«Inacceptable» : l’association de présidents d’universités France Universités a dénoncé le 27 novembre «l’intrusion» «sans autorisation» de trois députés du Rassemblement national sur un campus de Sorbonne Paris Nord, qui ont publié des vidéos après être allés «vérifier sur place», mercredi 26 novembre, le supposé «entrisme islamiste» dans cet établissement. Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche Philippe Baptiste a également condamné leur venue ce vendredi 28 novembre.
Selon les photos et vidéos qu’ils ont postées sur leurs comptes X, les députés Julien Odoul, Philippe Ballard et Laurent Jacobelli sont entrés sur le campus de Villetaneuse (Seine-Saint-Denis), ont filmé à l’intérieur des locaux et posé tout sourire devant le campus, observant avec la plus grande attention une affiche où figure l’inscription «Contre l’extrême droite, riposte immédiate», avant que des étudiants ne les interpellent : «Vous n’êtes pas les bienvenus ici».
Sur X, le député RN de Moselle Laurent Jacobelli a dit avoir «constaté», sur le campus, une «omniprésence du voile islamique, des couloirs tapissés d’affiches d’extrême gauche appelant à la violence, et des insultes proférées par des étudiants-militants totalement acquis aux thèses de La France insoumise».
Julien Odoul, député RN de l’Yonne, a répondu sur place à des questions du site d’extrême droite Boulevard Voltaire. Pendant leur visite, les trois élus citent également un article paru le 17 octobre dans l’hebdomadaire réactionnaire Valeurs actuelles, qui présente le campus comme «le temple du communautarisme musulman».
La présidence de Sorbonne Paris Nord a condamné, sur son site internet, «avec la plus grande fermeté», «l’intrusion» des élus, «accompagnés de journalistes» «sans aucune autorisation préalable» et des «captations vidéos» réalisées «sans consentement». «On n’est pas d’accord pour être filmés», lance un étudiant dont en entend la voix dans une vidéo postée par Boulevard Voltaire sur X, repartagée par Julien Odoul.
L’université rappelle le «cadre légal» du droit à l’image et son pouvoir de «police administrative visant à garantir la sécurité, le bon ordre et la sérénité des activités universitaires». L’association France Universités, qui réunit 75 présidents d’universités et d’écoles publiques du supérieur, a dénoncé «une nouvelle instrumentalisation de l’université» et apporté son «plein soutien» à la présidente mise en cause.
«Cette intrusion intervient dans un contexte où certains médias présentent notre université comme un espace livré à des logiques identitaires. Ces mises en scène construisent une image déformée, éloignée des réalités de nos campus», a également affirmé la présidence de Sorbonne Paris Nord. «La diversité sociale, culturelle et intellectuelle qui traverse notre établissement est une force», soutient-elle, rappelant que l’établissement accueille 26 000 étudiants.
Une indignation partagée par le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Philippe Baptiste, qui a récemment affirmé que «l’islamo-gauchisme à l’université n’existe pas». «L’université est un service public régi par la loi : autorisations d’accès et de tournage, consentement des personnes, règles de sécurité. Les présidences exercent des pouvoirs de police administrative pour garantir la sérénité des campus ; nul n’a à s’en affranchir», a écrit sur X le ministre, qui «condamne» leur venue, sans «respect du droit à l’image».
Il promet un courrier «formel dans les prochains jours» auprès de la présidence de l’Assemblée, soutenant qu’«instrumentaliser l’université à des fins politiciennes est inacceptable».
https://www.liberation.fr/societe/education/trois-deputes-rn-sintroduisent-dans-un-campus-de-la-sorbonne-le-ministre-de-lenseignement-superieur-et-france-universites-sinsurgent-20251128_3XOBC7SKTRDI3I6BBOJADVDQEE/
you see this when javscript or css is not working correct