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Georges Brassens, un chanteur oublié des plus jeunes, nous avait prévenus : « Celui qui dit la vérité doit être exécuté ». Ainsi, pour avoir dérangé le confort du peuple en énonçant qu’il fallait « accepter de perdre nos enfants », Fabien Mandon, chef d’état-major des armées françaises, s’est trouvé fusillé sur la place publique à coups de mots vengeurs et de formules assassines.
Par Jean-Michel Aphatie
Publié le 23 novembre 2025 à 08h00 •
Jean-Michel Aphatie © Richard BRUNEL
Examinons les faits. Au bout de l’Europe, un homme enfermé dans sa forteresse depuis 25 ans bombarde un pays voisin sans relâche ni retenue. Autour de lui, d’autres pays s’inquiètent. Que veut le dictateur ? Quel calcul poursuit-il ? Quelles terres convoite-t-il encore ? L’histoire nous a appris que les problèmes des uns sont les problèmes des autres.
Par lâcheté
Détourner le regard ou assurer que l’on n'est pas concerné ne revient qu’à différer l’épreuve, par lâcheté, et donc à s’affaiblir, par lâcheté encore. L’intention principale du chef d’état-major est de nous alerter, d’exiger que nous ouvrions les yeux, d’espérer que nous nous sentions tous concernés. Ce qui se passe aujourd’hui en Ukraine n’est pas une l’affaire de militaires, elle est celle du pays tout entier car nul ne sait où prévoit de s’arrêter l’ogre russe. Ainsi, traiter l’homme qui lance l‘alerte de «va-t-en-guerre» est ridicule car la guerre, c’est l’autre qui la construit.
Quant à plaider la diplomatie et le pacifisme, missions soi-disant historiques de la France, l’histoire, là encore, nous a montré l’épaisseur de la niaiserie quand l’autre, à l’inverse, assemble dans sa main les conditions du conflit.
Se préparer à l’affrontement ne signifie pas le souhaiter. Mais si l’on s’y prépare, on le fait complètement. Alors, ce qui a été dit doit être dit. Et surtout, ce qui a été dit doit être entendu. Oui, des sacrifices peuvent être nécessaires pour préserver le sol, la patrie, nos valeurs, nos croyances. D’autres avant nous l’ont fait. Peut-être à notre tour devrons-nous le faire. Y penser n’est pas une faute. C’est une nécessité.
Personne n'a envie de revivre l'horreur, mais…
Il y a dès lors de l’indécence à critiquer cette démarche. Aujourd’hui, l’Ukraine sacrifie ses enfants à la violence russe. Certains d’entre eux portent l’uniforme et se battent.
D’autres, éloignés du front parce que trop jeunes pour y être, meurent quand même, assassinés par les bombes qui les écrasent. Tous sont innocents. Seul notre égoïsme nous empêche de percevoir cette réalité.
Nous pensions, il y longtemps, que la sagesse des hommes nous éviterait d’être confrontés à nouveau à ces angoisses.
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