Microsfot et Meta ont publié mercredi des résultats dépassant les attentes des marchés. Après les inquiétudes du début d’année, les géants américains de la tech voient leurs investissements colossaux porter leurs fruits et prévoient d’accentuer leurs dépenses
L’arrivée de l’intelligence artificielle générative chinoise DeepSeek sur le marché avait jeté un froid en début d’année. Cette irruption interrogeait sur la possibilité de développer des IA avec des dépenses moindres et remettait en question l’hégémonie de la tech américaine dans le domaine. La publication des résultats de Meta et Microsoft ce mercredi, et d’Alphabet la semaine passée ont montré que ces doutes n’étaient que temporaires.
Meta, la société de Mark Zuckerberg, a enregistré un chiffre d’affaires de 47,5 milliards de dollars (38,7 milliards de francs) au deuxième trimestre. Un résultat au-delà des attentes, en hausse de 22% en comparaison annuelle. Son bénéfice net s’établit lui à 18,3 milliards (15 milliards de francs), soit une augmentation de 36%. Sur le semestre, son chiffre d’affaires a progressé de quasiment 19%. Microsoft a lui aussi fait mieux que les pronostics pour le quatrième trimestre de son exercice décalé, avec un chiffre d’affaires de 76,4 milliards de dollars (62,2 milliards de francs), en progression de 18%, et un bénéfice net de 27,2 milliards (22,1 milliards de francs). Pour l’année écoulée, le mastodonte américain franchit même pour la première fois les 100 milliards de dollars de bénéfice.
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Juillet tire sa révérence mais pas la saison des open air, qui grouillent de propositions hip-hop. Entre deux concerts de Gazo et Niska, zoom sur ces jeunes comètes à attraper sur les scènes romandes, du Venoge Festival au Lakelive
Au cœur de l’été, dans les festivals, la pêche aux poissons rap fait rage. Il n’y a qu’à voir les affiches où l’on s’arrache les plus gros vendeurs du hip-hop francophone, qui sont autant de garanties d’attirer un jeune public: les Gazo, les Niska, les Ninho et tous ces acronymes «bankable» du rap game actuel – SDM, SCH, Tif.
Mais les open air sont aussi de précieux terrains de jeu pour la relève, cette nouvelle génération de rappeuses et rappeurs qui décolle mais ne brasse pas encore les streams par milliards. L’occasion aussi de les attraper avant que ces comètes ne snobent les plus petites scènes. Alors que la saison des festivals bat son plein, voici les cinq jeunes as de la rime à ne pas manquer sur les scènes romandes d’ici à fin septembre, de l’Estivale au Tohu Bohu Festival.
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OPINION. Les projets de langue universelle vont de pair avec le rêve d'une langue neutre, apolitique et transparente, écrit James Costa, professeur à la Sorbonne Nouvelle, qui rappelle que le désir de langues neutres a précédé l'esperanto ou le volapük
Faut-il une langue commune pour se comprendre? La réponse semble aujourd’hui si évidente qu’il est probable que les lecteurs du Temps se demandent déjà s’il vaut la peine de continuer la lecture de cet article. Et pourtant, si la notion de langue commune pose problème, c’est surtout qu’il faudrait se mettre d’accord sur ce qu’on entend par «se comprendre». C’est là que ça devient compliqué.
Le Moyen Age avait une réponse simple: le latin servait à ça. Pour les lettrés au moins. Les autres se débrouillaient avec une intercompréhension relativement aisée entre langues proches — on allait de Valence à Naples en parlant une langue qu’on adaptait peu à peu, en fonction des variantes de ce qu’on appellerait aujourd’hui du catalan, de l’occitan, de l’italien. L’époque moderne, ayant perdu peu à peu le latin à partir du XVIIe siècle, se pose nécessairement la question autrement. Et elle se pose la question de ce que se comprendre veut dire.
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L’homme de théâtre est décédé ce jeudi dans l’Etat de New York. Il était connu pour ses mises en scènes événement, et notamment celle de l’opéra de Philip Glass «Einstein on the Beach»
Le metteur en scène américain Bob Wilson, connu pour ses créations originales au théâtre comme à l’opéra, s’est éteint ce jeudi dans l’Etat de New York, à l’âge de 83 ans, a indiqué la fondation préservant son œuvre. «Nous sommes dévastés d’annoncer le décès de Robert M. Wilson, artiste, metteur en scène de théâtre et d’opéra, architecte, scénographe et éclairagiste, plasticien (…)», a indiqué la Robert Wilson Arts Foundation, précisant qu’il s’était «éteint paisiblement» à Water Mill, dans l’Etat de New York, des suites «d’une maladie brève mais foudroyante».
«Bien qu’il ait affronté son diagnostic avec lucidité et détermination, il a ressenti le besoin de continuer à travailler et à créer jusqu’au bout. Ses œuvres pour la scène, sur papier, ses sculptures et ses portraits vidéo, ainsi que le Watermill Center, resteront son héritage artistique», a ajouté la fondation. Peter Pan, Turandot, Einstein on the Beach… Ses mises en scène d’œuvres originales comme d’ouvrages du répertoire traditionnel ont créé l’événement partout où elles ont été montrées. Mais c’est en France que cet artiste total a le plus fait l’unanimité. «Les Français m’ont donné un «chez moi»», racontait à l’AFP en 2021 le Texan, qui avait monté le spectacle d’inauguration de l’Opéra Bastille, à Paris, en 1989.
«Bob Wilson était un artiste visionnaire, un maître de la mise en scène, un sculpteur de la lumière» qui a «profondément marqué ses contemporains, notamment en France où il créa tant», a commenté la ministre française de la Culture, Rachida Dati. «Le maître de la lumière s’est éteint (…) Avec lui, disparaît l’un des plus grands inventeurs de la scène contemporaine. Je l’ai rencontré au Festival de Nancy, dans ces années flamboyantes où tout semblait possible. Ce fut un choc esthétique, une révélation», a renchéri l’ancien ministre de la Culture Jack Lang.
C’est en 1976 que Robert, ou Bob Wilson, est propulsé sur la scène internationale avec Einstein on the Beach, un «ovni» de presque cinq heures monté à plusieurs reprises depuis sa création, et dont la musique est signée Philip Glass. L’œuvre brise toutes les conventions de l’opéra classique. Il n’y a pas d’histoire linéaire, mais plutôt une évocation des thèmes liés à la vie d’Einstein. Il ne s’agit pas d’expliquer la théorie de la relativité, mais de faire percevoir le bouleversement introduit par la notion d'«espace-temps», notamment avec la danse. Esthétique épurée, langage corporel codifié, influencé par les formes théâtrales asiatiques, et jeu de lumières évoquant souvent un monde onirique sont les marques de fabrique de Bob Wilson, dont le travail scénique intègre une large variété de moyens artistiques.
L’histoire d’amour avec la France commence avec Le regard du sourd, son premier succès, un spectacle «silencieux» de sept heures présenté au festival de Nancy en 1971, puis à Paris. Il lui vaut rien moins qu’une citation du poète Louis Aragon qui, bouleversé, écrit «je n’ai jamais rien vu de plus beau en ce monde depuis que j’y suis né». Le spectacle est né d’un incident fondateur: en 1967, Bob Wilson voit un adolescent noir de 13 ans, Raymond Andrews, se faire tabasser dans la rue par un policier. Il se rend compte que l’enfant est sourd-muet: il finit par l’adopter.
Wilson, également plasticien, a multiplié les collaborations: le chorégraphe Andy de Groat, Tom Waits, Isabelle Huppert pour Orlando de Virginia Woolf, Lady Gaga pour des portraits vidéos d’elle au Louvre ou encore la légende du ballet Mikhaïl Barychnikov. Sans oublier une quinzaine d’opéras montés de Paris à la Scala de Milan.
Pourtant, ce fils d’un avocat né le 4 octobre 1941 à Waco n’était pas prédestiné au théâtre. Waco, c’est «une petite ville du Texas sans musée ni théâtre, parce que Lincoln avait été assassiné dans un théâtre, c’était un péché d’y retourner», confiait-il au magazine Télérama en 2013. Dès l’âge de 12 ans, il joue ses propres pièces dans le garage familial mais à l’école, il se souvient être toujours «le dernier de la classe». Il sera guéri d’un grave problème de bégaiement grâce à un psychothérapeute qui travaillait avec la danse.
A la vingtaine, il atterrit à New York, mais déteste ce qu’il voit au théâtre et se rapproche instinctivement de l’avant-garde américaine: Andy Warhol, John Cage ou les chorégraphes George Balanchine et surtout Martha Graham. C’est elle qui le pousse à s’accrocher, quand il lui lâche: «Je ne fais rien de bien». Si ses créations ne font pas l’unanimité, il ne s’en émeut pas. «Neuf fois sur dix, on se dit ça ne marche pas, mais il faut aller de l’avant».
Il aime aussi s’entourer de jeunes et a créé en 1992 près de New York le centre Watermill, qui a annoncé sur Instagram son décès d’une brève maladie. «C’est un grand atelier, comme on peut imaginer l’atelier de Véronèse ou Rubens à l’époque: les jeunes peignaient pour le maître qui passe, qui corrige, qui peint un peu», expliquait-il.
Le président américain a décrété des nouveaux droits de douane pour un grand nombre de pays, qui devraient entrer en vigueur le 7 août. Ils s’échelonnent entre 10% et 41%. La Suisse se voit appliquer une surtaxe de 39% après l’échec des négociations. Notre suivi
L’incertitude: Donald Trump confirme ses premières salves de tarifs douaniers et semble laisser la porte ouverte à des négociations
Des conséquences déjà concrètes:
Trump chamboule le commerce mondial, à commencer par les matières premières
Notre série historique: Les conflits économiques qui ont façonné l’histoire
Donald Trump a qualifié jeudi d'«écoeurante» la dernière vague d'attaques russes sur l'Ukraine, après des bombardements sur Kiev ayant fait au moins 26 morts. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a promulgué jeudi une loi rétablissant l'indépendance d'instances anticorruption, revenant sur un précédent texte décrié. Notre suivi
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La firme américaine se voit contrainte de réformer son magasin d'applications mobiles, Google Play. Ce verdict l'oblige notamment à y intégrer l'Epic Games Store. L'affaire opposant l'éditeur du jeu vidéo Fortnite et Apple n'est, elle, toujours pas résolue
Cinq ans après le début de ce bras de fer judiciaire, Google a perdu jeudi son appel contre Epic Games. Il doit donc désormais autoriser l'installation de boutiques d'applications concurrentes à la sienne, Google Play, ce qui constitue une victoire majeure pour l'éditeur du jeu vidéo Fortnite.
En 2023, un jury avait reconnu le géant américain d'Internet coupable de monopole sur le marché de la distribution d'applications sur Android, son système d'exploitation mobile, donnant raison à Epic Games, à l'origine de la procédure.
La cour d'appel de San Francisco a rejeté le recours de Google jeudi. Sa condamnation s'applique donc à présent: la firme doit permettre aux développeurs d'intégrer leurs propres systèmes de paiement ou encore de proposer leurs applications sur des plateformes alternatives à Google Play, comme celle d'Epic, Epic Games Store.
«Victoire totale dans l'appel Epic vs Google», s'est félicité Tim Sweeney, patron d'Epic Games, sur X. «Grâce à ce verdict, l'Epic Games Store va pouvoir arriver sur Google Play.»
Total victory in the Epic v Google appeal! https://t.co/6jE6Wudqd6
— Tim Sweeney (@TimSweeneyEpic) July 31, 2025
«Cette décision nuira gravement à la sécurité des utilisateurs, limitera le choix et sapera l'innovation qui a toujours été au coeur de l'écosystème Android», a de son côté réagi Lee-Anne Mulholland, vice-présidente chargée des questions de régulation chez Google, dans une déclaration transmise à l'AFP.
Selon Tim Sweeney et d'autres éditeurs, Google et Apple ont un duopole sur le marché des applications mobiles avec iOS et Android, et abusent de leur position dominante en imposant leurs propres plateformes de téléchargement et de paiement, et en prélevant des commissions importantes sur les dépenses des utilisateurs. Les deux groupes californiens ont eux toujours mis en avant de potentiels risques pour la sécurité et la confidentialité des utilisateurs s'ils ne passaient pas par leurs systèmes.
«Notre priorité absolue reste la protection de nos utilisateurs, développeurs et partenaires, ainsi que le maintien d'une plateforme sécurisée, alors que nous poursuivons notre appel», a conclu Lee-Anne Mulholland.
L'affaire opposant Epic Games et Apple n'est toujours pas résolue non plus, même si un tribunal avait estimé fin 2021 qu'Apple ne pouvait plus imposer aux éditeurs d'applications de passer par l'App Store et son système de paiement.
En avril cette année, une juge fédérale d'Oakland (Californie) a accusé le groupe de Cupertino (Silicon Valley) de ne pas se plier à sa décision rendue il y a plus de trois ans et qui l'obligeait théoriquement à ouvrir les iPhone à des boutiques d'applications concurrentes à la sienne.
Apple a rétabli Fortnite sur l'App Store en mai, mais continue sa procédure en appel.
Le jeu avait été retiré de la plateforme en 2020, quand Epic Games avait tenté de contourner le système de paiement d'Apple.
Le parlement a examiné jeudi une réforme constitutionnelle pour abolir la limite du nombre de mandats du chef de l'Etat. Cette réforme prévoit également d'allonger le mandat présidentiel de quatre à six ans
Le parlement du Salvador, dominé de façon écrasante par les partisans du président Nayib Bukele, a adopté jeudi une réforme constitutionnelle qui abolit la limite du nombre de mandats du chef de l'Etat et lui permet de se représenter indéfiniment.
Cette réforme, examinée selon une procédure accélérée et qui allonge également le mandat présidentiel de cinq à six ans, a été adoptée par 57 voix contre trois. Selon le texte, le mandat actuel de Nayib Bukele s'achèverait en 2027 au lieu de 2029, et le président pourrait alors se représenter «sans réserves».
Sur les 60 sièges que compte le parlement, 57 sont détenus par des partisans de Nayib Bukele, triomphalement réélu en juin 2024 avec 85% des voix après avoir été autorisé par la Cour suprême du Salvador à briguer un second mandat, ce qui était en principe interdit par la Constitution.
«Aujourd'hui, la démocratie est morte au Salvador (...) Ils ont tombé leurs masques», a déploré en séance plénière la députée de l'opposition Marcela Villatoro, qui a critiqué l'arrivée soudaine de ce projet de réforme devant les députés alors que le pays entame une semaine de vacances d'été. «Ce sont des cyniques», a-t-elle affirmé.
Nayib Bukele, 44 ans, doit son immense popularité au Salvador à sa guerre sans merci contre les gangs, qui a réduit la violence dans le pays à un niveau historiquement bas grâce à un régime d'exception qui a permis les arrestations sans mandat et entraîné l'incarcération de dizaines de milliers de personnes.
La réforme constitutionnelle a été proposée par le parti au pouvoir après une vague de répression contre les défenseurs des droits humains et les détracteurs de Nayib Bukele, qui a contraint des dizaines de journalistes et d'activistes humanitaires à l'exil.
Steve Witkoff doit inspecter les sites de distribution d'aides humanitaires et rencontrer des habitants, une rare visite d'un diplomate étranger dans le territoire palestinien. Le chef de la diplomatie allemande Johann Wadephul, en visite à Jérusalem, estime que «la catastrophe humanitaire dépasse l’imagination». Notre suivi
Famine à Gaza. Même les médecins ne sont plus en mesure de travailler, tant la faim les tenaille. Notre article
Les réactions. Alors que la France est le premier membre du G7 et allié d’Israël à reconnaître la Palestine, les critiques fusent sur la position de l’Allemagne.
«Ces journalistes sont les yeux du monde, ils risquent de mourir de faim»: le cri de détresse des rédactions internationales
«Cité humanitaire» ou «camp de concentration»? Le projet de «concentrer» tous les Gazaouis sur les ruines de Rafah fait polémique. L’armée israélienne trouve cette perspective trop chère. Notre analyse
Massacres de civils lors des distributions d’aide. Ils sont le résultat d’ordres délibérés, démontre le quotidien Haaretz dans une longue enquête republiée pour la première fois en français et en intégralité par Le Temps. L’enquête
En Syrie. Après les violents combats à Soueïda, qui ont fait plusieurs centaines de morts, l’armée israélienne a bombardé le QG de l’armée syrienne à Damas et le palais présidentiel. L’article
L’après-guerre en Iran. Les Afghans exilés en Iran subissent la montée d’un nationalisme persan et une recrudescence de racisme et d’expulsions. Reportage
Vivre à Kashan. La ville iranienne située entre Fordo et Natanz vit dans la crainte d’une catastrophe radioactive et d’une reprise des bombardements: «Ici, beaucoup ont en tête ce qui s’est passé à Tchernobyl.» Reportage
Le directeur de Roscosmos, Dmitri Bakanov, s'est entretenu jeudi avec l'administrateur par intérim de la Nasa. Les agences collaboreront aussi lors de la mise à la retraite de la Station spatiale internationale en 2030
Moscou et Washington veulent poursuivre leur coopération spatiale. L'agence spatiale russe Roscosmos et la Nasa sont convenues de continuer à exploiter ensemble la Station spatiale internationale (ISS) jusqu'en 2028, a annoncé jeudi le directeur russe après la première rencontre en face-à-face avec son homologue américain depuis 2018.
«Le dialogue s'est bien passé. Nous avons convenu de continuer à exploiter l'ISS jusqu'en 2028. (...) Et jusqu'en 2030, nous travaillerons sur sa mise hors orbite», a déclaré Dmitri Bakanov, cité par l'agence de presse étatique TASS.
Selon lui, Roscosmos et la Nasa ont aussi prévu de discuter de leur coopération lorsque les stations orbitales nationales qui succéderont à l'ISS seront déployées, ainsi que de la manière de «les exploiter et pour une série de missions dans l'espace lointain».
Dmitri Bakanov était arrivé mardi à Houston aux Etats-Unis pour s'entretenir avec l'administrateur par intérim de la Nasa, Sean Duffy, malgré les graves tensions dues au conflit en Ukraine.
L'espace est l'un des derniers domaines de coopération entre la Russie et les Etats-Unis, qui exploitent ensemble l'ISS. La Russie avait annoncé en avril 2023 son intention de continuer à utiliser encore pour quelques années son segment de ce laboratoire orbital, où se trouvent en permanence ses cosmonautes, en dépit de sa vétusté.
Moscou ambitionne de construire sa propre station orbitale, malgré les difficultés du secteur spatial russe, miné depuis des années par un sous-financement chronique, des revers et des scandales de corruption. Le président Vladimir Poutine a estimé en octobre 2023 que le premier segment de cette nouvelle station spatiale russe devait être mis en orbite en 2027.
Dans le cadre des sanctions contre la Russie adoptées depuis 2022, les pays occidentaux ont mis fin à leur partenariat avec Roscosmos, mais les vaisseaux russes Soyouz restent l'un des seuls moyens d'acheminer des équipages vers l'ISS et Moscou joue un rôle clé dans son maintien en orbite.
Modèle de coopération internationale réunissant l'Europe, le Japon, les Etats-Unis et la Russie, l'ISS a commencé à être assemblée en 1998. Sa mise à la retraite était prévue en 2024, mais la Nasa a estimé qu'elle pouvait fonctionner jusqu'en 2030.
La productrice britannique du film «A Star is Born» devient la cinquième femme à prendre la tête de l'Académie des arts et des sciences du cinéma
L'Académie des Oscars a annoncé jeudi avoir élu à sa présidence la productrice britannique du film A Star is Born, Lynette Howell Taylor. Celle qui a également produit les films Blue Valentine et Mr. Wolff devient la cinquième femme à prendre la tête de l'Académie des arts et des sciences du cinéma, qui chaque année décerne les Oscars.
Précédemment, en tant que membre du Conseil des gouverneurs de l'Académie, la nouvelle présidente avait permis de «redynamiser (son) travail de récompense», a salué le directeur exécutif de l'organisation, Bill Kramer.
Après une forte chute d'audience pendant le Covid, la prestigieuse cérémonie des Oscars a connu un regain d'intérêt auprès des téléspectateurs. Près de 20 millions de personnes ont regardé la dernière édition en mars.
La Confédération fascine ses voisins francophones, et bien au-delà, depuis des siècles. Si cette image fantasmée semble taillée pour les cartes postales, elle continue de structurer l’imaginaire collectif en dessinant une représentation flatteuse, mais parfois aveuglante
Ueli Mäder s’en souvient encore. Il n’avait que 20 ans lorsqu’il arpenta pour la première fois les rues de Paris en 1968. L’air était électrique, l’atmosphère lourde des révoltes étudiantes et des gaz lacrymogènes qui imprégnaient la capitale française. Alors jeune Suisse curieux, aujourd’hui professeur émérite de sociologie à l’Université de Bâle, il se souvient de cette nuit où une patrouille de police l’interpella dans une ruelle au cœur de la Ville Lumière. Passeport suisse rouge tendu à bout de bras, il guettait la réaction des policiers, nous raconte-t-il. La surprise fut immédiate: «Mais la Suisse est un pays calme et propre», s’exclama l’un d’eux, avec une admiration presque naïve.
A ce moment-là, Ueli Mäder réalisa avec une ironie douce-amère la force de l’image idéalisée que ses voisins français entretenaient à propos de son pays natal. Une Suisse tranquille, travailleuse, stable. Une Suisse que l’on admire ou jalouse, à tort ou à raison. Depuis lors, cette image n’a cessé de l’interpeller: d’où vient-elle, et pourquoi résiste-t-elle tant aux réalités et aux nuances de l’époque contemporaine?
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COMMENTAIRE. La Confédération peine à parler d’avenir. A tel point qu’il est difficile d’identifier, aujourd’hui, des projets d’envergure à même de renforcer la cohésion nationale et de stimuler le sentiment d’appartenance à une histoire commune
Quatre zones linguistiques comme autant de cultures, 23 cantons – dont six demi-cantons, puisque comme tout le monde le sait, mieux vaut ne pas amalgamer les deux Bâle, les deux Appenzell, Obwald et Nidwald –, eux-mêmes persillés d’informelles mais tenaces «frontières» démarquant des sentiments d’appartenance microlocaux: créer, entretenir, nourrir une forme de cohésion nationale suisse n’est pas chose aisée. C’est pourtant un devoir qui incombe à chacun.
Malgré toute la bonne volonté possible, la somme des individus a besoin d’impulsions, d’une vision, de projets communs. Et d’un moteur: le personnel politique. Mais celui-ci, embourbé dans la complexe gestion au jour le jour des défis immédiats, semble ne plus avoir suffisamment de temps pour parler d’avenir – ce qui n’a historiquement jamais vraiment été une qualité première de ce curieux pays qui a tout de même su prospérer.
Posons-nous néanmoins cette question, alors que la Confédération souffle ce 1er août 734 bougies: à quoi devrait ressembler la Suisse de demain? Le territoire est constellé de routes et de rails, les barrages sont érigés, les montagnes percées de tunnels en leurs temps porteurs de modernité. N’y a-t-il plus rien à bâtir, plus aucun chantier d’importance nationale desquels se réjouir ensemble, autour desquels se réunir? N’avons-nous pas d’autre récit pour les plus jeunes aujourd’hui, et ceux qui nous rejoindront demain, que celui de cette Suisse qui administre (avec doigté) son quotidien, sans rêve ou ambition pour elle-même?
Le chantier d’un métro traversant tout le pays ne pourra pas commencer avant que ne s’achève celui de la traversée de la Rade de Genève, mais il existe d’autres domaines où la magie pourrait opérer. Dans l’énergie, avec ces vastes projets solaires et éoliens qui n’arrivent pas encore à séduire la majorité. Dans les technologies, avec le fantasme d’atteindre une souveraineté numérique nichée peut-être quelque part dans un cloud 100% helvétique. Dans l’urbanisme, avec ces villes qu’il faut repenser en adéquation avec l’environnement et l’évolution climatique.
Osons l’ambition, même circonscrite à ce petit territoire. Osons les projets d’envergure qui, sur plusieurs années, sur plusieurs décennies parfois, suscitent l’attente. Car après l’attente vient le temps de la célébration. Il n’y a pas mieux pour souder une population.
La Suisse de demain? Quelques pistes de réflexion dans notre série d’été:
Un rapport américain, publié fin juillet, expose les arguments qui ont conduit le gouvernement Trump à revenir sur une décision pour la régulation des émissions de gaz à effet de serre. Des scientifiques l'accusent de «déformer complètement (leur) travail»
Ce n'est pas une première. Des scientifiques de premier plan ont affirmé jeudi à l'AFP que leurs recherches, citées dans un rapport phare du ministère américain de l'Energie, avaient été détournées pour minimiser le rôle de l'activité humaine dans le changement climatique.
Ce rapport publié le 29 juillet expose les arguments qui ont conduit le gouvernement Trump à revenir mardi sur une décision clé datant de 2009 pour la régulation des émissions de gaz à effet de serre, mettant encore un peu plus à mal la lutte contre le changement climatique aux Etats-Unis. Il a été rédigé par un groupe de travail auquel ont participé John Christy et Judith Curry, tous deux associés par le passé au Heartland Institute, un groupe de pression qui s'oppose fréquemment au consensus scientifique sur le changement climatique.
Le document «déforme complètement mon travail», a déclaré à l'AFP Benjamin Santer, climatologue et professeur honoraire à l'université d'East Anglia, au Royaume-Uni. Il a expliqué qu'une section du rapport consacré au «refroidissement de la stratosphère» contredisait ses conclusions.
L'AFP et d'autres médias, dont le site d'information américain NOTUS, ont trouvé des citations inexactes, des analyses erronées et des fautes rédactionnelles dans le rapport.
Il s'agit de la troisième fois cette année que des scientifiques disent à l'AFP qu'une agence gouvernementale a déformé des travaux universitaires pour défendre ses politiques.
La Maison-Blanche s'était notamment empressée en mai de modifier un rapport sur les maladies affectant les jeunes Américains qui se fondait dans un premier temps sur des études scientifiques inexistantes.
«Je suis préoccupée par le fait qu'une agence gouvernementale ait publié un rapport destiné à informer le public et à orienter les politiques sans qu'il n'ait été soumis à un processus rigoureux d'évaluation par les pairs, tout en interprétant de manière erronée de nombreuses études qui, elles, l'ont été», a réagi auprès de l'AFP Bor-Ting Jong, professeure assistante à la Vrije Universiteit d'Amsterdam. Elle a souligné que le rapport contenait de fausses affirmations concernant le modèle climatique étudié par son équipe et utilisait une terminologie différente ayant conduit à une mauvaise interprétation de ses résultats.
Chercheur en climatologie à l'Université de St Andrews, en Ecosse, James Rae, qui dénonce également une mauvaise présentation de ses travaux dans le rapport, a déclaré à l'AFP que le changement dans la manière dont le ministère de l'Energie utilisait la science est «véritablement glaçant». Ce dernier «a été pendant des décennies à la pointe de la recherche scientifique. Or ce rapport ressemble à un exercice d'étudiant en licence visant à déformer la science du climat», a-t-il ajouté.
Contacté par l'AFP, un porte-parole du ministère a indiqué que le rapport avait été examiné en interne par un groupe de scientifiques et d'experts en politiques publiques.
Le public aura désormais la possibilité de formuler des commentaires sur le document avant sa publication finale au registre fédéral.
CHRONIQUE. Les récents accords commerciaux annoncés par le président américain ont été analysés comme des victoires personnelles du républicain. Ce sont aussi de véritables bombes à retardement pour l’économie mondiale
Alors que le verdict, très sévère, est tombé pour la Suisse avec 39% de taxes d'importation, les accords commerciaux récemment annoncés entre les Etats-Unis et d’autres régions ont souvent été présentés comme des victoires pour le président américain et des défaites – parfois humiliantes – pour le reste du monde (on l’a beaucoup lu à propos de l’Europe). Ces «deals» montreraient que le républicain peut imposer sa volonté à ses partenaires et que son programme «America First» fonctionne. Après tout, l’inflation ne s’est pas emballée aux Etats-Unis, malgré l’entrée en vigueur des taxes sur les produits importés. La croissance tient toujours le coup dans la première économie de la planète. Mais la guerre commerciale lancée par Donald Trump a déjà des effets négatifs, moins visibles mais pas forcément moins néfastes sur le long terme.
Les tarifs douaniers menacent surtout la croissance. Logiquement, face à des prix soudainement plus élevés, le consommateur réagit immédiatement et arrête de dépenser ou se reporte sur des produits moins chers. Les économistes parlent de destruction de la demande. Cette dernière étant le principal moteur de l’économie américaine, on voit bien le genre d’épée de Damoclès qui pèse sur elle.
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OPINION. Que le Conseil fédéral propose la reprise de la réforme du régime d’asile européen commun (RAEC) et que le parlement ne s’y oppose pas est une offense à notre tradition humanitaire et un grave retour en arrière, écrit Sophie Guignard, secrétaire politique de Solidarité sans frontières, membre de la coalition NoRAEC
Lampions, discours, cantines avec nappes Raiffeisen et feux d’artifice, partout aujourd’hui, une grande fête. Mais que célébrons-nous exactement? A en croire les discours officiels, tels que prononcés par les présidents de la Confédération lors des allocutions du 1er Août des dernières années, tous partis gouvernementaux confondus: un pays qui «réfléchit», promeut «l’indépendance, la sécurité, la liberté et l’autodétermination» (Ueli Maurer, UDC, 2019); qui «agit avec ses voisins» (Simonetta Sommaruga, PS, 2020) et envisage les défis actuels avec humilité, en prenant de la hauteur, en ajoutant notre engagement civique individuel et la créativité que stimule la démocratie directe (Guy Parmelin, UDC, 2021). Une Suisse, encore, qui est fière «d’avoir ouvert ses portes et son cœur à [des milliers] de personnes en détresse» (Ignazio Cassis, PLR, 2022). Une Suisse «en mouvement» (Alain Berset, PS, 2023), et dont les personnes qui l’habitent «en tant que société et pays, relève[nt] les défis avec courage et détermination, afin de renforcer les fondements sur lesquels repose la Suisse» (Viola Amherd, le Centre, 2024).
Le président de l’Union suisse des arts et métiers estime qu’il faut désormais rapidement réduire les coûts des entreprises, en allégeant leur fiscalité et en simplifier la bureaucratie en Suisse
Le président américain a décrété des nouveaux droits de douane pour un grand nombre de pays, qui devraient entrer en vigueur le 7 août. Ils s’échelonnent entre 10% et 41%. La Suisse se voit appliquer une surtaxe de 39% après l’échec des négociations.
Le Temps: Monsieur Regazzi, comment réagissez-vous à l’annonce de cette nuit?
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De la haute horlogerie aux Alpes, Marvin Merkel explore avec humour les icônes de l’identité helvétique. Nommé aux Swiss Design Awards, le photographe diplômé de l’ECAL poursuit une recherche entamée en 2022 avec une proposition plus explicitement politique
Dans la série Get Swiss or Die Trying à laquelle Marvin Merkel travaille depuis plusieurs années, l’augmentant régulièrement de nouvelles images, on reconnaît nombre de clichés de l’identité suisse. En vrac: le glorieux edelweiss, le serment du Grütli, Guillaume Tell le héros national, la haute horlogerie, l’amour du cervelas, ou encore certains éléments graphiques connus – et parfaitement conçus, bien entendu – comme la Croix-Rouge, le logo d’UBS ou celui des CFF. L’icône absolue qu’est le Cervin vient parfaire cette collection de signes du soft power helvétique.
Pour les Swiss Design Awards, où il était sélectionné cette année, le photographe a complété cette galerie d’images d’une nouvelle pièce sculpturale. Il s’agit d’une grosse boîte en carton munie d’un bouton rouge et d’une caméra, une machine assez sommaire dans sa fabrication et qui permet d’imprimer en quelques secondes un passeport helvétique. Merkel, né à Lausanne de parents allemands, a toujours vécu en Suisse mais n’a pas la nationalité. «Sans passeport, sans liens familiaux, sans racines en Suisse, je ne me suis jamais pleinement identifié comme Suisse, bien que j’aie vécu ici toute ma vie», explique-t-il, avant de rappeler qu’en raison de leur nationalité étrangère, près d’un quart des personnes résidant en Suisse se trouvent, de fait, exclues du droit de vote. Une statistique édifiante qui l’a amené à se questionner sur le fonctionnement de la démocratie helvétique.
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Directeur du Centre suisse de pédagogie spécialisée, le Luxembourgeois vit depuis quarante ans en Suisse. Ce parfait trilingue pose un regard parfois interloqué sur les tensions linguistiques qui émaillent son pays d’adoption
Installé à Fribourg depuis des années mais né au Luxembourg, Romain Lanners compare pour Le Temps, le multilinguisme de son pays d’origine et celui de la Suisse, alors que le débat sur les langues a rejailli. Directeur de la Fondation Centre suisse de pédagogie spécialisée, c’est à titre personnel qu’il accepte de s’exprimer pour engager les Suisses à davantage considérer de manière positive leur patrimoine linguistique unique.
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La faîtière de l’industrie des machines affiche une «grande déception» suite à l’annonce de droits de douane de 39% sur les biens suisses exportés aux Etats-Unis. Près de 70% des entreprises membres de l’association font du commerce avec les Etats-Unis
Les réactions pleuvent suite à la décision de l’administration Trump de taxer à hauteur de 39% les biens importés de Suisse. Et, forcément, celle de Swissmem était attendue, car l’industrie des machines, des équipements électriques et des métaux (MEM) qu’elle représente dépend particulièrement du marché américain.
Dans un communiqué publié vendredi matin, le directeur de Swissmem Stefan Brupbacher se dit «consterné» car la décision américaine «met en péril plusieurs dizaines de milliers d’emplois dans l’industrie». Il relève que les conséquences se feront d’autant plus ressentir que le dollar américain s’est affaibli de 10% par rapport au franc depuis le début de l’année. «Ce 1er août est un jour funeste pour les quelque 330 000 collaborateurs de l’industrie tech suisse ainsi que pour l’ensemble de l’industrie d’exportation suisse», ajoute Martin Hirzel, président de Swissmem, cité dans le communiqué. «Nous devons en Suisse maintenant tous nous serrer les coudes et sauver l’industrie d’exportation», dit-il.
Contacté au téléphone avant la publication du communiqué, Philippe Cordonier, un membre de la direction de Swissmem, parle d’une «grande déception, surtout pour l’industrie des exportations qui souffre déjà d’un marché des affaires difficiles». Il se dit surpris car «les échos que nous avions eu étaient positifs et que le SECO (ndlr: Secrétariat d’Etat à l’économie) avait fait une offre à 10%». Les Etats-Unis représentent 10 à 15% du marché de l’industrie MEM, ce qui en fait le deuxième débouché à l’étranger de cette industrie suisse derrière l’Allemagne (qui a une part de marché à 25%).
Un sondage mené par Swissmem ce printemps, quand l’administration Trump envisageait de taxer les produits suisses à hauteur de 31%, indique que 70% des entreprises membres de l’association font du commerce avec les Etats-Unis.
«Nous appelons le gouvernement à continuer de négocier avec Trump, car nous savons qu’il est ouvert à la négociation», affirme Philippe Cordonier. Swissmem appelle de longue date à une simplification des charges bureaucratiques en Suisse et à de meilleures conditions-cadres pour l’industrie de l’export. La faîtière appelle également à la mise en place le plus rapidement possible des accords de libre-échange qui sont actuellement en discussion, notamment avec la Malaisie et l’Inde. Les États de l’AELE (Suisse, Norvège, Liechtenstein et Islande) et ceux du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) ont conclu les négociations relatives à un accord de libre-échange le 2 juillet 2025, après huit ans de négociations.
Il y a 40 ans exactement, un duo zurichois du nom de Double produisait un tube pop dopé aux synthés qui voyageait jusqu’aux Etats-Unis. Une gloire éphémère – à l’inverse des royalties
Une mer de synthés pour un vague à l’âme. Celui d’une femme attendant désespérément son amant qu’elle ne voit pas revenir – le «capitaine de son cœur». Allez, on s’autorise à sourire. Ecouter The Captain of Her Heart, c’est plonger dans ce que les années 1980 ont de plus liquoreux, avec dentelles de piano et complainte au saxo. Un tsunami: à sa sortie en 1985, le single se vend à plus d’un million et demi d’exemplaires et infiltre les charts aux États-Unis – une première. Pourtant, c’est de l’autre côté de l’Atlantique, en Suisse, qu’il est né.
On le doit à deux Zurichois, Kurt Maloo et Felix Haug. Le premier est peintre et guitariste, le second un percussionniste qui a tâté de la baguette avec Yello. Après un premier projet nommé Ping Pong, le groupe devient duo et continue à miser sur les noms simples: Double.
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Après Genève et Vaud, c’était au tour du Valais de vacciner ses bovins. Mardi, le canton a annoncé que la quasi-totalité des animaux avaient été vaccinés. Aucun cas n’a été détecté pour l’heure en Suisse, malgré le caractère hautement contagieux de la dermatose nodulaire
Les deux vétérinaires mandatés par les autorités valaisannes pour vacciner plus de 2000 bêtes contre la dermatose nodulaire contagieuse approchent de la fin de leur mission. Comme le vaccin déploiera l’entier de sa protection dans seulement 28 jours, la vigilance reste de mise.
«J’ai reçu les doses vendredi matin et j’ai commencé à vacciner l’après-midi même. J’avais à peu près 1000 bêtes à vacciner. Ce matin, il m’en reste moins de 200. C’est presque fini», a déclaré le vétérinaire Jérémy Wittorski, mardi.
Les vaccins disponibles consistent en une dose unique de un ou deux millilitres, injectée sous la peau de l’animal. «Il va commencer à faire effet dans une huitaine de jours et atteindra une protection maximale au bout de 28 jours», a-t-il poursuivi.
Dans l’intervalle, il s’agit de surveiller les bovins afin de détecter l’apparition d’éventuels symptômes et de repousser les vecteurs de la maladie, à savoir les mouches et les insectes piqueurs (taons et moustiques), au moyen d’un produit spécifique. «C’est le meilleur moyen de limiter la contamination», a encore déclaré Jérémy Wittorski.
Si des symptômes sont décelés chez un animal, des analyses sont faites au laboratoire. Si le cas s’avère positif, l’animal est abattu, ainsi que les autres bovins avec qui il a été en contact. «C’est la directive européenne», précise-t-il.
A l’heure actuelle, aucun cas de cette maladie virale hautement contagieuse n’a été détecté en Suisse. L’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) avait toutefois décidé vendredi de la vaccination obligatoire pour tous les bovins, buffles et bisons présents dans les régions valaisannes de Champéry, Finhaut et Ferret dans le cadre de l’établissement d’une barrière immunitaire autour des foyers détectés en France voisine.
«Dans la vallée de Trient et le val Ferret on est vraiment à l’extrémité de ce fameux cordon sanitaire, c’est pour cela qu’on n’a que quelques bêtes à vacciner», observe le vétérinaire,
La semaine précédente, l’OSAV avait annoncé la vaccination obligatoire de tous les bovins du canton de Genève et ceux de la région voisine de Terre Sainte (VD).
A noter que les vaccins utilisés ne sont pas autorisés en Suisse. L’OSAV a cependant édicté une décision générale pour l’importation et l’utilisation de ces vaccins. Les frais liés à la vaccination sont entièrement pris en charge par les autorités vétérinaires.
La dermatose nodulaire contagieuse ne présente pas de risque pour l’homme et les autres espèces. Chez les bovins en revanche, après une période d’incubation de 4 à 20 jours, elle cause des nodules douloureux sur tout le corps et peut déclencher des symptômes allant d’une fièvre jusqu’à 41 degrés à des chutes de lactation. Les séquelles sont nombreuses (amaigrissement, stérilité, etc.) et peuvent faire grimper le taux de mortalité du troupeau à 10%.
Réunis à Ittigen, près de Berne, les responsables de l’organisation de l’Euro 2025 étaient tout sourire ce mardi. Le tournoi a dépassé toutes les attentes. Reste à faire durer le «Sommermärchen»
Il y a des bilans qui sont plus faciles à tirer que d’autres. Celui de l’Euro, qui s’est terminé dimanche, appartient aux bons crus. Il n’en reste pas moins délicat de redescendre sur terre après un mois où tout a tourné parfaitement rond, au propre comme au figuré.
Robert Breiter, secrétaire général de l’Association suisse de football (ASF), en est conscient: «nous avons vécu le conte de fées estival que nous espérions». Ce fameux Sommermärchen, dont le pays tout entier se gargarise à l’envi. Et le patron de l’ASF d’ajouter: «Il est désormais nécessaire de se réveiller. Ce n’est pas facile même si le constat est positif. Je crois qu’on a surpris tout le monde avec notre tournoi, notre organisation et la ferveur populaire. En fait, nous nous sommes surpris nous-mêmes.»
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La transition vers les transports électriques semble inéluctable, pour des raisons économiques, de souveraineté énergétique et de lutte contre le bruit et la pollution. Mais des obstacles freinent une adoption massive
«Doux glissement plutôt que vrombissement.» Le slogan, bien visible sur les camionnettes jaunes de La Poste, célèbre chaque matin dans nos rues les joies de la mobilité électrique. Comme toute bonne phrase de marketing, celle-ci ne dit que partiellement la vérité. Au-delà de 30 km/h, le bruit des pneus sur la chaussée devient plus important que celui du moteur, et l’un des atouts du moteur électrique s’estompe. Il n’empêche: l’électrification des millions de voitures, camions, camionnettes, bus, motos et scooters vrombissant dans nos villes et villages réduirait le bruit, la pollution et les émissions de CO2 en Suisse. La souveraineté énergétique en serait renforcée: notre pays produit de l’électricité, avec une part importante de renouvelable, même s’il n’est pas autosuffisant. Le pétrole, c’est une autre affaire. La Suisse en achète pour quelque 8 milliards de francs chaque année à des pays souvent peu recommandables, avant de répandre dans l’atmosphère du dioxyde de carbone, de l’oxyde d’azote, des particules fines et d’autres joyeusetés. L’électrification massive de la mobilité, bien que loin de représenter la panacée, offrirait des avantages multiples.
La Suisse de demain sera-t-elle pour autant le royaume du glissement feutré, reléguant les moteurs pétaradants au rang de bizarrerie démodée, un peu comme la fumée dans les restaurants? Pas si simple. La révolution électrique connaît des ratés. Des obstacles économiques et techniques, des craintes réelles ou infondées mais aussi un manque de mobilisation politique limitent la transition vers la mobilité nouvelle. Les ventes de voitures électriques ont même baissé en Suisse en 2024.
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La Suisse n’a pas l’intention de se joindre à la France, qui a décidé de reconnaître l’Etat palestinien. Alors que se tient à New York une conférence sur la solution à deux Etats, le DFAE rappelle ses positions de principe: d’abord la paix, ensuite la reconnaissance
Après l'annonce de sa reconnaissance d'un Etat palestinien lors de la prochaine Assemblée générale de l’ONU, en septembre, la France espérait créer un effet d’entraînement. D’autres «pays occidentaux» vont exprimer leurs intentions, a expliqué lundi à New York le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, coprésident avec l’Arabie saoudite d’une conférence sur la «solution à deux Etats» pour mettre un terme au conflit israélo-palestinien. Le Luxembourg a laissé entendre qu’il pourrait rejoindre les 142 autres Etats membres de l’ONU qui ont déjà fait ce pas. Le Royaume-Uni pourrait en faire de même, «sauf si Israël prend certains engagements», déclarait mardi Keir Starmer. Et la Suisse? Ce n’est visiblement pas encore à l’agenda.
«La reconnaissance pourrait être envisagée lorsque des mesures concrètes en faveur de cette solution (à deux Etats) – garantissant à la fois la sécurité d’Israël et le droit à l’autodétermination du peuple palestinien – commenceront à être mises en œuvre», explique Léa Zürcher, porte-parole du Département fédéral des affaires étrangères. Autrement dit, Berne s’en tient à la position selon laquelle une reconnaissance en l’état, sans accord des deux parties, serait inutile pour résoudre le conflit. Cette démarche ne peut s’envisager que dans un processus de paix déjà engagé. C’était également la position de Paris, jusqu’à la semaine dernière.
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Depuis leur parution en avril, les chiffres 2024 de la consommation de vin dans le pays font parler d’eux. Mais de nombreuses voix, issues de la branche, les remettent en question. Alors, comment la Confédération s’y prend-elle pour réaliser ses calculs?
La colère gronde dans le monde vitivinicole suisse. Mi-juillet, près de 200 vignerons romands se sont réunis, dans un domaine vaudois, pour évoquer l’avenir de leur branche et lancer un cri d’alarme. L’objectif? Echanger dans le but de proposer des mesures concrètes, afin de défendre l’avenir de la viticulture suisse faisant face à une crise aiguë. Une crise marquée par la forte concurrence étrangère – et les millions dévoués à la promotion des crus importés – mais aussi par une baisse de la consommation. Selon l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG), l’an passé, la consommation de vin a baissé de 8% dans notre pays, et même de 16% pour les produits locaux. Des chiffres qui ne manquent pas de faire réagir… mais qui questionnent tout autant. Nombreux sont les acteurs de la branche à les remettre en question.
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Le secteur viticole suisse traverse une crise profonde, marquée par une baisse de la consommation, une concurrence étrangère accrue et des difficultés structurelles. Les vignerons alertent sur l’avenir incertain de leur métier, notamment dans des régions emblématiques comme Lavaux
Un peu plus d’une année après la forte mobilisation des agriculteurs suisses, c’est au tour du monde viticole de tirer la sonnette d’alarme pour dénoncer une situation inquiétante. Depuis le début du siècle, les vignerons ont déjà fait face à plusieurs crises. La dernière remonte à 2019, peu avant le covid, et avait vu naître la naissance du mouvement «Les raisins de la colère».
A l’époque, la pandémie avait redonné un peu d’espoir à la branche. La population s’était (re)tournée vers les produits locaux et le vin avait retrouvé une place de choix sur la table. Mais cette éclaircie n’aura pas duré bien longtemps et les professionnels de la vigne ont rapidement constaté que la courbe des ventes s’aplatissait. Une tendance confirmée récemment par l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG), qui a fait part d’une baisse de la consommation de vin de 8% en 2024 en Suisse, et de 16% pour les produits locaux.
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ÉDITORIAL. Tandis que l’attention se porte sur les droits de douane américains, la viticulture suisse s’effondre dans l’ombre, frappée par la chute de la consommation, la concurrence étrangère et l’inaction politique. Mais il est encore temps d’agir
Alors que la Suisse a les yeux rivés sur les droits de douane de Donald Trump, une âpre bataille est en train de se jouer dans nos campagnes. Pour la deuxième fois en cinq ans, nos vignerons sont confrontés à une crise majeure. Et celle-ci n’a rien à voir avec le mildiou, la grêle ou le gel, qui ne sont que des grains de sable supplémentaires à ajouter dans l’engrenage.
Les Suisses boivent moins de vin. Selon l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG), la consommation a baissé de 8% dans notre pays mais la statistique est de -16% pour les produits locaux. Si la manière de prendre ces chiffres en compte fait parler, la réalité du terrain, elle, ne ment pas.
La situation est sans équivoque et fait transpirer les professionnels de la vigne, dont une grande partie ne sait pas encore à quel prix elle pourra vendre son raisin aux coopératives. Probablement pour des miettes. De quoi en étouffer plus d’un lorsque certaines enseignes de la grande distribution cèdent des bouteilles étrangères pour une bouchée de pain.
Le consommateur a sa part de responsabilité, lui qui veut boire toujours plus écolo et durable et qui finit par imposer ses normes coûteuses aux producteurs suisses alors que d’autres pays n’y sont pas confrontés. Mais le vigneron aussi doit innover, proposer de nouveaux produits, créer une marque forte et se faire connaître au-delà de son cercle habituel.
Et enfin, c’est surtout à la classe politique, nos conseillers fédéraux en première ligne, d’agir. Le vin et la viticulture font partie du terroir et d’un savoir-faire national. Dire qu’il faut boire plus de vin suisse est une chose, mais le message ne suffit pas. Quand un secteur aussi symbolique est en danger, le regarder s’enliser dans ses difficultés devient cruel. Certes, la Suisse est un pays libéral. Mais quand ce qui se fait ailleurs, dans des conditions bien moins vertueuses, vient perturber la bonne marche des affaires de nos artisans locaux, les deux parties ne luttent plus à armes égales. Sans oublier que si la consommation générale diminue, alors il semble logique que les quotas négociés il y a des années puissent être rediscutés.
Les productions locales apportent aussi une plus-value différente de celle des vins peaufinés à l’étranger. Les vignes de Lavaux ou de certaines régions alpestres, qui nécessitent un travail manuel important à cause de leur implantation sur des pentes vertigineuses, font partie intégrante de nos paysages. Si nous voulons avoir le privilège de pouvoir les contempler encore durant de nombreuses années, peut-être devrions-nous faire un geste envers ceux qui se chargent de garantir leur pérennité de génération en génération.
Berne attend la décision de Washington, et ne peut pas faire grand-chose de plus. C’est en substance le message de la conseillère fédérale. Dès le 1er août, les taxes à l’importation des produits suisses sur le territoire américain pourraient passer à 31%
Toujours pas d’accord entre la Suisse et les Etats-Unis sur les droits de douane, qui sont censés grimper à 31% à partir du 1er août. Dans l’attente d’une décision de Washington, la Confédération s’évertue à montrer un visage calme. La présidente de la Confédération et ministre des Finances Karin Keller-Sutter s’est du reste montrée relativement optimiste ce mercredi dans l’émission Heute Morgen de la SRF.
La conseillère fédérale PLR a déclaré qu'«en règle générale, la décision finale n’est jamais complètement définitive. On peut toujours continuer à négocier.» Mais pour l’instant, on ne peut rien faire d’autre que d’attendre. Selon Karin Keller-Sutter, la décision appartient désormais à la politique américaine et n’est plus sous l’influence de la Suisse. «J’espère déjà que nous trouverons une solution ensemble», a déclaré la cheffe du Département fédéral des finances.
Mardi soir, dans un entretien accordé à la RTS, la Saint-Galloise avait reconnu que la suite était «entre les mains des Etats-Unis, entre les mains du président Donald Trump». Elle avait rappelé que «la Suisse est un petit pays (…), pas une superpuissance. Nous avons une certaine puissance économique, mais pas politique. Il faut faire avec. Mais il ne faut pas non plus nous faire plus petits que nous le sommes.»
La Suisse est menacée par des droits de douane américains de 31% à partir du 1er août. Actuellement, un droit de douane supplémentaire général de 10% est en vigueur. Berne et Washington ont pu se mettre d’accord sur une déclaration d’intention, que le Conseil fédéral a approuvée, a annoncé en début de semaine un porte-parole du Département de l’économie.
Le Conseil fédéral communiquera activement dès qu’il disposera d’une autorisation des Etats-Unis ou qu’il y aura d’autres développements importants pour le public.
A Genève du 5 au 14 août, la communauté internationale se retrouve pour tenter de s’accorder sur un traité global destiné à freiner la consommation de plastique, notamment à usage unique. L’occasion de faire un point sur ce fléau environnemental
En 1950, le monde consommait 2 millions de tonnes de plastique. C’était la préhistoire de ce matériau si pratique, fascinant, utile, mais dont l’usage démesuré en a fait un fléau. Environ cinquante ans plus tard, sa consommation a été multipliée par 100, et continue de s’envoler: 460 millions de tonnes en 2020, et des projections, selon l’OCDE, qui atteindraient 1,2 milliard de tonnes en 2060, dont plus de 80% se retrouveront sous forme de déchets.
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En raison des températures en hausse et des vents soutenus, le risque d’incendie est en augmentation dans l’ensemble du canton
Après une période marquée par des orages notamment dans le Bas-Valais et le Valais central, le risque d’incendie est à nouveau en augmentation dans l’ensemble du canton en raison de la hausse des températures et des vents soutenus prévus en milieu de semaine. Les autorités appellent la population à la prudence, en particulier à l’approche du 1er août.
«C’est particulièrement dans la plaine du Rhône, entre Sion et Brigue, que la hausse des températures accentue l’assèchement des sols et de la végétation. Les régions des vallées de St-Nicolas et de Saas-Fee, peu arrosées ces dernières semaines, sont également touchées», écrit le canton mercredi dans un communiqué. Dans ces deux régions, le risque d’incendie est de degré 4 (fort) sur une échelle de cinq, alors qu’il est de degré 3 (marqué) voire 2 (limité) dans le reste du canton.
Certaines communes ont décrété des interdictions de faire du feu. Les autorités soulignent que celles-ci sont à respecter impérativement, tout comme les emplacements prévus pour l’utilisation des feux d’artifice de la fête nationale.
Le gouvernement rappelle encore que «même en l’absence d’interdiction générale des feux dans le canton, leur allumage en forêt et à proximité reste interdit dans les zones présentant un danger d’incendie fort ou très fort (degré 4 et 5)». Elles répètent également qu’il est interdit de jeter des mégots de cigarettes ou des allumettes en pleine nature.
Le metteur en scène Dominique Ziegler s’est opposé au financement public de la Cicad, dont il questionne l’attitude. La réponse d’une élue PLR a provoqué une polémique liée à la liberté d’expression et au soutien des artistes. «Le Temps» fait le point
C’est un cas d’école sur la relation toujours tendue entre le politique et l’artistique. Entre le pouvoir qui finance la création et les créateurs qui questionnent, voire critiquent ce pouvoir. Une polémique estivale vient de raviver ce feu.
D’un côté, le metteur en scène et auteur Dominique Ziegler qui, dans une opinion publiée dans la Tribune de Genève le 15 juillet dernier, demande que la ville de Genève cesse de financer la Cicad (Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation), à hauteur de 100 000 francs par année, car, dit-il, cet organisme «déclare lutter contre l’antisémitisme, mais propage un amalgame douteux entre judaïsme et sionisme».
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Leur toit est orné de panneaux photovoltaïques, leur cave munie d’une batterie et d’un boîtier pour optimiser leur autoconsommation, leur surplus d’électricité est vendu à leurs voisins ou sur le réseau. Et ils ont intégré une centrale électrique virtuelle. C’est cliché, mais ça marche
C’était une bonne idée, cette pose de panneaux solaires sur la façade de la maison. La famille Favre avait hésité avant de les installer en 2025. Ça se faisait rarement à l’époque, mais la subvention spéciale dédiée aux installations sur des façades l’avait convaincue. Et leur orientation tournée vers le sud leur permet l’hiver – quand l’électricité solaire manque et que la lumière est basse – de produire plus que les ardoises solaires sur le toit.
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En Suisse, la part des hydrocarbures va baisser et l’économie s’électrifier davantage. Difficile toutefois d’anticiper le montant des factures car, tant pour les carburants que pour le gaz et l’électricité, les tarifs dépendent de facteurs volatils
Quels seront les prix de l’énergie en 2030? C’est la question à 300 francs, soit le montant moyen estimé qu’un ménage suisse paie à la fin du mois. Précisons tout de suite que, malgré la crise énergétique et l’encre qu’elle a fait couler, ce montant est assez faible et que cette donnée est difficile à obtenir. Parce qu’elle varie selon les profils mais aussi parce que les bailleurs précisent rarement quelles parts des charges qu’ils facturent aux locataires portent sur l’énergie.
Nous sommes arrivés à 300 francs en additionnant les dépenses mensuelles moyennes en énergie, par ménage en 2022 (l’année la plus récente pour laquelle il existe des données), pour les logements et les carburants. En Europe, les montants des factures sont comparables mais comme les revenus sont moindres, les enjeux sont vite plus importants. Au Pakistan et au Nigeria, ces ardoises peuvent s’avérer être plus salées, selon une étude du groupe Utility Bidder publiée en 2022.
Faire un pronostic sur ces tarifs est encore plus difficile car ils dépendent de nombreux facteurs volatils. On peut par contre se faire une idée du mix énergétique suisse de 2030, ce qui permet de mieux saisir l’importance de tel ou tel agent énergétique et donc de son prix.
En Suisse, la tendance de ces dernières années est claire et elle devrait se confirmer: la consommation énergétique totale du pays diminue. Les produits pétroliers sont prépondérants mais en baisse tandis que l’électricité gagne du terrain.
La consommation d’énergie totale a augmenté durant des décennies et culminé vers 2010 avant de décliner. La part des combustibles (en gros, le mazout) dans les systèmes de chauffage est prépondérante mais elle baisse depuis une quarantaine d’années tandis que, dans le transport, celle des carburants est stable. Le parc automobile a en effet beau s’électrifier, il grandit aussi.
En 2000, les produits pétroliers représentaient 60% de la consommation d’énergie en Suisse et 46% en 2024. Sur ce même laps de temps, la part du gaz est restée stable (11-12%) et l’économie s’est électrifiée: en 2000, 22% de l’énergie était consommée sous forme d’électricité, un chiffre qui est passé à près de 27% l’an dernier. En 2030, selon la Confédération, la consommation totale d’énergie va encore baisser, la part des hydrocarbures aussi et celle de l’électricité s’accroître.
Les factures énergétiques des Suisses continueront donc de dépendre des prix des hydrocarbures – mais peut-être un peu moins – et de l’électricité – sans doute un peu plus. Le reste est flou et aucun institut ne se risque d’ailleurs à faire des prévisions.
«Plus tu as de solaire et d’éolien dans ton mix, plus les prix seront bas car leurs coûts d’exploitation sont proches de zéro. Par contre, ils engendrent plus de volatilité car s’il n’y a pas de vent ni de soleil, l’hiver, qui plus est, les tarifs peuvent vite exploser», affirme Stéphane Genoud, professeur en gestion de l’énergie à la HES-SO Valais. «J’estime donc que les distributeurs vont à l’avenir proposer des prix étalés sur une certaine durée et légèrement supérieurs au marché, pour anticiper les périodes de volatilité.»
C’est d’ailleurs ce qui se passe en Espagne aujourd’hui, un pays où le taux de renouvelables est élevé et peu connecté au réseau européen (ce qui l’empêche d’échanger beaucoup d’électricité avec l’UE et donc de lisser ses prix), selon le spécialiste.
«Je m’attends à ce que des différences de prix plus importantes soient présentes entre les saisons et entre les heures. En hiver, l’électricité sera chère et meilleur marché en été», renchérit Yannick Sauter. Le coordinateur romand de l’organisation Swissolar estime qu’il y aura ensuite des variations entre les heures pleines et les heures creuses (des plages horaires, généralement la nuit, où la demande en électricité est plus faible). Durant les heures creuses en été, le kilowattheure se vendra aux alentours de 20 centimes là où cette même quantité d’électricité vaudra 45 centimes pendant les heures pleines l’hiver, selon Yannick Sauter.
Quant aux hydrocarbures, les signaux contradictoires sont réputés pour rendre quasiment impossible les prévisions fiables sur l’évolution de leurs prix. On peut noter qu’actuellement les tarifs sont bas, parce que la demande est faible et qu’elle pourrait le demeurer car les énergies renouvelables se déploient plus vite que prévu. En même temps, il faut creuser toujours plus loin pour extraire du gaz et du pétrole car les réserves facilement accessibles se raréfient, ce qui augmente les coûts, tandis que l’offre, pour des questions géopolitiques ou autres, peut aussi se restreindre.
Karin Keller-Sutter, qui préside la Confédération cette année, sera sur la prairie du Grütli pour célébrer la Fête nationale. Les autres ministres voyageront dans le pays, tout comme les présidents de partis. Tour d’horizon
Boudée l’an dernier par les membres du gouvernement, la mythique prairie du Grütli accueillera Karin Keller-Sutter, présidente de la Confédération, ce vendredi 1er août pour sa seule allocution de la journée. Symbolique, ce déplacement est scruté et commenté chaque année. Faire l’impasse sur ce mythique balcon, pour la présidente ou le président de la Confédération, tient presque de la faute professionnelle aux yeux de nombreux observateurs. L’impair de 2024 restera isolé: Karin Keller-Sutter se plie à l’exercice cette année, histoire de faire vivre les symboles nationaux les plus importants. A commencer par la démocratie.
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Alors que les feux d’artifice du 1er Août reviennent en force cette année grâce à une météo favorable, la polémique sur leur utilité et leur impact environnemental, animalier et économique refait surface. Un débat soutenu par une initiative populaire et des alternatives encore rares
Comme chaque année depuis plusieurs étés, le débat autour du maintien ou non des feux d’artifice du 1er
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La Cour constitutionnelle rejette la requête du comité de l’initiative dite «12%», qui ne voulait pas que les deux objets soient liés. La réforme du bouclier fiscal ne sera donc appliquée que si les Vaudois refusent l’initiative. Un recours sera déposé au Tribunal fédéral
La communication du Conseil d’Etat vaudois est tombée quelques heures avant le week-end prolongé du 1er Août. Le gouvernement a annoncé ce jeudi après-midi que la Cour constitutionnelle du canton avait rejeté la requête déposée par le comité de l’initiative dite «12%». Autrement dit, le lien entre l’initiative et la réforme du bouclier fiscal est validé: le bouclier fiscal ne sera renforcé que si le peuple vaudois refuse de baisser les impôts de 12%.
Le comité d’initiative juge le fait de lier le bouclier fiscal et la baisse d’impôts contraire à la Constitution, car cela entraverait selon lui la liberté de vote: l’électorat ne pourrait plus être favorable aux deux objets en même temps. La Cour n’a visiblement pas retenu ces arguments. Mais on ignore pour l’instant les motivations des juges, les détails de l’arrêt devant être notifiés dans les prochaines semaines.
Le comité de l’initiative «12%» a annoncé ce jeudi qu’il ferait recours au Tribunal fédéral. Dans un communiqué, le comité explique son opposition à la «clause guillotine» liant les deux objets: «Dire oui à l’initiative, c’est automatiquement dire non à la réforme du bouclier fiscal. Et pour dire oui à la réforme du bouclier fiscal, le citoyen n’a pas d’autre choix que de refuser l’initiative populaire.» Une personne souhaitant approuver les deux objets se retrouverait «dans l’impossibilité d’exprimer fidèlement sa volonté», regrette le comité.
Jointe par Le Temps, la présidente du Conseil d’Etat vaudois, Christelle Luisier, explique que le gouvernement «prend acte de cette décision», rappelant que la clause dite guillotine «a été introduite par le Grand Conseil. On attend désormais la suite des événements, pour savoir s’il y aura un recours ou pas. Ça risque de prendre encore un peu de temps, vu que nous n’avons pas les arguments de la Cour. Maintenant, je constate que nous avons eu raison d’attendre la décision de la Cour avant de passer au vote [sur l’initiative 12%, ndlr]. C’était juste, et ça reste juste d’attendre le résultat définitif sur ce point avant d’organiser le vote.»
Le Conseil d’Etat s’oppose à la baisse d’impôts 12%, estimant qu’elle entraînerait une réduction de recettes massive pour le canton, dans une situation financière déjà délicate. Compte tenu du délai de recours au Tribunal fédéral et des dates de votations, le scrutin pourra difficilement être organisée cette année et interviendra plus vraisemblablement en 2026. «La décision de la Cour va probablement encore retarder l’échéance, déplore le député UDC Cédric Weissert. J’espère toutefois qu’on pourra voter rapidement, car les Vaudois ont en marre d'avoir une fiscalité aussi haute.»
«Nous respectons la justice, réagit pour sa part le conseiller national PLR Olivier Feller. Mais pour nous, il est clair que ce lien [entre les deux objets] peut avoir un effet sur l’ensemble de la démocratie directe en Suisse, et les juges fédéraux doivent trancher. Nous faisons recours. Car on pourrait se mettre à tout lier, et ainsi réduire le droit d’initiative. C’est pour ça que ça peut avoir un impact national. Les juges fédéraux auront un regard extérieur au canton, ce qui nous paraît nécessaire. Nous continuons de penser que ce lien viole la liberté de vote. J’aimerais aussi relever que la loi prévoit que la Cour constitutionnelle doit rendre son arrêt dans les six mois. Non seulement les délais n’ont pas été respectés, mais en plus on a seulement une décision et on doit encore attendre les considérants, alors que le tout aurait dû nous parvenir le 9 juillet. C’est une manière de procéder qui n’est pas acceptable.»
De son côté, le député d’Ensemble à gauche Hadrien Buclin se réjouit de la décision: «C’est une petite satisfaction que cette clause guillotine soit validée. Car si le oui à l’initiative devait l’emporter, la clause permettrait de limiter les pertes fiscales des gros contribuables, qui gagneraient beaucoup sur la fortune avec la baisse de 12%. Ce serait la moindre des choses, mais il est clair que la mère des batailles reste de combattre l’initiative 12%, pour défendre le service public. Je ne crains pas le départ de gros contribuables. Il y a eu beaucoup de bruit de la part d’une ou deux individualités, mais pas de mouvement général. L’administration fiscale l’a confirmé. La fiscalité vaudoise reste compétitive pour les plus riches.»
Les grands travaux sur le trajet Fribourg-Berne, de 90 millions de francs, pourront être achevés le 25 août, promet le transporteur
Les travaux lancés le 27 juin sur la ligne Fribourg-Berne, impliquant une interruption de deux mois, vont bon train. A mi-parcours, malgré le désagrément, les voyageurs se disent «impressionnés» par la «solidité» du concept de l’offre de substitution, selon les CFF.
Le constat est posé par Jean-Philippe Schmidt, porte-parole des CFF, à propos des travaux de grande ampleur budgétés à 90 millions de francs. «Le retour des passagers est favorable», se réjouit-il, même si l’ancienne régie fédérale ne dispose pas à ce stade de chiffres. Du côté de certains pendulaires, l’enthousiasme est moins marqué.
Le temps de trajet, Lausanne-Berne par exemple, a doublé passant d’environ une heure à deux, indique une usagère mécontente, sous couvert d’anonymat. Sans compter que le prix est plus élevé si les voyageurs passent par Bienne, grimpant de 18 à 24 francs pour un trajet simple course avec l’abonnement demi-prix non-dégriffé, confie-t-elle.
Les chantiers se déroulent conformément au planning. La fermeture permet de concentrer les travaux sur huit semaines, jusqu’au 25 août. Sans quoi les restrictions auraient duré trois ans. «L’option réduit les incertitudes du matin avec les travaux de nuit quand il s’agit de rouvrir le trafic», note Jean-Philippe Schmidt.
A ce propos: Eté sous tension: la ligne CFF Fribourg-Berne sera à l’arrêt
«L’interruption totale garantit de pouvoir mieux travailler», a rappelé le porte-parole des CFF. L’opération de concentration de plusieurs chantiers sur une période courte constitue par ailleurs un test. Pour mémoire, le tronçon de 30 kilomètres est emprunté par 33 000 voyageurs quotidiennement.
Dans le détail, l’IC1 reliant Genève-Aéroport à St-Gall et l’IR15 entre Genève-Aéroport et Lucerne sont notamment supprimés pendant l’interruption complète du trafic ferroviaire. Un sort identique est réservé au RE2 entre Fribourg et Berne et au RE3 entre Fribourg et Guin (FR). D’autres trajets seront affectés (S1 et S2).
La ligne Fribourg-Berne est substituée pour le trafic grandes lignes par un service de bus de remplacement. Une ligne de bus directs relie ainsi toutes les 10 minutes Fribourg à la capitale fédérale, et inversement, en remplacement des trains grandes lignes IC1, IR15 et RE, avec une cadence de 15 minutes après 20h.
«Il faut compter avec des temps de parcours plus longs, avec un supplément de 30 minutes entre Fribourg et Berne», a répété Jean-Philippe Schmidt. En plus de la ligne de bus directs pour le trafic à longue distance, quatre offres ont été mises en place en remplacement des trains régionaux supprimés.
La clientèle entre la Suisse romande et la Suisse alémanique peut voyager en empruntant la ligne du Pied du Jura, avec les trains IC5 via Neuchâtel et Bienne. De plus, travailler durant les vacances d’été permet de limiter le nombre de pendulaires affectés. Au-delà, les CFF ont prévu des mesures de souplesse commerciale.
Engagés en partie depuis septembre, les chantiers sont entrés dans une «phase intensive», avec la modernisation totale de la gare de Schmitten (FR). Figurent aussi le réaménagement d’aiguillages en gare de Fribourg ainsi que le renouvellement de 8 kilomètres de voie et de ligne de contact entre Flamatt (FR) et Berne.
Quelque 200 ouvriers sont à l’œuvre dans un environnement sécurisé. En ce qui concerne l’Euro féminin de football, qui s’est achevé dimanche, les CFF affirment n’avoir enregistré aucun retour négatif. L’événement avait été pris en compte dans la planification de l’offre de substitution.
Et pourtant: Entre Euro et Paléo, un mardi soir chaotique sur la ligne CFF Genève-Lausanne
La Confédération fascine ses voisins francophones, et bien au-delà, depuis des siècles. Si cette image fantasmée semble taillée pour les cartes postales, elle continue de structurer l’imaginaire collectif en dessinant une représentation flatteuse, mais parfois aveuglante
Ueli Mäder s’en souvient encore. Il n’avait que 20 ans lorsqu’il arpenta pour la première fois les rues de Paris en 1968. L’air était électrique, l’atmosphère lourde des révoltes étudiantes et des gaz lacrymogènes qui imprégnaient la capitale française. Alors jeune Suisse curieux, aujourd’hui professeur émérite de sociologie à l’Université de Bâle, il se souvient de cette nuit où une patrouille de police l’interpella dans une ruelle au cœur de la Ville Lumière. Passeport suisse rouge tendu à bout de bras, il guettait la réaction des policiers, nous raconte-t-il. La surprise fut immédiate: «Mais la Suisse est un pays calme et propre», s’exclama l’un d’eux, avec une admiration presque naïve.
A ce moment-là, Ueli Mäder réalisa avec une ironie douce-amère la force de l’image idéalisée que ses voisins français entretenaient à propos de son pays natal. Une Suisse tranquille, travailleuse, stable. Une Suisse que l’on admire ou jalouse, à tort ou à raison. Depuis lors, cette image n’a cessé de l’interpeller: d’où vient-elle, et pourquoi résiste-t-elle tant aux réalités et aux nuances de l’époque contemporaine?
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COMMENTAIRE. La Confédération peine à parler d’avenir. A tel point qu’il est difficile d’identifier, aujourd’hui, des projets d’envergure à même de renforcer la cohésion nationale et de stimuler le sentiment d’appartenance à une histoire commune
Quatre zones linguistiques comme autant de cultures, 23 cantons – dont six demi-cantons, puisque comme tout le monde le sait, mieux vaut ne pas amalgamer les deux Bâle, les deux Appenzell, Obwald et Nidwald –, eux-mêmes persillés d’informelles mais tenaces «frontières» démarquant des sentiments d’appartenance microlocaux: créer, entretenir, nourrir une forme de cohésion nationale suisse n’est pas chose aisée. C’est pourtant un devoir qui incombe à chacun.
Malgré toute la bonne volonté possible, la somme des individus a besoin d’impulsions, d’une vision, de projets communs. Et d’un moteur: le personnel politique. Mais celui-ci, embourbé dans la complexe gestion au jour le jour des défis immédiats, semble ne plus avoir suffisamment de temps pour parler d’avenir – ce qui n’a historiquement jamais vraiment été une qualité première de ce curieux pays qui a tout de même su prospérer.
Posons-nous néanmoins cette question, alors que la Confédération souffle ce 1er août 734 bougies: à quoi devrait ressembler la Suisse de demain? Le territoire est constellé de routes et de rails, les barrages sont érigés, les montagnes percées de tunnels en leurs temps porteurs de modernité. N’y a-t-il plus rien à bâtir, plus aucun chantier d’importance nationale desquels se réjouir ensemble, autour desquels se réunir? N’avons-nous pas d’autre récit pour les plus jeunes aujourd’hui, et ceux qui nous rejoindront demain, que celui de cette Suisse qui administre (avec doigté) son quotidien, sans rêve ou ambition pour elle-même?
Le chantier d’un métro traversant tout le pays ne pourra pas commencer avant que ne s’achève celui de la traversée de la Rade de Genève, mais il existe d’autres domaines où la magie pourrait opérer. Dans l’énergie, avec ces vastes projets solaires et éoliens qui n’arrivent pas encore à séduire la majorité. Dans les technologies, avec le fantasme d’atteindre une souveraineté numérique nichée peut-être quelque part dans un cloud 100% helvétique. Dans l’urbanisme, avec ces villes qu’il faut repenser en adéquation avec l’environnement et l’évolution climatique.
Osons l’ambition, même circonscrite à ce petit territoire. Osons les projets d’envergure qui, sur plusieurs années, sur plusieurs décennies parfois, suscitent l’attente. Car après l’attente vient le temps de la célébration. Il n’y a pas mieux pour souder une population.
La Suisse de demain? Quelques pistes de réflexion dans notre série d’été:
Directeur du Centre suisse de pédagogie spécialisée, le Luxembourgeois vit depuis quarante ans en Suisse. Ce parfait trilingue pose un regard parfois interloqué sur les tensions linguistiques qui émaillent son pays d’adoption
Installé à Fribourg depuis des années mais né au Luxembourg, Romain Lanners compare pour Le Temps, le multilinguisme de son pays d’origine et celui de la Suisse, alors que le débat sur les langues a rejailli. Directeur de la Fondation Centre suisse de pédagogie spécialisée, c’est à titre personnel qu’il accepte de s’exprimer pour engager les Suisses à davantage considérer de manière positive leur patrimoine linguistique unique.
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La faîtière de l’industrie des machines affiche une «grande déception» suite à l’annonce de droits de douane de 39% sur les biens suisses exportés aux Etats-Unis. Près de 70% des entreprises membres de l’association font du commerce avec les Etats-Unis
Les réactions pleuvent suite à la décision de l’administration Trump de taxer à hauteur de 39% les biens importés de Suisse. Et, forcément, celle de Swissmem était attendue, car l’industrie des machines, des équipements électriques et des métaux (MEM) qu’elle représente dépend particulièrement du marché américain.
Dans un communiqué publié vendredi matin, le directeur de Swissmem Stefan Brupbacher se dit «consterné» car la décision américaine «met en péril plusieurs dizaines de milliers d’emplois dans l’industrie». Il relève que les conséquences se feront d’autant plus ressentir que le dollar américain s’est affaibli de 10% par rapport au franc depuis le début de l’année. «Ce 1er août est un jour funeste pour les quelque 330 000 collaborateurs de l’industrie tech suisse ainsi que pour l’ensemble de l’industrie d’exportation suisse», ajoute Martin Hirzel, président de Swissmem, cité dans le communiqué. «Nous devons en Suisse maintenant tous nous serrer les coudes et sauver l’industrie d’exportation», dit-il.
Contacté au téléphone avant la publication du communiqué, Philippe Cordonier, un membre de la direction de Swissmem, parle d’une «grande déception, surtout pour l’industrie des exportations qui souffre déjà d’un marché des affaires difficiles». Il se dit surpris car «les échos que nous avions eu étaient positifs et que le SECO (ndlr: Secrétariat d’Etat à l’économie) avait fait une offre à 10%». Les Etats-Unis représentent 10 à 15% du marché de l’industrie MEM, ce qui en fait le deuxième débouché à l’étranger de cette industrie suisse derrière l’Allemagne (qui a une part de marché à 25%).
Un sondage mené par Swissmem ce printemps, quand l’administration Trump envisageait de taxer les produits suisses à hauteur de 31%, indique que 70% des entreprises membres de l’association font du commerce avec les Etats-Unis.
«Nous appelons le gouvernement à continuer de négocier avec Trump, car nous savons qu’il est ouvert à la négociation», affirme Philippe Cordonier. Swissmem appelle de longue date à une simplification des charges bureaucratiques en Suisse et à de meilleures conditions-cadres pour l’industrie de l’export. La faîtière appelle également à la mise en place le plus rapidement possible des accords de libre-échange qui sont actuellement en discussion, notamment avec la Malaisie et l’Inde. Les États de l’AELE (Suisse, Norvège, Liechtenstein et Islande) et ceux du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) ont conclu les négociations relatives à un accord de libre-échange le 2 juillet 2025, après huit ans de négociations.
Paléo, «modèle d’accessibilité», ne se contente plus d’accueillir son public en situation de handicap: il l’intègre comme professionnel. Commentaire de notre journaliste directement concerné
Il y a ce moment grisant, toujours le même, quand on franchit ces couloirs métalliques. Ce mur de son et d’odeurs mêlées, curry thaï et poussière, qui vous saute à la gorge comme un vieil ami. Pour le commun des mortels, c’est le signal que la fête commence. Pour moi, c’est le début d’une partie de stock-car au ralenti. Naviguer en fauteuil roulant dans la mêlée d’un festival, c’est un sport de combat.
Et c’est une règle quasi immuable: dans le grand cirque culturel, l’accessibilité, pour autant qu’elle existe, s’arrête aux zones publiques. La plupart du temps, on se retrouve parqué à côté d’une sortie de secours ou derrière un pilier, flanqué de deux agents de sécurité terrifiants. Une vision passive. Sauf qu’à Paléo, depuis quelques années, on dirait qu’une autre musique se fait entendre. L’idée, folle pour certains, d’envisager qu’une personne handicapée puisse aussi être de l’autre côté de la barrière. Pas seulement un spectateur, mais un pro. Un journaliste, par exemple?
Dans le classement encore inexistant des festivals romands les plus accessibles, Paléo détient sans doute la 1re place. Voilà vingt ans que je roule ma bosse sur la plaine de l’Asse. J’ai commencé bambin et j’ai vu le festival se transformer. J’ai connu des stands où je ne pouvais même pas commander un coca devenus aujourd’hui accessibles. Depuis, les cocas ont fermenté. J’ai vu des scènes pousser et, avec elles, des infrastructures toujours mieux pensées. Surtout, j’ai vu le regard des staffs s’affiner pour savoir accueillir une personne en situation de handicap sans la considérer comme un colis fragile.
J’ai pris l’habitude de faire des semaines entières sur le festival – effronté le garçon, mais pas au point de tester le camping. Pas encore. En revanche, des soirs de pluie apocalyptique, il y en a eu. Le fauteuil patinant dans une boue infâme, et ces bras anonymes, six, huit, parfois dix festivaliers s’unissant pour pousser ces 200 kilos de ferraille et d’électronique hors du piège. Des souvenirs inoubliables.
Pourtant, ce tableau idyllique a ses angles morts. Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter Stéphane, vieux chaland du festival. De son fauteuil, lui aussi a vu les choses évoluer, mais son soupir en dit long lorsqu’il regarde les plateformes prévues pour accueillir les personnes handicapées. «C’est bien, mais ce n’est pas parfait. On ne peut prendre qu’un ami avec nous. Quand tu es avec un groupe, ou en famille, soit tu te sépares, soit tu te mêles à la foule. Et là, il y a des gens qui nous disent qu’on n’a rien à faire là, qu’on doit aller sur la plateforme pour ne pas les déranger.»
Le déclic, le vrai, je l’ai eu l’année dernière, en découvrant que le service de presse du festival, traditionnellement juché sur une plateforme improbable, était enfin accessible. Pour la première fois, je n’étais plus seulement le journaliste handicapé, mais un journaliste tout court. Cette année, le festival enfonce le clou en confiant un restaurant, La Fondue by PRO, à une équipe issue d’une entreprise pour personnes en situation de polyhandicap. La boucle est bouclée: la personne handicapée n’est plus seulement servie, elle sert.
Cette posture active, Rohan, qui est sourd, l’a adoptée. Après avoir assisté au concert chansigné de Soprano (un concert interprété en langue des signes) – une initiative relancée en 2023 après une timide tentative en 2016 –, il lance: «C’est comme si on nous invitait enfin à la fête!» Aussitôt, ses idées fusent: permettre des concerts signés sur des scènes à la programmation plus pointue, intégrer des gilets vibrants pour ressentir les basses, identifier parmi les 5400 bénévoles ceux qui comprennent et parlent la langue des signes… Il ne demande pas, il co-construit.
Dossier: tous nos articles sur le Paléo Festival
C’est cela, d’ailleurs, la prochaine frontière pour Paléo – et non des moindres. Aujourd’hui, aucune personne handicapée ne fait partie du collectif qui conçoit ces dispositifs. Monter une commission d’usagers aguerris, qui travaillerait dans les équipes du festival, ne serait pas un gadget: ce serait la reconnaissance ultime que l’expérience vécue est une compétence.
Parce que l’enjeu dépasse la simple fonctionnalité. Trop souvent, on cherche à dissimuler l'accessibilité; or, la meilleure n'est pas celle qui se cache, mais celle qui se rappelle au regard de tous. Moins pour indiquer le chemin que pour signifier aux personnes sans handicap que d’autres réalités existent. Et ça, l’évènement nyonnais l’a compris. Car la principale entrave au handicap, ce n'est pas les marches ni la boue, c’est les réactions «des autres». Et c’est peut-être là que s’arrête le pouvoir d’un festival accessible.
CHRONIQUE. Cette semaine, notre chroniqueuse se penche sur les contradictions d’un tourisme qui convoite le «vrai» et le «local», tout en participant à sa mise en scène et à son déclin
Lorsque je voyage, je privilégie souvent des pays dans lesquels je peux parler la langue, parce que j’aime savoir commander mes plats au restaurant, rire aux blagues d’un chauffeur de bus à côté duquel je suis assise pendant huit heures ou encore laisser le hasard des rencontres faire son œuvre. Pour ces mêmes raisons, je me rends souvent dans des pays hispanophones ou lusophones, langues dans lesquelles je peux un tant soit peu m’exprimer, et surtout créer du lien et de la proximité avec les habitants. Une manière de me sentir moins «touriste», d’être plus proche des «locaux» et ainsi de m’approcher d’une certaine authenticité très convoitée et célébrée en société.
Ainsi, chaque fois que je pars, je fuis les lieux célèbres, vus et revus et archi-pleins de touristes. A la place, comme beaucoup, je cherche le petit quartier mi-bobo, mi-prolo, souvent en cours de gentrification et constellé de boîtes à cadenas Airbnb, qui saura m’apporter l’illusion d’être une vraie citadine du coin. Si je fais partie du problème, j’en suis également très critique. A Paris, Lisbonne, Barcelone, Marseille, Naples, Prague, etc., des habitants historiquement installés dans leur quartier se voient dans l’obligation de quitter leur havre de paix pour laisser place à des ghettos de touristes dont le charme sera rompu dès lors qu’ils deviendront les nouveaux Piccadilly Circus.
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CHRONIQUE. En signant plusieurs contrats avec les autorités américaines, la firme d’Elon Musk fait jeu égal avec OpenAI et Google. Son influence est énorme
Vous pensiez Elon Musk éjecté définitivement de la Maison-Blanche? C’est faux. L’homme le plus riche du monde revient en force à Washington. Non pas pour redevenir le bras droit de Donald Trump ou pour continuer à couper dans le budget américain. Non, c’est avec des contrats très importants en intelligence artificielle qu’Elon Musk s’apprête à avoir une influence plus déterminante encore sur les Etats-Unis, et par ricochet sur la planète numérique.
Rappelons-le encore si nécessaire: xAI, sa société spécialisée en intelligence artificielle, devient un géant du secteur. La firme, qui vient de lancer une nouvelle version puissante de son chatbot Grok, serait en train de lever 12 milliards de dollars supplémentaires, selon le Wall Street Journal, avec la possibilité de viser une valorisation jusqu’à 200 milliards de dollars.
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ÉDITORIAL. L’humour est nécessaire, obligatoire, naturel. Il est même salvateur quand tout autour de nous semble n’être que malheur et tristesse. Non seulement parce qu’il fait du bien, mais aussi, et surtout, parce qu’il permet une forme de résistance
«Heureusement que l’on arrive encore à rire, parce que sinon…» Ces derniers mois, combien de fois avons-nous entendu cette phrase suspendue, inachevée, ponctuant souvent un échange léger sur un sujet qui ne l’est pas: l’état du monde? Une conclusion qui trahit à la fois la culpabilité des plaisantins riant du malheur et l’absolue nécessité, individuelle et collective, de transgresser la bienséance. «Parce que sinon…»
Si elle n’était pas qu’une simple réponse corporelle à un stimulus, la capacité de l’être humain à continuer de rire, malgré les guerres, les catastrophes, la peur – et de rire précisément de celles-ci – forcerait l’admiration. Après tout, n’est-ce pas la preuve que l’espoir perdure? Nous n’y pouvons cependant pas grand-chose, ainsi est construit notre corps, qui fonctionne mieux grâce à ce mécanisme somme toute trivial. Johann Schneider-Ammann, qui aurait certes pu soigner la forme, avait tout juste sur le fond: «Rire, c’est bon pour la santé» (diminution du stress, impact sur la qualité du sommeil, renforcement du système immunitaire).
Mais comment rit-on, en 2025? De quoi, avec qui, quand? Ce sont ces questions que nous abordons dans une série d’été sur la géopolitique du rire. Quelles sont les blagues qui donnent l’occasion aux Russes sous Vladimir Poutine, aux Américains sous Donald Trump, aux Argentins sous Javier Milei ou aux Chinois sous Xi Jinping de relâcher la pression?
A une époque où l’hypersensibilité et l’indignation rapide sont le revers des luttes pour plus de justice et d’égalité, l’humour, en tant que vecteur de valeurs et de normes, est interrogé, et c’est très bien ainsi. Il nous faut néanmoins nous battre pour lui, contre toute forme de puritanisme dogmatique. Sinon, nous l’amputerons d’une de ses qualités fondamentales: il peut être subversif.
Parfois il heurte, blesse, provoque de la colère, et c’est pourquoi il ne peut pas tout s’autoriser. Mais il ne fait pas plus de mal que les silences, l’indifférence ou les propos sérieux. Le rire permet de dénoncer, de réfléchir, de mettre en relief des dysfonctionnements tapis dans les interstices de nos vies et de nos interactions. Il est un puissant moyen de faire passer des messages au plus grand nombre. Des convulsions respiratoires des hilares naissent des ondes qui se propagent par-delà les murs et les frontières.
Même l’austère Jean Calvin avait saisi le potentiel du rire, en témoigne par exemple son piquant et truffé de blagues Traité des reliques (1543). Un essai dont les ficelles textuelles n’ont rien à envier à un sketch politique du XXIe siècle.
Mais revenons à la fonction biologique du rire. Cet acte grâce auquel on supporte un peu mieux ce monde et ses drames. Nous en avons indéniablement besoin. «Parce que sinon…»
CHRONIQUE. Les valorisations très élevées des géants de la tech s’expliquent par l’obligation de l’économie tout entière de passer au numérique. Mais ces valorisations finiront bien par être jugées excessives, ce qui offrira un point d’entrée aux investisseurs
Les investisseurs connaissent bien la catégorisation des actions selon le secteur d’activité des entreprises. Cette méthodologie permet notamment de comparer «des pommes avec des pommes» dès lors qu’il s’agit d’apprécier la dynamique économique et financière d’une société vis-à-vis de ses pairs. Ainsi une dizaine de grands secteurs composent traditionnellement les principaux indices d’actions comme le S&P 500.
Lors de l’explosion de la bulle des valeurs technologiques au début des années 2000, de nombreuses entreprises du secteur faisaient des pertes et l’internet en était à ses balbutiements. Un quart de siècle plus tard, les défenseurs des importants niveaux actuels de valorisation des entreprises de la tech arguent que les mastodontes du secteur sont parmi les sociétés les plus profitables du monde. Mais il y a peut-être encore plus important que le pur argument financier pour justifier les cours boursiers actuels des Nvidia, Microsoft ou Meta.
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CHRONIQUE. L’acteur et combattant, légende des films de kung-fu des années 1970, a dû faire face, post mortem, à toute une série de faussaires. On les passe en revue
Le 20 juillet 1973, la planète kung-fu est en deuil: Bruce Lee est retrouvé mort à Hongkong. En quelques films à peine (Big Boss, La Fureur de vaincre, La Fureur du dragon), l’acteur et combattant américano-hongkongais était devenu une légende. Un statut qui impose deux fatalités: spéculation sur les causes de son décès (on est allé jusqu’à y voir un coup des mafias chinoises) et cannibalisation de son héritage.
Le petit dragon (tel était son surnom) était en effet à peine enterré que débarquaient sur les écrans une foultitude de sosies et d’homonymes plus ou moins ressemblants. Ce phénomène a pris le nom de «Bruceploitation» (un mot-valise formé en imitation de la «blaxploitation» contemporaine), et a permis toute une variation de pseudonymes adaptés de celui du défunt (ainsi que de films vite faits et vite oubliés). Dans ce vaste aréopage, voici par exemple Ho Chung Tao (alias Bruce Li) qui joua dans La Vengeance aux poings d’acier (1979). Ou Wong Kin Lung (alias Bruce Le), à l’affiche de Combats de rue (1980).
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OPINION. Attisés par la situation en Galice, au Pays basque et en Catalogne, les débats sur la diversité linguistique et culturelle sont au centre de la politique et de l’histoire du royaume. Au-delà des ancrages historiques, les langues ont en effet été instrumentalisées, écrit l’historien Benoît Pellistrandi
Le 6 juin dernier, la présidente de la communauté de Madrid, Isabel Diaz Ayuso, égérie de la droite populaire, quitte la conférence des présidents alors que ses homologues catalan – Salvador Illa – et basque – Imanol Pradales – s’apprêtent à intervenir dans leur langue respective. La polémique est lancée: manque de respect selon ses détracteurs, dénonciation du refus d’utiliser une langue commune qui rassemble, pour ses soutiens, toutes les opinions sont avancées.
Il faut dire que le sujet est extraordinairement sensible politiquement et qu’il s’enracine dans une histoire longue de la nation espagnole. Enjeu identitaire pour les nationalismes catalan et basque, mais aussi galicien, voire valencien, majorquin et asturien, la question de la langue convoque une histoire vraie et des imaginaires collectifs qui rappellent la diversité espagnole.
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ÉDITORIAL. La famine, qui vient s’ajouter aux destructions et déplacements de population, n’empêche pas Israël de continuer à défendre l’indéfendable
Gaza est un mouroir. Même les humanitaires les plus endurcis, ou les observateurs les plus cyniques, doivent convenir qu’il y a peu de précédents. Quelque 60 000 morts dont un tiers d’enfants. Un paysage d’apocalypse, des villes méthodiquement rasées, avec des groupes paramilitaires recevant une prime pour chaque immeuble détruit. Une population palestinienne continuellement déplacée, pratiquement dans son ensemble, de manière volontairement chaotique. Les hôpitaux bombardés, les opérations sans anesthésie, les routes, les champs, les cimetières dévastés.
Et puis il y a la famine, omniprésente désormais. Des centaines de tonnes d’aliments bloquées par Israël à quelques kilomètres de l’endroit où elles pourraient sauver des vies, les visages des enfants émaciés, les yeux de plus en plus éteints, et ces mains tremblantes qui tentent de récupérer dans le sable, à même le sol, un peu de farine sale, vomie par un sac éventré.
Dans cet environnement de terreur qu’il a créé, Israël continue de défendre l’indéfendable. Aujourd’hui, même les tueries – abondamment corroborées – de centaines de Palestiniens affamés se rendant aux points de distribution israéliens ne font pas vaciller l’aplomb des responsables de l’Etat hébreu. Ni le sort des otages israéliens, ni la mainmise du Hamas, et encore moins le prétendu «antisémitisme» de l’ONU ne sont aujourd’hui des arguments recevables, tant les mensonges israéliens s’écroulent d’eux-mêmes, souvent à peine énoncés.
Les otages israéliens seraient-ils déjà libres si Israël n’avait pas fait dérailler les négociations avec le Hamas? Il serait plus facile d’envisager une bande de Gaza débarrassée de ses islamistes si les dirigeants de l’Etat hébreu avaient contribué, même un tant soit peu, à dessiner une alternative. Et le très léger assouplissement du blocus de Gaza, décidé ces dernières heures par Israël, n’y changera rien: c’est comme si tout cela ne comptait guère. Prompts, depuis bientôt deux ans, à s’en prendre avec une incroyable virulence à tout soupçon de critique, dirigeants et militaires israéliens n’ont eu, jusqu’ici, aucun compte à rendre.
Il y a longtemps que le manque d’action occidental est insupportable. A présent, tel pays se félicite d’avoir finalement apposé sa signature au bas d’une lettre, certes bien tournée, mais qui n’engage à rien. Tel président d’un autre pays, après des années de tergiversations, promet maintenant de reconnaître que les ruines inhabitables de Gaza appartiennent bien à un Etat nommé Palestine. Le temps des admonestations et des promesses vides devrait être pourtant largement révolu. Mais alors que les mots continuent de faire peur, lorsqu’ils sont critiques et qu’ils s’adressent à Israël, nul ne songe réellement que la moindre action soit possible. Comme dans un grand sablier, c’est l’humanité qui s’écoule peu à peu du bulbe: l’humanité des victimes, d’abord, mais aussi celle des agresseurs et des témoins inactifs.
OPINION. Le «English only» de Donald Trump et son désintérêt pour le plurilinguisme, pourtant inscrit dans l'ADN du pays, risquent de coûter cher aux Etats-Unis, écrit Daniel Olson, directeur du Laboratoire du bilinguisme à l’Université Purdue (Indiana)
La question des langues aux Etats-Unis a fait l’objet d’un débat redoublé ces derniers mois, alimenté par la virulente rhétorique du président Donald Trump à l’égard des immigrés et de la diversité linguistique. De nouvelles politiques, mises en place par des décrets présidentiels, visent à redéfinir le paysage linguistique dans le but d’instaurer un monolinguisme national. Cependant, quoi que souhaite Trump, les Etats-Unis sont une nation multilingue, et le manque de soutien aux compétences linguistiques a des répercussions importantes, pour le pays autant que pour ses citoyens.
OPINION. La francophonie est de plus en plus perçue comme un outil diplomatique au service de la France, et ce n’est pas nécessairement une bonne nouvelle pour son rayonnement, écrit notre correspondant à Paris Paul Ackermann; à la différence de l’espagnol, le français reste lié à son héritage colonial
La langue française peine à maintenir son influence à très grande échelle en dehors de la France, contrairement à l’espagnol, qui brille grâce aux anciennes colonies de Madrid, notamment à travers la musique latino, qui est devenue l’une des plus populaires du monde. Si le rayonnement de l’espagnol est donc de moins en moins exclusivement lié à l’Espagne, le français bénéficie, lui, de moins en moins de la francophonie. Si l’espagnol est devenu un merveilleux produit d’exportation, le français se questionne de plus en plus sur ses importations, provoquant des polémiques malsaines semaine après semaine. Mais pourquoi?
On peut tout d’abord expliquer cette différence par un fait peu glorieux pour l’Espagne: beaucoup de langues originelles ont disparu dans le monde hispanophone, particulièrement en Amérique du Sud où nombre de cultures locales ont purement et simplement été éradiquées par la colonisation. Dans une bonne partie de l’Ancien Monde désigné comme francophone, en revanche, les cultures et langues locales ont très bien tenu, elles sont même souvent restées dominantes.
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ÉDITORIAL. Tandis que l’attention se porte sur les droits de douane américains, la viticulture suisse s’effondre dans l’ombre, frappée par la chute de la consommation, la concurrence étrangère et l’inaction politique. Mais il est encore temps d’agir
Alors que la Suisse a les yeux rivés sur les droits de douane de Donald Trump, une âpre bataille est en train de se jouer dans nos campagnes. Pour la deuxième fois en cinq ans, nos vignerons sont confrontés à une crise majeure. Et celle-ci n’a rien à voir avec le mildiou, la grêle ou le gel, qui ne sont que des grains de sable supplémentaires à ajouter dans l’engrenage.
Les Suisses boivent moins de vin. Selon l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG), la consommation a baissé de 8% dans notre pays mais la statistique est de -16% pour les produits locaux. Si la manière de prendre ces chiffres en compte fait parler, la réalité du terrain, elle, ne ment pas.
La situation est sans équivoque et fait transpirer les professionnels de la vigne, dont une grande partie ne sait pas encore à quel prix elle pourra vendre son raisin aux coopératives. Probablement pour des miettes. De quoi en étouffer plus d’un lorsque certaines enseignes de la grande distribution cèdent des bouteilles étrangères pour une bouchée de pain.
Le consommateur a sa part de responsabilité, lui qui veut boire toujours plus écolo et durable et qui finit par imposer ses normes coûteuses aux producteurs suisses alors que d’autres pays n’y sont pas confrontés. Mais le vigneron aussi doit innover, proposer de nouveaux produits, créer une marque forte et se faire connaître au-delà de son cercle habituel.
Et enfin, c’est surtout à la classe politique, nos conseillers fédéraux en première ligne, d’agir. Le vin et la viticulture font partie du terroir et d’un savoir-faire national. Dire qu’il faut boire plus de vin suisse est une chose, mais le message ne suffit pas. Quand un secteur aussi symbolique est en danger, le regarder s’enliser dans ses difficultés devient cruel. Certes, la Suisse est un pays libéral. Mais quand ce qui se fait ailleurs, dans des conditions bien moins vertueuses, vient perturber la bonne marche des affaires de nos artisans locaux, les deux parties ne luttent plus à armes égales. Sans oublier que si la consommation générale diminue, alors il semble logique que les quotas négociés il y a des années puissent être rediscutés.
Les productions locales apportent aussi une plus-value différente de celle des vins peaufinés à l’étranger. Les vignes de Lavaux ou de certaines régions alpestres, qui nécessitent un travail manuel important à cause de leur implantation sur des pentes vertigineuses, font partie intégrante de nos paysages. Si nous voulons avoir le privilège de pouvoir les contempler encore durant de nombreuses années, peut-être devrions-nous faire un geste envers ceux qui se chargent de garantir leur pérennité de génération en génération.
Selon des internautes et des médias israéliens, les photos virales d’enfants squelettiques masquent des maladies chroniques ou sont issues d’archives du Yémen… Un véritable «déni» de la réalité, alors que 20 000 jeunes gazaouis ont été admis à l’hôpital pour malnutrition aiguë en trois mois
C’est un montage photographique sur le modèle avant/après. A gauche, un garçon vêtu d’une blouse verte regarde le photographe, légèrement au-dessus de l’objectif. Des jouets sont visibles en arrière-plan. A droite, le même garçon est de profil. Cette fois-ci, les traits du visage sont creusés, la peau plaquée sur les côtes. Apposé au photomontage, un message: «Une photo d’Osama al-Rakab, âgé de 5 ans, est devenue virale, utilisée pour présenter à tort Israël comme responsable de son état, affirmant qu’Israël affame des enfants. Osama souffre d’une grave maladie génétique sans lien avec la guerre.» Le Cogat, l’organisme d’administration militaire israélienne, sous l’autorité du Ministère de la défense, a publié ce post sur X le 28 juillet, ajoutant que le garçon est traité depuis le 12 juin en Italie, aux côtés de sa mère et de son frère.
A photo of 5-year-old Osama al-Rakab has gone viral, used to falsely depict Israel as responsible for his condition, claiming Israel is starving children.#TheFacts: Osama suffers from a serious genetic illness unrelated to the war. On June 12, we actively coordinated Osama's… pic.twitter.com/7IY826P0JZ
— COGAT (@cogatonline) July 28, 2025
Claude Garamont, graveur de caractères français du XVIe siècle, a donné naissance à des polices livresques encore très utilisées
On le lit comme on lirait un roman. Des caractères d’imprimerie par excellence. Avec des empattements, des contrastes entre pleins et déliés soulignés mais pas ostentatoires, des ligatures élégantes et une agréable lisibilité: la police Garamond correspond tout à fait au canon livresque contemporain. Une de ses variantes est d’ailleurs utilisée dans les ouvrages de la Bibliothèque de la Pléiade.
OPINION. Le Nouveau-Brunswick est la seule province officiellement bilingue du Canada; les tensions y sont pourtant fortes, le volontarisme politique étant perçu par une frange anglophone comme discriminant, écrit la professeure de sociologie Michelle Landry
Au Canada, une lutte symbolique, mais aussi très pragmatique se déploie pour la reconnaissance du français depuis des décennies dans les arènes fédérales, provinciales et parfois municipales. Le bilinguisme institutionnel est donc d’une grande importance, mais a très peu d’impact sur le bilinguisme des anglophones. Ceci contribue à alimenter les critiques de la politique linguistique, surtout au Nouveau-Brunswick, seule province bilingue.
Le Nouveau-Brunswick, sur la façade maritime est du pays, est souvent perçu comme un microcosme de la société canadienne en raison de son bilinguisme officiel et du poids considérable des francophones (environ 30% au dernier recensement de 2021). Pourtant, son histoire est singulière et les tensions linguistiques sont récurrentes.
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ÉDITORIAL. Depuis les frappes israéliennes et américaines, la répression en Iran s’est intensifiée. Et pourtant, la société civile ne renonce pas. Un appel à la création d’une Assemblée constituante pour transformer le pays a été lancé. Le chemin est encore très long, mais le signal est positif
La République islamique d’Iran a-t-elle vécu? Le mouvement révolutionnaire «Femme, vie, liberté», l’affaiblissement marqué des proxys (alliés) régionaux de Téhéran (Hezbollah, Hamas, houthis, milices chiites d’Irak) et, enfin, les frappes israéliennes et américaines sur les installations nucléaires iraniennes ont montré au grand jour le déclin considérable du régime des mollahs et sa déconnexion de la société iranienne.
Les faucons américains et israéliens y ont vu une opportunité unique de procéder à un renversement du pouvoir iranien. Le président américain, Donald Trump, s’y est refusé notamment en raison de sa volonté de ne pas impliquer son pays dans un nouvel aventurisme militaire à l’étranger. Au sein de la diaspora, certains ont voulu voir une alternative au gouvernement actuel dans le fils du dernier shah, Reza Pahlavi.
C’est l’illusion des changements de régime fomentés de l’extérieur. Ce n’est pas à une nouvelle monarchie qu’aspirent les Iraniens, mais à la liberté. Fini l’écartèlement permanent et schizophrénique entre ce qui est interdit en public et autorisé en privé. Aujourd’hui, fortement fragilisé, gangrené par la corruption, le pouvoir iranien dominé par le guide suprême et les Gardiens de la révolution recourt à la seule arme qui lui reste: la répression à outrance. Les exécutions extrajudiciaires se multiplient. Dans une société fatiguée par plus de quarante-cinq ans d’une République islamique exsangue politiquement et épuisée par une crise économique sans fin, un espoir se fait pourtant jour. Sous la forme d’une déclaration publiée le 10 juillet par l’ex-candidat à la présidentielle de 2009 Mir Hossein Moussavi appelant à la création d’une Assemblée constituante pour doter le pays d’une nouvelle Constitution en phase avec le peuple. Le document a rencontré un étonnant succès parmi des personnalités politiques et des militants des droits humains comme la très courageuse Prix Nobel de la paix Narges Mohammadi.
La répression n’arrive manifestement pas à juguler les appels à un avenir nouveau, démocratique. Forte d’une maturité politique unique dans la région, la société civile veut prendre son destin en main. Sans peur, sans jeu. Des appels à référendum se font entendre. Malgré les difficultés liées à l’oppression omniprésente orchestrée par ceux qui veulent maintenir le régime envers et contre tout, le débat sur le futur de l’Iran a lieu et se nourrit. La détermination des militantes qui ont porté le mouvement «Femme, vie, liberté» fut déjà un premier signal d’espoir, un témoignage de courage et d’amour du pays. Sur le chemin de la liberté qui pourrait être long et sinueux, les Iraniennes joueront à n’en pas douter le premier rôle.
OPINION. Pourtant langue des colonisateurs, l’espagnol est un trait d’union entre les deux côtés de l’Atlantique. Ironie de l’histoire pour la journaliste vénézuélienne basée à Paris Andreina Flores, il existe aujourd’hui une colonisation à l’envers, une conquête douce, sans armure ni drapeau, menée par les sons et les mots latino-américains
Je suis née au Venezuela, le pays d’origine de celui qu’on appelle «le Libérateur»: Simon Bolivar, le héros qui a mené la guerre d’indépendance contre l’Espagne il y a 200 ans.
Mais sa guerre n’a jamais été dirigée contre la langue espagnole. Au contraire, la merveilleuse collection de lettres qu’il a écrites à ses proches et à l’amour de sa vie, Manuela Saenz, témoigne d’une passion aussi intense que rigoureuse pour la langue espagnole. Bolivar, maître de la prose et de la poésie, n’a pas hésité à utiliser son espagnol exquis pour déclarer la guerre à Madrid. Nous, Vénézuéliens, avons tous grandi avec cet exemple.
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On utilise depuis longtemps des outils technologiques avancés de traduction à l’ONU, l’organisme le plus multilingue du monde, mais les Etats doivent désormais prendre position face à l'IA, explique la cheffe des conférences à l’ONU Genève, Rima al-Chikh
Rima al-Chikh est la directrice de la division de la gestion des conférences, qui représente environ 600 personnes dont les interprètes et traducteurs – le centre de conférences de Genève est le deuxième plus grand après New York. L’ONU comptant 193 pays membres, et six langues officielles – le français, l’anglais, l’espagnol, le russe, le chinois et l’arabe, on ne s’étonnera pas qu’elle soit le plus grand employeur du monde de spécialistes linguistiques.
CHRONIQUE. Les Britanniques ont créé en Mésopotamie un royaume sous leur contrôle, soucieux de garder la main sur les abondants champs pétrolifères de la région. Une femme hors du commun est l’artisane de l’audacieuse tentative d’unir les Arabes
Sumer, Babylone: l’Irak brille dans l’Histoire par ses grandes civilisations mésopotamiennes. Aux VIIIe et IXe siècles, Bagdad est le «nombril du monde» musulman. Mais sous l’Empire ottoman, la région est laissée à l’abandon.
Au début de la Première Guerre mondiale, les Britanniques occupent Bassora, au sud, pour s’assurer le contrôle de l’industrie pétrolière naissante et progressent vers le nord non sans revers. Forts de leurs négociations secrètes avec la France et malgré leur promesse d’indépendance aux Arabes, ils comptent bien s’implanter.
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OPINION. Les projets de langue universelle vont de pair avec le rêve d'une langue neutre, apolitique et transparente, écrit James Costa, professeur à la Sorbonne Nouvelle, qui rappelle que le désir de langues neutres a précédé l'esperanto ou le volapük
Faut-il une langue commune pour se comprendre? La réponse semble aujourd’hui si évidente qu’il est probable que les lecteurs du Temps se demandent déjà s’il vaut la peine de continuer la lecture de cet article. Et pourtant, si la notion de langue commune pose problème, c’est surtout qu’il faudrait se mettre d’accord sur ce qu’on entend par «se comprendre». C’est là que ça devient compliqué.
Le Moyen Age avait une réponse simple: le latin servait à ça. Pour les lettrés au moins. Les autres se débrouillaient avec une intercompréhension relativement aisée entre langues proches — on allait de Valence à Naples en parlant une langue qu’on adaptait peu à peu, en fonction des variantes de ce qu’on appellerait aujourd’hui du catalan, de l’occitan, de l’italien. L’époque moderne, ayant perdu peu à peu le latin à partir du XVIIe siècle, se pose nécessairement la question autrement. Et elle se pose la question de ce que se comprendre veut dire.
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COMMENTAIRE. La Confédération peine à parler d’avenir. A tel point qu’il est difficile d’identifier, aujourd’hui, des projets d’envergure à même de renforcer la cohésion nationale et de stimuler le sentiment d’appartenance à une histoire commune
Quatre zones linguistiques comme autant de cultures, 23 cantons – dont six demi-cantons, puisque comme tout le monde le sait, mieux vaut ne pas amalgamer les deux Bâle, les deux Appenzell, Obwald et Nidwald –, eux-mêmes persillés d’informelles mais tenaces «frontières» démarquant des sentiments d’appartenance microlocaux: créer, entretenir, nourrir une forme de cohésion nationale suisse n’est pas chose aisée. C’est pourtant un devoir qui incombe à chacun.
Malgré toute la bonne volonté possible, la somme des individus a besoin d’impulsions, d’une vision, de projets communs. Et d’un moteur: le personnel politique. Mais celui-ci, embourbé dans la complexe gestion au jour le jour des défis immédiats, semble ne plus avoir suffisamment de temps pour parler d’avenir – ce qui n’a historiquement jamais vraiment été une qualité première de ce curieux pays qui a tout de même su prospérer.
Posons-nous néanmoins cette question, alors que la Confédération souffle ce 1er août 734 bougies: à quoi devrait ressembler la Suisse de demain? Le territoire est constellé de routes et de rails, les barrages sont érigés, les montagnes percées de tunnels en leurs temps porteurs de modernité. N’y a-t-il plus rien à bâtir, plus aucun chantier d’importance nationale desquels se réjouir ensemble, autour desquels se réunir? N’avons-nous pas d’autre récit pour les plus jeunes aujourd’hui, et ceux qui nous rejoindront demain, que celui de cette Suisse qui administre (avec doigté) son quotidien, sans rêve ou ambition pour elle-même?
Le chantier d’un métro traversant tout le pays ne pourra pas commencer avant que ne s’achève celui de la traversée de la Rade de Genève, mais il existe d’autres domaines où la magie pourrait opérer. Dans l’énergie, avec ces vastes projets solaires et éoliens qui n’arrivent pas encore à séduire la majorité. Dans les technologies, avec le fantasme d’atteindre une souveraineté numérique nichée peut-être quelque part dans un cloud 100% helvétique. Dans l’urbanisme, avec ces villes qu’il faut repenser en adéquation avec l’environnement et l’évolution climatique.
Osons l’ambition, même circonscrite à ce petit territoire. Osons les projets d’envergure qui, sur plusieurs années, sur plusieurs décennies parfois, suscitent l’attente. Car après l’attente vient le temps de la célébration. Il n’y a pas mieux pour souder une population.
La Suisse de demain? Quelques pistes de réflexion dans notre série d’été:
OPINION. Que le Conseil fédéral propose la reprise de la réforme du régime d’asile européen commun (RAEC) et que le parlement ne s’y oppose pas est une offense à notre tradition humanitaire et un grave retour en arrière, écrit Sophie Guignard, secrétaire politique de Solidarité sans frontières, membre de la coalition NoRAEC
Lampions, discours, cantines avec nappes Raiffeisen et feux d’artifice, partout aujourd’hui, une grande fête. Mais que célébrons-nous exactement? A en croire les discours officiels, tels que prononcés par les présidents de la Confédération lors des allocutions du 1er Août des dernières années, tous partis gouvernementaux confondus: un pays qui «réfléchit», promeut «l’indépendance, la sécurité, la liberté et l’autodétermination» (Ueli Maurer, UDC, 2019); qui «agit avec ses voisins» (Simonetta Sommaruga, PS, 2020) et envisage les défis actuels avec humilité, en prenant de la hauteur, en ajoutant notre engagement civique individuel et la créativité que stimule la démocratie directe (Guy Parmelin, UDC, 2021). Une Suisse, encore, qui est fière «d’avoir ouvert ses portes et son cœur à [des milliers] de personnes en détresse» (Ignazio Cassis, PLR, 2022). Une Suisse «en mouvement» (Alain Berset, PS, 2023), et dont les personnes qui l’habitent «en tant que société et pays, relève[nt] les défis avec courage et détermination, afin de renforcer les fondements sur lesquels repose la Suisse» (Viola Amherd, le Centre, 2024).
Poissons, étoiles, filets de pêche et plantes sont représentés sur l'oeuvre unique de plus de cinq mètres de long, découverte à l'intérieur d'un temple sur le site archéologique Huaca Yolanda
Des archéologues péruviens ont annoncé mardi avoir découvert une fresque murale préhispanique vieille de plus de 3000 ans dans le nord du pays. Cette oeuvre a été découverte à l'intérieur d'un temple sur le site archéologique Huaca Yolanda, à environ 580 km au nord de la capitale du Pérou, Lima.
Vieille d'au moins trois millénaires, elle «présente des caractéristiques tout à fait uniques pour l'archéologie péruvienne», a déclaré à l'AFP Ana Cecilia Mauricio, directrice des fouilles sur le site et chercheuse à l'Université pontificale catholique du Pérou.
Sur cette fresque de plus de cinq mètres de long et deux mètres de haut sont représentés des poissons, des étoiles, des filets de pêche ainsi que des plantes.
«Jamais nous n'avions trouvé d'iconographie ni de dessins de ce type», a détaillé Ana Cecilia Mauricio. «Cette découverte (...) révèle la richesse historique et culturelle du peuple péruvien.»
A force d’utiliser des instruments de mesure de plus en plus sophistiqués, les savants progressent dans la connaissance de leur environnement. Ils découvrent alors le rôle de l’atmosphère, sans qui notre Terre serait bien trop froide pour être accueillante. Mais très vite, certains vont s’inquiéter
«La lumière et la chaleur du Soleil passent avec une «égale facilité» à travers le verre, contrairement à la lumière et la chaleur d’un feu: la lumière passe normalement, mais la chaleur est en grande partie arrêtée par le verre.» Il fallait un sacré sens de l’observation pour écrire cela dès 1681, comme l’a fait l’abbé physicien français Edme Mariotte dans son ouvrage De la nature des couleurs.
Il avait pressenti que la chaleur rayonnée ne traversait pas une vitre. Une énergie dont l’astronome germano-britannique William Herschel montrera, en 1800, qu’elle s’apparente à la lumière, le rayonnement infrarouge. Edme Mariotte ne le sait pas encore, mais son observation anonce une gigantesque révolution dans la compréhension du climat, la découverte de l’effet de serre, qui gouverne la température de notre planète.
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Face à la montée des eaux qui menace leur archipel, plus de 80% des habitants de Tuvalu ont demandé à bénéficier du visa climatique proposé par l’Australie. Mais seuls 280 sont délivrés chaque année
L’expression «réfugié climatique» prend tout son sens face au sort qui se profile pour les habitants de Tuvalu. Plus de 80% de la population de cet archipel du Pacifique, menacé par la montée du niveau des océans, cherche à obtenir un visa pour l’Australie, dans le cadre d’un traité signé en 2023, a indiqué mercredi dans un communiqué la mission diplomatique de l’Australie à Tuvalu.
Le point culminant de Tuvalu n’atteint que cinq mètres d’altitude. L’ensemble de l’archipel — soit 26 km² — pourrait devenir inhabitable d’ici 2100. Composé de neuf petits atolls, Tuvalu se situe à l’ouest de l’Australie et au nord des Fidji. Le pays, indépendant, compte environ 11 200 habitants.
En 2023, l’Australie a signé un traité inédit avec l’Etat de Tuvalu: 280 visas d’immigration par an seront accordés aux habitants de l’archipel. Les bénéficiaires auront accès, dès leur arrivée, à l’éducation, aux soins de santé, à un soutien familial et à un revenu. Canberra présente cet accord comme «le premier de ce genre dans le monde».
Dans les colonnes du Guardian, Feleti Teo, le premier ministre des Tuvalu qualifie l’accord de «révolutionnaire, sans précédent et historique». Tout en appuyant le fait que «ce visa ne signifie pas que vous devez passer le reste de votre vie en Australie. Vous pouvez entrer et sortir du pays comme bon vous semble.»
L’obtention de ce visa se fait par tirage au sort, explique Courrier international. Les inscriptions étaient ouvertes du 16 juin au 18 juillet, moyennant un paiement de 25 dollars australiens, soit 13 francs. 8750 personnes ont tenté leur chance, soit 82% des habitants de Tuvalu. «Nous avons reçu des niveaux extrêmement élevés d’intérêt», a déclaré la mission diplomatique australienne sur place.
Mais tous ne pourront pas partir. «Avec seulement 280 visas offerts cette année, de nombreuses personnes ne pourront pas en bénéficier», a reconnu le Haut-Commissariat australien pour Tuvalu, équivalent de l’ambassadeur.
Une étude publiée ce mercredi révèle la présence de particules de dioxyde de titane dans le lait maternel et dans des laits vendus dans le commerce. Ce cancérigène potentiel chez l’être humain est pourtant interdit dans l'alimentation, en France comme en Suisse
Des particules de dioxyde de titane, un cancérigène potentiel chez l’être humain, pourtant interdit dans l’alimentation, ont été retrouvées en France dans le lait maternel, des laits maternisés et du lait vendu dans le commerce. C’est ce que révèle une étude publiée mercredi dans la revue Science of the Total Environment.
«Massivement employé dans une multitude de produits du quotidien» (dentifrices, crèmes solaires, médicaments, plastiques, maquillage, papier, peintures…) et utilisé comme colorant blanc et opacifiant dans l’alimentation (E171), le dioxyde de titane a été interdit par mesure de précaution en France en 2020, puis dans l’Union européenne en 2022, rappellent les auteurs.
Leurs travaux montrent pourtant que ce composé a été détecté «dans des laits humains, animaux et infantiles, notamment sous forme de nanoparticules».
Des particules de dioxyde de titane ont été retrouvées dans «les laits maternels de dix femmes volontaires vivant à Paris ou en proche banlieue, à des taux variables, certaines femmes présentant jusqu’à 15 fois plus de particules que d’autres», ce qui prouve que cette substance «peut passer la barrière de la glande mammaire».
«100% des laits animaux (frais ou en poudre, issus de vaches, d’ânesses ou de chèvres)», tant issus de l’agriculture biologique que conventionnelle, et 83% des laits infantiles (issus du commerce, du 1er au 3e âge, bio ou pas) analysés en contenaient. Dans le détail, 6 millions à 3,9 milliards de particules de titane ont été détectées par litre de lait infantile, et 16 à 348 millions par litre dans les laits animaux.
«Cet état des lieux de la contamination actuelle des laits reflète le niveau d’exposition des nouveaux-nés et des mères, mais également des consommateurs adultes de lait», précisent les scientifiques. Et ce, en dépit de l’interdiction du E171 dans l’alimentation, laissant supposer «l’existence d’une contamination autre» qu’alimentaire, soulignent-ils.
Le dioxyde de titane a été classé cancérigène potentiel chez l’être humain par inhalation depuis 2006, rappellent les scientifiques de l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), de l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris), du synchrotron SOLEIL et du CNRS, le Centre national de la recherche scientifique.
En Suisse, le dioxyde de titane E171 est interdit dans l’alimentation depuis le 15 septembre 2022. En revanche, il n’est pas interdit dans les produits cosmétiques et peut être utilisé comme colorant et filtre UV dans des conditions définies.
Les auteurs de cette étude ont voulu mieux évaluer «l’impact de ce relargage massif du dioxyde de titane sur les êtres vivants» et «l’exposition réelle des animaux et humains». Il avait déjà été démontré que les nanoparticules présentes dans l’additif E171 traversaient le placenta. Ce travail pourrait servir de base à de futures études de toxicité.
Dans un avis rendu mercredi suite à une initiative du Vanuatu, la plus haute juridiction de l’ONU a listé les responsabilités des Etats en matière de lutte contre le réchauffement. Elle ouvre ainsi la voie aux demandes de réparation des pays insulaires
La Cour internationale de justice de La Haye (CIJ) a rendu mercredi 23 juillet un avis très attendu sur le climat. Pendant deux heures, son président, Yuji Iwasawa, a lu des extraits de cette opinion de plusieurs centaines de pages. Le changement climatique représente une menace «urgente et existentielle», a-t-il rappelé, avant d’égrainer les différentes obligations légales des Etats face au changement climatique. La Cour a notamment estimé que les pays frappés par les effets du réchauffement étaient en droit de demander des réparations pour les torts subis. C’était une des principales attentes des plaignants.
La procédure devant la CIJ a été initiée par des étudiants du Vanuatu, archipel du Pacifique menacé par l’élévation du niveau des mers et la multiplication des cyclones. Validée en 2023 par l’Assemblée générale de l’ONU, leur demande a abouti l’année suivante à l’organisation d’audiences à La Haye. Une centaine de pays et de groupes d’intérêt y ont pris la parole, un record pour cette institution. Les 15 juges de la CIJ devaient s’exprimer, d’une part, sur les obligations des Etats de protéger la Terre contre les émissions de gaz à effet de serre, et, d’autre part, sur les conséquences juridiques découlant de ces obligations.
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Une nouvelle étude relativise encore le sacro-saint dogme des 10 000 pas quotidiens pour réduire les risques de santé. Les gains les plus significatifs seraient atteints avec 7000 pas
Marcher 7000 pas chaque jour fait considérablement baisser le risque d’avoir de nombreux problèmes de santé graves, selon la plus vaste étude de données probantes à ce jour. 7000 pas représentent environ une heure de marche par jour.
Facile à mémoriser et repris dans des applications mobiles pour smartphones, l’objectif des 10’000 pas quotidiens ne se base sur aucune étude médicale. Généralement suivi par les personnes soucieuses de préserver leur santé, il vient en réalité d’une campagne publicitaire des années 1960 pour un podomètre japonais.
Pour établir un objectif basé sur la science, une équipe internationale de chercheurs a donc passé au crible 57 études portant sur 160 000 personnes au total, avant de publier ses travaux jeudi dans la revue Lancet Public Health.
Ils révèlent que marcher 7000 pas par jour réduit de près de moitié le risque de décès prématuré, toutes causes confondues, comparé au fait d’en faire seulement 2000. L’étude s’est également penchée sur des problèmes de santé que n’avaient pas examinés jusqu’ici les recherches sur les bénéfices de la marche.
En août 2023: Il n’est pas nécessaire de faire 10 000 pas par jour pour voir des résultats sur la santé
Marcher 7000 pas par jour ferait baisser de 38% le risque de démence, de 22% celui de dépression et de 14% le risque de diabète. Cela réduirait aussi le risque d’avoir un cancer et de faire des chutes, selon l’étude, qui avertit que cette hypothèse repose sur des preuves moins nombreuses.
«Il n’est pas nécessaire d’atteindre 10 000 pas par jour pour avoir des bénéfices majeurs pour sa santé», a résumé Paddy Dempsey, coauteur de l’étude et chercheur médical à l’université de Cambridge. «Les gains les plus importants se produisent dès 7000 pas, au-delà ils tendent à se stabiliser», a-t-il ajouté.
Lire aussi: Rester assis toute la journée est mauvais pour la santé (même en faisant 30 minutes de sport chaque jour)
Pour Pappy Dempsey, ceux qui parviennent déjà à faire 10 000 pas ou davantage au quotidien doivent persévérer. A l’inverse, ceux qui jugent les 7000 pas difficiles à atteindre, ne doivent «pas se décourager».
«Si vous ne faites que 2000 à 3000 pas par jour, essayez d’en ajouter 1000: cela représente seulement 10 à 15 minutes de marche légère réparties sur la journée», a-t-il fait valoir. Pour lui, les messages de santé publique doivent cesser de viser la «perfection» et mettre l’accent sur le fait que même une petite augmentation de l’activité physique peut faire une grande différence.
L’Organisation mondiale de la santé recommande au moins 150 minutes d’activité physique modérée à intense par semaine.
La climatologie doit beaucoup à notre connaissance du passé. Pour nourrir les modèles, les scientifiques lisent tous les indices gravés par l’histoire climatique dans la nature. Plongée dans la paléoclimatologie
«Les anneaux des tiges ou des branches coupées des arbres indiquent leur âge, ainsi que les années plus humides ou plus sèches, en fonction de la taille de leurs anneaux.» Le moins qu’on puisse dire, c’est que le génial Léonard de Vinci (1452-1519) avait le sens de l’observation et de l’intuition, plus que le Grec Théophraste qui, au IIIe siècle avant notre ère, avait noté la présence d’anneaux sur un tronc coupé, «comme les couches d’un oignon».
Si l’observation de Vinci est essentielle, c’est parce que la modélisation des climats futurs repose sur la connaissance de l’histoire climatique de notre planète. Avant de prétendre faire des projections, les modèles doivent montrer qu’ils sont capables de reconstituer le passé.
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Grâce à l’analyse des GPS des navires combinée à des données satellites, deux études publiées dans la revue «Science» offrent une cartographie sans précédent des flottes de pêche exerçant dans des zones où elles sont supposément interdites
A l’occasion du sommet international sur les océans (UNOC), qui s’est tenu à Nice au mois de juin dernier, l’ONG de protection des océans Bloom alertait: les méthodes de pêche les plus destructives, tel le chalutage de fond, restaient utilisées quotidiennement dans les aires marines européennes supposément protégées. Une triste réalité sur laquelle se sont penchées deux équipes scientifiques, qui livrent leurs résultats dans la revue Science du jeudi 24 juillet. En combinant cartographie des navires et analyse des réglementations, leurs études véhiculent un message limpide: la protection ne vaut que si elle est réelle et surveillée.
La première étude, menée par des chercheurs de l’Université de Montpellier et de l’Institut français de recherche pour le développement (IRD), en partenariat avec Bloom, s’est penchée sur près de 6000 aires marines protégées (AMP) côtières à travers le monde. Le constat est sans appel: entre 2022 et 2024, une activité de pêche industrielle a eu lieu dans près de la moitié d’entre elles. Deux tiers des navires concernés n’émettaient pas de signal AIS (Automatic Identification System), rendant leur activité invisible aux systèmes de surveillance classiques.
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Malgré des alertes lancées dès les années 1960, les Etats peinent toujours à prendre des mesures pour contrer les émissions de gaz à effet de serre. Pas étonnant, quand on considère tout ce qui a été mis en œuvre par les lobbys des énergies fossiles pour décrédibiliser la science
«Notre génération a altéré la composition de l’atmosphère à l’échelle globale […] en augmentant de façon régulière la concentration en dioxyde carbone par l’utilisation des combustibles fossiles». Voilà ce que déclarait en 1965 le président américain, Lyndon Johnson, dans un message spécial adressé au Congrès, après avoir réceptionné un des tout premiers rapports scientifiques alertant sur les conséquences du réchauffement.
Dès les années 1960, tout est là, ou presque. Des générations de scientifiques ont patiemment assemblé les principales pièces du puzzle climatique. L’image qu’il révèle est préoccupante, et des chercheurs vont tenter de mobiliser l’opinion publique. Hélas, en s’attaquant à de puissants intérêts, ils vont être confrontés à toutes sortes de manigances visant à les discréditer. Entre faits scientifiques et désinformation instrumentalisée, c’est un combat à la David contre Goliath qui s’engage, dont l’issue demeure incertaine encore aujourd’hui.
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La chenille de cet insecte peut provoquer de fortes pertes de rendement dans les cultures maraîchères. S’ils ne passent pas l’hiver au nord des Alpes, ces papillons peuvent voler 1000 kilomètres et les traverser en été
Un ravageur venu des tropiques donne du fil à retordre à l’agriculture en Suisse. La chenille de la noctuelle de la tomate (Helicoverpa armigera) dévore plus d’une centaine de plantes utiles. Le papillon se propage désormais en direction du nord. Dans le sud de l’Allemagne, son avant-garde cause déjà des dégâts.
La Suisse surveille la propagation de la noctuelle de la tomate (ou Armigère) depuis 2024 à l’aide de 25 pièges. En 2023, la chenille avait déjà provoqué de fortes pertes de rendement dans les cultures maraîchères, allant jusqu’à la perte totale, explique le centre fédéral pour la recherche agricole (Agroscope), interrogé par Keystone-ATS.
A la fin juin, les pièges contenaient plus de papillons que l’année précédente, observe Cornelia Sauer, experte en culture de légumes chez Agroscope. Les premiers dégâts de la saison sont apparus sur des tomates au sud des Alpes.
En Allemagne, les chenilles font déjà des ravages sur les pois chiches, a déclaré à l’agence de presse allemande dpa Olaf Zimmermann, expert en nuisibles au Centre technologique agricole Augustenberg (LTZ) à Karlsruhe. Certaines ont déjà été trouvées jusqu’à Hanovre et Berlin.
«Les noctuelles de la tomate sont nettement plus problématiques dans les grandes cultures que le scarabée du Japon, par exemple», explique Olaf Zimmermann. «Ce dernier mange des feuilles et des fruits et va principalement dans la vigne et les fruits. La noctuelle de la tomate va en revanche aussi dans les cultures de surface comme le maïs et les légumes de plein champ». L’insecte s’appelle noctuelle car il se déplace la nuit.
«Il n’y a pas encore d’hivernage en Allemagne, mais des arrivées chaque année», dit Olaf Zimmermann. «La question n’est pas de savoir s’il va venir et rester, mais quand». Les papillons peuvent voler 1000 kilomètres et traverser les Alpes. Cornelia Sauer estime peu probable que ces nuisibles tropicaux puissent passer l’hiver au nord des Alpes. Tout au plus, cela serait possible dans des serres.
Selon les experts, le changement climatique déplace les zones de répartition vers le nord, comme c’est le cas pour d’autres ravageurs. «On peut supposer qu’à un moment donné, une population s’adaptera à nos conditions climatiques et que nous aurons peut-être alors une première enclave dans le sud du Land de Baden. En Hongrie, ils hibernent déjà», explique Olaf Zimmermann.
Là-bas, ils se sont établis durablement en tant que ravageurs du maïs. En 2023, les papillons s’étaient attaqués à la lavande dans le sud de la France, provoquant d’importantes pertes de rendement.
En Suisse, le monitoring national a mis en évidence des arrivées de papillons en provenance du sud, de l’ouest et de l’est. Le papillon se déplace vers le nord, poursuit Cornelia Sauer, «il a aussi atteint le canton de Zurich». Les pièges et les contrôles sur le terrain doivent permettre de détecter à temps une présence dans une région afin de sauver les récoltes par une utilisation ciblée d’insecticides.
Une surveillance serait également souhaitable en Allemagne, estime Olaf Zimmermann: «Mais elle n’existe malheureusement pas chez nous, car elle est coûteuse et compliquée. On n’agit souvent que lorsque les dégâts sont déjà importants».
«Le potentiel de reproduction pose problème», explique Olaf Zimmermann, «une femelle de papillon peut pondre plus de 2000 ½ufs». Il existe des moyens de lutte efficaces, l’important étant le timing: «La chenille de la noctuelle de la tomate est foreuse. Une fois dans la tige d’une plante, on ne peut plus l’atteindre. Si on découvre les premiers papillons, on dispose de deux à trois semaines pour intervenir. Pour cela, le monitoring serait important».
Les chenilles sont polyphages, elles apprécient une multitude de plantes utiles, des haricots aux pois, tomates, poivrons ou maïs doux, en passant par les salades ou les bettes. Même les jeunes chenilles ne se contentent pas de ronger les feuilles, elles creusent profondément dans les plantes. Selon Agroscope, elles sont encore plus voraces aux stades ultérieurs de la chenille. Outre ces dégâts, les légumes sont souillés par les déjections, ce qui rend la récolte inutilisable.
Une centaine de délégations sont attendues à Genève lors d’une convention internationale contre la pollution plastique. Alors que les précédentes négociations à l’étranger ont échoué, la Suisse veut tout faire pour aboutir à un accord. Au risque de décevoir la société civile
Du 5 au 14 août, le Palais des Nations accueillera les négociations finales pour un accord international contre la pollution au plastique. La tâche s’avère difficile: lors de la dernière rencontre en décembre 2024, à Busan, en Corée du Sud, les Etats membres de l’ONU n’avaient pas réussi à aboutir à un traité.
Un tel scénario, s’il devait se reproduire, serait vu comme un échec par le pays hôte. Car Felix Wertli, ambassadeur suisse pour l’environnement, a un objectif clair: «Conclure les négociations à Genève par un traité efficace, qui adresse tout le cycle de vie du plastique», c’est-à-dire de la production des polymères à base de produits pétroliers jusqu’à la gestion des déchets plastiques. La production est un enjeu épineux qui a cristallisé les fronts en Corée du Sud. Les délégations n’avaient pas réussi à établir un consensus sur l’ambition de l’accord, les Etats producteurs de pétrole voulant qu’il se limite à la gestion des déchets.
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Après Genève et Vaud, c’était au tour du Valais de vacciner ses bovins. Mardi, le canton a annoncé que la quasi-totalité des animaux avaient été vaccinés. Aucun cas n’a été détecté pour l’heure en Suisse, malgré le caractère hautement contagieux de la dermatose nodulaire
Les deux vétérinaires mandatés par les autorités valaisannes pour vacciner plus de 2000 bêtes contre la dermatose nodulaire contagieuse approchent de la fin de leur mission. Comme le vaccin déploiera l’entier de sa protection dans seulement 28 jours, la vigilance reste de mise.
«J’ai reçu les doses vendredi matin et j’ai commencé à vacciner l’après-midi même. J’avais à peu près 1000 bêtes à vacciner. Ce matin, il m’en reste moins de 200. C’est presque fini», a déclaré le vétérinaire Jérémy Wittorski, mardi.
Les vaccins disponibles consistent en une dose unique de un ou deux millilitres, injectée sous la peau de l’animal. «Il va commencer à faire effet dans une huitaine de jours et atteindra une protection maximale au bout de 28 jours», a-t-il poursuivi.
Dans l’intervalle, il s’agit de surveiller les bovins afin de détecter l’apparition d’éventuels symptômes et de repousser les vecteurs de la maladie, à savoir les mouches et les insectes piqueurs (taons et moustiques), au moyen d’un produit spécifique. «C’est le meilleur moyen de limiter la contamination», a encore déclaré Jérémy Wittorski.
Si des symptômes sont décelés chez un animal, des analyses sont faites au laboratoire. Si le cas s’avère positif, l’animal est abattu, ainsi que les autres bovins avec qui il a été en contact. «C’est la directive européenne», précise-t-il.
A l’heure actuelle, aucun cas de cette maladie virale hautement contagieuse n’a été détecté en Suisse. L’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) avait toutefois décidé vendredi de la vaccination obligatoire pour tous les bovins, buffles et bisons présents dans les régions valaisannes de Champéry, Finhaut et Ferret dans le cadre de l’établissement d’une barrière immunitaire autour des foyers détectés en France voisine.
«Dans la vallée de Trient et le val Ferret on est vraiment à l’extrémité de ce fameux cordon sanitaire, c’est pour cela qu’on n’a que quelques bêtes à vacciner», observe le vétérinaire,
La semaine précédente, l’OSAV avait annoncé la vaccination obligatoire de tous les bovins du canton de Genève et ceux de la région voisine de Terre Sainte (VD).
A noter que les vaccins utilisés ne sont pas autorisés en Suisse. L’OSAV a cependant édicté une décision générale pour l’importation et l’utilisation de ces vaccins. Les frais liés à la vaccination sont entièrement pris en charge par les autorités vétérinaires.
La dermatose nodulaire contagieuse ne présente pas de risque pour l’homme et les autres espèces. Chez les bovins en revanche, après une période d’incubation de 4 à 20 jours, elle cause des nodules douloureux sur tout le corps et peut déclencher des symptômes allant d’une fièvre jusqu’à 41 degrés à des chutes de lactation. Les séquelles sont nombreuses (amaigrissement, stérilité, etc.) et peuvent faire grimper le taux de mortalité du troupeau à 10%.
A Genève du 5 au 14 août, la communauté internationale se retrouve pour tenter de s’accorder sur un traité global destiné à freiner la consommation de plastique, notamment à usage unique. L’occasion de faire un point sur ce fléau environnemental
En 1950, le monde consommait 2 millions de tonnes de plastique. C’était la préhistoire de ce matériau si pratique, fascinant, utile, mais dont l’usage démesuré en a fait un fléau. Environ cinquante ans plus tard, sa consommation a été multipliée par 100, et continue de s’envoler: 460 millions de tonnes en 2020, et des projections, selon l’OCDE, qui atteindraient 1,2 milliard de tonnes en 2060, dont plus de 80% se retrouveront sous forme de déchets.
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Entre 1879 et 1915, Jean-Henri Fabre, reclus en Provence, étudia, fasciné, le comportement des insectes de son jardin, démarche inédite chez les naturalistes de l’époque. Ses expériences sur les chenilles processionnaires et les guêpes ont fait date
L’homme d’une soixantaine d’années, costume sombre et chapeau noir sur la tête, est accroupi au-dessus d’un monticule de sol sablonneux, ponctué de petits trous. Sous un soleil de mai, loupe à la main, il observe depuis plusieurs heures les allées et venues de vieilles camarades, déjà rencontrées au sommet du Mont-Ventoux, dont il consigne le comportement: des guêpes solitaires. Qu’elles soient «des sables», «soyeuses», ou encore «hérissées», ces hyménoptères dits «ammophiles» le fascinent. Il les scrute tandis qu’elles creusent leurs terriers de leurs six pattes fines, pour y déposer leurs œufs, ainsi que la nourriture destinée aux larves affamées: une chenille bien dodue, au corps anesthésié par des coups d’aiguillon empoisonné.
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Une inondation spectaculaire sur le glacier Harder, au nord du Groenland, révèle un phénomène inédit: de l’eau de fonte piégée sous la calotte glaciaire a jailli vers la surface. Une découverte qui remet en question les modèles climatiques actuels
Avec le changement climatique, les glaciologues ont les yeux rivés sur la calotte glaciaire du Groenland. L’Arctique se réchauffe plus vite que le reste du monde et la fonte de ses glaciers contribue majoritairement, avec celle de l’Antarctique, à la hausse du niveau de la mer. La dynamique de ces eaux de fonte est centrale dans la modélisation de l’évolution du climat et de son impact.
Pour ausculter le comportement de l’inlandsis groenlandais, les scientifiques disposent d’une panoplie d’instruments dont l’imagerie satellite. Or un jour, alors qu’elle analysait des données radars datant de 2014 pour son travail de thèse à l’Université de Lancaster, Jade Bowling observe un signal intrigant, suggérant que le glacier de Harder, à l’extrémité nord du Groenland, s’était affaissé et que de l’eau de fonte provenant de sous le glacier avait surgi à la surface. Un événement singulier qui a fait l’objet d’une étude publiée mercredi dans la revue Nature Geoscience.
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Une étude française révèle que l’air des environnements clos contient 100 fois plus de particules fines de plastique que prévu. Un adulte inhalerait ainsi chaque jour 68 000 – et un enfant 47 000 – de ces poussières qui pénètrent profondément dans les poumons
Après l’eau de nos bouteilles, l’air serait une source importante d’exposition aux particules fines de plastique. C’est ce qu’observe un groupe de scientifiques basés à Toulouse (France), dans une étude parue dans la revue PLOS ONE. Les scientifiques ont analysé l’air d’une douzaine de logements et de cinq voitures. Ils ont retrouvé, en moyenne, une concentration de 528 particules par mètre cube d’air, d’une taille comprise entre 1 et 10 micromètres (PM10) dans les appartements, et quatre fois plus dans les véhicules. Des chiffres loin d’être anodins puisqu’en moyenne un adulte inhalerait ainsi chaque jour 68 000 – et un enfant 47 000 – de ces microparticules.
Alors que les feux d’artifice du 1er Août reviennent en force cette année grâce à une météo favorable, la polémique sur leur utilité et leur impact environnemental, animalier et économique refait surface. Un débat soutenu par une initiative populaire et des alternatives encore rares
Comme chaque année depuis plusieurs étés, le débat autour du maintien ou non des feux d’artifice du 1er
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Des milliers de stérilets, implants et pilules contraceptives sont bloqués dans un entrepôt en Belgique à la suite de la suppression de programmes d’aide humanitaire par Washington. Plutôt que de se les faire racheter, le Département d’Etat préfère les incinérer, en France, et aux frais du contribuable américain. Récit d’un imbroglio
C’est une histoire à multiples entrées, impliquant l’Usaid, l’administration Trump, la France, la petite ville de Geel en Belgique et une montagne de contraceptifs à destination de femmes vivant dans des pays à faibles revenus. Pour comprendre les tenants et les aboutissants de cette histoire, il convient de démêler un fil pour le moins enchevêtré.
Depuis la décision de Washington de démanteler l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (Usaid) justifiés par de supposés détournements et gaspillages de fonds, des stocks d’aide humanitaire végètent dans des entrepôts à travers le monde. Les programmes de l’Usaid ayant été abruptement interrompus, c’est parfois des tonnes de nourriture périssable qui ont été laissées à l’abandon.
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Le vétérinaire et entomologue français Jean Pierre Mégnin était un passionné des insectes nécrophages. Il a formalisé en 1894 une première théorie, imparfaite, de la succession des larves de mouches, coléoptères et papillons sur le corps du mort en cours de décomposition, offrant de nouveaux indices pour la résolution des crimes
L’expert s’est installé derrière son bureau parisien. Sa tête est baissée au-dessus d’un tas de feuilles manuscrites, son visage en partie caché par une imposante moustache et des sourcils fournis. Il rédige un rapport sur les cadavres momifiés de trois fœtus emmaillotés, qui ont été jetés il y a peu de temps, une nuit de ce printemps 1883, dans un jardin à Paris. Le plus grand des trois, une petite fille née à terme, qui dégage «une odeur de vieux livre» et qui est enveloppée d’un linge raidi «par des liquides albumineux cadavériques» depuis longtemps desséchés. Dans les plis, il écrit avoir trouvé «un grand nombre de coques de nymphes de diptères [insectes qui possèdent deux ailes, ndlr], la plupart vides, mais dont quelques-unes contiennent encore des nymphes à un état de développement plus ou moins avancé.»
Jean Pierre Mégnin, vétérinaire militaire du 12e régiment d’artillerie de l’Armée, a étudié en détail les traces d’insectes et d’arachnides nécrophages, adultes et larves, qu’il appelle «les travailleurs de la mort». Il estime pouvoir donner une date approximative du décès. Selon lui, les restes de mouches Curtonevra pabulorum et Phora aterrima avec leurs larves suggèrent que les morts ont été exposés pendant «toute une belle saison». La présence d’une poussière roussâtre, résultant des déjections et des cadavres d’acariens, prouve que ces petites araignées se sont nourries sur les dépouilles pendant un an puis sont mortes, «ce qui nous autorise à porter à un minimum de trois ans le temps qui s’est écoulé depuis la mort des fœtus les plus grands».
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Le directeur de Roscosmos, Dmitri Bakanov, s'est entretenu jeudi avec l'administrateur par intérim de la Nasa. Les agences collaboreront aussi lors de la mise à la retraite de la Station spatiale internationale en 2030
Moscou et Washington veulent poursuivre leur coopération spatiale. L'agence spatiale russe Roscosmos et la Nasa sont convenues de continuer à exploiter ensemble la Station spatiale internationale (ISS) jusqu'en 2028, a annoncé jeudi le directeur russe après la première rencontre en face-à-face avec son homologue américain depuis 2018.
«Le dialogue s'est bien passé. Nous avons convenu de continuer à exploiter l'ISS jusqu'en 2028. (...) Et jusqu'en 2030, nous travaillerons sur sa mise hors orbite», a déclaré Dmitri Bakanov, cité par l'agence de presse étatique TASS.
Selon lui, Roscosmos et la Nasa ont aussi prévu de discuter de leur coopération lorsque les stations orbitales nationales qui succéderont à l'ISS seront déployées, ainsi que de la manière de «les exploiter et pour une série de missions dans l'espace lointain».
Dmitri Bakanov était arrivé mardi à Houston aux Etats-Unis pour s'entretenir avec l'administrateur par intérim de la Nasa, Sean Duffy, malgré les graves tensions dues au conflit en Ukraine.
L'espace est l'un des derniers domaines de coopération entre la Russie et les Etats-Unis, qui exploitent ensemble l'ISS. La Russie avait annoncé en avril 2023 son intention de continuer à utiliser encore pour quelques années son segment de ce laboratoire orbital, où se trouvent en permanence ses cosmonautes, en dépit de sa vétusté.
Moscou ambitionne de construire sa propre station orbitale, malgré les difficultés du secteur spatial russe, miné depuis des années par un sous-financement chronique, des revers et des scandales de corruption. Le président Vladimir Poutine a estimé en octobre 2023 que le premier segment de cette nouvelle station spatiale russe devait être mis en orbite en 2027.
Dans le cadre des sanctions contre la Russie adoptées depuis 2022, les pays occidentaux ont mis fin à leur partenariat avec Roscosmos, mais les vaisseaux russes Soyouz restent l'un des seuls moyens d'acheminer des équipages vers l'ISS et Moscou joue un rôle clé dans son maintien en orbite.
Modèle de coopération internationale réunissant l'Europe, le Japon, les Etats-Unis et la Russie, l'ISS a commencé à être assemblée en 1998. Sa mise à la retraite était prévue en 2024, mais la Nasa a estimé qu'elle pouvait fonctionner jusqu'en 2030.
Un rapport américain, publié fin juillet, expose les arguments qui ont conduit le gouvernement Trump à revenir sur une décision pour la régulation des émissions de gaz à effet de serre. Des scientifiques l'accusent de «déformer complètement (leur) travail»
Ce n'est pas une première. Des scientifiques de premier plan ont affirmé jeudi à l'AFP que leurs recherches, citées dans un rapport phare du ministère américain de l'Energie, avaient été détournées pour minimiser le rôle de l'activité humaine dans le changement climatique.
Ce rapport publié le 29 juillet expose les arguments qui ont conduit le gouvernement Trump à revenir mardi sur une décision clé datant de 2009 pour la régulation des émissions de gaz à effet de serre, mettant encore un peu plus à mal la lutte contre le changement climatique aux Etats-Unis. Il a été rédigé par un groupe de travail auquel ont participé John Christy et Judith Curry, tous deux associés par le passé au Heartland Institute, un groupe de pression qui s'oppose fréquemment au consensus scientifique sur le changement climatique.
Le document «déforme complètement mon travail», a déclaré à l'AFP Benjamin Santer, climatologue et professeur honoraire à l'université d'East Anglia, au Royaume-Uni. Il a expliqué qu'une section du rapport consacré au «refroidissement de la stratosphère» contredisait ses conclusions.
L'AFP et d'autres médias, dont le site d'information américain NOTUS, ont trouvé des citations inexactes, des analyses erronées et des fautes rédactionnelles dans le rapport.
Il s'agit de la troisième fois cette année que des scientifiques disent à l'AFP qu'une agence gouvernementale a déformé des travaux universitaires pour défendre ses politiques.
La Maison-Blanche s'était notamment empressée en mai de modifier un rapport sur les maladies affectant les jeunes Américains qui se fondait dans un premier temps sur des études scientifiques inexistantes.
«Je suis préoccupée par le fait qu'une agence gouvernementale ait publié un rapport destiné à informer le public et à orienter les politiques sans qu'il n'ait été soumis à un processus rigoureux d'évaluation par les pairs, tout en interprétant de manière erronée de nombreuses études qui, elles, l'ont été», a réagi auprès de l'AFP Bor-Ting Jong, professeure assistante à la Vrije Universiteit d'Amsterdam. Elle a souligné que le rapport contenait de fausses affirmations concernant le modèle climatique étudié par son équipe et utilisait une terminologie différente ayant conduit à une mauvaise interprétation de ses résultats.
Chercheur en climatologie à l'Université de St Andrews, en Ecosse, James Rae, qui dénonce également une mauvaise présentation de ses travaux dans le rapport, a déclaré à l'AFP que le changement dans la manière dont le ministère de l'Energie utilisait la science est «véritablement glaçant». Ce dernier «a été pendant des décennies à la pointe de la recherche scientifique. Or ce rapport ressemble à un exercice d'étudiant en licence visant à déformer la science du climat», a-t-il ajouté.
Contacté par l'AFP, un porte-parole du ministère a indiqué que le rapport avait été examiné en interne par un groupe de scientifiques et d'experts en politiques publiques.
Le public aura désormais la possibilité de formuler des commentaires sur le document avant sa publication finale au registre fédéral.
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