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| - | ====== Le Monde – Des marins sénégalais dans les bateaux de pêche bretons : « Ils sont bosseurs et ont l’esprit maritime » ====== | ||
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| - | Maurice Diokh Sylla (au centre) remplit des bacs de glace pour y décharger du poisson, sur le port du Guilvinec (Finistère), | ||
| - | MATHILDE MAZARS POUR « LE MONDE » | ||
| - | Des marins sénégalais dans les bateaux de pêche bretons : « Ils sont bosseurs et ont l’esprit maritime » | ||
| - | Par Julia Pascual (Le Guilvinec (Finistère), | ||
| - | Par Julia Pascual (Le Guilvinec (Finistère), | ||
| - | Par Julia Pascual (Le Guilvinec (Finistère), | ||
| - | Article réservé aux abonnés | ||
| - | Reportage En Bretagne, depuis une décennie, les patrons de pêche embauchent des marins originaires du Sénégal, attirés par les salaires supérieurs à ceux pratiqués en Espagne. | ||
| - | Il fait nuit, et un petit crachin trempe le quai du port de Lorient (Morbihan). Dans les hangars froids de la criée, les premiers travailleurs sont déjà à pied d’œuvre. Des manutentionnaires préparent les lignes de convoyage, prêtes à recevoir la pêche du jour. Dehors, l’équipage du chalutier Côte-d’Ambre s’apprête, | ||
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| - | Déchargement du poisson, après plus d’une semaine de pêche, au port du Guilvinec (Finistère), | ||
| - | Déchargement du poisson, après plus d’une semaine de pêche, au port du Guilvinec (Finistère), | ||
| - | Le vestiaire des manutentionnaires intérimaires, | ||
| - | Le vestiaire des manutentionnaires intérimaires, | ||
| - | Voilà plus de cinq ans que cet homme originaire de Bétanti, une commune littorale au sud du Sénégal, a rejoint l’équipage du Côte-d’Ambre. « Ça fait une quinzaine d’années qu’on est en tension sur le personnel parce que le métier n’attire plus. C’est physique, et le confort est relatif, explique Laurent Tréguier. On arrivait quand même à trouver des gars, plus ou moins formés, mais, quand on a acheté le bateau en 2019 avec mon frère, on a eu besoin de tourner davantage, donc de recruter. J’ai vu que des Sénégalais longeaient les quais avec des CV, j’ai d’abord embauché Doudou. Il naviguait déjà en France depuis plusieurs années. » | ||
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| - | Sans pouvoir dire à quand remonte l’arrivée des premiers pêcheurs sénégalais sur les côtes bretonnes, Valérie Le Bartz, chargée de mission au Comité régional des pêches, se souvient qu’autour de 2010, avec la crise économique en Espagne où ils étaient en transit, une part importante d’entre eux ont rejoint la France pour de meilleures perspectives. | ||
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| - | « Au moins 35 000 euros nets à l’année » | ||
| - | C’est le cas de Bouba Diouf Sagna. Au Sénégal, cet homme gagnait 350 euros par mois sur des chalutiers espagnols qui quittaient Dakar pour pêcher la crevette au large des côtes mauritaniennes. « Pour gagner plus », on lui a d’abord conseillé d’aller en Espagne. En 2000, le matelot obtient un visa de tourisme pour la France et rejoint… le littoral andalou. « Pour travailler dans la pêche, il fallait un titre de séjour. On m’a dit d’aller bosser à Almeria, dans les champs de tomates et de piments, et en trois mois j’en ai décroché un premier », se souvient-il. | ||
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| - | Régularisé, | ||
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| - | Attirés par la perspective de revenus supérieurs, | ||
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| - | Selon les estimations du Comité régional des pêches, la Bretagne compte environ 500 pêcheurs étrangers, parmi lesquels une majorité d’Espagnols, | ||
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| - | « On est tous des étrangers » | ||
| - | A Lorient, le Côte-d’Ambre a quitté le port depuis quelques minutes, tandis qu’à la criée les intérimaires chargent sur un convoyeur des caisses de langoustes, de tourteaux et d’araignées de mer. Mais aussi de sardines, de baudroies ou de merlans. Il y a parmi eux un Congolais, un Djiboutien, des Gambiens, des Sénégalais, | ||
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| - | Moussa Ba, Sénégalais âgé de 49 ans, mareyeur sur le port de Lorient (Morbihan), le 24 juillet 2025. | ||
| - | Moussa Ba, Sénégalais âgé de 49 ans, mareyeur sur le port de Lorient (Morbihan), le 24 juillet 2025. MATHILDE MAZARS POUR « LE MONDE » | ||
| - | Maurice Diokh Sylla, dit « Momo », 51 ans, matelot, pêcheur depuis l’âge de 16 ans, originaire de Joal (Sénégal), | ||
| - | Maurice Diokh Sylla, dit « Momo », 51 ans, matelot, pêcheur depuis l’âge de 16 ans, originaire de Joal (Sénégal), | ||
| - | Moussa Ba embauche une heure plus tard au port. Pour le mareyeur Marcel Jaffray et fils, il « lève des filets, prépare des commandes, charge les camions ». Ce Sénégalais de 49 ans n’était pas pêcheur dans son pays, mais après avoir tourné en France et en Allemagne à la recherche de « tous les moyens pour [s]’en sortir », il a suivi les conseils d’un compatriote en gagnant la Bretagne. Il a d’abord travaillé pour la conserverie de la Belle-Iloise, | ||
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| - | « Je suis surpris par leur courage », confie Thierry Monfort, un patron pêcheur du Guilvinec (Finistère) à la retraite, en évoquant cette main-d’œuvre étrangère, | ||
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| - | « Faire vivre sa famille » | ||
| - | En gagnant autour de 50 000 euros par an, son matelot, Maurice Diokh Sylla, fait sûrement le même calcul. Sébastien Le Prince a pu s’en rendre compte, à l’été 2024, lorsqu’il a emmené sa femme et ses enfants en vacances au Sénégal, chez son employé. Il a compris que ce dernier « consacrait sa vie à faire vivre sa famille ». Maurice montre, en photos, sur son téléphone, | ||
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| - | Marie-Emilie, | ||
| - | Marie-Emilie, | ||
| - | Au supermarché TA2B, boucherie halal et épicerie orientale, point de rencontre de la communauté sénégalaise, | ||
| - | Au supermarché TA2B, boucherie halal et épicerie orientale, point de rencontre de la communauté sénégalaise, | ||
| - | « Momo » a longtemps vécu de la pêche de ses pirogues au Sénégal. Avant, comme beaucoup d’autres, de rejoindre les îles Canaries (Espagne) pour une vie meilleure. C’était en 2005. Il est resté longtemps à Tenerife et y a noué des amitiés solides. Il parle le castillan à la perfection et a même été naturalisé espagnol en 2010. Mais en France, où il est arrivé en 2012, il gagne en une semaine ce qu’il gagnait en un mois en Espagne. Il a cherché à s’installer à Marseille et à Dieppe (Seine-Maritime) avant de s’implanter plusieurs années à Roscoff (Finistère). Depuis 2020, il vit à Lorient. Il est fier du deux-pièces propret qu’il loue en plein centre-ville. De sa fenêtre, chaque été, il est aux premières loges pour observer l’animation dans le cadre du festival interceltique. | ||
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| - | « Un vrai parcours du combattant » | ||
| - | Sa femme, Marie-Emilie, | ||
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| - | Bacary Diatta, lui, n’a pas d’enfants, | ||
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| - | Bacary Diatta, 24 ans, originaire de la Casamance (Sénégal), | ||
| - | Bacary Diatta, 24 ans, originaire de la Casamance (Sénégal), | ||
| - | En trois ans de vie en France, Bacary est rentré deux fois au Sénégal. Il vient de renouveler son titre de séjour, au terme d’un « vrai parcours du combattant », dit Jacques Philippe, un fonctionnaire à la retraite, qui l’a aidé à son arrivée à Lorient. « On n’arrivait pas à obtenir un rendez-vous à la préfecture de Vannes. Le site est toujours bloqué. C’est terrible, alors que Bacary a fait tout ce que demandait la République française. Il est courageux, il a fait la formation civique, il a suivi un cours d’alphabétisation, | ||
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| - | Le chalutier « Côte-d’Ambre » quitte le port de Lorient (Morbihan), à 3 heures du matin, le 24 juillet 2025. | ||
| - | Le chalutier « Côte-d’Ambre » quitte le port de Lorient (Morbihan), à 3 heures du matin, le 24 juillet 2025. MATHILDE MAZARS POUR « LE MONDE » | ||
| - | Julia Pascual (Le Guilvinec (Finistère), | ||
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