progressé de 32 sièges dans les parlements. A l’autre bout de l’échiquier politique, la gauche a progressé de 15 sièges de députés, au détriment surtout des Vert·e·s.
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CHRONIQUE. Plutôt que de tirer prématurément le bilan post mortem du pape François, notre chroniqueuse Marie-Hélène Miauton préfère s’interroger sur tout ce que le prochain souverain pontife aura à résoudre
L’usage est de respecter le temps du deuil avant de tirer le bilan d’un grand mort, signe élémentaire d’estime et d’humanité. Le pape François s’en est allé, il est évidemment trop tôt pour juger de la trace qu’il laissera dans les mémoires et, surtout, dans l’Eglise. Néanmoins, un successeur doit être désigné, que nous connaîtrons d’ici un mois environ. Les congrégations sont chargées, dès aujourd’hui, de réfléchir au profil du prochain souverain pontife, celui qui se coltinera avec courage une institution chahutée aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Petit inventaire des problèmes.
ÉDITORIAL. Les symboles, dont un iconique échange Trump-Zelensky, ont été nombreux et forts durant les obsèques du pape François. Assez pour constituer un héritage dont les cardinaux qui vont élire un successeur doivent tenir compte
Cinquante chefs d’Etat, dix monarques, 130 délégations au total sur les près de 200 pays que compte la planète étaient réunis samedi dans le plus petit Etat du monde en l’honneur d’un seul homme, le défunt pape François. Ces dernières années, seule Elisabeth II avait fait mieux.
En 2013, lorsque Jorge Mario Bergoglio a accédé au trône pontifical, Barack Obama présidait les Etats-Unis, la Crimée était ukrainienne et on croyait encore, un petit peu, à une solution à deux Etats au Proche-Orient. En 2025, le monde connaît une mutation profonde, chaotique et anxiogène, engendrée par des guerres et de nouveaux dirigeants brisant certains codes en place depuis 80 ans.
Dans ce fracas, les obsèques papales de samedi ont cumulé les symboles. D’abord cette informelle assemblée des nations, unies par une forme de spiritualité et par de l’espoir, dont le défunt s’était fait le messager. Un peu moins de pompe ensuite, comme l’avait souhaité le principal intéressé. Une immense foule enfin, présente sur place et sur les écrans de toutes tailles à travers le monde. La mort du pape est devenue sur les réseaux «une trend», portée par l’image de cette dépouille dans un modeste cercueil devant lequel ont défilé des dizaines de milliers de personnes bravant avec leur smartphone l’interdiction de photographier.
«Construire des ponts et non des murs.» On peut sourire ou critiquer François pour ses supposés vains voyages, discours et encycliques sur les pauvres, les migrants et la paix. Reste que c’est le message qui revient, depuis son décès, dans la bouche des grands et petits de ce monde. Et ce, au-delà du seul univers catholique. C’est l’autre force de Jorge Bergoglio qui, à défaut de remplir de nouveau les églises, a fait de la bonne communication universelle.
Une fois mort, il réalise même ce que nombre de dirigeants en vie peinent à faire: Donald Trump et Volodymyr Zelensky assis seuls dans le fastueux décor de la basilique Saint-Pierre et faisant (peut-être) avancer le sort de la paix. Instant de grâce momentané ou réel début d’influence sur le cours des choses? L’avenir le dira.
Quoi qu’on pense du grand spectacle costumé visible ces jours, tous ces faits et symboles expriment la responsabilité qui incombe maintenant aux cardinaux grands électeurs à l’heure de trouver un successeur en conclave. Ils sont les répondants de l’héritage de François pour tous ceux, catholiques ou pas, qui l’ont salué. A défaut d’être des faiseurs de paix, ils peuvent au moins continuer à être des propagateurs d’espoir.
CHRONIQUE. Une étude parue cette semaine montre combien les jeunes sont conscients des dégâts que peuvent causer les plateformes numériques sur leur santé
«Adolescents, réseaux sociaux et santé mentale». Le titre de la dernière étude du Pew Research Center, menée auprès de 1391 jeunes Américains de 13 à 17 ans est sobre, et son contenu fait réfléchir. Ainsi, dans ce sondage, 48% des adolescents ont déclaré que les médias sociaux ont un effet «principalement négatif» sur les personnes de leur âge. Cette proportion n’était que de 32% lorsque le centre de recherche américain avait mené une étude similaire en 2022.
Autre chiffre intéressant: actuellement, seulement 14% des adolescents déclarent que les réseaux sociaux ont un impact principalement négatif sur eux-mêmes. Il y a donc a priori un décalage troublant entre la façon dont les jeunes perçoivent leur propre rapport à ces plateformes, et comment ils observent leurs pairs. En parallèle, 45% des sondés disent passer trop de temps sur les réseaux, contre 36% en 2022. Aujourd’hui, 44% des adolescents affirment avoir réduit le temps passé sur leur téléphone.
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CHRONIQUE. Donald Trump affiche clairement la volonté d’affaiblir durablement la valeur du billet vert. Sur le long terme, il pourrait buter sur l’absence de véritable alternative crédible, observe notre chroniqueuse
Maintes fois annoncée, jamais réalisée: la fin du dollar. L’euro, à peine né, devait le concurrencer. Puis le yuan allait le supplanter grâce à la montée en puissance de la Chine. Mais le billet vert a à peine bronché, restant largement en tête dans les échanges commerciaux (la moitié d'entre eux se font toujours dans cette monnaie) et dans les réserves des banques centrales (58%).
Pour la première fois, le coup de butoir vient toutefois de l’intérieur. C’est une obsession de Stephen Miran, l’un des experts qui a façonné l’étrange programme économique de Donald Trump: dévaluer le dollar. Le but est de rendre le pays plus compétitif pour ses exportations, ce qui doit l’aider à se réindustrialiser.
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CHRONIQUE. A chercher éperdument à décrire notre époque avec des clés héritées du passé, forcément le risque de grand foutoir idéologique augmente, remarque Alexis Favre
Depuis une centaine de jours, ou plus précisément depuis le come-back du président orange à la Maison-Blanche, un petit mot chargé d’histoire et lourd de sens fait lui aussi son retour dans le débat public et agite les esprits: le fascisme. Avec une question qui taraude les amateurs de définitions: Donald Trump est-il fasciste?
J’ai lu çà et là des gens très érudits démontrer que oui par a + b, ou expliquer que non, toujours à grand renfort de références. Le président américain coche-t-il toutes les cases? La joute typologique est en cours et ne sera pas tranchée de sitôt, j’en ai peur. Je vais donc me garder de m’y engouffrer, et vous ne m’en voudrez pas.
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REVUE DE PRESSE. Les électeurs canadiens sont appelés aux urnes ce lundi 28 avril au moment où le pays fait face «aux visées du président impérieux qui trône à Washington» et qui n’ont rien d’hypothétique, relève la presse Outre-Atlantique
Existentielle. C’est ainsi que de nombreux observateurs ont qualifié l’élection qui se profile ce lundi au Canada. Près de 29 millions d’électeurs sont appelés à choisir le premier ministre qui sera chargé de faire face à une crise sans précédent et de négocier avec Donald Trump, entre droits de douane hérétiques et menaces d’annexion. «La guerre commerciale déclenchée par le président américain, ainsi que les velléités de celui-ci de faire du Canada le 51e Etat des États-Unis ont fait réagir les électeurs fortement, et chamboulé les plans de campagne de tous», a ainsi estimé un éditorialiste dans les colonnes du quotidien québécois L’Actualité.
Le nom du locataire de la Maison-Blanche ne figure pourtant sur «aucun bulletin de vote canadien», comme le souligne l’AFP, c’est néanmoins celui «qui est dans toutes les têtes». «Quel dirigeant sera le plus à même de faire face aux répliques du séisme Trump et de défendre les intérêts canadiens dans ce moment charnière pour le pays? La réponse des urnes interviendra à 19h côté Pacifique (4h suisses).
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CHRONIQUE. Les universités chinoises et américaines n’ont pas les mêmes points forts, écrit Metin Arditi…
Dans la concurrence que se livrent la Chine et les Etats-Unis pour imposer au monde leurs produits de grande consommation, la domination ne sera jamais un acquis. Les voitures électriques chinoises sont désormais de qualité comparable aux meilleures voitures occidentales. En matière d’outillage, les Chinois mènent la danse: pour transformer une technologie de pointe en un objet de la dimension d’un paquet de cigarettes, par exemple l’iPhone, et le fabriquer par millions d’exemplaires, il faut des trésors de savoir-faire… en outillage. Cela étant, sans la créativité américaine, tout l’outillage du monde n’aurait pas produit un seul iPhone. La carte maîtresse des Etats-Unis, c’est la créativité. Une comparaison des programmes d’études des grandes universités américaines et chinoises est éclairante. Ce qui a fait la force des premières, c’est la part laissée à la créativité de leurs étudiants. Le saccage féroce entrepris par Trump contre les meilleurs établissements de son pays risque de priver les Etats-Unis d’un avantage déterminant. Une vraie folie. Du côté de Pékin, le champagne doit couler à flots.
P.S. Je pensais intituler cette chronique Merci Donald! en mandarin. Mais après avoir appris que «merci» se traduit par chié chié, j’ai changé d’avis. On a sa dignité…
CHRONIQUE. Longtemps, le sport s’est voulu exemplaire pour plaire à ses partenaires économiques. L’exigence inverse se fait aujourd’hui pressante pour qu'il ne soit plus instrumentalisé. Mais peut-on couper la main qui nous nourrit?, interroge Michel Desbordes, professeur de marketing du sport à l’Université de Lausanne
L’organisation des événements sportifs ne peut se faire sans l’aide financière des marques, appelées sponsors. Cette pratique n’est pas nouvelle: dès l’Antiquité, les athlètes grecs représentaient leur cité et, durant la Renaissance, François 1er soutenait financièrement Léonard de Vinci. En 1861, Spiers & Pond finance la tournée de l’équipe de cricket britannique et devient le premier sponsor moderne. En 1928, Coca-Cola s’associe aux Jeux olympiques d’Amsterdam (contrat toujours en cours). Enfin, la Banque cantonale vaudoise est engagée avec le Lausanne Hockey Club depuis 1987.
Le processus commercial est désormais bien connu. Une marque finance le sport pour augmenter sa notoriété, améliorer son image, et in fine, bien sûr, cherche à augmenter ses ventes. Ce n’est plus le spectateur qui finance le sport aujourd’hui, mais les médias et les sponsors. La billetterie est devenue une recette minoritaire, 10 à 15% du budget d’un grand club de football en Europe.
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OPINION. Peut-on être à la fois conservateur et libéral? Comment chérir sa liberté individuelle sans tomber dans l’identitarisme? L’histoire suisse apporte des réponses en matière de synthèse, écrit l’historien Olivier Meuwly
Dans Le Temps du 24 mars dernier, le philosophe Olivier Massin proposait un chemin digne d’intérêt pour sortir des clivages qui déchirent la société, où pullulent les «identitarismes» de droite ou de gauche. Car chanter les vertus de l’universalisme ne suffit pas. En apparence au-dessus de la mêlée, il n’est en effet pas dénué de risque: en «déterritorialisant» l’individu, ne nourrit-il pas le mal qu’il prétend combattre? Aussi Olivier Massin suggère-t-il, dans le sillage du philosophe anglo-irlandais du XVIIIe siècle Edmund Burke, une combinaison conservateur-libéral qui protégerait la liberté individuelle sans recourir à la haine des autres, sans extraire l’individu de sa communauté d’origine ou de choix.
La proposition est tentante. Il est vrai que l’association entre les deux notions est ancienne et a fini par désigner un courant politique dès les années 1850: le libéralisme-conservateur. Il est apparu lorsque le libéralisme historique théorisé par Benjamin Constant et Germaine de Staël notamment, devenu méfiant à l’égard d’un discours trop démocratique et de la montée en puissance de la finance et de l’industrie, a été débordé par les idées républicaines, ou radicales en Suisse. Ce libéralisme historique s’est alors rabattu sur des positions plus conservatrices, ancrées dans une vision du pouvoir articulée fortement imprégnée de valeurs religieuses. Il a navigué ensuite entre ses deux pôles constitutifs, au gré des aléas de l’histoire.
Mais associer conservatisme et libéralisme comme un horizon possible pour nos démocraties occidentales, saisies par une crise que Marcel Gauchet vient d’analyser dans son dernier ouvrage*, ne relève-t-il par de l’oxymore? Le philosophe français déplore lui aussi la quête d’autonomie dont s’est enivré l’individu démocratique à partir des années 1970. Cette fièvre libertaire l’a déconnecté de toutes ses appartenances antérieures, le plongeant dans une illusion d’indépendance et dans la conviction erronée que le droit était là pour sauver son «unicité». Coupant les ponts avec son passé mais aussi avec l’idée qu’il puisse s’améliorer au fil du temps, l’individu s’est institué comme une fin en soi. Si Gauchet ne brandit pas la solution conservatrice comme réponse au dilemme moderne, il n’en est pas loin.
Ce refuge conservateur, que nous susurrent explicitement Massin et en creux Gauchet, peut-il véritablement endiguer une liberté menacée par ses propres excès? Sans doute, dans ce mariage, que l’histoire a décrété de raison, le conservatisme peut-il offrir un cadre au libéralisme. Il le réinscrit ainsi dans son historicité, grâce à une stabilité dont il se veut en quelque sorte le garant. D’un autre côté, le libéralisme peut assurément aiguillonner ce même conservatisme et le préserver d’un immobilisme dévastateur. Il peut lui apporter sa conception «optimiste» de l’avenir, comme le pense Gauchet.
Mais si, dans l’abstrait, le conservatisme libéral, que nous pensons synonyme du libéralisme conservateur du XIXe siècle, peut paraître séduisant, il demeure un domaine possiblement conflictuel: le rapport à l’Etat. Car que veut dire «conserver» ? Cette incertitude risque de contraindre le conservatisme à une sorte de myopie sur ses propres finalités et de faire dériver des conservateurs bon teint vers un étatisme périlleux, à l’instar du philosophe conservateur britannique Roger Scruton, cité par Massin. Mais, face à l’Etat, le libéralisme est lui aussi indécis! Refusant l’anarchisme, il admet donc l’Etat, mais dans une forme la plus réduite possible. Le problème, c’est qu’il peine à en dessiner le pourtour.
Cette incapacité explique pourquoi, au-delà des années 1830, le libéralisme, seul, n’a plus été en mesure d’exercer un pouvoir qui passe forcément par une maîtrise de la «chose» étatique. Pour pouvoir influer sur le destin des peuples, il a dû s’allier avec une autre force politique et, de fait, il a souvent collaboré avec le conservatisme, dans un libéral-conservatisme qui a traversé les décennies. En Angleterre, le libéralisme des whigs s’est fait absorber, dans sa version de «droite», par les tories, qui ont ainsi pu réanimer leur conservatisme péclotant. En Allemagne, après la guerre, alors que le FDP n’a cessé d’osciller entre ses ailes gauche et droite (très libérale sur le plan économique), le libéralisme a été plutôt assimilé par une démocratie chrétienne ainsi requinquée.
La Suisse a connu une autre synthèse, parachevée à travers sa démocratie semi-directe et son fédéralisme: le radicalisme, adossé à un libéralisme présent dès les origines de la Confédération, mais progressivement imbibé de conservatisme, et à un respect parfois excessif de l’Etat. D’où un équilibre, que l’on peut qualifier, sur la longue distance, d’assez fructueux et à même, malgré quelques crises majeures, de proposer peu à peu des points de rencontre avec les «purs» conservateurs helvétiques, catholiques ou protestants. La France aurait pu développer un modèle de ce type, mais ses républicains dits de droite n’ont pas su se dégager de leurs penchants étatistes.
Nous pensons donc que les synthèses aptes à préserver la démocratie des pièges qui l’environnent peuvent emprunter la voie libérale et conservatrice mais à la condition de réinventer un Etat réellement libéral, contre un amour de la tradition qui tendrait à figer le processus historique et une démocratie égalitaire moderne, absolutisée par le droit et à même de stimuler la désagrégation sociale redoutée par Gauchet.
*«Le Nœud démocratique. Aux origines de la crise néolibérale». Gallimard, 2024.
CHRONIQUE. Malgré son inefficacité, le protectionnisme séduit largement les votants. Bryan Caplan montre que l’irrationalité électorale, loin d’être accidentelle, est normale en démocratie. Pour être élus, les politiciens en tiennent compte
Un temps, je m’étais fixé une règle contraignante: ne lire que des livres d’auteurs déjà morts. L’idée étant que le temps sélectionne les livres qui méritent d’être lus et nous débarrasse des autres qui, malgré leur intérêt, finissent rapidement par être dépassés. Si un auteur contemporain est réellement digne d’intérêt, il le sera toujours dans vingt ans. Cette approche a eu pour conséquence que j’avais souvent l’impression perturbante, en lisant des livres anciens, d’y trouver des arguments d’une étonnante actualité. Comme si l’histoire se répétait sans cesse et que nous refusons d’en tirer des leçons. Parmi les auteurs dont la pertinence résiste au temps, l’économiste Frédéric Bastiat (1801-1850) tient une place centrale.
Bastiat s’intéressait déjà aux causes qui expliquent qu’une société prenne des décisions irrationnelles sur le plan économique. Il tentait de rendre son lecteur attentif au fait qu’«un acte n’engendre pas seulement un effet, mais une série d’effets. De ces effets, seul le premier est immédiat; il se manifeste simultanément avec sa cause, on le voit. Les autres ne se déroulent que successivement, on ne les voit pas.» Ainsi, appliquée aux tarifs douaniers, la démonstration est la suivante: quand Trump décide d’introduire de nouvelles barrières commerciales en argumentant qu’il veut protéger les Américains de la concurrence chinoise dans un secteur donné, c’est ce qu’on voit. Or, ces mesures auront des conséquences indirectes négatives, comme de l’inflation, ou encore des mesures de rétorsion du pays sanctionné. Ces mesures viendront toucher un secteur et des travailleurs qui n’avaient rien demandé. Au final, prise dans son ensemble, cette politique sera négative pour le pays. C’est ce qu’on ne voit pas.
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OPINION. Soixante-et un dirigeants ont signé une tribune pour la diversité qui a fait du bruit début janvier. Seulement voilà. Quand il faut passer aux actes... C'est moins simple, constate Joëlle Payom, fondatrice et présidente de Rezalliance, association sans but lucratif basée à Genève et qui promeut de bonnes pratiques en entreprise
Ah, les tribunes engagées de patrons… Cette fois-ci, 61 CEO se sont rassemblés pour réaffirmer leur indéfectible engagement pour la diversité, l’équité et l’inclusion. Une belle déclaration d’intention. Mais une intention reste une intention, et entre les mots et les actes, il semble y avoir un gouffre.
CHRONIQUE. Meurtres en France dans un lycée puis, sans lien, dans une mosquée: une inflexion pourrait émerger dans les réactions des franges politiciennes les plus dures, y compris au Rassemblement national
Ces derniers jours d’actualité en France auront été particulièrement marqués par deux meurtres à l’arme blanche, sans aucun lien entre eux mais qui ont largement fait réagir la classe politique du pays. Un élève d’un lycée catholique de Nantes, aux troubles psychiques évidents, a tué jeudi une camarade de 57 coups de couteau. Et vendredi, un jeune Français d’origine bosnienne a poignardé à l’aveugle un fidèle musulman malien dans une mosquée du Gard. Là encore, des dizaines de coups ont été portés.
Dans les deux cas, les politiciens de tous bords ont largement tenu à réagir et à afficher leur émotion. Dans ces réactions, on notera ce qui pourrait être perçu comme une inflexion des habitudes.
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OPINION. S’appuyant depuis 1945 sur les Etats-Unis pour sa sécurité, le Japon voit avec inquiétude son puissant allié renâcler à tenir les engagements issus de ses alliances et s’attaquer à l’ordre international, observe Antoine Roth, de l’Université de Sendai
«Nous ne pouvons en aucun cas être optimistes quant à l’avenir de la communauté internationale.» C’est avec cet avertissement dramatique que se concluait la stratégie de défense nationale du Japon, publiée fin 2022. Après l’invasion russe de l’Ukraine, et ayant depuis longtemps fait face aux ambitions d’expansion maritime de la Chine, le gouvernement japonais exprimait sa crainte que «l’ordre international libre, ouvert et stable» qui avait assuré la sécurité et la prospérité du pays depuis des décennies, était au bord de l’effondrement. Dans la tourmente, le principal refuge du Japon restait l’alliance avec les Etats-Unis, pilier central de sa stratégie de défense depuis la Seconde Guerre mondiale. Le choc pour Tokyo de voir désormais ce même allié s’attaquer avec hargne à l’ordre international est donc profond.
Le premier ministre Ishiba Shigeru a déclaré faire face à une «crise nationale». La cause la plus immédiate en est les tarifs imposés par Donald Trump, qui mettent en danger les exportations de biens industriels dont dépend le Japon.
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ÉDITORIAL. Après un début de mandat frénétique et destructeur, la popularité du président plonge. Mais les règles de l’alternance politique s’appliqueront-elles encore aux Etats-Unis?
Le 20 janvier 2025, à peine assis dans le Bureau ovale, Donald Trump sortait son gros feutre noir et administrait une thérapie radicale aux Etats-Unis, dont l’onde de choc s’est fait sentir dans le monde entier. Durant ces 100 premiers jours, il a verrouillé les frontières de son pays, lâché Elon Musk sur l’administration publique, sabré dans l’aide internationale et dans les contributions aux organisations multilatérales ou est parti en croisade contre la diversité et l’inclusion, confortant l’Amérique blanche et hétérosexuelle.
Sur la scène internationale, Donald Trump a lancé des processus de paix en Ukraine et avec l’Iran, tout en encourageant Israël à écraser Gaza. Il a menacé d’annexer le Groenland, le Panama ou le Canada. En parallèle, il a lancé une guerre commerciale indiscriminée contre le reste du monde, avant de la rediriger contre la Chine, mais s’aliénant ainsi ses alliés maltraités et désorientés.
Le milliardaire républicain, par son énergie qui tranche avec celle de son prédécesseur Joe Biden et sa maîtrise de la communication moderne, monopolise toujours autant les écrans et les esprits. Mais la téléréalité présidentielle menace de dérailler, tant le commandant en chef est incohérent et la discipline qui régnait chez ses collaborateurs les premières semaines de son mandat s’est évaporée.
Si leur président est pressé, les Américains s’impatientent. Ils l’avaient, en particulier, élu sur la promesse de faire baisser le coût de la vie. Or, le locataire de la Maison-Blanche fait l’inverse. Ses droits de douane idéologiques vont favoriser l’inflation et risquent de provoquer une récession. Le milliardaire appelle ses compatriotes à se montrer patients. A l’entendre, son plan pour réindustrialiser l’Amérique portera ses fruits à long terme. Un comble dans cette ère d’immédiateté, dans laquelle le politicien a prospéré.
En attendant le retour à un âge d’or fantasmé et hypothétique, la grogne monte et l’impopularité du président atteint des records historiques. Les élections de mi-mandat en novembre 2026 se profilent déjà et des élus républicains redoutent un «bain de sang». Traditionnellement, ce scrutin est favorable à l’opposition, surtout si le président est un boulet électoral. Mais les démocrates sont toujours complètement déboussolés. Et au rythme endiablé imposé par Donald Trump, les Etats-Unis seront-ils encore une démocratie fonctionnelle avec des cycles classiques?
Car l’érosion des libertés, garantes d’une compétition équitable dans un système déjà très mal en point, est de plus en plus effrayante. Un jour, des enfants pourtant nés aux Etats-Unis, citoyens à part entière, sont expulsés manu militari. Le lendemain, une juge accusée d’obstruction à la politique d’expulsions massives est menottée par le FBI et inculpée. La Maison-Blanche n’ose pas encore s’attaquer frontalement aux tribunaux mais la guérilla fait rage. Elle risque d’ouvrir une crise constitutionnelle, plongeant le pays dans l’inconnu.
Les autres contre-pouvoirs sont systématiquement attaqués: les médias, les universités ou les cabinets d’avocats. Beaucoup d’Américains hésitent désormais à s’exprimer publiquement, de peur des représailles, affaiblissant ainsi le débat politique. Seuls les marchés, horrifiés par les conséquences incertaines de la guerre commerciale, sont parvenus à faire reculer le président.
D’ores et déjà, Donald Trump et ses adeptes ressassent l’idée inconstitutionnelle d’un troisième mandat, comme dans les démocraties sur le point de faillir. Le fondateur du mouvement «Make America Great Again», qui aura 82 ans quand il devra quitter la Maison-Blanche, ce qu’il n’a jamais fait de son plein gré, teste de nouveau les résistances et brise les tabous. La lame de fond nationale-populiste qu’il a alimentée ne disparaîtra pas de sitôt, quel que soit son avenir politique.
OPINION. Une notoriété planétaire et un réseau de distribution inégalé: le soft power suisse profite à plein de la chaîne internationale francophone, écrit son ancien président Yves Bigot, pour qui un arrêt de la contribution suisse n’aurait aucun sens
Que fait la Suisse dans TV5 Monde? Elle rayonne dans le monde entier à bas coût en profitant de la puissance française (et des autres bailleurs francophones).
8 400 000 euros, soit grosso modo 7 800 000 francs suisses: pour ce montant partagé à égalité entre la Confédération et la SSR, TV5 Monde diffuse dans le monde entier (Chine comprise) les programmes de la RTS sous-titrés en une douzaine de langues, auprès de plus de 430 millions de foyers au travers de huit chaînes linéaires régionalisées, de deux chaînes thématiques (jeunesse et art de vivre), ainsi que, depuis 2020, d’une plateforme gratuite de surface mondiale, TV5 Monde Plus, pour une audience hebdomadaire d’environ 60 millions de téléspectateurs.
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Les spas de luxe développent de plus en plus ce type de soins. Bilan de santé et revitalisation sont de mise grâce à un mixte d’appareils high-tech et d’approches thérapeutiques
Au spa Six Senses de l’hôtel The Alpina, à Gstaad, bols tibétains, tapis de yoga et tables de massage ayurvédique côtoient des équipements hautement technologiques depuis l’été 2023. Inspiré du mode de vie de l’Américain Dave Asprey, auteur de The Bulletproof Diet et parmi les pionniers du biohacking – un concept visant à optimiser ses facultés physiques, émotionnelles et mentales pour prolonger sa longévité –, l’ancien directeur Tim Weiland pressentait que préserver son capital santé passerait aussi par les machines. Faisant partie des premiers journalistes invités à découvrir ce pendant futuriste du spa, nous avions à l’époque passé trois minutes dans une cabine de cryothérapie, puis chaussé des bottes de compression pour dynamiser notre état général, avant un massage énergétique traditionnel.
«Avec l’essor du mouvement mondial du bien-être, et encore plus après le covid, les hôtels de luxe ont commencé à intégrer des thérapies avancées sur le modèle des cliniques privées, comme la Clinique La Prairie, en Suisse, pour répondre à la demande croissante des voyageurs soucieux de leur santé, en quête d’expériences plus complètes que les spas traditionnels», confirme Valentina Clergue, professeure assistante à l’EHL Hospitality Business School, à Lausanne.
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Une étude laisse penser que nos émissions de CO2 pourraient prolonger la présence de débris en orbite basse. Des experts tempèrent, estimant que c’est avant tout le manque de coordination entre opérateurs qui devient crucial
La physique est parfois contre-intuitive. Alors que notre climat se réchauffe à la surface de la Terre, c’est exactement l’inverse qui se produit à haute altitude. Un effet de la présence grandissante de CO2 qui, dans la haute atmosphère, renvoie de plus en plus d’énergie vers l’espace. Ce refroidissement provoque en quelque sorte un tassement des hautes couches de l’atmosphère, ce qui réduit la quantité de molécules de gaz résiduelles dans les orbites basses utilisées par les satellites.
Cet appauvrissement prolonge la durée de vie orbitale de ces engins, mais aussi celle des débris nombreux dans ces régions, au risque de multiplier les collisions. Une étude publiée dans Nature estime que, d’ici à 2100, la capacité d’accueil des orbites situées entre 200 et 1000 km d’altitude pourrait être réduite de 50% à 66%.
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Bien qu’il ait encouragé les Etats-Unis à abandonner les Nations unies le mois dernier, Elon Musk semble très attaché au multilatéralisme, du moins dans l’espace. C’est que son entreprise SpaceX est étroitement liée à l’une des agences les plus anciennes et sans doute les plus importantes de l’ONU, l’Union internationale des télécommunications
Il ne fait aucun doute que SpaceX joue un rôle central dans l’élaboration des réglementations mondiales, avec un quasi-monopole sur les lancements spatiaux et la possession de deux tiers des 10 000 satellites actifs en orbite autour de la Terre, principalement grâce à son réseau Starlink. Elle fait partie des plus de 1000 entreprises, universités et autres membres sectorielsde l’Union internationale des télécommunications (UIT, une agence technique des Nations unies qui coordonne les orbites des satellites et gère l’accès aux fréquences radio) qui ont presque doublé au cours des dix dernières années.
Pour Elon Musk, nommé à la tête du Département américain de l’efficacité gouvernementale (DOGE), que certains médias voient cependant bientôt poussé vers la sortie par Donald Trump, participer aux réunions et conférences techniques de l’UIT signifie s’assurer de la domination future de ses entreprises dans l’espace, d’autant plus que la concurrence de la Chine s’intensifie.
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Un projet pionnier conduit ces deux derniers étés a montré l’efficacité de la Sterile Insect Technique. Transmetteur du virus Zika et de maladies graves, le moustique tigre peut être efficacement combattu grâce à cette mesure respectueuse de l’environnement
Si vous étiez à Morcote l’été dernier ou le précédent, vous ne vous êtes sûrement pas fait piquer par un moustique tigre! L’Institut de microbiologie de la Haute Ecole spécialisée de la Suisse italienne (Supsi) menait dans la petite commune du sud du Tessin un projet pilote, en lien avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS), visant à réduire la population de l’Aedes albopictus. La technique employée, la SIT (Sterile Insect Technique), consistant en la stérilisation des mâles, s’est révélée un véritable succès.
Des réductions de 62% et de 63% des moustiques tigres ont été observées respectivement en 2023 et 2024, indique Eleonora Flacio, responsable du projet et présidente de l’European Mosquito Control Association (EMCA). «De sorte que, grâce aux diverses méthodes de contrôle, leur nombre a diminué de plus de 90%.» Lorsque les mâles stériles copulent avec les femelles, les œufs produits ne sont pas viables, et les femelles ne donnent donc pas naissance à de nouveaux moustiques, explique la biologiste.
Entre mai et fin septembre des deux années, lors de chaque saison, un total de 3,45 millions de mâles stériles – 150 000 par semaine – ont été relâchés à Morcote à 75 points prédéfinis espacés de 50 à 80 m, soit environ 3000 insectes par hectare. Le lâcher durait environ trois heures et était assuré par deux opérateurs techniques qui se déplaçaient en voiture pour couvrir la zone test de 45 hectares. Selon les données, 80% des mâles lâchés ont couvert une surface de 100 m et 18% se sont déplacés jusqu’à 200 m.
Pionnier, le Tessin est la seule région tempérée où des lâchers de moustiques tigres ont été effectués tout au long de la saison. Les populations de moustiques à Morcote et dans une commune voisine de contrôle (Caslano), possédant des caractéristiques climatiques et d’urbanisme similaires, ont été surveillées hebdomadairement, pendant vingt-six semaines, à l’aide de pièges à œufs. La densité moyenne des œufs était systématiquement plus faible dans la zone testée que dans celle de contrôle, tant en 2023 qu’en 2024. Elle a été réduite de 54,8% pendant toute la période d’activité des moustiques.
Au cours de l’expérimentation, le transport des mâles stérilisés – produits en Italie – a représenté un défi de taille, confie Eleonora Flacio. La température dans les colis de transport était maintenue entre 8 et 12 °C avec une humidité relative de 80% (vérifiée par des enregistreurs de données insérés dans les paquets) pour maintenir les petites bêtes, transportées par courrier, dans un état de dormance pendant le voyage. Les temps de livraison étaient longs, parfois de près de 24 heures.
Du coup, à l’arrivée, les moustiques étaient inutilisables parce qu’ils étaient morts ou presque morts, rapporte la chercheuse. L’équipe a tenté diverses stratégies pour que les insectes arrivent à destination en forme: divers types de conteneurs ont été testés; un repas en plus leur a été donné avant le départ; des membres de l’équipe sont même allés les chercher eux-mêmes à Bologne, en train.
«Nous avons aussi observé que la radiation – utilisée pour détruire le système reproductif des moustiques – réduisait leur viabilité. La dose de radiation a donc été calibrée pour s’assurer qu’ils survivent et conservent leur capacité à s’accoupler.» Il est impératif que le matériel soit en bon état et le transport est un aspect crucial, soutient Eleonora Flacio.
Quant à la production des mâles stérilisés, il ne s’agit pas d’un processus simple, signale-t-elle. «Des millions de larves sont produites et elles doivent l’être de façon synchronisée, afin que les moustiques aient le même âge, la même condition physique, la même dose de radiation.» La grande quantité requise ne peut être produite en laboratoire, une structure ad hoc est indispensable. La chercheuse et son équipe sont en voie de construire une bio-usine en Suisse italienne: «Le lieu précis ne peut pas encore être dévoilé.»
«Nous avons un terrain à disposition ainsi que le financement nécessaire, nous élaborons actuellement le plan technique.» Dans un premier temps, la structure desservira la Suisse italienne. «Parallèlement, nous avons besoin de données scientifiques à l’échelle du territoire, sur une superficie plus large. La prochaine étape – pour laquelle nous cherchons du financement – consistera à relâcher des mâles stérilisés dans une douzaine de communes tessinoises.»
La stérilisation des mâles demeure une technique complémentaire aux autres mesures de contrôle et qui a l’intérêt d’être propre, souligne-t-elle. «Après deux-trois jours, les mâles stérilisés meurent, il ne reste plus rien dans l’environnement.» En revanche, les insecticides contre les moustiques adultes sont préjudiciables à tout l’écosystème et ne doivent être utilisés qu’en cas d’épidémie. «La SIT est une technique du futur. Pour nous en Suisse, mais aussi ailleurs dans le monde.»
L’administration Trump a annoncé mardi qu’elle souhaitait interdire les colorants alimentaires dérivés du pétrole aux Etats-Unis. Fait rare: la mesure, soutenue par les experts sanitaires, fait l’objet d’un consensus politique dans le pays
Le gouvernement de Donald Trump a annoncé mardi son intention d’éliminer des denrées alimentaires tous les colorants artificiels actuellement autorisés aux Etats-Unis, une mesure soutenue par les experts sanitaires et objet d’un rare consensus politique.
L’agence américaine de contrôle alimentaire et pharmaceutique (FDA) «supprime de facto tous les colorants alimentaires dérivés du pétrole aux Etats-Unis», a annoncé son nouveau chef, Marty Makary, lors d’une conférence de presse. En tout, ce sont huit colorants synthétiques, tous dérivés du pétrole et accusés d’effets néfastes sur la santé, qui vont être progressivement interdits, d’ici à la fin 2026. «Au cours des 50 dernières années, les enfants américains ont vécu de manière toujours plus importante dans une soupe toxique de produits chimiques artificiels», avait-il déclaré un peu plus tôt, citant des études ayant lié ces additifs à l’hyperactivité, le diabète ou encore des cas de cancer.
Cette annonce d’envergure suit celle, mi-janvier, de la précédente administration démocrate d’interdire un autre colorant artificiel nommé «Red 3» en Amérique du Nord et E127 en Europe dans les denrées alimentaires. Cet additif était connu depuis plus de 30 ans pour provoquer des cancers chez les animaux.
Parmi les colorants concernés, le rouge «Red 40» (connu sous le nom de E129 en Europe) et les jaunes «Yellow 5» (E102) et «Yellow 6» (E110) sont ceux les plus communément utilisés par l’industrie agroalimentaire, détaille à l’AFP Peter Lurie, président de l’association de défense des consommateurs Center for Science in the Public Interest (CSPI). On les retrouvait jusqu’ici dans des milliers de produits alimentaires variés comme des bonbons, des céréales, des sauces et des boissons.
Or, «aucun d’entre eux n’a de valeur nutritionnelle», explique Peter Lurie. «Ils ne servent en réalité qu’à induire en erreur, à faire paraître les aliments plus rouges, plus bleus, plus fruités ou plus attrayants qu’ils ne le sont en réalité». Et ce dans un objectif commercial.
REVUE DE PRESSE. Les récents propos du ministre de la Santé américain ont déclenché les foudres de nombreuses personnes autistes et de leurs proches, qui ne voient pas leur trouble comme un déficit. Le concept de neurodiversité est au cœur des revendications
Le 10 avril, le ministre de la Santé américain Robert Kennedy Jr a promis que les autorités sanitaires mèneraient une enquête, d’ici septembre, pour établir les causes de ce qu’il qualifie d'«épidémie d’autisme». Un triple camouflet pour la communauté scientifique, qui explique que le terme «épidémie» ne peut s’appliquer, associe l’augmentation de la prévalence des troubles du spectre autistiques (TSA) aux progrès réalisés dans le diagnostic et rappelle que ces troubles sont principalement génétiques et influencés par des facteurs environnementaux – encore à l’étude.
Mardi, Jay Bhattacharya, le patron du NIH, l’organisme américain chargé de la recherche médicale, a dû rectifier le tir et annoncé que l’échéance du mois de septembre faisait «référence au lancement d’une nouvelle initiative de recherche, pas à la publication des résultats», indique l’AFP. Reste que dans le pays, la grogne monte, et pas seulement chez les scientifiques.
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Le président américain Donald Trump a soumis au Congrès un premier plan de réduction des moyens alloués à la NASA. L’agence spatiale pourrait se retrouver amputée d’une grosse partie de son activité scientifique
«Nous n’avons pas à prendre une décision binaire entre la Lune ou Mars. Nous pouvons faire les deux en parallèle.» La déclaration de Jared Isaacman, le milliardaire auditionné le 9 avril dernier pour prendre la tête de la NASA, a fait lever quelques sourcils. Comment assurer les ambitieuses missions lunaires Artemis à venir tout en organisant le premier voyage habité vers la planète rouge sans de drastiques coupes budgétaires ailleurs?
Le couperet est tombé deux jours plus tard. La Maison-Blanche a partagé une première version de son budget prévisionnel 2026 pour l’agence spatiale, et c’est la science qui trinque. Sur les 25 milliards de dollars annuels de la NASA, Donald Trump réclame une baisse de 5 milliards, dont 3,6 milliards coupés au sein du département scientifique de l’agence, le Science Mission Directorate, qui se verrait amputé de presque la moitié de son budget.
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OPINION. Les assauts de l’administration Trump contre les universités mettent en péril la recherche dans des domaines critiques et risquent d’engendrer une autocensure qui se fera ressentir même en dehors des Etats-Unis, écrit Béatrice Schaad, professeure à l’Institut des humanités en médecine, Faculté de médecine de l’Unil
Dans La Servante écarlate de Margaret Atwood, peu après la prise de pouvoir du nouveau gouvernement, June Osborne, l’héroïne du roman, éditrice, perd son emploi et son droit à l’éducation, comme toutes les femmes. Emily Malek, autre personnage, professeure d’université et chercheuse en biologie, est interdite d’enseigner. Il y a 6 mois encore, l’œuvre de Margaret Atwood était une dystopie. Impossible alors d’imaginer que ce récit serait dépassé par la réalité.
Or, depuis son intronisation, Donald Trump et, peut-être de façon encore plus redoutable, l’administration téléguidée par J. D. Vance attaquent directement la science. L’expression la plus claire de cet acharnement s’est traduite en une lettre parvenue le 11 avril dernier sur le bureau du président de Harvard Alan M. Garber. En comparaison de la pression mise sur Columbia, où il était «juste» question de laisser l’administration s’immiscer dans le fonctionnement de trois instituts, celle exercée sur Harvard tient du pilonnage.
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L’Organisation mondiale de la Santé et l’Alliance du vaccin, par ailleurs visées par des coupes budgétaires, alertent: des maladies qui peuvent être évitées grâce à la vaccination repartent à la hausse. La désinformation est pointée du doigt
Rougeole, méningite, fièvre jaune… Des maladies qui peuvent être évitées grâce à la vaccination repartent à la hausse, dans un contexte de désinformation et de coupes dans l’aide internationale, ont alerté mercredi soir l’ONU et l’Alliance du vaccin (Gavi).
«Les vaccins ont sauvé plus de 150 millions de vies ces cinq dernières décennies», a commenté le patron de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus, à l’occasion de la semaine mondiale de la vaccination.
«Les coupes financières touchant la santé mondiale mettent ces avancées durement gagnées en danger. Les épidémies de maladies évitables grâce aux vaccins augmentent à travers le monde, mettant des vies en danger et exposent les pays à des coûts de plus en plus grands pour traiter ces maladies et répondre aux épidémies», a-t-il ajouté.
Ainsi, la rougeole fait un «retour particulièrement dangereux», se sont inquiétées l’OMS, l’Unicef et Gavi dans ce communiqué conjoint. Le nombre de cas augmente chaque année depuis 2021, atteignant 10,3 millions de cas estimés en 2023 (+20% par rapport à 2022).
Et cette tendance s’est «probablement» poursuivie depuis. Ces 12 derniers mois, 138 pays ont rapporté des cas de rougeole, dont 61 subissant des épidémies significatives, «le nombre le plus élevé depuis 2019», selon le communiqué.
Les cas de méningites et de fièvre jaune ont également augmenté largement en Afrique en 2024.
En juillet 2024: La vaccination des enfants dans le monde stagne
Ces nouvelles tendances à la hausse interviennent dans un contexte de désinformation sur les vaccins, de multiplication des crises humanitaires, de croissance démographique et aussi des coupes budgétaires, insiste le communiqué, sans évoquer spécifiquement la suppression décidée par les Etats-Unis d’une grande partie de son aide à l’étranger.
«La crise mondiale de financement limite gravement notre capacité à vacciner contre la rougeole plus de 15 millions d’enfants vulnérables dans des pays fragiles et touchés par des conflits», a alerté la patronne de l’Unicef Catherine Russell. «Les services de vaccination, de surveillance des maladies et de réponse face aux épidémies sont déjà perturbés dans près de 50 pays, avec des revers similaires à la période du Covid», a-t-elle ajouté.
A ce propos: Gavi, l’Alliance du vaccin basée à Genève, dans le collimateur de Donald Trump
Même si les pays tentent de rattraper les retards accumulés pendant la pandémie, le nombre d’enfants ayant manqué leurs vaccinations systématiques a continué d’augmenter. En 2023, 14,5 millions d’enfants n’ont pas reçu ces doses, selon les estimations, contre 13,9 millions en 2022 et 12,9 millions en 2019.
Dans ce contexte, à l’approche de sa conférence des donateurs le 25 juin, Gavi demande au moins 9 milliards de dollars «pour protéger 500 millions d’enfants et sauver au moins 8 millions de vies entre 2026 et 2030».
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait des propositions pour réduire ses effectifs dans un contexte de fortes coupes budgétaires. Un fonctionnement plus «condensé et rationnel», selon un expert, mais les 10 000 employés sont dans le flou
Six cents millions de déficit pour 2025. Voilà dans quelle situation se trouve l’OMS après le retrait des Etats-Unis en janvier, qui lui apportait environ un quart de son financement – soit 1,2 milliard de dollars pour la période 2022-2023 – et le non-paiement de ses arriérés. Une crise encore aggravée par d’autres réductions de l’aide internationale en raison de la hausse des dépenses militaires. Pour 2026-2027, le budget initial de 5,3 milliards est aujourd’hui révisé à 4,2 milliards de dollars avec un déficit prévu de 45%.
Face à l’urgence, son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a présenté mardi à huis clos un nouveau plan de restructuration, d’abord au personnel, puis aux Etats membres. Il prévoit une réduction des divisions et des départements à Genève (de 10 à 4 et de 60 à 34 respectivement) ainsi que la fusion de certains programmes, comme ceux permettant de combattre le VIH et la tuberculose. Le programme «One Health» faisant le lien entre santé humaine, animale et environnementale et qui avait trouvé un nouvel écho pendant le coronavirus sera, lui, morcelé entre plusieurs départements.
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Le télescope de la NASA et de l’ESA fête ses 35 ans ce 24 avril. A cette occasion, nous vous proposons une visite dans la majesté de certaines de ses images les plus spectaculaires
Lancé le 24 avril 1990, le télescope spatial de la NASA et de l’ESA fête ses 35 ans. L’occasion de revenir sur son parcours mouvementé et sur la moisson prolifique qu’il n’a jamais cessé de nous offrir
Vieillissant, Hubble est au crépuscule de sa carrière. Depuis l’été dernier, il ne s’oriente plus dans l’espace qu’avec un seul gyroscope, les deux autres ayant rendu l’âme. A tel point que l’agence spatiale américaine, responsable de son fonctionnement, a réduit le programme d’observation. Avec l’espoir de le maintenir en activité pendant encore une dizaine d’années. Difficile de se priver d’un instrument qui a révolutionné notre connaissance de l’Univers!
Les premiers pas de Hubble ont été jalonnés d’imprévus techniques et financiers. A la fin des années 1960, alors que Neil Armstrong s’apprêtait à fouler le sol lunaire, l’Académie américaine des sciences avait recommandé la construction d’un grand télescope spatial. La NASA espérait alors un lancement dès 1979. Las, les financements déclinants de l’ère post-lunaire ont contraint l’agence à reporter le projet, tout en révisant ses ambitions à la baisse.
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Le décret présidentiel remet en cause l'Autorité internationale des fonds marins, théoriquement compétente en haute mer. Un passage en force du président américain qui hérisse les associations de protection de l'environnement
Les associations de protection de l'environnement alertent déjà sur les conséquences de la dernière sortie de Donald Trump. Le président américain a signé jeudi un décret destiné à ouvrir l'extraction à grande échelle de minerais dans les grands fonds océaniques, y compris en eaux internationales.
Le texte demande au secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, «d'accélérer l'examen» de candidatures «et la délivrance de permis d'exploration et d'extraction» de minéraux «au-delà des juridictions» américaines. Il saisit également le ministre de l'Intérieur, Doug Burgum, pour en faire de même pour les eaux territoriales.
L'initiative doit permettre de collecter un milliard de tonnes de matériaux en dix ans, a indiqué un haut responsable américain.
L'Autorité internationale des fonds marins (AIFM) a juridiction sur les fonds marins des eaux internationales, en vertu d'accords que les Etats-Unis n'ont, néanmoins, jamais ratifiés. Contactée par l'AFP, l'AIFM n'a pas donné suite dans l'immédiat.
Le décret enjoint également le secrétaire au Commerce de préparer un rapport sur «la faisabilité d'un mécanisme de partage» du produit des fonds marins.
«En se lançant dans l'extraction minière en eaux internationales, à contrepied du reste du monde, le gouvernement ouvre la voie à d'autres pays pour en faire de même», a réagi Jeff Watters, vice-président de l'ONG Ocean Conservancy, dans un communiqué. «Et cela aura des conséquences négatives pour nous tous et pour les océans dont nous dépendons.»
Aucune extraction minière commerciale n'a encore eu lieu dans les fonds marins, aux Etats-Unis ou ailleurs. Certains Etats ont, en revanche, déjà octroyé des permis d'exploration dans leurs zones économiques exclusives, notamment le Japon et les îles Cook.
Le gouvernement Trump estime que l'extraction minière en eaux profondes pourrait créer 100 000 emplois et augmenter de 300 milliards de dollars le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis, sur 10 ans toujours, a indiqué un responsable. «Nous voulons que les Etats-Unis devancent la Chine dans ce domaine», a expliqué cette source.
L'extraction concerne principalement les nodules polymétalliques, des sortes de galets posés sur les fonds marins, riches en minéraux comme le manganèse, le nickel, le cobalt, le cuivre ou les terres rares. Ces dernières sont des métaux aux propriétés magnétiques très prisées pour les véhicules électriques, panneaux solaires, mais aussi smartphones et ordinateurs portables.
«Les Etats-Unis font face à un défi économique et de sécurité nationale sans précédent, à savoir la sécurisation de leurs approvisionnements en minéraux critiques sans en passer par des adversaires étrangers», fait valoir le décret.
En 2023, 31 élus au Congrès, tous républicains, avaient adressé une lettre au ministre de la Défense, Lloyd Austin, réclamant que le gouvernement Biden permettent l'extraction minière sous-marine. «Nous ne pouvons pas laisser la Chine s'arroger et exploiter les ressources des fonds marins», avaient-ils écrit. Le gouvernement n'y avait pas répondu publiquement.
Après la publication, en mars, d'un article du Financial Times, le ministère chinois des Affaires étrangères avait estimé qu'aucun pays ne devait passer outre l'AIFM et autoriser unilatéralement l'exploitation minière sous-marine.
L'entreprise canadienne The Metals Company (TMC) a annoncé en 2025 son intention de contourner l'AIFM en demandant prochainement le feu vert des Etats-Unis pour commencer à exploiter des minerais en haute mer.
Pour son patron, Gerard Barron, le décret «marque le retour du leadership américain» dans le domaine des minéraux sous-marins, a-t-il déclaré dans une réaction transmise à l'AFP. «TMC se tient prêt à mettre en oeuvre le premier projet d'extraction commerciale de nodules polymétalliques au monde», a-t-il ajouté.
«C'est un exemple clair de la priorisation des compagnies minières au détriment du bon sens», a regretté Katie Matthews, de l'association Oceana.
En juillet 2024, le gouverneur démocrate d'Hawaï, Josh Green, a ratifié un texte interdisant l'extraction minière dans les eaux territoriales de cet Etat situé au beau milieu du Pacifique.
De nombreuses organisations de défense de l'environnement s'opposent à la collecte de minéraux, qu'elles accusent de menacer gravement l'écosystème marin.
«Trump est en train d'exposer l'un des écosystèmes les plus fragiles et méconnus à l'exploitation industrielle incontrôlée», a commenté Emily Jeffers, avocate du Centre pour la diversité biologique (CBD), rappelant que plus de 30 pays sont favorables à un moratoire. «La haute mer nous appartient à tous», a-t-elle ajouté, «et la protéger est un devoir pour l'humanité.»
Arbres brisés ou déracinés, routes coupées et torrents encombrés: les chutes de neige exceptionnelles de la semaine dernière ont engendré de sérieux dégâts dans les forêts du val d’Anniviers, déjà fragilisées par plusieurs catastrophes naturelles. Les bûcherons travaillent dans l’urgence
Une odeur de résine flotte dans l’air. Pour rejoindre le site, les bûcherons escaladent des arbres couchés et s’enfoncent parfois dans la neige jusqu’aux genoux, une tronçonneuse et un bidon d’essence à la main. Sur l’autre rive du torrent des Moulins, striée de petits glissements de terrain, des mélèzes déracinés gisent dans la pente et menacent un captage d’eau potable. Les forêts du val d’Anniviers ont beaucoup souffert des chutes de neige exceptionnelles de la semaine dernière. Selon les premières estimations, entre 2000 et 4000 mètres cubes de bois ont été brisés. Tous les endroits touchés ne sont pas encore accessibles. Garde forestier, Guillaume Revey soupire: «Il y a tellement de travail que nous devons prioriser et nous concentrer sur le plus urgent.»
Particulièrement exposé aux catastrophes naturelles, le val d’Anniviers porte encore les stigmates des crues de l’été passé qui avaient engendré des inondations dans la plaine, à Sierre et Chippis. La route principale, elle, est fermée pour des travaux liés aux éboulements du mois de novembre. La semaine dernière, les forêts d’un vallon voisin ont souffert d’un incendie. Quelques jours plus tard, un peu plus d’un mètre d’une neige lourde et humide a recouvert les branchages. De nombreux arbres ont cédé, coupant plusieurs routes et les deux lignes électriques de la vallée. «Nous avons d’abord ouvert les accès principaux pour les secours et les habitants, puis sécurisé les lignes pour rétablir le courant. Maintenant, le plus important c’est de dégager encore une fois les lits des cours d’eau», précise Guillaume Revey.
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Moulages, planches anatomiques et lames de microscopes sont exposés au Musée d’histoire des sciences. Pour son exposition «Anatomie», l’institution a sorti de ses collections des pièces troublantes datant du XIXe siècle. Certaines pour la première fois
En haut des escaliers du Musée d’histoire des sciences (MHS) de Genève, s’affiche une image de soi-même filmée par une caméra thermique, une manière de «s’approprier son corps autrement», prévient Laurence-Isaline Stahl Gretsch, commissaire de l’exposition Anatomie*. Durant une année, trois salles du musée sont dédiées à ce corps tel qu’il est fait à l’intérieur, derrière son enveloppe de peau (elle aussi exposée), du macroscopique au microscopique, du XIXe siècle à nos jours. Un concentré de l’étendue des connaissances sur l’anatomie du corps humain, de ses organes, nerfs, muscles, et autres vaisseaux sanguins.
«L’étude du corps humain se pratiquait déjà à Genève dès la Renaissance, avec des autopsies par exemple, mais cette ville n’a jamais été un haut lieu de l’anatomie, comme d’autres centres européens, Paris, Padoue ou Bâle, explique la commissaire et responsable du MHS. C’est en 1876, avec la création de la faculté de médecine, qu’apparaissent de nouveaux outils d’enseignement tels que des moulages et des modèles anatomiques. Plus besoin d’ouvrir les corps pour comprendre comment ils fonctionnent!»
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La Tessinoise a dirigé ces deux dernières années la station arctique de l’Institut de sciences polaires du Conseil national des recherches (CNR) italien. Là où le changement climatique s’observe deux fois plus rapidement qu’ailleurs
Tessa Viglezio rentre de trois mois passés à Ny-Alesund, le village le plus au nord du monde, sur l’île de Spitsbergen, en Norvège. Ces deux dernières années, la Tessinoise de 28 ans a été station leader de la station arctique de l’Institut de sciences polaires du Conseil national des recherches (CNR) italien, alternant les périodes de trois mois entre Ny-Alesund et le Tessin. «Sur place, on travaille sept jours sur sept, c’est très intense, c’est pourquoi on a trois mois de repos après un cycle de travail.»
Jusqu’en 1963, Ny-Alesund était un village minier où on extrayait le charbon. Aujourd’hui, il consiste en une trentaine de maisons colorées: 13 instituts de recherche (de dix pays), des laboratoires, des entrepôts, une installation électrique, une cantine, un gymnase, des chambres pour accueillir les chercheurs.
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La floraison des graminées démarre tôt cette année, en raison de «la douceur de l’hiver et du printemps», indique MétéoSuisse
La haute saison des allergies au pollen a débuté en Suisse, avec la floraison des graminées. Elle durera jusqu’à la fin de l’été, avec un pic en mai et juin, avertit lundi le Centre d’allergie suisse (aha!).
La saison du pollen de graminées «démarre tôt en raison de la douceur de l’hiver et du printemps. La végétation a une à deux semaines d’avance sur la moyenne à long terme», explique Regula Gehrig, biométéorologue à MétéoSuisse, citée dans un communiqué. Une vague de froid en avril a «ralenti brièvement la croissance, mais avec la hausse des températures, on peut désormais s’attendre à une augmentation rapide du pollen de graminées», ajoute-t-elle. Parallèlement, le pollen de bouleau, très allergisant, continue de circuler.
Il est difficile de prédire l’évolution des concentrations de pollen dans les semaines à venir. Elle dépend de la météo, en particulier de la fréquence des pluies et de la durée des phases ensoleillées.
En juin 2024: Rhume des foins, distinguer le vrai du faux
En Suisse, environ une personne sur cinq réagit au pollen, explique Roxane Guillod, responsable des services spécialisés de aha!. Les adolescents et les jeunes adultes sont particulièrement touchés.
Le rhume des foins n’est toutefois pas anodin. S’il n’est pas traité, il peut évoluer vers de l’asthme. C’est pourquoi le Centre d’allergie suisse recommande de faire examiner les symptômes par un médecin - de préférence un allergologue.
«Souvent, des médicaments tels que des antihistaminiques – complétés selon les besoins par un spray nasal ou des gouttes pour les yeux avec de la cortisone – sont utiles», note Roxane Guillod. Une désensibilisation permet aussi de s’attaquer à la cause de l’allergie.
Des grossesses plus tardives et moins nombreuses ainsi que la consommation d’alcool expliquent en partie le phénomène, selon les résultats d’une large étude menée auprès de 300 000 femmes
De tous les organes, ce sont les seins qui, en matière de cancer, sont les plus exposés: en France, un tiers des tumeurs malignes diagnostiquées chez les femmes, soit plus de 60 000 par an, y sont localisées [en Suisse, quelque 6600 femmes développent un cancer du sein chaque année, d’après la Ligue contre le cancer, ndlr]. Le risque de développer cette affection, qui constitue la première cause de décès par cancer chez la femme, dépend d’une combinaison de facteurs, dont l’âge, les antécédents personnels et familiaux, ou encore le mode de vie.
Le rôle du niveau d’études – et donc, par extension, du statut socio-économique – dans le risque de cancer du sein a fait l’objet d’un travail de grande ampleur dont les résultats ont été publiés début avril dans la revue International Journal of Cancer. Margherita Pizzato, de l’Université de Milan (Italie) et du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) à Lyon, et ses collègues ont pour cela suivi près de 312 000 femmes vivant dans neuf pays européens et incluses dans la cohorte prospective EPIC entre 1991 et 2000. Les participantes, recrutées dans la population générale, étaient âgées de 35 à 70 ans au début de l’étude et n’avaient jamais eu de cancer. Parmi elles, un peu plus de 14 400 ont reçu un diagnostic de cancer du sein au cours de la période de suivi de quatorze ans en moyenne qui s’est terminée, selon les centres, entre 2004 et 2010.
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Offre pléthorique, coûts en hausse, contrôles lacunaires et régulation en berne…, le rapport sur l’imagerie médicale publié ce lundi par le Contrôle fédéral des finances est sévère et appelle à plus de transparence
Peut et doit mieux faire. C’est en substance le constat dressé par le Contrôle fédéral des finances (CDF) dans une évaluation sur l’usage de l’imagerie médicale en Suisse et publiée ce lundi. Assez technique, le rapport de 45 pages montre à quel point ces outils diagnostiques sont peu régulés et très répandus: leur densité dans le pays est la plus élevée d’Europe.
Instrument essentiel de la médecine moderne, l’imagerie par irradiation (rayons X ou mammographe), par résonance magnétique (IRM) et par ultrasons (échographie) représente des coûts de 2,1 milliards de francs en 2023. Soit «un sixième du volume des prestations ambulatoires relevant de l’assurance maladie obligatoire», estiment les auteurs de l’analyse. Des coûts élevés qui étaient aussi en hausse de 5,3% entre 2019 et 2023. Beaucoup plus que ceux enregistrés dans le secteur ambulatoire, qui a augmenté de 3,3% sur la même période. Alors que les coûts totaux du système de santé en Suisse se sont montés à 94 milliards de francs en 2023, soit en hausse de 2,4% sur un an, l’impact de l’imagerie médicale sur la facture globale de santé mérite attention.
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L’entreprise de Jeff Bezos veut rivaliser avec Starlink en proposant une connexion Internet à très haut débit depuis l’espace. Elle a franchi un cap lundi en y envoyant les premiers 27 satellites de sa constellation Kuiper, qui en comptera, à terme, plus de 3200
L’entreprise américaine Amazon du richissime Jeff Bezos a lancé lundi les premiers satellites de sa constellation Kuiper, qui vise à proposer une connexion Internet à très haut débit depuis l’espace. Elle veut se poser en rivale du géant Starlink. Avec plusieurs années de retard sur le groupe du milliardaire Elon Musk, le géant américain de la vente en ligne a envoyé à plusieurs centaines de kilomètres au-dessus de la Terre les 27 premiers satellites de ce réseau censé en compter à terme plus de 3200.
Le décollage de la fusée Atlas V du groupe United Launch Alliance transportant les satellites a eu lieu à 19h01 locales (01h01 mardi en Suisse) à Cap Canaveral, en Floride. Les engins acheminés dans l’espace posent les jalons du «projet Kuiper», une infrastructure aux enjeux à la fois commerciaux, technologiques et géopolitiques.
Amazon, qui y a investi plus de 10 milliards de dollars, ambitionne de proposer grâce à ce maillage de satellites un accès Internet à très haut débit depuis tous les points du globe terrestre, y compris des zones reculées et des terrains de guerre ou sinistrés. Le service devrait être mis en route dans le courant 2025. Son coût est encore inconnu, mais devrait toutefois être «accessible», selon Amazon, qui veut conserver la recette qui a fait son succès: les prix cassés.
Cette promesse n’est pas sans rappeler celle d’Elon Musk. Avec sa constellation Starlink, l’homme le plus riche au monde domine le marché en plein essor de l’Internet par satellites et dispose d’une bonne longueur d’avance, comme dans le domaine des fusées où Jeff Bezos et lui se font concurrence.
Mis en route il y a déjà plusieurs années, Starlink a réussi dans la nuit de dimanche à lundi son 250e lancement et dispose de plus de 6750 satellites en orbite. Ses services ont notamment été déployés sur des terrains touchés par des catastrophes naturelles, comme en septembre 2023 lors d’un séisme au Maroc, en janvier cette année après les incendies à Los Angeles mais aussi sur le front en Ukraine.
Contrairement aux services de télécommunications satellitaires traditionnels, qui reposent sur des engins moins nombreux mais plus grands et situés à plus de 35’000 km de la Terre, ceux proposés par Elon Musk et Jeff Bezos fonctionnent en orbite basse, ce qui leur permet des échanges de données bien plus rapides.
Une équipe de chercheurs a collecté des échantillons de poussières dans des salles de grimpe en Suisse, en France et en Espagne. Les scientifiques ont découvert des produits chimiques, à des niveaux comparables aux axes routiers de mégalopoles
Emanant des chaussures de grimpe, des produits chimiques potentiellement dangereux se retrouvent dans l’air des salles d’escalade qui peut être aussi pollué que les abords d’une route fréquentée. C’est ce que démontre une étude menée par des scientifiques de l’EPFL et de l’Université de Vienne.
Lorsqu’on fait de l’escalade en salle, on pense faire du bien à sa santé. C’est sans compter les substances présentes dans les chaussures utilisées pour pratiquer ce sport, qui peuvent à terme pénétrer dans les poumons des grimpeurs, explique mardi l’EPFL dans un communiqué.
Selon les résultats de l’étude, les chaussures contiennent des composés de caoutchouc similaires à ceux utilisés pour la fabrication des pneus de voitures. Ils incluent notamment des additifs suspectés d’être toxiques pour les êtres humains et l’environnement.
«Tout comme les pneus, les semelles des chaussures d’escalade sont des produits de haute performance, pour lesquels les additifs jouent un rôle essentiel, leur permettant d’être plus solides et résistants», explique Anya Sherman, chercheuse en environnement au Centre de microbiologie et de science des systèmes environnementaux (CeMESS) à l’Université de Vienne.
Anya Sherman pratique elle-même la grimpe. Lors d’une conférence, elle rencontre Thibault Masset, chercheur au Laboratoire central environnemental (CEL) de l’EPFL. Non seulement il adore également l’escalade, mais il travaille sur des sujets de recherche similaires.
«Nous nous demandions si les particules de nos semelles pouvaient se retrouver en suspension dans l’air des salles, comme le font les particules de pneus en environnement extérieur. Pour le savoir, nous avons développé un processus analytique inspiré de celui employé pour les additifs des pneus», raconte Thibault Masset.
Le chercheur a collecté des échantillons de poussières dans des halles de grimpe en Suisse, en France et en Espagne. Il a également analysé les semelles d’une trentaine de paires de chaussures, afin de comparer leur composition chimique avec les particules retrouvées dans les espaces d’escalade.
Ces données ont été complétées par celles obtenues à Vienne à l’aide d’un impacteur – appareil servant à mesurer les particules aériennes en simulant le système respiratoire humain. Elles ont offert une vue d’ensemble des composés chimiques en présence et des niveaux d’exposition potentielle des utilisateurs et du personnel.
«La pollution de l’air des salles était plus élevée que ce que nous pensions», réagit Thilo Hofmann, vice-directeur du CeMESS, à l’Université de Vienne. Le plus surprenant, selon lui, était l’observation de concentration d’additifs particulièrement importante en cas de forte affluence d’usagers au même moment dans un espace confiné.
«Les niveaux mesurés se situaient parmi les plus hauts jamais enregistrés au monde et étaient comparables à ceux des routes à voies multiples de mégalopoles», relève-t-il.
Quinze additifs ont été identifiés dans les semelles de chaussures, dont certains sont les mêmes que ceux retrouvés dans les pneus de voitures. A l’instar du 6PPD, un stabilisateur de caoutchouc, qui a notamment été associé à la mort de saumons dans les rivières. A ce stade, les effets sur la santé humaine sont encore méconnus. Mais Thilo Hofmann souligne que «ces substances n’ont rien à faire dans l’air que nous respirons».
Les chercheurs espèrent que cette collaboration constructive permettra d’œuvrer à la création d’un environnement de grimpe en intérieur le plus sain possible. Autre objectif: sensibiliser les fabricants de caoutchouc afin qu’ils suspendent la fabrication de composants chimiques potentiellement dangereux.
Afin d’en savoir plus sur les risques de ces substances sur la santé, les scientifiques de l’EPFL ont soumis un nouveau projet de recherche, qu’ils mèneront en collaboration avec des experts en toxicologie.
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