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Royaume-Uni : un nombre record de musulmans élus à la Chambre des communes malgré la montée de l'islamophobie

Royaume-Uni : un nombre record de musulmans élus à la Chambre des communes malgré la montée de l'islamophobie ✍Highlight–2025:03:02:09:24:09

Un nombre record de musulmans ont remporté des sièges lors des élections parlementaires britanniques et ce, malgré une recrudescence sur le front de l'islamophobie, a rapporté un important média musulman.

La Muslim Network Tv a annoncé que 25 musulmans, contre 19 lors de l'élection de 2019, ont remporté des sièges à la Chambre des communes, la chambre basse du Parlement, ce qui constitue un chiffre record.

Parmi les élus, 18 sont issus du Parti travailliste, quatre sont des indépendants, deux sont issus du Parti conservateur et un est issu des libéraux-démocrates.

Le même média a relevé que le soutien des électeurs musulmans à Gaza avait considérablement influencé l'élection, puisque cinq candidats indépendants, dont quatre musulmans, ont remporté des sièges.

Soulignant que 3,4 millions de musulmans vivent dans le pays, il a indiqué que l'élection marque une étape importante dans le paysage politique britannique, reflétant la diversité croissante et l'impact des communautés musulmanes sur la politique britannique.

Napoléon Bonaparte : despote éclairé ou tyran sanguinaire ? | National Geographic

Napoléon Bonaparte : despote éclairé ou tyran sanguinaire ? | National Geographic ✍Highlight–2025:03:02:09:00:16

Napoléon Bonaparte mourut le 5 mai 1821, à cinquante-et-un an, sur l’île isolée de Sainte-Hélène, au milieu de l'Atlantique Sud, où il fut exilé. Ces objets relatifs à Napoléon Bonaparte sont exposés dans la maison privée de Giovanni Spadolini, un ancien Premier ministre italien qui a collectionné un grand nombre de livres, de documents et d'autres objets anciens.

PHOTOGRAPHIE DE Sergio Ramazzotti, Parallelozero

En 1802, la plus riche colonie française, Saint-Domingue, située sur l'île d'Hispaniola, aujourd'hui divisée en deux pour former Haïti et la République dominicaine, dans les Caraïbes, était en plein bouleversement. Alors que les anciens esclaves se battaient contre les Français qui les exploitaient, une alliance de généraux noirs et métis luttaient pour rétablir l'ordre sous le drapeau français.

Puis des nouvelles arrivèrent de la Guadeloupe. Les esclaves noirs affranchis qui s'étaient rebellés contre les troupes françaises qui tentaient de les asservir de nouveau avaient perdu leur bataille.

Napoléon Bonaparte était revenu sur une promesse qu'il avait faite cette année-là : le rétablissement de l'esclavage dans les colonies françaises ne s’appliquerait pas à la Guadeloupe et d'autres territoires où des esclaves noirs avaient été affranchis au cours de la Révolution française. Les besoins économiques l'emportèrent toutefois et Napoléon Bonaparte rétablit en Guadeloupe des lois qui avaient été abrogées lorsque la France avait aboli l'esclavage en 1794.

La baie de Jamestown, capitale de l'île de Sainte-Hélène, au crépuscule. Napoléon Bonaparte passa ses derniers jours sur cette île où il fut exilé pour la deuxième fois, après que les dirigeants européens réunis à Vienne l'eurent déclaré hors-la-loi et obstacle à la paix.

PHOTOGRAPHIE DE Sergio Ramazzotti, Parallelozero

Après huit années de liberté, les Guadeloupéens noirs étaient de nouveau réduits en esclavage.

Les combattants noirs et métis, appelés « mulâtres » dans les Caraïbes, se rendirent vite compte que la puissante expédition de troupes françaises déployées sous le commandement du beau-frère de Napoléon Bonaparte, le général d'armée Charles Victoire Emmanuel Leclerc, n'était pas à Saint-Domingue uniquement pour rétablir l'ordre. L’objectif était de réinstaurer l'esclavage et de réaffirmer le contrôle français sur l'ensemble de l'île après la publication en 1801 par Toussaint Louverture, chef de la révolte des esclaves, d’une constitution dans laquelle il se proclamait gouverneur général à vie et codifiait l'abolition de l'esclavage.

Le mouvement de résistance qui avait débuté en 1791 par une série de rébellions d'esclaves sur l'île, bien que déstabilisé par des conflits internes, des changements d'alliances et l'arrestation et la déportation de Toussaint Louverture, s'enflamma soudainement. Les événements de 1802 donnèrent naissance à la première nation indépendante postcoloniale dirigée par des Noirs : Haïti.

Cela a également scellé à jamais l’héritage de Napoléon Bonaparte qui reste source de controverse deux cents ans après sa mort.

« Napoléon Bonaparte a rétabli l'esclavage en 1802 et le Parlement français a déclaré en 2001, par une loi, que l'esclavage colonial était un crime contre l'humanité », explique Georges Michel, historien haïtien à Port-au-Prince. Pour lui, Napoléon Bonaparte, en revenant sur l'abolition de l'esclavage est devenu « un criminel contre l'humanité ».

Il voit également une ironie dans la façon dont le plus célèbre des Français est mort. « De la même manière que Napoléon Bonaparte a enlevé et emprisonné Toussaint Louverture, il a lui-même été mis en captivité. Il a connu le même sort. »

Andrew Curran, professeur d'études françaises à la Wesleyan University, souligne que si Napoléon Bonaparte a fait l'objet de nombreux écrits, la Révolution haïtienne est souvent absente de ces récits.

« Cela s'explique en partie par le fait que la Révolution haïtienne et la perte de Saint-Domingue ont été des événements terribles pour les Français », explique Andrew Curran. « Le fait que ce puissant pays ait connu une défaite retentissante face à des gens qu'ils estimaient ne pas être capables de les battre a engendré une énorme honte, qui s'est transformée en un racisme des plus violents. »

Le premier exil de Napoléon Bonaparte eut lieu en 1814, après l'échec de l'invasion de la Russie. Les alliés européens ordonnèrent qu'il soit envoyé sur l'île d'Elbe, au large de la côte des Étrusques. Ici se trouve une pièce de la Villa dei Mulini, aujourd'hui musée national, qui a servi de résidence principale à Napoléon Bonaparte pendant les 300 jours qu'il a passé sur l'île.

DEUX HÉRITAGES S’OPPOSENT

Napoléon Bonaparte mourut le 5 mai 1821 dans une maison humide et infestée de rats sur Sainte-Hélène, une île isolée au milieu de l'Atlantique Sud, où il fut exilé. Il avait cinquante-et-un ans.

En 2021, les commémorations du bicentenaire de sa mort ont rouvert de vieilles blessures. Ce double héritage de héros et de tyran rappelle le passé colonial de la France, que le travail forcé d'Africains réduits en esclavage a considérablement enrichie.

Si des hommages étaient prévus dans les départements français d'outre-mer de la Guadeloupe et de la Martinique, tout le monde n'a pas levé son verre à cet héritage complexe laissé par l'ancien empereur.

Contrairement à l'île Sainte-Hélène où des messes catholiques ont été données et des gerbes de fleurs déposées en son honneur, et l'île d’Elbe où ses aventures ont été reconstituées et le bicentenaire de son arrivée en exil, le 11 avril 1814, célébré en fanfare, aucun événement de ce type n’a eu lieu en Haïti.

Que ce soit durant sa vie ou après sa mort, Napoléon Bonaparte divise l'opinion et suscite de vives émotions sur son ascension et sa chute, ce qu’il a apporté à la France et l'héritage qu'il a laissé dans les Caraïbes, en particulier en Haïti, où son empreinte reste ancrée dans une histoire sanglante.

Sur l'île d'Elbe, au large de la côte des Étrusques, des reconstitutions historiques mettent en scène des sosies de Napoléon Bonaparte, comme Franco Giannoni, un douanier à la retraite. L’ancien empereur a passé trois cents jours en exil sur l'île d'Elbe et y est encore très présent aujourd'hui.

DIRIGEANT ÉCLAIRÉ OU BELLICISTE ?

Ses admirateurs considèrent Napoléon Bonaparte comme un autocrate éclairé et l'architecte de la France moderne. La création d’établissements d’enseignements secondaires publics fréquentés par une grande partie de l'élite du pays, dans le cadre de sa réforme du système éducatif, reste une pierre angulaire de la France d'aujourd'hui. En promulguant le Code civil, il a aboli les privilèges féodaux, unifié les lois et constitué la base du droit civil français actuel. Il a également organisé la France avec un gouvernement structuré et centralisé.

Pragmatique, il a promu la science et réintroduit la religion, mettant sur un pied d'égalité le judaïsme, le protestantisme et le catholicisme, non pas parce qu'il était religieux mais parce qu'il y voyait une nécessité politique. À son apogée, il a apporté la gloire à la France et le salut financier après la tumultueuse Révolution française, dont les valeurs universelles, « liberté, égalité, fraternité », sont partagées par de nombreuses nations, y compris Haïti, qui les a adoptées comme devise officielle de la république. 

« Bien sûr, Napoléon Bonaparte est glorieux du fait de ses victoires militaires », déclare Peter Hicks, historien britannique de la Fondation Napoléon à Paris. « Ce n'est peut-être pas ce que nous pensons aujourd'hui. Mais à l'époque, il était extrêmement populaire en raison de l'immense succès et du développement de l'armée française. » 

La bibliothèque de la maison de Giovanni Spadolini, ancien Premier ministre italien, à Florence, en Italie, contient des ouvrages littéraires relatifs à Napoléon Bonaparte. Un portrait de Voltaire est suspendu à ses rayonnages. Giovanni Spadolini possédait une vaste collection de livres, de documents et d'autres objets relatifs à l’ancien empereur.

PHOTOGRAPHIE DE Sergio Ramazzotti, Parallelozero

Le succès s'accompagne cependant d'échecs et de souffrances. Pour ses détracteurs, il s'agit d'un belliciste et d'un despote qui a négocié, manipulé et politisé son arrivée au pouvoir lors d'un coup d'État en 1799, qui a eu lieu sans effusion de sang. Trois ans après, il a modifié la constitution pour se nommer Premier Consul à vie.

Bonaparte n'est pas associé à la liberté individuelle, comme en témoignent le rétablissement de l'esclavage et son différend avec Toussaint Louverture, qui a déclaré que « tous les hommes naissent, vivent et meurent libres » dans sa constitution de 1801.

Mécontent non seulement du discours tenu dans cette dernière, mais aussi du fait que Toussaint Louverture ait imposé son règne à vie, Napoléon Bonaparte écrivit plus tard dans ses mémoires que « Toussaint Louverture savait très bien qu'en proclamant sa constitution, il avait montré son vrai visage et tiré son épée de son fourreau pour toujours ».

Marlene Daut, maître de conférences en études sur la diaspora africaine à l'université de Virginie, estime que mettre en avant les contributions positives de Napoléon Bonaparte « revient à suggérer que les personnes dont il a détruit la vie n'ont en fait aucune importance ».

Un cendrier à l’effigie de Napoléon Bonaparte trône dans le bureau de Federico Galantini, un historien de Sarzana, en Italie, qui collectionne des objets et des documents relatifs à l'ancien empereur.

PHOTOGRAPHIE DE Sergio Ramazzotti, Parallelozero

Le nombre total de victimes civiles et militaires attribuées à Napoléon Bonaparte varie, l'historien français Hippolyte Taine estimant à 1,7 million le nombre de morts, tandis que d'autres avancent le nombre de 600 000. Selon Marlene Daut, les autres estimations varient entre trois et six millions. C'est l'une des raisons pour lesquelles elle trouve étrange de considérer Napoléon Bonaparte comme un héros.

Le débat sur l'héritage de Napoléon Bonaparte intervient dans un contexte de profonde remise en question, du racisme, de la discrimination, du colonialisme et de l'esclavage des Noirs.

En Guadeloupe et en Martinique, où les commémorations ont eu lieu, d'aucuns considèrent la reconnaissance du bicentenaire par le gouvernement français comme un affront. Pour eux, il s'agit là du sceau d'une nation se targuant d’agir de manière égalitaire, sans préjugé racial et sans distinction, mais qui refuse d'analyser son passé d'esclavagiste.

Les Français reconnaissent que l'héritage de Napoléon Bonaparte est problématique, indique Marlene Daut, mais ils ne sont pas forcément prêts à faire amende honorable. « Pour eux, admettre que Napoléon était raciste, c'est critiquer le peuple français et ils ne peuvent pas le supporter », explique-t-elle. « Même s'ils sont prêts à reconnaître les faits, et ils ne les nient pas, cela les met très, très mal à l'aise, car cela remet en cause toute la richesse qu'ils ont dans leur pays. Qu’est-ce qu’il y a derrière toute cette prospérité ? Qu’est-ce que cela signifie pour l'identité française ? Qu'elle s'est construite sur le dos d'assassins, et pas seulement en Haïti. »

LA VIE EN EXIL 

La vie de Napoléon Bonaparte prit une tout autre tournure lorsqu’il se retrouva exilé. En tant que chef militaire, il mena plusieurs campagnes couronnées de succès pendant la Révolution française et les guerres napoléoniennes, se fit sacrer empereur et survécut à des dizaines de tentatives d'assassinat.

Il tomba finalement en disgrâce et finit par être banni, deux fois, d'abord sur l'île d'Elbe, puis sur celle de Sainte-Hélène.

Sa première période d’exil eut lieu en 1814, après l'échec de l’invasion de la Russie. Les alliés européens forcèrent Napoléon Bonaparte à abdiquer et l'envoyèrent sur la petite île d'Elbe, située au large de la côte des Étrusques, dont il gouverna les 12 000 habitants. On lui promit de l'argent d’une France en faillite qui ne vint donc jamais et il passa ses trois cents jours sur l’île à en réformer le gouvernement et l'économie, tout en supervisant la construction de routes et d'autres projets.

Napoléon Bonaparte, qui prétendait vouloir vivre « comme un juge de paix », était libre de ses mouvements. Personne ne le surveillait et aucun navire ne faisait le tour de l'île pour l’y retenir. L'homme qui avait l'habitude de diriger des armées et qui avait été empereur des Français pendant une décennie s'impatientait.

Des gens se rassemblent devant la White Horse Tavern de Jamestown, l'un des trois pubs de l'île de Sainte-Hélène.

PHOTOGRAPHIE DE Sergio Ramazzotti, Parallelozero

Pariant sur le fait que l'armée française lui serait toujours fidèle, il s'enfuit dans son pays natal, où une bande de soldats se joignirent à lui dans sa reconquête du pouvoir. Cette entreprise dura cent jours.

« L'Europe n'en revient pas, le monde n'en revient pas », déclare Peter Hicks de la Fondation Napoléon. « Les cent jours sont extraordinaires. Les gens se disent : “Vraiment, il a fait ça ?”. Et la France ne réagit pas négativement. Elle ne réagit pas non plus positivement. »

Lorsque Napoléon Bonaparte s'échappa de l'île d'Elbe en février 1815, les dirigeants européens se réunirent dans le cadre du Congrès de Vienne afin de réorganiser la région après les conquêtes de Napoléon Bonaparte. Ils sont au fait de ses frasques et, le 13 mars, une semaine avant son arrivée à Paris, le déclarent hors-la-loi.

Ses ennemis jurés, les Britanniques, avaient tenté en vain d'interdire l'esclavage. Afin de les irriter, et d’apparaître par la même occasion comme un dirigeant progressiste après son arrivée à Paris, Napoléon Bonaparte déclara l'abolition de l'esclavage en France, pour la deuxième fois. Il faudra attendre plus de trois décennies pour que les Noirs libres des territoires français assistent à l'abolition totale de l'esclavage. En 1848, la France devint le seul pays à avoir aboli l'esclavage trois fois, dans un contexte de luttes entre intérêts économiques, racisme et droits de l'Homme.

Lorsque Napoléon Bonaparte meurt durant son exil sur l’île Sainte-Hélène, son corps est enfermé dans, non pas un, mais quatre cercueils emboîtés les uns dans les autres : un en étain, deux en acajou et un en plomb. Il est enterré dans une tombe à trois mètres de profondeur.

PHOTOGRAPHIE DE Sergio Ramazzotti, Parallelozero

Le considérant comme un obstacle à la paix, les armées russe, autrichienne et britannique s'unirent une dernière fois contre Napoléon Bonaparte en juin et encerclèrent la France. Au cours de la bataille de Waterloo, qui dura trois jours, Bonaparte fut finalement vaincu. Incapable de fuir en Amérique, il finit par se rendre aux Britanniques.

Napoléon Bonaparte fut exilé sur l’île de Sainte-Hélène, colonie pénitentiaire et avant-poste britannique balayé par les vents, au milieu de l'Atlantique Sud, de laquelle la frontière terrestre la plus proche se trouvait à plus de 1 900 kilomètres. Napoléon Bonaparte passa ses journées à s'occuper de son jardin et à réécrire l'histoire dans ses mémoires.

Lorsqu'il mourut six ans plus tard, probablement des suites d'un cancer de l'estomac, le corps de Napoléon Bonaparte fut enfermé, non pas dans un, mais dans quatre cercueils emboîtés les uns dans les autres : un en étain qui contenait son corps, deux en acajou et un autre en plomb. Il fut enterré sous un saule, dans une tombe située à trois mètres de profondeur. 

Vue aérienne depuis la mer, de Portoferraio, le port principal de l'île d'Elbe. Ce paysage devait être familier à Napoléon Bonaparte qui a passé dix mois en exil sur l'île.

PHOTOGRAPHIE DE Sergio Ramazzotti, Parallelozero

La crainte d'une révolte des fidèles de Napoléon Bonaparte et d'éventuels troubles dans une France politiquement fragile maintint le dirigeant d'origine corse en exil jusqu'à sa mort. Dix-neuf ans s'écoulèrent avant que sa dépouille ne soit rapportée en France. À l'arrivée du corps, une foule curieuse se pressa dans les rues pour apercevoir le cercueil tiré par des chevaux. La dépouille de Napoléon Bonaparte se trouve aujourd'hui dans l’Hôtel national des Invalides.

L'HÉRITAGE D'UNE RÉVOLTE D'ESCLAVES 

Si le rétablissement de l’esclavage en Guadeloupe en 1802 marqua un tournant dans la Révolution haïtienne, il en fut de même pour la capture de son chef, Toussaint Louverture, mort dans la solitude d’une froide prison française. 

En tant que colonie française, Saint-Domingue comptait la plus grande population d'esclaves des Caraïbes, dont beaucoup étaient soumis à des passages à tabac brutaux et à d'autres actes de violence. Y vivaient également des Métis et des Noirs libres qui, sans être réduits en esclavage, étaient soumis à un système de castes rigide et se voyaient refuser la citoyenneté par les dirigeants blancs de l'île. Les troubles furent exacerbés par la Révolution française et, en 1793, pour apaiser le conflit, la France mit fin à l'esclavage dans la colonie. L'année suivante, il fut aboli dans tous les territoires français.

L'idée de voir Saint-Domingue redevenir une colonie où les Noirs étaient réduits en esclavage et les Métis soumis à un système de castes, comme en Guadeloupe et en Martinique, qui venaient de revenir sous le pavillon français après avoir quitté celui des Britanniques, était impensable.

« La mission de Napoléon, avec le déploiement de Charles Victoire Emmanuel Leclerc, était de ramener Saint-Domingue à ce qu'elle était avant 1794, avant le début de la révolution », explique Pierre Buteau, historien et auteur haïtien. « Ils ont conclu que la seule façon pour eux de reprendre le contrôle de Saint-Domingue était d'éliminer tous les grands meneurs de la révolution. »

Ces derniers n'étaient toutefois pas les seules cibles. Dans une lettre à Napoléon Bonaparte, Charles Victoire Emmanuel Leclerc écrivit que le mouvement abolitionniste était si fort que la reprise du pouvoir à Saint-Domingue devrait passer par une mesure drastique : l'élimination de toute la population noire adulte, incluant les enfants de plus de douze ans.

« Une guerre d'extermination allait avoir lieu. C'est elle qui a conduit à la bataille de Vertières », indique Pierre Buteau à propos de la dernière grande bataille de la révolution, qui conduisit à la perte du pouvoir de la France sur l'île.

La répression devint brutale. Charles Victoire Emmanuel Leclerc et son second, le général Donatien-Marie-Joseph de Vimeur, comte de Rochambeau, lâchèrent de féroces chiens sur les hommes, noyèrent les Noirs en mer et firent défiler les têtes des rebelles en guise d'avertissement.

« La plupart des images célèbres de la Révolution haïtienne des 18e et 19e siècles montrent des Noirs avec des têtes de Blancs », explique Marlene Daut. « C'est très intéressant, parce qu'en réalité, c'était l'inverse. » 

« Les exemples proviennent des colons blancs, car c'est exactement ce qu'ils ont toujours fait », poursuit-elle. « Toute personne libre qui revendiquait des droits ou se plaignait de préjugés se voyait couper la tête, la mettre au bout d'une pique et la faire défiler dans toute la villeplugin-autotooltip__blue plugin-autotooltip_bigWikikPedia

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, littéralement. »

Certains spécialistes estiment que la Révolution haïtienne, qui reste la seule révolte d'esclaves réussie de l'histoire, ne devrait pas être considérée comme l'une des défaites de Napoléon Bonaparte car il n'y était pas et que son corps expéditionnaire était dirigé par des généraux.

D'autres estiment qu'il est grand temps que des pays à prédominance blanche comme la France et la Grande-Bretagne, dont l'histoire est marquée par l'esclavage, fassent un récit plus complet sur l’histoire de leurs empires.

Napoléon Bonaparte déploya plus de 60 000 soldats sur l'île mais perdit tout de même. La révolte mit également un terme à ses projets d'expansion vers l’ouest des États-Unis, ce qui conduisit à l'achat de la Louisiane. Elle coûta à la France le principal joyau d'un empire qui s'étendait jusqu'en Afrique et dans les Caraïbes.

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

Napoléon Ier (1769 - 1821) - L'expédition d'Égypte, un fiasco aux allures de rêve - Herodote.net

Napoléon Ier (1769 - 1821) - L'expédition d'Égypte, un fiasco aux allures de rêve - Herodote.net ✍Highlight–2025:03:02:08:57:12

L'expédition d'Égypte, un fiasco aux allures de rêve

L'expédition d'Égypte engagée en 1798 paraît devoir consacrer le triomphe de la Révolution française. Elle a été voulue par le ministre des Relations extérieures Talleyrand et le jeune et ambitieux général Bonaparte, auréolé par sa campagne triomphale d'Italie et bercé par ses lectures de jeunesse sur l'Orient mystérieux.

L'expédition débute par l'incroyable victoire de l'armée française sur les Mamelouks devant les Pyramides, le 21 juillet 1798, mais va s'achever sur un fiasco militaire, le premier avant ceux de Saint-Domingue, d'Espagne et de Russie. Bonaparte saura s'en sortir à temps et prendre le pouvoir à Paris avant que ne soit connue l'étendue de son échec.

Au demeurant, cet échec sur le champ de bataille va déboucher sur une immense victoire culturelle, d'une part en faisant découvrir aux Français et plus largement aux Européens l'Égypte antique et l'Orient arabe, d'autre part en faisant découvrir la modernité occidentale aux élites arabes d'Égypte et du Proche-Orient…

En 1797, les conquêtes de Bonaparte en Italie et le traité de Campo Formio ont permis de remplir les caisses du Directoire et d'obtenir pour la Grande Nation des « frontières naturelles » sur le Rhin.

La République acquiert avec ces victoires la volonté de convertir le monde à ses principes. Elle perd le sens de la mesure et n'hésite pas à fouler les règles de la diplomatie et du droit. Elle poursuit sa politique expansionniste aux Antilles (guerre de course), en Irlande (expédition de Humbert), en Europe (subversion des régimes établis et renversement de vieilles dynasties) et même aux Indes (soutien à Tippou Sahib, sultan du Mysore, en lutte contre les Anglais).

Une expédition de rêve

L'époque est aux réminiscences antiques. La République rêve d'envoyer ses légions reconstituer la Mare nostrum des Romains. L'Espagne est une alliée, des Républiques soeurs ont été semées jusqu'en Calabre, les Iles Ioniennes sont maintenant françaises. L'Empire ottoman, allié de la France depuis François Ier, apparaît soudain comme une puissance rétrograde qui opprime une Grèce idéalisée.

Le moment semble propice. L'Angleterre du Premier ministre William Pitt (38 ans) vit des moments difficiles (révolte en Irlande, mutinerie des marins à Portsmouth, faillite financière).

L'Égypte offre un point d'appui pour assurer une communication terrestre avec l'Orient menacé par la suprématie maritime britannique. Talleyrand se fait fort de convaincre le Grand Turc que la future expédition n'est pas dirigée contre lui. Malheureusement, le général Aubert-Dubayet, ambassadeur français à Istamboul, meurt en décembre 1797 et n'est pas remplacé, ce qui laisse le champ libre aux menées britanniques. Mais, malgré les rapports venus de France et d'Italie, Londres ne veut pas croire à une expédition française au Levant.

À Paris, le Directoire décide, début 1798, d'envahir la Confédération suisse, alliée séculaire de la France, afin de financer la future expédition d'Orient avec le trésor de Berne.

Une campagne de promotion bien conduite permet à Bonaparte, récemment nommé membre de l'Institut, de se faire accompagner de jeunes scientifiques, ingénieurs, artistes et humanistes.

Adjoindre des savants à une expédition militaire n'est pas chose nouvelle mais c'est la première fois qu'on en compte autant : 169 ! Beaucoup sont issus des nouvelles écoles d'État comme Polytechnique. Parmi eux le mathématicien Gaspard Monge, le naturaliste Geoffroy Saint-Hilaire… À leur tête, l'artiste aventurier Vivant Denon, qui recueille à 51 ans la chance de sa vie.

La marine française est en piteux état et la majorité des officiers de marine ont émigré. Au printemps 1798, on parvient tout de même à rassembler dans le golfe de Gênes une partie des navires initialement destinés à envahir l'Angleterre. Ils sont placés  sous le commandement de l'amiral Brueys d'Aigailliers. En tout 194 navires et 19 000 soldats (non compris les marins). Notons la présence parmi eux d'un chirurgien militaire appelé à un grand destin, Jean-Dominique Larrey.

La flotte appareille de Toulon le 19 mai malgré la vigilance du contre-amiral Horatio Nelson, commandant de la flotte britannique. Avec les flottes de Gênes et d'Ajaccio, les effectifs de l'expédition s'élèvent au final à… 54 000 hommes et plus de 300 navires !

La flotte parvient en vue de La Valette, capitale de l'île de Malte, le 9 juin. Trois siècles plus tôt, l'île avait été confiée par Charles Quint aux Chevaliers de Rhodes. Le grand-maître renonce à tenir un siège et rend les armes le 12 juin.

Bonaparte s'installe pour quelques jours à La Valette, édicte toutes sortes de dispositions révolutionnaires, puis poursuit sa croisière vers l'Égypte. Le corps expéditionnaire débarque à Alexandrie le 2 juillet après avoir échappé presque par miracle à la poursuite de Nelson.

Les savants de la Commission des sciences et des arts l'échappent belle. Le navire qui transporte leur matériel, le Patriote, se déchire sur les récifs du port d'Alexandrie. Heureusement, l'ingénieur Nicolas Conté, celui-là même qui inventa le crayon à mine graphite, organise son sauvetage. « Les hommes sont sauvés, une grande part du matériel aussi, écrit-il à sa femme. Les botanistes ont perdu le papier destiné aux herbiers et Geoffroy Saint-Hilaire n'a plus d'esprit-de-vin ni de poudre à giboyer. »

L'Égypte que découvrent les Français est sous l'autorité nominale du sultan d'Istamboul, représenté par un pacha. Mais la réalité du pouvoir appartient à une caste militaire très ancienne, les Mamelouks (dico). Commandés par 370 chefs de toutes origines, avec à leur tête les « beys » Mourad et Ibrahim, ils exploitent l'Égypte depuis plusieurs siècles.

Trois décennies plus tôt, en 1766, le soulèvement d'un Mamelouk, Ali Bey, a occasionné des troubles et des disettes en cascade. Quand arrive Bonaparte, le pays n'en est pas encore totalement remis. Il affiche néanmoins une relative prospérité. Le peuple vit à l'abri des famines cependant que l'aristocratie se pavane dans de très beaux palais…

Pressé d'en finir, Bonaparte commet l'erreur de se diriger d'Alexandrie vers Le Caire, capitale de l'Égypte, par le chemin le plus court, à travers le désert. Les soldats, qui vont à pied tandis que leur général caracole à cheval ou… à dos de chameau, endurent pendant trois semaines des souffrances épouvantables. Non préparés au soleil… et aux mirages, ils doivent au surplus répliquer aux attaques surprises des cavaliers mamelouks.

C'est enfin le heurt décisif avec les troupes de Mourad Bey au pied des Pyramides, cependant que les troupes d'Ibrahim Bey se tiennent en réserve au bord du fleuve.

En infériorité numérique, Bonaparte a l'idée pour la première fois de disposer ses troupes en carré, les fantassins formant des rectangles sur plusieurs rangs, avec un canon à chaque coin et les bagages au milieu (on prête alors au général cette formule involontairement irrespectueuse : « Les ânes et les savants au centre ! », en référence aux nombreux savants qui accompagnent l'expédition).

La cavalerie mamelouk se rue sur ces cinq carrés à sa manière désordonnée. Frappée par la mitraille, elle se replie très vite, laissant quelques milliers de morts sur le sable. Bonaparte ne perd quant à lui que trente hommes.

La bataille entre les Mamelouks et les Français aura duré à peine deux heures. Avec son sens de la propagande, le général invente à propos de cette journée la harangue célèbre : « Soldats, songez que du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent ! ». C'est le point culminant de l'expédition d'Égypte

Le général Louis Desaix (de son vrai nom Louis Des Aix de Veygoux) poursuit les fuyards jusqu'en Haute-Égypte, complétant la soumission du pays. Son humanité dans les rapports avec la population lui vaut le surnom de « Sultan juste ».

Bonaparte, quant à lui, joue le vizir au Caire, une villeplugin-autotooltip__blue plugin-autotooltip_bigWikikPedia

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bruissante de plus de 200 000 habitants dans un pays qui en compte trois millions (25 fois plus aujourd'hui).

Les savants et les artistes, peintres et graveurs qu'il a eu la bonne idée d'amener avec lui se mettent au travail pour sortir l'antique civilisation pharaonique de son mystère.

Bonaparte les rassemble dans un Institut d'Égypte dont il sera membre actif, sur le modèle de l'Institut de France. Il monte en épingle leurs travaux et leurs compte-rendus pour mieux faire oublier à l'opinion métropolitaine le fiasco militaire de l'expédition. Ainsi se développe l'égyptologie, qui trouvera en Jean-François Champollion un martyr.

Le général victorieux tente par ailleurs de s'appuyer sur les notables indigènes en multipliant les déclarations de respect à l'égard de la religion musulmane. Il fait valoir que sa haine du pape est un gage de sympathie pour l'islam ! Il multiplie jusqu'au ridicule les gestes de bonne volonté, n'hésitant pas à danser à la manière locale devant ses officiers et les notables du cru. Il dialogue avec les théologiens (ulémas), et veille même à ce que soit fêtée la naissance du Prophète. Il envoie des déclarations d'amitié au Grand Turc, le sultan d'Istamboul…

Pour clarifier son comportement, il confiera plus tard à l'académicien Roederer : « C'est en me faisant catholique que j'ai fini la guerre de Vendée ; en me faisant musulman que je me suis établi en Égypte ; en me faisant ultramontain que j'ai gagné les esprits en Italie. Si je gouvernais un peuple de juifs, je rétablirais le temple de Salomon » (Jacques Bainville, Napoléon, Fayard, 1931). 

Prisonnier en Égypte

Victorieux des Mamelouks et régnant au Caire tel un vizir, Bonaparte veut croire au succès de son expédition en Orient. Las, le contre-amiral britannique Horatio Nelson a découvert la flotte française au mouillage en rade d'Aboukir, aux environs d'Alexandrie. Il détruit la flotte après un pilonnage de 15 heures, le 1er août 1798.

L'amiral français Brueys saute avec son navire-amiral L'Orient (118 canons) tandis que Villeneuve (celui-là même qui sera défait à Trafalgar) s'échappe avec quelques vaisseaux. Le corps expéditionnaire se trouve ainsi prisonnier de sa conquête… C'est le moment que choisit le sultan Sélim III pour rejoindre la deuxième coalition européenne, aux côtés de l'Autriche et de la Russie, ses ennemis héréditaires !

Au Caire, tous les gestes de bonne volonté de Bonaparte à l'égard des musulmans et des notables s'avèrent vains. Le 21 octobre 1798 éclate une violente révolte contre les Français. On compte 300 morts parmi les occupants dont le général Dupuy, dix fois plus parmi les Égyptiens, au terme d'une répression féroce. Le général Alexandre Dumas, père du grand écrivain, se signale en entrant à cheval dans la grande mosquée du Caire et en sabrant les insurgés.

Bonaparte n'est pas homme à se décourager. L'inspiration grandiloquente ne lui fait pas défaut : « Il faut mourir ici, ou en sortir grands comme les anciens ! ». Il imagine de rejoindre les Indes comme Alexandre le Grand et, en attendant, décide de forcer le passage vers Constantinople (Istamboul) et Ie Bosphore.

Au début de 1799, sans attendre la chaleur insupportable de l'été, il fonce avec 15 000 hommes vers la Syrie, enlève El-Arish, Gaza puis Jaffa, au coeur de la Terre sainte. Abandonnant son déguisement islamique, il se comporte désormais en croisé !

Deux émissaires de Bonaparte ayant été décapités par les assiégés de Jaffa, les troupes françaises entrent dans la villeplugin-autotooltip__blue plugin-autotooltip_bigWikikPedia

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et s'y livrent à un carnage. 2 500 Turcs se rendent. Bonaparte n'a pas les moyens de les nourrir et ne veut pas prendre le risque de les relâcher. En violation des règles de la guerre, il les fait fusiller ou embrocher à la baïonnette sur la plage. C'est la première des nombreuses atrocités qui émailleront la suite de l'expédition.

Mais à Jaffa, les soldats sont eux-mêmes frappés par la peste et l'épidémie ne cessera pas jusqu'à la fin de l'expédition…

Ce tableau de propagande d'Antoine-Jean Gros représente un épisode tout à fait imaginaire de l'expédition d'Égypte. Il est destiné à magnifier son chef en le représentant tel un prophète au chevet de son peuple.

Dans les faits, loin de compatir au malheur de ses soldats, Bonaparte, au moment de quitter Jaffa, demanda au médecin en chef Desgenettes de « terminer les souffrances de nos pestiférés en leur donnant de l'opium », à quoi le médecin s'opposa avec vigueur au nom de l'éthique médicale. Il semble qu'un chirurgien se montra plus accommodant et administra l'opium.

Après Jaffa, les Français mettent le siège devant Saint-Jean-d'Acre le 20 mars 1799. La villeplugin-autotooltip__blue plugin-autotooltip_bigWikikPedia

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est protégée par un rempart solide, des habitants motivés et une troupe renforcée par l'appui de l'amiral Smith sur mer et du commandant Phélyppeaux (un ancien condisciple de Bonaparte à Brienne) sur terre. Le comte Pozzo di Borgo, un autre ennemi intime de Bonaparte, est de la partie.

Ahmet Pacha - dit « Djezzar », l'égorgeur - est déterminé. Les assiégeants n'ont pas d'artillerie et manquent de munitions. C'est l'échec malgré huit assauts héroïques d'avril à mai, au cours desquels le général Caffarelli trouve la mort.

Reste l'exploit du général Andoche Junot qui repousse avec 500 hommes seulement plusieurs milliers de soldats turcs venus à la rescousse. Ces derniers sont définitivement écrasés au pied du Mont-Thabor par les forces de Kléber et de Bonaparte.

L'heure de la retraite a sonné. Avec la perte pour rien de 4 500 hommes, la campagne de Syrie se solde par un immense fiasco.

Bonaparte regagne l'Égypte avec ses troupes, saccageant les villes au passage. Enfin, le 25 juillet 1799, il repousse près d'Aboukir une tentative de débarquement turc conduite par le vizir Abou Pacha et appuyée par les Anglais. La propagande napoléonienne utilise ce fait d'armes pour faire oublier la défaite infligée un an plus tôt à la flotte française au même endroit par l'amiral Nelson.

L'air de rien, l'amiral anglais Sidney Smith, venu en plénipotentiaire, amène à Bonaparte un lot de journaux d'Europe par lesquels le général apprend que la guerre générale a recommencé et que les armées françaises partout reculent.

Bonaparte, qui songeait depuis le début de l'expédition, à se tirer au plus vite du guêpier égyptien, a vite fait de prendre sa décision. Le 22 août 1799, il embarque secrètement sur la Junon avec ses meilleurs généraux et tout ce qui reste d'argent dans les caisses. Il débarque à Fréjus le 8 octobre suivant et un mois plus tard, s'empare du pouvoir par le coup d'État du Dix-Huit Brumaire. 

Par une simple lettre, il a confié le commandement de l'expédition d'Orient au général Kléber, lequel en est furieux.  La malheureuse armée d'Égypte se rendra aux Anglais le 31 août 1801.

Demeuré seul après la fuite précipitée de Bonaparte, Kléber tente de négocier à El-Arich des conditions d'évacuation honorables avec l'amiral Smith.

Mais la convention est dénoncée par son successeur l'amiral Keith, qui a intercepté une lettre dans laquelle Kléber décrit au Directoire l'état déplorable de l'armée. Jouant sur du velours, l'Anglais exige dès lors une capitulation en bonne et due forme.

Kléber, qui jouit d'une grande popularité parmi ses hommes, reprend la lutte. Le 20 mars 1800, il remporte une ultime et magnifique victoire à Héliopolis, près du Caire, sur les troupes du grand vizir, en bien plus grand nombre.

Il réprime une nouvelle révolte au Caire et semble enfin en mesure de tenir le pays quand il est assassiné par un jeune fanatique musulman aux ordres du vizir, le 14 juin 1800. Le même jour, en Italie, à Marengo, un autre général, Desaix, meurt après avoir livré la victoire au Premier Consul, Napoléon Bonaparte. Preuve que le génie sans la chance ne vaut rien.

Le commandement est repris faute de mieux par le général le plus ancien en grade. C'est Menou, rival de Kléber et médiocre stratège. Commandant de l'armée de l'Intérieur en 1795, il s'était défaussé lorsque Barras lui avait demandé de réprimer une insurrection royaliste ; c'est alors… Bonaparte qui a pris sa place et exécuté le coup de Vendémiaire.

Menou, qui s'est converti à l'islam et marié à une Égyptienne, se fait appeler Abdallah-Jacques. Le 31 août 1801, il se rend aux Anglais après sa défaite à Canope, dix jours plus tôt.

Aux termes de la capitulation, le corps expéditionnaire, ou du moins ce qu'il en reste, sera rapatrié par la flotte anglaise. On estime que le tiers des 30 000 soldats engagés en Égypte trois ans plus tôt ont péri, dont la moitié de maladie et le reste dans les combats. Les survivants connaîtront une cruelle incarcération dans les bateaux-prisons des ports anglais.

Les savants de la Commission des sciences et des arts sont autorisés à rentrer en France. Sommés toutefois de livrer leurs travaux aux Anglais, ils se rebellent. Conduits par le naturaliste Geoffroy Saint-Hilaire, ils menacent de les détruire. Pour ne pas ternir sa réputation, le gouverneur anglais de la place d'Alexandrie se rend à leurs prières et les autorise à emporter tout ce qu'ils peuvent porter… C'est comme ça que la pierre de Rosette, trop lourde pour un seul homme, gagnera directement Londres.

Jacques de Menou, atteint de la peste et soigné par le médecin militaire Dominique-Jean Larrey, quittera en dernier l'Égypte avec sa famille. Il mourra à Venise dix ans plus tard. Les préliminaires de paix seront signés à Londres le 1er octobre suivant. Triste fin pour une expédition aventureuse, semée d'échecs et de tragédies. 

Épilogue

Avec l'échec de l'expédition d'Orient, la puissance maritime française se trouve anéantie pour longtemps. Malte et Minorque sont désormais aux mains des Anglais, eux-mêmes alliés de Naples et de la « Sublime Porte », le gouvernement du sultan d'Istamboul.

À noter que la sultane Validé, du sérail de Topkapi (le palais impérial) a pour nom de naissance Aimée du Buc de Rivery ; c'est une lointaine cousine de Joséphine de Beauharnais, bientôt impératrice des Français !

En Inde, les Anglais, aiguillonnés par la menace française, ont entrepris de soumettre les principautés alliées de la France. Ils ont considérablement élargi leur emprise sur le sous-continent.

Quant au Conseil impérial du tsar Paul Ier de Russie, il a pris l'incursion française en Orient comme un casus belli, a fait occuper les Iles Ioniennes et formé un corps expéditionnaire sous le commandement d'un maréchal impétueux, le prince Souvorov, qui réussit en six mois à bouter les Français hors d'Italie.

De son côté, loin d'être abattu, Bonaparte parvient à Paris en octobre 1799 en même temps que la nouvelle de son ultime succès à Aboukir. Ses bulletins militaires, les gravures des artistes et les compte-rendus scientifiques des savants de l'expédition d'Égypte ont transformé le fiasco de l'expédition en un prestigieux succès !

Bonaparte pardonne à Joséphine qui s'était accommodée de son absence dans les bras d'un brave soldat. Il exécute le coup d'État du 18 brumaire de l'an VIII (9 novembre 1799). Il organise la prochaine campagne d'Italie et réussit par des compromis heureux à rassembler les Français épuisés par dix ans de guerre intérieure et extérieure.

Le mamelouk Roustan couchera désormais à l'entrée de la tente du Premier Consul, lequel restera fidèle aux chevaux arabes. Le chirurgien Larrey et bien des officiers supérieurs qui ont commencé leur carrière en Égypte (Desaix, Lannes, Murat, Junot, Marmont) prendront figure de légende.

Quant aux savants d'Égypte, ils s'emploieront à mettre en valeur les découvertes réalisées dans ce pays mythique… malgré la perte de la pierre de Rosette confisquée par l'Anglais. C'est ainsi que Vivant Denon publiera en 1802 un Voyage dans la haute et basse Égypte, textes et dessins qui fera référence pour un siècle.

En Égypte même, le prestige des Français sera porté au zénith par le génie de Champollion et l'oeuvre de l'École du Caire, et aussi en raison du protectorat imposé plus tard par l'Angleterre.

Bibliographie

On peut lire le petit ouvrage illustré et très didactique de Laure Murat et Nicolas Weill : L'expédition d'Égypte (Gallimard Jeunesse).

Gabriel Vital-Durand est médecin suisse et historien d'occasion. Issu d'une famille de médecins, une de ses ancêtres était grecque et avait nommé ses enfants Nicéphore et Nicéphorine alors qu'elle vivait dans le Jura au XIXe siècle. Une autre avait été désignée pour réciter un compliment à l'infortuné général Charles-Denis Bourbaki, passant dans son village du Jura pour porter secours à la garnison de Belfort en 1871 !

Vivant aux marches de l'Est sur le Jura et les Alpes, Gabriel Vital-Durand s'intéresse notamment aux destinées de la Savoie et de la Suisse, si étroitement associées à celle de la France depuis le Moyen Âge, et pourtant peu connues du public français. Les sépultures, les citations historiques lui paraissent autant de témoins précieux des sentiments du passé.

Même si « l'Histoire ne repasse pas les plats » (L-Fd Céline), la rémanence de certaines situations frappe notre collaborateur. Ainsi l'Angleterre, qui avait mené trois campagnes malheureuses en Afghanistan au XIXe siècle, n'a-t'elle su se garder d'une nouvelle aventure en 2001…

Le 18 novembre 1626, le pape Urbain VIII consacra la nouvelle basilique Saint-Pierre de Rome, 1300 ans après la consécration de la première basilique par l'empereur Constantin. D'une superficie de 22 000 m², soit quatre fois plus que celle de Notre-Dame de Paris, Saint-Pierre est de fait le plus vaste édifice religieux qui soit. La somptuosité de sa façade, de sa colonnade et de sa nef intérieure en font le chef-d'œuvre de l'architecture baroque.

Point d’histoire > Napoléon a-t-il organisé un « génocide » aux colonies ? (lecture : - de 3 min.) - napoleon.org

Point d’histoire > Napoléon a-t-il organisé un « génocide » aux colonies ? (lecture : - de 3 min.) - napoleon.org ✍Highlight–2025:03:02:08:55:56

En s’appuyant sur les études les plus récentes, « Point d’histoire » vous propose une synthèse courte, claire et précise, sur un sujet de l’histoire napoléonienne.

Selon l’écrivain Claude Ribbe, Napoléon aurait ordonné le « génocide des Noirs » aux colonies. C’est la thèse qu’il soutient dans un ouvrage paru en 2005 : Le crime de Napoléon.

En son temps, Pierre Nora avait qualifié ce livre de « pamphlet sans queue ni tête » (Le Monde, 13 décembre 2005). L’accusation n’a d’ailleurs jamais été prise au sérieux par les spécialistes de l’histoire coloniale ou de l’esclavage qui disposent de toute façon d’un dossier « à charge » suffisant contre le rétablissement de l’esclavage par Bonaparte en 1802.

Jouant beaucoup sur l’hypersensibilité actuelle à ces sujets, M. Ribbe soutient que Napoléon avait programmé l’élimination systématique des hommes de couleur. Il parle d’un million de victimes noires dues au « premier dictateur raciste » … alors qu’il n’y avait « que » 800 000 esclaves dans les Antilles françaises à l’époque (600 000 à Saint-Domingue, 85 000 à la Martinique et 90 000 à la Guadeloupe) et que les historiens les plus sérieux estiment que des guerres coloniales aux Antilles, entre 1802 et 1804, ont fait 100 000 morts, dont environ 70 % de noirs. Le bilan est suffisamment terrible pour qu’il ne soit pas utile de le gonfler aussi grossièrement.

Mais M. Ribbe va encore plus loin. Il offre à ses lecteurs un parallèle avec la Shoah. L’occasion lui en est offerte par l’implacable répression à la Guadeloupe, conduite par le général Richepance, et par les massacres ordonnés à Saint-Domingue par le général Rochambeau, dont –voici le fait- la mise à mort par asphyxie de certains d’entre eux dans les soutes d’un navire. Partant, Napoléon (qui était alors à des milliers de kilomètres de là) serait l’inventeur des chambres à gaz, affirmation qui paraît bien relever de la concurrence victimaire visant à placer sur le même pied l’Holocauste et les faits coloniaux.

Pour leur ouvrage Napoléon, l’esclavage et les colonies (Fayard, 2006), Pierre Branda et Thierry Lentz ont recherché la preuve de ce « gazage » collectif que Ribbe dit massif et réitéré. Absent des archives ou des témoignages contemporains, il figure toutefois dans des textes haïtiens postérieurs et a été repris dans la biographie que Victor Schœlcher a consacrée à Toussaint-Louverture. Nous ne disons pas que ces faits n’ont pas existé mais nous affirmons que, s’ils ont existé, ils ne faisaient pas partie d’un plan général d’extermination. Ils font remarquer qu’aux Antilles, le seul massacre général d’êtres humains à raison de leur couleur de peau fut celui donné par le premier chef d’État haïtien, Jean-Jacques Dessalines, de liquider les Blancs, hommes femmes et enfants. Il disait vouloir un « océan de sang » entre son île et l’ancien colonisateur pour rendre son retour impossible. L’opération eut lieu de février à avril 1804 et seuls les médecins furent épargnés. En mai suivant, Dessalines se proclama empereur d’Haïti, sous le nom de Jacques Ier.

Si Bonaparte dicta des consignes de grande fermeté dans ses instructions et sa correspondance, il ne donna pas d’ordres de massacre. Lorsqu’il les connut, et sans doute pas jusqu’aux moindres détails, ce fut des mois après les faits (il en fallait quatre ou cinq pour un aller-retour entre les Antilles et la métropole). Il ne désavoua pas publiquement ses subordonnés, ce qui est déjà beaucoup trop. Pour le reste, on peut tranquillement affirmer qu’il n’organisa pas, pas plus qu’il ne souhaita, quelque génocide que ce soit. Il n’était pas plus « raciste » -le mot n’existait pas- que ses contemporains, pour qui la question de l’esclavage n’était pas prioritaire, hélas.

Les binationaux européens peuvent-ils voter dans leurs deux pays ? – Libération

Les binationaux européens peuvent-ils voter dans leurs deux pays ? – Libération ✍Highlight–2025:02:26:20:31:42

Les élections européennes, qui se déroulent depuis jeudi dans les 28 pays de l’Union, permettent à un citoyen européen résidant dans un autre pays de voter dans son pays d’origine ou dans son pays de résidence. Mais la loi est très claire : on ne peut pas voter deux fois.

C'est l'article 8 de l'acte de 1976 relatif aux élections qui le dispose: «Lors de l'élection des représentants à l'Assemblée, nul ne peut voter plus d'une fois.» En France, voter plusieurs fois est passible de six mois à deux ans d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende.

Pour les personnes n'ayant pas la binationalité, c'est assez simple. Selon une directive de 1993, «l'électeur communautaire exerce son droit de vote soit dans l'Etat membre de résidence, soit dans l'Etat membre d'origine. Nul ne peut voter plus d'une fois lors d'une même élection». Pour pouvoir voter dans son pays de résidence, il faut donc s'inscrire sur les listes et produire notamment une déclaration formelle où l'on assure ne pas voter en plus dans son pays d'origine.

Pour éviter les doubles votes, l'article 13 de cette directive précise que c'est à l'Etat membre de résidence de transmettre à l'état d'origine les informations relatives aux inscrits et candidats dans son pays. «L'Etat membre d'origine prend, en conformité avec sa législation nationale, les mesures appropriées afin d'éviter le double vote et la double candidature de ses ressortissants».

Par ailleurs, cette directive précise que les électeurs inscrits sur une liste y restent inscrits «jusqu'à ce qu'ils demandent d'être rayés ou jusqu'à ce qu'ils soient rayés d'office parce qu'ils ne répondent plus aux conditions requises pour l'exercice du droit de vote». Ce qui a créé un problème cette année : des Français résidant aux Pays-Bas et ayant voté aux élections locales ont reçu une carte électorale des Pays-Bas, alors qu'ils comptaient participer au scrutin français. Ils n'auraient pas été prévenus par leur consulat, rapporte France Inter.

Enfin, s'il existe un système de contrôle pour les ressortissants n'ayant pas la double nationalité, ce n'est pas le cas pour les binationaux. Ils n'ont pas non plus le droit de voter deux fois, mais s'ils sont inscrits sur les listes électorales de chaque pays dont ils ont la nationalité, il n'y a pas moyen de vérifier qu'ils ne votent pas deux fois. Comme le faisait remarquer Slate en 2014, le problème se pose surtout dans les pays où le vote est obligatoire, comme la Belgique. Les ressortissants franco-belges ne peuvent pas voter pour des représentants français, puisqu'ils sont obligés de voter en Belgique. Interrogé sur le sujet en 2014, le ministère de l'Intérieur répondait : «Chaque Etat membre étant libre de fixer les modalités de vote et d'inscription sur les listes électorales, c'est à la Belgique qu'il appartient de concilier la liberté de choix des ressortissants communautaires et l'exigence du vote obligatoire.» La Commission, elle, déclarait dans une réponse sibylline : «La Commission estime qu'il convient d'encourager la possibilité pour les citoyens de l'UE ayant la double nationalité de choisir l'Etat dans lequel ils souhaitent voter.»

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