Elle dirige Amnesty International
Publié le 7 avril 2021 à 03:35
Actualisé le 7 avril 2021 à 05:54
Elle a été menacée de mort par un responsable saoudien et fait sortir de ses gonds le président des Philippines qui l'a couverte d'injures : à 58 ans, Agnès Callamard a quitté l'ONU mais entend continuer d'être la trouble-fête des autocrates de la planète à la tête d'Amnesty International.
“Je n'ai certainement pas l'intention de me taire !”, assure en riant la nouvelle secrétaire générale de l'ONG.“Oui, le sparadrap du capitaine Haddock, ce sera nous et au-delà: on va faire beaucoup plus que d'embêter la répression”, promet de son débit de mitraillette la quinquagénaire lors d'un entretien accordé à l'AFP.
“Poil à gratter” des dictateurs et autocrates du monde entier qui en ont fait leur bête noire, “voix courageuse” pour la société civile, cette défenseure inlassable de la cause des droits humains et de l'Etat de droit a été de tous les dossiers en vue des dernières années.
De l'enquête sur l'assassinat en 2018 du journaliste Jamal Khashoggi, attribué à Ryad, à celle de la mort en 2020 du général iranien Qassem Soleimani dans une frappe aérienne américaine jugée “illégale”, en passant par les lenteurs de la justice française après le meurtre de deux journalistes de RFI en 2013 au Mali… A chaque fois, la rapporteure spéciale de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires sommaires ou arbitraires tire à balles réelles, loin du langage policé de l'enceinte onusienne. A chaque fois, les réactions sont violentes.
- Menaces -
En 2017, le président des Philippines Rodriguo Duterte digère mal ses critiques sur sa politique antidrogue et menace de la gifler après l'avoir couverte d'insultes. Plus récemment, un haut responsable saoudien a menacé à deux reprises de “s'occuper” de Mme Callamard si les Nations unies ne freinaient pas ses ardeurs. Outre-Atlantique, c'est l'ex-secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo qui s'agace de son rapport “fallacieux” sur la frappe contre Qassem Soleimani et appelle à “se méfier du discours des Nations unies”.
Et le rapport 2020/2021 d'Amnesty International sur la situation des droits humains dans le monde publié mercredi ne devrait pas arranger ses relations avec certains dirigeants étrangers. Dans ce document de 500 pages, l'ONG en accuse plusieurs d'avoir profité de la pandémie de Covid-19 pour intensifier la répression des droits humains. De la Hongrie aux pays du Golfe en passant par les Philippines, de nombreux pays en prennent pour leur grade.
Sur la France - elle y est née en mars 1963 - Agnès Callamard ne mâche pas ses mots non plus. Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves le Drian ? “Je ne saurais même pas dire qu'il a pu défendre” les droits humains au “moins une fois”, tançait-elle dans un entretien au Monde l'an dernier.
- “Neutre ? pas possible” -
“La diplomatie française n'est plus ce qu'elle a été sur de nombreux dossiers liés aux droits”, confirme-t-elle aujourd'hui, avant d'adresser un “carton rouge” au gouvernement français dont les politiques détruisent selon elle “à petit feu” des “valeurs qui devraient fonder toute société”. Des valeurs apprises auprès de sa mère, institutrice, qui lui transmettra le goût de la justice sociale, et de manière posthume auprès de son grand-père, résistant fusillé en août 1944 à qui elle rendra hommage chaque année, enfant, en allant sur le lieu de son exécution.
Une fois diplômée de Sciences-Po Grenoble, elle fera un parcours sans faute qui la conduit aux Etats-Unis, au Canada ou au Malawi, multipliant les expériences au sein d'HAP International, d'Article 19 et d'Amnesty International, avant d'être nommée en août 2016 rapporteure spéciale de l'ONU. “Elle n'a pas froid aux yeux et c'est sa force”, souligne une source à Amnesty qui se félicite de l'arrivée de cette “figure” qui “n'hésite pas à interpeller directement les dirigeants sur Twitter comme ailleurs”. Face à la pression et aux menaces, beaucoup auraient déjà plié bagage. A-t-elle songé, un jour à raccrocher ? “Jamais”, jure cette femme réputée “pugnace” et connue pour son franc-parler. Au moment d'être prise en photo dans les locaux d'Amnesty France, Agnès Callamard retire ses lunettes rondes et bleues à bord rouge et ajuste son perfecto fuchsia à l'aide d'un scotch. Invitée par le photographe à adopter un “regard neutre”, elle ironise: “Je ne peux pas. Je peux être en colère, énervée ou aimante mais neutre ce n'est pas possible”.
AFP
Actualités du monde, AFP
https://imazpress.com/france-monde/agnes-callamard-inlassable-trouble-fete-des-autocrates
Olivier GUÉANT
Mathématicien, Entrepreneur et Directeur du Master Modélisation et Méthodes Mathématiques en Économie et Finance, Université Panthéon-Sorbonne Paris I
Cet article évoque le regard critique que certains cercles académiques et politiques, notamment aux Etats-Unis, portent sur les lois anti-trust depuis quelques années. Ceux-ci pointent en effet du doigt le glissement progressif d’une logique anti-trust globale vers une logique purement motivée par la seule concurrence en prix.
L’article invite à une prise de recul historique, quitte à remonter au Sherman Act et donc à la fin du XIXè siècle. En effet, il y a eu au cours de l’histoire de nombreuses raisons pour lutter contre la formation de monopoles : les liens manifestes entre la concentration du pouvoir économique et l’existence d’un pouvoir politique, la nécessité d’avoir un large tissu industriel, etc. – en terme de gestion des risques à l’échelle d’un pays l’existence d’un tissu industriel varié est un atout comme le démontre la crise du coronavirus.
En fait, c’est probablement la facilité de l’utilisation d’une logique de prix par les juges qui a permis d’opérer ce glissement (glissement que je trouve toutefois contestable car les pratiques de prédation restent interdites…). De manière intéressante, ce sont les GAFA qui incitent à revoir les lois anti-trust car de nombreux effets ne passent pas par les prix de vente : les données des clients ne sont ainsi pas monétisées par exemple, l’accès aux clients sur les smartphones pour les développeurs d’applications doit passer par les grandes plateformes et ce, indépendamment des prix, etc.
Cet article manque un peu de structure car il foisonne d’exemples mais c’est peut-être là sa force car ceux-ci montrent la difficulté à penser les incidences multifactorielles des pratiques commerciales, notamment des GAFA. Il est clair que la logique de prix pratiqués aux consommateurs ne suffit pas pour définir une bonne politique anti-trust et qu’il y a beaucoup à faire pour les économistes et les juristes dans le présent et le futur proche.
Jean-Marc FOULT
Une difficulté supplémentaire: la compétition entre états: pour exister, il faut avoir de TRES grosses entreprises, faute de quoi, ces très grosses entreprises - étrangères donc - nous envahissent et aspirent nos ressources économiques et financières.
Si l'on est pragmatique, il est peu probable que les USA, quel que soit leur président, renonceront au GAFAM, ou les chinois à leurs équivalents. Winner takes all… Donc les européens n'ont pas d'autre choix que de s'unir pour fabriquer eux aussi des géants type Airbus. Les autres solutions, certainement plus “justes”, me paraissent moins réalistes.
https://www.lirelasociete.com/anais-moutot
Je suis la correspondante des Echos en Californie, installée à San Francisco depuis quatre ans. Je couvre l’actualité des entreprises technologiques et l’écosystème des start-up. Je regarde aussi de près le rôle joué par la Californie démocrate face à l’administration fédérale républicaine (politiques environnementales, régulations…).
Je crois beaucoup aux “questions bêtes” pour bien comprendre le fonctionnement d’une entreprise ou d’un phénomène économique et pouvoir ensuite les raconter de manière accessible. J’essaie de rendre vivante cette matière parfois un peu sèche en l’incarnant à travers des personnages, des lieux et des exemples concrets.
https://www.lirelasociete.com/anais-moutot-presentation
Depuis 2007 la Cour nationale du droit d'asile est devenue un tribunal indépendant. Mais avec des femmes de ménage improvisées traductrices et certains juges qui potassent sur Wikipédia, les décisions sont toujours aussi arbitraires.
Par Anais Moutot
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