Atlantico: Et voilà à quoi pourrait ressembler l’Assemblée nationale en cas de nouvelle dissolution https://www.atlantico.fr/article/undefined/et-voila-a-quoi-pourrait-ressembler-lassemblee-nationale-en-cas-de-nouvelle-dissolution
Politique
27 août 2025
Assemblée nationale. (Image d'illustration)
Assemblée nationale. (Image d'illustration)© Reuters
De Charybde en Scylla
Et voilà à quoi pourrait ressembler l’Assemblée nationale en cas de nouvelle dissolution
Si François Bayrou échoue à obtenir la confiance, une nouvelle dissolution ouvrirait la voie à des législatives marquées par la progression du RN, l’affaiblissement du bloc central et une gauche fragilisée par l’usure du front républicain. L’Assemblée nationale issue du scrutin risquerait d’être encore plus fragmentée, incapable de dégager une majorité stable et durable, accentuant la crise politique en cours.
Et voilà à quoi pourrait ressembler l’Assemblée nationale en cas de nouvelle dissolution
avec
Xavier Dupuy
Atlantico : Le vote de confiance sollicité par François Bayrou le 8 septembre pourrait mener à une nouvelle dissolution et à de nouvelles élections législatives, laissant place à une nouvelle Assemblée. Les Français devront trancher dans les urnes. Quelles pourraient être les perspectives politiques, en termes de nombre de sièges, avec cette nouvelle dissolution ? A quoi ressemblerait la nouvelle Assemblée nationale ?
Xavier Dupuy : En cas de nouvelle dissolution, si la gauche se présente unie aux élections et qu’il y a un nouveau recours au Front républicain au second tour, il y aura une Assemblée sans majorité claire. Le Rassemblement national devrait compter plus de députés qu’aujourd’hui à l’issue du nouveau scrutin. Le front républicain sera moins efficace que lors des dernières élections. Il est difficile d’estimer le nombre exact de nouveaux députés RN, mais il pourrait y avoir une progression de 30 à 60 députés supplémentaires pour le Rassemblement national à l’Assemblée après la dissolution et les futures élections.
Le RN pourrait-il se rapprocher d’une majorité relative à l’Assemblée en cas de nouvelle dissolution, au regard de l’évolution des cartes électorales et des derniers résultats ?
Quel pourrait être l’avenir de la majorité présidentielle si la confiance n’est pas votée ? En cas de dissolution et de démission de François Bayrou, y a-t-il un risque pour la majorité présidentielle ou pour le parti présidentiel ?
Xavier Dupuy : Incontestablement, le premier bloc politique qui pâtirait d'une dissolution serait le bloc central composé de Renaissance, du MoDem et de Horizons. Le bloc central pourrait perdre probablement quelques dizaines de sièges. Il s’agira du bloc politique qui perdra le plus en valeur absolue.
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La gauche pourrait également perdre quelques sièges, en raison d’une moindre efficacité du front républicain.
Les principales évolutions viendraient donc d’un affaiblissement du bloc central, puis de la gauche, dans une moindre mesure, et d’un renforcement du Rassemblement national.
Cela, bien sûr, dans l’hypothèse où la gauche se présenterait unie. Si la gauche se présentait divisée aux élections après la dissolution, cela changerait la donne. Avec une gauche divisée lors des futures législatives, le bloc central pourrait alors être davantage présent au second tour et limiter les pertes, tandis que la gauche serait beaucoup plus impactée par la progression du RN.
En cas de nouvelle dissolution, Les Républicains pourraient-ils connaître une progression du nombre de députés ? La droite pourrait-elle regagner du terrain à l’Assemblée ?
Xavier Dupuy : Un certain nombre de députés de droite ont bénéficié du front républicain en 2024 lors des dernières législatives. En cas de moindre efficacité de ce mécanisme pour le prochain scrutin, certains députés LR pourraient être affectés. Cependant, dans d’autres circonscriptions, l’affaiblissement du bloc central pourrait permettre à des candidats Les Républicains d’être présents au second tour, ce qui pourrait compenser les pertes ailleurs. Pour la droite, il est possible qu’il y ait, à quelques sièges près, une forme de statu quo en cas de nouvelle dissolution.
La droite pourrait perdre entre 10 et 15 députés en raison d’une moindre efficacité du front républicain. Mais elle pourrait également être davantage présente au second tour dans certaines circonscriptions, regagner des sièges qu’elle n’avait pas obtenus faute d’avoir été qualifiée précédemment. Cela compenserait les pertes. Globalement, pour la droite, le nouveau scrutin post-dissolution ne devrait pas bouleverser la situation actuelle à l’Assemblée en termes de siège à droite.
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La dissolution et les futures élections législatives pourraient-elles aboutir à une majorité ? Ce nouveau vote pourrait-il faire émerger un socle politique plus stable ?
Xavier Dupuy : La dissolution ne permettra pas d’obtenir une nouvelle majorité à l’Assemblée. La gauche n'est pas en mesure d'obtenir une majorité. Le Rassemblement national non plus. Il pourrait avoir une majorité relative mais sans aucune possibilité d’alliances.
Une dissolution pourrait empêcher le bloc central actuel, complété par les LR, de former un gouvernement. L’addition du bloc central le place actuellement autour de 210 à 220 députés. Or, en cas de nouvelle dissolution, ce bloc pourrait régresser vers 185 sièges.
Si le RN atteint entre 180 et 200 sièges lors de futures élections, le bloc central obtiendrait environ 180 députés, et la gauche environ 160. Il n’y aurait aucune majorité possible à construire. Il y aura une instabilité encore plus forte.
Le contexte social est particulièrement perturbé à l’approche de la rentrée politique avec le mouvement du 10 septembre pour bloquer. Ce climat pourrait-il rejaillir dans les urnes ? Pourrait-il y avoir, sinon une surprise, du moins une forme d’expression via un vote sanction ou un vote de colère de la part des Français, tous bords confondus, en cas d’éventuelle dissolution et de nouvelles législatives ?
Xavier Dupuy : Un désordre social ne peut que nuire au pouvoir en place. Mais il faut nuancer, si ce désordre débouchait sur des situations graves, l’opinion publique pourrait aussi se retourner en faveur du pouvoir. Si ce mouvement social devait entraîner des violences, cela pourrait bénéficier aux responsables politiques modérés, notamment aux Républicains, voire au bloc central, car les Français acceptent la protestation, mais pas la violence.
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La crise politique à venir, en cas de nouvelle dissolution, pourrait-elle provoquer une clarification au sein de la macronie, qui a tendu la main aux Républicains par le passé et au sein du gouvernement ? Cette nouvelle dissolution risque-t-elle de fracturer l’alliance politique de circonstance avec LR ?
Xavier Dupuy : Les Républicains ont toujours affirmé qu’il y avait un pacte politique. Aujourd’hui, leur soutien permet la formation d’un gouvernement et empêche le Nouveau Front populaire d’accéder aux responsabilités. Mais cette alliance ne va pas plus loin. D’ailleurs, lors des différentes élections législatives partielles qui ont eu lieu depuis la dissolution, Les Républicains présentaient leurs propres candidats, tout comme la macronie. Il n’y avait pas de candidatures communes. Je ne sais pas ce qui pourrait justifier des candidatures d’union, sauf si certaines formations du bloc central, je pense notamment à Horizons, décidaient de ne pas présenter de candidat dans certaines circonscriptions, ou inversement. Mais cela ne pourrait avoir lieu que de manière très limitée.
En cas de nouvelle élection, est-ce que l’appel au Front républicain et le plafond de verre de LFI ou du RN pourraient céder face à la colère citoyenne et à l’exaspération après les multiples dissolutions ? Est-ce l’inconnue de ces futures législatives ? Le Front républicain ou le plafond de verre fonctionneront-ils aussi bien ?
Xavier Dupuy : Le Front républicain fonctionnera moins bien qu’en 2024. Lors des dernières élections, il avait été efficace car les sondages annonçaient une victoire du Rassemblement national, ce qui avait mobilisé les électeurs. En 2022, rien ne laissait présager une forte poussée du RN.
Le Front républicain, même s’il existait sur le papier dans certaines circonscriptions, n’avait pas vraiment été suivi par les électeurs. Cela explique la forte poussée du RN, qui est passé à 88 députés. En 2024, il est clair que le Front républicain sera moins efficace.
D’autant plus que pour le Front républicain du côté de la macronie, il risque d’y avoir une différenciation selon les candidats de gauche : ceux qui sont LFI et ceux qui ne le sont pas. Lors des précédentes élections, la macronie n’avait pas fait cette distinction : elle avait soutenu le Front républicain quelles que soient les circonscriptions. Cette fois-ci, au vu des prises de position, il est clair que le camp présidentiel ne pourra pas adopter la même attitude si le candidat présent au second tour est issu de LFI ou non. Un socialiste pourrait recevoir un soutien, mais pas un insoumis. Cela rendra le Front républicain moins lisible, car une sélection sera faite entre les différents candidats de gauche. Cela aura forcément un impact sur les reports de voix.
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Est-ce que cette nouvelle dissolution et ce futur vote pourraient profondément modifier l’équilibre politique du pays ? Y aura-t-il un véritable renouveau, une nouvelle configuration de l’Assemblée ? Cela pourrait-il changer la direction politique du pays ?
Xavier Dupuy : La direction du pays pourrait être modifiée dans la mesure où le bloc central, même ajouté aux LR, ne serait plus en mesure d’être le premier bloc de l’Assemblée nationale. Mais malgré cela, aucun autre bloc ne serait capable de gouverner. Actuellement, le bloc central avec Les Républicains est en tête avec environ 215 députés, suivi par la gauche à 193 et le RN autour de 140.
Demain, si le RN monte à 200, que le bloc central passe de 215 à 175 ou 180, et que la gauche descend à 160, alors le bloc central ne serait plus majoritaire et ne pourrait plus gouverner. Mais les deux autres blocs ne le pourraient pas non plus. Cela renforcerait l’instabilité.
En cas de scénario où le RN disposerait d’une majorité relative, donc plus de députés, mais sans la possibilité de gouverner librement, cela ne risque-t-il pas d’aggraver la crise politique ? Une nouvelle dissolution ne risquerait-elle pas d’aggraver la situation politique actuelle ?
Xavier Dupuy : Cette nouvelle dissolution pourrait aggraver la crise politique. Le Rassemblement national avait déjà déclaré en 2024 qu’il ne gouvernerait pas sans majorité absolue. Il n’y a donc pas de raison que le RNl change d’avis en 2025.
Le président sera la première victime de cette instabilité accrue. La dissolution entraînera une aggravation incontestable de la situation politique.
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Politique , Assemblée Nationale , dissolution de l'Assemblée nationale , François Bayrou , composition , la France , Macronie
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