La France n'aime pas la guerre, mais l'orgueil. De tous ses déterminismes, c'est son tempérament le plus fort. Avant d'être gauloise, chrétienne, monarchique, impériale et républicaine, la France est orgueilleuse. Cette passion est si forte qu'elle influence nos admirations. Ce ne sont pas les régimes politiques qui déterminent l'importance de tel ou tel individu, mais le tempérament.
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Prenez François Ier, Louis XIV, Napoléon Bonaparte, Clemenceau, de Gaulle, quel est leur point commun ? Un orgueil démesuré, qui s'est toujours traduit de la même manière : refuser la compromission, quitte à fanfaronner de façon parfois puérile, à la manière d'un chevalier qui ne voudrait jamais descendre de son cheval. Ces individus ont appliqué à la France cette estime de soi à la fois disproportionnée et spectaculaire, qui se résume à un mot : non. Car dans notre langue, comme le disait Talleyrand, il n'y a qu'une seule façon d'accepter ou de refuser.
Répudier les paix honteuses, mépriser les compromissions compromettantes, dédaigner ce qui ne s'inscrit pas dans la liberté du monde, pour reprendre l'expression d'André Malraux. La gloire de la France et sa réputation tiennent à ce comportement. Il a sa part de comédie, d'esbroufe et d'hypocrisie, mais il nous a permis de ne pas disparaître. Au fond, c'est la seule chose que nous savons faire.
La militarisation, une évidence stratégique
Emmanuel Macron remportera la bataille de la postérité. Depuis trois ans, il insiste pour réarmer le pays, son esprit, son industrie, son armée, naturellement. Il ne le fait pas par passion de la guerre (qu'a-t-il à y gagner pour lui-même ?), mais parce que la meilleure façon pour la France de se protéger est de faire montre d'orgueil. Non d'ailleurs parce qu'il l'a décidé, mais parce que les rapports des renseignements du monde entier indiquent une intention belliqueuse de la Russie de Vladimir Poutine. À la tête d'un régime militarisé, qui a fait de la guerre sa raison d'être.
Un homme qui refuse, depuis l'invasion de l'Ukraine, de donner le moindre but de guerre. Comment, dans ces conditions, imaginer la paix ? Pour avoir une conversation, il faut un sujet. Passons cette évidence. Comment devrait réagir la France ? Étant entendu que les cyberattaques de Moscou sur Paris sont légion, qu'elles ont été amplement commentées et relatées par le gouvernement. Que les incursions de drones russes en Europe se multiplient, et qu'on ne compte plus les provocations verbales du Kremlin, comme il sied aux petites tyrannies complexées de tous les siècles.
Qui, en toute sincérité, pourrait nier le durcissement des rapports multilatéraux, l'abaissement du droit et le triomphe de la force ? La militarisation voulue par Emmanuel Macron n'est pas un choix politique, lequel ne serait pas honteux, c'est une évidence intellectuelle et stratégique. Il ne serait pas professionnel de sa part d'agir autrement. La France pourrait aussi ne pas réagir ou, mieux encore, s'allier à Moscou et, pour la deuxième fois de son histoire récente, rallier le camp des oppresseurs.
La paix garantie par la guerre
Or la France est une nation morale, qui reste dans l'histoire car son génie consiste à se ranger du bon côté. Ni la peur ni le prétendu réalisme ne sont inscrits dans sa Constitution. Au regard des siècles, la mesquinerie et la lâcheté sont une mauvaise affaire. Le pacifisme, entendu de façon abstraite, est une idiotie. C'est une notion qui ne peut être définie qu'en la confrontant aux circonstances.
À LIRE AUSSI « Un accord historique » : comment Paris va armer Kiev pour la décennie à venirSaint Augustin avait d'ailleurs défini le principe chrétien de « guerre juste », lequel répond parfaitement à cette question. On ne défend pas la France en refusant de la défendre ; on ne garantit la paix qu'en étant prêt à faire la guerre. Ces évidences des manuels de stratégie depuis Sun Tzu ne peuvent pas être retournées contre elles-mêmes.
À Découvrir Le Kangourou du jour Répondre L'Ukraine n'est pas peuplée de saints. Mais d'innocents vis-à-vis d'une invasion. C'est un fait moral sur lequel il n'y a pas à revenir. Ce qui ne nous oblige en rien à la défendre. Sauf à penser à notre intérêt, et à admettre que l'Ukraine est, et sera, une zone militaire en soi, qui fera frontière avec la Russie. On pourrait tout aussi bien se retrancher plus à l'ouest, en Pologne, territoire de l'Union européenne, mais que cela changerait-il ? Pourquoi perdre un avantage tant que l'Ukraine y est disposée ?
L'Union européenne ne parviendra pas à reprendre son souffle. Cette entité, organisée comme un cabinet juridique à l'échelle du monde, ne survivra probablement pas au retour de la guerre. C'est pourquoi il ne faut pas envisager la défense européenne comme son excroissance, mais comme une alliance d'opportunité, entre des pays qui partagent une culture, une civilisation et, désormais, une vulnérabilité.
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