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CHRONIQUE. Les Rencontres de la photographie d’Arles proposent chaque été une cinquantaine d’expositions. Les visiter en mode marathon – ou sprint – est toujours une expérience stimulante
Une collègue qui m’a devancé aux 56es Rencontres de la photographie d’Arles m’avait prévenu: la rétrospective consacrée à la photographe italienne Letizia Battaglia (1935-2022) est tellement puissante qu’elle en est ressortie profondément bouleversée, incapable de visiter dans la foulée d’autres expositions. De fait, la découverte de l’œuvre absolument majeure de la Sicilienne a quelque chose de stupéfiant – au sens premier du terme: stupéfier, laisser sans réaction, sans voix. Face à ses clichés documentant les crimes sanglants de la mafia, et à ces visages qui expriment l’inexprimable, on est littéralement transpercé de douleur.
J’ai toujours cherché la vie, dit joliment le titre de l’exposition arlésienne, car en effet Letizia Battaglia a en marge de ses célèbres images mafieuses toujours souhaité «parler de vie, de beauté, de femmes, de [ses] petites filles. D’amour.» A peine arrivé à Arles, je suis allé la voir. Autant placer d’emblée la barre haut. Et direct derrière, il m’a fallu enchaîner. Coup sur coup, me voici immergé dans la jeune photographie australienne (On Country), emmené sur une route américaine de près de 4000 kilomètres reliant le sud de la Floride à la frontière canadienne (U.S. Route 1), hypnotisé par un New-Yorkais qui a combiné street photography américaine et photographie humaniste française (Le monde de Louis Stettner (1922-2016).
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Comment les taxes douanières affecteront la relation Suisse/Etats-Unis? Doit-on s’attendre à des turbulences passagères ou à une rupture historique de valeurs? Aurèle Cotton, du think tank Foraus, livre son analyse
«Il faut garder la tête froide et relativiser.» Au lendemain de la décision américaine de taxer les importations suisses à 39%, certaines voix appellent au calme et au pragmatisme. Aurèle Cotton est membre du comité de Foraus, laboratoire d’idées suisse spécialisé dans les questions de politique étrangère. Quelques mois après avoir cosigné et publié une analyse sur les défis qui attendaient la Suisse en cas d’élection de Donald Trump, il répond au Temps.
Le Temps: Les taxes douanières de 39% suscitent de fortes réactions en Suisse. Quel regard portez-vous sur la situation à J+1?
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L’artiste suisse Cornelia Hesse-Honegger a passé des décennies à sonder la campagne à la recherche de ses insectes favoris: les punaises. Certaines sont atteintes de malformations, qu’elle reproduit avec minutie, en dénonçant un lien – controversé – avec les centrales nucléaires
Est de la Suède, 30 juillet 1987. Une quarantenaire aux cheveux courts et blonds est assise sur un tabouret, courbée au-dessus d’une loupe binoculaire. Durant les jours précédents, elle a sillonné la campagne autour du village d’Osterfärnebo à la recherche d’hémiptères – ces insectes dits «à moitié ailés» car leur paire d’ailes antérieure est en partie renforcée par une épaisseur cornée, et en partie membraneuse. Les coccinelles et les cigales font partie de cet ensemble d’insectes plutôt discrets. Mais celles qui obnubilent l’artiste suisse Cornelia Hesse-Honegger, et à qui elle a consacré toute sa vie, ce sont les punaises, appelées aussi hétéroptères, de toutes espèces, formes et couleurs.
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Alors que certains voyaient la relève prendre le dessus, Katie Ledecky a prouvé samedi en remportant le titre mondial du 800 m nage libre – pour la septième fois – qu’elle n’était pas près de rendre sa couronne. Le Suisse Noè Ponti a frappé fort aux 100 m papillon
C’était l’une des courses les plus attendues de la semaine et elle n’a pas déçu les spectateurs du Sports Hub de Singapour. Bien au contraire. Impériale, l’Américaine Katie Ledecky a remporté, samedi, le titre mondial du 800 m nage libre pour la septième fois de son immense carrière au terme d’une bataille d’anthologie avec l’Australienne Lani Pallister et la Canadienne Summer McIntosh.
Alors que l’on s’était surtout concentré sur le duel entre les deux superstars de la natation, Ledecky, 28 ans, et McIntosh, de dix ans sa cadette, Pallister, en bronze mardi sur 1500 m, s’est invitée dans les débats de manière spectaculaire. «C’est vraiment incroyable. La finale était très rapide, Lani et Summer m’ont poussée jusqu’au bout», a réagi l’Américaine à la sortie du bassin dans son sourire habituel.
Au coude à coude jusqu’aux derniers mètres, les trois femmes étaient toutes sous les bases du record du monde pendant les deux tiers de la course, nageant de manière quasi synchronisée sous les acclamations du public. Au final, Ledecky, qui nageait entre ses deux challengers, s’est imposée en 8 min 05 sec 62, juste devant Pallister (8 min 05 sec 98). McIntosh a pris la médaille de bronze en 8 min 07 sec 29. Trois chronos stratosphériques.
«Je me souviens quand je m’étais fixé comme objectif de passer sous la barre des 8 min 10, a déclaré Ledecky. À l’époque, c’était un objectif complètement fou, et maintenant, voir trois nageuses passer sous cette barre dans une seule course, c’est génial, et c’était vraiment sympa d’en faire partie.»
Quadruple championne olympique de la distance, l’Américaine a mesuré le chemin parcouru depuis qu’elle a déboulé sur la scène internationale en remportant le 800 m des JO de Londres à seulement 15 ans. «C’est mon épreuve préférée. Même à l’entraînement, quand je fais des 800 mètres, je me dis ça. J’ai en quelque sorte cette règle fictive: je ne perds pas le 800 m.»
Mardi, l’Américaine avait déjà été sacrée championne du monde du 1500 m nage libre, pour la sixième fois (!), au terme d’une course particulièrement relevée. En avance sur son propre record du monde jusqu’aux deux tiers de la course, Ledecky s’est imposée en 15 min 26 sec 44, signant la cinquième meilleure performance de l’histoire sur la distance.
A 28 ans, l’Américaine aligne 23 titres mondiaux et 29 médailles. Soit plus que n’importe qui, y inclus Sarah Sjöström (21) et Michael Phelps (20). Au niveau olympique, la native de Washington est aussi l’athlète féminine la plus titrée de l’histoire des Jeux. «C’est bien connu, la natation possède une palanquée d’athlètes qui n’ont pas tenu la distance, ont souffert de ce sport parfois jouissif, souvent ingrat. Pendant toutes ces années, Katie Ledecky a nagé entre les dépressions et les burn-out pour se construire un palmarès long comme une coulée de Léon Marchand», s’enthousiasme Le Monde samedi.
A Singapour, le Tessinois Noè Ponti a confirmé son excellente forme samedi en remportant la médaille d’argent du 100 m papillon. Lundi, il sortait de la finale du 50 m papillon frustré après avoir été battu pour seulement 0''03 par Maxime Grousset – malgré un nouveau record national établi à 22''51. Samedi en revanche, il avait le sourire à l’issue de la course.
Sur 100m papillon, il est passé pour la première fois sous les 50 secondes (49''83). «Deux médailles d’argent, deux records de Suisse et un premier chrono sous les 50 secondes: c’est vraiment génial», a-t-il déclaré au micro de la RTS.
Du 5 au 10 août prochain, à La Chaux-de-Fonds, le plus grand festival suisse des arts de la rue fera le bonheur de près de 100 000 spectateurs. Son directeur artistique évoque les grandes mutations de ce rendez-vous
Un festival revu à la baisse pour correspondre aux nouvelles normes sur la rémunération des artistes. Un cachet garanti, en plus des recettes au chapeau. Une extension du festival sur les bords de la ville en raison d’une place du Marché envahie par les terrasses de café. Et des spectacles qui parlent de la folie ordinaire plutôt que de la guerre, car, «aujourd’hui, faire rire est la démarche la plus révolutionnaire». Comme à son habitude, Manu Moser ne mâche pas ses mots. Programmateur de La Plage des Six Pompes depuis 2000, celui qui, cet été, joue aussi 85 représentations des Misérables, en France, à l’enseigne de sa compagnie Les Batteurs de Pavés, connaît trop bien son domaine pour tergiverser. Pour lui, «la rue est toujours une immense aventure à ras du bitume».
Le Temps: Comme l’an dernier, vous avez décidé de payer 20% du cachet aux compagnies invitées avant leurs recettes au chapeau. Pourquoi ce choix?
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«Nous cherchons à comprendre où il y a eu un manque», a déclaré le conseiller fédéral Guy Parmelin à la RTS samedi après le «grand choc» causé par les surtaxes douanières de 39% imposées par les Etats-Unis. Notre suivi
Récit de la journée: Entre stupeur et partie de poker géante autour des droits de douane américains, un 1er Août pas comme les autres
Les réactions politiques: «Surpris», «déçu», le Conseil fédéral veut poursuivre la négociation
Notre éditorial: Le péché de confiance de la Suisse
Le secteur de la pharma: Pour l’heure épargnée par les droits de douane, la pharma suisse a deux mois pour baisser ses prix et satisfaire Donald Trump
Le secteur de l’horlogerie: Le prix des montres suisses va (encore) augmenter
Réactions internationales: Dans le monde, une cascade d’émotions après les injonctions douanières de Donald Trump
L’analyse: François Nordmann: «Face à Donald Trump, on est tout simplement dépourvu»
Un message qui tombe à plat: Washington «félicite le peuple suisse» à l’occasion du 1er Août
Des conséquences déjà concrètes avant cela:
Trump chamboule le commerce mondial, à commencer par les matières premières
Notre série historique: Les conflits économiques qui ont façonné l’histoire
La Série noire propose la version intégrale du roman de Maria Fagyas, Hongroise exilée aux Etats-Unis en 1937 pour fuir le nazisme
Un polar qui se passe à Budapest! Ce n’est pas courant. Et qu’il soit écrit par une Hongroise, le rend encore plus intéressant. Certes, quand elle rédige La Cinquième femme (publié en 1963), son unique polar et son premier roman en anglais, Maria Fagyas vit depuis plusieurs années aux Etats-Unis. Née en 1905 sur les bords du Danube, elle a quitté son pays en 1937 en compagnie de son mari pour fuir le nazisme. Elle n’a donc pas vécu les tristement célèbres événements qu’elle évoque. Mais ses sources sont de première main. Et ses souvenirs font le reste.
La Cinquième Femme a pour décor la révolution hongroise de 1956, un espoir fou de se libérer du joug communiste. Le roman commence le 27 octobre à 18h. Dans une ville encore en proie à l’euphorie, l’inspecteur Lajos Nemetz, se rend à son travail et observe avec une distance toute professionnelle quatre cadavres de femmes alignés «sur le trottoir devant la boulangerie à l’angle de Perc Köz». Elles ont, semble-t-il, été tuées par un blindé russe alors qu’elles faisaient la queue. Quand le policier repasse au même endroit à 22h50, c’est la stupeur! Le cadavre d’une cinquième femme a rejoint les quatre autres, et cette femme, le policier l’identifie sans hésiter.
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Après la saga Harry Bosch, Amazon propose une série axée sur l’un des autres personnages de Michael Connelly, Renée Ballard. Une femme cette fois, à poigne
C’est de nouveau un bureau des affaires classées, dans un sous-sol, comme dans la récente nouvelle adaptation du Département V de Jussi Adler-Olsen par une équipe anglaise. Cette fois, après les enquêtes d’Harry Bosch, Amazon propose celles de Renée Ballard, autre créature de l’écrivain à succès Michael Connelly. Traumatisée par une agression de la part d’un collègue – et une autre victime la rejoindra –, Renée est placée à la tête d’une nouvelle unité de cold cases. Peu dotée, l’unité, comme chez les Danois: la patronne est flanquée d’un adorable nounours comme adjoint, et de trois civils volontaires, bénévoles qui s’imaginent investigateurs.
Cette équipée devra faire preuve de solidité, car la première affaire, la principale de la saison, va les conduire à la pire des situations. C’est-à-dire de devoir faire face à un possible scandale au cœur même de la police; les recherches autour de victimes non identifiées amènent à découvrir une surprenante proximité de certains inspecteurs, ou agents de rue, avec un gang…
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REVUE DE PRESSE. Une campagne publicitaire de la marque American Eagle, incarnée par l’actrice Sydney Sweeney, a provoqué une polémique XXL aux Etats-Unis. Le camp progressiste dénonce le message, la droite de la droite applaudit «la fin des publicités woke»
Le visage de Sydney Sweeney est familier pour beaucoup des 342 millions d’Américains. Parce qu’elle est la populaire Cassie de la série Euphoria et la sarcastique Olivia dans la première saison de The White Lotus. Parce qu’elle a défrayé la chronique en dansant en bustier de cuir sur Sunset Boulevard dans un clip des Rolling Stones. Et parce qu’elle est actuellement l’une des égéries les plus demandées des marques de mode et produits de beauté. Miu Miu, Armani Beauty, HeyDude, Bai, Laneige: c’est bien simple, écrit le New York Times, elle est inescapable. Impossible de passer à côté. Encore moins depuis qu’elle a affolé la toile cet été en annonçant qu’elle allait vendre l’eau de son bain recyclée en savonnettes avec la marque Dr. Squatch.
Sachant cela, sa collaboration avec la marque de jeans Amercian Eagle ne présageait rien d’extraordinaire. Le passé est de mise, car quand les images sont sorties, surprise il y a eu. Et plus encore. La ligne conductrice des spots publicitaires s’articule autour de ce slogan: «Sydney Sweeney a de superbes jeans.» La marque a décidé de jouer sur le mot «jeans», qui se prononce en anglais comme le mot «gènes». Dans l’un des clips, retirés des réseaux sociaux, l’actrice, blonde aux yeux bleus, déclarait: «Les gènes se transmettent des parents à leurs enfants, déterminant souvent des traits comme la couleur des cheveux, la personnalité et même la couleur des yeux. Mes jeans sont bleus.» Dans une autre vidéo, elle est filmée en train de coller une affiche indiquant «Sydney Sweeney a de superbes gènes, des jeans.»
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A quelques kilomètres du continent chinois, Kinmen est l’une des petites îles rattachées au territoire taïwanais. Ses habitants ne veulent plus croire à la guerre alors que Pékin se montre plus menaçant. Sur l’île de Taïwan, on se prépare au pire sans céder à la panique. Reportage
Par la meurtrière du bunker surplombant la mer, même par temps de brume estivale, on distingue les tours de Xiamen. Avec des jumelles, un touriste chinois parvient à identifier son immeuble. «Là, plus à gauche, au-dessus du centre d’exposition international», indique-t-il à sa femme qui tient un bébé dans les bras. Un plan de la baie indique que la rive opposée est à 6000 mètres. Six kilomètres de mer qui séparent Xiamen sur le continent, régit par la République populaire de Chine, de cet îlot, ultime avant-poste de la République de Chine ou Taïwan. Alors que Mao Tsé-toung proclamait la victoire à Pékin le 1er octobre 1949, les combats entre troupes communistes et nationalistes feront rage ici, à Kinmen, jusqu’à l’été 1950. Les derniers spasmes de la guerre civile eurent lieu sur ces plages où s’élèvent encore des pieux de défense contre un débarquement.
Dans le fortin de Hujintou, transformé en musée, Yun et Cai écoutent attentivement les explications du guide à la «gloire du régiment de Lieyu» qui tua 300 soldats des forces ennemies et fit 252 prisonniers lors d’une bataille épique. «C’est la troisième fois que nous venons en week-end à Kinmen, racontent les deux étudiantes de Taipei. C’est important pour nous.» A une heure de vol de la capitale, ce petit territoire hébergeait une garnison de 100 000 hommes au plus fort des tensions du détroit de Taïwan, en 1954, 1955 et 1958. C’est l’intervention de la 7e flotte américaine qui préservera d’une invasion ce confetti qu’on appelait alors Quemoy. Ce fut un temps le point le plus chaud de la Guerre froide, Washington ayant envisagé l’option nucléaire pour stopper les troupes de Mao. «Mon grand-père a passé plusieurs années ici comme soldat», confie Yun. Le père de Cai a, de son côté, fait deux ans de service militaire sur ces îles autrefois infestées de serpents.
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Face à la concurrence, même si elle fait désormais partie d’un grand groupe, l’enseigne de meubles mise sur un rafraîchissement de ses magasins et un investissement renforcé dans l’e-commerce en Suisse, pour une offre complémentaire. Interview de son directeur
Interviewer le directeur de Conforama Suisse, c’est échanger dans un cadre un peu insolite: à une table «à vendre» du spacieux magasin de Meyrin (GE) de l’enseigne. Après en avoir retiré quelques éléments de décoration, bien entendu. Mais ce magasin, comme d’autres – Conforama en compte 20 en Suisse pour environ 850 collaborateurs – seront bientôt transformés.
C’est que depuis 2023, l’enseigne suisse est aux mains du géant XXXLutz, géant de l’ameublement dont le siège se trouve en Autriche. Un groupe qui s’est imposé en Suisse puisqu’il avait racheté auparavant notamment Pfister, Mömax ou encore Lipo. Un large portefeuille qui pourrait bien, selon un article de l’Agefi publié ce début d’année, lui avoir permis de dépasser Ikea sur le marché suisse.
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Pour l’historien romand, la séquence actuelle autour des droits de douane ouvre des questions importantes sur la Suisse, de sa posture diplomatique aux contradictions de sa droite, en passant par le dossier européen
Des taxes de 39%, un séisme et des secousses. Deux jours après l’annonce des droits de douane imposés par l’administration Trump aux importations suisses, l’historien Olivier Meuwly dresse un point de situation. La Suisse pourrait-elle changer fondamentalement son regard sur les Etats-Unis? La droite helvétique connaît-elle une dissonance cognitive? Spécialiste de l’histoire du libéralisme et des partis politiques et proche du PLR, l’intellectuel répond au Temps.
Le Temps: Dans l’histoire, quel a été globalement le sentiment de la Suisse à l’égard des Etats-Unis?
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La presse alémanique se passionne ce dimanche pour la discussion entre la présidente de la Confédération et son homologue américain. Apparemment, un accord prévoyant des droits de douane de 10% était sur la table du président des Etats-Unis
«J’ai trouvé la bonne façon de l’approcher, le bon ton.» Début juillet, la présidente de la Confédération, Karin Keller-Sutter, s’était montrée particulièrement confiante sur sa relation avec le président des Etats-Unis, Donald Trump. L’entretien accordé au SonntagsBlick dans lequel elle a fait cette déclaration figure même sur le site du Département fédéral des finances, qu’elle dirige. Ce n’est donc pas étonnant que l’appel téléphonique passé le jeudi 31 juillet entre la conseillère fédérale et le locataire de la Maison-Blanche passionne les médias, puisqu’il s’est soldé par des droits de douane de 39% sur les produits suisses. Karin Keller-Sutter aurait-elle péché par excès d’optimisme?
La SonntagsZeitung n’y va pas par quatre chemins: ce qui aurait dû être son chef-d’œuvre en tant que présidente de la Confédération est pour l’heure «son plus grand fiasco». Le SonntagsBlick se montre de son côté plus nuancé, s’interrogeant sur ce que la conseillère fédérale aurait pu faire face à un Donald Trump imprévisible. Tous deux s’intéressent en tout cas de près à ce fameux entretien téléphonique qui semble avoir scellé la funeste décision de Donald Trump dans ses relations commerciales avec la Suisse.
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Promettant des rémunérations attractives pour quelques heures de travail flexible, des plateformes recrutent discrètement en Suisse des étudiants pour entraîner de grands modèles de langage. Derrière cette apparente opportunité, des tâches redondantes et pas de prestations sociales
«Bonjour, je suis tombé sur votre profil LinkedIn et j’ai été impressionné par vos compétences, qui semblent correspondre parfaitement au travail que nous effectuons chez Outlier.» Voici le type de messages que reçoivent de nombreux étudiants suisses. Cahier des charges: relecture de prompts et autres tâches d’annotation de données pour des intelligences artificielles. Sur le papier, ces missions proposées ont de quoi séduire: jusqu’à 45 dollars de l’heure, activité à domicile et paiements hebdomadaires via un compte PayPal.
Derrière les grands modèles de langage (LLM) se cache un vaste écosystème de travailleurs de l’ombre. Ces petites mains sont indispensables pour entraîner les systèmes d’intelligence artificielle, en raffinant, triant et labellisant des jeux de données toujours plus massifs. Si la grande majorité de ces tâches est effectuée dans des pays du Sud global, pour des rémunérations dérisoires, la Suisse n’échappe pas au phénomène: ici aussi, certains contribuent à l’amélioration de ces logiciels.
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CHRONIQUE. Les touristes sont souvent persuadés que leur argent contribue au développement de contrées moins bien loties que les leurs. Et certains exigent en retour des faveurs, au risque de heurter les locaux. Et si les bénéficiaires de ces dépenses n’étaient pas ceux que l’on croit?
«Mon argent a construit votre pays», lance une influenceuse israélienne aux longues tresses brunes, lunettes de soleil vissées sur le crâne, au personnel d’un café de la très touristique île de Koh Phangan en Thaïlande, le 5 mai dernier. Le motif de cette remarque désobligeante? La tenancière avait demandé à Kesem Cohen de retirer ses souliers avant de pénétrer à l’intérieur de l’établissement, une pratique commune dans cette culture asiatique. D’abord postée sur le groupe Facebook d’une communauté locale, la vidéo de quinze secondes devient virale et choque autant en Asie qu’à l’autre bout du monde.
Pour se dédouaner, la jeune femme réagit dans un post Instagram depuis supprimé. D’après le journal britannique International Business Times, l’influenceuse estimait que les propos avaient été «sortis de leur contexte». «J’avais l’intention de dire que le tourisme israélien contribue positivement à l’économie thaïlandaise.» Kesem Cohen a également affirmé avoir subi une «agression verbale et physique», et que la personne qui l’avait filmée n’était pas un membre du personnel, mais un autre client du café. Elle ajoutait aussi que les tenanciers l’auraient autorisée à porter des chaussures en raison d’une blessure au pied.
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A travers toute la Suisse, des collectifs s’organisent pour exprimer leur soutien à la population palestinienne. C’est notamment le cas dans le Jura, où un groupement manifeste chaque semaine pour apporter sa contribution à un mouvement global
Depuis quelques semaines, le rendez-vous est devenu rituel à Delémont. Chaque vendredi soir, sur les coups de 17h30, un petit attroupement se forme sur la place de la Gare, paré de keffiehs et de drapeaux palestiniens. Il répond à l’appel du collectif citoyen Jura-Palestine, constitué le 9 mai dernier pour exprimer sa solidarité envers la population de la bande de Gaza. Sa première action? Une manifestation réunissant 150 personnes dans les jardins du château de Delémont, le 15 mai, à l’occasion de l’anniversaire de la Nakba de 1948, date qui marque l’expulsion d’environ 800 000 Palestiniens de leurs terres après la proclamation de l’Etat d’Israël. Le collectif suivi par 130 personnes sur WhatsApp se réunit depuis régulièrement, à l’instar d’autres groupes de solidarité en Suisse et partout dans le monde.
Parmi ses membres, Christian Frund et Jérémy Boegli, que l’on rencontre dans un café de Saignelégier. Le premier est assistant social retraité et a siégé un temps à l’exécutif de Lajoux. Le second s’apprête à commencer des études, également dans le domaine social, à Fribourg: «Pendant toute ma scolarité, on m’a parlé de la Seconde Guerre mondiale. Dans notre classe, nous n’avons jamais compris pourquoi les gens n’avaient pas réagi aux massacres nazis. Et pourtant, quand la violence se déchaîne sous nos yeux, on voit qu’il faut attendre longtemps pour que quelque chose bouge. Ça m’a donné envie de m’engager.»
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Parmi les grandes rétrospectives des 56es Rencontres de la photographie, celles consacrées à l’Italienne Letizia Battaglia et à l’Américain Louis Stettner mettent magnifiquement en valeur deux œuvres majeures du XXe siècle
Quelle est l’image la plus forte de la rétrospective que consacrent les Rencontres de la photographie d’Arles à la Sicilienne Letizia Battaglia (1935-2022), qui, si elle est avant tout connue pour ses images documentant les crimes commis par la Mafia dans les années 1980-1990, aura posé de manière plus large son regard de photojournaliste sur d’autres pans de la société italienne? Pour faire un pas de côté, on pourrait retenir ce tirage petit format montrant les spectateurs d’une course de chevaux, en 1981 à Misilmeri, dans la province de sa ville natale de Palerme.
Des hommes et des enfants – aucune femme, si ce n’est sur des balcons, minuscules au troisième plan – sont agglutinés pour voir la compétition. Au premier pan, un cheval gît sur le sol, en partie hors-cadre. On ne voit que sa croupe et ses pattes arrière. Il est blessé et sera bientôt abattu. A l’exception de Battaglia derrière son objectif, personne ne le regarde, personne n’a de compassion pour cet animal victime innocente de joutes humaines. Tout le travail de l’Italienne est ici résumé: elle n’aura de cesse de regarder là où la majorité ne regarde pas. Par exemple, lorsque à la fin des années 1970 elle photographiera les patients d’un hôpital psychiatrique, poussant son engagement humaniste jusqu’à y animer des ateliers de théâtre.
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La 58e edition du festival provencal propose cette année une plongée dans la photographie classique et moderne jusqu'au 5 octobre. Morceaux choisis
Deuil d’un animal de compagnie, reconversion professionnelle, parentalité, passage à l’âge adulte: les cérémonies laïques se multiplient pour donner du sens aux moments clés d’une existence. Des rituels qui reflètent une quête contemporaine de repères
Quand Miminsky, malade et âgée, est morte, toute la famille s’est réunie dans le jardin pour lui rendre un dernier hommage. Chaque membre a évoqué un souvenir partagé avec la chatte. «On a mis ses cendres dans une jolie boîte, allumé une bougie et acheté une figurine de chat qui lui ressemblait», explique Natacha De Santignac. Pour cette cérémonie un peu improvisée, l’habitante d’Aigle avait aussi invité ses voisins qui gardaient de temps en temps l’animal. Natacha, qui est également célébrante de cérémonie laïque, a organisé ces funérailles pour les membres de sa famille. «J’ai senti qu’ils en avaient besoin pour dire au revoir à Miminsky. Mon conjoint a été très affecté par son départ. Cette cérémonie lui a fait du bien.»
Les rites laïcs ne se limitent plus aux mariages, naissances ou décès. De plus en plus de personnes choisissent de créer des cérémonies sur mesure, hors du cadre religieux ou administratif, pour symboliser une transformation intime ou un changement de vie. Ces moments sont ritualisés par des gestes symboliques et en présence de proches.
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CHRONIQUE. Imposer les successions et les donations dépassant les 50 millions de francs afin de protéger le climat est un leurre. Pire, cela fragiliserait l’attractivité de la Suisse et les entreprises familiales. Heureusement, il existe une meilleure stratégie pour atteindre l’objectif «net zéro»
Le 30 novembre prochain, le peuple suisse sera amené à se prononcer sur l’initiative «Pour une politique climatique sociale financée de manière juste fiscalement (initiative pour l’avenir)» lancée par la Jeunesse socialiste (Juso).
D’une part, ce texte demande l’introduction d’un impôt fédéral au taux de 50% sur les successions et les donations supérieures à 50 millions de francs. D’autre part, il veut que le produit de ce nouvel impôt soit utilisé pour «lutter contre la crise climatique de manière socialement juste et pour permettre la transformation de l’ensemble de l’économie».
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Une nouvelle bagarre impliquant une centaine de personnes de deux groupes ultras rivaux du club genevois a éclaté samedi soir en pleine ville, sans lien avec la défaite de l’équipe et les mauvais résultats sportifs. En cause: un espace à conquérir ou à défendre
Quatre matchs, trois défaites, deux expulsions, des buts casquettes et un collectif en perdition: Servette va mal en ce début de saison, et l’entraîneur Thomas Häberli pourrait bien en subir les conséquences, alors que les Grenat reçoivent Utrecht jeudi soir pour continuer d’espérer jouer une coupe européenne cette année. Les autogoals sont venus des tribunes, où des supporters genevois se battent entre eux. Depuis huit jours, et une bagarre avant de monter dans le train pour aller voir un match à Berne le 27 juillet, le conflit larvé entre deux groupes «ultras», la Section Grenat (SG) et Les Plus Malins (LPM), a éclaté au grand jour.
Samedi soir, après une nouvelle défaite contre Saint-Gall (1-4), un violent affrontement entre membres de ces deux groupes a impliqué une centaine de personnes (pas toutes actives), dans une section en travaux de la rue de Carouge, dans le quartier de Plainpalais à Genève. Plusieurs vidéos d’habitants et de «spectateurs» montrent une bagarre générale sur une sorte de pont de chantier reliant les deux côtés d’une tranchée. Les participants portaient tous des vestes noires à capuche mais leur appartenance aux deux groupes ne fait aucun doute. Pas de blessé selon la police, mais le dégât d’image est catastrophique. Cet incident ternit un peu plus la réputation du football, alors que l’Euro féminin vient de démontrer durant quatre semaines en Suisse que la violence autour des matchs n’était pas obligatoirement une fatalité statistique.
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