25/12/2025/H20:59:12
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Cet accord est l’un des points auquel s’opposent les agriculteurs. Alors que la gronde continue en France, l’Union européenne (UE) poursuit ses discussions commerciales avec le Mercosur, le marché économique commun sud-américain qui regroupe le Brésil, l’Uruguay, le Paraguay, et l’Argentine. Emmanuel Macron s’y est encore opposé ce mardi. Le président de la République, Emmanuel Macron, doit s’entretenir ce jeudi à Bruxelles avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, notamment à ce sujet-là.
Que prévoit l’accord entre l’UE et le Mercosur ?
Il s’agit d’un des accords commerciaux les plus importants du monde, avec près de 780 millions de personnes concernées et des volumes d’échanges compris entre 40 et 45 milliards d’euros d’importations et d’exportations, selon vie-publique. Les négociations - commencées en 2000 - ont abouti politiquement en 2019 avec la signature d’un protocole d’accord. Mais l’opposition de plusieurs pays, dont la France, a bloqué son adoption définitive, défendue en revanche par l’Allemagne.
Concrètement, cet accord prévoit de supprimer quasi intégralement ou partiellement en fonction des produits les droits de douane entre les pays membres de l’UE et du Mercosur, notamment sur les questions industrielles (véhicules, médicaments…) et agricoles.
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Principal point de crispation : la question alimentaire. L’accord prévoit d’instaurer des quotas en dessous desquels les produits sud-américains ne sont pas taxés : 180 000 tonnes par an pour le sucre, 100 000 tonnes pour les volailles et 99 000 tonnes pour le bœuf. La liste complète inclut également de la viande porcine (25 000 tonnes par an) ou encore du riz (60 000 tonnes par an).
En échange, des taxes imposées aux produits européens par le Mercosur seraient supprimées sur de nombreux produits : le vin, le chocolat, les biscuits, les boissons gazeuses ou encore les spiritueux. Les produits laitiers ainsi que les fromages produits au sein de l’UE seraient eux concernés par des « larges quotas » sans taxes, selon le commissaire européen à l’Agriculture de l’époque Phil Hogan.
Pourquoi les agriculteurs s’y opposent-ils ?
Les grands syndicats d’agriculteurs dénoncent une « concurrence déloyale » des grandes exploitations sud-américaines. Dès 2018, l’ancienne présidente de la FNSEA - principal syndicat d’agriculteurs - Christiane Lambert s’inquiétait dans nos colonnes du projet d’accord UE-Mercosur. « 30 000 élevages sont en péril et quatre filières sont concernées : l’éthanol, le sucre, la filière bovine et la volaille », lançait-elle à l’époque.
Les agriculteurs réclament également que les produits importés soient soumis aux mêmes normes que les produits français. Fin 2023, les interprofessions françaises du sucre, de la volaille, des céréales et de la viande ont regretté l’absence de « clauses miroirs » sur les « normes de production environnementales et sanitaires », rappelle Terre-net. Ils craignent donc que le marché européen soit inondé de produits ne respectant pas les normes européennes, comme les maïs OGM ou le « poulet dopé aux antibiotiques ».
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Quelle est la position de la France ?
Sur ce point, la réponse semble avoir été toujours claire. La France « s’oppose de manière très claire » à la signature de cet accord, a martelé ce vendredi le Premier ministre Gabriel Attal. Ce mardi encore, Emmanuel Macron a répété s’opposer à l’accord car les règles ne sont pas « homogènes avec les nôtres ».
Lundi, la présidence française avait déjà affirmé que les négociations avaient été interrompues en raison de l’opposition de la France. « Notre compréhension c’est qu’elle (la Commission) a bien instruit ses négociateurs de mettre fin aux sessions de négociation qui étaient en cours au Brésil », avait souligné l’Élysée.
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Dès août 2019, Emmanuel Macron avait suspendu la signature de cet accord commercial. Il avait notamment dénoncé le « mensonge » du président brésilien de l’époque Jair Bolsonaro sur l’environnement et son « inaction face au changement climatique, y compris sur les incendies ». Même position l’année suivante, face au problème « majeur » de la déforestation.
Où en sont les négociations ?
Les conditions d’un accord entre le Mercosur et l’UE « ne sont pas réunies », a reconnu ce mardi la Commission européenne. « À l’heure actuelle, l’analyse de la Commission est que les conditions pour conclure des négociations avec le Mercosur ne sont pas réunies », a affirmé Éric Mamer, porte-parole de la Commission.
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Mais « les discussions continuent et l’Union européenne continue à poursuivre son objectif d’atteindre un accord qui respecte les objectifs de l’UE en matière de durabilité et qui respecte nos sensibilités notamment dans le domaine agricole », a-t-il ajouté. Des pourparlers entre négociateurs de l’UE et du Mercosur ont eu lieu la semaine dernière au Brésil, et des « discussions au niveau technique vont continuer », a encore dit Éric Mamer.
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