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-Le Monde – Dans les prisons britanniques, une misère devenue structurelle https://www.lemonde.fr/international/article/2025/11/13/dans-les-prisons-britanniques-une-misere-devenue-structurelle_6653207_3210.html 
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-International 
-Dans les prisons britanniques, une misère devenue structurelle 
-Le Royaume-Uni est confronté à une surpopulation carcérale chronique et à la vétusté de ses établissements, conséquence de négligences, de sous-investissements et d’un manque de personnel. 
-Par Cécile Ducourtieux (Londres, correspondante) 
-Par Cécile Ducourtieux (Londres, correspondante) 
-Par Cécile Ducourtieux (Londres, correspondante) 
-Article réservé aux abonnés 
-LETTRE DE LONDRES 
-Devant la prison de Wandsworth, à Londres, le 5 novembre 2025. 
-Devant la prison de Wandsworth, à Londres, le 5 novembre 2025. NIKLAS HALLE'N/AFP 
-Le système carcéral britannique craque de partout. Et c’est le gouvernement travailliste du premier ministre, Keir Starmer, qui en paie le prix, même s’il n’est pas responsable des décennies de négligences qui ont abouti à sa déréliction. Le 24 octobre, les autorités britanniques ont été obligées d’admettre qu’un dénommé Hadush Kebatu, 41 ans, un demandeur d’asile d’origine éthiopienne condamné quelques semaines plus tôt à un an de prison pour agression sexuelle, venait d’être libéré par erreur de la prison de Chelmsford, au nord-est de Londres, où il était incarcéré. 
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-Il devait être transféré dans un centre de détention pour migrants avant son expulsion vers l’Ethiopie mais il semble qu’il y ait eu erreur sur son nom – une enquête est en cours – et l’administration de Chelmsford lui a dit qu’il était libre. A en croire le quotidien The Guardian, Hadush Kebatu est revenu à plusieurs reprises à la porte de la prison, incrédule, ne comprenant pas trop ce qu’il faisait là. Puis, il s’est dirigé vers le centre-ville de Chelmsford où, un peu plus tard dans la journée, les caméras de surveillance l’ont enregistré, encore vêtu de son survêtement gris de prisonnier. Il a fallu quarante-huit heures à la Metropolitan Police, la police du Grand Londres, pour le repérer et l’arrêter à nouveau, à Finsbury Park, dans le nord de la capitale britannique. 
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-Cette erreur a d’autant plus choqué l’opinion que Hadush Kebatu est celui-là même dont le comportement a provoqué, et amplifié, les manifestations antimigrants de l’été 2025. Résidant dans un hôtel d’Epping, au nord-est de Londres, réquisitionné pour héberger des demandeurs d’asile, il avait été arrêté en juillet pour avoir agressé une jeune fille de la localité. Pendant des semaines, les habitants du quartier s’étaient mobilisés sous les fenêtres de l’hôtel pour réclamer sa fermeture, disant craindre pour leur sécurité et celle de leurs enfants. Le parti d’extrême droite Reform UK, en tête des sondages, a exploité à plein ce mécontentement pour réclamer des expulsions de masse. 
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-Ratés d’un logiciel 
-« Nous devons faire en sorte que ce [type d’erreur] ne se reproduise plus », a insisté, le 5 novembre, M. Starmer. David Lammy, son ministre de la justice, a promis que seraient appliquées au plus vite les vérifications de sortie de prison « les plus strictes qui aient jamais été mises en place ». Trois jours plus tard, alors que David Lammy tentait de défendre son bilan à la Chambre des communes face à une opposition conservatrice remontée, des médias annonçaient que deux autres prisonniers avaient été libérés par erreur les jours précédents, cette fois de la prison de Wandsworth, un établissement du sud de Londres connu pour sa vétusté. 
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-Ces ratés ne sont malheureusement pas des faits isolés. A en croire un rapport des prisons et des services de probation, 262 prisonniers ont été relâchés par erreur, avant la fin de leur peine, entre avril 2024 et avril 2025 en Angleterre et au Pays de Galles, soit 115 de plus que les douze mois précédents. Selon des chiffres encore plus récents, publiés mardi 11 novembre, 91 prisonniers supplémentaires ont été libérés accidentellement entre le 1ᵉʳ avril et le 31 octobre, soit 13 par mois. La plupart ont été retrouvés, mais trois individus condamnés étaient introuvables, a regretté David Lammy, mardi. 
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-Comment les services pénitentiaires du pays ont-ils pu en arriver à une telle incurie ? Les médias évoquent une communication défaillante entre prisons et services de probation, et les ratés d’un logiciel censé calculer les remises de peine de chaque prisonnier, contraignant les employés de prison à les évaluer eux-mêmes. 
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-Solutions coûteuses 
-Ces libérations accidentelles sont une des manifestations les plus choquantes de la misère des prisons britanniques : elles ont été parmi les plus sévèrement affectées par les coupes budgétaires des années d’austérité imposées par le gouvernement de coalition formé par les conservateurs et les libéraux démocrates, à partir de 2010. Le nombre d’employés de prison entre 2013 et 2014 était inférieur de 26 % à celui des années 2009 et 2010 et, depuis, les recrutements n’ont pas compensé tous les départs. Les nouvelles recrues sont plus jeunes, donc moins expérimentées qu’auparavant, et restent rarement plus de quelques années à leur poste tant l’environnement de travail s’est dégradé. Sans compter la recrudescence de la violence dans les établissements. 
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-La population carcérale n’a, par ailleurs, pas cessé d’augmenter. Elle s’élève actuellement à près de 87 000 prisonniers en Angleterre et au Pays de Galles. Nombre de prisons, dont celle de Wandsworth, datent de l’ère victorienne. Des programmes de construction ont récemment été lancés mais les budgets sont très insuffisants pour financer à la fois la construction de prisons neuves et la rénovation d’établissements. La surpopulation était telle à leur arrivée au pouvoir, en juillet 2024, que les travaillistes ont été contraints de procéder en urgence à des milliers de libérations anticipées pour faire de la place. 
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-« Nous avons hérité d’une crise provoquée par les conservateurs », s’est défendu M. Lammy. L’épisode des libérations erronées a humilié et fragilisé le ministre de la justice et l’opinion publique demande des comptes. Mais les solutions à portée du gouvernement Starmer sont politiquement coûteuses. La marge de manœuvre budgétaire est si étroite que le choix d’investir enfin dans les prisons ne pourra se faire qu’aux dépens d’un autre service public ou nécessitera des hausses d’impôts. 
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-Retrouvez ici toutes les lettres de nos correspondants. 
-Cécile Ducourtieux (Londres, correspondante) 
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