La lutte contre le tabagisme a pris un tournant radical inattendu en Polynésie française. Vendredi, les représentants de l'Assemblée de la Polynésie française ont voté pour interdire l'importation et l'utilisation des e-cigarettes et « dérivés » à compter du 1er juillet 2026.
La proposition a été faite pendant l'étude du texte relatif à la lutte contre le tabagisme. Lana Tetuanui, du parti autonomiste d'opposition Tapura huiraatira, également sénatrice de l'Union centriste, a proposé d'inclure un amendement pour interdire « purement et simplement » les cigarettes électroniques et tous leurs « dérivés ».
Le groupe majoritaire à l'assemblée territoriale, les indépendantistes de Tavini huiraatira, a immédiatement souscrit à cette proposition. « Considérons l'humain plutôt que l'argent », a déclaré Ernest Teagai, représentant du Tavini. Le projet de loi ainsi amendé a été approuvé à 51 voix pour, 5 contre, et une abstention.
Lire aussi :
La baisse de la consommation de tabac s'est amplifiée en 2024
En France, les sachets de nicotine au coeur d'un bras de fer
En Polynésie française, certains produits de vapotage sont régulièrement « trafiqués » pour permettre la consommation d'huile de cannabis, mais aussi de la méthamphétamine, appelée « ice » localement. Selon le ministère de la Santé de la Polynésie française, il y aurait 30.000 consommateurs réguliers de cette drogue dure sur l'ensemble du territoire.
Mesure attaquable
Le président de la Polynésie française, Moetai Brotherson, a cependant averti que cet amendement risquait « fort d'être retoqué » par la justice administrative, en raison du « principe de la liberté de commerce et de la proportionnalité des interdictions de commerce » inscrit dans la Constitution française.
Les « personnes concernées » peuvent se tourner « vers leurs avocats pour dire que c'est une entrave à leur liberté de commerce et que c'est une interdiction qui n'est pas proportionnelle », a-t-il prévenu.
L'amendement a été introduit sous forme d'un nouvel article à la fin du projet de loi proposé par le ministre de la Santé qui vise à réglementer l'usage des vapos, notamment pour les puffs (à usage unique) très prisées des jeunes, récemment interdite sur l'Hexagone à la suite d'un vote de l'Assemblée en février dernier. Si l'amendement voté par l'assemblée polynésienne devait être attaqué, l'ensemble de la loi n'en serait pas fragilisé pour autant.
Depuis le milieu des années 1980, la Polynésie française constitue « un territoire d'outre-mer doté de l'autonomie interne dans le cadre de la République ». Une autonomie renforcée au fil des quatre dernières décennies. Les institutions sont constituées du gouvernement du territoire, de l'assemblée territoriale et du comité économique, social et culturel.
you see this when javscript or css is not working correct