La publicité d’Intermarché présente d’autres problèmes : elle encourage à « mieux manger » alors que ni l’offre de produits alimentaires de l’annonceur, ni ses orientations stratégiques, ne correspondent à ce message vertueux. Les « recettes du loup » sur le site d’Intermarché sont à ce titre particulièrement éloquentes : celles-ci présentent seulement trois recettes végétariennes, noyées dans une myriade de recettes à base de viande ou poisson. En outre, cette « belle histoire de Noël » n’est volontairement pas transparente sur son objectif commercial alors qu’elle vise des enfants et adolescents.
A tous ces égards, et d’autres encore détaillés dans notre plainte, BLOOM dénonce une campagne de publicité déloyale, malhonnête et mensongère, de nature à induire les consommateurs en erreur, notamment les enfants, et demande aux professionnels de régulation de la publicité de déclencher une procédure d’urgence pour faire retirer du clip les trois scènes comportant du poisson et de prendre toute mesure supplémentaire adaptée aux faits relevés.
Une publicité mensongère d’Intermarché interdite en 2012 déjà
Intermarché n’en est pas à son coup d’essai. BLOOM avait déjà fait interdire en 2012 une publicité vantant de façon erronée les vertus de sa flotte de pêche, la « Scapêche », leader de la pêche destructrice au chalut en eaux profondes (1). En amont des périodes de fêtes de fin d’année, Intermarché vient de récidiver. Depuis le 6 décembre 2025, l’enseigne du groupe Les Mousquetaires diffuse un « conte de Noël » sous forme de dessin animé, largement commenté et décrit comme la publicité « du loup végétarien » ou « du loup végan », qui a généré un « buzz » planétaire dépassant le milliard de vues (2).
Tout en douceur, en rondeur… et en malhonnêteté
Si le message de convivialité que met en avant la publicité est cher à BLOOM, le dessin animé publicitaire contient néanmoins une arnaque délétère pour l’océan : le loup végétarien pêche et mange du poisson ! L’annonceur place ainsi un message subliminal qui relaie une idée reçue courante mais erronée : être végétarien permettrait de manger du poisson. Or non, les végétariens ne mangent aucune chair animale. Le script de la publicité est pourtant très clair : les animaux de la forêt demandent au loup de ne pas les manger et de changer de régime pour devenir végétarien. A aucun moment les animaux ne l’encouragent-ils à manger d’autres animaux, quels qu’ils soient. D’ailleurs, à la fin du clip de deux minutes trente, l’insertion sociale du loup au banquet de Noël se fait bien par la présentation aux autres animaux d’une quiche végétarienne. Malgré cela, trois plans de poissons sont insérés dans le dessin animé (le loup pêche, puis cuisine le poisson qui est ensuite dressé sur une assiette). Ces apparitions d’un loup pêcheur et consommateur de poisson, incohérentes avec le fil narratif d’un loup végétarien, ne sauraient être fortuites venant de la première flotte de pêche française, de surcroît à l’abord des fêtes de Noël, qui correspondent à un pic de ventes de produits de la mer. De fait, ces plans sont une injonction tacite à consommer du poisson, même pour les végétariens. Or contrairement à ce que sous-entend la publicité, le « bien manger » et a fortiori le végétarisme ne sauraient passer par la consommation de poisson en substitution à la viande.
Capture d’écran – 1min41
Message mensonger sur l’abondance des poissons
En outre, la publicité associe la pêche à l’abondance des poissons, présentée comme prolifique, dès lors que l’on serait habiles ou bien outillés, comme le héron dans le clip. Ce récit alimente ainsi un imaginaire collectif en totale contradiction avec l’état des populations de poissons et les enjeux associés à leur conservation. Selon la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (l’IPBES), parmi les activités à l’origine de perturbations globales et rapides de l’océan à une échelle et une ampleur sans précédent dans l’Histoire de l’Humanité, les impacts préjudiciables au milieu et à la biodiversité marine sont attribuables en premier lieu à la pêche (3). Au niveau mondial, les pêches industrielles ont réduit d’au moins 90% les populations de grands poissons tels que les cabillauds, les flétans, les requins, les mérous, les thons, les espadons ou marlins (4). Au niveau de l’Union européenne (ci-après « UE »), les écosystèmes marins restent largement en mauvais état (5), avec seulement 21 stocks sur 83 (soit 25%) dans l’Atlantique Nord-Est en bon état, et 20 (soit 24%) toujours en dehors des limites biologiques de sécurité (6).
Venant de la première flotte de pêche de France (7), ce message n’est aucunement un hasard. L’objectif est bien d’alimenter, qui plus est avant les fêtes, une validation culturelle de la consommation de poisson. Il s’agit d’encourager les gens à en consommer « sans culpabilité ».
Par ailleurs, au moment des fêtes, les consommateurs achètent beaucoup de saumon d’élevage issu de pratiques aquacoles intensives aux impacts environnementaux nombreux et particulièrement néfastes.
Minimisation des impacts de la pêche, notamment du chalutage pratiqué par Intermarché, parfois illégalement
La publicité banalise indirectement la pratique de la pêche tout en minimisant ses impacts environnementaux, ce qui ressort d’autant plus par contraste avec le message principal concernant les sources carnées de protéines animales. Or, Intermarché ne pratique pas la pêche sélective à la ligne, et le poisson qu’on trouve sur ses étals est majoritairement issu de pêches industrielles à fort impact. La Scapêche est en effet connue pour exploiter de nombreux navires aux impacts environnementaux extrêmement délétères, notamment des chalutiers de fond, dont tous les indicateurs sociaux, économiques et environnementaux sont particulièrement négatifs (destruction des habitats, captures accessoires, émissions de carbone, etc.).
En particulier, nous pouvons citer les chalutiers d’Intermarché Mariette Le Roch II (46 mètres) et le Jean-Pierre Le Roch (42 m), encore identifiés récemment comme pêchant au-delà de 800 mètres de profondeur et dans des écosystèmes marins vulnérables au-delà de 400 mètres de profondeur, en violation de deux règlements européens. Nous avons documenté ces infractions dans une étude scientifique (8).
Capture d’écran – 1min16
Une réalité et des « recettes du loup » très éloignées du « manger mieux »
Pour finir, la publicité d’Intermarché dit vouloir encourager à « mieux manger » en prônant une alimentation sans protéine animale, sans toutefois exclure le poisson, alors que ni l’offre de produits alimentaires de l’annonceur, ni même ses orientations stratégiques, ne correspondent à ce message vertueux : Intermarché ne semble pas enclin à limiter son offre en protéines animales (viande et poisson), et ne prend pas particulièrement en compte la question du bien-être animal, en atteste — concernant la Scapêche — l’absence de volonté du groupe Les Mousquetaires de renoncer au chalutage.
Les « recettes du loup » sur le site d’Intermarché sont à ce titre particulièrement éloquentes : celles-ci présentent seulement trois recettes végétariennes, tandis que s’ensuivent de nombreuses autres recettes, cette fois très majoritairement à base de viande ou poisson, ainsi que des recettes de cocktails pour les repas de fêtes (9).
Un dessin animé dissimulant son objectif commercial et abusant de la crédulité des enfants
Un autre aspect hautement problématique concernant cette « belle histoire de Noël » est le fait qu’elle n’est volontairement pas transparente sur son objectif commercial : aucun logo ou autre élément indicatif n’est renseigné avant le dernier plan. Ceci est d’autant plus contestable que cette publicité vise des enfants et adolescents. Elle contrevient en cela à l’article 20 du « Code de la Chambre de Commerce Internationale (ICC) consolidé sur les pratiques de publicité et de communication commerciale » qui établit : « Une attention particulière doit être accordée aux communications marketing destinées aux enfants ou aux adolescents ou les mettant en scène. Les communications marketing ne doivent pas exploiter la crédulité naturelle des enfants ou le manque d’expérience des adolescents et ne devrait pas mettre à rude épreuve leur sens de la loyauté. » (10)
BLOOM demande une procédure d’urgence pour retirer les plans de poissons du clip publicitaire
Notre plainte relève d’autres problèmes liés à cette publicité qui contrevient au cadre déontologique de l’expression publicitaire issu des recommandations de l’ARPP à plusieurs titres :
Par le non-respect des impacts éco-citoyens ;
Par son manquement à l’obligation de véracité ;
Par le non-respect des règles d’identification et de transparence ;
Par son manquement à l’obligation d’attention particulière devant être portée à l’égard des enfants et adolescents.
Dans un contexte d’effondrement accéléré de la biodiversité, où la compréhension du vivant et des équilibres écologiques constitue un enjeu sociétal majeur, la publicité participe à la banalisation de l’ignorance du monde animal. Elle détourne et réduit le débat écologique, disqualifiant implicitement toute réflexion sérieuse sur l’évolution nécessaire de nos régimes alimentaires et sur la place du loup dans nos sociétés.
Pour conclure, sous couvert d’un conte attendrissant et humoristique, Intermarché fait passer plusieurs messages erronés, ambigus, non conformes à la position et aux pratiques de l’enseigne, qui alimentent de graves problèmes de représentation du vivant, de désinformation scientifique et de communication irresponsable auprès des publics.
Au regard de l’ensemble des manquements relevés, BLOOM demande au Jury de déontologie publicitaire le déclenchement d’une procédure d’urgence, d’enjoindre à l’annonceur de retirer les plans de poissons compris dans la Publicité et d’assurer une diffusion renforcée de l’avis du JDP, et ce d’autant plus que la Publicité a été diffusée largement et à dessein en période de fêtes de fin d’année.
Notes et références
(1) JDP, 26 juin 2012, Grande distribution, n°194/12 : https://www.jdp-pub.org/avis/avis-jdp-n-194-12-grande-distribution/
(2) https://www.lefigaro.fr/conjoncture/on-a-perdu-le-controle-de-la-situation-la-publicite-du-loup-d-intermarche-a-depasse-le-milliard-de-vues-se-felicite-le-patron-du-groupe-20251220
(3) IPBES, Rapport de la Plénière de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques sur les travaux de sa septième session, 2019, p. 28.
(4) Myers & Worms (2003) Rapid worldwide depletion of predatory fish communities. Nature.
(5) European Environment Agency, Marine messages II — Navigating the course towards clean, healthy and productive seas through implementation of an ecosystem‑based approach, (2019) 77. https://www.eea.europa.eu/publications/marine-messages-2/file.
(6) STECF (2025), Monitoring of the performance of the Common Fisheries Policy (STECF-Adhoc-25-01). https://stecf.jrc.ec.europa.eu/documents/d/stecf/stecf_25-01_adhoc
(7) https://www.mousquetaires.com/nos-filiales/agromousquetaires/nos-poles-de-performance/la-filiere-peche-agromousquetaires/
(8) Victorero, Moffitt, Mallet & Le Manach (2025) Tracking bottom-fishing activities in protected vulnerable marine ecosystem areas and below 800-m depth in European Union waters. Science Advances.
(9) https://www.intermarche.com/recettes
(10) https://www.arpp.org/actualite/enfants-publicite-declaration-icc/
https://bloomassociation.org/bloom-porte-plainte-contre-la-publicite-mensongere-dintermarche-dite-du-loup-mal-aime/
L'association environnementale Bloom, engagée “contre la destruction de l'océan, du climat et des pêcheurs artisans”, annonce dans un communiqué qu'elle a porté plainte, mardi 23 décembre, contre la publicité du loup “Mal Aimé” d’Intermarché, qu'elle qualifie de “mensongère”. Une plainte a été déposée auprès du Jury de déontologie publicitaire (JDP), une instance associée de l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP).
Le spot publicitaire du Groupement Mousquetaires/Intermarché, signé du studio d'animation français Illogic Studios, “alimente une confusion profondément ancrée, bien qu’erronée, entre végétarisme et consommation de poisson”, explique l'ONG. Dans la vidéo, le loup, “présenté comme végétarien”, se met à cuisiner des légumes et du poisson pour se faire accepter des autres animaux de la forêt, et partager avec eux un repas de fêtes. Or, les végétariens ne mangent pas de poisson.
Selon Bloom, la pub “ancre dans l’imaginaire collectif” la confusion entre végétarisme et régime à base de poisson, “au bénéfice direct de la promotion de produits issus de la pêche d’Intermarché, puisque l’enseigne possède sa propre flotte de pêche, la Scapêche, qui pratique notamment le chalutage, la méthode de pêche la plus destructrice d’entre toutes, à échelle industrielle”.
L'association pointe également “un message induit mensonger sur l’abondance des poissons”, “en totale contradiction avec l’état de santé de leurs populations”. L'ONG réclame en ce sens “une procédure d’urgence pour faire retirer du clip les trois scènes comportant du poisson”. La publicité du loup “Mal Aimé” d'Intermarché a dépassé le milliard de vues.
https://www.franceinfo.fr/environnement/l-association-bloom-porte-plainte-contre-la-publicite-du-loup-d-intermarche-qu-elle-qualifie-de-mensongere_7699618.html#xtor=CS2-765-
BLOOM porte plainte contre la publicité mensongère d’Intermarché dite du « loup mal aimé »
La publicité d’Intermarché présente d’autres problèmes : elle encourage à « mieux manger » alors que ni l’offre de produits alimentaires de l’annonceur, ni ses orientations stratégiques, ne correspondent à ce message vertueux. Les « recettes du loup » sur le site d’Intermarché sont à ce titre particulièrement éloquentes : celles-ci présentent seulement trois recettes végétariennes, noyées dans une myriade de recettes à base de viande ou poisson. En outre, cette « belle histoire de Noël » n’est volontairement pas transparente sur son objectif commercial alors qu’elle vise des enfants et adolescents.
A tous ces égards, et d’autres encore détaillés dans notre plainte, BLOOM dénonce une campagne de publicité déloyale, malhonnête et mensongère, de nature à induire les consommateurs en erreur, notamment les enfants, et demande aux professionnels de régulation de la publicité de déclencher une procédure d’urgence pour faire retirer du clip les trois scènes comportant du poisson et de prendre toute mesure supplémentaire adaptée aux faits relevés.
Une publicité mensongère d’Intermarché interdite en 2012 déjà
Intermarché n’en est pas à son coup d’essai. BLOOM avait déjà fait interdire en 2012 une publicité vantant de façon erronée les vertus de sa flotte de pêche, la « Scapêche », leader de la pêche destructrice au chalut en eaux profondes (1). En amont des périodes de fêtes de fin d’année, Intermarché vient de récidiver. Depuis le 6 décembre 2025, l’enseigne du groupe Les Mousquetaires diffuse un « conte de Noël » sous forme de dessin animé, largement commenté et décrit comme la publicité « du loup végétarien » ou « du loup végan », qui a généré un « buzz » planétaire dépassant le milliard de vues (2).
Tout en douceur, en rondeur… et en malhonnêteté
Si le message de convivialité que met en avant la publicité est cher à BLOOM, le dessin animé publicitaire contient néanmoins une arnaque délétère pour l’océan : le loup végétarien pêche et mange du poisson ! L’annonceur place ainsi un message subliminal qui relaie une idée reçue courante mais erronée : être végétarien permettrait de manger du poisson. Or non, les végétariens ne mangent aucune chair animale. Le script de la publicité est pourtant très clair : les animaux de la forêt demandent au loup de ne pas les manger et de changer de régime pour devenir végétarien. A aucun moment les animaux ne l’encouragent-ils à manger d’autres animaux, quels qu’ils soient. D’ailleurs, à la fin du clip de deux minutes trente, l’insertion sociale du loup au banquet de Noël se fait bien par la présentation aux autres animaux d’une quiche végétarienne. Malgré cela, trois plans de poissons sont insérés dans le dessin animé (le loup pêche, puis cuisine le poisson qui est ensuite dressé sur une assiette). Ces apparitions d’un loup pêcheur et consommateur de poisson, incohérentes avec le fil narratif d’un loup végétarien, ne sauraient être fortuites venant de la première flotte de pêche française, de surcroît à l’abord des fêtes de Noël, qui correspondent à un pic de ventes de produits de la mer. De fait, ces plans sont une injonction tacite à consommer du poisson, même pour les végétariens. Or contrairement à ce que sous-entend la publicité, le « bien manger » et a fortiori le végétarisme ne sauraient passer par la consommation de poisson en substitution à la viande.
Capture d’écran – 1min41
Message mensonger sur l’abondance des poissons
En outre, la publicité associe la pêche à l’abondance des poissons, présentée comme prolifique, dès lors que l’on serait habiles ou bien outillés, comme le héron dans le clip. Ce récit alimente ainsi un imaginaire collectif en totale contradiction avec l’état des populations de poissons et les enjeux associés à leur conservation. Selon la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (l’IPBES), parmi les activités à l’origine de perturbations globales et rapides de l’océan à une échelle et une ampleur sans précédent dans l’Histoire de l’Humanité, les impacts préjudiciables au milieu et à la biodiversité marine sont attribuables en premier lieu à la pêche (3). Au niveau mondial, les pêches industrielles ont réduit d’au moins 90% les populations de grands poissons tels que les cabillauds, les flétans, les requins, les mérous, les thons, les espadons ou marlins (4). Au niveau de l’Union européenne (ci-après « UE »), les écosystèmes marins restent largement en mauvais état (5), avec seulement 21 stocks sur 83 (soit 25%) dans l’Atlantique Nord-Est en bon état, et 20 (soit 24%) toujours en dehors des limites biologiques de sécurité (6).
Venant de la première flotte de pêche de France (7), ce message n’est aucunement un hasard. L’objectif est bien d’alimenter, qui plus est avant les fêtes, une validation culturelle de la consommation de poisson. Il s’agit d’encourager les gens à en consommer « sans culpabilité ».
Par ailleurs, au moment des fêtes, les consommateurs achètent beaucoup de saumon d’élevage issu de pratiques aquacoles intensives aux impacts environnementaux nombreux et particulièrement néfastes.
Minimisation des impacts de la pêche, notamment du chalutage pratiqué par Intermarché, parfois illégalement
La publicité banalise indirectement la pratique de la pêche tout en minimisant ses impacts environnementaux, ce qui ressort d’autant plus par contraste avec le message principal concernant les sources carnées de protéines animales. Or, Intermarché ne pratique pas la pêche sélective à la ligne, et le poisson qu’on trouve sur ses étals est majoritairement issu de pêches industrielles à fort impact. La Scapêche est en effet connue pour exploiter de nombreux navires aux impacts environnementaux extrêmement délétères, notamment des chalutiers de fond, dont tous les indicateurs sociaux, économiques et environnementaux sont particulièrement négatifs (destruction des habitats, captures accessoires, émissions de carbone, etc.).
En particulier, nous pouvons citer les chalutiers d’Intermarché Mariette Le Roch II (46 mètres) et le Jean-Pierre Le Roch (42 m), encore identifiés récemment comme pêchant au-delà de 800 mètres de profondeur et dans des écosystèmes marins vulnérables au-delà de 400 mètres de profondeur, en violation de deux règlements européens. Nous avons documenté ces infractions dans une étude scientifique (8).
Capture d’écran – 1min16
Une réalité et des « recettes du loup » très éloignées du « manger mieux »
Pour finir, la publicité d’Intermarché dit vouloir encourager à « mieux manger » en prônant une alimentation sans protéine animale, sans toutefois exclure le poisson, alors que ni l’offre de produits alimentaires de l’annonceur, ni même ses orientations stratégiques, ne correspondent à ce message vertueux : Intermarché ne semble pas enclin à limiter son offre en protéines animales (viande et poisson), et ne prend pas particulièrement en compte la question du bien-être animal, en atteste — concernant la Scapêche — l’absence de volonté du groupe Les Mousquetaires de renoncer au chalutage.
Les « recettes du loup » sur le site d’Intermarché sont à ce titre particulièrement éloquentes : celles-ci présentent seulement trois recettes végétariennes, tandis que s’ensuivent de nombreuses autres recettes, cette fois très majoritairement à base de viande ou poisson, ainsi que des recettes de cocktails pour les repas de fêtes (9).
Un dessin animé dissimulant son objectif commercial et abusant de la crédulité des enfants
Un autre aspect hautement problématique concernant cette « belle histoire de Noël » est le fait qu’elle n’est volontairement pas transparente sur son objectif commercial : aucun logo ou autre élément indicatif n’est renseigné avant le dernier plan. Ceci est d’autant plus contestable que cette publicité vise des enfants et adolescents. Elle contrevient en cela à l’article 20 du « Code de la Chambre de Commerce Internationale (ICC) consolidé sur les pratiques de publicité et de communication commerciale » qui établit : « Une attention particulière doit être accordée aux communications marketing destinées aux enfants ou aux adolescents ou les mettant en scène. Les communications marketing ne doivent pas exploiter la crédulité naturelle des enfants ou le manque d’expérience des adolescents et ne devrait pas mettre à rude épreuve leur sens de la loyauté. » (10)
BLOOM demande une procédure d’urgence pour retirer les plans de poissons du clip publicitaire
Notre plainte relève d’autres problèmes liés à cette publicité qui contrevient au cadre déontologique de l’expression publicitaire issu des recommandations de l’ARPP à plusieurs titres :
Par le non-respect des impacts éco-citoyens ;
Par son manquement à l’obligation de véracité ;
Par le non-respect des règles d’identification et de transparence ;
Par son manquement à l’obligation d’attention particulière devant être portée à l’égard des enfants et adolescents.
Dans un contexte d’effondrement accéléré de la biodiversité, où la compréhension du vivant et des équilibres écologiques constitue un enjeu sociétal majeur, la publicité participe à la banalisation de l’ignorance du monde animal. Elle détourne et réduit le débat écologique, disqualifiant implicitement toute réflexion sérieuse sur l’évolution nécessaire de nos régimes alimentaires et sur la place du loup dans nos sociétés.
Pour conclure, sous couvert d’un conte attendrissant et humoristique, Intermarché fait passer plusieurs messages erronés, ambigus, non conformes à la position et aux pratiques de l’enseigne, qui alimentent de graves problèmes de représentation du vivant, de désinformation scientifique et de communication irresponsable auprès des publics.
Au regard de l’ensemble des manquements relevés, BLOOM demande au Jury de déontologie publicitaire le déclenchement d’une procédure d’urgence, d’enjoindre à l’annonceur de retirer les plans de poissons compris dans la Publicité et d’assurer une diffusion renforcée de l’avis du JDP, et ce d’autant plus que la Publicité a été diffusée largement et à dessein en période de fêtes de fin d’année.
Notes et références
(1) JDP, 26 juin 2012, Grande distribution, n°194/12 : https://www.jdp-pub.org/avis/avis-jdp-n-194-12-grande-distribution/
(2) https://www.lefigaro.fr/conjoncture/on-a-perdu-le-controle-de-la-situation-la-publicite-du-loup-d-intermarche-a-depasse-le-milliard-de-vues-se-felicite-le-patron-du-groupe-20251220
(3) IPBES, Rapport de la Plénière de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques sur les travaux de sa septième session, 2019, p. 28.
(4) Myers & Worms (2003) Rapid worldwide depletion of predatory fish communities. Nature.
(5) European Environment Agency, Marine messages II — Navigating the course towards clean, healthy and productive seas through implementation of an ecosystem‑based approach, (2019) 77. https://www.eea.europa.eu/publications/marine-messages-2/file.
(6) STECF (2025), Monitoring of the performance of the Common Fisheries Policy (STECF-Adhoc-25-01). https://stecf.jrc.ec.europa.eu/documents/d/stecf/stecf_25-01_adhoc
(7) https://www.mousquetaires.com/nos-filiales/agromousquetaires/nos-poles-de-performance/la-filiere-peche-agromousquetaires/
(8) Victorero, Moffitt, Mallet & Le Manach (2025) Tracking bottom-fishing activities in protected vulnerable marine ecosystem areas and below 800-m depth in European Union waters. Science Advances.
(9) https://www.intermarche.com/recettes
(10) https://www.arpp.org/actualite/enfants-publicite-declaration-icc/
https://bloomassociation.org/bloom-porte-plainte-contre-la-publicite-mensongere-dintermarche-dite-du-loup-mal-aime/
L’association Bloom, qui lutte contre la destruction des océans et le dérèglement climatique, a saisi le jury de déontologie publicitaire de l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) afin de faire supprimer certains plans de la publicité de Noël d’Intermarché, qu’elle juge mensongers.
Le loup ne fait finalement pas l'unaminité. Après son carton mondial et son milliard de vues sur les réseaux sociaux, le “conte de Noël” d'Intermarché est attaqué par Bloom. L'association, qui lutte contre la destruction de l'océan et du climat, indique avoir porté plainte auprès du jury de déontologie publicitaire de l'Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) pour faire supprimer les plans, où des poissons sont présentés.
La raison? Le loup “mal aimé” est présenté comme végétarien à la fin du clip de 2 minutes 30 alors qu'il pêche et consomme du poisson. Dans son communiqué, l'association dénonce l'alimentation d'“une confusion profondément ancrée, bien qu'éronnée, entre végétarisme et consommation de poisson”, ce qui renforcerait l'idée selon laquelle “si vous êtes végétarien(ne), vous pouvez manger du poisson.”
Derrière cela, l'ONG dénonce principalement la promotion de la pêche industrielle par le Groupe Les Mousquetaires, qui possède sa propre flotte de navires via sa filiale Scapêche.
“Sous couvert d'un conte attendrissant et humoristique, Intermarché fait passer plusieurs messages erronés, ambigus, non conformes à la positions et aux pratiques de l'enseigne”, martèle le communiqué.
Intermarché contraint de retirer sa publicité?
Au coeur de la vidéo, le loup animé, créé par un studio français, tente de s'intégrer au reste de la communauté des animaux en arrêtant de les manger. Il choisit de révolutionner sa façon de consommer, en se mettant à la cueillette de champignons, à la récolte de châtaignes, mais aussi à la pêche. Pas très doué, le canidé ne réussit qu'à attraper un poisson, alors qu'un oiseau juste à côté en attrape plusieurs dizaines.
“La publicité associe la pêche à l'abondance des poissons, présentée comme prolifique dès lors que l'on serait habile ou bien outillé, comme le héron dans le clip”, indique Bloom. “Ce récit alimente ainsi un imaginaire collectif en totale contradiction avec l’état des populations de poissons et les enjeux associés à leur conservation.”
L'image erronnée servirait à la “promotion de produits issus de la pêche d'Intermarché” qui userait toujours du “chalutage, la méthode de pêche la plus destructrice d'entres toutes, à échelle industrielle”.
Le bonus RMC : La pub Intermarché continue de faire réagir - 17/12
Sur ce sujet, le Groupement Les Mousquetaires avait annoncé, il y a plusieurs années, un plan d’investissement pour mettre fin au chalutage, responsable de la destruction des fonds marins, en 2025. Pourtant, un suivi des activités de pêche de fond dans les zones protégées des écosystèmes marins vulnérables, publié le 15 janvier 2025, a relevé l’activité de plusieurs navires de la flotte du groupe, souligne l’association.
À cela, l’ONG ajoute que le dessin animé est “volontairement pas transparent sur son objectif commercial”, ce qui est “d'autant plus contestable que cette publicité vise des enfants et adolescents.”
En 2012, l’association Bloom avait déjà dénoncé une campagne de l’entreprise française sur la pêche. Elle avait alors été contrainte par l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité de cesser sa publicité, car celle-ci pouvait induire en erreur sur la réalité des actions de l’annonceur.
Désormais, ce sera à l'ARPP de statuer sur cette demande de “déclenchement d'une procédure d'urgence” pour faire retirer les plans de poissons de l'histoire du loup “mal aimé”.
https://www.bfmtv.com/environnement/le-loup-mal-aime-promeut-la-surpeche-une-association-attaque-intermarche-pour-publicite-mensongere_AV-202512230283.html
https://fr.wikipedia.org/wiki/BLOOM
https://www.lepoint.fr/societe/l-etrange-president-de-l-ong-de-defense-des-oceans-bloom-04-07-2023-2527386_23.php
L’étrange président de l’ONG de défense des océans Bloom
Moins médiatique que sa fondatrice, Claire Nouvian, il se nomme Flavien Kulawik, et a fait fortune comme prestataire pour les industries du plastique et pétrole…
Erwan Seznec
Par Erwan Seznec
Publié le 04/07/2023 à 19h01
ela pourrait ressembler à une amusante coïncidence. L'actuel président de l'organisation non gouvernementale Bloom, créée en 2005 par Claire Nouvian, inlassable avocate de la sanctuarisation des grands fonds, s'appelle Flavien Kulawik, exactement comme le coprésident de KLB Group, fournisseur de services pour des industries considérées comme particulièrement polluantes, off-shore pétrolier, gaz et plastiques. Vérification faite auprès de Bloom, il n'y a pas de coïncidence. Le coprésident de KLB Group et le président de l'ONG sont une seule et même personne.
KLB a été créé en 1995 par Flavien Kulawik et Jean-Marc Le Breton, deux Français diplômés de grandes écoles. Leur groupe de conseil en ingénierie annonce aujourd'hui 750 salariés répartis dans de nombreux pays. Les deux fondateurs le co…
https://bloomassociation.org/nous-connaitre/nos-partenaires/nos-soutiens/
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