La déflagration générée par le sondage IFOP sur l’islam a traversé les frontières. L’étude fouillée de 60 pages révèle notamment une religiosité accrue de la jeune génération de musulmans et une part croissante des fidèles partageant des positions islamistes. Des conclusions qui ont suscité des levées de boucliers dans les médias algériens.
« La communauté musulmane, qui se sentait déjà discriminée, se retrouve à la suite de ce sondage pointée du doigt et accusée d’être de plus en plus “radicalisée” », a déploré ce mercredi le média en ligne TSA, qui fustige un sondage « hautement critiquable ». L’auteur de l’article ne remet pas en cause la véracité des chiffres, mais pointe un prétendu biais idéologique. « Prêter à cette quête une intention politique relève du contresens », a réagi auprès du média Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris.
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Par exemple, la prière musulmane signifie – selon lui – « accomplir les cinq rituels quotidiens obligatoires », mais devient, à travers le regard de l’IFOP, « un signe d’orthodoxie stricte ». « On a pris la religion pour la preuve d’un projet, fait du cœur une idéologie, et transformé le croyant en adversaire supposé », a déclaré le prélat, affirmant que les musulmans de France « veulent simplement avoir le droit de vivre leur foi sans être suspectés ». Et de reprendre le commentaire de Jean-Michel Aphatie (renommé « Jean-Pierre » dans le texte), lequel a fait dans Quotidien la comparaison entre la situation de la communauté musulmane et celle « des juifs il y a un siècle ».
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« Rhétorique anxiogène »
Même son de cloche dans le média Algeriepatriotique (AP), qui s’époumone contre l'« islamophobie » décomplexée de l’institut de sondage. Selon Abdallah Zekri, recteur d’une mosquée à Nîmes et président de l’Observatoire de lutte contre l’islamophobie, il s’agit d’une « étude taillée sur mesure pour alimenter les plateaux télé en frissons sécuritaires, tremper dans le sensationnalisme et offrir aux marchands de peur un matériau de choix ». En 2020, le même avait déjà déclaré que « l’on effraie les Français avec des chiffres bidon ». Aujourd’hui, il ajoute que « l’institut remet le couvert, avec les mêmes biais, les mêmes angles, la même rhétorique anxiogène ».
Les médias s’insurgent tous deux contre un « acharnement persistant contre la communauté musulmane » – dixit l’article d’AP. TSA évoque pour sa part « du pain béni pour la fachosphère française ». « Une société qui scrute une communauté uniquement pour y déceler le pire ne découvre jamais rien d’autre que sa propre angoisse », ajoute le recteur de la Grande Mosquée de Paris. Sans préciser qu’en Algérie, pays à 98 % musulman, toutes les églises protestantes évangéliques sont par exemple fermées depuis janvier 2025…
https://www.lejdd.fr/Societe/des-chiffres-bidons-des-medias-algeriens-en-furie-contre-le-sondage-sur-les-musulmans-de-france-164267
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