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-====== Le Monde.fr: Gianluca Grimalda, climatologue : « Le monde brûle, j’ai basculé dans la désobéissance civile. » ====== 
- https://www.lemonde.fr/campus/article/2025/08/22/gianluca-grimalda-climatologue-le-monde-brule-j-ai-bascule-dans-la-desobeissance-civile_6633309_4401467.html 
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-J'AVAIS 20 ANS 
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-Gianluca Grimalda, climatologue : « Le monde brûle, j’ai basculé dans la désobéissance civile. » 
-« J’avais 20 ans ». « Le Monde » interroge une personnalité sur ses années d’études et son passage à l’âge adulte. Ce mois-ci, le chercheur italien, 53 ans, raconte comment il est devenu le premier employé licencié connu pour avoir refusé de prendre l’avion. 
-Propos recueillis par Margherita Nasi 
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-Publié aujourd’hui à 05h00, modifié à 07h03  
-Temps deLecture 6 min. 
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-Gianluca Grimalda sur un cargo en Papouasie-Nouvelle-Guinée, le 16 octobre 2023, sept jours après son licenciement. GIANLUCA GRIMALDA 
-Dans le chaos de la gare du Nord, on repère immédiatement Gianluca Grimalda à son immobilité dans la foule pressée. Chevelure rebelle poivre et sel, le cou orné de grigris ramenés de Papouasie-Nouvelle-Guinée, flanqué d’une valise ne contenant qu’une boîte de Marmite, une pâte à tartiner salée, explique-t-il, édition spéciale Elton John, le climatologue et économiste de 53 ans n’est pas du genre à se laisser emporter par le flux de nos vies globalisées. Féru de piano, il impose son tempo, et ne se déplace qu’en mobilité douce. Cet été, il sillonne l’Europe en train et en car pour présenter son livre A fuoco. Il mondo brucia, è ora di disobbedire (« en feu. Le monde brûle, il est temps de désobéir », Feltrinelli, 400 pages, 18 euros, non traduit). 
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-Son ouvrage, tout comme le documentaire The Researcher (« le chercheur »), de Paolo Casalis (2024), qui a reçu le Prix de la meilleure œuvre de parcours éducatif au Festival du film climatique de Frome (Royaume-Uni), en mai, retrace sa carrière. L’histoire d’un chercheur prêt à avaler des dizaines de milliers de kilomètres en train, en cargo, en ferry et en stop pour revenir en Europe après une mission scientifique en Papouasie-Nouvelle-Guinée, quitte à devenir le premier salarié connu pour avoir été licencié, car il avait refusé de prendre l’avion. Gianluca Grimalda a fini par obtenir gain de cause en justice – en janvier, son employeur, l’Institut pour l’économie mondiale (IfW), en Allemagne, a été condamné à le dédommager, mais sans le réembaucher, en raison d’une « incompatibilité des convictions idéologiques des parties ». 
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-Dans quel univers avez-vous grandi ? 
-Je suis né à Gratosoglio, à l’époque une banlieue populaire de Milan. C’était un quartier difficile : pas de services publics, pas de cinéma, pas de théâtre, juste un supermarché et une grande pelouse où je jouais au foot tous les jours. La pelouse a fini par être remplacée par une maison de santé où ma mère a passé les derniers jours de sa vie, en 2024. C’était une personne très affectueuse. Elle a fait une dépression après ma naissance, et est restée à la maison pendant longtemps. Puis elle a trouvé un poste de concierge scolaire dont elle avait honte – elle préférait dire qu’elle était secrétaire. 
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-Mon père, originaire d’Istrie, a beaucoup souffert de la perte de sa maison, à 16 ans, à la suite de la seconde guerre mondiale [la population italophone de la région, alors annexée par la Yougoslavie, a été contrainte au départ]. C’est un réfugié de guerre, et il ne s’en est jamais remis. Il a travaillé comme ouvrier à Alfa Romeo. Pendant les années de plomb [période de bouleversements politiques caractérisée par des attentats entre la fin des années 1960 et le début des années 1980, en Italie], il était à l’usine et a développé une forte aversion pour les partis politiques de gauche. Sans doute aussi car il a connu l’expropriation de la part du régime communiste yougoslave. Cette hostilité est aujourd’hui dirigée contre moi. Il considère, à juste titre, que mes idées sont de gauche, et il ne le supporte pas. 
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-Vous avez choisi d’étudier l’économie à l’université Bocconi à Milan. Pourquoi ? 
-J’ai mûri cette envie à la suite d’une période d’occupation et d’autogestion de mon lycée. C’est une pratique assez commune en Italie. Je ne sais même plus pourquoi on manifestait, peut-être contre des coupes budgétaires dans l’éducation, mais c’était un moment fondateur. J’ai compris que les sciences politiques, c’est aussi de l’économie. J’ai choisi une licence en disciplines économiques et sociales, on avait des cours de droit, de sociologie. J’étais très épanoui, ça a ouvert mes horizons. 
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-Je suis ensuite parti au Royaume-Uni pour mon doctorat. Ma thèse, à mi-chemin entre l’économie et la philosophie, portait sur la justice distributive. C’était très théorique, j’ai décidé ensuite de poursuivre mes recherches sur le terrain, en me penchant sur la propension psychologique des individus à agir ensemble pour le bien collectif. Je fais de l’économie comportementale, un champ de la science économique qui étudie le comportement des êtres humains dans les situations économiques. 
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-Lire aussi la notion (2022) | Article réservé à nos abonnés La désobéissance civile, des règles pour s’affranchir des lois 
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-Quand commencez-vous à vous intéresser à la désobéissance civile ? 
-En Angleterre, en 1997, pendant mon doctorat à Warwick. J’ai entendu parler d’un groupe de scientifiques qui voyageaient de l’Angleterre au Japon sans avion pour la conférence de Kyoto. J’ai alors pris conscience du bilan carbone de nos déplacements. La COP26 à Glasgow [en 2021] a été un autre moment charnière. C’était un sommet très important, car on allait savoir si les limites posées lors de l’accord de Paris [signé en 2015] seraient respectées. Je me suis rendu compte que les engagements étaient insuffisants. Le monde brûle, j’ai basculé dans la désobéissance civile. 
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-J’ai aussi réduit progressivement les voyages en avion, jusqu’à complètement arrêter en 2023, quand j’ai réussi à rejoindre Bougainville, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, depuis Kiel, en Allemagne, où se trouvait l’IfW, sans prendre ce moyen de transport. J’ai choisi Bougainville comme terrain de recherche, car c’est là que se trouvent les premiers réfugiés climatiques. Je m’intéresse à la façon dont les populations habitant sur ces petites îles s’adaptent au réchauffement de la planète. 
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-Qu’est-ce qui vous a le plus marqué lors de vos déplacements à travers le monde en mobilité douce ? 
-Je pense souvent à un jeune Indonésien avec lequel j’ai voyagé en car pendant trois jours et trois nuits de Djakarta à Medan. A notre arrivée, il a sorti de son sac une petite fiole contenant de minuscules fleurs, comme des marguerites, et me l’a offerte. J’ai interprété ce cadeau comme un geste de tendresse, mais aussi comme une tentative d’envoyer une part de lui en Europe, une terre qu’il fantasme comme un endroit où tout le monde est heureux. Ce garçon ne pourra probablement jamais prendre l’avion pour voyager. Dans les pays à faible revenu, une infime partie de la population prend l’avion [0,7 % de la population des pays à faible revenu ont accès à l’avion, 3 % pour ceux à revenu intermédiaire]. 
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-Cette rencontre me fait penser à un poème [Falsetto] d’Eugenio Montale. Le poète italien et Prix Nobel de littérature [en 1975] parle de « la race qui reste à terre » [« Ti guardiamo noi, della razza di chi rimane a terra »]. Avec mon livre, je veux redonner une voix aux personnes qui restent à terre. 
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-Comment est perçu votre engagement dans votre milieu professionnel ? 
-Au début, très bien. En 2019, je me suis rendu à Tokyo depuis Kiel pour une conférence, sans prendre d’avion. J’étais le chercheur modèle. Tout a basculé en 2022. Avec d’autres chercheurs, je me suis collé au sol dans le musée et showroom de la marque automobile Porsche, à Wolfsburg [en Basse-Saxe, en Allemagne]. Cette action a eu un fort écho dans la presse. A noter que la fondation Volkswagen [propriétaire de Porsche] finance la chaire Economie environnementale de l’IfW Kiel. Une semaine plus tard, j’ai reçu un avertissement de mon employeur : à la prochaine action de désobéissance civile, je serai licencié. Dix jours plus tard, j’ai participé au blocage de 11 aéroports de jets privés, dans différents pays. Je mène mes actions de désobéissance civile sur mon temps de vacances. En 2023, l’IfW Kiel a approuvé mon voyage, aller-retour, en Papouasie-Nouvelle-Guinée en mobilité douce. 
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-L’institut m’a uniquement prévenu qu’il ne pourrait pas couvrir mon assurance lors de mon passage par le Pakistan et l’Iran. Donc, j’ai posé des congés non payés quand je suis passé par ces pays. J’aurais dû être rentré en Allemagne en septembre, mais ma recherche a pris du retard à cause d’une explosion volcanique et d’une prise d’otage où j’ai été menacé avec une machette. J’ai reçu un ultimatum brutal de mon employeur : si je ne rentrais pas au laboratoire sous cinq jours, ce qui impliquait de prendre l’avion, je perdais mon emploi. J’avais promis à toutes mes connaissances à Bougainville, qui subissent de plein fouet les conséquences du réchauffement climatique, que je ne prendrais plus jamais ce moyen de transport. 
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-Lire l’enquête (2023) | Article réservé à nos abonnés Devant l’urgence climatique, de plus en plus de scientifiques tentés par la radicalité : « La désobéissance civile est un acte désespéré, pour alerter sur la situation dramatique dans laquelle on est » 
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-Je ne veux pas passer pour un « giaman » : en Papouasie-Nouvelle-Guinée, souvent, les hommes blancs sont accusés d’être des « giaman », des imposteurs qui promettent des choses et qui, pour leur profit personnel, ne les tiennent pas. Je n’ai pas pris l’avion, et j’ai reçu une lettre actant mon renvoi [en octobre 2023]. J’ai engagé un recours en justice pour licenciement abusif, et le tribunal du travail de Kiel a condamné mon ancien employeur à me verser une indemnité de départ, en janvier. Je ne peux pas divulguer le montant de l’indemnité de départ en raison d’un accord de confidentialité, mais je m’engage à en verser une partie – 75 000 euros – à des associations écologistes. C’est aussi pour moi une façon de faire passer un message : si une entreprise veut licencier un employé, car il fait de l’objection de conscience climatique, elle devra payer au moins cette somme. 
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-Quel est le coût le plus élevé de votre engagement ? 
-L’engagement peut abîmer les relations personnelles. Quand mon père a appris que j’allais donner une partie de mon indemnité à des associations, il s’est mis en colère. Il m’a rappelé qu’en travaillant une vie entière il avait pu mettre de côté 50 000 euros et que, moi, je jetais 75 000 euros. Rien que la bande-annonce du documentaire The Researcher l’a mis dans tous ses états, notamment la scène où je me fais embarquer par la sécurité pendant l’occupation d’un aéroport. Mon père a honte que je porte son nom de famille. 
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-Lire aussi la tribune (2022) | Article réservé à nos abonnés « La désobéissance civile des scientifiques est justifiée sur les plans éthique et pragmatique » 
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-Avec le recul, diriez-vous que, 20 ans, c’est le plus bel âge ? 
-Non. Je suis une personne beaucoup plus complète aujourd’hui. Je me sentais seul à 20 ans, je consacrais beaucoup de temps à mes études et au piano, ma vie sociale était pauvre. C’était une période de sacrifice, nécessaire à mon développement personnel. Le plus bel âge, c’est maintenant. 
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-Margherita Nasi 
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