| Les deux révisions précédentes
Révision précédente
Prochaine révision
|
Révision précédente
|
elsenews:spot-2025:12:emigre-a-dubai [02/12/2025/H16:19:11] jeannot Ajout sliderfusion (media_slider_builder) |
elsenews:spot-2025:12:emigre-a-dubai [25/12/2025/H17:24:59] (Version actuelle) 216.73.216.167 ancienne révision (02/12/2025/H16:42:50) restaurée |
| |
| ---- | ---- |
| ====== Le Monde â « En France, toute ma vie aurait été un combat » : ces jeunes cadres musulmans partis sâinstaller à Dubaï ====== | ====== Le Monde : En France, toute ma vie aurait été un combat: ces jeunes cadres musulmans partis s'installer à Dubai ====== |
| |
| <sliderfusion speed="2000"> | <sliderfusion speed="2000"> |
| | {{https://1019th.synology.me/1019th/DCIM/Screenshots/2025/12/Screenshot_20251202_161434_Le Monde.jpg?150 }} |
| {{https://1019th.synology.me/1019th/DCIM/Screenshots/2025/12/Screenshot_20251202_161542_Le Monde.jpg?150 }} | {{https://1019th.synology.me/1019th/DCIM/Screenshots/2025/12/Screenshot_20251202_161542_Le Monde.jpg?150 }} |
| {{https://1019th.synology.me/1019th/DCIM/Screenshots/2025/12/Screenshot_20251202_161458_Le Monde.jpg?150 }} | {{https://1019th.synology.me/1019th/DCIM/Screenshots/2025/12/Screenshot_20251202_161458_Le Monde.jpg?150 }} |
| <hidden Article Complet (utilisateurs connectés)> | <hidden Article Complet (utilisateurs connectés)> |
| <ifauth @user> | <ifauth @user> |
| | |
| | Vous pouvez partager un article en cliquant sur l’icône de partage en bas à droite de celui-ci. |
| | La reproduction totale ou partielle d’un article, sans l’autorisation écrite et préalable du Monde, est strictement interdite. |
| | Pour plus d’informations, consultez nos conditions générales de vente. |
| | Pour toute demande d’autorisation, contactez syndication@lemonde.fr. |
| | En tant qu’abonné, vous pouvez offrir jusqu’à cinq articles par mois à l’un de vos proches grâce à la fonctionnalité « Offrir un article ». |
| |
| https://www.lemonde.fr/campus/article/2025/12/02/en-france-toute-ma-vie-aurait-ete-un-combat-ces-jeunes-cadres-musulmans-partis-s-installer-a-dubai_6655647_4401467.html | https://www.lemonde.fr/campus/article/2025/12/02/en-france-toute-ma-vie-aurait-ete-un-combat-ces-jeunes-cadres-musulmans-partis-s-installer-a-dubai_6655647_4401467.html |
| |
| |
| NATALIE NACCACHE POUR « LE MONDE » | NATALIE NACCACHE POUR « LE MONDE » |
| « En France, toute ma vie aurait été un combat » : ces jeunes cadres musulmans partis sâinstaller à Dubaï | « En France, toute ma vie aurait été un combat » : ces jeunes cadres musulmans partis s’installer à Dubaï |
| Par Charlotte Bozonnet | Par Charlotte Bozonnet |
| Par Charlotte Bozonnet | Par Charlotte Bozonnet |
| Par Charlotte Bozonnet | Par Charlotte Bozonnet |
| Aujourdâhui à 06h00, modifié à 11h38 | Aujourd’hui à 06h00, modifié à 11h38 |
| Article réservé aux abonnés | Article réservé aux abonnés |
| Offrir | Offrir |
| ENQUÃTE Entre opportunités professionnelles et tolérance religieuse, lâémirat séduit de jeunes actifs fatigués du bruit politique et médiatique autour de lâislam en France. | ENQUÊTE Entre opportunités professionnelles et tolérance religieuse, l’émirat séduit de jeunes actifs fatigués du bruit politique et médiatique autour de l’islam en France. |
| Lecture 7 min | Lecture 7 min |
| Comme souvent à Dubaï (Emirats arabes unis), rendez-vous a été pris dans un mall, ces vastes centres commerciaux climatisés, où lâon vient faire ses courses, flâner, déjeuner, tout en échappant à la chaleur extérieure. Celui de Mirdif, une zone résidentielle de Dubaï, accueille une classe moyenne supérieure dâexpatriés et de nationaux. | Comme souvent à Dubaï (Emirats arabes unis), rendez-vous a été pris dans un mall, ces vastes centres commerciaux climatisés, où l’on vient faire ses courses, flâner, déjeuner, tout en échappant à la chaleur extérieure. Celui de Mirdif, une zone résidentielle de Dubaï, accueille une classe moyenne supérieure d’expatriés et de nationaux. |
| |
| Mathieu (qui nâa pas souhaité donner son nom), un Français de 35 ans, y vit avec sa femme et leurs deux enfants de 4 ans et 5 ans. « Ãa fait presque dix ans que je suis arrivé à Dubaï ; pour nous, câest un bon compromis entre lâidentité occidentale et la culture arabe et musulmane », explique le jeune cadre, souriant, assis dans un élégant salon de thé. | Mathieu (qui n’a pas souhaité donner son nom), un Français de 35 ans, y vit avec sa femme et leurs deux enfants de 4 ans et 5 ans. « Ça fait presque dix ans que je suis arrivé à Dubaï ; pour nous, c’est un bon compromis entre l’identité occidentale et la culture arabe et musulmane », explique le jeune cadre, souriant, assis dans un élégant salon de thé. |
| |
| Rien ne prédestinait ce Toulousain, élevé dans une famille catholique, à faire sa vie dans lâémirat. Câest sa conversion à lâislam, en octobre 2011, alors quâil est en deuxième année de prépa (économique et commerciale), qui a tout changé. Sa décision découlait de longs mois de réflexion et de recherche sur les religions. Elle nâa pas été facile à accepter par ses parents, par sa mère surtout, inquiète de cette conversion à un moment où les journaux parlaient tous de départs massifs de jeunes radicalisés en Syrie. Elle lui a surtout semblé difficile à vivre dans la société. « Jusque-là , je me disais que les musulmans se victimisaient. Mais quand je suis passé de lâautre côté de la barrière, je me suis pris une grosse claque », assure-t-il. | Rien ne prédestinait ce Toulousain, élevé dans une famille catholique, à faire sa vie dans l’émirat. C’est sa conversion à l’islam, en octobre 2011, alors qu’il est en deuxième année de prépa (économique et commerciale), qui a tout changé. Sa décision découlait de longs mois de réflexion et de recherche sur les religions. Elle n’a pas été facile à accepter par ses parents, par sa mère surtout, inquiète de cette conversion à un moment où les journaux parlaient tous de départs massifs de jeunes radicalisés en Syrie. Elle lui a surtout semblé difficile à vivre dans la société. « Jusque-là, je me disais que les musulmans se victimisaient. Mais quand je suis passé de l’autre côté de la barrière, je me suis pris une grosse claque », assure-t-il. |
| |
| Diplômé de lâISC Paris, une école de commerce, Mathieu décroche un premier boulot à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Il se retrouve à faire ses prières sous les escaliers de sécurité du parking. Une expérience qui vient sâajouter à ce quâil vit comme des micro-agressions de tous les jours. « Câest un peu schizophrénique, on a lâimpression de ne pas pouvoir être nous-mêmes. Je me suis dit : si je reste en France, je vais passer ma vie à me battre et je nâai pas les épaules pour ça. » | Diplômé de l’ISC Paris, une école de commerce, Mathieu décroche un premier boulot à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Il se retrouve à faire ses prières sous les escaliers de sécurité du parking. Une expérience qui vient s’ajouter à ce qu’il vit comme des micro-agressions de tous les jours. « C’est un peu schizophrénique, on a l’impression de ne pas pouvoir être nous-mêmes. Je me suis dit : si je reste en France, je vais passer ma vie à me battre et je n’ai pas les épaules pour ça. » |
| |
| |
| Mathieu, à Dubaï (Emirats arabes unis), le 15 novembre 2025. NATALIE NACCACHE POUR « LE MONDE » | Mathieu, à Dubaï (Emirats arabes unis), le 15 novembre 2025. NATALIE NACCACHE POUR « LE MONDE » |
| Il part rejoindre un ami installé à Abou Dhabi avec 4 000 euros en poche, mais câest finalement à Dubaï que les opportunités professionnelles sont les plus nombreuses. Le début nâest pas évident. Il compte chaque dirham, le temps de se faire une place. Aujourdâhui, il a un bon poste dans une agence de marketing et gagne 6 000 euros par mois. Il a bien entendu les critiques régulièrement formulées sur les Emirats arabes unis : le système politique autoritaire, lâobligation de quitter le pays sous un mois quand on perd son travail, le prix exorbitant des écoles, mais il a trouvé une tranquillité sur ce territoire cosmopolite (la population compte plus de 90 % dâexpatriés). « Ma famille me dit que jâai bien fait de partir ! » | Il part rejoindre un ami installé à Abou Dhabi avec 4 000 euros en poche, mais c’est finalement à Dubaï que les opportunités professionnelles sont les plus nombreuses. Le début n’est pas évident. Il compte chaque dirham, le temps de se faire une place. Aujourd’hui, il a un bon poste dans une agence de marketing et gagne 6 000 euros par mois. Il a bien entendu les critiques régulièrement formulées sur les Emirats arabes unis : le système politique autoritaire, l’obligation de quitter le pays sous un mois quand on perd son travail, le prix exorbitant des écoles, mais il a trouvé une tranquillité sur ce territoire cosmopolite (la population compte plus de 90 % d’expatriés). « Ma famille me dit que j’ai bien fait de partir ! » |
| |
| « Sentiment de frustration » | « Sentiment de frustration » |
| Combien sont-ils à faire comme lui ? A quitter la France parce que, en tant que musulmans, ils ne sây sentent plus bien ? Aucun chiffre nâexiste. Publié en 2024, le livre La France, tu lâaimes mais tu la quittes (Seuil), dans lequel Mathieu a témoigné, avait mis un coup de projecteur sur le phénomène, sans le quantifier. | Combien sont-ils à faire comme lui ? A quitter la France parce que, en tant que musulmans, ils ne s’y sentent plus bien ? Aucun chiffre n’existe. Publié en 2024, le livre La France, tu l’aimes mais tu la quittes (Seuil), dans lequel Mathieu a témoigné, avait mis un coup de projecteur sur le phénomène, sans le quantifier. |
| |
| Le Monde Jeux | Le Monde Jeux |
| Chaque jour de nouvelles grilles de mots croisés, Sudoku et mots trouvés. | Chaque jour de nouvelles grilles de mots croisés, Sudoku et mots trouvés. |
| Jouer | Jouer |
| « Impossible à dire. Personnellement, je me suis mise à  travailler sur le sujet parce que, dans le cadre de mes recherches, de plus en plus de personnes se sont mises à mâen parler », souligne Margot Dazey, chargée de recherche au CNRS, rattachée au Centre dâétudes et de recherches administratives, politiques et sociales (université de Lille). | « Impossible à dire. Personnellement, je me suis mise à travailler sur le sujet parce que, dans le cadre de mes recherches, de plus en plus de personnes se sont mises à m’en parler », souligne Margot Dazey, chargée de recherche au CNRS, rattachée au Centre d’études et de recherches administratives, politiques et sociales (université de Lille). |
| |
| Lire aussi (2024) | Lire aussi (2024) |
| Olivier Esteves, politiste : « Les musulmans qui quittent la France sont des individus surdiplômés, souvent conscientisés, à forte religiosité » | Olivier Esteves, politiste : « Les musulmans qui quittent la France sont des individus surdiplômés, souvent conscientisés, à forte religiosité » |
| La sociologue, dont les travaux portent sur lâislam en France, a mené une série dâentretiens auprès de vingt-sept expatriés français, hommes et femmes, âgés de 31 à 46 ans, avec un revenu supérieur à 3 000 euros par mois et diplômés au minimum dâun master 1. Tous se reconnaissent de confession musulmane, mais avec des niveaux de pratique très disparates. « Au cÅur de leur décision de partir, il y a un même sentiment de frustration. Jeunes actifs, ils sont en pleine mobilité sociale ascendante, mais nâarrivent pas à avoir le statut correspondant à  leur position, en raison du racisme et des discriminations, explique-t-elle. Quand ils arrivent à  lâétranger, ils vivent souvent une mise en cohérence entre ce quâils sont et la façon dont ils sont considérés. » | La sociologue, dont les travaux portent sur l’islam en France, a mené une série d’entretiens auprès de vingt-sept expatriés français, hommes et femmes, âgés de 31 à 46 ans, avec un revenu supérieur à 3 000 euros par mois et diplômés au minimum d’un master 1. Tous se reconnaissent de confession musulmane, mais avec des niveaux de pratique très disparates. « Au cœur de leur décision de partir, il y a un même sentiment de frustration. Jeunes actifs, ils sont en pleine mobilité sociale ascendante, mais n’arrivent pas à avoir le statut correspondant à leur position, en raison du racisme et des discriminations, explique-t-elle. Quand ils arrivent à l’étranger, ils vivent souvent une mise en cohérence entre ce qu’ils sont et la façon dont ils sont considérés. » |
| |
| Si la pratique religieuse est une des raisons qui poussent au départ, elle est loin dâêtre la seule. Descendant dâune famille immigrée â du Maroc par ses grands-parents paternels et du Portugal par ses grands-parents maternels â, Sofiane (les témoins cités par un seul prénom ont préféré modifier leur identité) est venu fin 2023 à Dubaï, où il travaille dans le secteur du conseil. | Si la pratique religieuse est une des raisons qui poussent au départ, elle est loin d’être la seule. Descendant d’une famille immigrée – du Maroc par ses grands-parents paternels et du Portugal par ses grands-parents maternels –, Sofiane (les témoins cités par un seul prénom ont préféré modifier leur identité) est venu fin 2023 à Dubaï, où il travaille dans le secteur du conseil. |
| |
| Le trentenaire est le premier de sa famille à avoir fait des études supérieures. Après un cursus en droit, il a intégré lâécole de commerce française Skema, en 2019, et câest en 2021, pendant un stage à Dubaï, quâil découvre lâémirat, « un déclic ». « Il y a ici des opportunités professionnelles très importantes, de bons salaires, un sentiment de sécurité, une qualité de vie. Surtout, il nây a pas de âbruitâ autour de ton nom ou de ton origine. La question, câest quâest-ce que tu as déjà fait dans ta vie ? Et quâest-ce que tu veux faire ? », explique-t-il. | Le trentenaire est le premier de sa famille à avoir fait des études supérieures. Après un cursus en droit, il a intégré l’école de commerce française Skema, en 2019, et c’est en 2021, pendant un stage à Dubaï, qu’il découvre l’émirat, « un déclic ». « Il y a ici des opportunités professionnelles très importantes, de bons salaires, un sentiment de sécurité, une qualité de vie. Surtout, il n’y a pas de “bruit” autour de ton nom ou de ton origine. La question, c’est qu’est-ce que tu as déjà fait dans ta vie ? Et qu’est-ce que tu veux faire ? », explique-t-il. |
| |
| |
| Sofiane, à Dubaï (Emirats arabes unis), le 15 novembre 2025. NATALIE NACCACHE POUR « LE MONDE » | Sofiane, à Dubaï (Emirats arabes unis), le 15 novembre 2025. NATALIE NACCACHE POUR « LE MONDE » |
| En France, le jeune homme a eu lâimpression dâêtre irrémédiablement renvoyé à ses origines ou à une pratique religieuse supposée. « Câest fou parce que je suis la troisième génération à être en France, je suis français, jâai grandi dans des valeurs plutôt catholiques, et pourtant jâai toujours eu des réflexions, dès le collège », raconte Sofiane. | En France, le jeune homme a eu l’impression d’être irrémédiablement renvoyé à ses origines ou à une pratique religieuse supposée. « C’est fou parce que je suis la troisième génération à être en France, je suis français, j’ai grandi dans des valeurs plutôt catholiques, et pourtant j’ai toujours eu des réflexions, dès le collège », raconte Sofiane. |
| |
| « Ce sentiment est nourri à la fois par ce quâils vivent au quotidien, les expériences de discrimination vécues par eux-mêmes ou par leurs proches, mais aussi par une ambiance étouffante où ils ont le sentiment dâêtre montrés du doigt dans les médias et par une partie de la classe politique », poursuit Margot Dazey, qui identifie des « points de bascule à lâorigine de la décision de partir : le moment des stages, quand on part à lâétranger et quâon sâaperçoit que ça peut être différent ailleurs, mais aussi le moment où on a des enfants ou on projette de fonder une famille ». | « Ce sentiment est nourri à la fois par ce qu’ils vivent au quotidien, les expériences de discrimination vécues par eux-mêmes ou par leurs proches, mais aussi par une ambiance étouffante où ils ont le sentiment d’être montrés du doigt dans les médias et par une partie de la classe politique », poursuit Margot Dazey, qui identifie des « points de bascule à l’origine de la décision de partir : le moment des stages, quand on part à l’étranger et qu’on s’aperçoit que ça peut être différent ailleurs, mais aussi le moment où on a des enfants ou on projette de fonder une famille ». |
| |
| Dâautres problématiques | D’autres problématiques |
| Fraîchement installée à Dubaï, Meryem, 40 ans, salariée dans une entreprise de la tech, vivait à  Paris avec son mari et ses deux enfants. Si le projet de partir en expatriation en famille était bien présent, la destination de Dubaï nâétait pas sur la liste. Mais la proposition de son employeur cochait pas mal de cases, tant pour son intérêt professionnel que des conditions de vie offertes. Elle a aussi ouvert de nombreuses réflexions au sein du couple. « Depuis deux ans, nous avons arrêté de regarder les informations pour protéger notre santé mentale, explique Meryem. Et encore, je ne suis pas une musulmane visible, je ne porte pas de signes dâappartenance religieuse. Jâadmire la force mentale des jeunes femmes voilées qui supportent des regards malveillants au quotidien. » | Fraîchement installée à Dubaï, Meryem, 40 ans, salariée dans une entreprise de la tech, vivait à Paris avec son mari et ses deux enfants. Si le projet de partir en expatriation en famille était bien présent, la destination de Dubaï n’était pas sur la liste. Mais la proposition de son employeur cochait pas mal de cases, tant pour son intérêt professionnel que des conditions de vie offertes. Elle a aussi ouvert de nombreuses réflexions au sein du couple. « Depuis deux ans, nous avons arrêté de regarder les informations pour protéger notre santé mentale, explique Meryem. Et encore, je ne suis pas une musulmane visible, je ne porte pas de signes d’appartenance religieuse. J’admire la force mentale des jeunes femmes voilées qui supportent des regards malveillants au quotidien. » |
| |
| Née de parents marocains immigrés dans le sud de la France â son père a travaillé comme ouvrier agricole, sa mère comme femme de ménage â, Meryem nâa pas été victime de racisme pendant sa jeunesse. « Mais je vois bien la différence lorsque jâaccompagne mes parents au sein de lâadministration. Ils sont résidents en France depuis cinquante ans, paient leurs impôts, mais sont toujours considérés comme des immigrés et assez souvent traités avec condescendance. » | Née de parents marocains immigrés dans le sud de la France – son père a travaillé comme ouvrier agricole, sa mère comme femme de ménage –, Meryem n’a pas été victime de racisme pendant sa jeunesse. « Mais je vois bien la différence lorsque j’accompagne mes parents au sein de l’administration. Ils sont résidents en France depuis cinquante ans, paient leurs impôts, mais sont toujours considérés comme des immigrés et assez souvent traités avec condescendance. » |
| |
| Elle est aussi peinée de voir se gommer un héritage culturel familial : « Je me suis surprise à   conseiller à mes enfants de ne pas parler arabe à lâécole. Je nâaurais pas eu cette réflexion si ma langue maternelle avait été lâitalien. » Plusieurs épisodes récents remontent à la surface, comme la réflexion de cette maîtresse, sortie de nulle part, « il a dû vous voir manger le couscous avec les doigts », ou de ce petit garçon, à propos du prénom de son fils, « il sâappelle comme le chef du Hamas ». | Elle est aussi peinée de voir se gommer un héritage culturel familial : « Je me suis surprise à conseiller à mes enfants de ne pas parler arabe à l’école. Je n’aurais pas eu cette réflexion si ma langue maternelle avait été l’italien. » Plusieurs épisodes récents remontent à la surface, comme la réflexion de cette maîtresse, sortie de nulle part, « il a dû vous voir manger le couscous avec les doigts », ou de ce petit garçon, à propos du prénom de son fils, « il s’appelle comme le chef du Hamas ». |
| |
| Meryem sait bien que lâherbe nâest pas forcément plus verte ailleurs, quâil y a à Dubaï dâautres problématiques, mais « on ne subit pas le racisme ordinaire, nos enfants apprennent lâarabe, obligatoire à lâécole. Cela me fait plaisir de pouvoir leur transmettre ce que mes parents mâont transmis. Câest une richesse », explique la quadragénaire, pour qui « la situation politique [en France] a contribué à [s]a décision de partir ». | Meryem sait bien que l’herbe n’est pas forcément plus verte ailleurs, qu’il y a à Dubaï d’autres problématiques, mais « on ne subit pas le racisme ordinaire, nos enfants apprennent l’arabe, obligatoire à l’école. Cela me fait plaisir de pouvoir leur transmettre ce que mes parents m’ont transmis. C’est une richesse », explique la quadragénaire, pour qui « la situation politique [en France] a contribué à [s]a décision de partir ». |
| |
| Une forme de découragement | Une forme de découragement |
| Car, dans lâexpatriation, toutes les destinations ne se valent pas. « Certaines obéissent à des motivations surtout religieuses, comme le Royaume-Uni ou le Canada, quand dâautres, telles que les Emirats arabes unis et lâArabie saoudite, attirent plutôt pour des raisons dâopportunités économiques, sécuritaires et fiscales », analyse Arnaud Lacheret, directeur du campus de Skema à Dubaï et auteur de plusieurs ouvrages sur lâimmigration, dont Les Intégrés (Le Bord de lâeau, 2023), pour qui le rôle du facteur discriminatoire dans le choix de partir est surestimé. | Car, dans l’expatriation, toutes les destinations ne se valent pas. « Certaines obéissent à des motivations surtout religieuses, comme le Royaume-Uni ou le Canada, quand d’autres, telles que les Emirats arabes unis et l’Arabie saoudite, attirent plutôt pour des raisons d’opportunités économiques, sécuritaires et fiscales », analyse Arnaud Lacheret, directeur du campus de Skema à Dubaï et auteur de plusieurs ouvrages sur l’immigration, dont Les Intégrés (Le Bord de l’eau, 2023), pour qui le rôle du facteur discriminatoire dans le choix de partir est surestimé. |
| |
| Le départ, Leïla, 26 ans, employée dans lâindustrie du luxe, et son compagnon, cadre dans lâindustrie agroalimentaire, le prévoient dâici à trois ans. Immigrée de troisième génération â ses grands-parents sont arrivés dâAlgérie au moment de lâindépendance â, la jeune femme a grandi dans un univers privilégié : parents cadres, quartier cossu, bac + 5. Elle était lâune des rares filles maghrébines et de confession musulmane de sa classe, mais nâa pas de souvenir de discrimination pendant sa scolarité. | Le départ, Leïla, 26 ans, employée dans l’industrie du luxe, et son compagnon, cadre dans l’industrie agroalimentaire, le prévoient d’ici à trois ans. Immigrée de troisième génération – ses grands-parents sont arrivés d’Algérie au moment de l’indépendance –, la jeune femme a grandi dans un univers privilégié : parents cadres, quartier cossu, bac + 5. Elle était l’une des rares filles maghrébines et de confession musulmane de sa classe, mais n’a pas de souvenir de discrimination pendant sa scolarité. |
| |
| Lire le reportage (en 2025) | Lire le reportage (en 2025) |
| Dubaï, un nouveau marché pour les écoles de commerce françaises | Dubaï, un nouveau marché pour les écoles de commerce françaises |
| Autour dâelle, le discours était celui de lâassimilation : sâintégrer, ne pas déranger et réussir. « Ma grand-mère me disait toujours : âNe parle pas de politique, sois discrète.â La religion, câétait à la maison. On ne se cachait pas, mais presque ! Jâai même étudié dans un collège privé catholique, câest dire à quel point nos parents voulaient nous intégrer », explique-t-elle. Maintenant en CDI, dans le secteur quâelle souhaitait, Leïla ressent une forme de découragement. « Tâas beau avoir les codes, le bagage académique, rien nây fait. On nous renverra toujours à nos origines, à notre religion. Câest triste et je nâaurais jamais pensé en arriver là . » | Autour d’elle, le discours était celui de l’assimilation : s’intégrer, ne pas déranger et réussir. « Ma grand-mère me disait toujours : “Ne parle pas de politique, sois discrète.” La religion, c’était à la maison. On ne se cachait pas, mais presque ! J’ai même étudié dans un collège privé catholique, c’est dire à quel point nos parents voulaient nous intégrer », explique-t-elle. Maintenant en CDI, dans le secteur qu’elle souhaitait, Leïla ressent une forme de découragement. « T’as beau avoir les codes, le bagage académique, rien n’y fait. On nous renverra toujours à nos origines, à notre religion. C’est triste et je n’aurais jamais pensé en arriver là. » |
| |
| Le choix de la destination nâest pas encore arrêté : ce sera Dubaï ou un autre pays du Golfe, pourquoi pas Riyad, en Arabie saoudite, considéré comme le Dubaï dâil y a quinze ans en matière de perspectives de développement économique. « En tout cas, un endroit qui allie opportunités de carrière et melting-pot culturel », souligne-t-elle. | Le choix de la destination n’est pas encore arrêté : ce sera Dubaï ou un autre pays du Golfe, pourquoi pas Riyad, en Arabie saoudite, considéré comme le Dubaï d’il y a quinze ans en matière de perspectives de développement économique. « En tout cas, un endroit qui allie opportunités de carrière et melting-pot culturel », souligne-t-elle. |
| |
| Charlotte Bozonnet | Charlotte Bozonnet |
| NOS LECTEURS ONT LU ENSUITE | NOS LECTEURS ONT LU ENSUITE |
| « Câest aux Etats-Unis que la Chine a le plus prêté, pas aux pays en développement » | « C’est aux Etats-Unis que la Chine a le plus prêté, pas aux pays en développement » |
| |
| Aujourdâhui à 05h00 | Aujourd’hui à 05h00 |
| Luigi Mangione, accusé dâavoir tué un patron dâassurance santé à  New York en 2024, divise les Américains | Luigi Mangione, accusé d’avoir tué un patron d’assurance santé à New York en 2024, divise les Américains |
| |
| Hier à 22h45 | Hier à 22h45 |
| Stéphane, 25 ans, couvreur, 2 900 euros par mois : « Lâhiver, on arrive sur des toits, on doit déblayer la neige ; lâété, la chaleur nous écrase » | Stéphane, 25 ans, couvreur, 2 900 euros par mois : « L’hiver, on arrive sur des toits, on doit déblayer la neige ; l’été, la chaleur nous écrase » |
| |
| Hier à 05h45 | Hier à 05h45 |
| « Mektoub, My Love. Canto Due », le bijou azuréen dâAbdellatif Kechiche | « Mektoub, My Love. Canto Due », le bijou azuréen d’Abdellatif Kechiche |
| |
| Aujourdâhui à 05h45 | Aujourd’hui à 05h45 |
| Le point sur les perturbations dans les transports et les écoles avant la journée de mobilisation syndicale du 2 décembre | Le point sur les perturbations dans les transports et les écoles avant la journée de mobilisation syndicale du 2 décembre |
| |
| Aujourdâhui à 05h02 | Aujourd’hui à 05h02 |
| Raphaël Varane, champion du monde 2018 : « Montrer sa fragilité, ce nâest pas être faible » | Raphaël Varane, champion du monde 2018 : « Montrer sa fragilité, ce n’est pas être faible » |
| |
| Aujourdâhui à 06h00 | Aujourd’hui à 06h00 |
| COMMENTAIRES | COMMENTAIRES |
| Bienvenue dans lâespace commentaires | Bienvenue dans l’espace commentaires |
| Pour améliorer la qualité des échanges sous nos articles, ainsi que votre expérience, nous vous invitons à consulter nos règles dâutilisation. | Pour améliorer la qualité des échanges sous nos articles, ainsi que votre expérience, nous vous invitons à consulter nos règles d’utilisation. |
| Voir les commentaires (209) | Voir les commentaires (209) |
| </ifauth> | </ifauth> |
| </hidden> | </hidden> |