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Huffingtonpost : Pourquoi il est simpliste de parler d’explosion de la violence à l’école après le drame de Nogent [ElseNews]

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https://www.huffingtonpost.fr/france/article/surveillante-poignardee-a-nogent-que-disent-vraiment-les-chiffres-de-la-violence-des-mineurs-en-milieu-scolaire_251206.html

Huffingtonpost : Pourquoi il est simpliste de parler d’explosion de la violence à l’école après le drame de Nogent

Cette idée est défendue par une partie de la sphère politique, bien qu’il s’agisse d’une vision tronquée de la réalité, amplifiée par ce nouveau drame dans un collège.

Par Maxime Birken
Des gendarmes devant le lieu du drame survenu mardi 10 juin à l’entrée du collège Françoise Dolto à Nogent (Haute-Marne).
JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP
Des gendarmes devant le lieu du drame survenu mardi 10 juin à l’entrée du collège Françoise Dolto à Nogent (Haute-Marne).
ÉDUCATION - Collèges et lycées, lieux de tous les dangers ? Cette idée reçue, reprise sans vergogne par une partie de la sphère politique depuis le drame survenu devant un collège de Nogent (Haute-Marne) mardi matin, a entraîné une première série d’annonces faites par François Bayrou.

Le Premier ministre veut interdire -sous 15 jours- la vente de couteaux aux mineurs et faire expérimenter des portiques de détection d’armes à l’entrée des établissements scolaires. Une manière de répondre immédiatement au prétendu problème de violence à l’école.

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Preuve que ce préjugé à la peau dure, un sondage Elabe réalisé pour BFMTV et La Tribune Dimanche et publié ce mercredi 11 juin révèle que huit parents sur 10 (79 %) sont « souvent » ou « de temps en temps » inquiets pour la sécurité de leurs enfants. Une large majorité des sondés (87 %) allant jusqu’à juger que la mort de cette surveillante, poignardée mardi par un élève de 3e, « traduit une montée réelle de la violence des mineurs dans notre pays ».

Des chiffres à contre-courant
Pourtant, en France, les chiffres récents sur la violence des mineurs sont loin de tels préjugés. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer les données récemment relayées par Le Monde, attestant d’une baisse de 25 % du nombre de mineurs poursuivis par la justice entre 2016 et 2023 (passant de 64 934 à 48 389). Avec une baisse pratiquement similaire du nombre de condamnés sur la même période.

En réalité, ce sont les violences les plus graves qui augmentent. Plus précisément « l’accroissement continu du nombre de mineurs mis en cause pour meurtre ou tentative d’homicide : ils étaient 255 en 2023, contre 108 en 2016 (+136 %) », note un rapport parlementaire daté de novembre 2024. Des affaires majoritairement liées au narcotrafic ou des règlements de compte. Mais dans tous les cas, cette augmentation reste minoritaire en comparaison de la forte médiatisation de ces affaires. Tout comme celles en milieu scolaire, qu’il s’agisse de la mort d’Agnès Lasalle en février 2023, du jeune Elias tué pour son smartphone fin janvier, de la lycéenne poignardée à mort par un camarade en avril à Nantes ou du drame survenu au collège Françoise Dolto de Nogent.

Autre augmentation : celle du nombre de couteaux confisqués en milieu scolaire. Les ministères de l’Intérieur et de l’Éducation ont retrouvé 186 couteaux parmi les 6 002 fouilles menées entre le 26 mars et le 23 mai 2025 par les forces de l’ordre devant les collèges et lycées. Pour 32 gardes à vues seulement. Mais le renforcement des contrôles depuis la fin du mois de mars permet difficilement de prouver une augmentation de la violence à l’école. Car plus de fouilles veut forcément dire plus de trouvailles.

Régulièrement pointé du doigt après des faits divers tragiques (mort de Thomas à Crépol, d’Elias à Paris…) le fléau des armes blanches ne se limite d’ailleurs pas à la France. Ainsi à Londres, 10 adolescents sont morts poignardés l’an dernier, contre 18 en 2023, selon des chiffres partagés par la RTBF après la mort de Keylan, poignardé dans un bus londonien en janvier. Après une attaque similaire à Southport en juillet 2024, le Royaume-Uni avait annoncé l’interdiction de « toute arme blanche de plus de 20 centimètres de long avec un côté tranchant et une extrémité pointue » dans le pays. Pourtant, la criminalité au couteau chez les jeunes britanniques « est en baisse depuis 2019 » selon le président du Youth Justice Board, cité par BFMTV.

« Les jeunes ne sont pas dans un déferlement de violence »
Et en milieu scolaire ? En réalité, pas grand-chose ne permet de le savoir, puisqu’il n’existe tout bonnement aucun chiffre officiel. Mieux vaut donc se tourner vers ceux qui analysent ce sujet de longue date. C’est le cas d’Éric Debarbieux, professeur émérite à l’université Paris-Est-Créteil et ancien délégué ministériel à la prévention de la violence en milieu scolaire.

De passage sur RTL au lendemain de la mort de cette assistante d’éducation, il réfute catégoriquement l’idée selon laquelle l’école deviendrait un lieu dangereux. Pour cela, il avance un premier chiffre éloquent : « Si l’on prend toute la série d’enquête (de victimation) auprès des élèves », « près de 90-92 % s’estiment en sécurité dans leur établissement ». Et si l’auteur de Zéro Pointé ? Une histoire politique de la violence à l’école reconnaît une augmentation de « faits violents extrêmement forts » chez les mineurs, il relativise leur nombre, faussé par leur médiatisation importante. Bien qu’il dise comprendre l’émotion suscitée par de tels actes.

Éric Debarbieux préfère toutefois dénoncer la réponse politique actuelle, jugeant que les « solutions simples souvent approuvées par l’opinion publique » présentent un danger car « la recherche montre en continu depuis des dizaines d’années que les détecteurs de métaux ne servent à rien ». À l’inverse, cette mesure engendre des « effets pervers » qui alimentent « une forme d’opposition entre les jeunes et l’école ».

« Les jeunes ne sont pas dans un déferlement de violence », conclut-il en évoquant plutôt le déficit politique sur la question de la santé mentale des jeunes. Le vrai nœud du problème de violence à l’école, d’après des décennies de recherche sur la question et à la lumière de plusieurs cas récents d’agressions mortelles en milieu scolaire.

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