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-====== Le Monde – A Memphis, la peur et la colère des quartiers populaires, après le déploiement de forces fédérales ====== 
- https://www.lemonde.fr/international/article/2025/11/10/a-memphis-la-peur-et-la-colere-des-quartiers-populaires-apres-le-deploiement-de-forces-federales_6652870_3210.html 
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-International 
-A Memphis, la peur et la colère des quartiers populaires, après le déploiement de forces fédérales 
-Laboratoire de la politique sécuritaire de Donald Trump, la ville du Tennessee vit depuis un mois sous le déploiement massif de forces fédérales et de la garde nationale. Tandis que la Maison Blanche se félicite de centaines d’arrestations, les habitants des quartiers noirs et latinos dénoncent une militarisation sans précédent, nourrie par la xénophobie. 
-Par Piotr Smolar (Memphis (Tennessee), envoyé spécial) 
-Par Piotr Smolar (Memphis (Tennessee), envoyé spécial) 
-Par Piotr Smolar (Memphis (Tennessee), envoyé spécial) 
-Article réservé aux abonnés 
-Des membres de la garde nationale patrouillent dans Memphis (Tennessee), le 11 octobre 2025. 
-Des membres de la garde nationale patrouillent dans Memphis (Tennessee), le 11 octobre 2025. BRETT CARLSEN/GETTY IMAGES VIA AFP 
-La pluie tombe sur Memphis (Tennessee). Elle n’est pas la seule à inciter la population à rester cloîtrée. Dans un quartier de l’est de la ville, une patrouille pédestre déambule en treillis. Ses membres portent l’inscription « police militaire », et l’on ne saurait dire leur mission exacte, tant ils semblent désœuvrés. Ils passent devant une église, qui tient aussi lieu de centre communautaire. Deux heures plus tard, au même endroit, sur un parking, un couple force la porte d’une voiture de sport bleue avec un cintre en métal. Dissuasion de peu d’effet. 
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-Annoncé fin septembre, le déploiement de forces fédérales dans la ville de Memphis a été salué avec enthousiasme par le gouverneur du Tennessee, le républicain Bill Lee. Pendant des semaines, Donald Trump avait envisagé de s’en prendre à Chicago (Illinois), après l’envoi de la garde nationale à Los Angeles, en Californie, en juin, puis à Washington en août. 
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-Mais c’est Memphis qui a été choisie pour servir de laboratoire à une « task force », regroupant les effectifs locaux, de nombreuses agences fédérales, comme le FBI ou les US Marshals, et la garde nationale du Tennessee. Objectif : montrer que l’administration Trump nettoie les grandes villes américaines de la criminalité, en combinant cette lutte avec la traque des clandestins. Il s’agit aussi de banaliser la présence de militaires, en prévision de supposés troubles urbains à prévenir avant les élections de mi-mandat, dans un an. Cette stratégie s’inscrit dans une mise sous tension de la société américaine, voulue et cultivée par l’administration Trump. 
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-Grand carrefour industriel du coton sur le Mississippi, ville associée à Elvis Presley et au bluesman légendaire BB King, Memphis a une triste réputation en matière de violences, figurant régulièrement parmi les villes les plus dangereuses du pays. 
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-Le 1er octobre, la ministre de la justice, Pam Bondi, le secrétaire à la défense, Pete Hegseth, et le chef adjoint de l’administration, Stephen Miller, se sont rendus sur place. Grand ordonnateur de cette militarisation de la sécurité publique, ce dernier a promis aux forces locales de « libérer la ville », en supprimant les zones de non-droit. « Toutes ces conneries, c’est fini ! », a-t-il lancé. « On vous lâche la bride, ajouta-t-il à l’attention des policiers locaux. Les menottes que vous portez, elles ne sont plus sur vous, elles sont sur les criminels. » 
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-« C’est une invasion » 
-Fin octobre, après un mois de déploiement, la task force revendiquait 1 700 arrestations, dont 126 membres de gangs et dix personnes impliquées dans des homicides. Mais, derrière ces chiffres et une communication agressive, la réalité sur le terrain offre moins de raisons de triompher. Dans l’église de l’est de la ville devant laquelle vient de passer la patrouille militaire, nous retrouvons deux femmes qui dorment peu et surveillent en permanence leur téléphone. Les alertes se succèdent à un rythme impressionnant sur les écrans. 
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-« Nous sommes sous occupation fédérale, dit Maria Oceja, 33 ans, fille d’immigrés mexicains, dotée de la citoyenneté américaine. C’est une invasion de forces fédérales dans notre communauté, alors que personne ne la réclame, à part peut-être les militants d’extrême droite, qui ne vivent même pas à Memphis. C’est une affaire de racisme, de xénophobie et de suprémacisme blanc. » Maria Oceja et Amber Sherman font partie du réseau Free the 901. Lancé sous la première administration Trump, il a été réactivé dès le retour au pouvoir du milliardaire, pour organiser les citoyens locaux contre les abus policiers. 
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-Près de 200 personnes participent au réseau, s’impliquent dans des patrouilles, documentent et signalent des interpellations. Les volontaires ont des consignes claires pour ne pas se mettre en faute, au sujet de la distance à respecter par rapport aux forces de l’ordre, ou des questions à leur poser. « Avant le début de l’occupation fédérale, on avait entre trois et cinq messages par jour, dit Maria Oceja. Aujourd’hui, c’est entre cinquante et soixante. » Selon la militante, la peur a gagné les quartiers à majorité noire et latina. 
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-De nombreux habitants sont dorénavant contraints de mesurer leurs déplacements en matière de risque et de possible interpellation. « Les gens craignent d’aller à l’épicerie, chez le dentiste ou le médecin. Ils craignent de déposer ou de récupérer leurs enfants à l’école, d’aller au boulot, raconte Maria Oceja. Les livreurs en camionnette sont systématiquement ciblés par les agents s’ils sont hispaniques. » Amber Sherman approuve les propos de son amie. Un détail lui réchauffe le cœur. « Il y a des gens de la task force qui nous envoient des infos sur leur positionnement en ville, pour nous avertir. » Des sources discrètes et précieuses. Amber Sherman est une militante investie de longue date dans la lutte contre les violences policières et la défense des minorités. Un sujet brûlant à Memphis. 
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-Une police marquée par un immense scandale 
-Début 2024, C. J. Davis a été confirmée par le maire à la tête de la police municipale. Pourtant, un an plus tôt, un immense scandale avait compromis sa réputation, au moment de la mort de Tyre Nichols, un jeune noir de 29 ans tabassé par cinq agents, appartenant à une unité appelée Scorpion. Celle-ci a été ensuite démantelée pour abus répétés, et des mesures de transparence ont été adoptées. Mais le reflux actuel est brutal. L’intrusion fédérale dans la sécurité publique locale signifie un chèque en blanc offert aux policiers, et la possibilité d’une forme de revanche, après ces deux années difficiles. « Ils font toutes les choses que l’on avait fait interdire, soupire Amber Sherman. Ils ont des voitures banalisées qui arrêtent les gens en pleine circulation. Ils ont des gars en civil qui utilisent des prétextes pour interpeller les conducteurs, en suspectant un délit plus grave, sur la base de préjugés raciaux. » 
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-Le maire de la ville, Paul Young, a beau être un démocrate, il ne s’est pas opposé au déploiement des forces fédérales, comme sa collègue à Washington. Il a justifié sa position controversée lors d’une réunion publique avec les habitants. 
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-Selon lui, il aurait été vain de résister, car l’administration serait passée au-dessus de sa tête, avec l’appui du gouverneur républicain. En outre, a expliqué Paul Young, son choix de collaborer avec la Maison Blanche s’explique par une volonté de mieux influer sur les opérations, de s’assurer que les vrais criminels sont ciblés en priorité, plutôt que de traquer les clandestins. Ce calcul se révèle erroné, au vu des témoignages locaux et des vidéos d’interpellations routinières, dans les rues de Memphis, en priorité dans les quartiers à la majorité noire et latina. 
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-« La garde nationale, elle, ne fait rien, elle sert de décoration et organise la circulation », souligne J. B. Smiley, conseiller municipal démocrate. Celui-ci note qu’en vertu de la Constitution du Tennessee, le gouverneur aurait dû solliciter l’assemblée locale pour approuver le déploiement de la garde, en arguant d’une invasion ou d’une rébellion. Ni l’une ni l’autre n’ont eu lieu, et le gouverneur a directement traité avec l’exécutif. J. B. Smiley est très critique au sujet de l’action de la task force. Mais le pire, selon ce conseiller, est l’action des agents d’ICE, chargés de traquer les clandestins, devenus l’outil privilégié et sans scrupule de l’administration Trump. « Ils sont nombreux, dans notre communauté, à nourrir un fort ressentiment contre la façon dont ICE mène ses affaires, dit-il. Ils pénètrent dans les maisons des gens sans mandat. Ils essaient d’attraper des gamins avant qu’ils ne parviennent à l’école. Ils fracturent des familles. » 
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-Mise en scène 
-J. B. Smiley veut croire aux vertus de la résistance – contrairement au maire – face aux abus du pouvoir fédéral. Mais l’émotion que suscite ce déploiement massif de forces de l’ordre, dont on ne connaît pas la durée, n’est pas forcément partagée par toute la population. 
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-« Beaucoup d’habitants ne font pas l’expérience de cette présence accrue, dit Josh Spickler, directeur exécutif de l’organisation Just City, qui lutte depuis dix ans pour une réforme de la justice pénale. Ils voient les titres dans les infos, les chiffres annoncés, et ils apprécient l’effort de façon générale, car ils ont été conditionnés à penser que la solution au crime, c’est plus de forces de l’ordre. » 
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-Just City est installée dans le centre-ville de Memphis, épargné par la tourmente. Avocat de formation, Josh Spickler aime profondément cette cité. Mais il reconnaît que son organisation est gagnée par un sentiment « d’impuissance et de frustration », face à l’accélération des événements. Il souligne l’absence complète de transparence sur la nature exacte des arrestations effectuées, les circonstances, les unités impliquées. Quel est l’impact réel de la task force ? Impossible de le mesurer. Les membres de Just City s’efforcent, avec leurs moyens, de consulter les registres publics. « Les arrestations et les incarcérations dont nous avons la trace montrent clairement qu’il s’agit de délits en bas de l’échelle, en matière de possession de drogues ou d’armes à feu, révélés à l’occasion de contrôles routiers », dit Josh Spickler. La criminalité dure, elle, reste largement épargnée. 
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-Josh Spickler voit dans ce déploiement fédéral une forme de mise en scène, de spectacle politique. Il cite l’exemple des enfants portés disparus, pour la plupart fugueurs. Lorsqu’ils sont retrouvés, les autorités prétendent qu’un réseau a été démantelé. Le plus frustrant, pour l’avocat, réside dans une vérité mise en lumière par les statistiques officielles de Memphis. La ville était sur une trajectoire très positive en matière de lutte contre la criminalité. Les actes violents avaient chuté de près de 25 % en 2025 par rapport à 2024. Selon les statistiques de la police fédérale (FBI), 351 meurtres avaient été enregistrés en 2023, mais seulement 250 l’année suivante. Le pompier fédéral est aussi un pyromane, accentuant la distance et l’incompréhension entre les quartiers populaires et la police. 
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-Piotr Smolar (Memphis (Tennessee), envoyé spécial) 
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