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-====== Le Monde – Des stades de foot à l’arène politique, Jean-Michel Aulas à la conquête de la mairie de Lyon ====== 
- https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2025/10/19/des-stades-de-foot-a-l-arene-politique-jean-michel-aulas-a-la-conquete-de-la-mairie-de-lyon_6648093_4500055.html 
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- M le mag 
-Des stades de foot à l’arène politique, Jean-Michel Aulas à la conquête de la mairie de Lyon 
-A 76 ans, l’ex-entrepreneur et populaire président de l’Olympique lyonnais est entré à la surprise générale dans la course à la mairie de la troisième ville de France. Le candidat, qui a réussi à fédérer la droite locale et le centre, n’hésite pas à jouer très offensif, avec la mauvaise foi d’un supporteur. 
-Par Yann Bouchez et Richard Schittly (Lyon, correspondant) 
-Par Yann Bouchez et Richard Schittly (Lyon, correspondant) 
-Par Yann Bouchez et Richard Schittly (Lyon, correspondant) 
-Article réservé aux abonnés 
-Jean-Michel Aulas en meeting au H7, à Lyon, le 26 septembre. 
-Jean-Michel Aulas en meeting au H7, à Lyon, le 26 septembre. LÉA SOTTON POUR M LE MAGAZINE DU MONDE 
-Jean-Michel Aulas a fait son entrée dans l’arène politique par effraction. La scène s’est produite le 3 septembre, jour de commémoration de la Libération de Lyon, place Bellecour. Costume et cravate bleu marine, pochette blanche, l’ancien président de l’Olympique lyonnais a fendu la foule et s’est avancé avec naturel au premier rang de la cérémonie, celui des officiels. Sans y être invité. Il était guidé par Isabelle Sabran, ancienne cheffe du protocole de l’hôtel de ville de Lyon. En trente ans de carrière, l’élégante dame blonde a servi quatre maires successifs et piloté les grands de ce monde en visite dans la capitale des Gaules, avant de se fâcher avec la majorité écologiste élue en 2020 et de rallier le camp de l’entrepreneur. 
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-Jean-Michel Aulas s’est placé juste en face du Veilleur de pierre, le monument dédié à la mémoire des résistants de la seconde guerre mondiale. L’homme d’affaires a écouté les discours de la préfète Fabienne Buccio et du maire Grégory Doucet, mains croisées, l’air grave. « Son arrivée a provoqué un malaise. Il n’était pas du tout prévu dans le protocole républicain. Il s’est imposé. Mais nous ne voulions pas créer un incident dans ce moment de recueillement », dit Gautier Chapuis, coprésident du groupe écologiste au conseil municipal. 
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-En s’incrustant dans ce pré carré politique, Jean-Michel Aulas a révélé sa méthode. L’ex-patron et ex-président de club de football, multimillionnaire, âgé de 76 ans, veut jouer des coudes et des codes pour gagner son nouveau challenge : conquérir le fauteuil de maire de Lyon, en mars 2026. Son entourage prend un malin plaisir à rappeler le sondage Harris Interactive réalisé en février, selon lequel les Français seraient favorables à confier les rênes du pouvoir à un entrepreneur. Sept sondés sur dix verraient bien un Michel-Edouard Leclerc, Bernard Arnault ou Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Groupe Le Monde) candidat à la présidentielle – Jean-Michel Aulas ne faisait pas partie des personnalités testées. Avec cette idée que les experts en profits feraient de bons gestionnaires en affaires publiques. 
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-La réussite de l’OL 
-Aulas aux commandes de la troisième ville de France ? Dès que les signes avant-coureurs de son envie de se lancer sont apparus en début d’année, l’hypothèse a surpris tout le monde, à commencer par ses plus anciens compagnons de route. « Il ne connaît pas les problèmes des services et la réglementation municipale. Il croit qu’il va pouvoir faire des choses, juste parce qu’il l’aura décidé, comme il le faisait dans son entreprise ou à l’OL. Son problème, c’est qu’il s’imagine encore dans le privé », s’inquiète Gilbert Giorgi, l’homme qui connaît sans doute le mieux Jean-Michel Aulas. 
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-Promoteur immobilier tout en gouaille et en malice, Giorgi a conçu en 2003 le premier siège de Cegid, l’entreprise spécialisée dans les logiciels de gestion à l’origine de la fortune d’Aulas, dans le quartier populaire de Vaise ; c’est lui également qui a personnellement mené l’opération immobilière du grand stade, en 2016 à Décines, le projet phare de celui qui a présidé l’Olympique lyonnais de 1987 à 2023. Les deux hommes sont voisins de villas à Saint-Tropez. 
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-Gilbert Giorgi a tout vu, tout su des succès publics et des ressorts privés, des secrets de vestiaires comme des relations internes au sein des deux entreprises étroitement liées, aux mains d’un même homme, Cegid et l’OL. « Il avait une longueur d’avance sur nous. Il était le seul de tout le conseil d’administration de l’OL à être convaincu qu’on serait riches, que le club irait en Bourse », reconnaît le promoteur, nostalgique des premiers conseils d’administration de l’OL dans un bungalow à côté du centre d’entraînement de Tola-Vologe, près de l’ancien stade de Gerland. 
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-En quinze ans, le club est passé de la deuxième division au sommet de la Ligue 1, enchaînant sept titres de champion de France consécutifs, de 2002 à 2008, et créant la plus performante des sections féminines. Ce qui fait d’Aulas l’artisan d’un palmarès inégalé dans le foot français. Un homme riche, également. L’ex-président a perçu plus de 132 millions d’euros en actions et indemnités lors des changements successifs de capital du club, jusqu’à sa reprise par l’Américain John Textor, en 2022. En y ajoutant ses gains de la cession de Cegid, en 2016, sa fortune est évaluée à 450 millions d’euros par le magazine Challenges. 
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-La politique ? « Jamais il n’avait évoqué l’idée de se lancer, c’est venu cette année », assure Gilbert Giorgi. A son entourage, Jean-Michel Aulas répétait souvent : « Je ne suis pas assez diplomate pour ça. » « C’est audacieux de sa part. Un maire a les pieds dans la glaise. Il sera à l’aise avec l’aspect protocolaire, le reste, c’est un monde particulier », abonde Richard Brumm, avocat d’affaires qui a conseillé Aulas à ses débuts et fut adjoint aux finances de l’ancien maire Gérard Collomb. 
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-Exploiter un vide politique 
-Champion du tweet polémique à chaque veille de match de l’OL, Jean-Michel Aulas a changé de registre sur ses réseaux sociaux à partir du début de l’année 2025. Le 22 janvier, il partage un article du Progrès intitulé « Embouteillages monstres sur les quais du Rhône ». Sa publication aimante 130 000 vues. Une semaine plus tard, il prend une photo du trafic et poste, excédé : « 50 mn pour parcourir 400 mètres du quai Jean-Moulin : que de temps perdu, donc d’économie détruite, d’emplois perdus, de commerçants ruinés : un audit public du coût direct et indirect s’impose : réveillez-vous ! » Plus de 245 000 internautes voient la diatribe. Parmi les 302 réponses, certaines suggèrent au « boomeur » d’essayer le vélo. D’autres, plus nombreux, l’invitent à se lancer dans la bataille municipale. 
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-Qui se souvient qu’en 2016, sous le règne de Gérard Collomb, Aulas pestait déjà contre les bouchons sur Twitter ? A l’époque, sa colère était passée inaperçue. Cette fois-ci, ses messages résonnent avec force. L’écolobashing bat son plein dans la capitale des Gaules ; la ville est constellée de chantiers de voirie pour faire de la place aux nouvelles pistes cyclables et aux nombreux changements d’itinéraire de bus. Les automobilistes sont à cran. Les associations de riverains et de commerçants du centre-ville accusent les ZFE (zone à faible émission) et autres ZTL (zone à trafic limité) d’être responsables de leurs difficultés économiques. Pour la majorité écologiste, il s’agit d’apaiser la ville et de lutter contre la pollution, comme leur programme électoral le prévoyait. 
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-A cette tension ambiante s’ajoute un certain vide politique. Après l’éclatement de la « Collombie » – Gérard Collomb a été maire de 2001 à 2020 –, la droite locale et le macronisme déclinant peinent à fédérer une variante crédible, face à l’exécutif municipal de gauche plurielle. Et si l’ex-patron de l’OL pouvait renverser le cours du jeu ? Des mois durant, Jean-Michel Aulas a multiplié les piques acérées visant les écologistes, avant d’officialiser sa candidature le 25 septembre. 
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-« Il fait du trumpisme, soutient Bruno Bernard, président Les Ecologistes de la métropole de Lyon. Il raconte tout et n’importe quoi, il est plus habitué des jets privés et de Saint-Tropez que de la vie quotidienne des Lyonnais. Comme Trump, il dénigre l’écologie et voudrait imposer sa conception du business. Mais, à la présidentielle américaine, Trump n’a pas gagné à New York. » « Je suis tout sauf un candidat anti-écolo », se défend Jean-Michel Aulas, le 22 septembre, dans un restaurant du centre-ville de Lyon. 
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-Adepte de la fake news 
-Attablé devant un filet de turbotin et une poêlée de légumes, affable mais un brin méfiant – il a accepté la rencontre à condition de pouvoir relire ses citations –, il énumère les gages de son engagement écologique : son fils, Alexandre, « vient au boulot à vélo », lui possède deux Fiat électriques et il participe à Team for the Planet, un fond entrepreneurial destiné à lever de l’argent pour lutter contre le dérèglement climatique. En « pragmatique » revendiqué, « JMA » préfère parler d’« écologie réelle », qu’il oppose à celle dite « punitive ». 
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-Entre deux bouchées de poisson, il partage avec gourmandise une anecdote. En mai 2022, il invite Grégory Doucet à prendre l’avion de l’équipe féminine de l’OL pour assister à la finale de la Ligue des champions, à Turin. Le maire de Lyon refuse, préférant se rendre en Italie par le rail. Aulas affirme que le train est arrivé en retard et que le maire a raté la victoire des Lyonnaises face à Barcelone. « Véridique », s’amuse l’ancien président de l’OL. Sauf que l’intrigue est parfaitement déformée. Certes, le jour de la finale, Grégory Doucet est arrivé avec quelques minutes de retard. Mais il a pu voir l’essentiel du match et fêter la victoire, comme ses selfies pris sur place et ses collaborateurs en attestent. 
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-Lors de son meeting du 26 septembre, Jean-Michel Aulas entouré de Béatrice de Montille, conseillère municipale LR, et Laure Cédat, présidente du « Cercle Cœur Lyonnais », le comité de soutien du candidat. 
-Lors de son meeting du 26 septembre, Jean-Michel Aulas entouré de Béatrice de Montille, conseillère municipale LR, et Laure Cédat, présidente du « Cercle Cœur Lyonnais », le comité de soutien du candidat. LÉA SOTTON POUR M LE MAGAZINE DU MONDE. 
-Les adversaires écologistes de Jean-Michel Aulas dénoncent régulièrement ses fake news. Un exemple, le soir du 10 septembre, à l’issue de la journée Bloquons tout, « JMA » déplore sur le réseau social X le « silence des Verts, incapables de dénoncer [les] violences » commises ce jour-là. Sauf que Bruno Bernard comme Grégory Doucet les avaient tous les deux condamnées publiquement. Ce « rapport complexe à la vérité » n’étonne pas du tout ses plus anciens collaborateurs. 
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-A l’OL comme à Cegid, Jean-Michel Aulas pouvait dire une chose un jour, son contraire le lendemain, avec la même bonne foi apparente. « C’est un incroyable commercial, capable de retourner les situations les plus compliquées. Avec les portes et les fenêtres fermées, il arrivait quand même à entrer ! », témoigne une collaboratrice de ses débuts, qui préfère rester anonyme. Plusieurs de ses proches rappellent les boutades savoureuses formulées par son conseiller sportif et ami Bernard Lacombe, mort le 17 juin, à propos des vérités alternatives du président Aulas : « Ne lui demande pas l’heure, il te ment ! » Ou : « Même lui, il ne se croit pas. » 
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-Parrainé par la droite 
-Alors que le pays est en pleine crise politique, Aulas se présente à Lyon comme « apolitique ». Auprès de M Le magazine du Monde, l’ex-patron convoque la figure de son père, « de gauche », affirme-t-il, « trotskiste », même. De ce père notable, enseignant de collège et correspondant local de presse dans le pays de l’Arbresle, Jean-Michel Aulas revendique l’héritage « laïc et républicain ». Pour gage de l’image progressiste qu’il entend se donner, l’ancien patron affirme aussi qu’il a été délégué local à l’Unef, pendant son BTS informatique, en 1967. De son Mai 68, il évoque cette image : « En haut de la Sorbonne, avec mon copain Cohn-Bendit, j’écris : “Il est interdit d’interdire.” » Le « copain » en question n’en a pas souvenir. 
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-« JMA » porte fièrement son insigne de commandeur dans l’ordre du Mérite et aime rappeler qu’il a été décoré sous les présidences de Nicolas Sarkozy, de François Hollande, puis d’Emmanuel Macron. Désormais, il ne jure que par la « société civile » et dit se méfier des professionnels de la politique. Ces derniers mois, sa boussole semble pourtant virer à droite. Nicolas Sarkozy était l’invité d’honneur du dîner du Top 500, organisé par le magazine Lyon People, le 28 juin. Face au gratin d’élus et de décideurs, l’ancien président de la République a encouragé sa candidature à la mairie de Lyon, en lui donnant du « Jean-Michel, que j’aime beaucoup ». 
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-Le 26 septembre, de jeunes militants de « Génération Aulas ». 
-Le 26 septembre, de jeunes militants de « Génération Aulas ». LÉA SOTTON POUR M LE MAGAZINE DU MONDE. 
-Trois mois plus tard, gêné par ce parrainage droitier, Aulas l’assure : il ne savait pas que « Sarko » serait présent à ce dîner. Pourtant, des photos attestent d’une rencontre en aparté des deux hommes, attablés devant des gougères, quelques minutes avant le repas de gala, dans un salon de l’abbaye de Collonges-Paul Bocuse. Roman Abreu, le communicant de l’agence parisienne 2017, qui épaule Jean-Michel Aulas durant la campagne, parle d’une « simple salutation entre deux hommes qui se connaissent depuis longtemps ». 
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-Le 4 septembre, Jean-Michel Aulas se retrouve cette fois aux côtés de Laurent Wauquiez, dans la brasserie Le République, à Lyon. Devant une nuée de journalistes, le président des députés Les Républicains (LR) à l’Assemblée nationale annonce fièrement l’accord scellé entre Jean-Michel Aulas et Pierre Oliver. Chef de file de la droite municipale, le maire (LR) du 2ᵉ arrondissement abandonne sa propre candidature pour se rallier à l’entrepreneur. 
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-Tassé dans un coin de table, Jean-Michel Aulas se prête à la mise en scène médiatique sans enthousiasme, peut-être conscient que son image d’indépendant en prend un sérieux coup. Face aux questions roulantes des journalistes, le candidat soulève son poignet et pointe sa montre du doigt. Il s’excuse : « J’ai un conseil d’administration à la fédération. » En fait, nul conseil d’administration, mais un simple rendez-vous téléphonique prévu avec le président de la Fédération française de football (FFF), Philippe Diallo. 
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-De cette même journée du 4 septembre, Thierry Braillard a gardé un goût amer. Le matin, l’ancien secrétaire d’Etat et adjoint de Gérard Collomb aux sports prend un verre dans un bistrot de Lyon, à la demande de Jean-Michel Aulas, qui souhaite recueillir l’avis de ce politique averti. Trois jours plus tard, le radical de gauche découvre dans la presse qu’il aurait rallié le quasi-candidat. Il se sent alors obligé de démentir publiquement. 
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-Le duo de choc Aulas-Collomb 
-Pour se situer politiquement, « JMA » finit par se décrire comme « démocrate social », citant Edouard Herriot, Raymond Barre et Gérard Collomb en références. S’il entretenait des relations cordiales avec Michel Mercier, le président (centre droit) du conseil général du Rhône (1990-2013), l’ancien président de l’OL a surtout formé un duo de choc avec Gérard Collomb (mort en 2023), maire pendant vingt ans. Le premier avait besoin de facilités pour construire son grand stade, le second profitait des retombées populaires du football, sans jamais rater un match. 
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-Jeune député, Collomb a décroché des rendez-vous auprès du ministre de l’économie Pierre Bérégovoy au milieu des années 1980, pour faire bénéficier la holding d’Aulas de l’exonération fiscale pour les jeunes entreprises. Par la suite, le maire et président du Grand Lyon s’est personnellement investi afin de lever certains obstacles réglementaires, et s’est impliqué dans le dossier des dessertes spécifiques des réseaux de transport vers le stade. Dans son rapport sur l’Euro 2016, la Cour des comptes évalue les aides publiques à 202 millions d’euros, soit le tiers du coût total de construction du grand stade de Décines et de ses aménagements annexes. 
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-Dans une ville où l’extrême droite est électoralement faible, mais historiquement marquée par l’implantation de divers mouvements identitaires violents, certains, notamment à la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme, ont pu déplorer qu’il n’ait pas toujours été offensif à l’égard des groupuscules de supporteurs d’ultradroite dans l’enceinte du stade de l’OL, du temps de sa présidence. Jean-Michel Aulas affirme au contraire avoir « demandé la dissolution » de plusieurs groupes. Aujourd’hui, en campagne, il n’a pas de mots assez durs pour dénoncer le laxisme supposé de la mairie écologiste face à l’antisémitisme. 
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-A Lyon, une immense notoriété 
-Candidat, Jean-Michel Aulas joue de son image d’entrepreneur libéral, avec ce slogan simple : « Rendre à ma ville ce qu’elle m’a donné ». Le multimillionnaire propose de renoncer à ses indemnités de maire en cas d’élection et annonce la gratuité des transports publics pour les bas revenus – un sujet qui relève de la Métropole. Son programme ? Ne rien programmer, mais promettre des référendums pour définir chaque projet important. 
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-Pour sa campagne, il prévoit de déambuler dans les arrondissements à la rencontre des habitants. « Dès qu’on sort dans la rue avec lui, les gens l’accostent et le prennent en photo, il soulève les foules », s’enthousiasme Pierre Oliver, son allié LR, persuadé que sa notoriété constitue son principal atout. « Moi, dans les quartiers, c’est “Jean-Mimi” », se targue l’ex-propriétaire de l’OL, convaincu qu’il n’est pas coupé de l’électorat populaire, dans toute sa diversité. Il affirme qu’on lui répète souvent, en référence aux anciens champions Ben Arfa et Benzema : « Toi, tu n’as pas eu peur de faire jouer Hatem, Karim… » 
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-Le 26 septembre, les sympathisants se sont déplacés pour soutenir « JMA ». 
-Le 26 septembre, les sympathisants se sont déplacés pour soutenir « JMA ». LÉA SOTTON POUR M LE MAGAZINE DU MONDE. 
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-LÉA SOTTON POUR M LE MAGAZINE DU MONDE. 
-Aucun responsable du bloc central et de la droite régionale ne manque à son premier meeting, organisé le 26 septembre, le lendemain de l’annonce officielle de sa candidature. Malgré ces ralliements, l’ex-patron semble assez seul dans sa ligne de jeu. Pas de poids lourds dans sa garde rapprochée. Compagnon de route depuis trente ans de « JMA », l’avocat lyonnais Alain Jakubowicz votera pour lui, sans en faire mystère. Mais il admet n’avoir « aucune idée de ce qu’est son équipe politique ». 
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-Comme d’autres, il se demande ce que le septuagénaire vient faire dans cette galère. Ses proches avancent quelques explications. Un ego toujours en quête de reconnaissance. Un vide, aussi, après la vente de Cegid et sa sortie de l’OL. « Jean-Michel, ce n’est pas le genre d’homme à rester chez lui dans un fauteuil à faire des mots croisés ou à lire, résume Noël Le Graet, ancien président de la Fédération française de football, qui le connaît bien. Il est heureux quand il a un problème à régler. » 
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-Un caractère hyperactif 
-A chaque interview, l’intéressé prend soin de déminer la question de l’âge. A 76 ans, il serait, de loin, le plus vieux nouveau maire de Lyon – le record appartient à Raymond Barre, élu en 1995, à l’âge de 71 ans. Pas de quoi l’émouvoir. « La compétence n’est pas liée à l’âge, assure-t-il. J’ai une vie, non pas de moine, mais très contrôlée. Je ne bois presque pas d’alcool, je n’ai jamais fumé. J’ai fait du sport à haut niveau. » Hors de question de lever le pied. D’ailleurs, s’il est élu, il n’a pas l’intention d’abandonner ses mandats liés au football – il est vice-président de la FFF et président de la Ligue féminine de football professionnel. 
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-Son hyperactivité perpétuelle a toujours fait partie de son caractère. « Il était avant-centre, il aimait bien prendre des coups. Dans le corps-à-corps, c’était un battant, c’était son ADN », se souvient Jean-Jacques Bozonnet, gardien de but dans l’équipe de handball de leur lycée du Beaujolais. Elève indiscipliné, casse-cou, Jean-Michel Aulas se brise les vertèbres au ski et doit renoncer à sa carrière de handballeur de haut niveau, mais sans rien perdre de sa volonté d’aller de l’avant, toujours au centre de l’attention. 
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-Que doit son désir de reconnaissance au drame intime qui le mine ? Le suicide de sa mère, qu’il décrit fragile et discrète, n’a cessé de le hanter. « Depuis le 14 septembre 1977, je ne me suis plus donné de limite », dévoile Jean-Michel Aulas dans son autobiographie (Chaque jour se réinventer, Stock, 2023). A peine majeur, le diplômé en informatique a créé avec quatre camarades une boîte de traitement des données, dont il a vite pris le leadership. Les étudiants ont revendu leurs parts à une société dont Jean-Michel Aulas est devenu administrateur, avant de créer Cegid, fondée sur l’idée avant-gardiste de mettre l’informatique au service des experts-comptables. 
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-Soucieux de marketing, le jeune entrepreneur a signé des contrats avec l’athlète américain Carl Lewis et le pilote de Formule 1 Alain Prost. « A l’époque, toutes les sociétés informatiques étaient artisanales, sauf Cegid. Il avait la force incroyable de convaincre le client qu’il bénéficiait d’une solution unique. Il était sûr de lui, rien ne pouvait l’arrêter », confie Gilles Perrot, dont l’entreprise a été rachetée par Cegid en 1989. L’ingénieur est parti au bout de six mois, choqué par « le management qui pouvait passer de la douceur à la brutalité en un instant ». 
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-Car, si Jean-Michel Aulas est salué pour ses ambitions visionnaires, la médaille a un revers. « Il se mettait dans des colères froides. Il était toujours méfiant, avec la peur permanente d’être trahi. Il n’aimait pas du tout que les gens partent », témoigne un ancien directeur de service de Cegid. Avec le succès acquis à la manière d’un Bernard Tapie – sans les casseroles judiciaires de l’ex-boss de l’Olympique de Marseille –, certains le voient se « transformer » avec l’explosion du foot business, au début des années 2000. 
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-« Son obsession était de montrer sa richesse, sa puissance, il invitait les joueurs et les décideurs sur son yacht loué chaque été dans la baie de Saint-Tropez », confie un ancien membre du comité de direction de l’OL, qui se souvient d’un épisode douloureux : un collaborateur en burn-out avait écrit une longue lettre au président pour lui dire sa souffrance au travail. Puis avait sollicité un rendez-vous. « Votre lettre ? Vous écrivez tellement mal que je l’ai jetée », a coupé Jean-Michel Aulas. Maladroit, méchant ? « Je suis un affectif », justifie-t-il lorsqu’on lui rappelle ses attitudes jugées blessantes. 
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-Un contre-attaquant véloce 
-Le tout-puissant patron a développé une forte intolérance à la critique. Le site d’information Rue89 en fait les frais, poursuivi en diffamation au tribunal correctionnel de Lyon, en novembre, pour avoir exposé l’investissement d’Holnest, la holding familiale de Jean-Michel Aulas, dans un projet d’aéroport de luxe pour jets privés, dans le Delaware, Etat américain notoirement connu pour sa fiscalité douce. Lorsque le sénateur Thomas Dossus (Les Ecologistes) s’interroge sur la possibilité d’un abus de bien social de cette même holding Holnest, qui aurait servi à payer des sondages sur une éventuelle candidature Aulas, en début d’année, il reçoit à son tour une assignation d’avocat. 
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-Interrogé sur le sujet, Jean-Michel Aulas affirme qu’il a payé les études de sa poche et que les instituts se sont tout simplement trompés de commanditaire sur leurs fiches techniques. Il n’a en tout cas pas regretté de les avoir commandées : le sondage réalisé en juin le plaçait en tête au premier tour, dans une ville certes longtemps fidèle au centre, mais qui a voté aux dernières municipales, comme aux législatives, à gauche. 
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-Quarante ans plus tôt, un même soupçon de mélange des genres avait déjà valu des ennuis à un supporteur de l’OL. Dans un éditorial du bulletin du Club des 11, René Perrin avait critiqué le coût des assurances et des avions facturés à l’OL par une filiale de Cegid pour transporter ses joueurs. Le président de l’association de supporteurs avait été intimidé et suivi par un détective. Sa fille s’en souvient très bien. C’est elle qui tapait à l’époque les bulletins à la machine à écrire. Devenue conseillère municipale et métropolitaine, elle a ensuite étudié de près les subventions accordées au club par la ville. 
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-« Jean-Michel Aulas oublie un peu vite la part des aides publiques dont il a bénéficié dans son ascension. Ses méthodes me laissent penser qu’il n’a pas forcément la notion de l’intérêt général », cingle aujourd’hui Nathalie Perrin-Gilbert, fille de René Perrin, elle-même candidate à la mairie de Lyon aux prochaines municipales, à gauche de l’échiquier (sans étiquette). Elle a sollicité un débat public avec son adversaire, sans réponse à ce jour. 
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-En 1987, l’avocat André Soulier, à l’époque premier adjoint du maire Francisque Collomb, avait organisé par surprise une séance préalable au conseil municipal pour que le tout nouveau président de l’Olympique lyonnais puisse présenter devant l’assemblée au complet son projet de relance du club. Business plan, slides, rétroprojecteur… Jean-Michel Aulas avait déployé tous ses talents de commercial et le matériel de son entreprise Cegid pour épater les élus. Près de quarante ans plus tard, l’homme d’affaires revient frapper à la porte de l’hôtel de ville de Lyon, où il s’était invité sans protocole. Avec la ferme intention de s’asseoir cette fois-ci dans le fauteuil du maire. 
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-Yann Bouchez et Richard Schittly (Lyon, correspondant) 
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