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Ces petites annonces pour recruter des médecins font grande polémique à Aurillac
À Aurillac, la dernière campagne de communication de la clinique du CMC fait polémique. Baptisée « Ramène le Doc à la maison », elle n’est pas du goût des professionnels de santé. C’est grave, jugent les docteurs du conseil de l’Ordre des médecins du Cantal. Décryptage.
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Par Romain Blanc
Publié le 04 août 2025 à 07h03
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Tous les moyens sont-ils bons pour recruter des médecins ? Non, fulmine le conseil de l’Ordre des médecins du Cantal. Photo © william duran
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Tout commence par une simple campagne de communication. Mardi 29 juillet, au Square, « journalistes et médias locaux » étaient invités, par la clinique privée du Centre médico-chirurgical (CMC) de Tronquières, au « lancement officiel » d’une opération de tractage et d’affichage dans les lieux de passage d’Aurillac.
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Objectif, recruter des médecins. C’est d’ailleurs le cap qui a été fixé par la nouvelle directrice de l’établissement, Sylvie Buchet, arrivée le 15 mai.
Intitulée « Ramène le Doc à la maison », cette campagne de com’ a été développée par l’agence VOID, basée à Casablanca, au Maroc.
« Ici, c'est rando-apéro-aligot »
Il s’agit de petites annonces qui ont été placardées sur les vitrines des commerces (de type pharmacies, librairies, agences de voyages, pizzerias…) ou déposées sur les comptoirs des boulangeries.
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Ces visuels interpellent habitants (« vous avez un médecin dans votre entourage ? ») et praticiens (« recherche gynécologue »). Ils renvoient vers un site web – que l’on peut aussi atteindre en scannant un QR Code – qui vante les mérites du CMC et propose des « arguments chocs » afin de « convaincre vos proches de s’installer ». Par exemple, un argument de type « territorial : “Ici, c’est pas métro-boulot-dodo, c’est rando-apéro-aligot.” »
Mr Ori Yakoi et Pr Tron K'yer
Une communication « volontairement intrigante et décalée », soulignait le CMC dans un communiqué daté du 24 juillet.
Mais certains flyers sont particulièrement baroques. En reprenant les codes des petites annonces, ils inventent des personnages imaginaires. Comme ce « Monsieur Ori Yakoi, grand et illustre sorcier de la tradition ancestrale » qui « est à la recherche d’un chirurgien digestif »… Ce « Professeur Tron K’yer, authentique vaudou guérisseur aux dons extraordinaires », s’étant « vu confier par les forces occultes la mission de trouver un gynécologue pour la villeplugin-autotooltip__blue plugin-autotooltip_bigWikikPedia
WikikPedia d’Aurillac »… Ou encore ce « Grand maître Cé M’sée », « guérisseur » chargé de recruter de « vrais médecins » (« pas des charlatans »), de ceux « capables de guérir des maladies bénignes et malignes ». De « résoudre les problèmes, même cas désespérés ».
« Un discours fantaisiste »
Les « Docs », les vrais, sont montés au créneau… par le biais du très sérieux conseil départemental de l’Ordre des médecins, garant du code de déontologie. Dans un communiqué, l’institution dénonce « un discours fantaisiste aux accents pseudo-magiques, portant gravement atteinte à la liberté de choix du patient et à la dignité de la profession de médecin ».
« Les enjeux de santé publique […] exigent une approche responsable et respectueuse des valeurs fondamentales qui régissent l’exercice de la médecine, ainsi qu’un respect des obligations déontologiques opposables aux médecins, et aux structures avec lesquelles ils collaborent, en matière d’information et de communication : loyauté, prudence, sérieux. »
Ordre des médecins du Cantal
Il réclame donc « l’arrêt immédiat » de cette campagne « inappropriée » et « trompeuse, en ce qu’elle laisse supposer que les médecins qui seront recrutés disposeront de tous pouvoirs pour maintenir la vie humaine ».
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