C'est devenu une tradition. Quand Emmanuel Macron vient à l'assemblée générale de l'ONU, en septembre, il en profite pour rencontrer des financiers américains et les inviter à investir en France. Mardi matin, le président français devait prendre le petit-déjeuner avec des fonds et des banques d'investissement pour leur vanter l'attractivité du pays.
Il va devoir redoubler de charme pour faire oublier le psychodrame hexagonal sur la taxe Zucman. L'idée de taxer les très hauts revenus n'est évidemment pas populaire à Wall Street ; mais celle de forcer les entrepreneurs à céder à la puissance publique des parts du capital de leur entreprise pour régler cet impôt est lunaire, vue des Etats-Unis.
Justement, cette année, Emmanuel Macron a invité des fonds de capital-risque, qui financent les entreprises jeunes et innovantes. Ce choix s'inscrit dans la continuité du sommet sur l'IA qui s'est tenu en février à Paris, et où Emmanuel Macron a annoncé 109 milliards d'euros d'investissements, essentiellement privés et dans des data centers.
Succès de Mistral
Il témoigne du succès de la licorne française de l'intelligence artificielle, Mistral, auprès des grands noms du capital-risque américain. Andreessen Horowitz et General Catalyst, qui ont participé à ses levées de fonds, seront au petit-déjeuner. Ils n'ont pas de présence en France à ce jour. Quant à Lux Capital, un spécialiste des start-up dans le champ de l'innovation scientifique et de la défense, il fait partie de ces fonds américains qui regardent avec intérêt le réarmement de l'Europe.
Lire aussi :
RECIT - Le débat électrique entre Philippe Aghion et Gabriel Zucman devant les patrons de start-up
DECRYPTAGE - Les banques américaines sur le qui-vive après l'annonce du vote de confiance
Emmanuel Macron a également convié les fonds de private equity Apollo, Global Infrastructure Partner, Ares, Carlyle, deux fonds de pension new-yorkais, et plusieurs grandes banques : JP Morgan, Bank of America, Citi, Wells Fargo, Morgan Stanley, Bank of New York. Il a déjà eu l'occasion de multiplier les liens avec la plupart d'entre eux lors des sommets Choose France ou en passant à New York.
Par ailleurs, plusieurs établissements de Wall Street créés par des Français seront représentés : Coatue, le fonds hybride, allant du capital-risque au hedge fund, de Philippe et Thomas Laffont ; Ardian, le groupe de private equity créé par la Française Dominique Senequier ; Tikehau Capital, la société de gestion d'actifs créée par Mathieu Chabran et Antoine Flamarion.
Années prodigieuses pour la Bourse américaine
Le président commence à avoir l'habitude des opérations déminage. L'année dernière, il avait demandé aux grands patrons de Wall Street de ne pas surréagir au choc des annonces fiscales françaises de la rentrée - surtaxe sur les hauts revenus, hausse d'impôts sur les sociétés. Pour l'instant, les banques américaines qui avaient accru leur présence française ces dernières années, de JP Morgan à Morgan Stanley, n'ont pas réduit la voilure.
De leur côté, les financiers américains sont lestés de cash après des années prodigieuses pour la Bourse américaine, et des profits en hausse. Forcément, ils s'intéressent à l'Europe, qui manifeste l'envie de recommencer à investir dans sa défense et de sauter dans le train en marche de l'intelligence artificielle.
you see this when javscript or css is not working correct