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| - | [Le Monde – « Le viol, passage presque inévitable de la migration » : | ||
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| - | AGNES DHERBEYS / MYOP POUR « LE MONDE » | ||
| - | « Le viol, passage presque inévitable de la migration » : | ||
| - | Par Lorraine de Foucher (Marseille, envoyée spéciale) | ||
| - | Par Lorraine de Foucher (Marseille, envoyée spéciale) | ||
| - | Par Lorraine de Foucher (Marseille, envoyée spéciale) | ||
| - | Aujourd’hui à 06h58, modifié à 09h26. | ||
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| - | TÉMOIGNAGES Lundi 18 septembre, | ||
| - | Lecture 14 min | ||
| - | Au milieu de la conversation, | ||
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| - | Tous ces détails, ces marques de la barbarie inscrite dans le corps des femmes migrantes, le docteur Jérémy Khouani les observe depuis ses études de médecine. Généraliste dans une maison de santé du 3e arrondissement de Marseille – avec 55 % de ses habitants au-dessous du seuil de pauvreté, c’est l’un des endroits les plus pauvres de France –, | ||
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| - | Bouleversé par des consultations qui l’amènent à mesurer la taille de lèvres vaginales post-excision pour l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), à diagnostiquer une arthrose massive à une jeune femme de 30 ans ou à prescrire des antidépresseurs à une autre qui vient de tenter de s’immoler, | ||
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| - | Jérémy Khouani, médecin généraliste, | ||
| - | Il y a trois ans, avec l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille et la faculté de médecine d’Aix-Marseille, | ||
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| - | « Un impondérable du parcours migratoire » | ||
| - | Ainsi, 26 % d’entre elles se déclarent victimes de violences sexuelles au cours de leurs douze derniers mois sur le territoire français, et 75 % avant leur entrée en France. Les demandeuses d’asile encourent dix-huit fois plus le risque d’être victimes de viol en France que les Françaises de la population générale ; | ||
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| - | Lire aussi la tribune : | ||
| - | « Les femmes migrantes doivent intégrer le viol comme un élément du voyage » | ||
| - | L’absence de logement, de compagnon et les antécédents de violence apparaissent comme des facteurs de risque du viol. « Le débat, ce n’est même pas de savoir si elles ont vocation à rester sur le territoire ou pas, mais, au moins, que pendant tout le temps où leur demande est étudiée, qu’elles ne soient pas violées à nouveau, elles sont assez traumatisées comme ça », pose le médecin généraliste. | ||
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| - | LA SUITE APRÈS CETTE PUBLICITÉ | ||
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| - | Il faut imaginer ce que c’est de soigner au quotidien de telles blessures, de rassembler 273 récits de la sorte en six mois – ce qui n’est rien par rapport au fait de vivre ces violences. L’expression « traumatisme vicariant » qualifie en psychiatrie le traumatisme de seconde ligne, une meurtrissure psychique par contamination, | ||
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| - | Le Monde, pendant quarante-huit heures, a recueilli les histoires de huit femmes qui ont participé à l’étude. Certaines sont sous obligation de quitter le territoire français (OQTF), risquant l’expulsion. Mais elles voulaient que quelqu’un entende, note et publie tout ce qu’elles ont subi. Dans le cabinet du médecin, sous les néons et le plafond en contreplaqué, | ||
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| - | Lundi, 9 heures. Ogechi, surnommée « Perry », | ||
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| - | Ogechi, surnommée « Perry », | ||
| - | Perry s’enfuit, rejoint une copine footballeuse qui veut jouer en Algérie. Elle ne sait pas où aller, sait seulement qu’elle ne peut plus vivre chez elle, à Lagos. L’adolescente, | ||
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| - | « Si je meurs, qui va s’en apercevoir ? | ||
| - | Son débit est monocorde, mais son récit est vif et transporte dans une grande maison libyenne divisée en « chambres » avec des rideaux. Un lit par box, elles sont sept femmes par pièce. « Des vieilles, des jeunes, des enceintes. » Et les clients ? « Des Africains, des Arabes, des gentils, des violents. » En tout, une cinquantaine de femmes sont exploitées en continu. « J’aurais jamais pensé finir là, je ne pouvais pas imaginer qu’un endroit comme ça existait sur terre », souffle-t-elle. | ||
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| - | Lire aussi l’archive (2016) : | ||
| - | En Méditerranée, | ||
| - | Perry passe une grosse année là-bas, jusqu’à ce qu’un des clients la prenne en pitié et la rachète pour l’épouser. Sauf qu’il apprend son homosexualité et la revend à une femme nigériane, qui lui paye le voyage pour l’Europe pour la « traiter » à nouveau, sur les trottoirs italiens cette fois-ci. A Sabratha, elle monte sur un bateau avec 150 autres personnes. Elle ne souhaite pas rejoindre l’Italie, elle ne veut que fuir la Libye. « Je ne sais pas nager. Je n’avais pas peur, je n’étais pas heureuse, je me demandais seulement comment un bateau, ça marchait sur l’eau. » Sa première image de l’Europe : | ||
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| - | Mineure, Perry est transférée dans un foyer à Milan, où « les gens qui travaillent avec James m’ont encore fait travailler ». Elle tape « Quel est le meilleur pays pour les LGBT ? » dans la barre de recherche de Google et s’échappe en France. « Ma vie, c’est entre la vie et la mort, chaque jour tu peux perdre ou tu peux gagner », philosophe-t-elle. Le 4 septembre 2020, | ||
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| - | Perry montre sa carte d’étudiante, | ||
| - | A Marseille, elle fait trois tentatives de suicide, « parce que je suis trop traumatisée, | ||
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| - | Lundi, 11 heures. A 32 ans, la jeunesse de Fanta semble s’être dissoute dans son parcours. Elle a des cheveux frisés qui tombent sur son regard sidéré. Elle entre dans le cabinet les bras chargés de sacs en plastique remplis de la lessive et des chaussures qu’elle vient de se procurer pour la rentrée de ses jumeaux en CP, qui a eu lieu le matin même. « Ils se sont réveillés à 5 heures tellement ils étaient excités, raconte-t-elle. C’est normal, on a passé l’été dans la chambre de l’hôtel du 115, on ne pouvait pas trop sortir à cause de mon OQTF. » Fanta vient de Faranah, en Guinée-Conakry, | ||
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| - | Fanta, dans le cabinet médical du docteur Jérémy Khouani, à Marseille, le 5 septembre 2023. AGNES DHERBEYS / MYOP POUR « LE MONDE » | ||
| - | Elle accouche, mais ne peut revenir vivre dans sa famille qu’à condition d’abandonner ses bébés de la honte. Elle refuse, bricole les premières années avec eux. Trop pauvre, trop seule, elle confie ses enfants à sa cousine et souhaite aller en Europe pour gagner plus d’argent. Mali, Niger, Libye. La prison en Libye lui laisse une vilaine cicatrice à la jambe. En 2021, elle atteint Bari, en Italie, puis prend la direction de la France. Pourquoi Marseille ? | ||
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| - | Sexe contre logement | ||
| - | A la gare Saint-Charles, | ||
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| - | Fanta montre une cicatrice sur sa jambe, trace d’une blessure reçue en prison en Libye, dans le cabinet médical du docteur Jérémy Khouani, à Marseille, le 5 septembre 2023. AGNES DHERBEYS / MYOP POUR « LE MONDE » | ||
| - | En novembre 2022, | ||
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| - | Lire aussi l’archive (2021) : | ||
| - | « Ce sont les oubliées, les invisibles de la migration » : | ||
| - | Lundi, 15 heures. « C’est elle qui m’a donné l’idée de l’étude », | ||
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| - | Aissata, dans le cabinet médical du docteur Jérémy Khouani, à Marseille, le 5 septembre 2023. AGNES DHERBEYS / MYOP POUR « LE MONDE » | ||
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| - | Aissata montre une photo d’une blessure sur son bras, à Marseille, le 5 septembre 2023. AGNES DHERBEYS / MYOP POUR « LE MONDE » | ||
| - | « Comme je lui ai dit que je ne voulais pas l’épouser, | ||
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| - | Un soignant lui suggère de s’enfuir, mais où ? « Je ne connais pas le Gabon et on ne peut pas quitter le mariage. » Une connaissance va l’aider à sortir du pays. Elle vend tout l’or hérité de sa mère, 400 grammes, | ||
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| - | Sans cesse, les hommes la sollicitent. Propositions de sexe contre logement ou contre de l’argent : | ||
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| - | « Je suis une femme de seconde main maintenant » | ||
| - | Lundi, 17 heures. Nadia a le visage rond, entouré d’un voile noir, les yeux ourlés de la même couleur. Une immense tendresse se dégage d’elle. Le docteur Khouani nous a prévenues, il faut faire attention – elle sort à peine de l’hôpital psychiatrique. Il y a quelques semaines, dans le foyer où elle passe ses journées toute seule, elle a pris un briquet, a commencé à faire flamber ses vêtements : | ||
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| - | Nadia, devant le cabinet médical du docteur Jérémy Khouani, à Marseille, le 5 septembre 2023. AGNES DHERBEYS / MYOP POUR « LE MONDE » | ||
| - | Pourtant, Nadia a fait une petite heure de route pour témoigner. Elle a grandi au Pakistan. Elle y a fait des études de finance, mais en 2018 son père la marie de force à un Pakistanais qui vit à Marseille. Le mariage est prononcé en ligne. Nadia prend l’avion et débarque en France avec un visa de touriste. A Marseille, elle se rend compte que son compagnon ne pourra pas la régulariser : | ||
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| - | Nadia montre une cicatrice de brûlure de cigarette, devant le cabinet médical du docteur Jérémy Khouani, à Marseille, le 5 septembre 2023. AGNES DHERBEYS / MYOP POUR « LE MONDE » | ||
| - | Nadia apparaît sur les écrans radars des autorités françaises un jour où elle marche dans la rue. Il y a une grande tache rouge sur sa robe. Elle saigne tellement qu’une passante l’alerte : | ||
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| - | Les violences reprennent. Elle s’échappe à nouveau, est placée dans un foyer. Depuis qu’elle a témoigné auprès de la police française, la propre famille de Nadia ne lui répond plus au téléphone. Une nuit, elle s’est réveillée et a tenté de gratter au couteau ses brûlures de cigarettes. « Je suis prête à donner un rein pour avoir mes papiers. Je pense qu’on devrait en donner aux femmes victimes de violence, c’est une bonne raison. Moi, je veux juste étudier et travailler, et si je suis renvoyée au Pakistan ils vont à nouveau me marier à un homme encore pire : je suis une femme de seconde main maintenant. » | ||
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| - | « Je dois avoir une vie meilleure » | ||
| - | Mardi, 11 heures. Médiatrice sociale du cabinet médical, Elsa Erb est une sorte d’assistante pour vies fracassées. Dans la salle d’attente ce matin, il y a une femme mauritanienne et un gros bébé de 2 mois. « C’est ma chouchoute », | ||
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| - | La médiatrice sociale Elsa Erb, dans le cabinet médical où elle travaille, à Marseille, le 5 septembre 2023. AGNES DHERBEYS / MYOP POUR « LE MONDE » | ||
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| - | Adama, dans le cabinet médical du docteur Jérémy Khouani, à Marseille, le 5 septembre 2023. AGNES DHERBEYS / MYOP POUR « LE MONDE » | ||
| - | A Marseille, elle rencontre un autre demandeur d’asile. Elle tombe enceinte dans des circonstances troubles, veut avorter mais l’homme à l’origine de sa grossesse la menace : c’est « péché » de faire ça, elle sera encore plus « maudite ». Depuis, elle semble trimballer son bébé comme un gros paquet embarrassant. Elsa Erb vient souvent la voir dans son foyer et lui apporte des boîtes de sardines. Elle s’inquiète car Adama s’isole, ne mange pas, passe des heures le regard dans le vide, un peu sourde aux pleurs et aux vomissements du petit. « Je n’y arrive pas. Avec mes enfants là-bas et celui ici, je me sens coupée en deux », se justifie-t-elle. | ||
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| - | Lire aussi : | ||
| - | Pour les femmes migrantes, le risque de subir des violences sexuelles augmente en France | ||
| - | Mardi, 14 heures. A chaque atrocité racontée, Stella rit. Elle vient du Biafra, au Nigeria. Ses parents sont tués par des miliciens quand elle a 13 ans. Elle est envoyée au Bénin auprès d’un proche qui la viole. Puis elle tombe dans la traite : elle est transférée en Libye. « J’ai été vendue quatre fois, s’amuse-t-elle. En Libye, vous pouvez mourir tous les jours, plus personne ne sait que vous existez. » Elle passe en Italie, où elle est encore exploitée. | ||
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| - | Stella, dans le cabinet médical du docteur Jérémy Khouani, à Marseille, le 5 septembre 2023. AGNES DHERBEYS / MYOP POUR « LE MONDE » | ||
| - | Puis la France, Marseille et ses squats. Elle décrit des hommes blancs qui débarquent armés, font tous les étages et violent les migrantes. La police ? Stella explose de rire. « Quel pouvoir est-ce que j’ai ? Si je raconte ça à la police française, les agresseurs me tueront. C’est simple : vous êtes une femme migrante, vous êtes une esclave sexuelle. » | ||
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| - | Avec une place dans un foyer et six mois de titre de séjour en tant que victime de traite, elle est contente : « Quand on a sa maison, on est moins violée. » Des étoiles sont tatouées sur son cou. « Je dois avoir une vie meilleure. Mon nom signifie “étoile”, | ||
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| - | Déboutés par l’Ofpra | ||
| - | Mardi, 16 heures. Grace entre avec sa poussette, dans laquelle s’ébroue une petite fille de 7 mois, son quatrième enfant. Nigériane, la jeune femme a le port altier et parle très bien anglais. « J’ai été très trafiquée », | ||
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| - | A la frontière, elle est vendue, prostituée, | ||
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| - | Grace nourrit sa fille dans le cabinet médical du docteur Jérémy Khouani, à Marseille, le 5 septembre 2023. AGNES DHERBEYS / MYOP POUR «LE MONDE» | ||
| - | Mardi, 18 heures. Abby se présente dans le cabinet médical avec sa fille de 12 ans. Elles sont originaires de Sierra Leone. Abby a été excisée : elle se remémore le couteau, les saignements, | ||
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| - | Abby, avec sa fille Aminata, dant le cabinet médical du docteur Jérémy Khouani, à Marseille, le 5 septembre 2023. AGNES DHERBEYS / MYOP POUR « LE MONDE » | ||
| - | Sa fille a aussi été mutilée, un jour où sa mère n’était pas à la maison pour la protéger. « Mais pour Aminata, ce n’est pas propre. » Alors, quand la mère et la fille ont déposé leur demande d’asile à l’Ofpra, le docteur Khouani s’est retrouvé à faire un acte qui l’énerve encore. « J’ai dû pratiquer un examen gynécologique sur une préado pour mesurer la quantité de ses lèvres qui avait survécu à son excision. Si tout était effectivement rasé, elles étaient déboutées, | ||
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| - | Perry, dans la chambre qu’elle occupe à Marseille, le 4 septembre 2023. AGNES DHERBEYS / MYOP POUR « LE MONDE » | ||
| - | Lorraine de Foucher (Marseille, envoyée spéciale) | ||
| - | NOS LECTEURS ONT LU ENSUITE | ||
| - | En Belgique, plusieurs écoles incendiées après une campagne d’extrémistes religieux contre l’éducation sexuelle | ||
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| - | Aujourd’hui à 04h00 | ||
| - | Kiev perd peu à peu la trace des enfants ukrainiens déportés en Russie | ||
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| - | Aujourd’hui à 05h00 | ||
| - | Léane Alestra, l’ex-fille des « boys clubs » qui déboulonne les masculinités | ||
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| - | Aujourd’hui à 06h00 | ||
| - | Suicide de Nicolas : la révélation d’un courrier menaçant du rectorat met au jour les « manquements » de l’éducation nationale | ||
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| - | Hier à 15h22 | ||
| - | Climat : les messages d’Emmanuel Macron et d’Elisabeth Borne très attendus | ||
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| - | Aujourd’hui à 05h30 | ||
| - | Epargne : comment profiter de la hausse des taux d’intérêt | ||
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| - | Aujourd’hui à 05h45 | ||
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