La directrice faisait face à une grogne sociale d’ampleur. © Jérémie FULLERINGER
Le calendrier est troublant. Plus d’un mois après la présentation d’un audit sur les conditions de travail et risques psychosociaux à l’hôpital Henri-Mondor, sa directrice Christine Wilhelm a officialisé, mardi 19 août, dans l'après-midi, son « départ volontaire ».
« Après presque trois ans à la tête du centre hospitalier et du Groupement hospitalier de territoire (GHT) du Cantal, j’ai pris la décision de quitter mes fonctions à compter du 1er septembre », écrit-elle dans un communiqué adressé à la presse.
Un audit accablant
Cet audit, commandé à la suite d’une alerte pour danger grave et imminent, lancée par l’intersyndicale CGT-CFDT-FO-Sud santé, a mobilisé environ 1.000 questionnaires et une centaine d’entretiens. Les conclusions ont révélé un constat inquiétant.
« L’exposition des agents aux risques psychosociaux est forte et délétère », avaient écrit les experts du cabinet Altep, en juillet dernier. Près de 919 agents avaient d’ailleurs affirmé subir un impact négatif de leur travail sur leur santé, citant burn-out, troubles du sommeil, anxiété ou encore douleurs physiques.
Le rapport dénonçait, entre autres, une ambiance « pesante, épuisante, anxiogène » et évoquait des « agissements managériaux violents », entre pressions, intimidations et mises à l’écart.
Les personnels auditionnés avaient préconisé un changement profond de management, avant de pointer du doigt une « impasse stratégique organisationnelle, fonctionnelle et éthique », qui fragilise durablement l’établissement.
Plus de “sérénité”
Face à ces accusations, Christine Wilhelm avait alors dénoncé un rapport « orienté », « unilatéral » ou encore « partial » et, surtout, basé sur une stratégie syndicale de mise en cause personnelle.
Pour justifier son départ, la directrice, qui n’a pas souhaité étayer davantage ses propos à La Montagne, assure que cette décision, « mûrement réfléchie », intervient dans un contexte où « les pressions syndicales devenant quotidiennes et une campagne de dénigrement relayée dans la presse locale et certains médias spécialisés nationaux » ne lui permettent plus d’exercer « la mission avec la sérénité indispensable ».
Christine Wilhelm a-t-elle fini par céder aux pressions?? La directrice démissionnaire, actuellement en vacances, affirme que son mandat a été consacré à « redresser et moderniser un établissement en retard parfois de plus de vingt ans » et à « renforcer les moyens humains et matériels », via une « stratégie claire d’amélioration, reposant sur la concertation ».
Toujours dans le communiqué, cette dernière dit partir « pour préserver la dynamique engagée, favoriser un dialogue social apaisé et protéger [sa] santé ». « Après 43 années de carrière hospitalière, j’ai toujours eu la même ligne de conduite : améliorer la qualité de la prise en charge des patients et les conditions de travail des professionnels de santé », conclut-elle.
“Cette situation de blocage mettait à mal le fonctionnement de l’hôpital et une décision devait être prise. Tous les problèmes restent d’actualité et il ne faut pas confondre la cause et ses conséquences. Il est important de se rendre compte que les dysfonctionnements actuels s’expliquent plus par des difficultés structurelles que par des comportements individuels”
Pierre Mathonier (maire d'Aurillac et président du conseil de surveillance de centre hospitalier)
La démission de la directrice apparaît comme une suite logique d’une crise ouverte qui ronflait depuis de longs mois. L’Agence régionale de santé (ARS) doit maintenant annoncer les modalités de gouvernance transitoire.
Une sortie de crise nécessaire
Pierre Mathonier, maire d’Aurillac et président du conseil de surveillance du centre hospitalier, a félicité la « sagesse » de sa décision, « pour les services de santé publique, pour l’hôpital Henri Mondor et pour elle-même. Cette situation de blocage mettait à mal le fonctionnement de l’hôpital et une décision devait être prise. Tous les problèmes restent d’actualité et il ne faut pas confondre la cause et ses conséquences.“
“Il est important de se rendre compte que les dysfonctionnements actuels s’expliquent plus par des difficultés structurelles que par des comportements individuels. Cette sortie de crise était absolument nécessaire, mais les origines de cette crise ont de multiples causes et révèlent particulièrement la fragilité de notre politique de santé. »
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https://www.lamontagne.fr/aurillac-15000/actualites/le-depart-de-la-directrice-de-lhopital-daurillac-acte-apres-la-publication-d-un-audit-accablant_14736282/
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