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| Le Monde – Jean-Yves Mollier, professeur d’histoire : « Avec Vincent Bolloré et Pierre-Edouard Stérin, la mise en ordre de bataille des instruments d’information est en cours » https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/09/17/jean-yves-mollier-professeur-d-histoire-avec-vincent-bollore-et-pierre-edouard-sterin-la-mise-en-ordre-de-bataille-des-instruments-d-information-est-en-cours_6641481_3232.html | |
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| DÉBATS | |
| Jean-Yves Mollier, professeur d’histoire : « Avec Vincent Bolloré et Pierre-Edouard Stérin, la mise en ordre de bataille des instruments d’information est en cours » | |
| TRIBUNE | |
| Jean-Yves Mollier | |
| Professeur émérite d'histoire contemporaine | |
| Dans une tribune au « Monde », Jean-Yves Mollier dresse un panorama inquiétant du paysage éditorial français, où les indépendants et les hommes d’affaires, auparavant à la tête des grandes maisons, ont cédé leur place à des milliardaires idéologues aux desseins bien plus politiques. | |
| Aujourd’hui à 07h19 | |
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| Lorsque Vincent Bolloré tenta de marier Hachette Livre et Editis en 2021, il déclencha une levée de boucliers, car cette fusion entre les deux géants aurait abouti à un contrôle de plus de 50 % du marché du livre français. Trois ans plus tard, alors qu’il a été contraint par la Commission européenne de revendre Editis à Daniel Kretinsky, dirigeant du groupe CMI, il intervient directement dans la vie politique en poussant le patron du groupe Les Républicains, Eric Ciotti, à s’allier avec le Rassemblement national. | |
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| Quelques semaines avant la dissolution de l’Assemblée nationale survenue en juin 2024, Isabelle Saporta, nouvellement directrice des éditions Fayard, filiale d’Hachette, était licenciée pour avoir refusé d’accorder son patronage à Lise Boëll. Chargée par Vincent Bolloré de promouvoir les chefs de file de l’extrême droite, de Jordan Bardella à Eric Zemmour en passant par Philippe de Villiers, l’éditrice n’a pas tardé à montrer qu’on pouvait lui faire confiance. | |
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| Pour enfoncer le clou ou faire hurler ses détracteurs, Lise Boëll vient de confier à Sonia Mabrouk, journaliste sur CNews, une collection intitulée « Pensée libre ». Dans la première liste d’auteurs annoncés, on trouve pêle-mêle Jordan Bardella, Philippe de Villiers, mais aussi le chroniqueur Eric Naulleau et, pour faire bonne mesure, un député La France insoumise, [Aurélien Taché], en mal d’éditeur. Sans l’ombre d’une hésitation, Sonia Mabrouk et Lise Boëll ont décidé d’emprunter à Raymond Aron [1905-1978] et à sa collection « Liberté de penser » chez Calmann-Lévy, un patronage destiné à jouer le rôle de ce qu’on appelait autrefois une « savonnette à vilain ». | |
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| Monopoly de l’édition | |
| De cette dérive d’une prestigieuse maison d’édition longtemps dirigée par Claude Durand [1938-2015] de 1980 à 2009, puis par Olivier Nora de 2009 à 2013 et finalement par Sophie de Closets jusqu’en 2022, peut-on conclure qu’une menace réelle pèserait sur l’édition française ? Après tout, Jean-Luc Lagardère [1928-2003] n’avait pas hésité à racheter Vivendi Universal Publishing à l’automne 2002, s’attirant les foudres et l’anathème de toute la profession, les PDG de Gallimard et de Seuil menant la fronde au nom de la liberté d’expression. En 2004, Hachette conserva 40 % de Vivendi Universal Publishing et les 60 % restants, rebaptisés Editis, passèrent entre les mains d’Ernest-Antoine Seillière, à la tête de la société d’investissement Wendel, puis, en 2008, de Grupo Planeta, avant que Vivendi ne reprenne son ancienne filiale, en janvier 2019. | |
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| Lire aussi la tribune | |
| Emmanuel Grégoire, candidat socialiste à la mairie de Paris : « Transformer “Le Parisien” en machine de propagande bolloriste, ce serait trahir la République » | |
| Entre-temps, Seuil avait été racheté par Hervé de La Martinière [1947-2025], puis par Média Participations : le grand Monopoly de l’édition avait continué. Flammarion avait été repris par Madrigall (Gallimard), et Humensis (ex-Scor) est entré dans l’écurie d’Albin Michel. Les dix premiers groupes se partagent désormais 87 % du marché français, tandis que 4 000 éditeurs de toutes tailles – de quelques euros de chiffre d’affaires à 69 millions pour Actes Sud – doivent se contenter des 13 % qui appartiennent encore à des indépendants. | |
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| Il y a quelques années, à gauche, on fustigeait ces milliardaires qui avaient modifié en profondeur le visage de l’édition française. Toutefois, jamais Jean-Luc Lagardère, proche de Jacques Chirac [1932-2019], mais entretenant d’excellents rapports avec le PS de Lionel Jospin et le PCF de Jean-Claude Gayssot, ne tenta d’utiliser ses maisons d’édition pour promouvoir telle ou telle figure de la droite. Il en fut de même avec l’arrivée de Denis Kessler aux PUF et chez Belin. Vincent Montagne, chez Média Participations, rompit clairement, après 1995, avec la ligne ultraconservatrice imposée par son père [Rémy Montagne, 1917-1991] en 1985. | |
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| Empires industriels | |
| Avec Vincent Bolloré chez Fayard, avec Pierre-Edouard Stérin et son projet Périclès, une gigantesque opération de mise en ordre de bataille de tous les instruments d’information et de communication est en cours. Là encore, si on voulait comparer avec l’époque du « papivore » Robert Hersant [1920-1996] ou de Marcel Dassault [1892-1986] et Serge Dassault [1925-2018] autour du Figaro et de Jours de France, on se tromperait. | |
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| Depuis 2020, une rupture s’est opérée, et les milliardaires idéologues ont remplacé les hommes d’affaires cherchant à se tailler des empires industriels et financiers. Il en va de même aux Etats-Unis avec Rupert Murdoch, Elon Musk et Donald Trump, et la bataille pour en finir avec les acquis de l’après-seconde guerre mondiale – la démocratie, le pluralisme, la liberté de la presse – fait rage. Du tweet au livre, tous les moyens sont mobilisés pour en finir avec la démocratie et les droits humains. | |
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| Arnaud Fossier, historien : « A quand un Puy du Fou de gauche ? » | |
| En s’opposant aux Augustins de l’Assomption, propriétaires ultraconservateurs du groupe Bayard, qui voulaient introduire un proche de Pierre-Edouard Stérin à la tête de leur entreprise, les salariés de ce géant de l’édition jeunesse ont opposé une première forme de résistance qui pourrait préfigurer l’avenir. Chez Grasset, Calmann-Lévy et Lattès, au Livre de poche, comme dans les maisons d’édition scolaire du groupe Hachette, il n’est pas question de modifier la ligne éditoriale qui a fait leur réputation. C’est pourquoi les initiatives de certains groupes appelant à leur boycott ou au vol et à la destruction de leurs livres sont absurdes et contre-productives. | |
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| « Les maisons d’édition doivent réagir collectivement pour protéger leurs fonds contre l’extrême droite » | |
| Il reste cependant une inquiétude réelle qui exige une réflexion sur les mesures à prendre pour protéger la liberté d’expression et la bibliodiversité que revendiquent les éditeurs indépendants. Les auteurs présents au catalogue Fayard et refusant les dérives actuelles de la direction pourraient se regrouper et demander aux tribunaux le droit de reprendre leur propriété littéraire, ce qui serait peut-être la mesure la plus efficace si les tribunaux la validaient et si un nombre important d’éditeurs déclaraient publiquement qu’ils sont prêts à accueillir ces auteurs et à garantir leur liberté. Une sortie en fanfare des auteurs Fayard serait alors un excellent avertissement pour les enfants de Vincent Bolloré, Pierre-Edouard Stérin et tous ceux qui seraient tentés de les imiter. | |
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| Jean-Yves Mollier est professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université Paris-Saclay - Versailles-Saint-Quentin. | |
| Jean-Yves Mollier (Professeur émérite d'histoire contemporaine) | |
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