À l’approche de la DSP 2027, la CCI du Cantal alerte sur le recul du trafic aérien Aurillac – Paris et les défis à venir pour l’avenir de l’aéroport.
D’importants travaux doivent être effectués dans les prochaines années sur le site de l’aéroport de Tronquières à Aurillac ©Nicolas GASTAL
Par Marie Boudon Publié le 21 nov. 2025 à 17h50
La CCI du Cantal a tenu son assemblée générale le 20 novembre 2025. Parmi les sujets abordés, élus et responsables économiques du Cantal ont dressé un état des lieux de la ligne aérienne Aurillac – Paris et évoqué les enjeux majeurs à venir pour l’aéroport.
À l’approche du renouvellement de la délégation de service public (DSP) en juin 2027, les discussions ont mis en lumière une situation contrastée : des chiffres de fréquentation en recul, mais un service toujours jugé indispensable pour l’attractivité du territoire.
Une fréquentation en baisse mais un service jugé essentiel
Laurent Ladoux, président de la CCI du Cantal, co-financeur de la ligne aérienne, a ouvert le point d’information en rappelant le calendrier : « Les travaux relatifs à l’appel d’offres vont démarrer en décembre 2025 » , en vue de la future DSP 2027.
Les chiffres communiqués récemment témoignent d’une perte de vitesse : 10 000 passagers en moins depuis 2023, un taux de remplissage passé de 50,8 % en 2023 à 48 % en 2025, avec une fréquentation meilleure les vendredis et dimanches.
Bruno Faure, président du Conseil départemental, a tenu à rappeler un élément déterminant : « À l’époque où il y avait un meilleur taux de fréquentation, il y avait une rotation supplémentaire en milieu d’après-midi. Aujourd’hui elle n’existe plus, donc mécaniquement on perd des passagers ».
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Il évoque aussi l’évolution des pratiques professionnelles : « Il semblerait que les chefs d’entreprise qui fréquentaient cette ligne aient trouvé d’autres solutions, notamment grâce au développement de la visioconférence ».
Laurent Ladoux ajoute de son côté « une moindre activité économique ».
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Des points positifs : régularité, correspondances et accessibilité
Malgré le recul de fréquentation, plusieurs indicateurs restent très encourageants : 99 % de régularité des vols depuis le 1er janvier 2025, 95 % de taux de contact à Orly sur les 12 derniers mois, une correspondance directe avec le tramway T14, permettant de rejoindre le centre de Paris en 15 minutes.
Les élus consulaires s’interrogent sur le devenir de l’aérien, tout en insistant sur l’indispensable maintien de la ligne Aurillac-Paris. ©Marie Boudon
De son côté, Pierre Mathonier, président d’Aurillac Agglomération, se veut même optimiste : « Si l’on compare à date, on est à peu de chose près à 20 000 passagers, comme l’an dernier. Il y a seulement deux rotations au lieu de trois, mais il n’y a pas de grosse différence. On est au même niveau qu’en 2024 avec une offre dégradée, mais compensée ».
Pour lui, le message est clair : « Le service est utilisé et absolument nécessaire, pour les particuliers comme pour les entreprises. Il doit être maintenu ».
Un engagement financier important mais fragile
La CCI participe à hauteur de 600 000 € sur la DSP actuelle, soit 150 000 € par an. Laurent Ladoux prévient toutefois : « Si d’aventure nos ressources venaient à diminuer, ce qui ne serait pas de notre volonté, cela pourrait remettre en cause notre participation ».
Un aéroport à moderniser : plus de 10 M€ pour la première tranche
Autre sujet majeur : les travaux indispensables à la modernisation de l’aéroport d’Aurillac. Pierre Mathonier détaille les coûts de la première tranche, estimée à 10 M€ : 3,5 M€ pour la rénovation de la piste existante, 1 M€ pour le local SSLIA (pompiers), 5,4 M€ pour la modernisation de l’aérogare.
Une seconde tranche, elle, serait conditionnée au type d’appareil utilisé. Pour l’instant, l’avion à hélice permet de maintenir l’infrastructure existante. Mais un risque pèse : « Les avions à hélice pourraient être interdits en 2030 – 2035. Ce qui pourrait faire passer la note de 10 à 15 millions d’euros avec une obligation de rallonger la piste de 190 mètres » , avertit l’élu communautaire. Le comité de gestion a « de toute façon » acté la poursuite des études et de la planification.
Une fermeture estivale inévitable en 2027
Enfin, Bruno Faure a rappelé les contraintes du futur chantier : « Il y aura trois mois de travaux sur la piste existante. Les trois semaines où l’avion ne vole pas sont en août. De juin à septembre 2027, il faut donc anticiper qu’il n’y aura pas d’avion, nous n’aurons pas d’autre possibilité ».
Un équilibre à maintenir jusqu’en 2027
Entre baisse de fréquentation, contraintes budgétaires, enjeux techniques et incertitudes réglementaires, l’avenir de l’aéroport d’Aurillac apparaît comme un dossier stratégique. Si la ligne Aurillac – Paris fonctionne toujours, son maintien, comme sa modernisation, dépendra d’arbitrages serrés dans les deux années à venir.
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