Sur le papier, tout va très bien pour OpenAI. L’entreprise dispose en effet d’une valorisation de 300 milliards de dollars, soit un niveau colossal pour une structure dont l’envol date d’il y a trois ans seulement. Il faut dire qu’elle a su imposer la marque ChatGPT, désormais synonyme d’IA générative, et que bon nombre d’investisseurs lui imaginent un avenir radieux.

Mais, petit à petit, certains observateurs commencent aussi à tirer la sonnette d’alarme. Dans un nouvel article, le journal économique Les Échos a d’ailleurs répertorié les propos tenus par trois experts de la Tech qui invitent à la prudence pour la société dirigée par Sam Altman.
Un modèle pas rentable ?
C’est notamment le cas de Mary Meeker qui a alerté dans le Financial Times. Selon cette analyste chevronnée, OpenAI, en tant que concepteur de grand modèle de langage, pose la question de la rentabilité de cette technologie.
Elle souligne que les grandes sociétés de cette industrie disposent actuellement d’un chiffre d’affaires cumulé d’environ 12 milliards de dollars, mais qu’elles ont dû lever 95 milliards de dollars pour l’obtenir, ce qui lui semble très onéreux.
De plus, ces agents d’IA basés sur toujours plus de serveurs et de puces risquent d’être mis à mal par des alternatives : « L’approche unique du LLM (Large Language Model tels que ChatGPT, Ndlr) est remise en cause, avec l’apparition de modèles plus petits et moins chers, formés pour des cas d’utilisation personnalisée ».
Elle n’est pas la seule à avoir des doutes sur la pérennité d’OpenAI à moyen ou long terme. C’est aussi le cas du scientifique Gary Marcus, qui s’est entretenu avec l’AFP. Ce dernier vise spécifiquement Sam Altman, le boss de cette compagnie : « Sam ne reçoit plus d’argent des pontes de la Silicon Valley », et le fait qu’il soit parti en quête internationale de fond n’est selon lui pas une force, mais un indice de son « désespoir ».
Au-delà, l’écrivain ajoute : « Je suis sceptique à l’égard de l’IA telle qu’elle est pratiquée actuellement ». Pourquoi ? Les hallucinations et les fautes commises par ces chatbots sont selon lui préjudiciables. De même, alors que des montants colossaux sont investis dans ces technologies, les investisseurs vont exiger des pratiques douteuses aux sociétés et notamment une surveillance intrusive des utilisateurs en vue de générer des revenus.
Enfin, un troisième observateur a pris part à ce débat au cours des dernières semaines. Le Français Luc Julia, connu entre autres pour avoir créé l’assistant personnel d’Apple Siri, a estimé dans Le Figaro que des modèles d’IA plus petits et très spécialisés, moins gourmands en énergie pourraient prendre le relai des LLM.
Le « cynisme » de Sam Altman
L’ingénieur ne croit d’ailleurs pas du tout à l’idée d’une intelligence artificielle générale qui serait en mesure de faire mieux que les humains dans la plupart des domaines. Il pointe d’ailleurs spécifiquement du doigt le boss d’OpenAI : « Si certains croient sincèrement à ce mensonge », d’autres, « comme Sam Altman sont des cyniques qui cherchent avant tout à lever régulièrement des dizaines de milliards de dollars pour leurs entreprises. C’est vital pour eux, quand on sait qu’OpenAI va perdre 1 milliard de dollars par mois en 2025 ».
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