Fisc, armes, sexe et drogue : que sait-on des accusations visant Hunter Biden, fils du président américain ? – Libération ✍Highlight–2024:11:01:09:47:29
A quelques jours des midterms, l’affaire Hunter Biden, serpent de mer de la vie politique américaine depuis deux ans et indémêlable sac de nœuds, ressurgit dans l’actualité. Un rapport d’une organisation conservatrice américaine appelée Marco Polo relance la polémique sur les agissements du fils du président des Etats-Unis, révélés dans une fuite de données informatiques en 2020, et qui agite les républicains depuis. Contrairement à ce qu’affirment certains, dont l’auteur du rapport, la plupart des faits recensés n’ont rien d’exclusif, mais le pavé de plus de 600 pages remet au goût du jour les accusations diverses : recours à la prostitution, pornographie, usage de drogues et fraude fiscale. Ce dernier point étant par ailleurs au cœur d’une enquête qui pourrait valoir des poursuites au fils du Président.
L’origine de l’affaire est des plus rocambolesques. Selon le camp républicain, tout partirait d’un réparateur d’ordinateurs du Delaware, Mac Isaac. L’homme, qui se trouve être un pro-Trump revendiqué (il participera d’ailleurs à des meetings après la médiatisation de l’histoire), a pour particularité d’être presque aveugle. D’après sa version des faits, une personne (qu’il dit ne pouvoir formellement identifier, à cause de ses problèmes de vision) lui aurait amené un ordinateur − qu’il identifiera plus tard comme appartenant à Hunter Biden − sans venir le récupérer ensuite, ce qui d’après la loi de cet Etat lui permet légalement de disposer de l’appareil. D’après l’enquête du New York Magazine, cette version serait contestée par les avocats de Hunter Biden, mais l’enquête (privée, une pratique courante aux Etats-Unis) de ces derniers est toujours en cours.
Après avoir inspecté les centaines de gigaoctets d’informations contenues dans l’ordinateur, Mac Isaac découvre des déclarations fiscales ainsi que moult images qui vont de souvenirs intimes (les derniers instants du frère de Hunter Biden, Beau, mort d’un cancer) à des contenus pornographiques amateurs impliquant Hunter, sans oublier des vidéos où ce dernier consomme différents psychotropes. Le réparateur contacte d’abord le FBI, avant de finalement joindre Robert Costello, l’avocat de Rudy Giuliani (déjà impliqué dans les pressions infligées au gouvernement ukrainien pour ouvrir une enquête sur Hunter et Joe Biden durant la campagne présidentielle), lui-même avocat de Donald Trump, alors président des Etats-Unis et candidat à sa réélection. Giuliani transmet ensuite le leak à Steve Bannon, ex-conseiller de Donald Trump et maître à penser de l’extrême droite américaine et mondiale. C’est ce dernier qui contacte différents médias conservateurs pour leur transmettre le contenu du disque.
Prudence des médias
Le parcours de ces fichiers (dont la traçabilité reste encore impossible à établir) et la difficulté à prouver l’authenticité de leur contenu (ils ont a minima été réordonnés) ont largement contribué à la méfiance des médias et des plateformes dans un premier temps. Une frilosité également liée aux profils troubles des sources à l’origine de l’affaire, de l’avocat de Trump à Steve Bannon, et au contexte nébuleux qui entoure encore aujourd’hui les circonstances dans lesquelles l’ordinateur de Hunter Biden s’est retrouvé «oublié» chez un réparateur informatique du Delaware aveugle et ardent supporteur de Trump.
Cette prudence des médias a été louée par certains : pour eux, c’est la preuve que des enseignements ont été tirés de la peu reluisante affaire John Podesta, quatre ans plus tôt. Le chargé de la campagne électorale de Hillary Clinton avait vu ses mails piratés. Et l’exploitation sauvage de ces contenus, sans souci d’authentification, avait nourri des théories conspirationnistes. A l’inverse, le camp républicain a volontiers assimilé ces réserves à de la censure politique. Certains rares médias se sont malgré tout emparés de l’affaire. Les premiers articles sont ainsi publiés par le New York Post, tabloïd conservateur américain, en octobre 2020, dans la dernière ligne droite de la campagne présidentielle, une quinzaine de jours avant le scrutin. Le titre de presse accuse le candidat démocrate d’être impliqué dans les affaires de son fils en Ukraine, en lien avec la société gazière Burisma. Le premier article est intitulé «Un mail révèle comment Hunter Biden a présenté un homme d’affaires ukrainien à son père», et se fonde intégralement sur des informations extraites de l’ordinateur de Hunter Biden. A l’époque, la diffusion de l’article du New York Post est entravée par Twitter et Facebook.
Il a fallu attendre plus d’un an pour que des grands titres (comme le Washington Post en mars 2022) s’intéressent aux données de Hunter Biden et réussissent à authentifier au moins une partie des mails, dont celui sur lequel se fondait le New York Post dans son premier article. Le New York Times, le Washington Post et le New York Magazine se penchent sérieusement sur l’affaire en 2022 avec de plus amples enquêtes, et l’avancée de la procédure judiciaire qui pourrait viser Hunter Biden. Car le leak informatique croise − et vient possiblement nourrir − une enquête, lancée préalablement par la justice américaine. Cette dernière aurait commencé en 2018, d’après les informations du Washington Post. Les enquêteurs se seraient d’abord intéressé aux finances de Hunter, en lien avec ses activités d’avocat et de lobbyiste, en Asie et en Europe. Depuis, les enquêteurs se concentreraient sur deux aspects : ses déclarations de revenus, et sur la question de savoir s’il a menti lors d’un achat d’arme à feu en 2018 (qui implique de déclarer ne pas consommer de drogue, alors que Hunter concède lui-même dans son livre avoir été addict au crack cette année-là). Néanmoins, la justice américaine n’a, à ce jour, pas encore décidé si elle allait engager des poursuites. Et le Washington Post n’a pas réussi à établir si le contenu de l’ordinateur était utilisé dans le cadre de l’enquête.
Deux affaires distinctes
Le «rapport» de Marco Polo, écrit par Garrett Ziegler, un ancien collaborateur de Trump à la Maison Blanche, âgé de 26 ans, vient donc relancer l’affaire ces jours-ci. Il n’est pourtant qu’un simple commentaire très détaillé du leak assorti d’annotations graveleuses, autant sur la morale que sur les implications légales de l’affaire, souvent exagérées. Le site de Garrett Ziegler a mis en ligne les mails de Biden sur une plateforme agrémentée d’un moteur de recherche. CheckNews n’a pas été en mesure d’authentifier l’entièreté de la base de données. On retrouve toutefois les mails authentifiés par d’autres médias. Aucun des éléments contenus dans son rapport n’apparaît vraiment «exclusif», comme il le prétend.
Le passé d’addict au crack de Hunter Biden, avec en toile de fond le deuil difficile de son frère terrassé par un cancer, était connu, assumé par l’intéressé et par son père, qui ne cherchait pas à éviter le sujet. La plupart des éléments brandis par les tabloïds et les républicains sont d’ailleurs en partie focalisés sur des aspects plus moraux que légaux, notamment les images pornographiques de Hunter ou encore sa liaison avec la veuve de son frère - sur laquelle ce dernier ainsi que son ex-femme se sont tous les deux exprimés. Du propre aveu du réparateur d’ordinateur à l’origine de la fuite, qui a réagi auprès du New York Magazine, toute une partie des accusations comme celle de pédopornographie sont fausses.
Une des principales obsessions des républicains est de chercher à lier le président démocrate aux démêlés judiciaires de son fils. Joe Biden, pourtant, n’est à ce stade nullement concerné. Pour accuser ce dernier, ils se fondent sur des éléments extirpés de l’ordinateur de Hunter Biden pour deux affaires distinctes.
La première concerne donc Burisma, la compagnie gazière ukrainienne avec laquelle Hunter Biden a travaillé. Dans un mail daté d’avril 2015 - quand Joe Biden était vice-président -, que CheckNews a pu consulter, et que différents titres américains ont authentifié, un dirigeant de la société, Vadym Pozharskyi, remercie Hunter Biden pour une invitation à Washington et pour lui avoir «donné une opportunité de rencontrer [son] père et de passer du temps ensemble». Ce qui ne suffit pas à impliquer qu’un entretien ait eu lieu. En 2020, la campagne de Biden avait d’ailleurs rétorqué que cette rencontre était contredite par l’agenda officiel.
La seconde affaire concerne les activités de Hunter Biden en Chine. C’est un simple mail, envoyé à ce dernier, qui mentionne une rétribution de 10 millions «gardé[e] par H pour le big guy [sic]», qui serait Joe Biden (alors un simple citoyen, l’intéressé n’étant plus vice-président) d’après ceux qui l’accusent. Rien de plus ne corrobore cette histoire. D’après le New York Magazine, ce partenariat financier n’a finalement pas abouti.
Top 10 des chaînes de télé classées de la plus à gauche à la plus à droite ✍Highlight–2024:10:30:17:53:00
ARTE
Clairement de gauche, voire même d’extrême gauche. Beaucoup de films et documentaires engagés et antilibéraux, un fonctionnement très particulier et un lien viscéral avec l’Allemagne.
On imagine totalement Jean-Luc Mélenchon en col roulé en train de regarder Tracks.
FRANCE 3 / FRANCE 5
La branche (mdr) écologiste/socialiste du PAF. Des émissions sur le jardinage, sur les plus beaux villages de France, sur les moulins à eaux du Limousin ou la fabrication du pain dans la Creuse. Et des journaux déclinés par régions pour être proche du peuple. Bref, ça mange des graines en faisant du vélo le long du Canal tout en soutenant les petits artisans.
FRANCE 2
Plus modéré que sa filiation, France 2 garde quand même une petite couleur politique un peu rose. Telle la légende Elise Lucet qui se bat contre le grand capital, France 2 est encore une chaine assez engagée socialement.
Et là, vous allez me dire qu’on peut être engagé socialement et de droite. C’est vrai, mais c’est mon top je fais ce que je veux. Je sort donc la carte stat : selon le journal Marianne « le JT de France 2 capte 51 % d’électeurs de gauche ». Si c’est pas une preuve ça …
CANAL+
Canal, c’est ton Tonton.
Quand il était jeune, il était d’extrême gauche, voire anarchiste (Groland, les Nuls, De Caunes, le porno et la drogue partout) mais plus il vieillit, plus il devient de droite voire un peu réac. Et alors, je ne sais pas si c’est lié mais il devient aussi de plus en chiant et plus personne ne l’écoute.
Dommage, il était grave cool Tonton.
NRJ12
NRJ12 a le droit de vote mais ne comprend rien à la politique donc NRJ12 ne vote pas.
Enfin si, pour que Kevin quitte la villa. Mais pas plus.
TMC
TMC n’est pas vraiment de gauche et pas vraiment de droite. C’est un peu le Francois Bayrou de la télé, ça fait des années que c’est là et on a fini par s’habituer. Alors ok « Quotidien » a été un peu hype quelques temps (comme François Bayrou finalement) mais sans plus non plus.
Et puis on a fini par ne plus rien en avoir à foutre. Comme François Bayrou.
M6
M6 penche un peu à droite avec son côté « En Marche ».
Alors c’est pas uniquement à cause de Pékin Express (Pékin Express, en marche ? vous l’avez ? C’est excellent bordel, augmentez moi Topito) mais sur toute la chaine, y’a un petit côté startup Linkedin sympathique mais parfois légèrement pénible. On imagine Plaza au ministère du logement, Lemarchand à l’agriculture et Rotenberg porte parole du président sans aucune difficultés.
Quand à Philou Etchebest, il fera des cordons bleus. Tout est prévu.
TF1
Ca n’est une surprise pour personne et c’est presque assumé, TF1 penche à droite. Grosse vibe RPR-Chirac-Fillon-Sarko pour la plus grosse chaine d’Europe. Longtemps symbolisé par le JT de Pernaut, TF1 est très conservatrice, populiste et prône le succès et la réussite (big up Claude).
Si tout cela à longtemps été vrai, il faut reconnaitre que depuis quelques années, la chaine s’aseptise pas mal et tend à l’ouverture. Après, de gauche comme de droite soyons tous unis contre l’émission de Canteloup. Par pitié.
FMTV
BFMTV est (très) de droite et elle veut que tout le monde le sache.
BFMTV est au PMU depuis 8 heures du matin, elle à déjà 5 pastis dans le nez et commence à dire « t’facon c’est tous des pourris« . BFMTV n’aime pas trop l’immigration « même si j’en connais des sympas hein attention, tiens ressers moi un pastis Thierry ». BFMTV parle trop fort, articule pas trop et pense que le mariage pour tous « c’est pas forcément une bonne idée« .
Bref, BFMTV est un chasseur.
CNews
Imagine, une chaine de télé à régulièrement Pascal Praud, Eric Zemmour, Marion Maréchal Le Pen, Jean Messiha, Florian Phillipot, Charlotte d’Ornellas, Jordan Bardella ou Ivan Rioufol en chroniqueurs/présentateurs ?
Non, je rigole.
Mais imagine quand même.
Et ainsi se conclut notre classement. Oui y’a des chaines qu’on a oublié type C8 ou TFX mais on ne peut pas tout mettre. Etes vous plutôt d’accord avec ce classement ? Avez vous envie de soulever notre arbre généalogique ? Etes vous fans de François Bayrou ?
Comment créer son clone vocal avec Resemble AI ? ✍Highlight–2024:10:30:09:58:40
Clonage, text-to-speech, speech-to-speech… Resemble AI offre des applications avancées pour de nombreux cas d'usage.
Après le textuel, c'est un domaine de l'IA en hypercroissance. D'OpenAI en passant par Google, Meta ou AWS, les produits de création de voix synthétiques par IA constituent l'ébauche d'un nouveau marché. Plusieurs start-up tentent également de se lancer dans le secteur. Text-to-speech, speech-to-speech… Resemble AI, la solution la plus populaire aux côtés de ElevenLabs, propose une panoplie de services dédiés à la voix. Le plus novateur d'entre tous : le clonage vocal. Avec moins d'une minute d'enregistrement, l'IA de Resemble AI parvient à reproduire avec une grande fidélité les principales caractéristiques d'une voix.
Des géants américains déjà clients
La technologie de clonage vocal de Resemble AI, annoncée en avril dernier, repose sur une savante orchestration d'IA. Le système peut traiter (dans sa version rapide) un enregistrement de 10 secondes à 1 minute en capturant les nuances de la voix, y compris les accents et les intonations. L'IA de Resemble permet de créer des voix synthétiques reproduisant fidèlement les subtilités de l'original, surpassant - selon la start-up - d'autres modèles de pointe en termes d'accent.
L'entreprise collabore déjà avec les géants du divertissements Netflix, Paramount ou encore Universal. Les cas d'usage actuellement déployés par l'entreprise incluent la création de dialogues pour les jeux vidéo, la production de publicités audio personnalisées, la réalisation de voix off et de doublages pour le cinéma et la télévision ou encore le développement d'assistants vocaux pour des services clients.
Un clone vocal en une minute
Resemble AI propose par défaut deux modes pour créer son clone : Professional Voice Clone et Rapid Voice Clone, tous deux uniquement en anglais. Le mode Professional prend environ une heure pour créer une voix et supporte tous les accents. Il nécessite un enregistrement web ou l'upload d'un fichier audio. Le Rapid Voice Clone, plus récent, génère une voix en une minute et couvre la majorité des accents anglais (sauf exception). Pour du testing, il est recommandé de commencer par le Rapid Voice Clone avant d'utiliser Professional Voice Clone en production.
Dans le cadre de ce test, nous utiliserons le mode Rapid. L'interface de configuration du clone est très intuitive. Pour la génération du clone, Resemble exige l'upload d'un fichier audio où vous seul parlez ou l'enregistrement natif sur le web de trois séquences audios.
Comme annoncé par Resemble, le processus de génération du clone ne prend que quelques minutes. Vous disposez ensuite d'un double numérique de votre voix capable de lire, comme vous, chaque texte qui lui est soumis. Notre clone vocal est véritablement convainquant et reproduit déjà à la perfection l'accent local français. Attention toutefois, veillez à enregistrer votre voix dans un environnement calme et avec un microphone de bonne qualité. Meilleur est l'enregistrement initial, plus fidèle sera le clone numérique.
Ce véritable double numérique de voix peut ensuite être utilisé à souhait sur Resemble pour du text-to-speech ou du speech-to-speech (un assistant vocal qui répond en direct, avec votre voix). La génération de l'audio ne prend que quelques millisecondes.
Trois formules, un pricing attractif
Resemble AI fonctionne sur abonnement. Il est indispensable de disposer d'une formule active pour utiliser la fonctionnalité de clonage de la voix. L'offre de base, Creator, est conçue pour les créateurs individuels à 29 dollars par mois. Elle offre 10 000 secondes gratuites (plus de 2 heures), 5 clones vocaux rapides et 1 clone pro. Pour les projets plus lourds, le plan Professional à 99 dollars par mois augmente considérablement les capacités avec 80 000 secondes (plus de 22 heures) gratuites et 25 de clones vocaux rapides et 3 clones pro.
Les grandes entreprises peuvent opter pour l'offre Business à 499 dollars mensuels, qui inclut un accès à l'API, 320 000 secondes (plus de 88 heures) gratuites, 500 clones rapides et 10 clones pro. Enfin, pour les besoins sur mesure à grande échelle, Resemble propose une offre Enterprise avec un support dédié.
Un service orienté business mais des limitations en France
Que ce soit pour la production de podcasts, la création de voix off personnalisées, ou le développement d'assistants vocaux intelligents, la technologie de Resemble AI ouvre un vaste champ de possibilités. L'option de déploiement on-premise ajoute une couche de flexibilité appréciable pour les secteurs sensibles. Resemble dispose également d'un service de détection de ses clones vocaux pour détecter les éventuels deepfakes. Un vrai plus sécuritaire.
Toutefois, l'utilisation de Resemble AI et du clonage reste très limité au sein de l'Hexagone. L'usage exclusif de l'anglais limite son usage aux grandes entreprises et les groupes ayant une présence européenne ou mondiale. En revanche, il n'est pas inintéressant de procéder dès à présenter au testing de l'outil en anticipation d'un éventuel support futur du français.
Grok-2, l'IA d'Elon Musk… qu'il ne faut surtout pas utiliser en entreprise ✍Highlight–2024:10:30:09:57:22
Lancé en aout 2024, Grok-2 culmine en tête du classement de la Chatbot Arena. Que vaut pour autant le modèle de xAI dans le cadre d'une utilisation en entreprise ? On vous explique.
C'est une IA dont Elon Musk affirme qu'elle est totalement libre et dénuée d'idéologie. Publié en aout 2024 par xAI, la branche dédiée à l'intelligence artificielle de X (jadis Twitter), Grok-2 se veut un modèle polyvalent capable de répondre à une grande variété de requêtes. Les équipes de xAI affirment que le modèle est à l'état de l'art en raisonnement, et surperformerait Claude 3.5 Sonnet et GPT-4 Turbo. Qu'en est-il vraiment ? Grok-2 peut-il être utilisé en entreprise ? Le JDN fait le point sur ce modèle d'un nouveau genre.
Pas un, mais deux modèles
Grok-2 est en réalité une famille composée de deux principaux modèles : Grok-2 et Grok-2 mini. Le premier, le plus capable des deux, est pensé pour les tâches nécessitant un raisonnement avancé ou pour des requêtes complexes. Le second, Grok-2 mini, est taillé pour la rapidité. Les deux modèles disposent de capacités multimodales en vision. Ils sont capables d'analyser des images. D'un point de vue technique, xAI reste véritablement opaque sur le type d'architecture, les données d'entraînement utilisées ou encore le nombre de paramètres des deux modèles.
Les quelques informations publiées au sujet de Grok-1, la première version du modèle, laissent à penser qu'il s'agit très probablement d'un modèle Transformer autoregressif. Jadis, xAI évoquait des données issues du web pour entrainer Grok-1. L'approche avec Grok-2 doit être peu ou prou la même. Les chercheurs de l'entreprise ont très probablement utilisé des données directement issues de X (Twitter) pour former le modèle. Le réseau social a, en effet, changé sa politique de conservation de données pour autoriser l'utilisation à des fins d'entraînement pour des systèmes d'IA. L'arrivée de la multimodalité suggère également un entraînement sur un vaste dataset d'images en tous genre.
Un modèle équilibré dans les benchmarks
Dans les benchmarks, Grok-2 affiche de très (trop ?) belles performances. Sur le benchmark MMLU évaluant les connaissances générales, Grok-2 obtient 87,5%, surpassant légèrement GPT-4 Turbo (86,5%) et Gemini Pro 1.5 (85,9%), mais restant juste derrière GPT-4o (88,7%) et Claude 3.5 Sonnet (88,3%). Pour les tâches mathématiques complexes (benchmark MATH), Grok-2 atteint 76,1%, dépassant nettement Gemini Pro 1.5 (67,7%) et Claude 3 Opus (60,1%), et se rapprochant de GPT-4o (76,6%). Enfin pour les tâches d'analyse d'images, Grok-2 excelle particulièrement sur MathVista avec 69,0%, surpassant GPT-4o (63,8%), Claude 3.5 Sonnet (67,7%), et Gemini Pro 1.5 (63,9%).
Des performances au coude-à-coude donc avec les meilleurs modèles du marché, qui font craindre à certains de nos interlocuteurs une sur-optimisation du modèle pour certains benchmarks. Grok-2 mini affiche de son côté des performances plus basses mais encore raisonnables.
Des performances dignes d'un LLM milieu de gamme
Grok-2 apporte-t-il une véritable évolution dans le monde du LLM multimodal ? Nos tests démontrent des résultats de qualité moyenne.
En génération de texte, en français, le modèle de xAI produit une prose assez fade, très factuelle, avec un langage peu diversifié, loin de GPT-4o, Gemini 1.5 ou encore de Claude 3.5 Sonnet.
© Prompt : Génère un article de 1 000 mots en français avec l'angle : “Les 10 tendances dans l'IA en 2025”
En résumé de texte, Grok-2 se montre légèrement plus efficace qu'en génération. Ses résumés sont de bonne facture et condensent les principales informations de la source originale. Il est fort probable que le modèle ait été spécialement optimisé pour cette tâche précise, étant donné qu'il s'agit de sa fonction principale sur la plateforme X (anciennement Twitter). Cette spécialisation expliquerait ses performances particulièrement élevées dans ce domaine.
Prompt : résume cet article de recherche. – Capture d'écran / JDN © Capture d'écran / JDN
En génération de code, Grok-2 pèche encore. Le modèle parvient à fournir une première base propre mais largement perfectible. Le modèle ne surpasse pas GPT-4o, Claude 3.5 ou Gemini 1.5 en programmation. L'optimisation globale est à revoir tout comme la robustesse générale du code.
Le problème avec Grok-2
L'origine de Grok est également sa plus grande faiblesse. Lancé à l'origine par xAI, sous l'impulsion d'Elon Musk, Grok-2 devait apporter une réponse aux modèles d'IA trop bridés pour exprimer des opinions impopulaires ou non consensuelles. Bien que le modèle jouisse actuellement d'une liberté d'expression quasi illimitée, cette caractéristique présente un inconvénient majeur : l'absence presque totale de garde-fous. Grok-2 répond à toutes les questions, jusqu'aux plus problématiques. Nous avons par exemple pu lui faire générer le texte d'un potentiel courriel d'hameçonnage sans contourner aucune mesure de sécurité. Cette absence de garde-fous pose un problème majeur pour les entreprises qui souhaiteraient utiliser Grok-2. Un modèle sans restrictions éthiques pourrait potentiellement générer du contenu inapproprié, offensant ou même illégal, exposant la société à des risques juridiques et réputationnels.
Par ailleurs, le manque de transparence concernant les principales caractéristiques du modèle et le dataset utilisé pour son entraînement est particulièrement problématique. Contrairement à d'autres acteurs comme OpenAI, qui fournissent au moins quelques informations sur leurs modèles, xAI reste très opaque.
Pour le moment, Grok-2 est disponible sur la plateforme X (Twitter) avec un abonnement Premium à 8 dollars par mois. xAI prévoit également de le rendre accessible prochainement via son API pour développeurs. Toutefois, l'utilisation de Grok-2 dans un cadre professionnel est fortement déconseillée à l'heure actuelle. Ses performances techniques face à la concurrence et ses lacunes en matière de sécurité et d'éthique en font un choix trop risqué.
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Comment une chaîne devient-elle de gauche ou de droite ? | la revue des médias
Comment une chaîne devient-elle de gauche ou de droite ? | la revue des médias ✍Highlight–2024:10:30:17:56:26
INFOGRAPHIES. D’où viennent les biais politiques des chaînes de télévision ou des stations de radio ? Est-ce qu’ils s’expliquent par l’influence des journalistes ou bien celle des propriétaires des médias ? Une équipe de chercheurs apporte un éclairage sur ces questions en s’appuyant sur les données de l’INA.
France Culture et CNews ont au moins un point commun : elles sont toutes deux polarisées, chacune donnant davantage la parole à un camp politique en particulier. Ainsi, France Culture privilégie les personnalités liées aux partis de la gauche française (gauche, gauche radicale, Verts) —elle leur accorde plus de 60 % du temps de parole politique. CNews donne, elle, plus de temps de parole aux invités issus de la droite hexagonale et des centristes que ses concurrentes — plus de la moitié.
Ces observations proviennent de la thèse menée par Moritz Hengel, encadrée par Julia Cagé (Sciences Po Paris et le Center for Economic Policy Research) et Nicolas Hervé (responsable du service de la Recherche INA), à laquelle a également participé Camille Urvoy (université de Mannheim), présentée en septembre 2023. Leur sujet : l’étude des inclinations politiques des chaînes de télévision et de radio en France entre 2002 et 2020. Soit 14 chaînes de télévision et huit stations de radio (généralistes et d’information), six millions d’émissions et environ 25 000 journalistes ou présentateurs passés à la loupe. En croisant la liste des plus de 260 000 invités recensés dans les notices des programmes de l’INA et leurs éventuels engagements politiques (candidatures électorales, appartenances à un groupe politique, prises de position publiques, participations à des groupes de réflexion…), une moyenne de la présence de chaque camp politique dans les médias a pu être établie.
« Une plus grande polarisation »
Constat global : les temps de parole ne sont pas égaux, au fil du temps, selon les partis. Si l’on inclut les représentants de gouvernements dans les calculs, la droite est passée de plus de 40 % du temps de parole en 2002-2003 à moins de 25 % en 2019-2020 ; la gauche, de 30 % à moins de 20 % ; les « centristes » (dont En marche, à partir de 2016) de moins de 10 % à 35 % sur cette période. Ces graphiques montrent cette évolution dans le temps, en incluant et en excluant les membres du gouvernement :
Ces temps de parole diffèrent aussi selon les chaînes. Entre 2002 et 2020, LCI consacre 60 % de son temps de parole à la droite, aux centristes et à l’extrême droite ; pour Arte, c’est moins de 30 % :
Autre constat : les lignes éditoriales des chaînes à propos de la politique divergent au fil du temps… et se polarisent. « On observe sur la période une plus grande polarisation, confirme Nicolas Hervé, codirecteur de la thèse, c’est-à-dire un étirement sur le spectre politique droite-gauche. Ainsi, France 5 tend à inviter davantage de personnalités de gauche, RMC invite moins de gens de gauche. Très peu de médias (LCI, France Inter, LCP, M6) restent centrés autour de zéro. » Ainsi, peu de médias échappent à la polarisation.
Des journalistes peu déterminants dans le choix des invités
Comment expliquer cette tendance, transposée dans la couleur politique des plateaux ? « En réalité, elle suivrait celle de la société », estime Moritz Hengel. Autrement dit : l’offre s’adapte à la demande. Ainsi, le poids des « effets de chaînes », à savoir le poids des lignes éditoriales des médias dans la constitution des plateaux, s’accroit dans le temps. « Ces effets expliquent, de manière quasiment écrasante, le choix des invités, sans oublier le fait que les journalistes puissent travailler avec des médias avec qui ils sont en accord », analyse Nicolas Hervé. Les journalistes sont donc peu déterminants dans le choix des invités : ils suivent globalement la ligne éditoriale de leur employeur. Moritz Hengel formule toutefois l’hypothèse que les journalistes stars — celles et ceux ayant une audience importante, par exemple — ont nettement plus la capacité de diverger des biais des chaînes (les noms de ces journalistes ne sont pas rendus publics, car il est interdit en France de faire des bases de données d’opinions politiques, sauf dans le cadre d’activités de recherche).
Le bouleversement Bolloré
Quid des propriétaires des chaînes ? Premier cas étudié : le rachat du groupe NextRadioTV (RMC, BFMTV) d’Alain Weill par Altice, en 2015. Entre 2002 et 2020, il est possible d’observer que l’opération n’a pas d’effet sur l’inclination politique de BFMTV.
La situation est tout autre avec l’autre cas : la reprise en main de iTélé par Vincent Bolloré et sa transformation en CNews à partir de 2015. De nombreux journalistes partent, certains changent de carrière — surtout les femmes et les plus jeunes. Celles et ceux arrivant sur la chaîne depuis d’autres médias ont clairement des biais classés à droite, voire à l’extrême droite. Après la prise de contrôle de Vivendi par Vincent Bolloré, les chaînes du groupe (Canal +, C8, CNews) ont, de plus, clairement commencé à privilégier les invités de droite (+5,5 points de pourcentage au détriment de ceux de gauche (-6,8 points de pourcentage) :
Cette tendance d’autant plus flagrante pour CNews. Les journalistes restés sur ces chaînes ont adapté leurs invitations à la nouvelle ligne éditoriale.
Pour une autre mesure du temps de parole
À travers ces travaux, les chercheurs plaident pour une mesure du temps de parole plus intelligente. Il est possible d’après eux de quantifier ces éléments, sans passer par des déclarations des chaînes elles-mêmes. Comme dans ce travail de recherche, ils conseilleraient de s’intéresser à la fois aux prises de paroles des hommes et femmes politiques, mais aussi aux personnes comme les éditorialistes : pas politiques au sens du régulateur (l’Arcom, ex-CSA) mais dont le discours est politisé. Exemple : avant l’annonce de sa candidature à la présidentielle de 2022, Éric Zemmour, en tant qu’éditorialiste, n’était pas comptabilisé dans le temps de parole par l’Arcom.
« Les chaînes détournent la réglementation sur le temps de parole politique, en faisant beaucoup moins de programmes où elles invitent des politiques, mais plus de programmes où elles invitent des éditorialistes, expliquait Julia Cagé dans un séminaire Ina le lab où elle présentait ces travaux. Cela leur permet de respecter la lettre mais pas l’esprit des règles de pluralisme de l’Arcom ». La chercheuse reconnaît par ailleurs que cette alternative (inclure les invités aux universités d’été, les membres de think tanks, les soutiens aux candidats du premier tour des présidentielles…), ne serait pas « faciles à mettre en œuvre ». Moritz Hengel souligne : « Nos résultats auraient permis de répondre à Vincent Bolloré, lors de son audition au Sénat en janvier 2022 [par la commission d’enquête sur la concentration des médias], que oui, il avait bien changé la ligne éditoriale de ses chaînes. » L’homme d’affaires avait alors soutenu que sa « capacité personnelle à aller imposer des choses [n'était] pas très importante ».