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Pourquoi les retraités se rallient massivement au RN
De quoi le vote des retraités en France est-il aujourd'hui le nom ? Traditionnellement plus rétifs à voter pour l'extrême droite, les seniors sont désormais en train de basculer en faveur du parti de Marine Le Pen. Perte d'influence de la droite traditionnelle, recomposition de l'échiquier politique et adhésion à un discours identitaire, etc. Une note pour la Fondation Jean Jaurès détaille les raisons de cette percée électorale auprès des plus de 65 ans.
Jusqu'ici le « vote gris », comme le souligne l'étude signée par Stéphane Fournier, analyste à l'institut de sondage Cluster 17, demeurait plus attaché aux représentants du centre droit ou de la droite de gouvernement pour des questions liées à des « effets de vieillissement » et au sentiment classique du « c'était mieux avant ».
Mais le déclin sur la scène politique des partis traditionnels, notamment de LR, et le rejet du bilan d'Emmanuel Macron s'est mécaniquement traduit dans les urnes par une recherche d'alternatives. « Le stigmate politique laissé par 'Le Pen père' pèse moins lourd à mesure que les individus vieillissent et que l'électorat se renouvelle », fait remarquer Stéphane Fournier.
Thèmes identitaires
Entre les dernières élections législatives de 2022 et 2024, la poussée est impressionnante, le RN passant de 12 % à 26 % des suffrages chez les plus de 65 ans, soit 14 points d'augmentation, rappelle la note en se fondant sur l'institut Ifop. La part des seniors dans le vote d'extrême droite depuis 2007 reste néanmoins plutôt stable, autour de 20 % en moyenne, rapporte l'institut de sondage.
Cette progression serait donc à relativiser puisqu'elle suivrait la percée du RN dans toutes les franges de l'opinion. Mais dans la mesure où les seniors faisaient jusqu'ici figure de « plafond de verre », elle mérite d'être analysée, pointe l'auteur de l'étude.
A mesure que les thèmes de l'immigration et de la sécurité s'installent dans le débat public, la prégnance de ces préoccupations chez les seniors est « un élément décisif de la réussite électorale du RN », poursuit Stéphane Fournier.
C'est sur la question de la pratique religieuse et de l'islam que le clivage générationnel apparaît le plus important : 84 % des plus de 65 ans se disent favorables à l'interdiction du voile à l'université contre 72 % en moyenne et 49 % des 18-24 ans.
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Si le vote pour la coalition présidentielle repose toujours « en grande partie » sur le vote des seniors, c'est bien le RN qui profiterait le plus de la « décomposition du vote LR », note cette étude. Pour l'électorat de droite, la déception à l'égard du bilan d'Emmanuel Macron en matière de sécurité et d'immigration pourrait expliquer ce glissement à longueur de scrutins, les seniors se situant dans « un continuum sociopolitique » où fleurissent les thèmes identitaires en lien avec l'expression d'un certain malaise social.
« Recadrage » du programme
Pour conquérir le pouvoir, le RN s'est aussi attaché à gommer les aspects de son programme susceptibles d'effrayer les retraités : soutien à l'Ukraine, abandon de la sortie de l'euro, discours moins offensif sur la retraite à 60 ans, rationalité affichée sur les thèmes économiques. Une partie de ce « recadrage » a été incarnée par Jordan Bardella, personnalité jugée plus consensuelle que Marine Le Pen lors des dernières élections législatives et européennes.
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Dans la perspective des prochains scrutins, notamment municipaux, le RN pourra-t-il compter sur le vote des seniors pour amplifier sa dynamique dans l'ensemble de l'électorat ? La condamnation avec exécution provisoire de Marine Le Pen à une peine d'inéligibilité dans l'affaire des assistants parlementaires européens pourrait fragiliser son entreprise de « normalisation », notamment auprès d'un électorat âgé, plutôt aisé et diplômé, anticipe l'étude.
Son score chez les cadres retraités demeure ainsi deux fois inférieur à celui réalisé chez les anciens employés et ouvriers laissant entrevoir une marge de progression autant qu'un possible « plafond de verre ». Les sujets économiques, sur lesquels le RN tente de construire une crédibilité, s'annoncent d'ores et déjà particulièrement importants dans la perspective de l'élection présidentielle de 2027. Reste aussi le poids du passé, dont Marine Le Pen n'a eu de cesse de vouloir se débarrasser.
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