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« Des jeunes sont venus arracher le drapeau français » : à Montpellier, le procès du vivre-ensemble [ElseNews]

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« Des jeunes sont venus arracher le drapeau français » : à Montpellier, le procès du vivre-ensemble

Le jeune homme qui avait écrasé un adolescent le soir du match de football France-Maroc, à Montpellier, en décembre 2022 a été condamné à huit de prison pour violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner, jeudi 23 octobre. La cour criminelle de l’Hérault a allégé la peine de douze ans requis par l’avocat général en début de journée. Un procès dans une atmosphère tendue entre les familles, mais toutefois digne. D’autant que les protagonistes de l’affaire ont dû visionner les images saisissantes de la soirée.
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Il est 21h46. A Doha, l’arbitre de la rencontre vient de siffler la fin de la demi-finale de la coupe du monde. La France vient de se qualifier pour la finale du mondial de football en dominant 2 à 0 la sélection marocaine. En France, le match est classé à risque pour cette soirée du 14 décembre 2022. Une note du service central du renseignement territorial émet une alerte quant à « des envahissements de la voie publique qui seront suivis de débordements ».
A Montpellier, les tramways sont à l’arrêt. Des policiers patrouillent dans le centre-villeplugin-autotooltip__blue plugin-autotooltip_bigWikikPedia

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et sur les boulevards des quartiers sensibles. Un endroit est particulièrement surveillé : l’avenue de Barcelone. Elle regroupe de nombreux snacks, cafés et commerces. Les télévisions sont de sortie sur les terrasses afin que tout le monde puisse assister au match entre leur pays d’adoption et leur pays de cœur.
Un petit tour « pour fêter la victoire de l’équipe de France »
Après les trois coups de sifflet de l’arbitre, l’ambiance est tendue. Aux alentours de 22h30, une vingtaine d’appels parviennent au standard de la police : des véhicules et des poubelles sont incendiées. Des groupes encapuchonnés se baladent sur les trottoirs. William, lui, vient de retrouver son petit frère « pour fêter la victoire de l’équipe de France ». Il a regardé le match à son domicile, face au stade de la Mosson, où évolue le club local du MHSC, dans le quartier sensible de la Paillade.
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Tous les deux, ils se rendent dans un kebab pour boire une canette. Ice Tea et Coca Cola enfilés, ils reprennent la voiture. Le petit frère âgé d’une dizaine d’années récupère le drapeau français qui se trouve dans la boîte à gant. Il l’accroche sur la vitre arrière-gauche du véhicule. Ils doivent rentrer chez eux mais doivent obligatoirement passer par l’avenue de Barcelone. Dans l’habitacle, le titre de Maître Gims Ramenez la coupe à la maison résonne à travers la vitre entrouverte côté conducteur.
Le climat est électrique. Dans son témoignage livré six mois plus tard, le petit frère décrit deux groupes de personnes vêtus de casquette, de lunette et de masques anti-Covid. « Je pensais qu’ils allaient se battre », indique-t-il aux enquêteurs. Mais le drapeau français brandit est une provocation pour ces supporters marocains. La voiture est prise à partie. L’adolescent dit entendre un « gros bruit » venant de l’arrière de l’habitacle. Il crie : « Ils vont nous tuer, ils vont nous tuer ».
Au volant de la Citroën C4, William est bloqué à un feu rouge, entre deux voitures. Devant lui, des jeunes brûlent une poubelle. Sur sa droite, un trottoir et des barrières métalliques. Impossible de se dégager. Paniqué, il braque sur sa gauche et s’engage sur les voies de tramway. La scène est captée par des vidéos amateures. Elle est d’une violence inouïe.
Un mort et une chasse à l’homme
Un jeune arrache le drapeau. Des coups de pied sont donné dans l’habitacle. Une témoin voit le groupe « secouer » le véhicule. L’un d’eux essaye d’ouvrir la portière. William démarre dans une fuite en avant. Très vite, un homme se retrouve sur le capot de la voiture avant d’être projeté. Un autre se retrouve coincé sous le bas de caisse. Il s’agit du petit Aymen, 13 ans. Un troisième est traîné sur plusieurs mètres. Mais la voiture parvient à prendre la fuite et à regagner le domicile familial.
Aymen gît au sol. Recroquevillé, inanimé. Il décède une heure et demie plus tard lors de son arrivée au CHU de Montpellier. Une envie de vengeance s’empare de la foule. Un véhicule suspect est signalé à quelques encablures. « Une quinzaine de personnes partent en courant dans sa direction », explique un témoin. Mauvaise cible. Sur les réseaux sociaux, les vidéos se propagent et la photo du conducteur présumé aussi. « La rumeur dit que c’est un gitan », poursuit le témoin. Un homme est pris à partie, son appartement saccagé. Il ne s’agit pas de la bonne personne.
William est finalement identifié et jeté à la vindicte populaire. Sa famille décide de quitter le quartier de la Paillade dans la nuit, direction Sète, Perpignan et l’Espagne. « On nous a dit que tout le monde voulait nous tuer », se souvient le petit frère. L’enquête de police débute difficilement. « Des personnes sont hostiles à la présence policière dans le quartier », confie le directeur d’enquête, venu déposé à la barre de la cour criminelle de Montpellier, mercredi 22 octobre. William est finalement interpellé le 27 décembre suivant.
« Ce n’était pas une provocation », assure son avocat, Me Jean-Baptiste Mousset. Lié à la communauté gitane comme ayant des origines maghrébines, son client « aurait aussi fêté la victoire du Maroc » si les Lions de l’Atlas l’avaient emporté face aux Bleus. Dans le sombre box des accusés, le prévenu dit regretter son geste et présente ses « excuses » à la famille d’Aymen venue s’assoir sur le banc des partie civiles, vêtue de t-shirt floqué au nom de leur proche défunt.
La difficile réconciliation entre gitans et maghrébins
Dans l’un des quartiers les plus pauvres de France, les différentes communautés cohabitent tant bien que mal. Pour mettre fin à la traque de l’hiver 2022, le représentant de la communauté gitane, Fernand Maraval et l’imam du quartier ont dû s’assoir à la même table et appelé à un ‘cessez-le-feu’. « C’était la guerre », témoignait dans les colonnes de Valeurs actuelles le chef des gitans. Sur les 300 familles vivant dans ce quartier de 25 000 habitants, « les trois quarts sont partis », expliquait-il alors.
A Montpellier, chaque quartier vit selon la culture de sa population majoritaire. A la Paillade, les immigrés venus de l’Afrique du Nord règnent en maître, tandis qu’aux Marels ou au Gély, la population reste « 100% gitane ». « Les offices HLM parquent les communautés », dénonce celui qui se fait appeler Yaka. « Les « gaulois » qui maintenaient la mixité sont partis, il n’y a plus que des arabes ou des gitans », observe-t-il. Pourtant, tous se connaissent. Coïncidence dans ce drame, le petit frère de William déjeuner le jour du drame dans le snack tenu par le grand frère d’Aymen.
https://www.valeursactuelles.com/clubvaleurs/faits-divers/des-jeunes-sont-venus-arracher-le-drapeau-francais-a-montpellier-le-proces-du-vivre-ensemble


Le Monde.fr: Mort d’Aymen à Montpellier en 2022 : le chauffard condamné à huit ans de prison, la légitime défense écartée

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