« En 20 ans, je n’ai jamais vu ça » : l’ONG Bloom alerte sur deux textes européens « sidérants » soumis au vote ce jeudi
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Jeudi 13 novembre 2025, le Parlement européen et les ministres des finances de l’UE s’apprêtent à adopter deux décisions qui menacent le Green Deal, selon l’association Bloom. Photo d’illustration
Jeudi 13 novembre 2025, le Parlement européen et les ministres des finances de l’UE s’apprêtent à adopter deux décisions qui menacent le Green Deal, selon l’association Bloom. Photo d’illustration | MARCEL KUSCH / ARCHIVES DPA PICTURE-ALLIANCE VIA AFP
Jeudi 13 novembre 2025, le Parlement européen et les ministres des finances de l’UE s’apprêtent à adopter deux décisions qui menacent le Green Deal, selon l’association Bloom. Photo d’illustration | MARCEL KUSCH / ARCHIVES DPA PICTURE-ALLIANCE VIA AFP
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Ce qui se joue au Parlement européen dans quelques jours représente un « immense danger […] inédit, très concret et très contraignant, qui vient de Bruxelles », alerte en conférence de presse, ce lundi 10 novembre 2025, Claire Nouvian, fondatrice et directrice de l’association Bloom, qui œuvre pour la défense de l’océan et du climat.
Le jeudi 13 novembre, le Parlement européen et les ministres des finances de l’UE s’apprêtent à adopter deux décisions « qui signeraient la fin du Green Deal et la reddition de l’Union européenne face à l’industrie pétrolière (TotalEnergies et ExxonMobil en tête), aux lobbies de l’aviation, du transport maritime et de la pêche industrielle, au Qatar, et à Donald Trump, dénonce-t-elle. Ce sont deux dangers absolument sidérants qui se déroulent au Parlement en pleine Cop. »
La loi Omnibus 1 en ligne de mire
Dans le viseur de Bloom, se trouve d’abord le positionnement du Parlement européen sur la loi « omnibus », un paquet législatif proposé par la Commission européenne, et notamment par Stéphane Séjourné, vice-président exécutif pour la prospérité et la stratégie industrielle de l’institution.
Cette proposition de loi, qui réunit en un seul texte les propositions de réformes de plusieurs autres lois, supprimerait la directive européenne sur le devoir de vigilance des entreprises. Cette mesure avait été adoptée en 2024, inspirée par une loi française pionnière votée en mars 2017, pour obliger les groupes français de plus de 10 000 salariés dans le monde à évaluer les risques environnementaux et sociaux de leur activité et de celle de leurs sous-traitants.
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Swann Bommier, directeur du plaidoyer chez Bloom, estime que cette proposition de loi s’est faite sous l’influence directe des lobbys industriels et pétroliers, à la demande de Donald Trump et d’entreprises comme Siemens et TotalEnergies : « On est face à un danger systémique », une « ingérence étrangère » dans les affaires de Bruxelles et une « influence anormale qui risque de menacer nos institutions politiques ».
L’eurodéputé français Pascal Canfin (Renew), qui suit l’élaboration du travail législatif, avait indiqué sur LinkedIn que si le texte n’était pas un « deal parfait », « les éléments essentiels permettant de voir le verre à moitié plein sont toujours là, l’alternative étant un texte voté par l’extrême droite » qui aurait mis l’entièreté de la loi « en danger ».
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« Il y a une volonté très nette de la part des lobbys d’influencer tout ce processus, abonde Claire Nouvian. En 20 ans, je n’ai jamais vu ça. »
Pour Dominique Potier, député socialiste de Meurthe-et-Moselle et rapporteur de la loi française sur le devoir de vigilance, présent lors de la conférence de presse, cette décision est catastrophique : « Cette initiative était l’une des plus belles espérances des dernières années, aujourd’hui tuée avec un silencieux, dit-il avec gravité. Ce serait une faute politique absolument majeure [que d’abroger la directive]. »
Le devoir de vigilance est essentiel et représente une « révolution juridique » selon Dominique Potier, notamment après le 24 avril 2013, lorsqu’un immeuble de huit étages abritant des ateliers de confection, le Rana Plazza, s’est effondré à Dacca au Bangladesh. Le bilan est désastreux : 1 135 morts, plus de 2 000 blessés, principalement des ouvrières qui travaillaient pour des sous-traitants de grandes marques occidentales dont Carrefour, Zara, H & M. Aucune n’avait été tenue responsable.
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Maintien des exonérations sur le kérosène et le gasoil maritime
Une niche fiscale considérée comme un « cadeau » aux pollueurs par l’ONG Bloom. « Si ce texte est adopté en l’état, on se retrouve avec des secteurs très polluants et très émetteurs exemptés de la fiscalité, ajoute Claire Nouvian. Et alors on accepte l’idée de ne jamais atteindre nos objectifs climatiques, en pleine Cop30. »
Cette exemption pourrait être maintenue jusqu’en 2035, alors que les objectifs climatiques de l’UE viennent d’être établis à 90 % de réduction des gaz à effet de serre en 2040.
Nice-Matin: « Une démolition du Green Deal », en pleine COP30, les engagements verts de l’Europe sont menacés, dénonce l’ONG Bloom https://www.nicematin.com/economie/une-demolition-du-green-deal-en-pleine-cop30-les-engagements-verts-de-l-europe-sont-menaces-denonce-l-ong-bloom-10656111
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