Seuls les riverains auront un code d’accès pour traverser la « rue de la pisse », les soirs de week-end. © Jérémie FULLERINGER
C’est une petite artère du centre-villeplugin-autotooltip__blue plugin-autotooltip_bigWikikPedia
WikikPedia, à peine plus large qu’un trottoir par endroits, mais elle traîne une réputation qui lui colle aux pavés : celle d’être devenue, la nuit tombée, une pissotière à ciel ouvert. La rue Transparots, dans sa partie comprise entre les rues Chazerat et des Fargues, va désormais être fermée chaque soir, entre le jeudi et le dimanche, par un portail métallique. Une décision municipale radicale, qui entend mettre fin à des années d’incivilités et qui sonne surtout la fin du « pipi-party ».
« J’en ai marre de constater la même chose depuis des années, souffle un Pierre Mathonier particulièrement déterminé. Marre de voir dans l’espace public les conséquences d’actes bêtes, irresponsables et inutiles. » Des actes d’une « insalubrité revendiquée ». Mais ce sont essentiellement les habitants qui exprimaient de sacrées contrariétés ces derniers temps.
“On ne pouvait plus circuler sans regarder nos pas et prendre le risque de marcher dans une flaque d’urine ou une merde de chien”
Une riveraine
La rue « de la pisse » : c’est ainsi qu’elle se fait appeler dans le quartier jusqu’à présent. Il faut dire que cette ruelle étroite, dissimulée entre deux axes plus passants, a longtemps été un lieu de passage… et d’arrêt prolongé pour des noctambules peu scrupuleux.
Urine, déchets, odeurs persistantes, déjections canines et parfois même des bagarres. Les nuits y étaient souvent plus agitées que les jours. « On ne pouvait plus ouvrir les fenêtres l’été, confie une autre habitante du secteur. Le matin, c’était un festival d’immondices. Le sol collait encore à 10 heures. » Les commerçants des rues voisines avaient aussi alerté à plusieurs reprises les services de la mairie. Jusqu’à ce que la goutte d’urine fasse déborder le vase.
Un portail comme digue sanitaire
Il y a donc désormais un portail, installé à l’entrée de la rue, qui sera fermé tous les jeudis, vendredis et samedis, à partir de 21 heures et rouvert au petit matin. Un dispositif simple, mais contraignant à la fois, qui a fait l’objet d’une concertation avec les riverains, les seuls qui seront dorénavant munis d’un code d’accès.
La décision, prise par arrêté à la mi-mai 2025, répond à une situation devenue « intenable », selon les mots de Pierre Mathonier. « Nous avons tout essayé : sensibilisation, verbalisation, nettoyage renforcé. Rien n’y faisait. Il fallait une solution plus radicale. » Même de nouvelles balayeuses ont été achetées. Si ce dispositif sera testé pendant l’été, période durant laquelle la rue est particulièrement exposée à la fréquentation festive et à ses débordements, cette mesure devrait finalement devenir permanente.
Certains riverains saluent la mesure, alors que d’autres pointent néanmoins une forme de recul de l’espace public. « Fermer une rue, même temporairement, c’est quand même admettre qu’on a perdu la bataille contre l’incivilité », regrette un habitué du quartier. Certains s’inquiètent également de voir le phénomène se déplacer vers d’autres ruelles voisines.
Au niveau de la légalité d'une telle mesure ? Selon l’article L. 2212-2 et suivants du Code général des collectivités territoriales (CGCT), le maire détient des pouvoirs de police l’autorisant à « restreindre et à réglementer la circulation sur le territoire de sa commune lorsque la configuration des lieux peut exposer les personnes ou les biens, les habitations et lorsqu’il y a un besoin évident de conserver le patrimoine ».
Les nuisances nocturnes se sont multipliées ces derniers mois dans la rue qui relie la place Gerbert et la rue de Rieu.
Les rues comme exutoires d’une vie nocturne qui déborde
Du côté de la mairie, on promet plusieurs « évaluations ». Si le portail fait ses preuves, il pourrait inspirer d’autres aménagements dans le centre ancien, régulièrement confronté à des problématiques similaires. Au-delà de la rue Transparots, cette affaire met en lumière un problème bien plus large encore : celui de la gestion des nuisances nocturnes en centre-villeplugin-autotooltip__blue plugin-autotooltip_bigWikikPedia
WikikPedia. « À Aurillac comme ailleurs, les petites rues deviennent parfois les exutoires d’une vie nocturne qui déborde des bars et des places », concède l’édile.
“Fermer une rue, même temporairement, c’est quand même admettre qu’on a perdu la bataille contre l’incivilité”
Entre prévention, sanctions et aménagements urbains, les collectivités cherchent encore la bonne recette. En attendant, la rue Transparots restera un symbole fort, mais aussi un signal : les temps changent et certaines habitudes aussi devront s’éclipser. Les premiers concernés, souvent les plus éméchés d’ailleurs, ont récemment osé glisser à l’oreille du maire : « Où va-t-on uriner maintenant?? »
La Ville muscle ses réponses
Outre la fermeture nocturne de la rue Transparots, la mairie a pris à bras-le-corps la problématique des incivilités. Une série de mesures sont déjà mises en place pour tenter d’endiguer les comportements dégradants, souvent concentrés autour des zones festives. La Ville s’est notamment dotée d’un dispositif de vidéoprotection, avec plusieurs caméras installées dans les ruelles les plus « sensibles ». Des caméras qui permettent régulièrement aux forces de l’ordre d’identifier et d’interpeller les auteurs de délits. Côté propreté, le service voirie est à pied d’œuvre, quotidiennement, avec des « passages matinaux renforcés ».
Par ailleurs, la Ville a déjà fait installer huit sanitaires publics et gratuits, plus accessibles et plus visibles. Des rondes de police municipale, deux équipages par jour, sont mises en place six jours sur sept, en lien étroit avec la police nationale. Depuis octobre 2024, ces agents ont dressé 12 contraventions pour les déjections canines (135 €), 8 contraventions pour les dépôts d’ordures sauvages (135 €), mais aussi 15 pour les chiens non tenus en laisse (arrêté municipal contravention de 2e classe, soit 35 €). « Il ne s’agit pas de transformer le centre-villeplugin-autotooltip__blue plugin-autotooltip_bigWikikPedia
WikikPedia en bunker, mais de rappeler que l’espace commun n’est pas un défouloir par des actions coups de poing », précise encore Pierre Mathonier. À noter que les coûts d’entretien et de fonctionnement pour la commune (eau, énergie, maintenance, personnels) s’élèvent à 33.900 €.
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