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-====== Le Monde – « A mon âge, mes parents étaient déjà propriétaires, moi j’arrive tout juste à épargner » : le nouveau déclassement des générations ====== 
- https://www.lemonde.fr/campus/article/2025/09/09/a-mon-age-mes-parents-etaient-deja-proprietaires-moi-j-arrive-tout-juste-a-epargner-le-nouveau-declassement-des-generations_6640049_4401467.html 
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- M Campus 
-« A mon âge, mes parents étaient déjà propriétaires, moi j’arrive tout juste à épargner » : le nouveau déclassement des générations 
-Les grandes étapes du passage à l’âge adulte, comme l’achat d’un logement, sont devenues inabordables pour bien des jeunes, créant incompréhensions et frustrations. 
-Par Alice Raybaud 
-Par Alice Raybaud 
-Par Alice Raybaud 
-Article réservé aux abonnés 
-Charles Monnier 
-CHARLES MONNIER 
-Lucie (les personnes citées par leur seul prénom ont requis l’anonymat) a connu une ascension sociale. A 33 ans, plus diplômée que ses parents – son père est titulaire d’un BEP, sa mère a arrêté l’école avant le brevet –, cette enseignante dans le secondaire à Tours gagne mieux sa vie qu’eux au même âge, avec un salaire d’environ 2 500 euros net par mois, heures supplémentaires comprises. Et pourtant. « Mon niveau de vie est bien inférieur », constate-t-elle au regard de son pouvoir d’achat réel, grevé par l’inflation et par le coût du logement, bien plus élevé qu’il y a quelques décennies. « A mon âge, mes parents étaient déjà propriétaires d’une maison, moi j’arrive tout juste à épargner », résume-t-elle. 
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-La jeune femme loue un appartement de 40 mètres carrés à une heure de son lieu de travail, pour 600 euros mensuels. « Je voudrais bien bouger, mais je ne trouve quasi rien. Quant à l’achat, ce n’est pas la peine d’y penser, les conseillers bancaires me demandaient un apport de 30 000 euros », raconte Lucie, qui a aussi renoncé à acheter une voiture – trop chère en entretien et en carburant. Face à cela, elle se heurte à l’incompréhension de ses parents, assistante maternelle et ex-employé de banque, aujourd’hui âgés de 60 ans et 62 ans : « Ils raisonnent encore avec leurs référentiels de l’époque, quand les loyers n’étaient pas si élevés, et l’épargne correctement rémunérée. » 
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-La trentenaire regarde avec « amertume » ce fossé qui tend ainsi à se creuser entre les générations, sur le plan économique. « Mes parents me font parfois la remarque que je vis comme une ado, mais ils ne voient pas que les perspectives qu’on nous offre ne nous permettent pas de cocher les cases de vie adulte comme eux avant nous », témoigne-t-elle. Ce sentiment de vivre moins bien que ses parents progresse au sein de la génération née dans les années 1990 et début 2000. 
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-Un poste précaire 
-Pour ces jeunes, certains des jalons de stabilité et de confort de vie, auxquels avaient pu accéder leurs aînés avant eux, sont devenus de plus en plus difficiles à atteindre, créant une nouvelle forme de déclassement. D’abord parce que leurs premiers pas dans le monde du travail sont marqués par une plus grande précarité. Alors que dans les années 1980, 15 % des jeunes de moins de 25 ans en emploi occupaient un poste précaire, ils sont aujourd’hui plus de 50 %. Le chômage des jeunes est, lui, passé de 11 % en 1980 à 17 % en 2024. 
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-Nour, 30 ans, vit encore chez sa mère, en région parisienne, faute de vie professionnelle stable. Titulaire d’un master en droit bancaire et technologie financière, qu’elle a complété par un MBA en compliance (conformité réglementaire), elle avait choisi ces domaines en pensant « être sûre de trouver de l’emploi ». Mais une fois diplômée, elle passe une année à envoyer des candidatures – sans succès. « On me disait que je n’avais pas assez d’expérience, alors que j’ai fait une alternance et plusieurs stages », déplore-t-elle. 
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-Elle qui aurait préféré ne pas quitter sa région a fini par trouver un emploi au Luxembourg, comme analyste. Là-bas, Nour passe le barreau dans l’espoir de bénéficier de plus d’opportunités comme avocate. A présent, elle termine à Paris sa seconde année de stage pour valider son diplôme, pendant laquelle elle touche moins d’un smic. « Ce n’est pas idéal à mon âge », convient-elle. 
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-Sa famille est « très étonnée » des difficultés rencontrées malgré son bac + 5. « Mon père n’avait pas de diplôme et a fait plein de boulots, d’ouvrier à employé de mairie, et il me disait que, dans les années 1980-1990, il suffisait de frapper aux portes. Aujourd’hui, on a beau taper, elles ne s’ouvrent pas, et on ne peut pas vivre décemment avec n’importe quel job. » En gagnant à peine plus que l’équivalent d’un smic, le père de Nour pouvait subvenir aux besoins de la famille, appuie la trentenaire : « Maintenant, en région parisienne, c’est difficile, même pour une personne seule. » 
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-Plus fréquente, cette période de précarité tend aussi à s’allonger, bien au-delà de 30 ans, mettant en suspens les projets de vie, observe le sociologue Camille Peugny, auteur de Pour une politique de la jeunesse (Seuil, 2022). « Cela grignote tous les pans de l’existence, puisque la réalité à laquelle se confrontent ces jeunes est en décalage avec les attentes du système, explique-t-il. Sans emploi stable, pas de logement, pas de crédit. » 
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-Sofia, 30 ans, chargée de projet dans l’édition, à Paris, a fait ce constat : « L’éducation financière que j’ai reçue de la part de mes parents correspond à un monde qui n’existe plus. » Son père, salarié dans les assurances, et sa mère, institutrice, ont toujours insisté sur la nécessité d’investir rapidement dans la propriété. Mais les simulations de prêt réalisées par Sofia avec son conjoint les ont contraints à renoncer à cette étape. « Même avec des salaires mensuels corrects, de 2 150 net pour moi et 2 700 pour lui, on ne pouvait prétendre qu’à un studio en petite couronne », regrette-t-elle. 
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-Impossible accession 
-En 2003, il fallait gagner 3 500 euros brut par mois pour pouvoir s’acheter un appartement de 40 mètres carrés à Paris. Vingt ans plus tard, 8 125 euros mensuels sont nécessaires, d’après un rapport d’Oxfam paru en 2023. Partout en France, les prix de l’immobilier ont augmenté en moyenne de 160 % entre 2001 et 2020 : quatre fois plus que les revenus sur la même période, rendant impossible l’accession à la propriété pour toute une partie des jeunes. Si en 1973, 34 % des ménages modestes de 25 à 44 ans étaient propriétaires, ce n’était plus le cas que de 16 % en 2013. 
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-« En parlant avec mes cousins, lors d’un repas de famille, mes parents ont compris que ce n’était pas moi qui étais à la traîne, mais toute une génération, raconte Sofia. Aujourd’hui, ils reconnaissent cet écart, mais sans pouvoir nous aider financièrement. » Elle a remarqué qu’ils ont cessé de leur parler de petits-enfants : « Ils savent que, dans notre 45 mètres carrés, nous n’aurions pas les moyens de leur donner la qualité de vie qu’eux ont pu nous offrir. » 
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-Le chercheur à l’Ecole d’économie de Paris Hippolyte d’Albis soutient toutefois que les nouvelles générations ont profité d’une « hausse quasi constante du niveau de vie » depuis l’après-guerre, leur permettant de consommer « trois fois plus » qu’en 1960. « S’il s’agit de dire que les jeunes ont tous un smartphone ou achètent des appareils électroniques que leurs aînés n’avaient pas, c’est certain. Mais cela n’est pas forcément l’indicateur le plus pertinent pour rendre compte de l’évolution des conditions de vie », estime Camille Peugny. 
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-Nicolas Duvoux, sociologue à Paris-VIII Vincennes-Saint-Denis et auteur de L’Avenir confisqué (PUF, 2023) complète : « Avec des critères qui permettent une projection dans le futur, comme l’accès au logement, la tendance est plutôt à la dégradation. L’horizon est brouillé, en particulier pour ceux qui ne peuvent bénéficier d’appuis familiaux. » 
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-Car cette génération se caractérise aussi par des inégalités plus fortes en son sein, observent les deux chercheurs. Le fruit du travail ne suffit plus. « Mes parents et moi avons conscience qu’acquérir une propriété passera par le don ou l’héritage », témoigne Paul, 28 ans, cadre dans un bureau d’études, qui compte sur une généreuse enveloppe familiale dans ses projections immobilières. « Tout le monde n’a pas cette chance », remarque ce Francilien, dont les parents avaient eu peu de peine à acheter un premier appartement, en banlieue toulousaine, sans aide familiale – un logement dont la valeur a vite doublé avec l’arrivée du métro. 
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-Aujourd’hui, les jeunes ménages modestes n’ayant pas reçu d’aide ne sont que 4 % à être propriétaires, contre 28 % déclarant avoir été aidés. La probabilité d’être propriétaire est aussi plus de deux fois plus forte pour les plus aisés qui en reçoivent une, selon Oxfam. « Le pacte démocratique et social est miné et c’est explosif, parce que cela peut créer du ressentiment chez les jeunes, et chez les familles de classe moyenne et populaire qui s’inquiètent pour le devenir de leurs enfants », met en garde Nicolas Duvoux. 
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-« J’ai une impression d’injustice générationnelle, déplore Lucie, l’enseignante. Beaucoup est fait dans la société pour les personnes de plus de 60 ans, tandis que toute une part de la jeunesse vit très mal, et personne ne semble s’en soucier. » Elle a arrêté d’aborder le sujet de sa situation financière avec ses parents, objet de trop grandes « tensions ». 
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-Camille Peugny ne constate néanmoins, en général, « pas de conflit de générations au sein des cellules familiales ». « Les jeunes qui ont 20 ans aujourd’hui sont les enfants d’une génération, vingtenaire dans les années 1980-1990, qui a déjà connu un déclassement fort par rapport à ses parents : ils sont souvent compatissants à l’égard des jeunes qu’ils fréquentent », observe-t-il. 
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-Délicate, la situation peut l’être aussi quand le fossé se creuse dans l’autre sens. Lorsqu’il décroche son premier CDI en marketing, pour 2 200 euros net après impôts, Pierre gagne déjà plus que sa mère, éducatrice spécialisée. Face à ce décalage de rétribution, « j’ai eu un sentiment de culpabilité », confie le diplômé d’une école de commerce. Ce transfuge de classe marche alors sur des œufs quand il revient chez lui, et plus encore aujourd’hui alors que, à 30 ans, il s’est lancé dans le conseil et gagne dans les 8 000 euros mensuels. 
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-« Je sens que ça crée à la fois une curiosité et un froid, quand on me questionne sur mon train de vie, mes vacances, ce que j’ai dépensé en voyage », raconte-t-il. Désormais, Pierre préfère aussi éviter le sujet lors de réunions familiales. Le tabou est encore tenace. 
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-Alice Raybaud 
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