Utilisateur non connecté
Les Echos: Même sans l'accord avec le Mercosur, la viande sud-américaine arrive déjà en masse en Europe [ElseNews]

Outils pour utilisateurs

Outils du site


elsenews:spot-2025:11:elevage-mercosur

Les Echos: Même sans l'accord avec le Mercosur, la viande sud-américaine arrive déjà en masse en Europe

https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/meme-sans-laccord-avec-le-mercosur-la-viande-sud-americaine-arrive-deja-en-masse-en-europe-2200158

Même sans l'accord avec le Mercosur, la viande sud-américaine arrive déjà en masse en Europe
Depuis janvier, les importations de viande bovine des pays du Mercosur ont bondi de 23 %, Brésil en tête.

L'an dernier, 200.000 tonnes de viande bovine sont entrées en Europe, en provenance des pays du Mercosur.
L'an dernier, 200.000 tonnes de viande bovine sont entrées en Europe, en provenance des pays du Mercosur. (Douglas Magno/AFP)
Par Dominique Chapuis

Publié le 21 nov. 2025 à 11:00Mis à jour le 21 nov. 2025 à 12:21
Votre abonnement vous permet d’accéder à cet article
Les agriculteurs disent non au Mercosur. En Europe, néanmoins, les pays d'Amérique du Sud sont déjà à l'offensive. Depuis janvier, les importations de viande bovine en provenance du Brésil, d'Uruguay et d'Argentine ont explosé. « En cumul, sur les huit premiers mois de l'année 2025, elles ont progressé de 23 % par rapport à la même période en 2024 », souligne Caroline Monniot, économiste à l'Institut de l'élevage (Idele). La hausse est de 24 % pour le Brésil, 29 % pour l'Uruguay et 19 % pour l'Argentine.

L'an dernier, 200.000 tonnes sont déjà entrées en Europe, en provenance du Mercosur. Si le traité de libre-échange n'a toujours pas été ratifié par les Vingt-Sept, il existe déjà des quotas d'importation pour la viande bovine. « Depuis janvier, le Brésil, surtout, commercialise des volumes supérieurs aux contingents européens, en payant des droits de douane pleins, détaille l'économiste. Il s'agit principalement de viande bon marché destinée aux industriels pour les plats préparés. »

Une envolée des prix
En cause, le manque de vaches en Europe. Ce qui crée des tensions sur le marché. En deux ans, selon l'Idele, la zone a perdu un million de têtes. « Le Brésil cherche à profiter de prix élevés, précise Boris Duflot, directeur du département économie de l'Institut de l'élevage. De plus, la Chine achète moins, car elle a augmenté sa propre production. »

Ce manque d'offre européenne a provoqué une envolée des prix, qui atteignent des sommets. Celui des vaches laitières, destinées au marché du steak haché, a bondi de 53 % en Irlande sur la période - le record -, de 48 % en France et de 43 % en Belgique. Pour les jeunes bovins, la hausse atteint 32 % en Espagne et en France, 29 % en Allemagne et 26 % en Italie. « Les prix français ont mis plus de temps à augmenter, mais ils ont rattrapé les autres », détaille Caroline Monniot.

Lire aussi :
Mercosur : Macron tente de rassurer les agriculteurs en colère

DECRYPTAGE - Ce que la France peut espérer de l'accord avec le Mercosur, le plus ambitieux jamais conclu par l'Europe

Cette décapitalisation du cheptel est surtout liée aux difficultés de renouvellement des générations. Contraintes, climat, faible rémunération, les éleveurs ont du mal à assurer la relève à l'heure de la retraite. C'est le cas en France, qui compte le premier cheptel européen.

« C'est un enjeu fort dans l'élevage bovin, car il y a peu de salariés, et pas de possibilité d'externalisation des tâches, souligne Christophe Perrot, économiste. Toutefois, le pic des prix a convaincu certains producteurs de vaches allaitantes de retarder leur départ, face aux faibles pensions en perspective ». Ainsi, 28 % d'entre eux se sont retirés en 2024 dans l'Hexagone, contre 36 % pour les éleveurs laitiers.

Mais les crises sanitaires se sont rajoutées à la problématique des départs en retraite, avec une surmortalité liée à des avortements. La production est aussi freinée par une baisse de la fertilité des vaches et un recul des naissances.

VIDEO - Comprendre l'accord UE-Mercosur en moins de 3 minutes

La tendance à la réduction des troupeaux est la même en Europe. En Irlande, grand pays d'élevage, le cheptel laitier est en recul depuis deux ans, après une progression continue depuis 2010. Un mouvement baissier qui va perdurer, d'autant que les rendements de lait augmentent, avec de moins en moins de vaches pour produire la même quantité.

Près de 3 millions de vaches en moins en 2035
« En France, la consommation est bridée par le manque de volume dans les rayons, souligne Caroline Monniot, et ensuite la hausse des prix. » Selon les projections de l'Union européenne, entre 2024 et 2035, la zone va perdre encore 2,9 millions de vaches. Ce qui va peser sur le marché de la viande bovine, avec 320.000 tonnes équivalentes carcasses en moins dans dix ans.

Ce qui laisse la porte ouverte à toujours plus d'importations de viande. Dans le cadre du Mercosur, 99.000 tonnes de plus par an vont entrer sur le Vieux Continent. Et notamment de l'aloyau, les morceaux les plus valorisés, dont la part de 25 % va doubler demain, selon Interbev, l'interprofession du bétail. Avec le risque, de faire reculer les prix.

Intolérable pour les éleveurs, d'autant plus que le contrôle de cette viande, non soumise aux mêmes normes qu'au sein de l'UE, est loin d'être garanti. Dans un communiqué récent, dix organisations de producteurs européens menées par le Copa Cogeca dénoncent « une concurrence déloyale ». « Une menace pour la survie des exploitations agricoles et l'activité des usines à travers l'Europe », souligne l'organisation.

Dominique Chapuis

Thématiques associées

× iphelper toolbox

you see this when javscript or css is not working correct

Untested
IP Address:
First usable:
Subnet:
Last usable:
CIDR:
Amount of usable:
Network address:
Reverse address:
Broadcast address:

elsenews/spot-2025/11/elevage-mercosur.txt · Dernière modification: 22/11/2025/H06:23:33 (modification externe)