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-====== Le Monde – Le Kenya, destination finale de la « fast fashion », croule sous les vêtements de seconde main ====== 
- https://www.lemonde.fr/planete/article/2025/08/04/le-kenya-destination-finale-de-la-fast-fashion-croule-sous-les-vetements-de-seconde-main_6626450_3244.html 
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-A l’arrivée de vêtements de seconde main depuis le port de Mombasa, au marché de Gikomba, à Nairobi, le 3 avril 2025. 
-VÉRONIQUE DE VIGUERIE 
-Le Kenya, destination finale de la « fast fashion », croule sous les vêtements de seconde main 
-Par Louise Audibert 
-Par Louise Audibert 
-Par Louise Audibert 
-Article réservé aux abonnés 
-Reportage Venues entre autres d’Europe et des Etats-Unis, des milliers de tonnes de textile usagé sont déchargés chaque année au port de Mombasa, à Nairobi. Pour tenter de lutter contre cette forme de pollution, de nombreuses initiatives locales voient le jour. 
-Al’heure où l’aube commence à colorer l’horizon, les allées et venues des poids lourds en provenance du port de Mombasa s’enchaînent déjà aux portes du marché de Gikomba, à Nairobi. A peine les camions stationnés, des porteurs s’empressent de les décharger. Ils disposent un à un les ballots de vêtements de seconde main – mitumba en swahili – de plusieurs dizaines de kilos sur leurs têtes, puis disparaissent ensuite dans le dédale des toits en tôle de ce labyrinthe de cinq hectares, où des milliers de stands se succèdent à perte de vue. 
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-La naissance de ce marché, royaume du système D et du marchandage, remonte au milieu du XXe siècle, à une époque où des cheminots résidant dans un quartier voisin venaient acheter des produits ménagers et des vêtements usagés aux commerçants asiatiques. L’endroit prenant de l’ampleur, le gouvernement décida, en 1952, de le délimiter et de le couvrir. 
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-Au fil des années, Gikomba s’est ainsi transformé en temple du textile d’occasion, le plus grand d’Afrique de l’Est. Fréquenté du matin au soir, il attire aussi bien des Kényans en quête de vêtements à des prix abordables que des touristes amateurs de fripes. Dans ce chaos bien plus organisé qu’il n’y paraît, chaque chose est à sa place : ici les pantalons, là les chaussures ou les robes ; plus loin, la lingerie. 
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-Près de 500 conteneurs en provenance du monde entier parviennent chaque mois au Kenya, via le port de Mombasa. Cette « porte d’entrée » vers l’Afrique de l’Est permet d’accéder à ce pays de 55 millions d’habitants mais aussi à ses voisins, dont l’Ouganda et la Tanzanie, et d’orchestrer ainsi un singulier business. Le principe est simple : des entreprises spécialisées achètent d’énormes lots auprès de sociétés occidentales qui ont récupéré des vêtements usagés donnés à des associations caritatives ou jetés par les consommateurs. Charge aux Kényans de faire ensuite le tri entre les pièces de choix, vendables en l’état ou utilisables, et le reste, sans valeur. 
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-D’après le Massachusetts Institute of Technology (MIT), le pays africain a importé en 2023 pour près de 298 millions de dollars (plus de 250 millions d’euros) de mitumba, principalement des Etats-Unis, du Canada, d’Europe et de Chine. Les autorités kényanes évaluent pour leur part à 100 000 tonnes le poids annuel de ces cargaisons ; une aubaine en termes de droits de douane, estimés à 107 millions de dollars par an. A elle seule, la filière ferait vivre près de deux millions de personnes – grossistes, courtiers, détaillants, transporteurs, revendeurs, porteurs, propriétaires d’entrepôts ou encore couturiers et cordonniers – à travers le pays. 
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-Collecte de vêtements 
-Dès leur arrivée sur le sol kenyan, les pièces de qualité – cameras en swahili – sont mises de côté par des grossistes. Une fois à Gikomba, les détaillants les plus influents en font l’acquisition. « On reconnaît ces lots à leur conditionnement et à l’étiquetage, confie l’un d’eux, Nicholas Macharias. Ils contiennent généralement des vêtements en coton, voire en jean, qu’on revend ensuite quelques dollars sur nos stands. » 
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-Habitué des lieux, ce quadragénaire dispose d’un stand en bois de plusieurs mètres carrés, partagé avec d’autres vendeurs. Sur l’une des paillasses tressées, il désigne fièrement sa dernière acquisition : un imposant monticule de pantalons, pour la plupart en denim. Des pièces qu’il vend aussi parfois à l’organisation non gouvernementale (ONG) Africa Collect Textile (ACT), spécialisée dans la revente et le recyclage de vêtements d’occasion. 
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-Le marché de Gikomba, centre névralgique du vêtement d’occasion, à Nairobi, le 3 avril 2025. 
-Le marché de Gikomba, centre névralgique du vêtement d’occasion, à Nairobi, le 3 avril 2025. VÉRONIQUE DE VIGUERIE 
-Deux hommes pilotent cette organisation de plus en plus importante : un Kényan, Alex Musembi, et un Néerlandais, Elmar Stroomer. Ce dernier, ancien employé dans le secteur de l’économie circulaire, est arrivé il y a dix ans au Kenya. Quand sa route a croisé celle d’Alex Musembi, titulaire d’un diplôme en ressources humaines, également très impliqué dans la préservation environnementale, ils ont entrepris de lutter ensemble contre la pollution textile. 
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-Ils ont d’abord mis en place un point de collecte de vêtements sur le parking d’un supermarché. Faute de moyens suffisants, leur projet a vite périclité. Loin de se décourager, les deux trentenaires ont revu leur stratégie marketing et organisé une levée de fonds à la fin des années 2010. « Juste avant le Covid-19, on avait réuni assez d’argent pour relancer la machine et se salarier », se souvient Elmar Stroomer. 
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-Leurs conteneurs de collecte, facilement identifiables à leurs motifs blancs et bleus, sont désormais installés en divers points stratégiques de la ville. Des universités aux centres commerciaux en passant par les cafés branchés des quartiers huppés, le duo contrôle plus d’une vingtaine de collecteurs dans la capitale kényane et ses alentours. Tous les mardis matin, leurs salariés récoltent les vêtements. « Ceux en bon état sont triés et revendus par nos vendeuses dans certaines petites boutiques », poursuit Elmar Stroomer. 
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-Initiatives insuffisantes 
-Au centre du hangar d’ACT, des cliquetis retentissent. Les couturières de l’ONG s’activent sur leurs machines à coudre. D’un geste assuré, elles décousent des pantalons, en extraient les pans de denim en bon état et les assemblent ensuite en suivant un patron. « En ce moment, je conçois nos uniformes à partir d’un modèle de bleu de travail », annonce Lilian Wanja, qui travaille pour ACT depuis trois ans. « Grâce à l’économie circulaire, nous créons des emplois, préservons l’artisanat et luttons contre les déchets textiles », affirme Elmar Stroomer, dont l’ONG met un point d’honneur à embaucher des femmes. « Cela me permet d’exercer un métier qui me passionne et de gagner ma vie », insiste Lilian Wanja. 
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-A l’autre bout de la ville, Eunice, une femme d’une cinquantaine d’années, travaille, pour sa part, à l’Opportunity Factory, une usine artisanale implantée à Karen, un quartier chic. Assise sur un petit tabouret, elle tisse à l’aide de chutes de tissus et de denim un tapis à l’effigie de la célèbre coureuse de fond kényane Agnes Jebet Ngetich. Un minutieux travail où chaque détail compte. Grâce à cet emploi, Eunice perçoit l’équivalent de 162 euros par mois ; une aubaine pour cette mère célibataire de quatre enfants, mal entendante et qui peinait à trouver un emploi stable. Ce salaire, si modeste soit-il, l’aide à payer les frais de scolarité de ses enfants. 
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-Les ONG comme ACT ont inspiré des entreprises décidées, elles aussi, à lutter contre la pollution textile. Ainsi, à la fin de l’année 2022, Tatiana Teixeira, une Portugaise établie au Kenya, a lancé sa société AfroWema (« Soin africain » en swahili), après une visite à Kibera, l’un des plus grands bidonvilles d’Afrique de l’Est. « Un jour, en me promenant dans les allées du Toy market, le marché de seconde main de Kibera, j’ai trouvé de très belles pièces de denim et je me suis demandé pourquoi personne n’en faisait rien, explique l’entrepreneuse. Biologiste de formation, je n’avais aucune notion de couture. En revanche, en voyant les décharges sauvages un peu partout aux abords de Nairobi, j’ai pris conscience du fait qu’il fallait agir pour limiter la pollution liée au textile dans ce pays. » 
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-Tatiana Teixeira achète ces trouvailles et entreprend de lancer une collection en faisant appel au savoir-faire d’une couturière de Kibera. Son idée : réutiliser le jean de plusieurs façons, parfois en conservant le design initial du vêtement, d’autres fois en le déstructurant ou en y ajoutant des morceaux de tissus comme le wax. « Il y a assez de vêtements sur terre pour habiller six générations, estime Tatiana Teixeira. Il n’est donc plus nécessaire d’acheter du neuf pour s’habiller et c’est ce que j’essaie de faire comprendre avec ma marque. » 
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-Les initiatives comme celle-là ou comme celle proposée par le duo Stroomer-Musembi ne suffisent cependant pas à endiguer le problème de la pollution textile, ni à éviter les drames. En mai, un incendie s’est déclaré en pleine nuit au marché de Gikomba, détruisant la partie consacrée aux chaussures et engendrant des pertes financières de plus de 1 million d’euros. En 2018, sur ce même marché, un autre incendie avait fait une quinzaine de victimes et des dizaines de blessés. 
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-Des déchets non réutilisables 
-Mais tous les vêtements de seconde main qui débarquent dans le pays n’atterrissent pas à Gikomba ; « 40 % d’entre eux ne sont pas réutilisables », précise Elmar Stroomer. Selon l’ONG Greenpeace, sur les 185 000 tonnes de textile importées au Kenya au cours de la seule année 2019, entre 55 500 et 74 000 tonnes n’étaient en réalité que des déchets non réutilisables. « Cela peut être à cause de leur état, de leur taille ou parce qu’ils sont inappropriés aux mœurs ou au climat local », indique l’influenceuse kényane Janet Chemitei, bénévole pour Greenpeace Africa. La « fast fashion » (mode « ultra-éphémère ») en provenance de Chine ou de Corée pose particulièrement problème. « La plupart des pièces produites par cette industrie sont composées de matières plastiques et bourrées de produits chimiques très toxiques », martèle la militante sur son compte Instagram. 
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-D’après le rapport annuel 2023 de la fondation Changing Markets, les matières synthétiques représenteraient 69 % des fibres textiles, y compris dans des marques non associées à la « fast fashion ». Pareils vêtements, invendables à Gikomba, sortent du circuit des « récupérateurs ». Si certains échouent sur les rives de la rivière Nairobi, d’autres finissent leur course dans des décharges à ciel ouvert comme à Dandora, au nord-est de la capitale, où toutes sortes de débris s’amoncellent sur près de 48 hectares. 
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-Des collecteurs de déchets à la décharge à ciel ouvert de Dandora, à Nairobi, le 28 mars 2025. Ici finissent certaines fripes de trop mauvaise qualité pour être revendues. 
-Des collecteurs de déchets à la décharge à ciel ouvert de Dandora, à Nairobi, le 28 mars 2025. Ici finissent certaines fripes de trop mauvaise qualité pour être revendues. VERONIQUE DE VIGUERIE 
-Depuis une cinquantaine d’années, 4 000 tonnes de déchets arrivent ici chaque jour. Aussitôt les remorques de camions déchargées, une foule compacte se masse et des centaines de petites mains plongent dans les détritus pour déterrer plastique, métal, cuivre ou encore aluminium : tout matériau recyclable susceptible de rapporter quelques dizaines de centimes d’euros. De 6 000 à 8 000 personnes (hommes, femmes, enfants) travailleraient, souvent sans protection, dans ce décor de désolation, d’une puanteur extrême. 
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-Cet après-midi de printemps, un camion rempli de ballots textiles se fraye un chemin sur ce site vallonné où se côtoient humains et animaux domestiques. Le chauffeur effectue une marche arrière puis répand les ballots déjà éventrés à même le sol. En quête de nourriture, un marabout se pose au sommet du tas de ballots ; sous son poids, celui-ci s’enfonce dans la boue. Les ramasseurs de déchets, d’ordinaire si réactifs, restent de marbre. « Il arrive souvent que des habits quasiment neufs soient déposés ici, mais ils sont composés de nylon et de polyester, alors on ne peut rien en faire », regrette Solomon Njoroge, à la tête d’une association des ramasseurs de déchets recyclables, créée il y a six ans, pour leur permettre d’avoir un statut et une reconnaissance sociale. 
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-Sur les collines de la décharge de Dandora, les forçats des ordures allument régulièrement de petits feux pour éviter l’accumulation de vêtements synthétiques, se chauffer, voire cuisiner. « Ces émanations produisent beaucoup de pollution et sont à l’origine de nombreux problèmes de santé, soupire Solomon Njoroge. La plupart des ramasseurs respirent difficilement ou sont asthmatiques. » Trois cents millions de pièces synthétiques usagées finiraient chaque année au Kenya, d’après Changing Markets. Des chiffres qui confirment l’ampleur du désastre environnemental en cours, malgré les succès du marché de la seconde main. 
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-Louise Audibert 
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