40.000 tonnes d’huile de tournesol ukrainienne coupée au lubrifiant pour moteur ont été distribuées en Europe, d' après des révélations du «Canard enchaîné». Des produits alimentaires fabriqués à partir de cette huile n’auraient pas été retirées du marché, officiellement «en l’absence de toxicité aiguë».
L'histoire commence le 21 avril quand le groupe Saipol, maison mère des mayonnaises Lesieur, informe la Répression des fraudes que des escrocs leur ont livrés une cargaison de 40.000 tonnes d'huile de tournesol ukrainienne coupées avec 280 tonnes d’huile de moteur.
Blocage des ventes levé
Dès le 26 avril, des produits sont enlevés des rayons, l’enseigne Carrefour admet par exemple en avoir retiré pas moins de 200. Mais la Répression des fraudes a publié le 7 mai une note très peu rassurante révélée par le «Canard Enchaîné»: «Le blocage des produits ayant moins de 10% d’huile de tournesol contaminées est levé depuis le 2 mai, ceux contenants plus de 10% sont soumis au blocage et retrait».
Autrement dit, les industriels et les distributeurs peuvent continuer à vendre les produits contaminés, tant qu’ils contiennent moins de 10% d’huile contaminée. Motif invoqué par la Répression des fraudes: «l’absence de toxicité aiguë». La Commission européenne, qui est à l’origine de la décision, explique au «Canard enchaîné» que l’huile de moteur incriminée n’est pas si dangereuse que ça: un homme de 60 kg peut en ingurgiter jusqu’à 1,2 gramme par jour sans risque. Pas sûr que les consommateurs européens soient rassurés.
https://www.20minutes.fr/france/230730-20080514-lhuile-moteur-mayonnaise-vendue-france
Vous ne le savez peut-être pas, mais on nage en plein scandale sanitaire depuis quelques jours. En cause, un article du quotidien 20 minutes (citant Le Canard Enchaîné), publié le 14 mai et intitulé “De l’huile de moteur dans de la mayonnaise vendue en France”. Il a été massivement partagé sur Twitter et Facebook.
Le journaliste raconte que 40 000 tonnes d'huile de tournesol ukrainienne coupée au lubrifiant pour moteur ont été distribuées en Europe et qu'une partie s'est retrouvée dans les rayons des supermarchés en France, notamment dans les pots de mayonnaise de la marque Lesieur. Dans l'article, on apprend aussi que des personnes en ont consommé car la Commission européenne affirme que ce n'est pas trop dangereux pour la santé. D'où des dizaines de commentaires scandalisés. L'eurodéputée FN Sylvie Goddyn s'est même fendue d'un communiqué de presse (supprimé depuis de son compte Facebook et du site du Front national) pour dénoncer l'inaction de la France et de la Commission européenne dans cette affaire.
Le communiqué de presse de Sylvie Goddy publié le 16 mai 2018 sur le site de l'Europe des nations et des libertés. (CAPTURE D'ECRAN)
Sauf que cette histoire de mayonnaise est un peu périmée. L'article de 20 minutes a été publié le 14 mai… 2008 ! En ce moment, il y a donc des dizaines de personnes qui se disent scandalisées sur les réseaux sociaux et qui partageant cette histoire vieille de 10 ans. Chez Lesieur, on avoue en avoir un peu marre de voir cette affaire refaire surface sur Facebook et Twitter quasiment tous les ans.
Ceci dit, le scandale de la mayonnaise à l'huile de moteur a bien existé. Mais quelques précisions semblent nécessaires. Il n'y avait pas de l'huile de vidange mélangée à cette huile de tournesol ukrainienne, mais de l'huile minérale, c'est-à-dire issue du pétrole. Cette huile peut servir pour les moteurs, mais aussi dans les produits cosmétiques entre autres.
Ensuite, la Commission européenne n'est pas restée inactive sur le sujet depuis cette affaire. Bruxelles a imposé que tout lot d'huile de tournesol en provenance d'Ukraine devait être accompagné d'un certificat sanitaire et d'un rapport d'analyse censé prouver qu'il s'agit bien de tournesol. Elle a aussi exigé que, lorsque de l'huile ukrainienne arrive chez eux, les États européens fassent des prélèvements aléatoires et regardent si les échantillons ne contiennent pas de l'huile minérale au-dessus du niveau autorisé. Résultat du dernier pointage de la Répression des fraudes en France (DGCCRF) : six échantillons d'huile ukrainienne ont été analysés. Ils sont tous conformes.
https://www.franceinfo.fr/replay-radio/le-vrai-du-faux/le-vrai-du-faux-non-l-europe-n-a-pas-ferme-les-yeux-sur-le-scandale-de-la-mayonnaise-a-l-huile-de-moteur_2743235.html
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