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| - | ====== Le Monde – Michel Duclos, | ||
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| - | Débats | ||
| - | Michel Duclos, ancien diplomate : « Vladimir Poutine, quoi qu’il arrive, ne va pas s’arrêter là » | ||
| - | Tribune | ||
| - | Michel Duclos | ||
| - | Conseiller spécial à l’Institut Montaigne | ||
| - | Dans une tribune au « Monde », le conseiller spécial à l’Institut Montaigne analyse la manière dont « le pouvoir russe a progressivement éloigné l’Amérique de l’Europe » et s’interroge sur les conséquences de ce nouvel équilibre mondial, notamment dans le cadre des négociations de paix censées mettre un terme à la guerre en Ukraine. | ||
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| - | Le président Trump souhaite vivement mettre un terme à la guerre en Ukraine, sans trop s’embarrasser des contours de la paix qu’il veut obtenir. Une nouvelle fois, ses proches – Steve Witkoff, J. D. Vance, Jared Kushner, puis Marco Rubio, qui s’est raccroché au wagon – ont tenté de forcer une décision de la part de Moscou et de Kiev, surtout de Kiev à vrai dire, perçu comme le maillon faible sur lequel il faut taper. Peut-on tirer un premier bilan de ce qui vient de se passer ? | ||
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| - | Notons d’abord que les circonstances ont changé. Par rapport à l’épisode du 28 février, quand le président Zelensky avait été humilié dans le bureau Ovale, ou à celui du sommet en Alaska 15 août, qui n’avait été suivi d’aucune avancée, la position des Ukrainiens s’est dégradée. Sur le plan militaire certes, même s’ils peuvent encore tenir, contrairement à ce que les Russes essaient de faire croire, mais surtout sur les plans économique, | ||
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| - | L’« Occident collectif » ne paraît pas prêt à prendre les mesures qu’il faudrait pour affaiblir encore une Russie pourtant déjà mal en point. Le scandale de corruption qui a entraîné la démission forcée du bras droit du président ukrainien constitue un élément de vulnérabilité supplémentaire pour Kiev. Il n’est pas impossible que le pouvoir ukrainien considère que le moment approche où il doit envisager des sacrifices douloureux, notamment sur le plan territorial, | ||
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| - | Du côté américain, le précédent de la paix à Gaza – même si celle-ci hélas est plus apparente que réelle – donne des ailes à la Maison Blanche. On a pu ironiser sur le côté baroque du « plan en 28 points », particulièrement mal ficelé, mais il a provoqué la secousse que voulait l’administration américaine pour accélérer les négociations. | ||
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| - | Tout se monnaye | ||
| - | Et puis, il y a ce phénomène que les Européens n’ont pas vu venir, ou n’ont qu’imparfaitement mesuré : depuis des mois, les Russes sont parvenus, par divers canaux, à circonvenir Washington. Le Kremlin a, pour ce faire, fait miroiter toutes sortes d’avantages économiques, | ||
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| - | Pour une aile de l’administration Trump, ce volet de la négociation avec Moscou est au moins aussi important que la paix en Ukraine. Il en a résulté ce phénomène étonnant : alors que depuis des années, de bons esprits s’interrogent sur les moyens pour l’Ouest d’éloigner la Russie de la Chine, le pouvoir russe a progressé dans l’éloignement de l’Amérique à l’égard de l’Europe. | ||
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| - | Le président russe, Vladimir Poutine, au palais présidentiel indien, à New Delhi, le 5 décembre 2025. | ||
| - | Le président russe, Vladimir Poutine, au palais présidentiel indien, à New Delhi, le 5 décembre 2025. SAJJAD HUSSAIN/AFP | ||
| - | Les Russes ont bien perçu qu’avec les nouvelles générations au pouvoir aux Etats-Unis, les germes de ce phénomène étaient là : la connivence traditionnelle des élites américaines avec la vieille Europe s’est distendue ; celle-ci est souvent perçue par les actuels dirigeants américains avec mépris. Dans le monde de Donald Trump, tout se monnaye : la protection américaine n’est plus garantie que contre rétribution. Dans le plan en 28 points figuraient ces clauses incroyables où l’Otan ouvrirait un dialogue avec la Russie « sous médiation des Etats-Unis » et les garanties de sécurité des Américains à l’Ukraine vaudraient contre « compensation ». | ||
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| - | On ne saurait mieux dire que, dans certains cercles à Washington, les Européens sont moins des alliés désormais que des « clients », au sens romain du terme. C’est à travers ce prisme qu’il faut analyser le fait que Steve Witkoff ne se soit pas arrêté à Bruxelles au retour de Moscou et que Marco Rubio ait décidé de ne pas prendre part à la prochaine réunion des ministres des affaires étrangères de l’OTAN. | ||
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| - | Que va-t-il se passer dans le proche futur ? Comme il était à prévoir, Vladimir Poutine se déclare insatisfait d’un plan pourtant déséquilibré en sa faveur. Sans la moindre ironie, le président russe impute au « bellicisme européen » – alors que les Européens n’ont pas eu grand-chose à dire dans l’élaboration du plan américain – le fait que celui-ci ne lui soit pas encore plus favorable. Les points les plus délicats restent encore ouverts. | ||
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| - | « Solutions créatives » | ||
| - | Soyons sans illusions, le plus probable est que l’administration Trump va vouloir parvenir à un accord, quitte à menacer l’Ukraine de lui retirer tout soutien si elle n’assouplit pas sa position. A Washington, tout va se jouer sur ce sujet autour de la recherche de « solutions créatives ». | ||
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| - | Les Européens disposent cependant de quelques leviers : la levée des sanctions ne peut se faire sans eux ; les garanties de sécurité à l’Ukraine les impliquent au premier chef ; il n’appartient qu’à eux de passer dès le prochain conseil européen à l’utilisation de tout ou partie des avoirs russes, détenus en Europe, pour refinancer l’Ukraine. Cette mesure est d’autant plus nécessaire, | ||
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| - | Par ailleurs, si nous avons brossé en quelques traits l’état d’esprit du pouvoir trumpien, il reste dans l’opinion et la classe politique américaines un fort courant antirusse et atlantiste. Les Européens devraient se fixer comme objectif moins d’« être à la table des négociations » que de déployer une stratégie d’influence sur Washington en utilisant leurs leviers et leurs relais potentiels. | ||
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| - | Une dernière leçon doit s’imprimer avec force dans les esprits européens : Vladimir Poutine, quoi qu’il arrive, ne va pas s’arrêter là. Un cessez-le-feu en Ukraine ne sera qu’une pause dans son vaste combat pour rouvrir la carte géopolitique de l’Europe telle qu’elle a été définie à l’issue de la guerre froide. | ||
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| - | Pour cela, il ne reculera pas davantage devant le recours à la force qu’il ne l’a fait en Géorgie, en Crimée, dans le Donbass, puis à grande échelle contre l’Ukraine. Il sera d’autant plus enclin à tenter sa chance qu’il a mis son pays sur le pied d’une économie de guerre, qu’il compte bien continuer à muscler ses forces armées, et qu’il observe avec gourmandise le désengagement américain à l’égard de l’Europe. | ||
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| - | Michel Duclos, ancien diplomate, est conseiller spécial à l’Institut Montaigne. Sa dernière note pour l’Institut Montaigne, parue en novembre 2025, s’intitule « L’OTAN à l’épreuve de la menace russe : l’hypothèse balte ». | ||
| - | Michel Duclos (Conseiller spécial à l’Institut Montaigne) | ||
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