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-====== Le Monde.fr: Dans la foulée de l’assassinat de Charlie Kirk, l’administration Trump annonce une répression sans précédent contre la « gauche radicale » ======
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-Dans la foulée de l’assassinat de Charlie Kirk, l’administration Trump annonce une répression sans précédent contre la « gauche radicale »
-Le vice-président, J. D. Vance, a pris la tête, lundi, d’une chasse aux sorcières visant « les gens de gauche », accusés sans fondement de promouvoir la violence politique.
-Par Piotr Smolar (Washington, correspondant)
-Publié aujourd’hui à 06h15
-Temps deLecture 4 min.
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-Le vice-président américain, J. D. Vance, présente un épisode du Charlie Kirk Show dans l’Eisenhower Executive Office, à la Maison Blanche, à Washington, le 15 septembre 2025. DOUG MILLS / AFP
-Le siège de Charlie Kirk n’est pas resté longtemps vide. Lundi 15 septembre, c’est le vice-président des Etats-Unis, J. D. Vance, qui s’est symboliquement installé à son micro, à la Maison Blanche, pour animer une émission à la mémoire de son ami assassiné. Une façon d’illustrer à quel point ce dernier, à la tête de l’organisation Turning Point USA, était un pilier de l’administration, bien que sans titre officiel.
-Animé d’une colère à peine rentrée, multipliant les citations de la Bible, l’animateur d’un jour a filé une anaphore glaçante sur l’impossibilité à réunir le pays avant d’« escalader la montagne de la vérité ». « Il n’y a pas d’unité », a-t-il répété, « avec ceux qui célèbrent l’assassinat de Charlie Kirk », avec « ceux qui financent ces articles, qui paient les salaires de ces sympathisants des terroristes ».
-J. D. Vance a désigné nommément des cibles : la Open Society Foundation, fondée par le milliardaire George Soros, et la Ford Foundation. Elles sont accusées d’avoir financé le magazine mensuel de gauche The Nation, où le vice-président a lu un article présentant, selon lui, une vision déformée de Charlie Kirk, en raciste. La revue n’a bénéficié d’aucun fond de cette origine, a déclaré Bhaskar Sunkara, son président. Cela n’a pas empêché J. D. Vance d’accuser les deux fondations de « mettre le feu à la maison construite par la famille américaine depuis 250 ans. »
-Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Après la mort de Charlie Kirk, la traque en ligne des réactions jugées hostiles à l’influenceur
-Selon le vice-président, « les données sont claires : les gens de gauche sont bien plus enclins à défendre et à célébrer la violence politique. » J. D. Vance s’appuyait sur une enquête récente de YouGov. On y découvrait que 16 % des gens se définissant comme libéraux (gauche) estiment qu’il est souvent ou toujours acceptable de ressentir de la joie à la mort d’opposants politiques. Ce chiffre monte à 24 % pour ceux qui se définissent comme très libéraux. Mais YouGov avertit : depuis 2022, chaque acte violent contre un élu provoque des réactions largement opposées – surtout chez les jeunes adultes – du côté républicain et du côté démocrate, en fonction de l’étiquette de la victime. En somme, le sondage confirme une évidence : l’ultrapolarisation américaine, et non un terreau particulier de violence.
-Interrogé à son tour dans l’après-midi, Donald Trump a reconnu que l’auteur présumé de l’assassinat s’était sans doute autoradicalisé en ligne. Mais ce schéma classique ne suffit pas à l’administration. Celle-ci est décidée à confondre ses adversaires désignés dans un maelstrom criminel : ceux qui brûlent le drapeau américain, ceux qui incendient les voitures Tesla, les militants propalestiniens sur les campus, les opposants aux opérations de l’agence ICE contre les clandestins, et même tous ceux qui associent Donald Trump et Charlie Kirk à une nouvelle forme de fascisme, « une rhétorique directement responsable du terrorisme », estimait le président au soir de l’assassinat.
-Un devoir de deuil est tombé sur les Etats-Unis
-Lundi, le milliardaire s’est dit favorable « à 100 % » à la désignation des « antifas » (antifascistes) comme organisation terroriste, alors même qu’il ne s’agit pas d’une organisation, mais de groupuscules éclatés. Il a aussi précisé qu’il avait demandé au ministère de la justice d’employer la législation contre le crime organisé (RICO) pour s’en prendre à ceux qui « dédient des millions et des millions pour de l’agitation ».
-A ses côtés, Stephen Miller, l’idéologue de la Maison Blanche, était aux anges. Il a décrit « tout un réseau d’organisations » qui seraient responsables d’attaques contre les agents d’ICE, de révélations d’informations personnelles sur les réseaux sociaux ou d’acheminement de matériaux nécessaires pour « initier des émeutes ». Comme des briques.
-Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Après l’assassinat de Charlie Kirk, célèbre figure de la droite conservatrice, Donald Trump attaque « la gauche radicale »
-Plus tôt dans la journée, Stephen Miller intervenait aussi au micro de J. D. Vance. Il y promettait une impitoyable campagne contre « le mouvement terroriste intérieur ». Depuis l’assassinat de Charlie Kirk, Stephen Miller vise des professions : les employés fédéraux, les éducateurs, les infirmières, les professeurs, parmi lesquels une poignée s’est réjouie en ligne de l’assassinat. Ainsi, le conseiller réfute toute distinction entre un mauvais goût consternant en ligne, un rejet des idées réactionnaires de Charlie Kirk et une incitation au meurtre. Sur X, le conseiller les inclut dans « un vaste écosystème d’endoctrinement organisé. »
-J. D. Vance, alors candidat républicain à la vice-présidence, participe à un événement de campagne avec Charlie Kirk (à gauche), à Mesa, en Arizona, le 4 septembre 2024. ROSS D. FRANKLIN / AP
-Depuis l’assassinat de Charlie Kirk, un devoir de deuil est tombé sur les Etats-Unis. Alors que les motivations du suspect, Tyler Robinson, demeurent obscures, la droite trumpiste a imposé un récit : celui d’un messager hors pair des valeurs conservatrices, martyr d’une gauche sectaire, intolérante, recourant volontiers à la violence. Une gauche qui serait un ennemi de l’intérieur, sans distinction évidente entre les démocrates classiques et des extrémistes, isolés ou organisés, pouvant être violents. Le parti démocrate est « une organisation extrémiste nationale », assurait Stephen Miller fin août sur Fox News.
-Lire le reportage | Article réservé à nos abonnés Assassinat de Charlie Kirk aux Etats-Unis : le profil déroutant du suspect, un homme de 22 ans venant d’une famille conservatrice
-Cette culpabilité par capillarité, alors même que les condamnations de l’assassinat de Charlie Kirk ont plu de toutes parts, dessine un projet politique répressif sans équivalent depuis le McCarthysme – du nom du sénateur républicain qui a conduit la charge anticommuniste au début des années 1950. Dans ce dessein, la mort de Kirk n’est pas un déclencheur, mais un accélérateur. Des ressorts similaires ont été employés par des dirigeants illibéraux, d’Erdogan en Turquie à Viktor Orban en Hongrie, en passant par Vladimir Poutine.
-Opérations de délation collective
-Le gouverneur républicain de l’Utah, Spencer Cox, s’est pour sa part efforcé de tenir un discours d’apaisement depuis l’assassinat survenu dans son Etat. « Charlie a dit des choses très inflammatoires, et dans certains coins du Web, c’est tout ce que les gens ont entendu », a-t-il noté sur CNN. Une remarque évidente, qui dénote dans l’atmosphère de ferveur MAGA – sigle issu du slogan de campagne de Donald Trump « Make America Great Again » – autour de la victime.
-Sur la même antenne, un autre républicain, le sénateur James Lankford, de l’Oklahoma, avait tenté d’apporter une nuance, en réclamant « une application égale de la loi », quelle que soit la nature de la menace violente. L’élu a notamment mentionné le « nationalisme blanc » et Timothy McVeigh, auteur de l’attentat meurtrier à Oklahoma City, en 1995. Spencer Cox et James Lankford ont été attaqués sur les réseaux MAGA. Dans le monde trumpiste, l’heure est à la chasse.
-Lire aussi la tribune | Article réservé à nos abonnés « La violence politique aux Etats-Unis renvoie à une histoire de conquête et de prédation »
-Un professeur de l’université de Caroline du Nord, d’autres à l’université Clemson, une employée des services à l’enfant dans l’Indiana, un autre du département des transports, un membre des services secrets… Les vigies en ligne du nouveau culte autour de Charlie Kirk se sont lancées dans une traque des insultes, des critiques, de l’apologie de la violence.
-Il s’agit d’opérations de délation collective – défendues par le vice-président – auprès d’administrations ou d’entreprises pour les inciter à renvoyer sur-le-champ les auteurs de ces propos. C’est l’un de ces cas où les slogans républicains sur la nécessaire liberté d’expression absolue s’effondrent. « Croire en la démocratie, c’est comprendre que chaque citoyen a de la sagesse et a une voix », disait J. D. Vance en février à Munich, en faisant la leçon aux Européens.
-Piotr Smolar (Washington, correspondant)
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