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Le Monde – Pétrole, gaz, charbon : ces nouveaux projets fossiles qui compromettent la lutte pour le climat [ElseNews]

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Le Monde – Pétrole, gaz, charbon : ces nouveaux projets fossiles qui compromettent la lutte pour le climat


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Qu'est-ce que le budget carbone restant ?

Le budget carbone restant désigne la quantité de CO₂ que l’humanité peut encore émettre pour maintenir le réchauffement mondial sous certaines limites (1,5 °C, 1,7 °C ou 2 °C). Ce budget varie selon la probabilité de respecter ces seuils : plus on vise une probabilité élevée de succès, plus le budget se réduit.

Avec l’accord de Paris (2015), la communauté internationale s'est engagée à maintenir « l’augmentation de la température moyenne mondiale bien en dessous de 2 °C au-dessus des niveaux préindustriels » et de poursuivre les efforts « pour limiter l’augmentation de la température à 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels ». Pour atteindre cet objectif, les émissions mondiales devaient culminer avant 2025 et chuter de 43 % d’ici à 2030.

Au rythme actuel des émissions mondiales – environ 40 GtCO₂ par an –, le budget carbone compatible avec 1,5 °C et une probabilité de 50 % serait de 130 Gt CO₂, et pourrait être épuisé en 2028. Avec une probabilité de 83 %, ce budget ne serait plus que de 30 Gt CO₂ et serait épuisé dès cette année 2025.

Ce calcul ne concerne que les émissions de CO₂, mais il intègre les effets d’autres gaz à effet de serre comme le méthane ou le protoxyde d’azote. Chaque année, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) réévalue ce budget en fonction de l’évolution des émissions et des conditions atmosphériques.

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Parmi les 2 179 initiatives fossiles recensées par les ONG (explorations pétrogazières, mines de charbon), 2 034 ont été programmées après 2021. Cette année-là, l’agence internationale de l’énergie (AIE) avait pourtant averti, dans son rapport de référence « Net Zero by 2050 », qu’il n’y avait désormais plus aucune marge de manœuvre pour investir dans de nouveaux sites d’extraction de pétrole, de gaz ou de charbon dans le cadre d’une trajectoire de neutralité carbone.

Le temps long, inhérent aux investissements fossiles, rend chaque autorisation d’exploitation stratégique : une mine de charbon ou un terminal d’extraction pétrolière mis en service aujourd’hui peut rester actif pendant trente à quarante ans, verrouillant de fait la trajectoire des émissions d’origine humaine et compromettant l’objectif de contenir le réchauffement climatique.

La Chine en tête
Bien que présents aux quatre coins du monde, ces projets se concentrent pour l’essentiel en Asie, en Amérique du Nord et en Océanie. Quatre Etats se détachent nettement : la Chine, la Russie, l’Iran et les Etats-Unis abritent à eux seuls 642 projets planifiés, pour un potentiel total d’émissions de près de 300 GtCO₂.

La Chine, en tête du classement, cumule 302 projets représentant 339 GtCO₂. Aux côtés du gaz et du pétrole (55 %), près de la moitié de ces projets sont encore liés au charbon. Car si Pékin promet la réduction de sa production charbonnière, elle continue d’occuper une place centrale dans la stratégie énergétique intérieure. C’est le paradoxe chinois : le pays installe des capacités d’énergies renouvelables à un rythme qui dépasse, de loin, celui du reste du monde tout en multipliant les nouveaux projets de centrales à charbon. La Chine a représenté à elle seule 93 % des nouvelles constructions de centrales à charbon dans le monde en 2024, selon le Centre de recherche sur l’énergie et l’air pur (CREA).
La Russie, deuxième du classement, compte 146 projets planifiés, dont 93 % dans les hydrocarbures (pétrole et gaz). La majorité se situe dans le Caucase du Nord, en Sibérie et en Oural.
L’Iran affiche une dépendance totale au pétrole et au gaz (100 %), dont l’ensemble des projets d’extraction sont nationalisés. Le pays poursuit l’ouverture de nouveaux champs dans le golfe Persique, avec 101 projets planifiés.
Les Etats-Unis, avec 93 projets, maintiennent un niveau de croissance élevé d’extraction énergétique, notamment dans le gaz de schiste, très émetteur en méthane. Si la politique « drill baby drill » de Donald Trump y contribue fortement, la tendance était déjà présente sous la présidence du démocrate Joe Biden.
Explorez la carte des projets fossiles planifiés dans le monde
Protomaps ©
OpenStreetMap

5000 km
Pétrole et gaz
Charbon
Les données utilisées proviennent de plusieurs sources : la base de Kühne et al. (2022) pour les plus grands projets d’extraction de combustibles fossiles, Rystad Energy pour les projets pétroliers et gaziers et pour le charbon.

Sources : Carbonbombs.org

Des petits projets aux « bombes carbone »
Les projets planifiés identifiés par « CarbonBombs.org » se distinguent par une grande diversité d’échelle, avec des potentiels d’émissions allant de 5 millions à plus de 11,5 milliards de tonnes de CO₂.

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A l’extrémité inférieure du spectre se trouvent des initiatives de moindre envergure, comme le projet Mailu-1, conduit par TotalEnergies et la compagnie malaisienne Peronas. Prévue pour la fin de l’année 2025, cette campagne exploratoire marquera le premier forage en eaux ultra-profondes (plus de 2 000 mètres de profondeur) de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Elle vise une structure géologique encore inexploitée et pourrait ouvrir une nouvelle province pétrolière dans le golfe de Papouasie.

Le forage offshore ultra-profond exploite des ressources dites « non-conventionnelles », et donc à plus haut risque environnemental. Plus les compagnies explorent ces zones profondes, plus les incidents tels que déversements, accidents et éruptions deviennent fréquents, selon une étude parue en 2013 dans Energy Policy. Avec un potentiel d’émissions estimé à 5 MtCO₂, Mailu-1 figure parmi les projets les moins volumineux, mais son impact est loin d’être négligeable : son exploitation équivaudrait approximativement aux émissions engendrées par la villeplugin-autotooltip__blue plugin-autotooltip_bigWikikPedia

WikikPedia
de Paris intra-muros en 2022. Ces initiatives symbolisent la poursuite de l’expansion fossile dans des zones jusqu’ici vierges, loin de toute trajectoire de désengagement.

A l’autre extrémité figurent des projets d’une ampleur considérable : environ 10 % de ceux recensés (soit 208) pourraient devenir de futures « bombes carbone » – un concept désignant les infrastructures dont le potentiel d’émissions sur l’ensemble de leur durée de vie dépasse le milliard de tonnes de CO₂, selon une définition proposée en 2022 par un groupe d’universitaires emmené par le chercheur allemand Kjell Kühne (également directeur de l’ONG LINGO). Alors qu’il représente seulement 10 % des projets planifiés, le charbon est impliqué dans près de 60 % de ces bombes carbone potentielles.

Lire aussi :
Les « bombes carbone » qui empirent le dérèglement climatique, une responsabilité partagée entre Etats, entreprises et banques
North Field

Qatar
Mise en service : 2045-2049
Emissions potentielles : 11,558 GtCO₂e
Ce futur projet pétrogazier se situe au sein du gisement offshore du même nom. A cheval entre les eaux territoriales de l’Iran et du Qatar, dans le golfe Persique, il est considéré comme le plus grand gisement mondial de gaz naturel non associé à un gisement de pétrole, rassemblant environ 10 % des réserves connues.

Il est porté par QatarEnergy en partenariat avec TotalEnergies, Shell, ConocoPhillips et Sinopec, et les premières opérations sont envisagées entre 2045 et 2049.

Xinjiang Hongshaquan No. 2 Surface Mine

Chine
Mise en service : non précisée
Emissions potentielles : 11,003 GtCO₂e
L’exploitation de la mine de charbon à ciel ouvert n°  2 de Hongshaquan par l’entreprise publique Xinjiang Shenhua Mining Industry Co. Ltd a été approuvée en 2023. Elle fait partie de la vaste zone minière de Xiheishan à Zhundong (Xinjiang), qui couvre plus de 100 000 km².

Ses ressources sont estimées à 5 857 milliards de tonnes, avec une capacité de production prévue de 20 millions de tonnes par an. La combustion du charbon de cette seule mine, destiné à l’industrie chimique, pourrait entamer à elle seule plus de 8 % du budget carbone mondial restant.

Murray River Coal Mine

Canada
Mise en service : 2021
Emissions potentielles : 8,483 GtCO₂e
Le projet de Murray River, proposé par la société minière HD Mining International Ltd., est une mine souterraine de charbon métallurgique dans le nord-est de la Colombie-Britannique. Elle doit produire environ 6 millions de tonnes par an pendant 31 ans, avec 5 ans de construction et 25 ans d’exploitation.

Plusieurs décennies avant l’exploitation de certains gisements
Ces projets planifiés recouvrent des réalités diverses. Dans le cas du charbon, il peut s’agir de mines qui viennent d’être découvertes, proposées à l’exploitation ou en développement. Certains sites pétroliers ou gaziers ont déjà un exploitant prêt à commencer l’exploration ou l’extraction, quand d’autres relèvent encore de l’« open acreage », c’est-à-dire de gisements découverts récemment dont l’exploitation à terme est très probable, même s’ils n’ont pas encore été attribués à une entreprise.

Parmi eux, certains ne devraient pas entrer en production avant plusieurs décennies. C’est le cas du projet d’exploitation du gaz de schiste de la formation de Sembar, située au nord-est de Karachi, la capitale économique du Pakistan, dont l’ouverture est prévue entre 2080 et 2084, selon la base de données spécialisée Rystad. Dans une importante étude datant de 2004, l’Institut d’études géologiques des Etats-Unis anticipait le potentiel de cette formation, tout en précisant qu’elle restait, à ce moment-là, encore largement inexplorée.

Relire notre enquête (2023)
« Bombes carbone » : explorez la carte mondiale des mégagisements de ressources fossiles
Vingt ans plus tard, en 2024 et 2025, des tests menés dans le puits Baloch‑2, opéré par la compagnie pétrolière pakistanaise Oil & Gas Development Company, ont confirmé la présence d’un flux prometteur. Selon l’entreprise, « la découverte confirme non seulement le potentiel inexploité de la formation de Sembar, mais ouvre également une nouvelle zone, ouvrant la voie à de nouvelles explorations et à l’exploitation des réserves d’hydrocarbures du bloc ».

Aucune compagnie n’est encore impliquée dans l’exploitation de ce projet dont le potentiel est estimé à 2,5 GtCO₂. « C’est justement ce genre de projets qui peuvent être stoppés », souligne Louis-Maxence Delaporte, membre de Reclaim Finance, l’une des ONG de la coalition « CarbonBombs.org ». Selon lui, « la phase précédant l’entrée en opération d’un projet est déterminante, car c’est à ce moment-là que les entreprises investissent le plus pour en évaluer le potentiel. Une fois lancé, un projet peut difficilement être arrêté car les entreprises ont trop à y perdre ».

Léa Prati
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