Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook et aujourd'hui patron de Meta, a longtemps affiché une ambition démesurée : « construire l'avenir des relations humaines et développer les technologies qui les rendent possibles. » Pourtant, à demi-mot, il reconnaît aujourd'hui que cette mission n'a pas été accomplie. Dans un podcast récent, Zuckerberg s'est arrêté sur une statistique révélatrice : « L'Américain moyen considère qu'il a moins de trois amis. Or, on aspire à bien plus ; je dirais une quinzaine d'amis, non ? » Derrière cette remarque, c'est un aveu qui transparaît : malgré des milliards d'utilisateurs connectés chaque jour sur Facebook, Instagram ou WhatsApp, la promesse initiale de rapprocher les gens n'a pas été tenue.
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Cet aveu d'échec implicite n'a pas échappé à l'œil affûté de The Atlantic. Dans un article fleuve mais passionnant, le magazine social-libéral américain nous prévient : Zuckerberg ne baissera pas les bras. Oh non ! Le magicien des réseaux sociaux entrevoit déjà une nouvelle baguette magique : l'intelligence artificielle générative. Cette technologie, capable de donner vie à des chatbots qui discutent, écoutent et conseillent, pourrait bien devenir le nouvel outil pour combler le vide relationnel. Fini les murs de photos et les likes : place à la conversation, à l'échange, à la présence numérique qui ne dort jamais.
C'est une véritable course de fond qui s'engage entre les géants du numérique. Facebook, Instagram, Snapchat, X, Reddit : tous veulent créer le chatbot ultime, celui qui saura capter, retenir, rassurer et divertir. L'enjeu est d'offrir aux utilisateurs des compagnons virtuels, capables de répondre à tous les besoins, du simple fou rire à l'accompagnement psychologique
. Certains vont même plus loin : des chatbots thérapeutes, prêts à écouter, conseiller, réconforter
. D'autres, comme Elon Musk, misent sur les sexbots, ces compagnons numériques d'un genre nouveau.
Ce qui change la donne ? La mémoire. Ces IA apprennent, se souviennent, adaptent leurs réponses. Elles retiennent nos goûts, nos habitudes, nos histoires. Peu à peu, elles deviennent plus pertinentes, plus attentionnées, et donnent l'illusion d'une relation authentique, presque intime. On se surprend à leur confier des secrets, à attendre leurs messages, à ressentir leur absence. Mais derrière cette proximité, une question brûle : peut-on vraiment parler de relation ?
Ce qui manque (cruellement) dans les relations amicales avec un chatbot
C'est là que le bât blesse. Les chatbots s'intéressent à nous, toujours, sans jamais rien demander en retour. Or, une vraie relation, c'est aussi l'effort de s'ouvrir à l'autre, d'accepter la contradiction, l'ennui, le silence. Dans la vie réelle, si la conversation tourne en rond, l'autre s'impatiente, change de sujet, détourne le regard. Les chatbots, eux, ne s'ennuient jamais, ne posent aucune limite, ne réclament rien. Leur compagnie est douce, sans aspérité, mais aussi sans exigence, sans réciprocité.
Chaque nouvelle technologie a bouleversé nos interactions. La télévision a transformé les enfants en spectateurs passifs. Les réseaux sociaux ont instauré une évaluation permanente. Avec les chatbots, le risque est d'aller encore plus loin : se retrouver prisonnier d'un labyrinthe de miroirs, où notre vision du monde n'est jamais remise en cause.
Alors, l'IA va-t-elle vraiment rapprocher les humains, ou simplement nous enfermer dans une bulle de confort ? La question reste ouverte. Mais une chose est sûre : elle n'égalera jamais la magie des relations humaines.
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