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| - | ====== Le Monde – « A mon âge, mes parents étaient déjà propriétaires, | ||
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| - | M Campus | ||
| - | « A mon âge, mes parents étaient déjà propriétaires, | ||
| - | Les grandes étapes du passage à l’âge adulte, comme l’achat d’un logement, sont devenues inabordables pour bien des jeunes, créant incompréhensions et frustrations. | ||
| - | Par Alice Raybaud | ||
| - | Par Alice Raybaud | ||
| - | Par Alice Raybaud | ||
| - | Article réservé aux abonnés | ||
| - | Charles Monnier | ||
| - | CHARLES MONNIER | ||
| - | Lucie (les personnes citées par leur seul prénom ont requis l’anonymat) a connu une ascension sociale. A 33 ans, plus diplômée que ses parents – son père est titulaire d’un BEP, sa mère a arrêté l’école avant le brevet –, cette enseignante dans le secondaire à Tours gagne mieux sa vie qu’eux au même âge, avec un salaire d’environ 2 500 euros net par mois, heures supplémentaires comprises. Et pourtant. « Mon niveau de vie est bien inférieur », constate-t-elle au regard de son pouvoir d’achat réel, grevé par l’inflation et par le coût du logement, bien plus élevé qu’il y a quelques décennies. « A mon âge, mes parents étaient déjà propriétaires d’une maison, moi j’arrive tout juste à épargner », résume-t-elle. | ||
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| - | La jeune femme loue un appartement de 40 mètres carrés à une heure de son lieu de travail, pour 600 euros mensuels. « Je voudrais bien bouger, mais je ne trouve quasi rien. Quant à l’achat, ce n’est pas la peine d’y penser, les conseillers bancaires me demandaient un apport de 30 000 euros », raconte Lucie, qui a aussi renoncé à acheter une voiture – trop chère en entretien et en carburant. Face à cela, elle se heurte à l’incompréhension de ses parents, assistante maternelle et ex-employé de banque, aujourd’hui âgés de 60 ans et 62 ans : « Ils raisonnent encore avec leurs référentiels de l’époque, | ||
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| - | La trentenaire regarde avec « amertume » ce fossé qui tend ainsi à se creuser entre les générations, | ||
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| - | Un poste précaire | ||
| - | Pour ces jeunes, certains des jalons de stabilité et de confort de vie, auxquels avaient pu accéder leurs aînés avant eux, sont devenus de plus en plus difficiles à atteindre, créant une nouvelle forme de déclassement. D’abord parce que leurs premiers pas dans le monde du travail sont marqués par une plus grande précarité. Alors que dans les années 1980, 15 % des jeunes de moins de 25 ans en emploi occupaient un poste précaire, ils sont aujourd’hui plus de 50 %. Le chômage des jeunes est, lui, passé de 11 % en 1980 à 17 % en 2024. | ||
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| - | Nour, 30 ans, vit encore chez sa mère, en région parisienne, faute de vie professionnelle stable. Titulaire d’un master en droit bancaire et technologie financière, | ||
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| - | Elle qui aurait préféré ne pas quitter sa région a fini par trouver un emploi au Luxembourg, comme analyste. Là-bas, Nour passe le barreau dans l’espoir de bénéficier de plus d’opportunités comme avocate. A présent, elle termine à Paris sa seconde année de stage pour valider son diplôme, pendant laquelle elle touche moins d’un smic. « Ce n’est pas idéal à mon âge », convient-elle. | ||
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| - | Sa famille est « très étonnée » des difficultés rencontrées malgré son bac + 5. « Mon père n’avait pas de diplôme et a fait plein de boulots, d’ouvrier à employé de mairie, et il me disait que, dans les années 1980-1990, il suffisait de frapper aux portes. Aujourd’hui, | ||
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| - | Plus fréquente, cette période de précarité tend aussi à s’allonger, | ||
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| - | Sofia, 30 ans, chargée de projet dans l’édition, | ||
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| - | Impossible accession | ||
| - | En 2003, il fallait gagner 3 500 euros brut par mois pour pouvoir s’acheter un appartement de 40 mètres carrés à Paris. Vingt ans plus tard, 8 125 euros mensuels sont nécessaires, | ||
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| - | « En parlant avec mes cousins, lors d’un repas de famille, mes parents ont compris que ce n’était pas moi qui étais à la traîne, mais toute une génération, | ||
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| - | Le chercheur à l’Ecole d’économie de Paris Hippolyte d’Albis soutient toutefois que les nouvelles générations ont profité d’une « hausse quasi constante du niveau de vie » depuis l’après-guerre, | ||
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| - | Nicolas Duvoux, sociologue à Paris-VIII Vincennes-Saint-Denis et auteur de L’Avenir confisqué (PUF, 2023) complète : « Avec des critères qui permettent une projection dans le futur, comme l’accès au logement, la tendance est plutôt à la dégradation. L’horizon est brouillé, en particulier pour ceux qui ne peuvent bénéficier d’appuis familiaux. » | ||
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| - | Car cette génération se caractérise aussi par des inégalités plus fortes en son sein, observent les deux chercheurs. Le fruit du travail ne suffit plus. « Mes parents et moi avons conscience qu’acquérir une propriété passera par le don ou l’héritage », témoigne Paul, 28 ans, cadre dans un bureau d’études, | ||
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| - | Aujourd’hui, | ||
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| - | « J’ai une impression d’injustice générationnelle, | ||
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| - | Camille Peugny ne constate néanmoins, en général, « pas de conflit de générations au sein des cellules familiales ». « Les jeunes qui ont 20 ans aujourd’hui sont les enfants d’une génération, | ||
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| - | Délicate, la situation peut l’être aussi quand le fossé se creuse dans l’autre sens. Lorsqu’il décroche son premier CDI en marketing, pour 2 200 euros net après impôts, Pierre gagne déjà plus que sa mère, éducatrice spécialisée. Face à ce décalage de rétribution, | ||
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| - | « Je sens que ça crée à la fois une curiosité et un froid, quand on me questionne sur mon train de vie, mes vacances, ce que j’ai dépensé en voyage », raconte-t-il. Désormais, Pierre préfère aussi éviter le sujet lors de réunions familiales. Le tabou est encore tenace. | ||
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| - | Alice Raybaud | ||
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