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Self-made milliardaire à 27 ans : Shayne Coplan, le sacre du garnement de Polymarket
Le fondateur de Polymarket vient de devenir milliardaire à seulement 27 ans. Résolu à devenir un nouveau Mark Zuckerberg, il a créé sa start-up en solo et il a bravé les autorités américaines. L'avènement de Trump lui a donné raison.
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Shayne Coplan, le jeune patron fondateur de Polymarket, a traversé ce quart de siècle doté d'une imperturbable confiance en lui.
Shayne Coplan, le jeune patron fondateur de Polymarket, a traversé ce quart de siècle doté d'une imperturbable confiance en lui. (Photo Richard Drew/Ap/SIPA)
Par Solveig Godeluck
Publié le 13 oct. 2025 à 12:13Mis à jour le 13 oct. 2025 à 13:49
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« Trump va-t-il rencontrer Xi Jinping d'ici au 31 octobre ? » - « oui ». « Le Hamas va-t-il accepter d'être désarmé d'ici au 31 décembre » - « non ». « Y aura-t-il une élection en France d'ici au 17 octobre, 31 octobre, 31 décembre ? » - « oui », avant la fin de l'année.
Ce sont ces types de paris, avec des paris sportifs plus classiques, qui ont fait de Shayne Coplan un milliardaire. La semaine dernière, l'Intercontinental Exchange, propriétaire du New York Stock Exchange, a investi 2 milliards de dollars dans sa start-up de prédictions en ligne Polymarket, pour une valorisation de 8 milliards de dollars. Le gamin de 27 ans, dont la tignasse bouclée et hirsute rappelle étrangement celle du fondateur de FTX, Sam Bankman-Fried, à ses belles heures, est devenu le plus jeune self-made milliardaire de l'histoire.
Est-il seulement étonné de son succès ? Cela reste à voir. Avec sa gueule d'ange, Shayne Coplan a traversé ce quart de siècle doté d'une imperturbable confiance en soi. Il s'adresse aux puissants comme s'il parlait à l'homme de la rue et il entreprend de séduire des femmes avec le même sang-froid, raconte le « New York Magazine ». Comme il dit ce qu'il pense sans se soucier des réactions, on l'aime ou on le déteste, poursuit le quinzomadaire.
Mark Zuckerberg profilé
Shayne Coplan a lancé Polymarket pendant le Covid, dans son petit appartement new-yorkais. En novembre 2024, il a publié sur X une photo de son ordinateur portable posé sur une corbeille à linge, un clavier sans fil sur ses cuisses poilues, les pieds sur le carrelage, un pan de plâtre qui se détache du mur : « 2020, à court d'argent, fondateur solo, QG dans mon bureau salle de bains. Je ne savais pas que Polymarket allait changer le monde », commente-t-il. Donald Trump venait de remporter l'élection présidentielle, comme l'avaient prédit les parieurs de Polymarket, plus clairvoyants que les sondeurs.
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Depuis l'adolescence, l'entrepreneur a une obsession : devenir le prochain Mark Zuckerberg. Il sait tout du fondateur de Meta ou de Travis Kalanick, qui a créé Uber, et qui est lui aussi devenu milliardaire dans la tech. Il a d'ailleurs amplement contribué au profil Wikipédia de ces héros de l'âge tech, qui ont tracé leur chemin en défiant les conventions, voire les lois, avant de rejoindre l'establishment.
Fils unique, né de deux enseignants sud-africains de New York et élevé dans l'Upper West Side, Shayne Coplan n'était pas un bon élève. Il s'ennuyait en cours. En 2017, six mois après avoir été pris en sciences de l'informatique à la New York University, il a lâché les études et s'est livré à ses obsessions, la crypto -il a acheté ses premiers ethers à 15 ans, a « miné » des cryptomonnaies, acheté et revendu des memecoins et des NFT - et les marchés prédictifs.
« Futarchie » et polyamour
D'autres avant Shayne Coplan avaient eu l'idée de combiner ces deux passions pour permettre de prendre des paris en ligne cryptés grâce à la blockchain. Mais sans percer. Lui allait renverser la table. C'est ce qu'il a écrit en 2019 à l'économiste américain Robin Hanson, le théoricien de la « futarchie » : une forme de gouvernement où les élus définiraient les objectifs nationaux, les marchés prédictifs déterminant les mesures politiques les plus efficaces pour les atteindre. Mais l'universitaire n'a pas cru en lui.
Poly.market (le nom initial) a vu le jour en juin 2020, pendant le Covid. Shayne Coplan a joué Shiva dans sa salle de bains, n'ayant aucun employé. Pour faire la publicité de son service, il a publié des messages sur les réseaux sociaux, puis les a transférés avec persévérance à des investisseurs potentiels et à des personnalités influentes. Polymarket a marqué des points avec le pari réussi sur l'élection de Biden. Rebelote avec Trump en 2024.
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Il y a un an, le tweet facétieux d'Elon Musk sur « Polyamourousmarket » a servi de tremplin : Shayne Coplan a répondu du tac au tac que X, le réseau social du milliardaire, a l'air d'un site pornographique, alors que Polymarket « apporte des solutions à la désinformation ».
Les « tech bros » affluent
Mais avec le succès sont venus les ennuis. Contrairement à ses concurrents de Kalshi, l'entrepreneur n'a même pas essayé de faire enregistrer son activité auprès de la CFTC, qui régule les marchés prédictifs. Après s'être vu infliger une amende de 1,4 million de dollars en 2022, Polymarket a interdit les paris aux Américains, une interdiction facile à contourner avec une connexion cryptée.
Pendant la campagne électorale, les « tech bros » ont battu le rappel pour Donald Trump et les cryptos. Shayne Coplan a été invité à la convention républicaine en juillet. Une semaine après la victoire correctement prédite du leader populiste, le FBI l'a cueilli au lit et a saisi ses appareils. La start-up a immédiatement dénoncé la perquisition comme une « vengeance politique » de l'administration Biden.
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Le patron du site, qui se revendique « apolitique », est instantanément devenu une star chez les « tech bros ». Parmi ses investisseurs, on trouve d'ailleurs Peter Thiel (Founders Fund), Travis Kalanick (Uber), Joe Gebbia (Airbnb), Vitalik Buterin (Ethereum) et Brian Armstrong (Coinbase).
Le fonds de Donald Trump Junior, 1789 Capital, est également entré au capital avant l'élection présidentielle. Cet été, le fils du président a rejoint l'entreprise comme conseiller cet été (il conseille aussi Kalshi), juste après que le département de la Justice et la CFTC ont abandonné leurs poursuites contre Polymarket. Les Américains ont désormais le droit de parier sur la plateforme. Le garnement qui n'avait pas froid aux yeux a eu raison de braver les autorités.
Solveig Godeluck (Bureau de New York)
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