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-====== Le Monde – Les nouveaux consommateurs de cocaïne, « des M. et Mme Tout-le-Monde » ====== 
- https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/12/08/les-nouveaux-consommateurs-de-cocaine-des-m-et-mme-tout-le-monde_6656470_3224.html 
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-https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/12/08/les-nouveaux-consommateurs-de-cocaine-des-m-et-mme-tout-le-monde_6656470_3224.html 
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-SOCIÉTÉ 
-Les nouveaux consommateurs de cocaïne, « des M. et Mme Tout-le-Monde » 
-Contrairement à ce qu’avait affirmé Emmanuel Macron, la consommation de cocaïne dépasse de plus en plus largement celle des « bourgeois des centres-villes ». 
-Par Mattea Battaglia et Thomas Saintourens 
-Par Mattea Battaglia et Thomas Saintourens 
-Par Mattea Battaglia et Thomas Saintourens 
-Aujourd’hui à 13h00, modifié à 13h06 
-Lecture 7 min 
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-ANNE-GAËLLE AMIOT 
-L’attaque ciblée est venue par la voix de Maud Bregeon, porte-parole du gouvernement, lors du point presse suivant le conseil des ministres du 19 novembre, largement consacré au narcotrafic. « C’est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants », a-t-elle asséné, rapportant les propos du chef de l’Etat. Cette unique référence à une forme de consommation d’élite brouille la réalité d’une diffusion bien plus large des drogues, et de la cocaïne en particulier, dont la vente est l’un des principaux carburants de la richesse des réseaux criminels. 
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-« Banalisation », « normalisation », voire « démocratisation »… Les acteurs de terrain (policiers, magistrats, travailleurs sociaux, acteurs du soin) constatent depuis plusieurs années que ce produit psychostimulant se diffuse « partout » et touche toutes les couches de la société. 
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-Du strict point de vue statistique, l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) estime toujours qu’il y a, en France, cinq fois plus de fumeurs de cannabis que d’usagers de cocaïne. Mais ces derniers sont de plus en plus nombreux, et les écarts se resserrent : en 2023, année de référence de la dernière « Enquête sur les représentations, opinions et perceptions sur les psychotropes », menée par l’OFDT, près d’un adulte sur dix (9,4 %) déclarait avoir consommé au moins une fois de la cocaïne au cours de sa vie, contre 5,6 % en 2017. Un quasi-doublement, en six ans, observé également pour l’usage dit « actuel », c’est-à-dire au moins une fois au cours des douze derniers mois : il a concerné, en 2023, 2,7 % des Français, contre 1,6 % en 2017. 
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-Lire aussi 
-Pourquoi les addictions et les comportements compulsifs sont aggravés par la société de consommation 
-Les consommateurs déclarés sont plus souvent des hommes (3,9 %) que des femmes (1,6 %), avec une surreprésentation dans la classe d’âge des 25-34 ans (5,4 %) et des 35-44 ans (4 %). Cette photographie chiffrée, déjà un peu datée, devrait être actualisée par une nouvelle enquête menée au premier semestre 2026, avec une publication attendue en 2027, rapporte Ivana Obradovic, directrice adjointe de l’OFDT. « Nous allons y intégrer des questions sur les consommations régulières, au moins hebdomadaires, pour mieux évaluer les fréquences d’usage, mais aussi les contextes de consommation de cocaïne – en solitaire ou en groupe, chez soi ou au travail… », explique-t-elle. Avec l’objectif de croiser ces informations, peu traitées jusqu’à présent, avec les catégories socioprofessionnelles des répondants. 
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-« Sous les radars » 
-En attendant, à l’unisson de beaucoup d’autres connaisseurs du sujet, elle martèle : « Les profils des consommateurs de cocaïne continuent de se diversifier », bien au-delà des secteurs professionnels habituellement épinglés, comme ceux du spectacle, de la communication, de la mode ou de la finance. Ivana Obradovic cite notamment les métiers de la restauration, de l’hôtellerie, du BTP ou de la pêche, « avec des usages relevant de plus en plus souvent du dopage et donnant l’illusion de “tenir” la cadence », dit-elle. D’une affaire à l’autre, c’est aussi le milieu du sport, professionnel comme amateur, qui est pointé du doigt, celui du rugby, par exemple. Une liste que Marie Jauffret-Roustide, sociologue à l’Inserm, complète en citant également les soignants ou encore les chauffeurs routiers. « La consommation augmente en période de crise économique, en particulier dans des environnements de travail soumis à une injonction à la performance ou en horaires décalés », rappelle cette chercheuse, qui dirige le programme « Drogues, sciences sociales et sociétés » de l’Ecole des hautes études en sciences sociales. 
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-Comment le marché de la drogue se transforme pour trouver de nouveaux clients 
-Combien se considèrent comme des usagers occasionnels, même si, rappellent tous les acteurs du soin, le « risque sanitaire » existe dès la première expérimentation ? Combien sont des consommateurs réguliers, voire quotidiens ? Difficile à dire. « La cocaïne est une drogue qui passe facilement sous les radars, rappelle l’universitaire montpelliérain Yann Bisiou. La plupart des usagers n’en consomment pas dans la rue, mais chez eux, dans les toilettes des bars ou des restaurants, dans des fêtes… Et les acteurs de terrain, associations, médecins comme policiers, ne touchent que la portion congrue d’entre eux. » Du côté des médecins, l’estimation de 15 % à 20 % d’usagers en situation de dépendance est parfois avancée. Marie Jauffret-Roustide cite, elle, un autre chiffre, publié dans la revue The Lancet, faisant état d’environ 10 % de consommateurs dépendants, toutes substances confondues. 
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-« Dans le discours politique et médiatique, il y a une dichotomie très forte entre les consommateurs dépendants, associés à des usagers de rue, des figures repoussoirs très stigmatisées, et les autres consommateurs, ceux qui voudraient “performer” au travail, dans un contexte festif ou sexuel, observe-t-elle. Ce distinguo pèse aussi dans l’imaginaire collectif, entre le consommateur qui contrôlerait ses usages et tous les autres, dit-elle encore. Mais la frontière, en pratique, est très floue. » 
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-Les risques sont différents en fonction des profils socio-économiques des usagers, ajoute encore la sociologue : « Les catégories aisées ont tendance à expérimenter davantage [la cocaïne] que les catégories populaires. Mais les premières disposent plus souvent des ressources nécessaires – financières, réseaux, contacts… – pour se réguler ou se soigner, quand les secondes, qui en manquent, sont exposées dans une plus forte proportion aux risques d’addiction. » 
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-Place croissante de la cocaïne 
-Les patients qui se pressent à la consultation de Jean-Pierre Couteron, addictologue à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), sont de milieux « plutôt privilégiés », relève ce spécialiste. « Beaucoup disent prendre de la cocaïne “de temps en temps”, “une fois par mois”, “en soirée”, souvent associée à de l’alcool. Ils ont un sentiment de maîtrise. N’ont pas l’impression de perdre pied. Mais quand on fait la somme des consommations vécues comme occasionnelles, on se rend compte que les usages sont souvent réguliers. » 
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-Miroir des préoccupations des usagers, la plateforme de l’association Psychoactif, lancée il y a bientôt vingt ans pour leur permettre de partager leurs expériences dans un objectif de réduction des risques, reflète la place croissante de la cocaïne dans les usages. Même si, tient à souligner Pierre Chappard, président de la structure, les « visiteurs » ne représentent qu’un « segment » des consommateurs : « Ce sont des personnes entre 20 et 30 ans, souvent intégrées dans des parcours d’études ou en emploi. » Sur la centaine de forums que Psychoactif héberge, celui consacré à la cocaïne est devenu, en 2022, le plus consulté, avec 5 000 messages par an et des millions de visiteurs. Aux questions sur la « pureté » du produit, sur la « descente », ou sur les méthodes pour le « baser », c’est-à-dire pour diluer la poudre, se mêlent d’autres interrogations, nombreuses, sur ses effets sur la santé. « Nous avons énormément de messages qui demandent : “Comment arrêter ou gérer ma consommation ?” », rapporte-t-il. 
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-Du côté des services hospitaliers, de nombreux voyants clignotent au rouge. « Les dépendances à la cocaïne, ou à la cocaïne associée à l’alcool, sont devenues le motif principal de prise en charge dans les services d’addictologie franciliens », alerte la psychiatre Florence Vorspan, qui exerce à l’hôpital Lariboisière-Fernand-Widal (Assistance publique-hôpitaux de Paris, AP-HP). Dans son service d’addictologie de 40 lits, le plus gros de l’AP-HP, comme dans beaucoup d’autres, la courbe des hospitalisations pour sevrage est ascendante, et les listes d’attente s’allongent, constate-t-elle, souvent sur la demande de patients qui n’ont pas le profil des consommateurs de rue marginalisés. « Ce sont, pour la plupart, des personnes qui ont encore un travail, encore une vie de famille, encore une vie sociale, et qui voudraient les conserver », dit-elle. 
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-« Invisibilisation » des usagères 
-A la tête du service universitaire d’addictologie de Lyon, l’addictologue Benjamin Rolland rapporte que les demandes d’accompagnement pour usages de produits psychostimulants, à Lyon, ont été multipliées par cinq entre 2019 et 2023 – avec la cocaïne, souvent associée à d’autres drogues, désormais présente dans un tiers des sevrages. « Il y a dix ans, les profils de consommateurs étaient polarisés aux extrêmes, avec, d’un côté, des personnes très précaires, consommant de la cocaïne basée (du crack), de l’autre, des usagers bien plus aisés, par exemple des cadres, consommant de la cocaïne en poudre. On voit aujourd’hui beaucoup plus de profils intermédiaires, assez banals… Des M. et Mme Tout-le-Monde. » Avec une moyenne d’âge de 40 à 45 ans, dit-il, dont une partie se laisse désormais aussi tenter par de la cocaïne basée – elle est parfois rebaptisée « free base ». 
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-Le trafic et la consommation de kétamine en hausse en France 
-Il compte peu de trentenaires ou de vingtenaires parmi ses patients. Et très peu de femmes : « On considère que la prévalence des addictions est d’une femme pour deux hommes, explique encore le professeur Rolland. Mais, dans les structures de soins, les ratios sont encore plus bas. Chez nous, à Lyon, les femmes ne représentent pas plus de 20 % à 25 % des personnes prises en charge. » 
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-Il n’est pas le seul à évoquer cette « invisibilisation » des usagères de cocaïne : au centre hospitalier universitaire (CHU) de Montpellier, où l’offre de soins en addictologie est très développée, avec deux services de consultation, deux services d’hospitalisation complète et deux autres en hospitalisation de jour, l’accueil des usagères de drogues fait partie des priorités. « L’addiction est vécue comme une maladie honteuse, plus encore quand on est une femme, et je ne parle même pas de celles qui ont des enfants et qui vivent dans la peur d’en perdre la garde, rongées par la culpabilité, observe la cheffe de service, Hélène Donnadieu. Si les données épidémiologiques montrent que les usages progressent, quel que soit le genre, ces femmes restent bien souvent à la marge des soins. » Pour y remédier, le CHU compte organiser, dès janvier, une journée par mois à destination de ces patientes, « en non-mixité ». 
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-Un autre point important soulevé par cette professionnelle est la « polyconsommation ». « Il est rare, dit-elle, de voir un usager qui consomme uniquement de la cocaïne sans aucun autre produit. » D’autres signes d’évolution sont mis en avant par les travailleurs sociaux : « On constate une évolution de la pratique du sniff au profit de l’inhalation [de cocaïne basée] parfois chez des publics jeunes et aussi des personnes insérées, rapporte David Gautré, directeur d’Axess, un centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues à Montpellier. Ce type d’usages et de modalités de consommations, identifiés chez les personnes très marginalisées et souvent stigmatisées, semble se banaliser. » Et il inquiète : par son effet immédiat, il est considéré comme très addictogène. 
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-Les consommateurs interrogent eux aussi les effets des évolutions à l’œuvre, rapporte Nicolas Franchitto, du service d’addictologie du CHU de Toulouse. « Le champ d’intervention de l’addictologie s’est élargi, avec des usagers, notamment des étudiants, qui viennent davantage consulter, même quand ils n’ont pas l’impression que leur consommation est problématique, rapporte le médecin. Parce qu’ils ont ressenti des effets qui les dépassent, des troubles du rythme cardiaque, une perte de connaissance. Mais aussi parce qu’ils ont conscience qu’avoir besoin de cocaïne, pour travailler ou, au contraire, pour se relâcher, cache un problème. Tout l’enjeu est de créer avec eux une alliance thérapeutique permettant de questionner ce qu’il y a derrière des consommations prétendument festives. » 
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-Le Monde.fr: La cocaïne détrône le cannabis sur le marché de la drogue pour la première fois en France https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/12/08/la-cocaine-detrone-le-cannabis-sur-le-marche-de-la-drogue-pour-la-premiere-fois-en-france_6656431_3224.html 
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-La cocaïne détrône le cannabis sur le marché de la drogue pour la première fois en France 
-Avec 3,1 milliards d’euros contre 2,7 milliards pour le cannabis, la cocaïne s’impose dans le pays comme le premier marché de produits stupéfiants selon une étude publiée, lundi 8 décembre, par l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives. 
-Par Thomas Saintourens 
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-Publié aujourd’hui à 06h00, modifié à 10h38  
-Temps deLecture 5 min. 
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-L’équation, singulière, a pour objectif de capturer, dans une formule mathématique, les richesses des trafics de stupéfiants. Soit une ligne de calcul où l’on cherche la valeur de « D ». « D », comme les dépenses des usagers pour leur consommation de drogues illicites sur une année, en considérant comme variables le prix, la quantité, le nombre d’usagers, ou encore la fréquence de consommation. 
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-L’étude intitulée « Taille des marchés des drogues illicites en France (2010-2023) », publiée ce lundi 8 décembre par l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) donne à ce « D » une estimation s’élevant à 6,8 milliards d’euros. Un chiffre d’affaires du marché des drogues illicites ayant triplé depuis 2010. 
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-A cette époque, le cannabis était le best-seller de l’offre des stupéfiants en France. Avec 3,1 milliards d’euros pour la cocaïne contre 2,7 milliards pour le cannabis, c’est la première fois que cette drogue s’impose en France comme le premier marché de produits stupéfiants. 
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-Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Comment le marché de la drogue se transforme pour trouver de nouveaux clients 
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-Pour parvenir à ces résultats, et à ce renversement historique, les chercheurs de l’université de Lille Christian Ben Lakhdar et Sophie Massin se sont d’abord livrés à un curieux et méticuleux recensement. En suivant une logique bottom up, basée sur les remontées de terrain relatives à la demande de produits stupéfiants, ils ont agrégé les éléments des dernières études épidémiologiques en population générale pour reconstituer les dépenses des usagers. Les données sont présentées selon trois scénarios : estimation basse, centrale et haute – laquelle culmine à plus de 10 milliards d’euros. 
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-Entre 2010 et 2023, selon le travail des économistes, le marché global des drogues a augmenté de 87,5 % en quantité (exprimée en tonnes) et de 189,3 % en chiffres d’affaires estimés. Ce n’est pas un marché monolithique que décrivent les experts, mais bien des segments aux dynamiques différentes, mettant néanmoins en lumière le boom des psychostimulants. 
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-« La cocaïne continue son expansion en France de manière régulière depuis 2010, suggérant que la dynamisation de ce marché a été initiée avant 2010 », détaille le rapport. « De la même manière que pour les volumes estimés, ce marché a triplé en valeur (+ 244 %) entre 2010 et 2023 et se hisse désormais au premier rang des drogues illicites en termes de dépenses allouées par les consommateurs. » 
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-« Plus purs et moins chers » 
-Christian Ben Lakhdar souligne qu’« on observe un retournement sur les psychostimulants, qui passent au-dessus d’un marché historiquement très ancré du cannabis, qui semble atteindre une forme de plateau ». Pour expliquer ce boom du marché de la cocaïne, le chercheur rappelle que « les narcotrafiquants se sont tournés vers l’Europe après la saturation du marché américain, et la demande a suivi, tirée par la qualité, les prix faibles, et une amélioration des méthodes de vente et du packaging ». 
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-Les vagues de ce qui est surnommé le « tsunami blanc » ont pu déferler via les ports de la mer du Nord ou d’Espagne et transiter par les plus grands hubs logistiques ou les ports secondaires. Ainsi, la disponibilité de la cocaïne nourrit un marché qui ne craint guère la rupture de stock. Au contraire, comme le soulignent les services d’enquête spécialisés, cette drogue s’est fait sa place sur les menus des points de deal comme des canaux de vente numériques, avec des prix en baisse et une pureté inégalée. 
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-« L’argent dépensé dans l’achat de drogues revient évidemment aux organisations du narcotrafic et renforce donc leur puissance financière, et par ricochet leur capacité à investir et à innover, donc à proposer des produits encore plus purs et moins chers à l’avenir, suggère Sophie Massin. Les perspectives de profit peuvent aussi attirer des nouveaux acteurs et renforcer les rivalités et le niveau de violence sur ces marchés. » 
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-Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Marseille face à l’emprise du trafic de drogue : « Ils sont tellement nombreux et ils ont tellement d’argent » 
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-Un rapport du service statistique ministériel de la sécurité intérieure, publié le 3 décembre, documente aussi comment « le nombre de mis en cause pour trafic de cocaïne ou d’ecstasy croît beaucoup plus fortement que celui pour trafic de cannabis ou d’héroïne ». Dans les chiffres, cela se traduit par une hausse moyenne de 4 % des mis en cause pour trafic de cannabis entre 2016 et 2024, contre une augmentation annuelle de 10 % pour l’ecstasy et de 14 % pour la cocaïne. 
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-Les statistiques du ministère de l’intérieur donnent aussi des informations complémentaires sur la répartition des individus mis en cause pour trafic de cocaïne, selon les régions, avec un pic à plus de 300 mis en cause pour 100 000 habitants en Guyane, et une surreprésentation de ce type de délit dans « des départements franciliens comme Paris, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne, ainsi que [ceux] du pourtour méditerranéen comme les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse, le Var, les Alpes-Maritimes et les Pyrénées-Orientales. » Concernant l’âge médian des mis en cause pour consommation de cocaïne, il est de 31 ans, contre 24 ans pour le cannabis. 
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-Explosion des drogues de synthèse 
-Les chercheurs lillois, de leur côté, démontrent que les volumes consommés de cannabis, s’ils ont augmenté de 77 % entre 2010 et 2023, se sont stabilisés entre 2017 et 2023, avec une croissance limitée à 3,4 % sur cette période. « Cette tendance récente s’expliquerait en partie par une nette diminution de la consommation de cannabis chez les jeunes », expose l’étude de Christian Ben Lakhdar et de Sophie Masson. 
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-Au niveau du marché, il « semble se stabiliser après avoir connu de profonds bouleversements (passage de la résine à l’herbe, culture domestique, diversité des produits et des vecteurs de vente). Il suit en cela la demande, qui semble se concentrer sur des consommateurs réguliers et plus âgés que précédemment », précise encore l’étude. 
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-Si le duo cannabis-cocaïne génère aujourd’hui à lui seul plus de 90 % du chiffre d’affaires des drogues illicites, les autres substances observées dans l’étude augmentent toutes depuis 2017, mais selon des dynamiques contrastées. L’héroïne, après un repli léger au début des années 2010 (– 13 % sur treize ans), a connu un regain depuis 2017. Le crack, étudié seulement depuis l’étude de 2017, connaît une croissance de son marché de + 44 %. 
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-Mais ces résultats sont peu de chose au regard de l’explosion du chiffre d’affaires des produits stimulants de synthèse. Entre 2010 et 2023, le marché de l’ecstasy-MDMA a bondi de 637 %, et celui des amphétamines de 470 %. « Il est désormais certain que les psychostimulants, mis en perspective avec l’évolution de la cocaïne, sont les marchés des drogues illicites les plus dynamiques », affirment les chercheurs. « Avec des prix de vente au détail très attractifs, il est très probable que les dynamiques de marchés de l’ecstasy-MDMA et celui des amphétamines s’expliquent par la forte croissance de la production, notamment en Europe, s’accompagnant d’un marketing très agressif et par l’évolution des attentes des consommateurs vers des stimulants dans des contextes festifs, voire professionnels », précise le rapport publié ce lundi. 
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-Les précautions méthodologiques employées par les auteurs, signifiant que l’aspect parcellaire des données à disposition ne peut apporter que des estimations larges, plaident aussi pour un approfondissement des recherches scientifiques sur les stupéfiants. « Il serait essentiel d’étendre la collecte systématique de données sur les prix réels, les modalités d’achat et les circuits d’approvisionnement pour affiner la valeur économique des différents segments du marché », alertent les auteurs de l’étude. Un moyen d’ainsi affiner l’équation et de fournir des données plus précises encore sur l’ampleur de la crise sanitaire révélée par l’ampleur de ce marché clandestin. 
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-Thomas Saintourens 
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