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elsenews:spot-2025:09:piketti-repartir-richesse [26/12/2025/H16:14:10] 216.73.216.167 supprimée |
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| - | ====== Le Monde – Thomas Piketty : « Pour réussir la transition climatique, il faut répartir autrement les richesses » ====== | ||
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| - | Thomas Piketty : « Pour réussir la transition climatique, il faut répartir autrement les richesses » | ||
| - | Propos recueillis par Nabil Wakim et Cécile Cazenave | ||
| - | Propos recueillis par Nabil Wakim et Cécile Cazenave | ||
| - | Propos recueillis par Nabil Wakim et Cécile Cazenave | ||
| - | Aujourd’hui à 17h00, modifié à 18h10 | ||
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| - | ENTRETIEN « Les entretiens de “Chaleur humaine” ». Dans cet épisode de notre podcast consacré au défi climatique, l’économiste explique que la préservation de la planète ne peut pas se faire sans une réduction des inégalités. | ||
| - | Lecture 13 min | ||
| - | Le système économique actuel est souvent mis en cause pour son incapacité à mettre en place des politiques efficaces de lutte contre le changement climatique. Faut-il transformer le capitalisme pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre ? Comment penser un système économique différent, adapté au XXIe siècle et à la préservation des ressources ? | ||
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| - | Thomas Piketty est économiste, | ||
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| - | Il répond à toutes ces questions dans l’épisode du podcast « Chaleur humaine », | ||
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| - | Dans une chronique au « Monde », | ||
| - | D’abord, il faut garder en tête que toutes les transformations importantes, | ||
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| - | On construit des normes de justice qui rendent cette nouvelle société et ces institutions acceptables pour le plus grand nombre. Tout cela est interconnecté et manque pourtant beaucoup dans les débats. Quand on lit les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat [GIEC], on apprend beaucoup de choses, mais ça manque terriblement de classes sociales. C’est parfois aussi un peu trop technophile à mon goût, c’est-à-dire qu’on se met à miser sur des solutions, comme la capture de carbone, qui sont non seulement hypothétiques, | ||
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| - | Les travaux menés par plusieurs économistes montrent que les inégalités sociales reflètent les inégalités en matière d’émissions de gaz à effet de serre. Plus on est aisé, plus on émet de CO2. | ||
| - | C’est vrai à l’échelle mondiale – les émissions dans les pays du Sud sont globalement très faibles. Mais c’est aussi vrai à l’intérieur d’un pays, en Europe ou ailleurs dans le monde. Concrètement, | ||
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| - | Si on regarde les comparaisons internationales, | ||
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| - | On pourrait pourtant argumenter l’inverse, | ||
| - | Sauf qu’actuellement, | ||
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| - | La réduction des inégalités au cours du XXe siècle a été considérable sur une longue période, même si elle n’a pas été aussi loin qu’espéré. Quand je parle du socialisme écologique pour le XXIe siècle, | ||
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| - | Quand on passe d’une situation dans laquelle les cotisations sociales, les impôts et les prélèvements obligatoires représentent moins de 10 % du revenu national jusqu’à la première guerre mondiale à 40 %-50 % aujourd’hui, | ||
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| - | C’est ainsi que l’on a réduit les inégalités et inventé d’autres façons d’organiser l’économie. Quand on parle de perspective pour l’avenir, il faut vraiment partir de cet acquis. On s’est habitués à cette transformation ! Elle ne s’est pas faite toute seule, elle est le fruit de luttes politiques et sociales. Je pense qu’il faut voir comment ça a fonctionné pour aller plus loin et envisager des transformations d’une ampleur comparable. | ||
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| - | Ces transformations génèrent de la prospérité et de la croissance, mais aussi une activité économique plus importante. Est-ce qu’il n’y a pas un risque d’avoir moins d’inégalités, | ||
| - | Justement, la réduction des inégalités au cours du XXe siècle s’est faite en partie avec une transformation des secteurs d’activité. Quand vous produisez plus de services d’éducation et de santé, vous émettez quand même beaucoup moins de carbone que lorsque vous fabriquez du ciment, des iPhone ou des ordinateurs. Cela doit être une réorientation du type même d’activité économique. | ||
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| - | Mais, là encore, c’est déjà un peu ce qui a commencé à se produire. Les secteurs qui se sont développés au XXe siècle n’étaient pas uniquement ceux du béton ou de l’énergie. C’était aussi des secteurs sociaux, qui doivent beaucoup plus se développer à l’avenir. Si, aujourd’hui, | ||
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| - | Le découplage entre la croissance économique et les émissions de carbone n’est possible que si on repense complètement les secteurs d’activité dans lesquels se déroule l’activité humaine. Si, à la fin, on se retrouve à avoir les mêmes secteurs qui produisent toujours plus en utilisant toujours plus de matériaux, vous pouvez réduire les inégalités autant que vous voulez, ça n’a aucun effet. | ||
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| - | Mais ce qui permet de financer le modèle social dont vous parlez, c’est bien la croissance de la production. Si tout le monde travaille dans l’éducation ou la santé, qui va financer ces secteurs ? | ||
| - | C’est une question étonnante ! Dans ce cas-là, qui finance les autres secteurs ? Pourquoi ce serait l’éducation et la santé qui devraient être financées par la production matérielle de béton et non pas le contraire ? | ||
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| - | Parce qu’il faut bien d’abord de l’énergie et du béton pour construire les routes, les écoles, les bâtiments, | ||
| - | Mais ça, on les a déjà ! On n’a pas du tout besoin de continuer sur le même rythme d’accumulation de béton, de construire des routes, des aéroports, des bâtiments, | ||
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| - | Enfin, c’est le cas en France, mais pas forcément dans les pays du Sud. Non ? | ||
| - | Bien sûr, je parle ici des pays qui ont déjà atteint les niveaux de vie les plus élevés observés actuellement sur la planète. Dans ces situations, on a le plus besoin de soins, d’éducation et d’accès à la culture. Evidemment, ces activités ont aussi une empreinte carbone, et il faut travailler à la réduire. | ||
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| - | Mais il faut vraiment sortir de l’idée que l’éducation et la santé ont besoin d’être financées par le béton ou par des activités matérielles. Non, c’est en soi une création de richesse. On peut tout à fait imaginer une société dans laquelle 99 % de la population est occupée dans ces services culturels et 1 % de population surveille les machines permettant de produire les biens matériels dont on a besoin – avec un contenu carbone [évaluation de la quantité de dioxyde de carbone contenue dans les émissions de gaz à effet de serre associées à un produit] et un contenu matériel très inférieurs à ce qui est aujourd’hui. | ||
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| - | Lire aussi la tribune (2020) : | ||
| - | Eco-productivisme : | ||
| - | Justement, pour cette transformation, | ||
| - | Je ne dis pas qu’on n’a plus besoin de maisons et de routes. Ce que je veux dire, c’est qu’on n’a pas besoin d’augmenter le stock de bâtiments en France, de construire au même rythme qu’au cours du siècle écoulé, de couvrir de nouveau la France d’autoroutes et d’aéroports. Cela ne paraît ni raisonnable ni indispensable. | ||
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| - | Sauf si, bien sûr, on rentre dans une logique économique qui consiste à dire que pour faire fonctionner l’intelligence artificielle, | ||
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| - | Thomas Piketty le 27 février 2020, à Amsterdam, Pays-Bas. SANDER KONING / AFP | ||
| - | L’idée d’une société plus sobre n’est pas forcément désirable pour tout le monde. Beaucoup de gens sont très contents qu’on construise un entrepôt Amazon ou qu’on développe la 5G. Il n’y a pas forcément de consensus politique sur ce à quoi il faudrait renoncer… | ||
| - | Tout cela est possible, si vous créez plus d’emplois dans les hôpitaux, dans les écoles et dans les transports – qui sont des besoins que toutes les personnes concernées expriment. A condition qu’on mette la question des inégalités au centre. Ce qui implique que les personnes qui gagnent 1 000 ou 2 000 euros par mois ne se sentent pas lésées en termes de niveau de vie. | ||
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| - | Les efforts vont d’abord s’appliquer par le très haut puisque, si on ne demande pas un effort à tous, y compris aux milliardaires et aux centimillionnaires qui se sont développés au cours des vingt dernières années, comment voulez-vous que les cadres supérieurs acceptent de faire des efforts ? Mais à la fin, évidemment, | ||
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| - | Je suis très clair sur le fait que c’est l’ensemble de l’échelle des revenus qu’il va falloir comprimer. On peut envisager une échelle de revenus de 1 à 5, voire de 1 à 3, qui semble un objectif souhaitable. Dès lors que vous acceptez de rentrer dans une logique comme celle-ci, alors il est possible que les personnes qui ont des revenus plus faibles ne souffrent pas de ces transformations. Par contre, si vous faites comme si cette question des inégalités n’existait pas et que tout le monde allait s’adapter, | ||
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| - | Concrètement, | ||
| - | D’abord, il faut partir de ce qu’on a réussi à faire dans le passé. La réduction des inégalités au XXe siècle s’est faite non seulement avec la Sécurité sociale, mais aussi avec des prélèvements très progressifs sur les revenus et sur les patrimoines, | ||
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| - | Cela a simplement permis une compression des écarts de revenus très forts, c’est-à-dire que les revenus au-delà d’un certain seuil ont disparu, parce que c’est le premier effet de ces fiscalités très progressives. Ce qui contribue à resserrer l’ensemble de l’échelle des revenus et des patrimoines, | ||
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| - | Lire aussi la tribune | ||
| - | Olivier Blanchard, Jean Pisani-Ferry et Gabriel Zucman : « Nous partageons le constat qu’un impôt plancher sur les grandes fortunes est le plus efficace face à l’inégalité fiscale » | ||
| - | Est-ce que cela a handicapé le développement économique ? | ||
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| - | Pour la suite, il faut s’appuyer là-dessus et aller plus loin. Une des limites de l’impôt sur le revenu, c’est que les plus grandes fortunes peuvent y échapper en affichant un revenu très faible par rapport à leur fortune. Si les plus grands milliardaires ont un revenu qui ne représente qu’un pourcentage infinitésimal de leur fortune, vous pouvez taxer les revenus à 80 %, ça ne vous amènera pas très loin. | ||
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| - | C’est pour cela qu’on a besoin d’un impôt progressif sur la fortune qui ne laisse pas passer d’exception. Ce qui permettra d’abord d’apporter des recettes considérables : | ||
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| - | Comment s’assurer que cet argent récolté par l’impôt sera investi pour la transition climatique ? | ||
| - | Cela vous donne des ressources pour investir dans des infrastructures de transport ou d’énergie, | ||
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| - | Le fait que ces questions soient désormais abordées au G20, à l’initiative d’un pays du Sud, montre que les choses changent. Il faut aussi voir que la question du financement des réparations climatiques est au centre des discussions internationales. Donc les pays du Sud vont de plus en plus mettre sur la table cette question de la justice fiscale vis-à-vis des milliardaires, | ||
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| - | En France, cette question d’un impôt sur les grandes fortunes pour financer la transition a été défendue par Yannick Jadot lors de la présidentielle de 2022, et il a fait moins de 5 % des voix. Il n’est pas sûr que cette idée soit très populaire… | ||
| - | Les partis écologistes n’ont jamais réussi à mettre la question sociale et la réduction des inégalités au cœur du débat. Quand Yannick Jadot parle d’impôt de solidarité sur la fortune climatique, c’est vraiment très « light », | ||
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| - | Dans notre livre Une histoire du conflit politique [Seuil, 2023], avec Julia Cagé, on s’est intéressés à un électorat qui peut paraître un peu secondaire, mais qui permet un point de comparaison : | ||
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| - | Ce qui est frappant, c’est que le vote pour Yannick Jadot est un vote urbain et hyperfavorisé. Le score obtenu par le candidat écologiste croît avec la richesse de la commune. A l’inverse, | ||
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| - | Je ne donne pas cet exemple pour idéaliser les partis de type Lutte ouvrière, mais plutôt pour montrer que les électeurs font la différence entre les discours politiques. Si les partis écologistes ne changent pas radicalement leur discours sur les inégalités et les classes sociales, ils vont avoir du mal à convaincre d’autres électorats. | ||
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| - | Mais ne faut-il pas aussi des mesures concrètes qui améliorent la vie des gens à brève échéance ? | ||
| - | Bien sûr, il faut des choses positives qui font rêver. Il faut des transports en commun gratuits, les premiers kilowattheures d’énergie gratuits, puis les autres dix fois plus chers qu’actuellement. Il faut des mesures qui apportent quelque chose de clair à toute une partie de la population, qui, dans le fond, est prête à se laisser entraîner dans cette transformation. Pour cela, elle ne doit pas simplement voir ce que ça va lui coûter, mais aussi que ça va changer positivement dans son mode de vie. Je ne prétends pas que ce soit facile, je dis simplement que je ne vois pas vraiment d’autres solutions. | ||
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| - | Qu’est-ce qui vous donne malgré tout de l’espoir, alors que la période est plutôt marquée par des reculs sur le sujet ? | ||
| - | L’une des choses qui m’incite à penser que les choses ne sont pas figées, c’est tout simplement que le mélange de nationalisme et de libéralisme au pouvoir, notamment avec Donald Trump, ne va pas résoudre les défis sociaux et environnementaux qui sont les nôtres. A la fin, les électeurs renverront ces expériences dans l’opposition, | ||
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| - | Retrouvez sur cette page les entretiens tirés de notre podcast « Chaleur humaine » consacré au changement climatique. | ||
| - | Nabil Wakim et Cécile Cazenave | ||
| - | NOS LECTEURS ONT LU ENSUITE | ||
| - | « Pour Naval Group, les succès à l’export sont vitaux au moment où les finances de la France sont en cale sèche » | ||
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| - | Aujourd’hui à 11h00 | ||
| - | Vu par… Herrmann | ||
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| - | Aujourd’hui à 17h01 | ||
| - | En Afghanistan, | ||
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| - | Aujourd’hui à 10h46 | ||
| - | Le Mexique crée un régime spécifique pour les travailleurs des plateformes | ||
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| - | Aujourd’hui à 15h30 | ||
| - | « Un Etat ne rembourse jamais sa dette, il ne paie que la charge de la dette » | ||
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| - | Hier à 08h00 | ||
| - | Frédéric Haziza, journaliste de Radio J, porte plainte contre Jean-Luc Mélenchon | ||
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| - | Hier à 20h52 | ||
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