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Festival d'Aurillac : notre sélection de spectacles à ne pas manquer [ElseNews]

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Festival d'Aurillac : notre sélection de spectacles à ne pas manquer

Aurillac (Cantal), envoyée spéciale.
Les rougeoyantes pieuvres de l’affiche de cette 38e édition ont le tournis. 3 000 artistes, 20 compagnies invitées, 650 dites « de passage » et 140 000 spectateurs sont attendus durant quatre jours dans le plus grand festival de rue de France où les prouesses des cogne-trottoirs côtoient les créations les plus diverses. Un hétéroclite bouillon de culture populaire. Théâtre, musique, cirque infusent dans des espaces publics de plus en plus contraints.
Offrir de bonnes conditions d’accueil et juguler la saturation urbaine deviennent une vraie gageure pour Éclat, association organisatrice qui a dû prendre des mesures impromptues : délai de candidature raccourci et nouveaux impératifs administratifs et techniques. Sécuriser un dernier gai soubresaut d’anarchie ?
Les coutures craquent
« À l’écoute de son époque », la programmation officielle ausculte la société. Dans le in, la danse nous avait habitués à des soulèvements de foule au sein de fêtes débordantes. Cette année, tandis que les invités brésiliens promettent fronde, flamme urbaine et insoumission tapageuse, voilà que la chorégraphe Laure Terrier transmue la colère des corps empêchés en subtile émeute poétique. Prenant appui sur l’intempestif dernier recueil d’Antoine Mouton, les interprètes de la compagnie Jeanne Simone, dont l’écrivain en personne, questionnent le travail. Au petit matin, à partir de fils documentaires, leurs mots-postures détricotent nos relations sacrificielles au boulot. Salutaire.
Animal travail dévisse les rouages des expressions comme le liminaire « j’ai perdu mon travail » (le retrouver ?). Ou prend au pied de la lettre le revenu « car tous les jours, je reviens au travail ». Du Pierre Carles en mouvements. Cinq corps, chair sociale errante ou libérée, entrent en contact, y compris du public, s’enchevêtrent dans des chaises, passent en trajectoires singulières, fuient au lointain. Une fine création radiophonique et des discours de ministres hors sol décousent l’air du temps. Poignant entremêlement d’intime et de collectif.
La compagnie Les Arts oseurs a toujours parié sur la force du livre. Rompue à l’art de la déambulation, elle quitte cette fois le béton pour rejoindre la forêt, en écho à ses nécessaires échappées champêtres avec piano à roulettes durant le confinement. L’adaptation de Croire aux fauves, puissant récit de l’anthropologue Nastassja Martin, débute, après une marche nocturne, par la rencontre entre la scientifique et un ours sur une crête du Kamtchatka. Surprise réciproque, morsure, visage arraché : « Une naissance puisque ce n’est manifestement pas une mort. »
Dialogue avec le vivant ou l’urbain
L’intimité du dispositif et la précision chirurgicale du verbe aiguisent l’écoute. Le spectateur marche sur les pas de la captivante Florie Guerrero Abras, entre polar médical et réflexion philosophique sur la recherche. Que d’images marquantes où la lumière magnifie peaux, écorces et feuillages. L’animisme rôde, tel l’ours aux apparitions et disparitions imprévisibles. Ivresse musicale d’être en vie et écriture comme planche de salut.
Dans le off, la compagnie Kumulus, qui a souvent préféré les formes monumentales, choisit aussi l’intime. Qui a tué mon père saisit le texte politique d’Édouard Louis qui replace la violence domestique dans la continuité de la casse structurelle des corps. Le choix radical de la mise en scène stupéfie. L’incommunicabilité est matérialisée par l’imposante silhouette paternelle en cage qui, muette, déroule maints rouleaux de scotch tandis que le fils conte les humiliations. La terrible trouvaille visuelle tisse une toile d’araignée tragique qui sépare et englue. À l’oreille, cela sonne comme un déchirement des muscles, une cisaille insurmontable dans la transmission. Incisif !
Et l’esprit punk, alors ? Fabrice Guy l’opéra Rock, de Chicken Street et Couleur de Chap’, repose entièrement sur des K7 et rondins traficotés par deux acolytes. Nous voilà catapultés dans un hommage rustique au champion franc-comtois du saut à ski. Une épopée menuisière enthousiasmante autour d’un héros « très accessible » ! L’humilité du sportif qui se rend aux JO en Clio met en abîme la générosité et le système D des arts de la rue… comme de ce candide duo aux refrains chauvins inoubliables. Aussi inventif que drôle !
On conseillera enfin de suivre les spectacles du collectif Justine Sittu qui ose jouer avec les rues, notamment Obake, traversée contorsionniste qui colle à son environnement. Les stupéfiants êtres métamorphes de Maison courbe glissent du bâti-béton-pétrole vers les racines : une glaise primitive. Extase sans mots.

Au plus près de celles et ceux qui créent
L’Humanité a toujours revendiqué l’idée que la culture n’est pas une marchandise, qu’elle est une condition de la vie politique et de l’émancipation humaine.
Face à des politiques culturelles libérales, qui fragilisent le service public de la culture, le journal rend compte de la résistance des créateurs et de tous les personnels de la culture, mais aussi des solidarités du public.
Les partis pris insolites, audacieux, singuliers sont la marque de fabrique des pages culture du journal. Nos journalistes explorent les coulisses du monde de la culture et la genèse des œuvres qui font et bousculent l’actualité.
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