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-====== Le Monde – Des marins sénégalais dans les bateaux de pêche bretons : « Ils sont bosseurs et ont l’esprit maritime » ====== 
- https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/08/12/des-marins-senegalais-dans-les-bateaux-de-peche-bretons-ils-sont-bosseurs-et-ont-l-esprit-maritime_6628326_3224.html 
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-Maurice Diokh Sylla (au centre) remplit des bacs de glace pour y décharger du poisson, sur le port du Guilvinec (Finistère), le 23 juillet 2025. 
-MATHILDE MAZARS POUR « LE MONDE » 
-Des marins sénégalais dans les bateaux de pêche bretons : « Ils sont bosseurs et ont l’esprit maritime » 
-Par Julia Pascual (Le Guilvinec (Finistère), Lorient (Morbihan), envoyée spéciale) 
-Par Julia Pascual (Le Guilvinec (Finistère), Lorient (Morbihan), envoyée spéciale) 
-Par Julia Pascual (Le Guilvinec (Finistère), Lorient (Morbihan), envoyée spéciale) 
-Article réservé aux abonnés 
-Reportage En Bretagne, depuis une décennie, les patrons de pêche embauchent des marins originaires du Sénégal, attirés par les salaires supérieurs à ceux pratiqués en Espagne. 
-Il fait nuit, et un petit crachin trempe le quai du port de Lorient (Morbihan). Dans les hangars froids de la criée, les premiers travailleurs sont déjà à pied d’œuvre. Des manutentionnaires préparent les lignes de convoyage, prêtes à recevoir la pêche du jour. Dehors, l’équipage du chalutier Côte-d’Ambre s’apprête, lui, à partir pour dix jours en mer. D’avril à fin août, c’est la période des langoustines. « Bouba n’est pas là, alors que d’habitude c’est le premier arrivé », s’étonne le patron du navire, Laurent Tréguier, 52 ans, en terminant le plein de carburant. Le matelot retardataire finit par apparaître, contrarié par une panne de réveil. D’un pas pressé, Bouba Diouf Sagna, 47 ans, prend sa place aux côtés de ses quatre collègues, dans l’exécution des tâches routinières qui précèdent le départ en mer. A 3 heures du matin, ils doivent quitter le port. 
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-Déchargement du poisson, après plus d’une semaine de pêche, au port du Guilvinec (Finistère), le 23 juillet 2025. 
-Déchargement du poisson, après plus d’une semaine de pêche, au port du Guilvinec (Finistère), le 23 juillet 2025. MATHILDE MAZARS POUR « LE MONDE » 
-Le vestiaire des manutentionnaires intérimaires, au port de Lorient (Morbihan), le 24 juillet 2025. 
-Le vestiaire des manutentionnaires intérimaires, au port de Lorient (Morbihan), le 24 juillet 2025. MATHILDE MAZARS POUR « LE MONDE » 
-Voilà plus de cinq ans que cet homme originaire de Bétanti, une commune littorale au sud du Sénégal, a rejoint l’équipage du Côte-d’Ambre. « Ça fait une quinzaine d’années qu’on est en tension sur le personnel parce que le métier n’attire plus. C’est physique, et le confort est relatif, explique Laurent Tréguier. On arrivait quand même à trouver des gars, plus ou moins formés, mais, quand on a acheté le bateau en 2019 avec mon frère, on a eu besoin de tourner davantage, donc de recruter. J’ai vu que des Sénégalais longeaient les quais avec des CV, j’ai d’abord embauché Doudou. Il naviguait déjà en France depuis plusieurs années. » 
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-Sans pouvoir dire à quand remonte l’arrivée des premiers pêcheurs sénégalais sur les côtes bretonnes, Valérie Le Bartz, chargée de mission au Comité régional des pêches, se souvient qu’autour de 2010, avec la crise économique en Espagne où ils étaient en transit, une part importante d’entre eux ont rejoint la France pour de meilleures perspectives. 
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-« Au moins 35 000 euros nets à l’année » 
-C’est le cas de Bouba Diouf Sagna. Au Sénégal, cet homme gagnait 350 euros par mois sur des chalutiers espagnols qui quittaient Dakar pour pêcher la crevette au large des côtes mauritaniennes. « Pour gagner plus », on lui a d’abord conseillé d’aller en Espagne. En 2000, le matelot obtient un visa de tourisme pour la France et rejoint… le littoral andalou. « Pour travailler dans la pêche, il fallait un titre de séjour. On m’a dit d’aller bosser à Almeria, dans les champs de tomates et de piments, et en trois mois j’en ai décroché un premier », se souvient-il. 
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-Régularisé, il retourne à ses premières amours et part pêcher l’espadon sur des bateaux espagnols, au large du Cap Vert, du Brésil, du Sierra Leone, de la Mauritanie et même du Canada. En 2017, il est naturalisé espagnol. Mais, deux ans plus tard, il met le cap sur la France, « parce qu’ils payent mieux ». En France, le salaire des membres d’équipage est indexé sur la vente du poisson. « Les pêcheurs touchent au moins 35 000 euros net à l’année », relate Laurent Tréguier, qui a aussi embauché il y a deux ans le frère de Bouba, Aliou, également passé par l’Espagne. 
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-Attirés par la perspective de revenus supérieurs, d’autres continuent de franchir les Pyrénées. Moussa Elhadji Sarr a débarqué début juillet près de Saint-Malo après vingt ans en Andalousie. Il a tout de suite trouvé une place chez un armateur breton. « En Espagne, le climat est bon, la vie est accessible, mais ce que tu gagnes ne permet pas d’économiser », explique l’homme de 40 ans, qui gagnait autour de 2 000 euros de salaire mensuel. Sa femme et ses deux garçons vivent dans la maison dont il est propriétaire, à Almeria. « Si les choses marchent bien, je voudrais qu’ils me rejoignent », dit-il. 
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-Selon les estimations du Comité régional des pêches, la Bretagne compte environ 500 pêcheurs étrangers, parmi lesquels une majorité d’Espagnols, de Portugais et de Sénégalais. Au niveau national, des données publiques datant de 2021 dénombraient près de 2 000 étrangers en France, dont 600 Espagnols, un peu moins de Portugais et environ 250 Sénégalais. « Des Sénégalais peuvent avoir été naturalisés et compter dans d’autres catégories », précise Valérie Le Bartz, qui a accompagné plusieurs dizaines d’entre eux dans des procédures de reconnaissances de leurs qualifications professionnelles. 
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-« On est tous des étrangers » 
-A Lorient, le Côte-d’Ambre a quitté le port depuis quelques minutes, tandis qu’à la criée les intérimaires chargent sur un convoyeur des caisses de langoustes, de tourteaux et d’araignées de mer. Mais aussi de sardines, de baudroies ou de merlans. Il y a parmi eux un Congolais, un Djiboutien, des Gambiens, des Sénégalais, un Arménien… « On est tous des étrangers », observe l’un d’eux. Dans la salle des ventes, à partir de 4 heures du matin, les restaurateurs, mareyeurs et autres grossistes viennent s’achalander chaque jour. 
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-Moussa Ba, Sénégalais âgé de 49 ans, mareyeur sur le port de Lorient (Morbihan), le 24 juillet 2025. 
-Moussa Ba, Sénégalais âgé de 49 ans, mareyeur sur le port de Lorient (Morbihan), le 24 juillet 2025. MATHILDE MAZARS POUR « LE MONDE » 
-Maurice Diokh Sylla, dit « Momo », 51 ans, matelot, pêcheur depuis l’âge de 16 ans, originaire de Joal (Sénégal), à bord du « Magellan 2 », au Guilvinec (Finistère), le 23 juillet 2025. 
-Maurice Diokh Sylla, dit « Momo », 51 ans, matelot, pêcheur depuis l’âge de 16 ans, originaire de Joal (Sénégal), à bord du « Magellan 2 », au Guilvinec (Finistère), le 23 juillet 2025. MATHILDE MAZARS POUR « LE MONDE » 
-Moussa Ba embauche une heure plus tard au port. Pour le mareyeur Marcel Jaffray et fils, il « lève des filets, prépare des commandes, charge les camions ». Ce Sénégalais de 49 ans n’était pas pêcheur dans son pays, mais après avoir tourné en France et en Allemagne à la recherche de « tous les moyens pour [s]’en sortir », il a suivi les conseils d’un compatriote en gagnant la Bretagne. Il a d’abord travaillé pour la conserverie de la Belle-Iloise, à Quiberon (Morbihan), avant de rejoindre, en 2020, son employeur actuel. 
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-« Je suis surpris par leur courage », confie Thierry Monfort, un patron pêcheur du Guilvinec (Finistère) à la retraite, en évoquant cette main-d’œuvre étrangère, tandis qu’il remplit les banquettes et les placards d’un chalutier de conserves, de bouteilles d’eau, de paquets de purée mousseline… De quoi tenir trois semaines au large. Dans une paire d’heures, le Magellan 2 reprendra la mer du port du Guilvinec. Le patron du bateau, Sébastien Le Prince, est un ami de Thierry Monfort, qui est venu lui donner un coup de main. Cet homme de 48 ans trouve, lui aussi, que « les Sénégalais sont des gars bosseurs, courageux, toujours à l’heure ». « Ils ne boivent pas, ne fument pas. C’est que du bonheur, insiste-t-il. Et puis ils mettent de l’ambiance à bord. » Surtout, conclut le capitaine, « ils ont l’esprit maritime dans le sang », comme lui, pour qui, pour le moment, « la famille passe après le bateau » et qui pense : « On en profitera quand on sera à la retraite. » Il sait pourquoi il consent à être vingt jours en mer tous les mois. « On a des salaires d’avocats sans avoir de grands diplômes. On a une maison, une voiture, on peut aller au restaurant, et les enfants feront des études. » 
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-« Faire vivre sa famille » 
-En gagnant autour de 50 000 euros par an, son matelot, Maurice Diokh Sylla, fait sûrement le même calcul. Sébastien Le Prince a pu s’en rendre compte, à l’été 2024, lorsqu’il a emmené sa femme et ses enfants en vacances au Sénégal, chez son employé. Il a compris que ce dernier « consacrait sa vie à faire vivre sa famille ». Maurice montre, en photos, sur son téléphone, les deux maisons – l’une pour ses enfants, l’autre pour la location – qu’il a fait construire à Joal, au sud-est de Dakar, où il retourne deux à trois fois par an. Cet homme de 51 ans, que les autres marins appellent « Momo », est un gars solaire, vif et bavard, qui aime dérider ses collègues les plus bourrus devant un grand bol de Ricoré le matin, et ramender les filets. « C’est la tâche la plus dure », mais Maurice travaille « comme deux ». 
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-Marie-Emilie, 45 ans, chez elle à Lorient (Morbihan), le 24 juillet 2025. Elle a rejoint son mari, Maurice Diokh Sylla, mais ses enfants restés au Sénégal lui manquent. 
-Marie-Emilie, 45 ans, chez elle à Lorient (Morbihan), le 24 juillet 2025. Elle a rejoint son mari, Maurice Diokh Sylla, mais ses enfants restés au Sénégal lui manquent. MATHILDE MAZARS POUR « LE MONDE » 
-Au supermarché TA2B, boucherie halal et épicerie orientale, point de rencontre de la communauté sénégalaise, à Lorient (Morbihan), le 24 juillet 2025. 
-Au supermarché TA2B, boucherie halal et épicerie orientale, point de rencontre de la communauté sénégalaise, à Lorient (Morbihan), le 24 juillet 2025. MATHILDE MAZARS POUR « LE MONDE » 
-« Momo » a longtemps vécu de la pêche de ses pirogues au Sénégal. Avant, comme beaucoup d’autres, de rejoindre les îles Canaries (Espagne) pour une vie meilleure. C’était en 2005. Il est resté longtemps à Tenerife et y a noué des amitiés solides. Il parle le castillan à la perfection et a même été naturalisé espagnol en 2010. Mais en France, où il est arrivé en 2012, il gagne en une semaine ce qu’il gagnait en un mois en Espagne. Il a cherché à s’installer à Marseille et à Dieppe (Seine-Maritime) avant de s’implanter plusieurs années à Roscoff (Finistère). Depuis 2020, il vit à Lorient. Il est fier du deux-pièces propret qu’il loue en plein centre-ville. De sa fenêtre, chaque été, il est aux premières loges pour observer l’animation dans le cadre du festival interceltique. 
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-« Un vrai parcours du combattant » 
-Sa femme, Marie-Emilie, l’a rejoint en décembre 2023. Elle a trouvé du travail comme femme de ménage au sein de l’entreprise agroalimentaire Bigard. Elle touche 1 800 euros par mois et semble moins enthousiaste que son mari. « C’est difficile, je suis seule ici. Mon mari est en mer, et moi je vais au travail et je reste à la maison. » Surtout, ses enfants lui manquent. En particulier la dernière de 6 ans, qu’elle a laissée sous la responsabilité d’une de ses filles aînées âgée de 28 ans et qu’elle croyait pouvoir faire venir rapidement. Mais le dossier que Maurice a déposé pour obtenir la nationalité espagnole est embourbé depuis deux ans dans les bureaux de l’ambassade d’Espagne à Dakar. Et la demande de visa pour sa fille a été rejetée pour un soupçon de « fraude (…) à la seule fin d’obtenir le bénéfice de la libre circulation », a estimé le consulat général de France à Dakar. Peu familier de ces méandres administratifs, Maurice se sent dépourvu. « Si j’avais su, je ne serais pas venue », confie sa femme. Leur fille, Fatoumata, refuse parfois de leur parler au téléphone. « Elle dit qu’on l’a oubliée », s’émeut Maurice. 
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-Bacary Diatta, lui, n’a pas d’enfants, mais le jeune homme de 24 ans, installé dans le canapé du foyer de jeunes travailleurs lorientais où il vit, admet pudiquement la difficulté d’être loin des siens. Il part en mer deux semaines, puis se repose quatre jours, avant de repartir à nouveau. Pour au moins 3 000 euros par mois. A terre, il sort rarement de sa chambre, fait un peu de sport, dort surtout. Au pays, sa famille est fière de lui. Ce fils de pêcheur travaille depuis l’âge de 14 ans, et c’est un armateur breton de l’Armement de la pêche artisanale de Keroman (APAK), qui venait dans le village côtier de Cap Skirring (Sénégal), en Casamance, qui l’a fait embaucher en Bretagne. 
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-Bacary Diatta, 24 ans, originaire de la Casamance (Sénégal), a quitté son pays en août 2022. Il pose avec le drapeau du Sénégal dans un foyer pour jeunes travailleurs, à Lorient (Morbihan), le 24 juillet 2025. 
-Bacary Diatta, 24 ans, originaire de la Casamance (Sénégal), a quitté son pays en août 2022. Il pose avec le drapeau du Sénégal dans un foyer pour jeunes travailleurs, à Lorient (Morbihan), le 24 juillet 2025. MATHILDE MAZARS POUR « LE MONDE » 
-En trois ans de vie en France, Bacary est rentré deux fois au Sénégal. Il vient de renouveler son titre de séjour, au terme d’un « vrai parcours du combattant », dit Jacques Philippe, un fonctionnaire à la retraite, qui l’a aidé à son arrivée à Lorient. « On n’arrivait pas à obtenir un rendez-vous à la préfecture de Vannes. Le site est toujours bloqué. C’est terrible, alors que Bacary a fait tout ce que demandait la République française. Il est courageux, il a fait la formation civique, il a suivi un cours d’alphabétisation, il a été au centre de formation aux métiers de la pêche… » Il pense : « Il faut se mettre à sa place. S’il n’avait pas été accompagné, il aurait fini sous les ponts. » 
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-Le chalutier « Côte-d’Ambre » quitte le port de Lorient (Morbihan), à 3 heures du matin, le 24 juillet 2025. 
-Le chalutier « Côte-d’Ambre » quitte le port de Lorient (Morbihan), à 3 heures du matin, le 24 juillet 2025. MATHILDE MAZARS POUR « LE MONDE » 
-Julia Pascual (Le Guilvinec (Finistère), Lorient (Morbihan), envoyée spéciale) 
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