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L'affaire de l'“ attentat ” de l'Observatoire va être évoquée en correctionnelle
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Le 11 août 1966, modifié le 11 août 1966
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Après plus de six années d'instruction le juge, M. Sablayrolles, a décidé de renvoyer en correctionnelle les trois inculpés de l'affaire Mitterrand - Pesquet, le faux attentat des jardins de l'Observatoire, commis dans la nuit du 15 au 16 octobre 1959. Une ordonnance de renvoi a été signée mardi contre Robert Pesquet, l'ancien député poujadiste du Loir-et-Cher, et ses complices, Abel Dahuron, agriculteur, qui tira une rafale de mitraillette, et André Pequignot, mécanicien, qui fournit l'arme.
Le matin du 16 octobre 1959 on crut que M. François Mitterrand venait d'échapper à un attentat. Sortant de la brasserie Lipp, l'ancien ministre, au volant de sa voiture, avait remarqué qu'il était poursuivi. Au dernier moment, garant son véhicule rue Auguste-Comte, il avait franchi d'un bond la grille des jardins de l'Observatoire et s'était dissimulé dans un fourré, tandis qu'une rafale de mitraillette atteignait son véhicule.
Mais quelques jours plus tard Robert Pesquet affirmait publiquement qu'il s'agissait d'un attentat simulé. “ C'est M. Mitterrand lui-même qui m'a demandé d'organiser l'affaire ”, déclarait-il.
M. Mitterrand s'expliqua. Il reconnut avoir effectivement rencontré Pesquet. Celui-ci le prévenait qu'un attentat était organisé contre lui et il le crut sincère. Pesquet ne lui aurait pas dit que c'était lui qui s'en chargeait.
N'ayant pas parlé de cette rencontre au commissaire Clot, chef de la brigade criminelle chargée de l'enquête, M. Mitterrand fut inculpé d'outrage à magistrat après que le Sénat eut levé son immunité parlementaire.
Robert Pesquet, la veille Ce l'affaire, avait écrit deux lettres qu'il avait adressées poste restante, l'une à lui-même, l'autre à Dahuron. Il y exposait à l'avance les détails de l'opération.
Le parquet a retenu contre Pesquet, Dahuron et Pequignot l'inculpation d'infraction à la législation sur les armes et les munitions. Un non-lieu est rendu depuis longtemps pour la tentative d'homicide volontaire.
La date de l'audience en correctionnelle n'est pas encore fixée. Il est probable que Pesquet sera absent, car, d'abord écroué en novembre 1959 à la Santé, puis à Fresnes, avant d'être mis en liberté provisoire le mois suivant, il est en fuite, ayant été condamné par défaut à vingt ans de réclusion par la Cour de sûreté de l'État pour avoir créé un réseau O.A.S. en Normandie.
Dans le dossier de l'affaire de l'Observatoire M. Mitterrand s'était constitué partie civile, représenté par le bâtonnier René-William Thorp et Roland Dumas.
Parallèlement au dossier de Pesquet et de ses deux complices, une autre affaire est toujours à l'instruction chez le juge Alain Simon, sans qu'aucun acte de procédure ait eu lieu depuis longtemps : celle d'outrage à magistrat, délit relevé contre M. Mitterrand.
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