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-====== Le Monde.fr: Auprès de Sébastien Lecornu à Matignon, Philippe Gustin, un directeur de cabinet pas comme les autres ======
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-Sébastien Lecornu premier ministre
-Des coulisses à Matignon
-« L’énigme » Lecornu
-POLITIQUE
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-SÉBASTIEN LECORNU PREMIER MINISTRE
-SÉBASTIEN LECORNU PREMIER MINISTRE
-Auprès de Sébastien Lecornu à Matignon, Philippe Gustin, un directeur de cabinet pas comme les autres
-Le haut fonctionnaire au profil atypique a pris ses fonctions auprès du premier ministre, Sébastien Lecornu, dont il est un vieux compagnon de route.
-Par Nathalie Segaunes
-Publié aujourd’hui à 05h30, modifié à 07h53
-Temps deLecture 4 min.
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-Le directeur de cabinet du nouveau premier ministre, Philippe Gustin, discute avec les ministres démissionnaires, lors de la passation des pouvoirs à Matignon, à Paris, le 10 septembre 2025. JULIEN MUGUET POUR « LE MONDE »
-Sébastien Lecornu, nommé mardi 9 septembre dans la soirée premier ministre, n’a même pas eu à solliciter Philippe Gustin pour diriger son cabinet à Matignon. « Pour lui comme pour moi, c’était une évidence que je le suivrais s’il était nommé », assure celui-ci auprès du Monde. Après sept ans de compagnonnage au conseil départemental de l’Eure (2015-2017), au ministère des outre-mer (2020-2022), puis au ministère des armées (2022-2023), le tandem Lecornu-Gustin est « très rodé au travail en commun, atteste un ancien préfet. Ils se connaissent par cœur ».
-Le parcours de Philippe Gustin est atypique. Ce fils de militaire de 65 ans, issu d’une lignée de bouilleurs de cru de Fougerolles (Haute-Saône), a d’abord été instituteur, en France puis en Allemagne – dans le cadre de l’Office franco-allemand pour la jeunesse. Directeur adjoint des cours à l’Institut français de Budapest avant la chute du Mur, puis attaché culturel à l’ambassade de France en Autriche, il intègre l’Ecole nationale d’administration (ENA, promotion Nelson-Mandela, où il côtoie Laurent Wauquiez) en 1999.
-Après un début de carrière classique à la préfecture (Nièvre, Mayotte, Isère…), il rejoint, sous Nicolas Sarkozy, les cabinets de Christine Lagarde (ministre de l’agriculture puis de l’économie), puis de Luc Chatel (industrie puis éducation nationale). Ambassadeur en Roumanie, de 2012 à 2014, il quitte Bucarest « en pleurant », se souvient cet amoureux de la Mitteleuropa, renvoyé par le gouvernement roumain parce qu’il était « de droite ».
-« Un préfet très politique »
-En juin 2014, Luc Chatel, alors secrétaire général de l’Union pour un mouvement populaire (UMP), l’ancien nom du parti Les Républicains (LR), l’appelle pour remettre à flot les finances du parti, au bord du gouffre après l’affaire Bygmalion. « Je l’aurais fait pour n’importe quel parti, jure-t-il. Un parti qui meurt, c’est un peu de la démocratie qui meurt. » « C’était une période très compliquée pour l’UMP, il a fait un travail remarquable, rapide et très efficace », loue son ancien président Jean-François Copé.
-Lire aussi | Article réservé à nos abonnés L’irrésistible ascension de Sébastien Lecornu, des coulisses du pouvoir à Matignon
-C’est dans les locaux du 238, rue de Vaugirard, au siège du parti de droite, que Philippe Gustin et Sébastien Lecornu, maire UMP de Vernon (Eure), se croisent pour la première fois, en juillet 2014. Neuf mois plus tard, le second devient président du conseil départemental de l’Eure et appelle le premier pour diriger son cabinet et les services généraux.
-Au printemps 2017, alors que Sébastien Lecornu quitte la campagne présidentielle de François Fillon, plombé par les affaires, pour rejoindre celle d’Emmanuel Macron, Philippe Gustin tente sa chance, sous l’étiquette LR, aux élections législatives, dans la 7e circonscription des Français de l’étranger, qui couvre l’Europe de l’Est. Il est éliminé au premier tour, avec 8,16 % des suffrages.
-Après le passage de l’ouragan Irma, qui a détruit 95 % des bâtiments à Saint-Martin et à Saint-Barthélemy en septembre de la même année, il est envoyé dans les Caraïbes pour assurer la reconstruction promise par Emmanuel Macron. Préfet de la région Guadeloupe, de 2018 à 2020, il rejoint Sébastien Lecornu comme directeur de cabinet aux outre-mer puis aux armées.
-Promu préfet de la région Bretagne et préfet de la zone de défense et de sécurité ouest (2023-2024), Philippe Gustin reçoit un accueil plutôt frais de la part des élus bretons. « Qu’est-ce que j’ai fait pour être punie et avoir un préfet de droite ? », lance la maire socialiste de Rennes, Nathalie Appéré, quand elle le reçoit pour la première fois à sa table. Car Philippe Gustin, libre de sa parole, ne cache pas ses convictions lorsqu’il rencontre les élus. « C’était un préfet très politique, juge l’ancien député socialiste du Finistère Jean-Jacques Urvoas, professeur de droit public à l’université de Brest. Il est “cash”, mais il n’est pas partisan dans son boulot. »
-Le 25 janvier 2024, le centre-ville de Rennes est retourné lors d’un défilé sauvage contre la loi sur l’immigration. Philippe Gustin n’hésite pas à qualifier les manifestants d’ultragauche de « terroristes », et de pointer la responsabilité de l’université de Rennes-II, qui leur sert de base arrière. « J’ai la réputation d’être brutal dans mon expression, admet-il. Mais ce qui s’était passé était insupportable… »
-Sévérité
-En octobre 2024, il est rappelé à Paris par l’équipe du premier ministre d’alors, Michel Barnier, pour épauler Annie Genevard au ministère de l’agriculture. « C’était mon premier poste ministériel, on avait besoin d’un directeur expérimenté », explique au Monde la ministre démissionnaire, qui loue un haut fonctionnaire « exigeant, mais très respectueux des personnes, qui fait grandir les gens ».
-En avril 2025, Philippe Gustin, qui a décidément la bougeotte, rejoint la Cour des comptes comme conseiller maître en service extraordinaire. « J’ai eu une opportunité d’être nommé magistrat pour cinq ans, j’ai sauté sur l’occasion », explique-t-il. Pierre Moscovici, premier président de l’institution, croit avoir décelé un « désir de liberté et de ressourcement intellectuel » chez ce docteur en sciences sociales, après neuf ans de cabinet.
-Le Franc-Comtois, qui publie, le 16 septembre, un recueil de nouvelles intitulé Elfogyott (« épuisé » en hongrois) aux éditions Rio Bravo (108 pages, 12 euros), n’aura pas eu le temps de se ressourcer rue Cambon. Alors que la France traverse une crise politique à l’issue incertaine, il ne pouvait pas, dit-il, « ne pas répondre présent », alors que son compagnon de route Sébastien Lecornu doit constituer une nouvelle équipe gouvernementale et préparer le budget.
-Vendredi, le haut fonctionnaire, réputé autoritaire, a rappelé aux directeurs de cabinet des ministres démissionnaires qu’en période d’affaires courantes, ceux-ci doivent se limiter à la gestion de crise, et n’ont pas à effectuer de déplacements, ni à communiquer. Une sévérité dont les cabinets avaient perdu l’habitude depuis l’arrivée de François Bayrou.
-Aussi enjoué que le premier ministre est réservé, on a vu Philippe Gustin, crâne lisse et lunettes fines, papillonner mercredi parmi les ministres qui patientaient dans la cour de l’hôtel de Matignon pendant la passation des pouvoirs. Ou remercier Sébastien Lecornu, sur X, de « sa confiance renouvelée en [le] nommant directeur de son cabinet à Matignon ». Une exposition qui tranche avec la réserve que s’imposent habituellement les directeurs de cabinet de Matignon. « C’est un haut fonctionnaire qui cherche la lumière », suggère une ex-collaboratrice. Philippe Gustin n’avoue cependant qu’une seule ambition politique : se présenter aux élections municipales de mars 2026, dans son village de Fougerolles.
-Nathalie Segaunes
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