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« Le challenge de créer un musée privé m'amuse » : l'hôtel Mezzara d'Hector Guimard, le nouveau pari du cofondateur de Direct Energie [ElseNews]

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Date: sam. 20 déc. 2025, 17:30
Subject: Fwd: Musée Hector Guimard
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« Le challenge de créer un musée privé m'amuse » : l'hôtel Mezzara d'Hector Guimard, le nouveau pari du cofondateur de Direct Energie

Dans le XVI e arrondissement de Paris, l'hôtel Mezzara, l'un des chefs-d'oeuvre du maître français de l'Art nouveau, était désaffecté depuis 2015. Après une longue bataille, Fabien Choné, ex-patron de Direct Energie, et l'association Le Cercle Guimard ont remporté l'appel d'offres de l'Etat et signé un bail de cinquante ans.

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Le grand salon de l'hôtel Mezzara, et la salle à manger au mobilier finement ornementé signé Hector Guimard.
Le grand salon de l'hôtel Mezzara, et la salle à manger au mobilier finement ornementé signé Hector Guimard. (© Raphaël Dautigny pour Les Echos Week-End)
Par Anaïs Moutot

Publié le 19 déc. 2025 à 07:05Mis à jour le 19 déc. 2025 à 10:06
Fabien Choné et Nicolas Horiot frétillent de joie. Depuis qu'ils ont remporté l'appel d'offres de l'Etat pour louer l'hôtel Mezzara, rue Jean de la Fontaine dans le XVIe arrondissement de Paris, la Drac leur confie chaque jeudi les clés de cette bâtisse de deux étages conçue par Hector Guimard en 1910. De quoi commencer à imaginer, quelques mois avant la signature du bail, sa transformation en musée consacré au maître de l'Art nouveau.

Même s'ils les ont déjà vus des dizaines de fois, impossible pour cet homme d'affaires et cet architecte de ne pas s'attarder devant le buffet, la table et les chaises en bois de poirier, aux ornements d'une très grande finesse, dans le salon. Ni de lever les yeux vers l'impressionnante verrière du hall d'entrée, où s'entrelacent des courbes oniriques et des amas de petits cercles. Et que dire de l'escalier avec sa rampe ornée de motifs végétaux !

Rénovation de la Faisanderie d'Arcueil

« Ce n'est pas un escalier, c'est une mise en scène », s'exclame Fabien Choné. Ce quinquagénaire au débit de mitraillette s'est pris de passion pour ce lieu et son architecte en 2018. Un nouveau dada qui a suivi une déconvenue professionnelle : la vente à Total de Direct Energie, le numéro 3 du gaz et de l'électricité, qu'il avait cofondé en 2003 avec Xavier Caïtucoli, rencontré sur les bancs de Polytechnique, et Thierry Roussel.

L'escalier aux motifs végétaux de l'hôtel Mezzara.
L'escalier aux motifs végétaux de l'hôtel Mezzara.© Raphaël Dautigny pour Les Echos Week-End

Avec moins de 2 % du capital, cet ex-EDF, qui a bataillé plus d'une décennie pour ouvrir le marché à la concurrence, assure n'avoir pas eu son mot à dire face à Jacques Veyrat, l'actionnaire principal, à la tête du fonds Impala. Cet ingénieur opiniâtre a tout de même tiré plusieurs millions de cette vente à 1,9 milliard d'euros. De quoi créer un « start-up studio » incubant cinq jeunes pousses de l'énergie. Et s'investir à fond dans son « side project » : la rénovation de la Faisanderie, seul vestige du château d'Arcueil construit au XVIIe siècle par le prince de Guise.

Un architecte mal-aimé
En 2018, Maurice Culot, l'architecte choisi pour transformer cette volière en lieu de réceptions, lui propose de visiter l'hôtel Mezzara. Il tombe alors amoureux de ce bâtiment désaffecté depuis trois ans. Et découvre le projet du Cercle Guimard.

L'architecte Nicolas Horiot (debout) et l'homme d'affaires Fabien Choné.
L'architecte Nicolas Horiot (debout) et l'homme d'affaires Fabien Choné.© Raphaël Dautigny pour Les Echos Week-End

À la manoeuvre de cette association qui milite pour le transformer en musée, Nicolas Horiot, qui a restauré des bâtiments d'Auguste Perret, le maître du béton armé, mais aussi d'Hector Guimard. Deux architectes aux styles radicalement différents mais qui ont un point commun : avoir été mal aimés de leurs contemporains. Résumé à ses bouches du métro, détestées par les Parisiens lors de leur création, Hector Guimard voit son esthétique affublée du qualificatif moqueur de « style nouille ».

Des bâtiments Guimard détruits
Après sa mort en 1942 aux Etats-Unis, où il s'expatrie au début de la Seconde Guerre mondiale car sa femme, américaine, est juive, « la moitié de son patrimoine est détruite, dont des lieux qui auraient pu être très visités aujourd'hui », regrette Nicolas Horiot.

Dans la France de la reconstruction, la préservation du patrimoine est le cadet des soucis des autorités, qui déclinent aussi la proposition de la veuve d'Hector Guimard de transformer en musée un autre hôtel de l'architecte, avenue Mozart. Une partie importante du mobilier de cet architecte-designer, qui n'a pas de descendant, finit aux Etats-Unis.

La façade de l'hôtel Mezzara, rue Jean de la Fontaine, à Paris XVIe arrondissement.
La façade de l'hôtel Mezzara, rue Jean de la Fontaine, à Paris XVIe arrondissement.© Raphaël Dautigny pour Les Echos Week-End

Sa notoriété outre-Atlantique et sa redécouverte par des galeristes dans l'Hexagone finissent par convaincre les autorités françaises de classer les monuments restants, situés principalement dans le XVIe arrondissement de la capitale. La réhabilitation de l'artiste fait cependant face à un autre obstacle : « Hector Guimard n'a pas construit de bâtiment public notable équivalent à la Sagrada Familia de Gaudí », note Nicolas Horiot. Ses constructions restantes, toutes privées, ne peuvent être visitées… et même l'hôtel Mezzara devient désaffecté en 2015, après un siècle d'histoire mouvementée.

Reconversion en foyer d'étudiantes
La propriété, commandée à Hector Guimard par Paul Mezzara, n'est habitée que deux ans par cet artiste décorateur à la tête d'une manufacture de dentelle à Venise et de plusieurs boutiques en Europe, car sa vie sentimentale agitée le conduit à déménager. Après avoir été louée par le patron d'une usine de gaz toute proche, la propriété est rachetée en 1930 par l'écrivaine antillaise Suzanne Lacascade et ses soeurs, qui la transforment en cours d'enseignement privé.

L'écrivaine féministe de Mezzara
Propriétaire, avec ses soeurs, de l'hôtel Mezzara de 1930 à 1956, Suzanne Lacascade, femme de lettres antillaise, fut une pionnière du féminisme et des pensées de la négritude. Son unique roman, « Claire-Solange, âme africaine », a fait l'objet de rééditions cette année à l'occasion de son centenaire, Après être tombée pendant des décennies dans l'oubli, cette fille d'un ex-député de Guadeloupe, première femme de couleur à obtenir le baccalauréat en 1904, fait l'objet d'un intérêt renouvelé dans les départements de cultural studies des universités américaines, mais aussi en France grâce à l'implication de son arrière-petite-nièce. Son livre, qui a remporté un prix de l'Académie française en 1925, est une célébration de l'identité créole.

Quand elles prennent leur retraite en 1956, l'Education nationale rachète la demeure et son jardin pour y loger une trentaine d'étudiantes en classes préparatoires. Avant de considérer en 2015 qu'elle est trop délabrée pour continuer à accueillir un foyer. Le Cercle Guimard n'a alors plus qu'une idée en tête : transformer ce lieu, classé en 2016, en musée consacré au maître de l'Art nouveau.

Table d'appoint en poirier, vase de Cerny en porcelaine (réédition de la Manufacture de Sèvres), balustrade et plaque commémorative en fonte signés Guimard. Collection de Fabien Choné.
Table d'appoint en poirier, vase de Cerny en porcelaine (réédition de la Manufacture de Sèvres), balustrade et plaque commémorative en fonte signés Guimard. Collection de Fabien Choné.© Raphaël Dautigny pour Les Echos Week-End

Sauf que le ministère de la Culture n'a pas l'intention de créer et prendre en charge un nouveau musée. Nicolas Horiot voit alors dans Fabien Choné la solution parfaite. L'homme d'affaires, qui se transforme en collectionneur d'objets d'Hector Guimard, se dit prêt à consacrer plusieurs millions d'euros à rénover le bâtiment et y ouvrir un musée.

Celui qui fait remonter son goût pour l'architecture à son enfance dans un grand ensemble de Jean Balladur, un disciple de Le Corbusier, à Bagnolet, se reconnaît dans l'architecte. « C'était aussi un entrepreneur à l'origine de concepts aujourd'hui monnaie courante mais qui, à l'époque, lui ont donné du fil à retordre », souligne-t-il. Comme les premières maisons standardisées et le recours à l'autopromotion « à une époque où il n'y avait pas encore d'architectes stars comme Jean Nouvel ou Frank Gehry ». Il utilise par exemple le Castel Béranger, sa première réalisation parisienne, comme un « showroom » pour son catalogue de mobilier, qu'il produit en série.

Coup de pied dans la fourmilière
Fabien Choné est aussi un libéral convaincu, qui reposte les tweets du Parti miléiste français encensant le président argentin et soutient David Lisnard, vice-président des Républicains. Il ne boude donc pas son plaisir à l'idée de mettre un coup de pied dans la fourmilière de la culture, où les musées privés sont encore mal vus. « Concurrencer GDF et EDF, ça m'amusait. Concurrencer l'Etat dans son activité muséale aussi », lâche-t-il.

Miniature d'une entrée de station du métro parisien signée Guimard.
Miniature d'une entrée de station du métro parisien signée Guimard.© Raphaël Dautigny pour Les Echos Week-End

Le projet va mettre huit ans à aboutir, pâtissant des tâtonnements de l'Etat sur la gestion de son parc immobilier et d'une bataille entre Bercy et le ministre de la Culture. Après avoir entamé une politique de cession tous azimuts au tournant du millénaire, la Direction immobilière de l'Etat revient dessus. « On leur a reproché de vendre les bijoux de famille, notamment à de riches Qataris ou Américains », rappelle Fabien Choné.

Un dossier test pour l'Etat
La Cour des comptes dénonce aussi des cafouillages. Comme la vente de l'Imprimerie nationale au fonds Carlyle pour 85 millions d'euros… rachetée ensuite quatre fois plus cher. « Fort de ce traumatisme, nous nous sommes dit qu'il fallait faire autrement. Une autre voie a émergé : la valorisation des biens via la location », raconte Guillaume Decroix, sous-directeur administration et valorisation de l'immobilier de l'Etat, qui relève de Bercy.

Applique à pendeloques, d'après un brevet d'invention déposé par Guimard en 1910, réédition de l'entreprise Sofar. Collection Fabien Choné.
Applique à pendeloques, d'après un brevet d'invention déposé par Guimard en 1910, réédition de l'entreprise Sofar. Collection Fabien Choné.© Raphaël Dautigny Pour Les Echos Week-end

L'idée ? Garder les monuments classés dans le giron de l'Etat mais trouver des bailleurs prêts à les rénover à leurs frais et à verser un loyer intéressant sur une longue durée. L'hôtel Mezzara sert de test : en 2021, l'Etat lance un appel d'offres pour un bail de cinquante ans. Vincent Bolloré et Xavier Niel s'y intéressent mais ne déposent finalement pas d'offre. Fabien Choné propose, lui, que le loyer soit payé sous la forme d'une redevance variable en fonction du chiffre d'affaires du musée.

Rima Abdul Malak a attiré l'attention de Bruno Le Maire en disant que l'Etat n'aurait jamais les moyens de payer un musée Guimard et qu'il était fort dommage de se passer d'un preneur privé qui arrive avec une collection et des moyens.

un négociateur du dossier de l'hôtel mezzara
Si ce concept de redevance variable a été accepté par la Ville de Paris pour la Bourse de commerce de François Pinault, Bercy reste persuadé qu'il vaut mieux obtenir une redevance fixe. C'est alors que la ministre de la Culture met son grain de sel. « Rima Abdul Malak a attiré l'attention de Bruno Le Maire sur le fait que l'Etat n'aurait jamais les moyens de payer un musée Guimard et qu'il était fort dommage de se passer d'un preneur privé qui arrivait avec une collection et des moyens », indique un négociateur du dossier.

Le modèle du Hangar Y à Meudon
Bercy transige tandis que, de son côté, Fabien Choné accepte une part de loyer fixe. Inspiré par le modèle développé pour le Hangar Y à Meudon par Frédéric Jousset, l'ex-patron du géant des centres d'appels Webhelp, il embarque aussi la Caisse des Dépôts. Celle-ci s'engage à hauteur de 49 % dans des travaux de restauration chiffrés à 4 millions d'euros. Budgétée à 2 millions d'euros, la partie muséale, elle, est entièrement aux frais de Fabien Choné. « Quand il choisit un combat, il ne lâche pas l'affaire », rappelle son ex-acolyte Xavier Caïtucoli.

Détail de la façade de l'hôtel Mezzara.
Détail de la façade de l'hôtel Mezzara.© Raphaël Dautigny pour Les Echos Week-End

Victoire au printemps. L'arrivée de Rachida Dati au ministère de la Culture n'y est peut-être pas étrangère : inscrire à son bilan un nouveau musée dans la capitale ne peut que l'aider dans sa campagne pour la Mairie de Paris… Ne reste désormais plus qu'à prouver que le musée sera suffisamment rentable pour que l'Etat y trouve son compte.

Faire revivre la Belle Epoque
Fabien Choné est persuadé que c'est possible dès la première année d'ouverture, en 2027 ou 2028. Il vise 150.000 visiteurs par an, aux trois quarts des touristes étrangers, prêts à débourser 15 à 20 euros pour revivre la Belle Epoque. Le musée présentera sa collection d'objets - fontes, vases, luminaires… - mais aussi des oeuvres prêtées par les musées d'Orsay, Richard Driehaus de Chicago et Cooper Hewitt de New York. L'équipe mise aussi sur des expériences en réalité augmentée et virtuelle pour se replonger dans les bâtiments détruits.

Au-delà de la billetterie, l'événementiel et la vente de produits dérivés (bijoux, vases, papiers peints…) doivent fournir l'autre moitié des revenus. Fabien Choné assure que « le côté lucratif ne vise pas à faire de l'argent mais à rendre le projet pérenne et autonome ». Avec l'objectif de créer une fondation puis de racheter le bâtiment dans dix à vingt ans. Et de prouver qu'il sait toujours faire des « coups ».

Anaïs Moutot

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