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Plus que jamais, le manager risque d'être perçu comme un goulet d'étranglement dans les organisations dopées à l'intelligence artificielle. Moins sollicité pour son expertise, il devra se recentrer sur le leadership, décrypte Sylvain Duranton. [ElseNews]

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L'IA et le blues des managers

Plus que jamais, le manager risque d'être perçu comme un goulet d'étranglement dans les organisations dopées à l'intelligence artificielle. Moins sollicité pour son expertise, il devra se recentrer sur le leadership, décrypte Sylvain Duranton.

L'entreprise « IA first » sera beaucoup plus horizontale, avec moins de managers et de niveaux hiérarchiques, anticipe Sylvain Duranton.
L'entreprise « IA first » sera beaucoup plus horizontale, avec moins de managers et de niveaux hiérarchiques, anticipe Sylvain Duranton. (iStock)
Publié le 24 août 2025 à 09:15
Cette fois, c'est sûr, les salariés ont adopté l'IA. Cette vague de fond touche toutes les couches de l'entreprise et tous les pays. Selon les chiffres de la troisième édition de notre étude AI At Work réalisée auprès de plus de 10.000 cols blancs dans 11 pays, 72 % des répondants utilisent régulièrement l'IA. Ce chiffre est de 78 % pour les managers et de 50 % pour les autres salariés. Avec 64 % des répondants qui utilisent GenAI plusieurs fois par semaine, les Français sont très proches de pays comme l'Allemagne (67 %), l'Angleterre (68 %) ou encore les Etats-Unis (64 %).

La généralisation de l'usage de l'IA dans les entreprises n'est pas sans conséquence sur l'emploi. Dans le débat traditionnel entre « augmentation » et « remplacement » des salariés, les tenants du « remplacement » sont de plus en plus nombreux et vocaux. Ces dernières semaines, le fondateur d'Anthropic, Dario Amodei, a annoncé s'attendre à une disparition de 50 % des emplois de cols blancs débutants dans les cinq ans à venir aux Etats-Unis. Même prédiction pour Jim Farley, PDG de Ford qui considère par ailleurs qu'a contrario, « l'économie essentielle », celle des cols bleus, a un bel avenir avec près de 600.000 jobs ouverts dans les usines et 1 million dans la construction aux Etats-Unis.

Le monopole perdu de l'expertise
Si l'on regarde plus précisément ce tableau, les managers - près de 8 millions en France - sont les plus exposés. Dans notre pays, 37 % d'entre eux déclarent ainsi avoir peur pour leur emploi contre 28 % pour le reste des salariés.

Il ne fait guère de doute que l'IA remet fortement en cause leur valeur ajoutée. Ils n'ont plus le monopole de l'expertise. Un salarié épaulé par une IA n'a plus besoin du coup de main ou de la revue du travail par le manager. Par ailleurs, l'IA est d'ores et déjà capable d'affecter les tâches en fonction des compétences, des disponibilités et des priorités.

Elle est aussi capable d'analyser les performances individuelle et collective, et ce en temps réel. Elle peut aussi contribuer à améliorer la communication auprès des équipes en la personnalisant notamment. Plus que jamais, le manager risque d'être perçu comme un goulet d'étranglement dans les organisations. Prenons l'exemple d'une banque qui a réussi, en déployant une solution d'IA, à diviser par trois la préparation des dossiers de crédit… sans modifier pour autant le temps d'attente des clients en raison de la cadence des comités d'approbation.

Le manager de demain va se recentrer sur les fondamentaux du leadership : porter une vision, inspirer et motiver les salariés, assurer une dynamique d'équipe.

Difficile d'imaginer aujourd'hui ce que sera l'entreprise à l'heure de l'IA. Cependant, deux tendances sont claires. D'une part, l'entreprise « IA first » sera beaucoup plus horizontale, avec moins de managers et de niveaux hiérarchiques. Coup de chance, plus d'un jeune sur deux ne se projette pas dans un rôle de manager. D'autre part, chaque collaborateur « managera » un ou des assistants IA qui l'épauleront au quotidien. Nouveau coup du sort : parmi les 13 % des salariés qui travaillent au quotidien avec des agents, 71 % les trouvent utiles.

Pas encore la fin…
Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes de l'IA ? Célébrera-t-on demain la fin des managers ? Je ne le crois pas. Aujourd'hui, 70 % du niveau d'engagement d'un salarié dépend de son interaction avec son manager… Le manager de demain va se recentrer sur les fondamentaux du leadership : porter une vision, inspirer et motiver les salariés, assurer une dynamique d'équipe. L'IA n'est pas près de prendre en main la gestion des conflits par exemple. Moins technique et plus leader, le manager de demain devra réenchanter un monde d'humains, d'IA et de machines.

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