Avec Damso, une plongée au plus profond du vice - Le Temps ✍Highlight–2024:11:15:08:33:11
Chaque mardi, la culture racontée par nos journalistes
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On l’avait abandonné meurtri, relié à un respirateur artificiel, à la fin d’Ipséité. Dans son deuxième projet, il sondait les abîmes de son obscure personnalité, recherche dont il ne sortait pas indemne. Damso n’est toujours pas guéri. Et il nous le rappelle dès l’introduction de son nouvel album, où on le retrouve encore accroché à son respirateur, déversant un torrent de rimes acerbes. Dans Lithopédion, qui renvoie au phénomène rare d’un fœtus calcifié pendant des années dans le corps de sa mère, le mal-être du rappeur atteint son paroxysme, alors même que le succès lui ouvre ses portes.
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Observateur de la société qui l’entoure – sa mère est sociologue –, le Belge plonge sa plume dans les plaies humaines. Il s’attaque au racisme, dans l’Introduction, où il dénonce ceux qui le traitent encore de «négro des champs». Dans le très violent Baltringue, il décrie l’hypocrisie qui infiltre notre religion, notre sexualité et envahit les réseaux sociaux.
Mais la plongée dans le vice humain atteint son paroxysme avec Julien, véritable ovni musical. Sur une instrumentale légère, empruntant plus à la chanson française qu’au hip-hop, le rappeur aborde frontalement le thème de la pédophilie, un peu à la Gainsbourg. Sans compassion ni jugement, il narre la vie de ce Julien qui «les aime fragiles», en précisant qu’il pourrait être «ton mari, ton voisin». Ce morceau, qui a suscité beaucoup de controverses, a en tout cas réussi ce qu’il cherchait: il met l’auditeur mal à l’aise. Et jette un pavé dans la mare.
Paradis artificiels
Après avoir réalisé son noir portrait de la condition humaine, Damso explore dans la seconde partie de l’album les moyens de la fuir. Un voyage qui est autant textuel que musical. Il tente de s’évader auprès des femmes, mais ses relations sont gâtées par les tromperies, les déceptions et les incompréhensions, menant à de cuisants échecs, comme en témoigne Même issue, qui fait la part belle aux sonorités congolaises – son pays d’origine. A l’inverse, les psychotropes, présents tout au long de l’album, lui permettent de calmer ses maux et d’élever sa condition terrestre.
Ainsi, dans le morceau Aux paradis, à consonance électro, le rappeur traite de sa consommation de drogue. En plein tracas, il se considère comme «un enculé», ce qui l'amène à se rendre «aux paradis». Par une habile polysémie, Damso écarte le salut divin pour lui préférer le refuge de la drogue, référence aux Paradis artificiels, célèbre essai dans lequel Baudelaire traite notamment de sa relation à l’opium. Comme pour le poète, la substance lui permet d’atteindre l’ataraxie: «Inconscient, ma conscience est euthanasiée».
Fin d’une vie
Ces paradis ne sauraient être éternels. Sa consommation va crescendo, de l’alcool à l’herbe jusqu’à la drogue dure. Les pensées mortifères perdurent. Dans 60 Années, par exemple, Damso déplore l’état physique de ses parents, concluant que la vie ne dure guère que soixante ans. L’horizon de la mort s’ouvre alors, une mort qui ne «cherche aucun nom sur la sonnette» et «appuie sur le bouton à l’aveuglette». Tétanisé par ce constat, Damso considère dans NMI qu’il n’aura «jamais plus de condition humaine».
Les pensées de William Kalubi, son vrai nom, tirent le rideau dans le dernier morceau. William, réponse au Kietu d’Ipséité, tend un miroir entre les deux albums. Après avoir sondé les abîmes de son âme dans le précédent album, il trouve les réponses dans le dernier. Et la conclusion n’est pas reluisante: névrosé, déçu par l’homme, Damso estime que «la vie [est] une condamnation». Il se retrouve alors à l’état de lithopédion, mort dans un corps en vie. Selon une trajectoire parabolique, le rappeur revient donc à l’état de «mort-vivant» qui le caractérisait en début d’album. Il a tenté de s’évader du formol, en vain.
Il tire alors sa révérence, expliquant que cet album est peut-être son dernier. A l’heure de faire le bilan de cette première carrière, Damso est passé en moins de trois ans du statut de rookie inconnu à celui de pointure. Alors qu’Ipséité a été unanimement salué, les critiques se sont faites plus virulentes pour Lithopédion, certains y voyant une répétition.
Il est vrai que cet album reprend beaucoup de ce qui avait fait le succès du précédent opus – variété musicale, violence, textes sombres. Toutefois, les deux albums représentent un ensemble organique insécable, comme le suggère la transition entre les deux. Une plongée dans l’infinie noirceur humaine, que rien ne saurait sauver sauf la mort.
Damso, «Lithopédion» (Capitol/Universal Music). En concert le samedi 18 août au festival Rock Oz’Arènes, Avenches, et le 24 novembre à l’Arena de Genève.
Just a moment... ✍Highlight–2024:11:15:08:31:49
[Paroles de “COMMENT FAIRE UN TUBE”]
[Intro]
Yeah
Eh yo, eh yo, eh yo
Damso
Yeah
[Couplet 1]
Comment faire un tube ? Faut parler d'drogue, de sexe, de 'sky, de maille et de pute
Prendre le flow de Migos, “Versace, Versace”, changer deux-trois trucs
Ensuite, tu parles de la weed que tu n'vends pas, aussi, tu parles de la vie que tu n'vis pas
Et puis, tu parles de gun, Kalash' et cetera, bref, comment faire un tube ?
Il faut qu'tu tapes des flows, tu cliques le beat, débite sur le mic' s'il le faut
Tu dédicaces ton crew mais pour ça, faut bien le faire
Du genre “Damso mothefucker, OPG, gangster”
Là, c'est bon, t'as le flow, t'as les rimes, t'as le thème (Uh)
Tu parles de quoi ? Parle de putes que t'as ken, pas d'truc à l'ancienne en vrai
Il faut que tu rappes sans thème, fais pas comme le Dems
Choisis une prod juste pour les scènes avec des basses (Ouais ouais, ça, c'est bon)
Et puis, tu rajoutes des claps, puis, tu rajoutes des hits dans le vide
Tu kickes, on s'ambiance vite genre
Elle s’excite seule avec mon sexe sensible
Attends, je sais qu'je suis le seul à l'avoir extensible
C'est le sept-cent-soixantième boule que j'kill
J'suis un leader, meneur, winner, joueur, crowner, là, ouh
C'est bon, la foule vient d'valider le son
Il faut juste un peu varier le ton
Enchaîner sur un flow qui fait dévier le fond, du genre
Damso mothefucker, OPG game, igo
Ra ta ta ta ta
Qui m'aime me like me follow
Ra ta ta ta ta
Voilà, c'est bon, c'est bon
Ouais, en fait, non, non, attends, là, maintenant, il faut encore le refrain
Ouais tu rajoutes un vocodeur, tu parles de bitch, tu parles de c'que tu veux, tu vois ?
Là, genre, y a des potes qui vont faire une soirée BSMNT
Donc j'vais faire un refrain sur ça, tu, t’inventes genre
Maintenant, faut que tu mettes le vocodeur
C'est bon, vas-y, teste un peu
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Eminem
[Refrain]
BSMNT, défoncé, j'crown à la BSMNT
J'rejoins mes yous-v' à la BSMNT
J'fais pleuvoir les loves à la BSMNT
BSMNT, BSMNT, BSMNT
Défoncé, j'crown à la BSMNT
J'rejoins mes yous-v' à la BSMNT
J'fais pleuvoir les loves à la BSMNT
BSMNT, BSMNT, BSMNT
Défoncé, j'crown à la BSMNT
J'rejoins mes yous-v' à la BSMNT
J'fais pleuvoir les loves à la BSMNT
BSMNT, BSMNT, BSMNT
[Pont]
Non, mais là, tu vois, maintenant, il t'faut un beat
Qui va vraiment avec le thème, euh, du son pour le tube, tu vois donc il t'faut
Voilà, ce genre de beat
Donc tu r'prends le même délire où tu racontes n'importe quoi, mais avec, avec un flow
Ouais, tu l'modifies vite fait et tu, tu, tu te laisses un peu dessus, tu t’entraînes, du genre attend-ttends
Yo, yeah, yo, eh yo
BSMNT (BSMNT, BSMNT, BSMNT )
J'défonce et j'crown à la BSMNT
J'rejoins mes yous-v' à la BSMNT (Mes yous-v', mes G)
J'fais pleuvoir les loves à la BSMNT (La moula, la moula, ah oui)
Sky dans le verre, je fly à la BSMNT
Gue-dro dans les veines, je crown à la BSMNT (No no no no)
Sky dans le verre, je fly à la BSMNT
Gue-dro dans les veines, je crown à la BSMNT
[Couplet 2]
Yo, défoncé, Gordon et bédo, c'est everyday
De la beuh dans les ches-po, je suis def' de flow à l’américaine
Un gros boule vient me check mais je nie cette salope, je l'avais déjà ken
En plus j'ai la flemme, j'suis P2, j'suis à la traîne
J'vois qu'la bitch se déchaîne, ses allures de chienne m'appellent pour une soirée mondaine à la BSMNT
Mais j'suis bourré, j'suis bourré, j'suis def' avec Eddy Ape
[Outro]
Voilà, c'est bon, t'as ton début d'tube, tu peux continuer, tu fais c'que tu veux
Voilà, qui m'aime me like ou me follow, Damso motherfucker Dem's septembre QALF, yo
OPG motherfuck'
Trump accuse Macron de «lécher le cul» du président chinois ✍Highlight–2024:11:06:10:00:07
Taïwan: «Macron est en train de lécher le cul» de la Chine, fustige Donald Trump
Donald Trump a accusé le président français Emmanuel Macron de «lécher le cul» de son homologue chinois Xi Jinping après sa visite à Pékin, lors d'une interview diffusée ce mardi 11 avril.
Mis à jour le 12 avril 2023, publié le 12 avril 2023
Le président français est sous le feu des critiques après ses propos appelant l'Europe à ne pas être «suiviste» de l'Amérique ou de la Chine sur la question de Taïwan.
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Donald Trump a accusé le président français Emmanuel Macron de «lécher le cul» de son homologue chinois Xi Jinping après sa visite à Pékin, lors d'une interview diffusée mardi 11 avril.
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Emmanuel Macron est sous le feu des critiques après ses propos appelant l'Union européenne à ne pas être «suiviste» de l'Amérique ou de la Chine sur la question de Taïwan, prononcés après son séjour en Asie. «Macron, qui est un ami, est avec la Chine en train de lui lécher le cul», a estimé l'ancien président américain lors d'une interview à la chaîne Fox News, en faisant allusion au dirigeant chinois.
Donald Trump a accusé l'administration de son successeur Joe Biden d'avoir considérablement affaibli le leadership des Etats-Unis sur la scène internationale, au point de perdre le soutien de ses alliés traditionnels. «Vous avez ce monde de fou, qui explose de partout, et les Etats-Unis n'ont absolument pas leur mot à dire», a assuré Donald Trump. «Je me suis dit “Ok! La France va en Chine maintenant!”», a confié le milliardaire.
L'administration Biden avait cherché lundi à dédramatiser la polémique, estimant que les Etats-Unis entretenaient une «relation bilatérale formidable» avec la France. Face au tollé, l'Elysée a défendu la posture du président français, estimant que l'Europe «doit pouvoir faire entendre sa voix singulière».
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Comment la bienveillance peut tuer votre entreprise
Comment la bienveillance peut tuer votre entreprise ✍Highlight–2024:11:11:13:47:40
Comment la bienveillance peut tuer votre entreprise
En management comme dans beaucoup d’autres domaines, l’enfer est pavé de bonnes intentions. La bienveillance, devenue un impératif dans de nombreuses organisations, est de celles-ci. Sous couvert d’indulgence, elle interdit la critique et invisibilise les individus. Elle est une forme de violence qui corrode le collectif.
Dans cette PME d’une cinquantaine de personnes, la bienveillance était de rigueur. Tout le monde se tutoyait, bien-sûr. Quand quelqu’un faisait une bourde, personne ne lui en faisait reproche, chacun prétendait que rien ne s’était passé. Peu à peu, la qualité s’est dégradée. Les critiques de certains clients se sont faites plus nombreuses et l’ambiance s’en est ressentie, mais la bienveillance obligée empêchait toute recherche de responsabilité. Surtout, il ne fallait pas heurter la sensibilité de celui ou celle qui avait mal fait son travail. Respecter, avant tout, le modèle mental « Il faut faire preuve de bienveillance ». Peu à peu, la pression a augmenté sur les collaborateurs qui étaient en contact direct avec la réalité (clients, partenaires et fournisseurs) qu’ils ne pouvaient, eux, pas ignorer. Ceux qui soulignaient les dysfonctionnements se sont fait rapidement stigmatiser comme « pas bienveillants » et ostraciser. Les premiers burn-out ont fait leur apparition. Le choc fut réel pour la direction générale : « Comment un burn-out est-il possible alors que nous sommes bienveillants ? » Ces signaux étaient en somme l’incarnation du conflit créé par deux intentions, celle d’assurer un bon niveau de qualité de prestation pour ses clients, et celle, beaucoup plus inconsciente, de maintenir ce modèle mental identitaire, invisible, mais omniprésent, « être bienveillant ». Quelques années plus tard, l’entreprise n’était plus que l’ombre d’elle-même, avec un chiffre d’affaires divisé par trois et un fonctionnement proche de la subsistance. Elle n’a jamais été capable d’affronter ouvertement son modèle de bienveillance.
La bienveillance est une forme de mépris
La bienveillance est définie comme une disposition d’esprit inclinant à la compréhension, à l’indulgence envers autrui. Si l’on comprend aisément pourquoi elle est louable, elle pose cependant de sérieux problèmes aux niveaux individuel et collectif quand elle prend des formes excessives.
Au niveau individuel, l’excès de bienveillance est une forme de paresse. Je ne fais pas l’effort de critiquer le travail d’un autre; je laisse faire et je laisse passer, c’est plus facile pour moi de prétendre que tout va bien. Il est également une forme de mépris; une façon de signifier que la personne ne compte pas pour nous, qu’au fond nous nous fichons de son travail, ou que la médiocrité de celui-ci ne nous affecte pas au point de nécessiter une critique. L’absence de critique au nom de la bienveillance est une violence insidieuse mais profonde lorsque cette personne, tout aveugle qu’elle puisse être, finit par s’en rendre compte. Au contraire, la critique constructive est une marque de respect: faire attention aux choses – comment elles fonctionnent, ce qu’elles font, comment les gens y réagissent – et à ceux qui les font, est une marque de respect, d’abord de la réalité et ensuite des individus concernés, même si parfois vous êtes amené à dire que celles-ci sont imparfaites, voire franchement mauvaises.
Dans la PME citée plus haut, l’une des dirigeantes n’était clairement pas au niveau de son poste, mais elle était l’incarnation même du modèle mental: toujours de bonne humeur, très gentille, la bonne copine en bref. La direction était incapable d’agir, enfermée dans sa « bienveillance ». La situation perdurait, les blagues fusaient, les allusions insidieuses se multipliaient, nombreux étaient ceux qui se plaignaient discrètement, tout en continuant à être parfaitement bienveillants, c’est-à-dire hypocrites, avec elle. Un jour, elle a brutalement pris conscience de ce que les gens pensaient d’elle, mais n’avaient jamais osé lui dire, et elle a fait un burn out. Elle a quitté l’entreprise sans que la direction n’ait à la licencier, au grand soulagement de cette dernière, qui a pu ainsi prétendre qu’elle était partie suite à un problème de santé. Le modèle mental « on est bienveillants » a pu être préservé, mais à un coût très élevé pour l’organisation (et naturellement pour la personne en question).
La bienveillance corrode le collectif
Le second problème de cette bienveillance est au niveau du collectif. Nous avons hérité des Grecs l’idée que la critique constructive est le seul moyen pacifique de réguler un collectif pour lui permettre de persévérer dans son être et de progresser. Avec l’absence de critique, les possibilités d’améliorations disparaissent. Peu à peu la médiocrité s’installe, tandis que se développe une culture de l’excuse et du « c’est la faute à pas de chance ». Chacun en est plus ou moins conscient, mais comme la critique est impossible, le collectif s’enfonce dans le mensonge et l’hypocrisie. Par les valeurs qu’il a développées, il pénalise la critique. La forme l’emporte sur le fond. C’est d’ailleurs souvent le cas. Au regard de l’évolution humaine, il a souvent mieux valu mieux avoir tort avec son groupe que raison tout seul, parce que c’est le groupe qui a assuré la survie de l’individu.
L’absence de critique est une forme de mensonge, et le mensonge est un cancer qui ronge un collectif. C’est ce que Vaclav Havel a observé à propos des régimes communistes: lorsqu’il est devenu évident que ces régimes ne fonctionnaient pas, leurs dirigeants ont proposé un pacte tacite aux citoyens: vous faites semblant de ne rien voir des dysfonctionnements en prétendant que tout va bien, et nous vous laissons tranquille. En préservant la forme, et en neutralisant les critiques, ces régimes se sont acheté une vingtaine d’années de tranquillité, mais ont empêché toute réforme; le cœur ainsi dévitalisé a rendu leur effondrement inévitable.
Ces dernières années, avec le développement du politiquement correct et de la pensée « woke », il est devenu encore plus difficile de critiquer quelqu’un, surtout lorsque cette personne fait partie d’une « minorité », du moins de celles qui sont officiellement étiquetées comme telles. A cet égard, le slogan « Les mots sont une violence », omniprésent, est très problématique: les mots sont au contraire le moyen qu’a inventé l’humanité pour régler ses différends sans violence. Sans les mots, il reste la mort lente (les burn-outs dans l’entreprise citée ci-dessus) ou la violence (les affrontements dans la rue).
Eviter ce piège de la bienveillance ne signifie naturellement pas devoir être malveillant. Cela signifie la conscience que la préservation de la forme au dépend du fond a un coût élevé; être bienveillant devrait signifier être capable de critiquer de façon constructive précisément parce qu’on se soucie et du travail qui fait l’objet de notre critique, et de la personne qui l’a accompli, et du collectif dans lequel ce travail prend place. C’est donc une question éthique. Je te critique parce que je te vois et que ton travail compte pour nous.
Critiquer de façon constructive est par ailleurs une marque d’humilité: critiquer, c’est exposer son jugement à l’autre au lieu de le garder pour soi. C’est prendre le risque d’être contredit par la réponse de la personne dont on critique le travail, ou par les autres. C’est donc s’ouvrir soi-même à la critique et à devoir rendre des comptes. Critiquer, c’est aussi une prise de responsabilité; c’est apporter une contribution essentielle au collectif. Encore faut-il que celui-ci l’accepte et le valorise.
Que faire?
Notre époque semble prisonnière entre deux extrêmes: le silence du politiquement correct qui ne veut heurter aucune sensibilité et jette une chape de plomb sur les organisations, et la critique tous-azimuts qui se délecte dans les provocations. Ces deux extrêmes représentent les deux faces d’une même pièce, celle qui refuse d’affronter la réalité et se réfugie dans le verbiage plus rentable socialement. Ils se nourrissent l’un l’autre: plus on interdit d’évoquer des sujets qui peuvent fâcher, moins on se donne les moyens de régler les problèmes, et plus il y a pour certains à gagner à les évoquer. Contre ces deux extrêmes, il faut redécouvrir l’art de la critique argumentée. Il faut y être honnêtement engagé. C’est ça, la vraie bienveillance.
✚ Sur le même sujet on pourra lire mon article précédent: L’enjeu collectif: Devez-vous autoriser votre stagiaire à arriver 30 minutes plus tard?
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